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Podcast : Pourquoi Lisons-nous ?

Podcast-Olivier-Roland

J’adresse dans ce podcast une question qui est peu posée, et qui me semble fondamentale : Pourquoi lisons-nous ? , et la soif et le besoin qu’a l’espèce humaine de trouver des réponses à ses questions, avec en guest star notre ami Homo Habilis.

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Voici le texte de Voltaire, Histoire d’un bon Brahmin (écrite en 1761) que je cite :

Je rencontrai dans mes voyages un vieux bramin, homme fort sage, plein d’esprit et très savant. De plus il était riche, et partant il en était plus sage encore. Car, ne manquant de rien, il n’avait besoin de tromper personne. Sa famille était très bien gouvernée par trois belles femmes qui s’étudiaient à lui plaire; et, quand il ne s’amusait pas avec ses femmes, il s’occupait à philosopher.

Près de sa maison, qui était belle, ornée et accompagnée de jardins charmants, demeurait une vieille Indienne, bigote, imbécile, et assez pauvre.

Le bramin me dit un jour: « Je voudrais n’être jamais né. » Je lui demandai pourquoi. Il me répondit: « J’étudie depuis quarante ans, ce sont quarante années de perdues; j’enseigne les autres, et j’ignore tout; cet état porte dans mon âme tant d’humiliation et de dégoût que la vie m’est insupportable. Je suis né, je vis dans le temps, et je ne sais pas ce que c’est que le temps; je me trouve dans un point entre deux éternités, comme disent nos sages, et je n’ai nulle idée de l’éternité. Je suis composé de matière; je pense, je n’ai jamais pu m’instruire de ce qui produit la pensée; j’ignore si mon entendement est en moi une simple faculté, comme celle de marcher, de digérer, et si je pense avec ma tête comme je prends avec mes mains. Non seulement le principe de ma pensée m’est inconnu, mais le principe de mes mouvements m’est également caché : je ne sais pourquoi j’existe. Cependant on me fait chaque jour des questions sur tous ces points; il faut répondre; je n’ai rien de bon à dire; je parle beaucoup, et je demeure confus et honteux de moi-même après avoir parlé.

« C’est bien pis quand on me demande si Brama a été produit par Vitsnou, ou s’ils sont tous deux éternels. Dieu m’est témoin que je n’en sais pas un mot, et il y paraît bien à mes réponses. « Ah! mon révérend père, me dit-on, apprenez-nous comment le mal inonde toute la terre. » Je suis aussi en peine que ceux qui me font cette question : Je leur dis quelquefois que tout est le mieux du monde; mais ceux qui ont été ruinés et mutilés à la guerre n’en croient rien, ni moi non plus : je me retire chez moi accablé de ma curiosité et de mon ignorance. Je lis nos anciens livres, et ils redoublent mes ténèbres. Je parle à mes compagnons : les uns me répondent qu’il faut jouir de la vie et se moquer des hommes; les autres croient savoir quelque chose, et se perdent dans des idées extravagantes; tout augmente le sentiment douloureux que j’éprouve. Je suis prêt quelquefois de tomber dans le désespoir, quand je songe qu’après toutes mes recherches je ne sais ni d’où je viens, ni ce que je suis, ni où j’irai, ni ce que je deviendrai. »

L’état de ce bon homme me fit une vraie peine: personne n’était ni plus raisonnable ni de meilleure foi que lui. Je conçus que plus il avait de lumières dans son entendement et de sensibilité dans son cœur, plus il était malheureux.

Je vis le même jour la vieille femme qui demeurait dans son voisinage : je lui demandai si elle avait jamais été affligée de ne savoir pas comment son âme était faite. Elle ne comprit seulement pas ma question : elle n’avait jamais réfléchi un seul moment de sa vie sur un seul des points qui tourmentaient le bramin; elle croyait aux métamorphoses de Vitsnou de tout son cœur, et, pourvu qu’elle pût avoir quelquefois de l’eau du Gange pour se laver, elle se croyait la plus heureuse des femmes.

Frappé du bonheur de cette pauvre créature, je revins à mon philosophe, et je lui dis: « N’êtes-vous pas honteux d’être malheureux dans le temps qu’à votre porte il y a un vieil automate qui ne pense à rien, et qui vit content? – Vous avez raison, me répondit-il; je me suis dit cent fois que je serais heureux si j’étais aussi sot que ma voisine, et cependant je ne voudrais pas d’un tel bonheur. »

Cette réponse de mon bramin me fit une plus grande impression que tout le reste; je m’examinai moi-même, et je vis qu’en effet je n’aurais pas voulu être heureux à condition d’être imbécile.

Je proposai la chose à des philosophes, et ils furent de mon avis. « Il y a pourtant, disais-je, une furieuse contradiction dans cette façon de penser. » car enfin de quoi s’agit-il? D’être heureux. Qu’importe d’avoir de l’esprit ou d’être sot? Il y a bien plus : ceux qui sont contents de leur être sont bien sûrs d’être contents; ceux qui raisonnent ne sont pas si sûrs de bien raisonner. Il est donc clair, disais-je, qu’il faudrait choisir de n’avoir pas le sens commun, pour peu que ce sens commun contribue à notre mal-être. » Tout le monde fut de mon avis, et cependant je ne trouvai personne qui voulût accepter le marché de devenir imbécile pour devenir content. De là je conclus que, si nous faisons cas du bonheur, nous faisons encore plus de cas de la raison.

Mais, après y avoir réfléchi, il paraît que de préférer la raison à la félicité, c’est être très insensé. Comment donc cette contradiction peut-elle s’expliquer? Comme toutes les autres. Il y a là de quoi parler beaucoup.

Transcription texte (littérale) du podcast :

Bonjour, c’est Olivier du blog » des livres pour changer de vie ». Bienvenue dans ce 7ème Podcast dans lequel j’adresse une question qui peut-être n’est pas assez posée, à savoir, pourquoi lisons-nous ? Je pense que c’est une question qui peut être vraiment intéressante. Cela va être un Podcast un peu particulier, dans le sens où je vais vous faire part de mes réflexions sur le sujet, donc je ne vous donnerai pas de réponse définitive, mais plutôt mon aperçu, mes réflexions, mon sentiment à ce sujet.

Pourquoi lisons-nous? Je ne parle pas ici des lectures pour le loisir, la détente, ni même de livres de fictions générales, bien qu’on puisse être dans une démarche de non-divertissement lorsque nous lisons des livres de fiction. Plus spécifiquement, pourquoi lisons-nous des livres de non-fiction et quand même quelques livres de fiction d’un très bon niveau ? Pour moi la réponse est simple. Je pense que nous lisons avant tout parce nous cherchons des réponses. Et pour moi le fait de chercher des réponses est une caractéristique indissociable de l’espèce humaine. Je pense que plus que toute autre chose, le besoin d’avoir des réponses nous distingue du règne animal. Comme les animaux nous partageons deux fondations de base sur lesquelles notre vie s’appuie : le besoin de survivre et le besoin de nous reproduire. Sans ces bases l’espèce humaine ne serait pas ce qu’elle est. C’est la même chose pour les animaux. Par contre l’espèce humaine, à un pilier, un besoin fondamental supplémentaire. Juste survivre et se reproduire ne lui suffit pas. Il lui faut quelque chose de plus, qui se résume à un besoin de réponses. Des réponses à quoi? A des questions qui viennent de contraintes qui se posent à nous.

Pour tenter d’expliquer ce concept, je vous propose de faire une plongée dans votre passé, d’imaginer les premiers hominidés qui ont réussi à maitriser l’outil, les premiers ancêtres des humains qui se sont distingués de leurs cousins les grands singes par l’utilisation d’outils. Ils ont modifié la pierre trouvée à l’état naturel pour en faire quelque chose qui n’avait jamais existé auparavant en créant ainsi les premiers outils. D’après les articles que j’ai pu lire, les premiers galets aménagés, les premiers outils, les plus anciens que l’on a retrouvés, ont été utilisés par l’homo habilis, une forme de l’espèce humaine qui vivait il y a environ plus 2,5 à 1,8 millions d’années. C’est cela qui a marqué la naissance de l’espèce humaine telle qu’on la connait aujourd’hui. C’est l’invention de l’outil fabriqué. En quoi cela nous distingue du règne animal et en quoi cela est lié à notre besoin de réponse ?

Imaginons que nous sommes un homo habilis qui n’a pas une capacité crânienne extraordinaire. La capacité crânienne de l’homo habilis était d’environ 550 à 700 cm3 (chez l’être humain elle va de 1200 à 2000 avec des variations). On mesure entre 1.20m et 1.50m, on pèse entre 30 et 40 kilos, et on est très semblable à un singe. Si un homo habilis se baladait demain dans la rue, on verrait tout de suite qu’il ressemble à un singe avec quelque chose en plus, mais globalement il reste un membre de l’espèce humaine très archaïque.

A un moment donné, un de ces homo habilis, à une époque où il n’y avait pas encore d’outils inventés ni utilisés, il a eu une contrainte qui s’est posée à lui. Une contrainte, c’est le désir qui se met entre le désir que nous avons par rapport à une chose et cette chose. Une contrainte peut s’assimiler à une frustration, c’est-à-dire qu’on nous empêche de réaliser un désir. Sans doute que les désirs de l’homo habilis étaient assez frustes, il avait surtout envie de survivre et pour cela il fallait qu’il mange, et qu’il se protège des prédateurs. Un jour, un de ces homo habilis a eu une contrainte qui s’est posée à lui. Par exemple, il est tombé sur un cadavre de crocodile dont la carapace était trop dure pour qu’il puisse la manger. Avec ses doigts, ses ongles, il ne pouvait pas entamer la chair de l’animal. Peut-être qu’avant lui, la même contrainte s’est posée à des milliers d’homo habilis. La contrainte qu’était la peau, la carapace de l’animal qui les empêchait de manger l’animal, leur est apparue absolument insurmontable. Ils en sont restés là, sont repartis le ventre vide et ont trouvé d’autres solutions. Mais un jour, cet homo habilis qui a rencontré cette contrainte avait faim, et il voyait cet animal avec une carapace qui l’empêchait d’atteindre une chair succulente et bonne qui était en dessous. A ce moment il se passe quelque chose de miraculeux, cet homo habilis devait être un génie pour son espèce, il perçoit la contrainte, et il y a un mécanisme de réflexion, cognitif qui va se mettre en place chez lui. Il va imaginer une solution pour dépasser cette contrainte. Sans doute que cela ne s’est pas matérialisé chez lui sous forme de questions avec des mots, car à cette époque, l’homo habilis n’avait pas de langage. Mais dans son esprit, il y a eu cette contrainte: » j’ai faim et je ne peux pas atteindre la chair de l’animal. » La question qui ne s’est pas posée avec des mots, s’est posée: « comment je peux faire pour dépasser cette contrainte? ».

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Au départ on a eu une contrainte qui pose cette question, une contrainte qui a posé question à cet homo habilis. Le fait qu’il se posait la question le distinguait déjà de la majorité des homos habilis. En tout cas lui, il a compris qu’en prenant une pierre, et en la modifiant, il était capable de répondre à cette contrainte. Il a imaginé dans sa tête, il s’est projeté dans le futur, il a vu la pierre, telle qu’elle est et il s’est imaginé dans le futur, après plusieurs étapes que lui, imprimerait à la pierre. Il a vu la pierre dans le futur, adaptée à ses besoins, de telle manière que cela répondrait à sa contrainte. La pierre serait tranchante, une fois taillée et elle lui permettrait de couper la peau du crocodile.

Avec ce premier outil créé était née une des caractéristiques fondamentales de l’espèce humaine. Quand une contrainte se pose à nous, elle nous pose questions. Nous allons chercher des réponses à ces questions pour pouvoir dépasser ces contraintes. Je pense que cela est une caractéristique humaine fondamentale. Je pense que même les animaux qui ont une forme d’intelligence comme les dauphins, les grands singes, les éléphants, dont les scientifiques ont démontrés qu’ils ont une intelligence assez poussée pour le règne animal. Je pense que ces animaux, malgré le fait qu’ils se différencient des autres du règne animal, n’ont pas cette démarche-là: « contrainte = questions = réponse ou recherche de réponse ». C’est vraiment ce qui caractérise l’homme par-dessus tout.

Évidemment cela ne s’est pas arrêté là, notre homo habilis a trouvé une réponse à sa contrainte, et il s’est sans doute empressé de partager sa découverte avec les autres, sans parler, en mimant ce qu’il a fait. Et donc, les premiers outils, les premiers galets aménagés ont commencé à se répandre, et pas seulement pour découper des crocodiles, mais pour d’autres fonctions comme découper de la viande, percer…peut être qu’ils s’en servaient aussi comme arme même si à priori les homo habilis étaient des charognards qui vivaient aussi de la cueillette.

Une fois que cette réponse a commencé à se diffuser, ce n’était que le début de l’histoire, car finalement, l’essence de l’espèce humaine, c’est que de nouvelles réponses amènent de nouvelles contraintes qui amènent de nouvelles questions, qui amènent de nouvelles réponses, et c’est un cycle sans fin. Les contraintes sont résolues de manières partielles. Par exemple, notre homo habilis a répondu à une question: « comment découper une carapace dure ? « . Mais la contrainte qui se pose à lui, et qui se posera sous d’autres manières c’est: « j’ai faim, comment faire pour manger? ». Cette contrainte fondamentale, on l’a encore aujourd’hui, même si dans notre société occidentale, très riche, il est rare qu’elle se pose à nous sous la forme  » il faut que je mange sinon je ne survis pas ».

On progresse dans les réponses spécifiques que l’on donne à des contraintes spécifiques, mais ça ne s’arrête pas là. Je pense que nous sommes tous conscients de l’énorme évolution que nous avons fait dans les réponses technologiques que nous donnons aux contraintes physiques. Il n’y a pas si longtemps, nos grands parents pour se déplacer, avaient peut-être le train, mais en gros ils étaient contraints de le faire avec les sabots dans la boue, sous la pluie et ils auraient bien aimé avoir un moyen de transport qui les fassent se déplacer vite, au chaud et sans se mouiller. En deux à trois générations, on a eu ça. Et aujourd’hui on est bien content de pouvoir se déplacer en voiture, en train ou en avion.

Mais il y a quelque chose qui va au-delà de ce besoin de réponses à des contraintes physiques. Je pense que c’est cela qui a séparé l’espèce humaine du règne animal. Comme je l’ai dit, à la base c’est trouver des réponses à des contraintes physiques. Alors, s’est enclenché chez l’espèce humaine, d’abord chez l’homo habilis, ensuite dans toutes les autres évolutions de l’homo ergaster à l’homo sapiens sapiens, un processus de pensée. Le processus cognitif que j’ai décrit tout à l’heure à savoir, une contrainte se pose à nous, on va se poser une question : comment faire pour dépasser cette contrainte? Et on va chercher, parfois même avec l’énergie du désespoir ces réponses, d’autant plus si ce sont des questions à des contraintes physiques que l’on se pose. Comme j’ai dit tout à l’heure, à la base, comme très peu de choses nous distinguaient du règne animal, ce qu’il nous fallait avant tout c’était survivre et se reproduire. Au départ les contraintes qui se posaient à nous étaient liées à ces deux choses-là. Notamment survivre. C’étaient des contraintes physiques qui se posaient, et la limite ultime c’était la mort. Il fallait que tous les tous jours nous dépassions cette limite qu’est la mort.

Ce processus cognitif s’est donc enclenché, il y a quelques millions d’années, puisque l’homo habilis a vécu il y a 2,5 à 1,8 millions d’années. Ce processus est lent, les premiers galets aménagés ont semblé être la réponse ultime et absolue aux homo habilis à ce moment-là. Ils n’avaient pas la capacité cognitive d’aller plus loin, mais cela s’est enclenché chez eux. Cela a évolué culturellement, car ils se sont transmis la capacité de faire des outils de générations en générations, mais aussi par l’évolution de l’espèce humaine, avec petit à petit un cerveau plus gros. Le cerveau, plus gros, donnait une réponse adaptative à l’environnement qui était supérieure, qui donnait un avantage aux descendants qui avaient un cerveau plus gros et qui pouvaient réfléchir plus. A partir du moment où s’est enclenché le processus de pensée cognitive ‘’contrainte – question – recherche de réponse’’, la capacité à réfléchir du cerveau est devenue un avantage. A priori, jusqu’à une certaine taille, plus on augmente le cerveau, plus on a de chance d’avoir un processus cognitif développé, qui est de pouvoir poser des questions élaborées, trouver des réponses élaborées à des contraintes. Un processus biologique s’est enclenché qui a fait que les hommes étaient de plus en plus capables de mieux réfléchir et de mieux se poser des questions et de mieux trouver les réponses.

A un moment qui est impossible à dater dans l’histoire de l’espèce humaine, il y a un membre de l’espèce humaine qui a appliqué ce processus qui est sans doute devenu naturel pour lui. Ce processus de questions par rapport à une contrainte, il l’a posé par rapport à une contrainte qui n’était pas physique. Par exemple, il s’est levé un matin, il l’avait déjà vu le soleil, cette grosse boule de feu (qui l’éclairait, le réchauffait) se lever, parcourir le ciel et se coucher. Et là, alors que d’habitude, son processus de raisonnement c’était  » j’ai faim, comment faire pour manger, pour découper cet animal, comment tailler cet outil, etc.? », ce même processus s’est mis en place par rapport à une contrainte qui n’était pas physique. Cette contrainte-là, c’est tout simplement la non-compréhension. Il a vu cette boule de feu, et il s’est posé une question, peut-être pas sous forme de langage, mais elle s’est posée: « qu’est-ce que c’est? Cette énorme boule de feu, qui se lève tous les matins, qui fait le tour du ciel et qui se couche, qui m’est indispensable, qui me réchauffe, qui m’éclaire. Sans elle, la nuit j’ai froid, je suis à la merci des prédateurs. C’est grâce au soleil que je peux vivre. Qu’est-ce que c’est que cette énorme boule de feu? »

Mettez-vous dans la peau d’un hominidé, il y a peut-être un million d’années, dans la savane, il a peut-être quelques outils avec lui, il sait peut-être un peu chasser, etc.Il vit dans un environnement hostile, son espérance de vie est peut-être de 20 à 30 ans. Il voit la mort partout autour de lui, les prédateurs, les mammouths, et d’autres animaux plus gros que lui. Ses compagnons, ses compagnes meurent très vite autour de lui, la mort est omniprésente. Et à cette époque, il n’a absolument aucun moyen de comprendre comment fonctionne le soleil. Imaginez le désarroi qui se pose à lui, au moment où il se pose cette question. Le problème avec ce processus cognitif qui s’est mis en place, « contrainte = question = réponse », il y a quelque chose d’un peu insidieux qui s’est mis en place qui est une force de l’humanité, mais aussi une de ses plus grandes faiblesses. Sans doute, les hommes sont devenus addicts à la réponse. Puisqu’à la base la réponse permet de dépasser une contrainte physique qui est donc douloureuse. Quand on a faim, on a le ventre qui gargouille, on n’est pas en forme, notre énergie diminue de plus en plus, et on sait qu’on va mourir si on n’arrive pas à se nourrir. Si on voit un crocodile qui est une vraie réserve de nourriture, qui suscite chez nous un vrai désir de manger, et que l’on n’est pas capable de répondre à cette contrainte de la carapace qui nous empêche d’atteindre cette nourriture, on souffre. On souffre physiquement et on peut en mourir.

A partir de là, on a commencé à associer de manière cognitive, les contraintes aux souffrances, les réponses au plaisir. Et sans doute, au fait de ne pas avoir de réponses le fait de souffrir. Notre hominidé qui se demande ce que c’est que le soleil a un problème, il n’a pas du tout de réponse à ça. Il ne peut pas se dire que le soleil est une grosse boule d’hydrogène et d’hélium, avec à l’intérieur des réactions de fusion nucléaire entre deux atomes d’hydrogène qui forment ensuite un atome d’hélium. Cela crée de l’énergie et cela dure depuis des milliards d’années. Cela fait déjà 5 milliards d’années qu’il existe. Il n’en a aucune idée. D’ailleurs le fonctionnement du soleil n’a été élucidé qu’au début du XXème siècle, donc c’est très récent.

Je prends le soleil comme exemple, mais cela peut s’appliquer à plein de choses. Qu’est-ce que c’est que la pluie? D’où vient-elle? Il n’a absolument aucune idée, pourquoi l’eau tombe du ciel. De même pour les rivières, les montagnes, la mer, qu’est ce qu’il y a au-delà de la mer? Pourquoi je suis là? Sans aller jusque ce genre de questions, mais déjà on peut se poser des questions par rapport à son environnement. Qu’est-ce que c’est ?

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Et là, ce sont des contraintes conceptuelles et le fait qu’il n’ait pas de réponses le fait souffrir. Cela devient des contraintes conceptuelles. La pensée de l’espèce humaine a fait un bon. Elle ne se met plus à réfléchir uniquement sur des problèmes physiques, mais sur des problèmes conceptuels, métaphysiques. L’humanité n’a plus seulement besoin de réponses à des problèmes physiques, mais besoin de réponses à des questions théoriques, conceptuelles, métaphysiques.

Quand est-ce que l’humanité a franchi ce bond? On ne le sait pas. Un bon indice serait de savoir quand est né le langage. Surtout que les hominidés se sont posé des questions, peut être sans mots, avant l’apparition du langage, mails il est clair qu’à partir du moment où l’on peut mettre des mots sur les choses, associer un symbole à quelque chose et le communiquer aux autres, notre capacité de penser et de réfléchir sur des concepts qui ne sont pas physiques, évidemment devient beaucoup plus facile. D’ailleurs la notion de réfléchir devient plus facile. Le langage facilite la pensée de manière ahurissante. C’est quelque chose qui a accéléré le processus cognitif des humains sans doute à la puissance 100. Est-ce qu’on peut imaginer, aujourd’hui, de réfléchir, sans pouvoir mettre de mots sur nos pensées? Cela parait complètement inimaginable. Pourtant l’espèce humaine a sans doute fait cela pendant longtemps. Malheureusement, nous n’avons aucune idée de quand est apparu le langage. Les scientifiques sont assez divisés sur la question. Certains pensent qu’il est apparu avec l’homo sapiens, d’autres pensent que le langage est apparu bien avant, peut-être sous forme non verbale. Le langage ne laissant pas de trace, nous n’avons aucune réponse précise. Dans tous les cas, à un moment donné de l’espèce humaine, ce besoin de réponses à des questions conceptuelles s’est enclenché et cela a amené quelque chose d’insidieux, car comme on avait cette relation à la réponse où quand on a une réponse à une question qui vient d’une contrainte on est heureux, on a ce soulagement physique, et quand on n’a pas cette réponse, on a cette souffrance physique, sans soute notre cerveau a été câblé comme ça et donc on s’est mis à associer la non-réponse aux questions conceptuelles à la souffrance. A partir du moment où on n’a absolument aucune manière de répondre à ces questions, par exemple, on n’a pas pu répondre à la question  » qu’est-ce que c’est que le soleil » jusqu’à il y a à peine un siècle. Je pense que les hommes ne se posaient pas tous ce genre de questions, on ne peut pas réfléchir à tout, mais cela s’est posé à certaines personnes, peut-être à celles qui réfléchissaient le plus, qui avaient le plus de capacité à avoir ce genre de réflexion. Ces personnes vivaient une souffrance profonde à ne pas avoir de réponses.

Quelle est donc la solution? Au-delà de toutes ces questions, à partir du moment où le langage est apparu, peut-être même un peu avant, quelque chose de plus fondamental que  » qu’est-ce que c’est que cela » qui s’est posé à nouveau:  » qu’est-ce que la mort? ». La mort c’est la contrainte, la limite ultime, et on se bat tous les jours, peut-être plus avant qu’aujourd’hui, pour la dépasser. Qu’est-ce que la mort? Pourquoi les autres meurent-ils? J’ai peur de la mort? Qu’est ce qu’il y a au-delà? Encore aujourd’hui, nous sommes incapables de répondre à ces questions. Quelle est donc, la solution possible à toutes ces questions sans réponses?

La solution possible à toutes ces questions sans réponses c’est tout simplement d’inventer la réponse. A partir du moment où on ne la connait pas, on l’invente. C’est sans doute là, qu’est née l’imagination, les histoires, les contes, etc.Moi j’ai un peu de mal à imaginer ce genre de questions sans langage. Je pense que là, on touche du doigt l’origine des mythes qui existent et des religions qui existent chez tous les peuples humains, même les plus primitifs que l’on connaisse et qui sont extrêmement différents d’une culture à une autre. On sait que même les tribus d’Amazonie les plus primitives ont une cosmologie, une manière des dieux, une manière de répondre à toutes ces questions sans réponses. Parce que notre hominidé, plutôt que de souffrir tous les jours en se demandant ce qu’est le soleil, c’est plus simple de se dire que c’est un être comme moi, qui est beaucoup plus grand que moi, plus fort, qui me veut du bien, puisque le soleil me réchauffe, il m’éclaire, et on peut imaginer des milliers de choses par rapport à ça. A partir du moment où on l’a imaginé, et bien il suffit d’y croire. Il suffit d’y croire, puisque nous l’avons trouvé. On peut en plus avoir vécu une expérience mystique, en pensant que ce sont des dieux qui sont venus nous parler, peut être que l’on a mangé un champignon qui a entrainé ce genre de réflexion, mais on va se mettre à inventer des réponses pour combler ce besoin de réponses que l’on n’a pas.

Vous voyez bien que ce besoin de réponses est vraiment fondamental chez l’espèce humaine. Nous avons tous besoin de réponses à des questions par rapport à des contraintes qui se posent à nous aujourd’hui. Que ce soit des contraintes physiques, des contraintes du quotidien telles que comment faire pour gagner de l’argent et partir en vacances? Comment faire pour créer mon entreprise? Comment faire pour être riche, célèbre, aimé, etc.? Ces sont des réponses à des problèmes physiques plus quotidiens. Mais on se pose aussi pleins de questions sur des contraintes pas physiques qui se posent à nous. Est-ce que Dieu existe? Est-ce qu’il y a une vie après la mort? Pourquoi nous sommes là? Pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien? Ce genre de questions se posent à nous. Pourtant, quelque part, si on se contentait juste de survivre et de se reproduire, on n’aurait pas besoin de se poser ce genre de questions.

Voilà comment je vois ce besoin de réponses chez l’espèce humaine. Ce n’est le sujet de ce Podcast, mais je pense que ce besoin de réponse qui prime avant tout, explique vraiment la naissance des religions. Je l’ai déjà signalé sur mon blog, moi je suis un athée à 150%. Je pense que quand on étudie l’histoire des religions, on voit bien que c’est un phénomène culturel humain, et qu’elles se sont influencées entre elles, qu’il n’y a pas de révélations ultimes, que pendant des milliers d’années, des gens ont cru fermement à une religion, comme par exemple les Égyptiens. La religion égyptienne a duré 4000 ans, les gens étaient persuadés que c’était la vérité absolue. Aujourd’hui plus personne n’y croit. Ce sont des phénomènes culturels, elles se sont influencées entre elles parce ce sont des inventions et parce que les hommes ont besoin d’inventer des réponses à des questions qui n’en ont pas surtout par rapport des contraintes conceptuelles importantes qui se posent à eux. La première de ces contraintes est la mort. Mais ce n’est pas le sujet de ce Podcast.

J’en reviens à pourquoi nous lisons? Là, je pense que vous comprenez beaucoup mieux ce que je veux dire quand je vous dis on cherche des réponses. Quand nous lisons, nous cherchons des réponses à toutes les questions qui se posent à nous. Nous cherchons des réponses à toutes les contraintes qui se posent à nous. Quand je lis le livre de XXXXXXXXX, je cherche des réponses à la contrainte : « je n’ai pas assez de temps, je ne suis pas organisé, je ne suis pas assez productif ». Cette contrainte s’oppose à un désir, le désir  » je veux travailler efficacement, je veux produire de manière efficace, parce que je veux atteindre cet objectif-là ». C’est chercher des réponses aux questions :  » comment m’organiser mieux? Comment gérer mon temps? Comment se focaliser sur l’essentiel « , qui viennent par rapport à la contrainte qui se pose entre notre désir et l’accomplissement de ce désir.

Mais évidemment, les livres ne nous apportent pas que des réponses. Parfois, on n’a pas conscience de toutes les questions. D’ailleurs, la plupart du temps, on n’a pas conscience de toutes les questions que l’on peut se poser par rapport à une contrainte. Donc, lire, cela permet aussi de nous poser des questions, que l’on n’aurait pas eu l’idée de nous poser par rapport à une contrainte. Et parfois on se posant les bonnes questions par rapport à une contrainte, la solution découle d’elle-même. Parfois on n’a pas conscience d’une contrainte. Par exemple, il existe beaucoup de gens qui ne se sont jamais posé la question :  » comment fonctionne le soleil » et qui n’en ont rien à faire. Par contre cette question en a taraudé d’autres pendant longtemps. Imaginons, quelqu’un qui ne s’est jamais posé la question par rapport au soleil. S’il lit un livre où le fonctionnement du soleil est expliqué, parce qu’il est chez le médecin, par ennui, il y a un magazine sur la table, et il le lit. Là il y a une contrainte qu’il n’avait jamais vu, qui va lui apparaitre. Donc lire permet de découvrir des réponses que l’on se pose par rapport à des contraintes, de découvrir de nouvelles questions par rapport à des contraintes et de découvrir de nouvelles contraintes. Il va sans dire que malheureusement, si on découvre de nouvelles contraintes, et qu’il n’y a pas de réponses à ça, pas de réponses définies, cela peut nous entrainer dans un cycle de curiosité, de questionnement sans fin. Comme je vous l’ai dit, je pense que le besoin de réponses chez l’être humain est absolument fondamental. Et lorsqu’on trouve des contraintes auxquelles on n’a pas de réponses, on a de plus fortes chances de se poser beaucoup de questions et à chercher des réponses, peut-être même à inventer des réponses ou en tout cas à se contenter de la première réponse venue, inventée, qui soit satisfaisante.

Pour développer le fait que les questions sans réponses sont une source de souffrance, je vous invite à lire le texte assez court de Voltaire, « Histoire d’un bon Bramin », dans l’article qui est lié à ce Podcast. Dans ce texte, Voltaire décrit de manière admirable, à quel point les questions métaphysiques sans réponses sont une source de souffrance pour les êtres humains. Comme c’est une source de souffrance, nous sommes prêts à nous contenter de la première réponse qui concorde avec notre vision du monde, qui soit inventée. On peut ainsi, très facilement tomber dans le piège d’une réponse inventée qui n’a aucune corrélation avec la réalité. Si on croit à une réponse inventée qui n’a aucune de corrélation avec la réalité et que cette réponse se pose par rapport à une contrainte conceptuelle par exemple par rapport au fonctionnement du soleil. Par exemple, je vis dans l’antiquité et le prêtre local m’a dit  » c’est Apollon qui le tire sur son char tous les jours ». Cela n’a aucune corrélation avec la réalité, néanmoins cela ne va pas me faire mourir. Disons que je serais content, j’aurais ma réponse, mais ce n’est pas pour ça que le soleil s’arrêtera de fonctionner. Ce type de mauvaise réponse n’a pas vraiment d’incidence sur notre vie. Elle est quand même dommageable, car elle peut nous entrainer dans un cycle de dépendance par rapport à celui qui nous fournit ce genre de réponses. On cultive une admiration pour ces personnes qui donnent des réponses. D’ailleurs, les pouvoirs politiques et religieux se sont appuyés là-dessus. Les pouvoirs politiques donnaient des réponses physiques aux contraintes physiques et le pouvoir religieux des réponses conceptuelles aux contraintes conceptuelles. C’est là l’essence de leur pouvoir. Donc avoir des réponses erronées sur des questions conceptuelles n’est pas forcément dommageable. Au contraire, cela peut nous soulager. Les religions pratiquées de façon mesurée et non fanatique, peuvent être une bonne béquille, un bon pansement à la douleur des questions sans réponses.

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Par contre, le problème est tout autre quand nous avons des réponses erronées, à des questions légitimes que l’on se pose, et à des contraintes physiques. Par exemple, si je suis un employé, qui en a assez de son travail, qui en a vraiment marre de travailler sept, huit, neuf heures par jour, de ne pas être payé pour les heures supplémentaires…je veux vivre, voyager, rencontrer des gens….donc il faut que je devienne riche. Cette contrainte va se poser à moi de manière extrêmement forte, je vais me poser des questions et je vais chercher des réponses par rapport à ça. Dans ce cas on est assez vulnérable, parce que l’on souffre par rapport à une contrainte physique, on ressent une souffrance physique, on va avoir un vrai désir frustré qui va nous amener à être vulnérable à toutes les réponses que d’autres pourraient nous fournir.

Cela d’ailleurs marche aussi pour les réponses conceptuelles à partir du moment où l’on a un grand désir de réponses conceptuelles à des questions conceptuelles. Et ceux qui sont capables de nous les donner acquièrent un grand pouvoir. C’est pour ça que les sectes fonctionnent bien. Aujourd’hui, de nombreux Occidentaux sont très déçus de ce qu’ont fait de leur religion les églises. Ils se tournent vers d’autres sources de spiritualité qui sont des religions plus modernes, plus adaptées à notre style de vie. Les religions monothéistes sont absolument archaïques.

L’Islam a plus de 1300 ans, le christianisme plus de 2000 ans, et le judaïsme plus de 3000 ans. Elles sont complètement dépassées, et beaucoup de personnes s’en rendent compte et cherchent ailleurs des réponses à leurs questions. Donc nous sommes extrêmement vulnérables. Ce n’est pas toujours évident de savoir choisir avec discernement les sources de réponses que l’on va sélectionner, ni de garder un certain esprit critique quand on trouve des réponses à ses contraintes. On a tellement envie de dépasser cette contrainte que quand quelqu’un nous donne une réponse, on va avoir l’espoir de voir se réaliser notre désir. Cela peut être très puissant, nous submerger et à ce moment-là notre sens critique peut s’égarer. On peut se dire  » enfin j’ai la réponse que je cherchais depuis longtemps » sans chercher à examiner les pour ou les contre, à voir d’autres avis, etc… Et à partir du moment où on va choisir cette réponse-là, ça va être très difficile pour nous de nous remettre en cause. A partir du moment où on choisit une réponse, on va la considérer comme étant la meilleure, la plus efficace et on pensera avoir complètement raison.

Cela amène à deux questions: comme j’ai un désir de réponses à mes questions pour dépasser cette contrainte, je risque de choisir des réponses qui ne sont pas corrélées à la réalité qui va donner aux autres une influence sur moi qui sera basée sur un mensonge. Alors que finalement, comme c’est un mensonge, ce n’est pas bénéfique pour moi. Cela peut même être dommageable. Cela induit plein de questions fondamentales.

La première étant:  » comment choisissons-nous les livres? Comment déterminons-nous que les livres sont de qualité ou pas? Comment déterminons-nous si des livres gagnent à être lus ou pas? « . Nous avons ces livres en nous posant ces questions-là. Comment séparer le bon grain de l’ivraie à l’intérieur des livres en eux-mêmes, parce que les auteurs peuvent se tromper, peuvent avoir raison sur certaines choses et pas sur d’autres. On peut avoir certaines choses que les auteurs mettent en avant qui ne nous correspondent pas, d’autres oui. Ce sont donc deux questions très importantes. Une fois que l’on a bien compris pourquoi on lit, pour trouver des réponses qui se posent par rapport à nos contraintes, pour trouver de nouvelles questions sur des contraintes, et peut être découvrir de nouvelles contraintes, il faut se poser la question « comment faire pour choisir au mieux les livres que je vais lire et comment faire pour sélectionner dans les livres, le savoir? Et là, étant donné que le Podcast est assez long, puisqu’on a dépassé les 45 minutes, je n’en parlerais pas dans le prochain Podcast qui sera une chronique de livres, mais dans le Podcast d’après où je répondrai spécifiquement à ces deux questions.

Simplement, avant de conclure mon podcast, je rappellerai que chercher des réponses dans les livres est une excellente manière de trouver. Car heureusement que l’on n’a pas à réinventer la roue tous les jours. Il est impossible même pour les êtres humains les plus intelligents de trouver toutes les réponses à toutes les contraintes. Prenez par exemple, un des plus grands génies que l’humanité ait connu : Léonard De Vinci qui était quelqu’un d’exceptionnel, un touche à tout, un excellent dans les arts, les sciences, les techniques. Il était très en avance sur son temps. Il a inventé des chars, un hélicoptère et plein d’autres choses qu’il ne pouvait pas réaliser dans son siècle. Il avait l’idée de ces objets-là qu’il avait dessinés avec les moyens de l’époque. Il n’a quand même pas inventé la turbine, le moteur à explosion, l’électricité, etc. Il avait beau être génial, à un point qui est sans soute incompréhensible par nous, il ne pouvait donc pas s’affranchir des contraintes et des questions et des contraintes de son époque. Il ne pouvait pas aller au-delà d’un certain point.

Donc si, même l’homme le plus génial de la terre ne peut pas tout inventer, et bien nous qui avons les capacités intellectuelles un peu moins affutées. Il est tout à fait légitime, que l’on aille chercher les réponses que d’autres ont trouvé à des questions et à des contraintes dans les livres. Mais je rappellerai qu’au final, il a bien fallu que quelqu’un invente à un moment, ces réponses et que c’est aussi ce qui fait de nous des êtres humains, c’est notre capacité à inventer, à trouver des réponses à des questions que l’on se pose. Il ne faut pas oublier que notre cerveau est un outil extrêmement puissant et que parfois, lire est aussi une sorte de paresse intellectuelle, dans le sens où on n’ira plus chercher les réponses que dans les livres sans réfléchir. On sera dans une démarche où l’on va sans cesse chercher les réponses dans les livres ou ailleurs, sans ne plus les chercher en nous même, en réfléchissant.

Je pense qu’il est important de garder cela à l’esprit, d’utiliser notre cerveau pour trouver nous même les réponses à des questions, à des contraintes, de se poser des questions par rapport aux réponses des mentors, des professeurs, etc. afin de toujours avoir son cerveau en action, de toujours être en train de réfléchir et ne pas boire les réponses comme un animal qui a trop soif et finalement s’en contenter et devenir un mouton. Je pense que vous avez bien compris, le pouvoir que ceux qui donnent des réponses ont sur les autres. Et parfois, ce pouvoir est légitime : un professeur intelligent, cultivé et qui nous donne des réponses adaptées, qui nous arme pour la vie, heureusement qu’on le respecte et qu’on l’écoute. Mais cela peut aussi être le cas de Gurus qui nous donnent de fausses réponses parce que l’on a besoin de les entendre. Il faut donc toujours utiliser son cerveau.

Dans cepodcast, je vais vous donner un petit exercice, qui est une excellente technique pour réfléchir. Sur une feuille de papier, vous posez votre contrainte, votre question en haut de la feuille et vous trouvez 20 idées, 20 réponses pour répondre à cette question, pour dépasser cette contrainte. Au début, ce sera facile, les premières réponses vont venir très vite, mais quand vous arrivez à la sixième, la septième, ça va commencer à être plus difficile. Accrochez-vous et n’arrêtez que lorsque vous en avez 20. Si vous faites cela 5 jours par semaine pendant quarante semaines dans l’année, cela vous fait 4000 idées par an, soit 4000 réponses pour dépasser vos contraintes par an. Je peux vous garantir que si vous faites cela, vous trouverez parmi ces idées, une paire qui vaudra vraiment la peine d’être tenté. Parfois juste le fait d’y avoir pensé, ça ne demandera aucun effort pour être appliqué, cela vous permettra de dépasser la contrainte instantanément.

Je conclurai avec ce podcast en disant que je pense qu’une excellente éducation, c’est celle qui est capable de percevoir avec le plus d’acuité les contraintes. Celle qui est capable de poser les meilleures questions par rapport à ces contraintes et qui donne les meilleures réponses à ces questions et donc les meilleures réponses capables de dépasser ces contraintes. Une éducation, évidemment, ce n’est pas juste par les livres. C’est aussi par l’école, au contact des uns et des autres, par des mentors, etc. Et aussi par les réponses que l’on trouve nous-mêmes en réfléchissant. Mais je pense que les livres sont un excellent outil pour une excellente éducation. Et je rajouterai que selon moi dans ce podcast, ce qui caractérise une éducation de très haut niveau, c’est au-delà de cette capacité à percevoir les contraintes avec acuité. Poser les bonnes questions et trouver les meilleures réponses, c’est être capable, de comprendre, d’accepter, d’admettre qu’il y a des questions sans réponses. Et, donc, que parfois il vaut mieux vivre sans réponses, en souffrant peut-être un peu de cette absence de réponses, que de se précipiter sur la première réponse.

Voilà, merci d’avoir écouté ce Podcast, vous pouvez retrouver mon blog, très facilement en tapant « des livres pour changer de vie » dans Google. Merci d’avoir écouté mon podcast, et à bientôt pour de nouvelles aventures et d’autres podcast.

Recherches utilisées pour trouver cet article :
pourquoi lisons nous
13 commentaires
  1. Bonjour, je suis votre blog depuis le mois de Juin et j’apprécie votre travail notamment les podcasts.
    C’est une très bonne idée de résumer des livres même si d’autres sites le font, on ne retrouve pas ou peu de résumé sur des livres traitant de l’entreprenariat et le développement personnel.Vos résumés sont assez concis et développés pour s’en faire une idée général.
    J’ai écoutais tout vos podcasts et notamment ce dernier auquel j’aurai une critique à faire.
    Le titre « pourquoi lisons-nous » est une accroche qui m’a attiré car je lis beaucoup.
    Lorsque j’ai écouté votre podcast je ne m’attendais pas à ce résultat par rapport au sujet annoncé.Je m’explique:
    Je m’attendais plus à une réflexion psychologique voir personnel touchant la connaissance de soi, par exemple la lecture amène indirectement à se connaître et voilà que l’on retrouve ces réflexions me semblant les plus intéressante presque à la fin d’un long monologue pragmatique sur l’homme préhistorique.Donc je ne cache pas que je vous fait part de ma déception.Ceci n »enlèvera pas pour autant l’intérêt que je rencontre à l’égard de votre site puisque je continue à le suivre…..Bonne continuation

  2. laetichat, je comprend ton point de vue 🙂 .
    J’ai voulu bien expliquer ce que je voulais dire par « chercher des réponses », et montrer à quel point c’est universel. Quel meilleur moyen pour le faire que de plonger dans l’Histoire pour étudier la première réponse inventée à une contrainte ?

    Alors oui c’est long, et je suis conscient que la plupart de mes lecteurs n’écouteront pas jusqu’au bout, ou serons déçus comme toi, mais c’est un choix délibéré que j’ai fait tout simplement parce que c’était le seul choix où je pouvais m’exprimer totalement authentiquement 🙂 .

    Ce podcast est mon préféré de tous ceux que j’ai fait. Souvent, les artistes constatent que leurs oeuvres préférées ne sont pas celles du grand public, qui préfèrent leurs oeuvres plus « commerciales ». C’est peut-être le cas ici aussi. En tout cas c’est le podcast où pour le moment j’ai le plus mis mes tripes, comme semble l’avoir compris Domi. Merci à toi Domi, ton commentaire me touche 😉 .

  3. Bonjour Olivier,

    A 51min15, tu utilises le mot « acuité » mais il me semble que tu le prononces mal! C’est « -cui- » comme le cuicui de l’oiseau 😉 Peut-être ai-je mal compris? Tu l’utilises encore quelques secondes plus tard et ta prononciation est la même…

    Mis à part cela, merci pour ce podcast intéressant. Je constate que c’est l’un des podcasts où tu te « mouilles » le plus puisque tu nous livres vraiment tes analyses. Pourtant il y a peu de commentaires… :/

    Bonne continuation à toi en tout cas!

  4. Bonjour Romain,

    Tu as raison, c’est une erreur que je fait parfois, cela m’arrive avec les mots que j’ai connu d’abord à l’écrit avant de les entendre 😉 .

    Merci pour ton commentaire. Souvent les artistes constatent – un peu amèrement – que leur public préfère leurs œuvres commerciales plutôt que leurs œuvres préférées où ils ont mit toutes leurs tripes. Peut-être est-ce le cas ici ? 😉

    PS : je suis allé voir ton blog et je l’ai trouvé original et rafraîchissant. Je me suis abonné au flux RSS 😉 .

  5. Bonjour Olivier,

    Ton blog est vraiment très intéressant !

    Je respecte tout-à fait le fait que tu soit athée à 150% :), mais c’est toujours intéressant de savoir … et comme moi t’est un « fou » de lecture donc,

    juste une remarque, le premier mot dans le Koran, c’est « IKR », devinnent ce que ça veut dire 🙂 ? et bien ça veut juste dire « lis » Et oui ! (dans le contexte du livre ) ça donne ce 1er verset magnifique !

    «  » »LIS, au nom de ton Seigneur qui a créé,
    Qui a créé l’homme d’une adhérence.
    Lis! Ton Seigneur est le Très Noble,
    Qui a enseigné par la plume [le calame],
    A enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas.
    Prenez-garde! Vraiment l’homme devient rebelle,
    Dès qu’il estime qu’il peut se suffire à lui-même (à cause de sa richesse).

    voilà, l’esprit est ouvert et qui sait…

    au revoir 🙂

  6. Ton podcast me fait penser à ce verset : « à faire beaucoup de livres il n’y a pas de fin, et se consacrer beaucoup à eux est une fatigue pour la chair. La conclusion de la chose tout ayant été entendu : crains le vrai Dieu et garde ses commandements. Car c’est là toute l’obligation de l’homme » Ecclésiaste 12:12,13.
    J’ai fais de longues études, j’ai lu beaucoup de livres de pensées, de philosophie, des grands de ce monde et je suis toujours étonnée par la sagesse de ma mère qui a arrêté l’école à 14 ans et qui n’a pas lu tous ces livres. Grandir m’a appris à ne pas sur-estimer les diplômés et à ne pas sous-estimer les personnes humbles qui ont la sagesse du coeur, de la terre, et de la vie car bien plus que les intellectuels, elles écoutent le tempo de la vie. C’est ainsi que de mon 4×4, j’ai regardé une javanaise accroupie dans une rizière qui m’a sourit et je me suis sentie infiniment liée à elle.

  7. Quelques bribes saisies au passage qui ont marqué ma réflexion a l’écoute de ce très riche podcast
    que je promet de réécouter…

    « Des contraintes physiques aux Contraintes conceptuelles….. »
    plein de question non physique
    sens de la vie….
    réponse théorique
    mots sur les choses le langage facilite la pensée.
    inventer les réponses. pour combler se besoin de réponse
    fondamental dans l’espèce humaine
    ils suffit d’y croire.
    les livres permettent de trouver des réponses
    Parfois lire permet de se poser des questions.

    lire permet de découvrir des réponses à des contraintes
    découvrir d’autres contraintes »

    « Besoin de réponse
    histoire d’un bon brahman voltaire. »

    « Livres excellent moyens de trouver des réponses et de se poser de nouvelles question….. »

    « capacité a inventer et à trouver des réponses dans les livres. »

    « léonard de Vinci
    était très en avance dans ce temps mais ne pouvait
    trouver toutes les réponse qu’on à découvert par la suite… »

    « exemple pour la même question trouver sur une feuille papier 20 réponses différentes…..
    5 jours par semaine sur 40 semaines(avec les vacances)
    et permettra de thésauriser par an 4000 idée de réponses ……. »

    « l’éducation : une excellent ce serait une éducation de percevoir avec le plus d’acuité ces contraintes
    et y trouver les réponse
    grâce cet excellent outil qu’est la lecture. »

    « poser les bonnes questions  »
    « admettre qu’il y a parfois des question qui doivent rester sans réponses. »

    Alors il m’en viens une autre Olivier.
    Et après la lecture, ….l’écriture quelle place tu lui donne dans cette réflexion …disons humaine …?

  8. Bonjour Olivier,

    Je tenais à te remercier pour la richesse ainsi que la qualité des informations contenues au sein de ton blog. Je suis sincèrement impressionné.
    J’ai beaucoup apprécié ce podcast. Premièrement le sujet est intéressant et fondamental. Deuxièmement, j’ai senti que tu t’es beaucoup impliqué dans sa réalisation. Cela contribue a le rendre plus vivant, investi d’une véritable présence de l’orateur. Je ne me suis pas senti écrasé par le poids des interrogations et des informations. Non, j’ai été intégré et tranquillement emporté dans le flux de celles-ci.
    Bonne continuation
    Hugues

  9. Texte très intéressant et raisonnablement long, ce qui me touche c’est cette réflexion sur la genèse du désir humain à se poser des questions et d’y répondre.ainsi,l’on découvre que nous sommes fort inventifs face à la difficulté de trouver une réponse et je pense que ceci à conduit à de nombreux dogmes, mais aussi à de nombreuses et merveilleuses inventions qui facilitent la vie à l’Homme moderne. c’est cette quête de réponses qui est le socle de la modernisation et surtout de notre rencontre sur blog. Merci olivier

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