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I.A., la plus grande mutation de l’histoire

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Résumé de « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » de Kaï-Fu Lee : ce best-seller mondial raconte comment la Chine a rapidement rattrapé son retard technologique pour devenir une superpuissance de l’Intelligence Artificielle en Chine. L’auteur explore la montée en puissance de l’IA dans divers secteurs de la société chinoise et examine comment cela va transformer l’économie et nos modes de vie.

Par Kaï-Fu Lee, 2021, 362 pages.

Titre original : « Ai Superpowers : China, Silicon Valley, and the New World Order« 

Chronique et résumé de « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » de Kaï-Fu Lee

Introduction

Dans l’introduction de son livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire« , Kaï-Fu Lee, investisseur en capital-risque et chercheur en intelligence artificielle (IA), nous plonge dans la montée en puissance de l’IA dans le monde.

De la maternelle aux élites internationales : l’omniprésence de l’IA

Kaï-Fu Lee commence son ouvrage en racontant une anecdote qui l’a marqué : de simples enfants de maternelle à Pékin lui ont posé des questions sur l’IA étrangement similaires à celles que lui avaient posées des membres de l’élite mondiale, des grands esprits de notre époque !

Leurs interrogations couvraient une vaste gamme de sujets : de l’usage des robots dans l’éducation aux accidents de voitures autonomes (sans chauffeur), en passant par la place de l’homme dans un monde dominé par des machines intelligentes.

Mais ce qui frappe Kaï-Fu Lee, c’est que l’IA, autrefois confinée aux cercles de recherche et à la science-fiction, est devenue une préoccupation majeure pour le grand public. Elle est passée du domaine des experts à celui du quotidien. Aujourd’hui, dit-il, l’IA est au centre des discussions, et des gouvernements du monde entier s’efforcent de maîtriser cette technologie révolutionnaire. Les médias, quant à eux, suivent de près les avancées en matière d’intelligence artificielle de plus en plus omniprésente dans nos vies.

L’ascension fulgurante de la Chine dans l’arène de l’IA

L’auteur met ensuite en lumière un phénomène particulièrement marquant : La Chine, ce géant d’Asie, émerge comme le nouveau titan de l’IA, se positionnant fièrement face aux États-Unis.  

Oui, l’IA fait des vagues en Chine, c’est incontestable. Pour Kaï-Fu Lee, ce n’est pas juste une tendance, c’est une véritable révolution. Cet enthousiasme pour l’intelligence artificielle en Chine reflète la montée en puissance du pays dans ce secteur. L’auteur nous explique, en effet, que de nombreuses entreprises et chercheurs chinois plongent tête baissée dans des innovations de pointe, explorant des algorithmes avancés et des stratégies inédites.

L’intelligence artificielle en Chine : bien plus que des machines

Kaï-Fu Lee termine sa conclusion en précisant qu’il n’a pas toutes les réponses aux questions sur l’avenir de l’IA. Mais qu’il espère toutefois que son livre alimentera le débat sur les possibilités et les horizons qui s’ouvrent à nous avec l’IA.

Car, souligne-t-il, l’histoire de l’IA ne se résume pas seulement aux machines. C’est aussi notre histoire, celle de nos choix, de notre volonté, de notre futur. Elle concerne les êtres humains, leur libre arbitre et leurs actions.

En lisant « I.A., la plus grande mutation de l’histoire« , une chose est claire : c’est à nous de décider. Et Kaï-Fu Lee nous invite à puiser, au fond de nous, des valeurs et une sagesse qui vont guider notre avenir avec l’IA.

Partie 1 – La Chine et son « moment Spoutnik »

1.1 – Le triomphe de l’IA face au champion mondial du jeu de Go

Dans le premier chapitre de son livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire« , Kaï-Fu Lee commence par une image forte : celle de Ke Jie, un prodige du jeu de go chinois de 19 ans, en pleine confrontation avec AlphaGo, une intelligence artificielle créée par Google, lors d’un tournoi.

Le jeu de go est un jeu de société chinois, vieux de plusieurs millénaires, très respecté pour sa profondeur stratégique et sa complexité.

Malgré son talent exceptionnel, Ke Jie peine à déjouer la machine. Après trois matchs haletants, où il teste diverses approches, le champion se retrouve à court d’options face à l’insaisissable AlphaGo

– Vu de Pékin

Kaï-Fu Lee dépeint comment deux cultures ont vu cette bataille et la victoire d’AlphaGo sur Ke Jie sous des angles complètement différents.

Pour l’Occident, la défaite de Ke Jie symbolise le triomphe de la technologie occidentale. Mais l’auteur nous révèle que pour la Chine, c’est tout autre chose. Les Chinois, eux, vivent cet instant, comme leur « moment Spoutnik » pour l’IA (l’auteur fait ici allusion au fameux satellite soviétique lancé en 1957 qui a bouleversé le jeu de la course spatiale.

Que se passe-t-il alors après cette fameuse partie d’échecs et la prouesse d’AlphaGo ? Une véritable effervescence, épidémie de passion pour l’IA déferle en Chine !

Voici ce que l’auteur nous décrit à propos de cette prise de conscience et effervescence en masse :

  • Investisseurs, entrepreneurs, étudiants et même le gouvernement plongent tête première dans le monde de l’IA.
  • Une vision ambitieuse de la Chine pour être à la pointe de l’IA : la Chine ne veut pas seulement jouer, elle veut mener la danse. Kaï-Fu Lee explique que le gouvernement chinois dévoile alors un plan visant à faire de la Chine le leader mondial de l’innovation en intelligence artificielle d’ici 2030.
– Un jeu qui change la donne

L’auteur du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » affirme ensuite que si l’intelligence artificielle en Chine a avancé jadis, et pendant des décennies, à la vitesse d’une tortue, cette époque est révolue. L’essor actuel de l’IA en Chine est sans précédent.

Kaï-Fu Lee partage d’abord une anecdote personnelle fascinante : pendant ses études doctorales, il a lui-même créé un logiciel dédié à battre un adversaire humain au jeu d’Othello.  

Il compare ensuite la victoire d’AlphaGo à celle de Deep Blue sur Garry Kasparov : un autre face-à-face d’anthologie entre l’homme et la machine qu’il relate ici.

Toutefois, l’auteur souligne les limites technologiques de l’époque. Il précise que la victoire d’AlphaGo est, elle, le résultat du deep learning. Et cette technologie puissante ne s’est pas contentée de booster les compétences cognitives de nos machines. Elle a également chamboulé le monde professionnel. Elle a conduit à d’énormes bouleversements sociaux, car de nombreux emplois humains ont été supplantés. Et cela, écrit l’auteur, n’est pas sans conséquence sur la psyché humaine.

– L’échec humain, l’essence de l’humanité

Dans cette partie du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire« , Kaï-Fu Lee décrit un moment poignant du match entre AlphaGo et Ke Jie, le champion du monde du jeu de go.

La scène est restée gravée dans les mémoires. Imaginez : Ke Jie, face à l’inéluctable, se rend compte qu’il est impossible de vaincre AlphaGo. Submergé par l’émotion, il fond en larmes.

La tristesse de Ke Jie n’a pas seulement ému les spectateurs présents. Elle déclenche une vague de sympathie et une onde de choc rappelant à tous que :

  • L’humanité a sa place, même dans un univers où l’IA domine : l’essence humaine persiste.
  • Notre but doit être d’utiliser l’IA pour enrichir l’humain, et non pas pour le remplacer : selon Kaï-Fu Lee, l’IA peut être notre alliée, un outil puissant pour épauler et non supplanter l’être humain. De plus, adopter cette perspective pourrait permettre à la Chine de se hisser, voire de surpasser les États-Unis technologiquement parlant.

En somme, la vision partagée par Kaï-Fu Lee ici, c’est que l’IA n’est pas une fin en soi, mais un moyen. Le moyen de redécouvrir ce qui fait de nous des êtres profondément humains.

1.2 – Le deep learning : des origines à la conquête chinoise

– L’ascension de l’IA : la genèse hésitante à l’éclat du deep learning

Kaï-Fu Lee poursuit ce chapitre du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » en nous embarquant  dans un voyage à travers l’histoire de l’IA : de ses origines dans les années 1950 à la révolution du deep learning.

Il nous apprend ainsi que l’IA a traversé des moments d’engouement puis de pause. Elle a oscillé entre deux principales approches : des systèmes guidés par des règles claires et des réseaux de neurones, inspirés du fonctionnement de notre cerveau.

Puis, c’est l’apparition du deep learning, portée par Geoffrey Hinton et les progrès technologiques, qui a donné un second souffle à l’IA, la faisant briller de nouveau au 21ème siècle.

– Le deep learning révélé : une intelligence algorithmique

D’abord, qu’est-ce que le deep learning ? L’auteur du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » nous explique en détail. Mais pour résumer simplement, imaginez des algorithmes, ces formules magiques, qui, grâce à une tonne de données, découvrent des motifs cachés, invisibles à l’œil humain.

Pour fonctionner correctement, le deep learning nécessite quatre conditions essentielles :

  • Une grande quantité de données pertinentes,
  • Un algorithme puissant,
  • Un objectif bien précis,
  • Un champ d’action ciblé.

En gros, le deep learning excelle dans des tâches pointues, comme aider les banques à minimiser les défauts de paiement. Même nos voitures autonomes s’en servent pour se repérer et nous conduire en sécurité !

– La Chine et le deep learning : du retard à la domination

La recherche sur le deep learning et l’intelligence artificielle était, il n’y a pas si longtemps encore, principalement l’affaire de trois pays : les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni.

La Chine, elle, était alors encore en retrait car elle n’avait pas encore pris conscience de la révolution du deep learning. Mais en 2016, revirement de situation. La Chine se lance avec force. Elle ne s’attarde plus uniquement sur la théorie, elle passe à l’action ! Elle se tourne vers l’IA appliquée et exploite la valeur des énormes quantités de données qu’elle génère.

Et alors que l’Occident a été le pionnier du deep learning, la Chine se positionne désormais en leader. Elle devient une force majeure à surveiller.

« S’il est certain que l’Occident a allumé le brasier du deep learning, la Chine, elle, va accaparer l’essentiel de sa chaleur.« 

1.3 – L’IA : du concret à la quête des données

ia collecte de données
– L’IA appliquée

Kaï-Fu Lee explique ici que nous sommes en plein dans l’ère de l’IA appliquée. Les entreprises notamment s’appuient fortement sur le deep learning pour réaliser de nombreuses tâches.

Mais attention à la confusion, lance l’auteur : ce boom n’annonce pas l’avènement d’une IA générale tout-puissante.

Il s’agit plutôt de la concrétisation et mise en pratique des grandes découvertes des dernières années, telles que le deep learning, l’apprentissage par renforcement et l’apprentissage par transfert.

Les entrepreneurs actuels transforment ces concepts en solutions pratiques qui changent notre quotidien.

Comprendre cette différence, autrement dit, celle entre innovation et application, est crucial pour anticiper l’impact de l’IA sur notre avenir.

– L’ère des données

Selon Kaï-Fu Lee, la clé d’une IA efficace réside en trois ingrédients :

  • Une quantité massive de données,
  • De solides capacités de calcul,
  • Des ingénieurs compétents.

Si tous sont essentiels, ce sont les données qui dominent. Au-delà d’un certain niveau technique, c’est la quantité de données qui rend l’IA plus précise. Désormais, l’enjeu n’est plus de recruter les ingénieurs les plus brillants, mais de collecter et de traiter d’importantes masses de données.

Retenons donc que l’avenir est moins dans la quête du génie technique et plus dans la collecte de données pour nourrir et perfectionner l’IA.

1.4 – La Chine prend l’avantage

– Un avantage en matière de données

Kaï-Fu Lee met en parallèle l’électrification du XXe siècle et l’ascension de l’IA aujourd’hui. Il affirme que les quatre éléments clés pour dominer l’IA sont similaires à celles de l’électrification :

  • Une masse de données,
  • Des entrepreneurs passionnés,
  • Des chercheurs spécialisés en IA,
  • Une politique encourageante.

À ce jeu, nous apprenons alors que la Chine a le vent en poupe.

En effet, la Chine a déjà dépassé les États-Unis en termes de production de données et possède un écosystème technologique unique. Les entrepreneurs chinois sont plus agressifs et innovants que leurs homologues de la Silicon Valley. L’Internet chinois, avec des applications comme WeChat qui offrent de nombreux services intégrés, génère d’énormes quantités de données sur le monde réel.

Selon l’auteur du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire« , ces outils, riches en données, propulsent la Chine en leader de l’innovation IA.

– Faire pencher la balance

Dans cette partie du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire« , Kaï-Fu Lee décrit l’ambition chinoise en matière d’IA.

Conscient du potentiel de l’intelligence artificielle en Chine, le gouvernement chinois mobilise d’énormes ressources pour prendre le leadership dans ce domaine.

Aussi, bien que les directives centrales prennent du temps à se déployer partout, les régions se livrent à une concurrence intense pour attirer les entreprises et les innovateurs en IA avec des incitations alléchantes (subventions généreuses et pratiques préférentielles).

Kaï-Fu Lee prédit que la Chine surpassera les USA en IA, générant des gains colossaux. PricewaterhouseCoopers estime que l’IA boostera le PIB mondial de 15 700 milliards d’ici 2030. La Chine en empochera une belle part : 7000 milliards.

Bien sûr, cette domination chinoise aura un impact significatif sur la politique et l’économie mondiales, bousculant les Américains habitués à dominer le secteur technologique.

1.5 – Les crises du monde réel : entre menace d’emplois et creusement des inégalités

Dans cette partie, Kaï-Fu Lee nous prévient de deux menaces imminentes de l’IA : l’emploi et l’inégalité.

Selon lui, le deep learning pourrait supprimer des milliards d’emplois à tous les niveaux de qualification, des comptables aux radiologues. Même si nous avons déjà absorbé des chocs technologiques par le passé, ici, jusqu’à 50 % des emplois US pourraient disparaître en 15 ans.

De plus, l’intelligence artificielle enrichira quelques magnats, creusant les inégalités. Le cercle vertueux des données boostera les entreprises dominantes, creusant l’écart avec les autres. Les entreprises numériques domineront de plus en plus le marché mondial, concentrant des profits gigantesques entre les mains de quelques-uns, tandis que le nombre de demandeurs d’emploi continuera d’augmenter.

1.6 – Intelligence artificielle : le nouvel ordre mondial bipolaire et les défis de la perte de sens

Kaï-Fu Lee termine le premier chapitre de son livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » en décrivant comment l’IA va instaurer un nouvel ordre mondial bipolaire, mené par la Chine et les États-Unis.

Il nous explique que :

  • Bien que des pays comme la France, le Royaume-Uni et le Canada possèdent des laboratoires et des chercheurs compétents en IA, ils ne disposent pas d’écosystèmes riches en capital-risque ni de grandes quantités de données, comme ceux des deux géants.
  • La Chine et les États-Unis monopoliseront les données et les talents, dominants ainsi le marché mondial.
  • Avec l’IA, l’automatisation de la production, réduira l’atout des pays en développement, à savoir la main-d’œuvre bon marché.

Pour l’auteur, nous entrerons dans une économie où « le vainqueur rafle tout », avec une concentration de richesse entre les mains de quelques entreprises chinoises et américaines.

Ces changements pourraient provoquer crises politiques, sociales et une perte de sens, car l’IA remettra en question les valeurs profondément ancrées dans notre culture qui lient le travail à la dignité et à l’estime de soi.

« L’organisation mondiale engendrée par l’intelligence artificielle va donc combiner deux traits majeurs : une économie où le vainqueur ne laisse aucun concurrent debout et une concentration de richesses sans précédent dans les coffres d’une poignée d’entreprises chinoises et américaines. C’est là que réside, à mon sens, le vrai danger potentiel de l’IA : des désordres sociaux et des crises politiques terribles, corollaires d’un chômage généralisé et d’inégalités criantes. Toute cette confusion aura pour toile de fond une crise beaucoup plus intime, psychologique – en un mot, humaine : celle de la perte de sens.« 

Partie 2 – Dans l’arène des copieurs

2.1 – L’ascension de Wang Xing dans le numérique Chinois

– L’histoire du « cloneur » prospère

Dans le deuxième chapitre de son livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire« , Kaï-Fu Lee, nous transporte « quinze ans en arrière, à une époque où l’on se moquait de la Chine, désignée comme le royaume de la contrefaçon, et où la Silicon Valley se tenait, seule et fière, à la proue de la haute technologie« .

Il nous y fait rencontrer Wang Xing, surnommé le « Cloneur » et nous raconte son histoire.

Wang Xing a marqué les débuts d’internet en Chine en imitant les entreprises populaires de la Silicon Valley.

Il commence par copier Friendster durant son doctorat aux États-Unis, mais c’est un échec. Il élargit rapidement son champ d’action et adapte Facebook pour les étudiants chinois sous le nom de Xiaonei. Malgré son succès, Wang Xing vend cette entreprise à cause de problèmes financiers. Elle deviendra Renren.

En 2007, le « Cloneur » imite Twitter avec Fanfou (le site finit par fermer pour des raisons politiques) puis Groupon avec Meituan.

Finalement, malgré les critiques, Wang Xing a prospéré en adaptant ces modèles pour le marché chinois : Meituan est aujourd’hui valorisé à 30 milliards de dollars, tandis que Groupon, site original, a, lui, perdu de sa valeur.

– La Chine a forgé des entrepreneurs résilients

Pour Kaï-Fu Lee, ne voir en Wang Xing qu’un simple copieur est réducteur. Les observateurs occidentaux estiment que Wang Xing ne doit sa réussite qu’au fait d’avoir copier, mais en réalité, ce dernier a su innover. Il a su adapter les tactiques de la Silicon Valley au marché chinois, faisant de lui un entrepreneur global.

Le numérique en Chine est une jungle où l’innovation constante est requise pour survivre. Cette compétitivité a façonné une génération d’entrepreneurs chinois inébranlables. Alors que l’IA émerge, ils sont prêts à dominer grâce à leur pragmatisme et leur soif de profits. Wang Xing en étant le parfait exemple.

2.2 – Le choc des cultures

Kaï-Fu Lee compare ici les start-ups de la Silicon Valley à celles de Chine. En gros :

  • La culture de la Silicon Valley, imprégnée d’innovation, forme des entrepreneurs idéalistes visant à changer le monde sans préoccupations matérielles.
  • En Chine, l’histoire de pauvreté et la mentalité de pénurie façonnent une culture d’entreprise centrée sur la survie et le profit. Aussi, pragmatisme, flexibilité et imitation y sont vues comme des chemins vers la réussite.

Si Kaï-Fu Lee revient sur ces différences culturelles, c’est pour rappeler que, bien que l’individu ne soit pas uniquement défini par sa culture, comprendre ces différences est capital pour apprécier l’évolution technologique des deux pays.

Et si les entrepreneurs issus de la culture chinoise de l’imitation ont été critiqués par l’élite de la Silicon Valley, l’auteur valorise les entrepreneurs chinois pour leur adaptabilité unique à cette ère.

2.3 – Un passé à copier

Dans cette section du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire« , Kaï-Fu Lee évoque le passé copieur chinois à travers trois histoires.

– Les horloges neuves de l’empereur

Ce passage du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » décrit le Pavillon du culte des ancêtres à Pékin, où trônent d’exceptionnelles horloges mécaniques. Ces horloges ont été offertes par des missionnaires jésuites et industriels britanniques aux empereurs chinois du XVIIe et XVIIIe siècles.

L’auteur raconte que rapidement, nombre d’artisans chinois sont devenus maîtres en horlogerie et ont adapté cet art à leur culture. Ils ont alors créé leurs propres modèles horlogers, infusés de la culture chinoise.

Kaï-Fu Lee poursuit en faisant un parallèle avec ce qu’il se passe actuellement. Il interroge : cette tendance à copier et à améliorer ne pourrait-elle pas engloutir les géants technologiques modernes, comme elle l’a fait jadis avec les horlogers européens ?

– Charles Zhang, apprenti copieur

Nous sommes dans les années 1990. À cette époque, de nombreuses entreprises chinoises imitent les modèles d’entreprises de la Silicon Valley.

Kaï-Fu Lee évoque le retour en Chine de Charles Zhang qui, après avoir fait ses études au MIT, rentre avec la ferme intention de construire l’infrastructure Internet du pays. Après une rencontre avec le fondateur de Yahoo!, Jerry Yang, il décide de créer une entreprise combinant un moteur de recherche et un portail en chinois, qu’il nomme Sohoo, avant de la renommer Sohu.

– Des contrefaçons à la limite de la perfection

La contrefaçon était courante dans l’économie chinoise des années 90. Les entreprises produisaient des répliques d’articles de luxe, de voitures et même de parcs à thème.

Kaï-Fu Lee, alors à la tête de Google China, raconte comment sa marque a été victime de la contrefaçon. Quand en 2008, son entreprise est accusée à tort de diffuser des publicités pour traitements médicaux frauduleux, Kaï-Fu Lee découvre que celles-ci proviennent d’un site pirate imitant Google China presqu’à la perfection.

Cette contrefaçon s’étend même aux produits technologiques de pointe. Par exemple, des répliques de l’iPhone d’Apple, appelées « mini-iPhones », sont apparues dans les magasins d’électronique chinois peu de temps après le lancement du produit original.

Toutes ces contrefaçons sont alors perçues comme l’incapacité de la Chine à innover et à rivaliser avec des pôles d’innovation comme la Silicon Valley.

2.4 – Obstacle ou tremplin ?

– Voir au-delà des imitations : l’innovation à la chinoise

Ici, Kaï-Fu Lee critique la vision répandue selon laquelle les entreprises de la Silicon Valley, comme Google, Facebook, Amazon et Apple, seraient le fruit d’un esprit d’innovation pur, tandis que les entreprises chinoises seraient simplement des imitateurs.

Selon lui, les précurseurs chinois de la copie, tels que Wang Xing, ont été des tremplins plutôt que des obstacles à l’innovation.

N’ayant pas le même héritage technique et esthétique que les États-Unis, les Chinois ont, explique-t-il, cherché inspiration et mentorat à l’étranger. Leur approche initiale, bien que fondée sur l’imitation, ne les a pas pour autant enfermés dans une mentalité anti-innovation. Au contraire, elle leur a permis de concevoir des produits technologiques plus originaux et adaptés au marché local.

Résultat ? En adaptant leurs produits et en répondant aux besoins domestiques locaux, les entreprises chinoises ont brillamment réussi à se démarquer des géants américains du secteur.

– Adaptation et concurrence : des exemples de l’intelligence artificielle en Chine

L’auteur de « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » revient ici sur plusieurs exemples qui ont montré comment les entreprises chinoises étaient capables de s’adapter et ainsi de gagner la concurrence.

  • Alibaba Vs eBay

Kaï-Fu Lee évoque la bataille entre Alibaba de Jack Ma et le géant eBay : lorsque eBay débarque en Chine en 2002, il rachète EachNet, une réplique d’eBay, et remanie l’interface utilisateur pour correspondre à ses autres plateformes dans le monde. Il centralise ses opérations chinoises aux USA, entraînant des problèmes pour les utilisateurs chinois.

  • Google China Vs Baidu

Kaï-Fu Lee revient sur son expérience en tant que dirigeant de Google China et les défis auxquels il a été confronté en adaptant les produits de l’entreprise aux particularités du marché chinois.

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Il relate la compétition entre Google et le moteur de recherche chinois Baidu à ce moment-là.

Il avait observé que les internautes chinois utilisaient les moteurs de recherche de manière différente des Américains : au lieu de chercher rapidement des informations précises, ils prenaient le temps d’explorer plusieurs résultats. Baidu avait bien compris cela. Chaque lien cliqué s’ouvrait alors dans une nouvelle fenêtre, permettant aux utilisateurs d’explorer plusieurs résultats sans quitter la page de recherche. Kaï-Fu Lee a poussé pour intégrer cette astuce chez Google China, mais il a été freiné par la réticence du siège du fait des défis techniques que cela représentait. Cette lenteur d’adaptation a coûté cher à Google face à Baidu sur le marché chinois.

2.5 – Pourquoi la Silicon Valley ne prend-elle pas en Chine ?

Ici, Kaï-Fu Lee nous éclaire sur les raisons pour lesquelles la Silicon Valley a du mal à s’établir en Chine. Plutôt que de pointer du doigt le protectionnisme chinois, il souligne l’approche des entreprises américaines, les considérant souvent :

  • Trop confiantes, envisageant la Chine comme un simple prolongement.
  • Réfractaires à adapter leurs produits aux besoins locaux.
  • Sous-estimant les entrepreneurs chinois.

Résultat ? Les start-ups chinoises, plus en phase avec les besoins locaux, prennent le dessus.

De plus, les talents chinois tendent à préférer des entreprises locales plutôt que de travailler pour des filiales chinoises de sociétés américaines, où leurs opportunités de carrière seraient limitées.

2.6 – Le champ de bataille du marché chinois : entre rivalités implacables et adaptation lean

Une féroce compétition qui sévit sur le marché de l’internet en Chine

Dans une partie qu’il intitule « Tous les coups sont permis« , Kaï-Fu Lee décrit l’univers impitoyable de la concurrence sur le marché de l’internet en Chine.

Un exemple frappant est celui de Zhou Hongyi, un entrepreneur qualifié de « gladiateur ». Ce dernier est connu pour ses prises de position tranchées et sa réussite dans les affaires, notamment après la vente de sa start-up à Yahoo!

Nous le connaissons aussi pour avoir fondé Qihoo 360, un leader de la sécurité informatique en Chine.

Des rivalités acharnées entre Qihoo 360 et Tencent, le poids lourd chinois de la messagerie électronique ont amené Zhou Hongyi à utiliser des tactiques agressives et parfois discutables, comme la diffamation ou la copie de produits.

Avec cet exemple, Kaï-Fu Lee nous montre à quel point, en Chine, la culture de compétition sans merci aiguise l’innovation et la rapidité d’exécution des entreprises.

– La guerre permanente des start-ups chinoises : l’adaptation « lean »face à la concurrence implacable

Dans la section du livre intitulée « Être un gladiateur « lean »« , Kaï-Fu Lee expose ensuite comment les entrepreneurs chinois ont adopté et adapté le concept de la start-up « lean », né en Silicon Valley.

Il rappelle que cette approche prône le lancement rapide d’un « produit minimum viable » puis une écoute constante du marché pour peaufiner le produit. Les industriels chinois, étant exclusivement guidés par le marché, n’ont pas de problème à suivre cette approche. Cependant, en Chine, la concurrence est intense, les imitateurs sont nombreux, et il est donc crucial de constamment innover et s’adapter pour rester rentable.

Ainsi, Kaï-Fu Lee explique que contrairement aux entrepreneurs de la Silicon Valley qui peuvent se reposer sur leurs lauriers après avoir lancé un produit réussi, les entrepreneurs chinois doivent être en état de guerre permanent pour survivre sur le marché.

2.7 – La revanche de Wang Xing

Le deuxième chapitre du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » se termine en revenant sur l’histoire de Wang Xing déjà abordé au tout début de ce chapitre. 

Wang Xing est devenu un acteur clé de la « guerre des Mille Groupon » en Chine, où de nombreuses start-ups ont tenté de reproduire le succès de Groupon.

L’auteur nous indique alors que Wang Xing s’est, lui,  distingué grâce à :

  • Sa capacité à s’adapter aux préférences locales.
  • Des choix judicieux en termes de publicité et d’optimisation.
  • Des innovations, comme un système de paiement automatisé pour ses partenaires.

Alors que Groupon a tenté d’entrer sur le marché chinois avec Tencent, leur alliance s’est avérée peu fructueuse. Par rapport à Groupon, Wang Xing a su évoluer et ajuster son entreprise, faisant d’elle – Meituan – un exemple de start-up « lean » exemplaire.

Partie 3 – L’internet chinois : bienvenue dans une autre dimension

la chine et l'intelligence artificielle

3.1 – Zhongguancun ou la Silicon Valley chinoise

Kaï-Fu Lee démarre le troisième chapitre de son livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » en nous parlant de Guo Hong.

Pour l’auteur, ce fonctionnaire cache, derrière son apparence discrète, une véritable mentalité d’innovateur de start-ups. Contrairement à la génération d’ingénieurs chinois d’avant, qui se concentrait sur la production, Guo Hong est passionné par la nouvelle technologie et les idées novatrices. Incarnant parfaitement cette nouvelle génération d’experts qui n’hésitent pas à sortir des sentier battus, « il a mis à  profit toutes ces qualités pour transformer l’influente technopole de Zhongguancun, dans le nord-ouest de Pékin, en une pépinière de l’innovation nationale« . Cette ville est aujourd’hui surnommée la « Silicon Valley chinoise ».

3.2 – À la conquête des terres inexplorées

L’auteur nous apprend ici que, vers 2013, l’Internet chinois connaît une métamorphose, et commence à faire de l’ombre au Web occidental.

Dans cette nouvelle dynamique, les smartphones bon marché prennent, en fait, une tout autre dimension. Au-delà d’être de simples téléphones, ils se sont imposés comme des porte-monnaies électroniques. C’est WeChat, couplé à la révolution du paiement mobile, qui a impulsé cette transformation.

Aussi, les start-up chinoises, boostées par ces avancées et soutenues par le gouvernement, ont réussi à tisser le numérique dans la vie quotidienne des Chinois. Plus qu’une simple création de plateformes, elles ont su s’ancrer dans la réalité, marquant ainsi leur différence face à la Silicon Valley.

3.3 – La Chine, eldorado des données

Kaï-Fu Lee décrit ensuite comment la Chine s’est ainsi transformée en véritable titan de la donnée en quelques années.

Avec un nombre d’internautes surpassant la somme de ceux des États-Unis et de l’Europe, la Chine moissonne des données inestimables pour l’intelligence artificielle.

Par ailleurs, contrairement à la Silicon Valley qui se concentre principalement sur les comportements en ligne, les entreprises chinoises, elles, capturent des informations du monde réel. Cela leur offre un solide avantage en matière d’IA.

3.4 – L’Internet chinois n’est pas vraiment passé par la case PC

Kaï-Fu Lee évoque ici un tournant majeur : le départ de Google de Chine.

Cet évènement ouvre la voie aux start-ups locales.

Depuis 2007, les sites internet se sont adaptés aux smartphones. L’arrivée massive d’Android a donné un coup de boost à l’innovation. Plutôt surprenant, la plupart des Chinois ont zappé l’ordinateur pour plonger directement sur le web avec leur téléphone. Grâce à cela, tout l’univers numérique en Chine a été transformé.

Aujourd’hui, Internet n’est plus juste un outil, il est partout, tout le temps. Et savez-vous qui a vraiment saisi cette opportunité ? Les start-ups chinoises ! Boostées par des investisseurs du coin, elles ont innové en conséquence. Et ce bouillonnement innovant et créatif a profité à des mastodontes tels que Baidu, Alibaba et Tencent.

3.5 – WeChat 

– Des débuts modestes mais des ambitions démesurées

2011 est l’année où Tencent lance discrètement WeChat, explique ici l’auteur du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire« . Conçue pour nos smartphones, cette application a très vite multiplié ses fonctionnalités, continue-t-il. En à peine deux ans, elle devient un vrai couteau suisse numérique, combinant médias, marketing et même jeux. Et avec le temps, WeChat n’est plus une simple application : elle fusionne le virtuel et le réel, nous aidant dans notre quotidien. Pourtant, avant de devenir la star du marché, WeChat a dû rivaliser avec les géants du e-commerce…

– Main basse sur le paiement mobile

Imaginez. Nouvel An chinois, 2014. Tencent révolutionne la traditionnelle « enveloppe rouge ». Maintenant, sur WeChat, on peut envoyer de l’argent… virtuellement !

Alliant tradition et modernité, l’initiative fait un carton : 16 millions d’enveloppes échangées en un éclair. Résultat ? 5 millions de comptes bancaires se lient à WeChat Wallet. Même Jack Ma d’Alibaba sent le vent tourner pour son Alipay. Grâce à cette idée brillante, WeChat s’impose et le paiement mobile en Chine décolle.

3.6 – Le souffle du changement : encouragement à l’entreprenariat et campagne pro-innovation

– L’avenue des Entrepreneurs

L’auteur de « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » revient ensuite sur l’histoire de Guo Hong, ce visionnaire discret qui voit grand pour Zhongguancun.

Il nous raconte comment Guo Hong a transformé toute une rue de Zhongguancun autrefois peuplée de vieilles librairies en « avenue des Entrepreneurs ».

Avec un coup de pouce de l’administration, il modernise cette rue et attire la crème de la tech chinoise. Le 11 juin 2014, c’est l’inauguration. Cette avenue devient le symbole du renouveau technologique chinois. Et est le signe avant-coureur d’une vague d’innovation qui se construit à travers la nation.

– L’innovation pour les masses

Projetez-vous en 2014, au Forum économique mondial de Tianjin. Le Premier ministre Li Keqiang prend la parole et met en avant l' »entrepreneuriat et innovation de masse » pour la Chine. À première vue, rien de bien sensationnel pour la presse internationale. Pourtant, pour la tech chinoise, c’est une révélation.

Pourquoi ? Parce qu’à ce moment-là, le gouvernement chinois passe à l’action. Il déroule une stratégie pour booster les start-ups et l’innovation, avec des aides financières et une révolution des idées sur l’entrepreneuriat.

Imaginez : seulement neuf mois après, une directive propose de créer des milliers d’incubateurs et des fonds soutenus par l’État. Sur le terrain, les fonctionnaires locaux s’impliquent activement.

Résultat ? Les investissements dans les start-ups quadruplent et le capital-risque privé explose.

Bien sûr, tout le monde n’est pas convaincu. Des analystes américains pointent du doigt cette intervention massive du gouvernement, y voyant un grain de sable dans la mécanique des marchés libres. Mais pour le gouvernement chinois, le besoin d’innover prime. Et même si tout n’a pas été rose, l’effet global pour le pays est indéniable.

– Une révolution culturelle

Dans la tradition chinoise, le conformisme prévaut, avec un respect profond pour les figures autoritaires. Mais lorsque l’État soutient une industrie, la société entière s’y engouffre.

Avant 2014, la posture du gouvernement vis-à-vis du Web était ambiguë, note l’auteur. Mais avec la campagne encourageant l’innovation, un changement s’est opéré. Le feu vert au numérique était donné, et ce, officiellement.

L’introduction boursière d’Alibaba en 2014 a renforcé cette tendance, avec Jack Ma devenant une icône nationale, démontrant que n’importe qui peut réussir. Cette acceptation généralisée a ébranlé l’idéal traditionnel d’un emploi stable pour la vie, place à la folie entrepreneuriale ! Et certains ont vraiment tout donné pour se démarquer.

Bref, la Chine embrassait enfin pleinement l’entrepreneuriat numérique.

3.7 – Du numérique au monde réel

Le virage de l’ère digitale en Chine a vu émerger une myriade d’entreprises innovantes.

Ces dernières ne se contentent plus de nous fournir de simples infos en ligne, elles font désormais partie de notre vie de tous les jours. C’est ce qu’on appelle le mouvement O2O (« online-to-offline« ) : transformer des clics en véritables services concrets.

En guise d’exemples, Kaï-Fu Lee cite Alibaba et Amazon, ces plateformes que l’on connaît tous pour les objets réels qu’elles vendent en ligne. Eh bien, figurez-vous qu’aujourd’hui, celles-ci proposent aussi des services en ligne : nous pouvons désormais y réserver une coupe de cheveux ou commander une course en voiture par exemple, tout cela en ligne. Oui, comme Uber.

En Chine, cette idée a été adaptée et réinventée pour répondre à différents besoins. Et les métropoles chinoises sont devenues le terrain de jeu idéal pour cette nouvelle tendance qu’est l’O2O.

3.8 – Pincettes ou rouleau compresseur ?

La différence entre la Silicon Valley et la Chine réside dans leurs approches de l’intégration digitale : Keï-Fu Lee parle de « pincettes » et de « rouleau compresseur« . En somme, c’est comme comparer la subtilité (d’une pincette) à la force brute (d’un rouleau compresseur).

En effet, les Américains sont prudents, utilisant Internet comme simple outil d’information et de connexion.  Ils développent des plateformes, mais externalisent la logistique.

Les Chinois ? Ils plongent tête baissée. Ils ne se contentent pas de créer, ils dominent toute la chaîne opérationnelle.

Cette différence d’approche se voit très clairement chez Yelp et Dianping, deux plateformes du domaine de la restauration, toutes deux créées au même moment : tandis que Yelp reste centré sur les avis consommateurs, Dianping investit massivement dans divers domaines comme les livraisons. En conséquence, Meituan-Dianping dépasse largement la valeur de Yelp.

Ce modèle « tout ou rien » en Chine fusionne le virtuel et le tangible, récoltant une richesse de données inégalée et promettant une domination future.

3.9 – Le paiement mobile largement répandu

– Scanner ou être scanné

Dans cette partie, Kaï-Fu Lee nous explique comment Alipay et Tencent ont révolutionné le paiement en Chine en remplaçant l’argent liquide par le scan de codes QR via smartphones.

Sans frais supplémentaires, cette innovation a, en effet, surpassé l’utilisation des cartes de crédit, peu adoptées en Chine. Dès 2017, la majorité des Chinois (65 %) ont opté pour cette méthode, même pour des achats de rue.

Cette transition rapide a engendré des situations inédites, comme des magasins sans espèces. Et rien qu’en 2017, plus de 17 000 milliards de dollars de transactions mobiles ont été effectuées.

À l’inverse, aux États-Unis, malgré les efforts de géants technologiques, le paiement mobile reste timide, indique l’auteur.

– Les taxis suivent le rythme

En Chine, les taxis traditionnels ont d’abord été réticents face aux paiements mobiles, malgré leur efficacité. Mais des incitations séduisantes, comme celles de Tencent pour utiliser WeChat Wallet, ont fini par changer la donne.

À l’opposé, les géants américains comme Apple Pay hésitent à proposer des promotions coûteuses, malgré l’énorme potentiel des données liées aux paiements mobiles.

– Bicyclettes 2.0

La popularité du vélo revient en force en Chine, grâce à internet. Des startups, telles que Mobike et Ofo, ont lancé des vélos connectés que l’on paye avec son mobile. Ces deux-roues sont partout, changeant les villes et fournissant des données précieuses à leurs créateurs.

3.10 – De splendides nouveaux mondes

La fusion du réel et du digital en Chine génère un trésor de données. Ces données, couplées à la progression des entreprises chinoises, suggèrent que la Chine est en train de dépasser les États-Unis dans de nombreux secteurs, préparant le terrain à sa future domination en matière d’intelligence artificielle.

Partie 4 – Le conte de deux pays

le conte de deux pays intelligence artificielle

4.1 – Les prémices de l’IA

Kaï-Fu Lee nous raconte ici que lorsqu’il met le pied à l’Université de Chine en 1999, l’intelligence artificielle en Chine n’en est encore qu’à ses balbutiements. Mais n’en déplaise, l’énergie des étudiants est électrique !

Ces derniers écoutent avec passion Kaï-Fu Lee discuter de reconnaissance vocale et visuelle, autrement dit, de comment les machines peuvent « voir » et « entendre ». Malgré le manque de moyens, les étudiants chinois, à cette époque, apprennent sous la lueur des lampadaires, prêts à puiser le maximum de connaissances possibles.

Et ce qu’on ne sait pas encore, c’est que parmi eux se cache le futur fondateur d’une des plus grandes entreprises d’IA de Chine. Le futur maestro de l’intelligence artificielle en Chine.

4.2 – Comment devenir une superpuissance de l’intelligence artificielle selon Kaï-Fu Lee

« Que faut-il pour dominer l’IA ? » interroge ici l’auteur du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire« .

Voici sa réponse :

  • Beaucoup de données,
  • Des entrepreneurs battants,
  • Des experts en sciences,
  • Un soutien politique.

La Chine excelle déjà dans les deux premiers domaines. L’accent est maintenant mis sur l’expertise scientifique et la politique.

Pour Kaï-Fu Lee, l’ère de l’IA appliquée est à l’horizon. Selon lui, la domination de la Silicon Valley pourrait vaciller.

En effet, grâce à une solide formation, un accès ouvert à la recherche mondiale et une stratégie techno-utilitariste, la Chine est bien placée pour surclasser les États-Unis. Sachant qu’en plus, elle bénéficie d’un soutien politique fort pour stimuler l’innovation.

4.3 – Prix Nobel et bricoleurs anonymes

Nous nous téléportons ensuite quelques années en arrière : en 1939, Enrico Fermi, un génie de la physique (lauréat du prix Nobel de physique), fuit l’Italie mussolinienne antisémite pour les États-Unis. À New York, Enrico participe alors au projet Manhattan et à l’élaboration des premières bombes atomiques américaines. C’est une grande découverte !

Mais Kaï-Fu Lee utilise cet exemple pour nous expliquer que si les moments de découverte valorisent les génies individuels comme Enrico Fermi, il faut, lors de la période post-découverte, des « bricoleurs » capables d’appliquer les innovations à grande échelle pour généraliser la technologie, la rendre utile.

Et bien, c’est ce qui se passe aujourd’hui avec l’IA : des experts appliquent les techniques de l’IA (deep learning) pour tout type de tâches.

4.4 – Partager l’intelligence

L’avantage aujourd’hui, nous dit l’auteur du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire« , c’est que tout ce qu’on découvre en IA est immédiatement accessible dans le monde entier.

Ainsi, les travaux en IA sont souvent ouvertement partagés, favorisant la transparence et la compétition. Les chercheurs publient fréquemment sur www.arxiv.org pour garantir la reconnaissance de leurs découvertes.

En Chine, la communauté IA utilise activement ces ressources et contribuent activement à l’écosystème de l’IA.

4.5- Course à l’innovation : la Chine, l’Occident et le futur de l’intelligence artificielle

Dans cette section du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire« , l’auteur partage plusieurs anecdotes, histoires et exemples pour illustrer la croissance de la Chine en intelligence artificielle.

Celle-ci est, par ailleurs, prouvée par plusieurs études, précise l’auteur, avec une influence marquante dans les réseaux de neurones et la vision par ordinateur.

– Un conflit d’agendas

Kaï-Fu Lee relate ici le jour où l’Association for the Advancement of Artificial Intelligence (AAAI) a dû reprogrammer son colloque 2017 à cause du Nouvel An chinois !

En effet, historiquement dominé par l’Occident, l’événement avait maintenant autant d’intervenants chinois qu’américains. Preuve que l’IA chinoise est en pleine explosion.

– Les sept géants et le deep learning de demain

Les géants industriels tels que Google, Facebook, Amazon, Microsoft, Baidu, Alibaba et Tencent protègent leurs découvertes. En effet, si un progrès majeur est réalisé par l’un d’eux, cela pourrait bouleverser l’équilibre mondial.

Mais on le sait, aujourd’hui, la Chine, avec son dynamisme entrepreneurial et son soutien gouvernemental, se rapproche technologiquement des États-Unis. Et si le statu quo persiste, il est certain que de nombreuses start-ups chinoises révolutionneront des secteurs grâce au deep learning.

Alors, lequel de ces gros poissons va tout chambouler ? Mystère !

L’auteur a toutefois son idée : si une innovation majeure devait surgir, Google serait probablement à l’avant-garde, lance-t-il. L’entreprise possède la crème de la crème des experts en IA :

« C’est bien simple : sur les cent meilleurs chercheurs et ingénieurs de la discipline, la moitié travaille déjà pour Google.« 

Mais, en réalité, la prochaine grande avancée pourrait venir de n’importe où ! Et pendant que l’industrie attend cette avancée, l’application pratique de l’IA s’enracine déjà dans notre quotidien.

« Google a donc pris une avance considérable dans cette « ruée vers l’élite » de l’intelligence artificielle, mais la victoire n’est pas garantie. Le deep learning a dû son apparition à un petit réseau de scientifiques un peu décalés qui ont fait une fixation sur une méthode jusqu’alors négligée par la plupart des chercheurs. Le deep learning de demain peut quant à lui se cacher dans n’importe quel campus ou labo d’entreprise, sans que personne ne puisse prédire où et quand il fera son apparition. Mais pendant que le monde attend cette découverte capitale comme on guette le numéro gagnant du loto, l’intelligence artificielle appliquée, elle, prend racine sous nos yeux.« 

4.6 – Dualité technologique : géants contre start-ups et la bataille des puces IA

dualité intelligence artificielle
– L’approche géants Vs l’approche start-up

Nous apprenons ici que, dans le monde de l’IA, deux modèles ont émergé :

  • L’approche « réseau » des géants comme Google, Alibaba et Amazon qui veulent une IA pour tous, accessible via le cloud.
  • L’approche « batteries » des start-ups qui veulent des IA sur-mesure pour des tâches précises en développant des solutions ciblées (comme pour le diagnostic médical).
– Les puces, enjeu mondial

Les puces (ou semi-conducteurs) sont le cœur de l’IA. Elles sont l’objet d’une rude compétition. Alors qu’Intel et Qualcomm dominaient le marché et que Nvidia commence à s’aligner, la Chine entre maintenant en scène.

L’auteur décrit ici comment les entreprises chinoises sont en train d’intensifier leurs efforts dans le but de surpasser tout le monde, transformant la compétition en un enjeu politique mondial.

4.7 – Washington Vs Pékin

– Deux plans pour l’IA

L’auteur nous explique ici qu’en 2016, sous l’ère d’Obama, la Maison-Blanche esquissait un plan ambitieux pour l’IA. Mais celui-ci a été relégué au second plan et a vu ses financements sabrés sous la présidence de Donald Trump.

En comparaison, le plan chinois de 2017 pour l’IA resplendit d’ambition. Il vise un impact grand et fixe des objectifs clairs, audacieux : ériger la Chine comme leader mondial de l’IA d’ici 2030.

– Le pari sur l’intelligence artificielle

L’auteur décrit comment la Chine investit énormément dans l’IA. Des villes rivalisent pour être le hub de l’IA : la ville de Nankin, par exemple, a investi massivement en subventions et en avantages pour soutenir le secteur de l’intelligence artificielle et attirer entreprises et talents en IA. Sa motivation ? Être à la pointe de la technologie.

En contraste, aux États-Unis, l’utilisation des fonds publics pour soutenir des initiatives technologiques est perçue comme risquée et, de fait, limité.

– Les divergences politiques et ethiques

L’IA, ce n’est pas que technique, c’est aussi politique.

Alors que la Chine va vite, très vite dans le déploiement de l’IA, les États-Unis, eux, sont plus prudents. La législation américaine, en matière éthique notamment, pourrait ralentir le déploiement de cette technologie, contrairement à la Chine, plus pragmatique.

Ainsi, chaque pays a sa stratégie en fonction de ses valeurs, mais la rapidité de la Chine lui donne un avantage certain.

Partie 5 – Les quatre vagues de l’intelligence artificielle

vagues intelligence artificielle

5.1 – Les prouesses technologiques d’ iFlytek en guise d’introduction

Cette partie du livre commence par une anecdote : imaginez un instant Donald Trump s’exprimant couramment en chinois. Incroyable, non ?

Eh bien, c’est exactement ce que la magie de l’IA a réussi à nous montrer lors d’un événement high-tech en Chine en 2017. L’entreprise chinoise iFlytek a, en effet, utilisé ses algorithmes pour reproduire la voix de Trump en mandarin. Et elle a fait une autre démonstration tout aussi bluffante de Barack Obama, lui aussi a été « traduit » lors d’une conférence de presse fictive.

Grâce à ses prouesses, iFlytek a raflé plusieurs prix de concours d’IA, surpassant même des géants comme Google et IBM. Mais Liu Qingfeng, son fondateur, voit plus loin : il promet de révolutionner notre façon de communiquer et imagine, pour cela, divers appareils tels que des oreillettes traductrices.

5.2 – Une vague peut en cacher une autre

Pour l’auteur du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire« , la révolution de l’intelligence artificielle en Chine se dessinera en quatre vagues majeures : l’IA en ligne, l’IA professionnelle, l’IA perceptive et l’IA autonome.

Les lecteurs de cet article ont également lu :  Ce sera l'IA ou/et moi

Ces vagues impacteront différents secteurs, de l’Internet à la médecine en passant par le monde réel et les véhicules autonomes.

Chaque vague est nourrie par une mer de données. Et sur ce terrain, les États-Unis et la Chine se disputent la première place. Alors que l’IA professionnelle est dominée par les États-Unis, la Chine excelle dans l’IA en ligne et perceptive, et talonne aussi rapidement dans la course à l’IA autonome. Pour Kaï-Fu Lee, cette compétition façonnera l’adoption et la diffusion de l’IA à l’échelle mondiale.

5.3 – Première vague : l’IA en ligne

– Quand le Web apprend à anticiper nos désirs pour des contenus personnalisés

Début des années 2010 : quelque chose de majeur est en train de se passer. L’IA en ligne prend de l’ampleur et transforme notre façon de naviguer sur le web.

Kaï-Fu Lee décrit pourquoi et comment cette IA en ligne bouleverse nos comportements en ligne.

Il évoque ainsi les fameuses recommandations que l’on reçoit à présent sur YouTube ou Google par exemple. Celles-ci, nous dit-il, se font grâce à des systèmes d’intelligence artificielle qui analysent nos préférences pour nous suggérer du contenu personnalisé.

Et derrière tout ça : une quantité de données disponibles. Plus ces données sont nombreuses, mieux c’est. Pour que cela fonctionne, elles sont « étiquetées » : elles relient une action spécifique à un résultat, autrement dit, elles font le lien entre ce que nous faisons et ce que nous aimons.

Les entreprises du Web comprenant vite le potentiel de cette personnalisation, se mettent rapidement à utiliser cette stratégie pour booster leurs profits.

– L’exemple de Toutiao

Pour illustrer ses propos, Kaï-Fu Lee nous plonge dans l’histoire de Jinri Toutiao. Cette boîte chinoise décide un jour de faire quelque chose de fou : remplacer les rédacteurs humains par des machines. Et devinez quoi ? Ça marche ! Grâce à l’IA, Toutiao réussit à analyser ce que les gens aiment et peut leur proposer des contenus sur-mesure, ultra personnalisés. Et plus les utilisateurs interagissent, plus les recommandations sont précises, rendant la plateforme hautement addictive.

Toutiao va encore plus loin. Elle utilise un « reporter » robot capable de rédiger des résumés quelques minutes après la fin d’un événement. Ce robot a, par exemple, affirme l’auteur, couvert les Jeux olympiques de Rio 2016.

De plus, pour lutter contre le fléau des fake news, Toutiao forme ses algorithmes pour repérer et contrer les fausses informations.

Ce genre d’innovations a propulsé Toutiao au sommet, jusqu’à surpasser des entreprises comme BuzzFeed.

Le succès de Toutiao témoigne de la puissance de l’intelligence artificielle en ligne en Chine. Et demain ? Kaï-Fu Lee partage une réflexion intéressante : si aujourd’hui, l’IA en ligne est dominée à la fois par les USA et la Chine, l’auteur est convaincu que la Chine pourrait bientôt prendre le dessus.

Mais cette première vague, aussi lucrative soit-elle, n’est qu’un début. Elle ouvre la voie à une prochaine vague axée sur des applications professionnelles.

5.4 – Deuxième vague : l’IA professionnelle

– Le pouvoir des données

Ici, Kaï-Fu Lee met en lumière le pouvoir des données dans l’IA professionnelle.

En effet, le vaste océan de données de nos industries (assurances, banques, hôpitaux… ) fournit une opportunité pour l’IA d’identifier des corrélations inaperçues par l’humain.

Contrairement à l’humain qui ne se concentrent que sur quelques paramètres clés, l’IA, elle, est capable d’analyser des milliers d’éléments, même ceux qui semblent non pertinents, pour faire des prédictions affûtées. Sur le devant de la scène depuis 2004, des poids lourds comme Palantir et IBM Watson ont régné sur le monde des big data. Mais l’arrivée du deep learning a ensuite ouvert la porte à de nouveaux acteurs tels qu’Element AI.

Des IA vont donc aider des organisations traditionnelles, comme celles de la finance, à être plus efficaces.

– Des IA omniprésentes : de la finance au médical, en passant par la justice

En matière d’IA professionnelle, l’auteur souligne qu’en Chine :

  • L’essor de la microfinance basée sur l’IA a été impressionnant : si la plupart des Chinois sont passés aux paiements mobiles, une lacune demeurait dans le crédit à la consommation. Aussi, une entreprise innovante, nommée Smart Finance, s’est mise à utiliser l’IA pour analyser les données des smartphones et octroyer des prêts aux gens en fonction des corrélations faites avec leurs données.
  • Au-delà de la finance, l’intelligence artificielle en Chine fait des merveilles en médecine : des algorithmes rivalisent déjà avec les médecins pour diagnostiquer des maladies à partir de simples images. Sa mise en œuvre pourrait ainsi révolutionner l’accès aux soins médicaux de qualité.
  • Même la justice n’y échappe pas : à Shanghai, iFlytek a lancé un programme aidant les juges à prendre des décisions, en se basant sur d’anciennes affaires. Imaginez, après avoir rendu un verdict, une IA vous suggère la peine adéquate ! Le but est d’éviter des sentences arbitraires dans certains contextes. Aux États-Unis, l’IA est aussi utilisée pour évaluer le risque de relâchement des prisonniers.

Pour finir, Kaï-Fu Lee partage avec nous une prédiction : si les USA sont leaders en IA professionnelle aujourd’hui, ici encore, la Chine pourrait bien les devancer, notamment dans les services publics où l’IA corrige ses faiblesses institutionnelles.

5.5 – Troisième vague : l’IA perceptive

Ah, l’IA perceptive ! Elle transforme la manière dont les machines perçoivent le monde. Autrefois, ces dernières peinaient à comprendre images et sons. Avec l’IA perceptive, elles peuvent désormais convertir notre monde tangible en données numériques. Comment ? Avec des appareils comme l’Echo d’Amazon ou l’iPhone X d’Apple.

– Un monde sans frontières entre réel et virtuel

Kaï-Fu Lee commence à nous parler de l’IA perceptive en nous embarquant dans l’univers qu’il appelle  « OMO » (online-merge-offline) : un monde où le virtuel et le réel se confondent. Il s’agit de « la fusion totale de deux univers » indique l’auteur.

Auparavant, l’accès à Internet se faisait principalement via des ordinateurs ou smartphones. Maintenant, avec l’IA perceptive, la frontière entre le monde en ligne et hors ligne devient complètement floue. Par exemple, en Chine, KFC utilise le paiement par reconnaissance faciale.

– Des bouleversements sans commune mesure dans notre quotidien

Pour l’auteur, l’IA perceptive nous réserve un avenir avec de nombreuses surprises dans notre vie quotidienne.

  • Dans les centres commerciaux : Kaï-Fu Lee décrit ici une expérience fictive de shopping qui parait presqu’irréelle mais pourtant pas si loin du tout. Imaginez, en entrant au supermarché, votre caddie vous identifie instantanément et vous salue personnellement ! L’IA permet au chariot de vous suggérer des achats basés sur vos habitudes : comme les recommandations e-commerce, mais dans le monde réel. Ces supermarchés futuristes, tout en conservant une dimension humaine, optimiseront l’expérience client, mais aussi la gestion des stocks et réduiront le gaspillage.
  • À l’école : l’IA réinvente l’éducation. Finie l’école traditionnelle (l’ »école-usine » pour reprendre les termes de l’auteur), place à une formation ultra-personnalisée grâce à des profils « intelligents ». Kaï-Fu Lee évoque des « doubles enseignants« , l’un virtuel, l’autre en chair et en os, travaillant de concert. L’IA personnalise même les devoirs à la maison ! La correction est automatisée. L’apprentissage des langues est largement amélioré. VIPKid, une plateforme basée sur l’IA valorisée à 3 milliards de dollars, témoigne de l’impact grandissant de cette tendance.
  • Dans les espaces publics et données privées : la transformation de notre espace public grâce à l’IA demande d’énormes quantités de données. Tandis que certains (les Américains notamment) craignent pour leur vie privée, d’autres (comme les Chinois) y voient des bénéfices, tels qu’une meilleure régulation du trafic ou une sécurité accrue. Il s’agit là d’un débat crucial entre protection de la vie privée et avantages de l’IA.
  • Dans nos maisons : les maisons du futur sont des maisons connectées. La start-up Xiaomi, initialement réputée pour ses smartphones économiques, s’aventure à présent dans le secteur des appareils domestiques intelligents et interconnectés. Leur enceinte Mi, similaire à l’Echo d’Amazon mais plus abordable, illustre cette ambition.
– Made in Shenzhen

Pour terminer sur le sujet de l’IA perceptive, l’auteur de « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » évoque la modernisation récente de la Chine, autrefois perçue comme l’atelier du monde avec une main-d’œuvre bon marché, vers une production de haute technologie.

Et cette évolution met la ville chinoise de Shenzhen au premier plan. Car si la Silicon Valley excelle en logiciel, Shenzhen est, elle, la capitale du matériel. Selon Kaï-Fu Lee, cette ville offre une immense variété de composants électroniques et une production à grande échelle, rendant l’innovation plus rapide qu’aux États-Unis. Et bien qu’ouvert aux entreprises étrangères, les obstacles opérationnels avantagent les entreprises locales.

5.6 – Quatrième vague : l’IA autonome

Cette partie du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » nous plonge dans le futur passionnant de l’IA : son autonomie. Imaginez des machines comprenant et modifiant leur environnement. Les véhicules autonomes en sont un exemple clé, mais l’IA autonome aura un impact bien plus vaste que cela…

« La vague de l’IA autonome, la dernière, est celle dont l’impact sera le plus profond. [Elle] englobe les trois autres ; c’est un aboutissement. Dès que les machines seront capables de voir et d’entendre le monde qui les entoure, elles pourront s’y déplacer en toute sécurité et augmenter leur productivité. Fortes de leurs nouvelles aptitudes sensorielles, entraînées à optimiser un résultat en balayant des masses de données extrêmement complexes, elles ne se contenteront pas de comprendre leur environnement : elles le façonneront.« 

– Robots, drones et voitures autonomes
  • Des robots spéciaux

L’auteur nous fait d’abord découvrir le monde innovant des robots spéciaux comme les robots de Traptic, une start-up californienne qui cueille des fraises, ou encore les robots d’Amazon qui déplacent des étagères.

Si ces machines illustrent bien l’efficacité de l’IA autonome en matière de productivité dans les secteurs commerciaux, pour l’auteur, l’adoption d’un tel robot autonome à la maison en tant que robot domestique reste encore un défi majeur.

  • Les drones
drone et intelligence artificielle

L’IA autonome, c’est aussi des drones collaborants entre eux, souligne l’auteur. Ils peignent des bâtiments, combattent les incendies ou sauvent des vies. L’entreprise chinoise DJI est en tête de cette course.

  • Les voitures autonomes

Kaï-Fu Lee compare deux titans, deux philosophies de la voiture autonome : Google et Tesla.

Si Google vise la perfection pour ses voitures autonomes et une sécurité totale, Elon Musk de Tesla, lui, favorise un déploiement progressif. Les deux stratégies se distinguent mais toutes deux sont alimentées par des tonnes de données.

– Les villes intelligentes

La Chine voit un potentiel énorme dans l’IA autonome, notamment avec des projets comme Xiong’an, une ville entièrement basée sur cette technologie (avec des infrastructures et des autoroutes intelligentes, pour voitures autonomes). L’idée ? Repenser totalement l’aménagement urbain et les transports.

Bien que la Chine soit très enthousiaste, pour l’auteur, ce sont les États-Unis qui mènent la danse en matière d’IA autonome (surtout dans le domaine des voitures autonomes). En effet, selon lui, les entreprises américaines, notamment Google, ont une avance technologique significative. En Chine, Baidu tente de rivaliser, mais l’expertise américaine est solide.

La fin du chapitre 5 du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » propose un tableau illustrant ce constat. Le voici :

Le succès futur des uns ou des autres dépendra des défis auxquels sera confronté le déploiement de l’IA.

5.7 – Et demain ?

Pour l’auteur du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire« , le véritable enjeu en matière d’intelligence artificielle réside aujourd’hui dans les pays en développement.

Si les USA exportent leurs innovations high-tech, la Chine, elle, mise sur ses propres talents en investissant directement dans ses entreprises locales et en leur offrant des outils sur mesure.

Car, d’une façon générale, pour réussir dans le domaine de l’IA, il faut avoir une compréhension approfondie du contexte local, saisir les subtilités du terrain, de la culture, des gens. Et sur ce terrain-là, la Chine pourrait bien avoir une longueur d’avance sur la Silicon Valley.

En résumé, la Chine et les États-Unis adoptent des stratégies différentes face à l’avènement de nouvelles technologies :

  • Les USA se concentrent  sur le « deep learning ».
  • La Chine cherche à révolutionner plusieurs secteurs grâce à l’IA.

Qui sera le leader mondial de l’intelligence artificielle à l’avenir ? La course est lancée, et pour Kaï-Fu Lee, la Chine se positionne comme un leader potentiel.

Partie 6 – Les utopies, les dystopies – et la crise bien réelle

utopie et intelligence artificielle

6.1 – Les utopistes et les dystopiques

Le chapitre 6 du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » nous plonge dans le potentiel fascinant de l’IA… Imaginez une IA si avancée qu’elle dépasserait l’intelligence humaine : cette future IA, c’est ce qu’on appelle l’Intelligence Artificielle Générale (IAG).

Cette perspective divise les opinions. « Face à ces prédictions étourdissantes, il y a deux écoles : l’utopie et la dystopie » écrit Kaï-Fu Lee.

– Les utopies de l’IA

Les utopistes, comme Ray Kurzweil (inventeur et directeur de l’ingénierie chez Google) ou Demis Hassabis, y voient une alliance bénéfique homme-machine.

« Les utopistes estiment que l’émergence de l’IAG et son corollaire, la singularité, sont l’étape ultime de notre épanouissement en tant qu’êtres humains. C’est la porte vers une conscience augmentée, l’échappatoire tant attendue à notre condition de mortels. […] Nous pourrons télécharger notre cerveau dans le cloud et régénérer notre corps en permanence grâce à des nanorobots intelligents libérés dans notre système sanguin. […] Nous pourrions bientôt percer les mystères de notre univers physique grâce aux solutions de génie mises au point par la superintelligence. La civilisation humaine en finirait avec des problèmes jusqu’alors insolubles, comme le réchauffement climatique ou certaines maladies incurables. Capables de déchiffrer le monde à des niveaux inconcevables pour l’homme, les ordinateurs feraient bien plus qu’alléger les fardeaux de l’humanité ; ils nous rapprocheraient de l’omniscience et de l’omnipotence divines.« 

– Les dystopies de l’IA

Les dystopiques, comme Elon Musk ou le défunt cosmologiste Stephen Hawking, nous mettent en garde quant aux dangers d’une telle superintelligence non contrôlée. Pour eux :

« La superintelligence constitue « le plus grand danger auquel ait jamais été confrontée la civilisation   humaine ». Permettre son avènement reviendrait à « invoquer le diable ».

La superintelligence ne serait pas le produit d’une évolution « naturelle », mais une création humaine. […] Elle cherchera à atteindre le plus efficacement possible les buts qui lui auront été fixés. C’est justement cela qui suscite la crainte : pour peu que l’espèce humaine représente un obstacle dans la réalisation de ces objectifs – en empêchant par exemple de freiner le réchauffement climatique -, un agent superintelligent pourrait aisément la rayer de la surface de la Terre, même par accident. Pour cela, nul besoin d’armes aussi grossières que des robots tueurs. Grâce à sa profonde maîtrise des lois de la chimie, de la physique et des nanotechnologies, un programme informatique à l’intelligence supérieure pourrait concevoir des moyens bien plus,ingénieux d’arriver à ses fins, en un temps record. Les chercheurs parlent alors d’un problème de « contrôle » ou d' »alignement des valeurs ». Cette question préoccupe même les plus optimistes d’entre eux.« 

6.2 – Retour à la réalité

Pour Kaï-Fu Lee, nous sommes encore loin de cette IA ultra-puissante. Il assure que malgré les progrès et les prophéties qui prédisent une IAG dans les prochaines années, il reste beaucoup à faire.

L’auteur décrit à ce niveau-là du livre les avancées scientifiques majeures que l’IAG nécessiterait encore avant de voir le jour. Ainsi, selon lui, bien que l’IAG représente un tournant potentiel pour l’humanité, tout cela pourrait prendre des décennies voire des siècles.

« Utopies et dystopies suscitent souvent un mélange d’émerveillement et d’effroi dans l’opinion publique. Ce sont ces émotions incontrôlables qui tendent à brouiller la frontière entre les scénarios fantastiques et la réalité de l’IA appliquée dans laquelle nous vivons. Plus personne ne sait vraiment où nous en sommes ni où nous allons. Je l’affirme sans détour : en l’état actuel des choses, d’un point de vue technologique, aucun des scénarios décrits plus haut n’est réaliste – ni les cerveaux numériques immortels, ni les superintelligences toutes-puissantes. À ce jour, l’algorithme ou le procédé de fabrication qui nous conduira à l’intelligence  artificielle générale n’existe pas. Or la singularité ne se produira pas spontanément. En clair, nous ne verrons pas de véhicules autonomes se « réveiller » subitement et comprendre qu’il leur suffit de se liguer pour former un réseau superintelligent.« 

Par contre, ce qu’il faut surveiller de près, selon Kaï-Fu Lee, ce sont les effets de l’IA sur l’emploi et les inégalités.

6.3 – « Pékin origami » : à la croisée de la science-fiction et de l’économie

Kaï-Fu Lee poursuit sa réflexion en nous présentant la vision futuriste de la jeune auteure Hao Jingfang.

Dans sa nouvelle de science-fiction « Pékin origami« , elle décrit, avec un réalisme saisissant, un Pékin futuriste.

Imaginez alors cette ville se transformer selon le statut social ! Trois castes s’y relayent dans trois univers distincts : une élite dans le luxe 24h/24, d’autres 16 heures par jour et d’autres encore travaillant dans l’obscurité pendant 8 heures. Ces derniers, bien que vivant dans une technologie avancée, effectuent manuellement des tâches qui pourraient être automatisées pour maintenir l’emploi. Le passage entre ces mondes est interdit, préservant ainsi l’utopie des plus privilégiés.

Le but en somme ? Maintenir l’emploi. Le hic, c’est l’injustice criante.

6.4 – La crise du monde réel

– Inégalités et bouleversement du marché de l’emploi

Pour l’auteur de « I.A., la plus grande mutation de l’histoire« , le récit dystopique de Hao Jingfang met, en fait, en lumière un défi majeur : l’IA risque de creuser les inégalités socio-économiques. Elle pourrait complètement bouleverser le marché du travail, avec un risque de chômage massif et la suppression d’emplois tant qualifiés qu’ouvriers.

Pour Kaï-Fu Lee, iI ne s’agira pas juste de remplacer des postes, mais de redéfinir la valeur du travail humain.

Aussi, selon ce scénario, les inégalités mondiales s’accroîtront, mettant en péril les pays du tiers-monde. Dans les nations avancées, l’IA accentuera les écarts de revenus, favorisant les monopoles.

Et toutes ces perturbations poseront des questions fondamentales sur la nature de l’humanité.

– Les techno-optimistes et le « sophisme luddite »

Les prédictions sur l’IA générant une crise de l’emploi sont remises en question par certains. Pour ces techno-optimistes, nos peurs autour de l’IA rappellent celles des luddites opposés à la mécanisation au XIXe siècle. Car après tout, la technologie a toujours créé de nouveaux emplois, non ? Et quand on observe le passé, le progrès a boosté la productivité et augmenté notre pouvoir d’achat.

– En finir avec l’optimisme béat

Mais attention, lance l’auteur ! Même si l’optimisme technologique semble justifié, toutes les révolutions technologiques ne se valent pas. Certaines innovations affectent une activité, d’autres éliminent une tâche, quand d’autres bouleversent tout sur leur passage, un secteur entier.

Kaï-Fu Lee compare ici trois « technologies de portée générale » (TPG) dominantes – la machine à vapeur, l’électricité, et les technologies de l’information et de la communication (TIC) – pour montrer leur impact global sur la société.

Il souligne que :

  • Contrairement aux deux premières TPG qui ont bénéficié principalement aux travailleurs peu qualifiés, les TIC favorisent, elles, les travailleurs hautement qualifiés, accentuant alors les inégalités.
  • L’intelligence artificielle transformera le travail manuel et intellectuel. Surpassant les humains dans de nombreuses tâches, elle pourrait prendre en charge des tâches entières. Pour faire face à cette automatisation croissante, il nous faut repenser la valeur de notre travail.
  • L’IA est unique. Son impact pourrait être encore plus profond que toutes les innovations passées et porter sur l’économie mondiale surpassant toutes les précédentes révolutions.

6.5 – Plus vite, plus haut, plus fort

L’ère de l’IA arrive à une vitesse vertigineuse, prévient ici Kaï-Fu Lee. Selon lui, l’économie basée sur l’IA se développera bien plus vite que les précédentes révolutions technologiques.

Et pour l’auteur de « I.A., la plus grande mutation de l’histoire« , trois raisons expliquent cette accélération :

  • L’IA repose principalement sur des algorithmes, facilement réplicables et distribuables, contrairement aux technologies antérieures basées sur des équipements physiques.
  • Le financement des innovations accélère leur mise sur le marché.
  • La Chine est devenue un acteur majeur de cette révolution.

En bénéficiant d’une diffusion rapide, l’IA va profondément transformer le marché de l’emploi et les revenus.

6.6 – Le risque d’être remplacé par l’IA

remplacement intelligence artificielle
– Évaluer le risque de remplacement

L’IA ne fait pas de distinction : elle peut autant remplacer un travailleur manuel qu’un expert très qualifié. Pourquoi ? Parce qu’elle est efficace sur des types de tâches.

Ainsi, la nature des tâches, plus que la qualification, détermine le risque de remplacement par l’IA.

Cette idée est illustrée dans le livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » par des tableaux qui nous éclairent sur les emplois potentiellement menacés par l’intelligence artificielle. Plus précisément, ces tableaux évaluent le risque d’automatisation des professions selon quatre zones de danger/sécurité et selon différents critères (intensité de sociabilisation, dextérité, niveau intellectuel)

– Les conclusions des études…et leurs omissions

Alors, combien d’emplois l’IA pourrait-elle remplacer ? questionne Kaï-Fu Lee.

L’auteur nous restitue les estimations de plusieurs études réalisées. Mais il nous fait remarquer que les prévisions varient grandement, allant de 9 % à 47 % !

Selon lui, les divergences dans ces estimations soulignent la complexité de la question.

De plus, l’auteur remet en question certaines données. Il indique que certaines prévisions pourraient sous-estimer l’impact réel de l’IA. Avec les progrès rapides, notamment liés à la reconnaissance visuelle, l’impact sur l’emploi pourrait être plus important que ce que certaines études anticipent.

6.7 – Rethink de l’IA : au-delà des emplois, le bouleversement sectoriel

L’auteur s’oppose ici aux méthodologies classiques d’analyse des emplois en péril face à l’IA. Au lieu de se cantonner à cette analyse traditionnelle, il propose une perspective plus large : une « approche par secteurs« .

Ainsi, tandis que la plupart des analystes s’attachent au remplacement direct des emplois humains par des machines, Kaï-Fu Lee, lui, souligne que l’IA ne va pas seulement remplacer des emplois spécifiques, mais bouleverser entièrement certains secteurs.

L’entreprise Toutiao, par exemple, qui exploite l’IA pour révolutionner des domaines sans nécessairement remplacer des tâches humaines spécifiques, illustre cette approche.

6.8 – Automatisation, une perspective nuancée

Selon diverses études, 40 % à 50 % des emplois aux États-Unis pourraient être automatisés.

Toutefois, du fait des résistances sociétales, réglementaires et la naissance de nouvelles professions, cela ne se traduirait pas par un taux de chômage aussi élevé. L’auteur cite le cas de Bain & Company qui, par exemple, ne prévoit une baisse que de 20 % à 25 % des besoins en main-d’œuvre d’ici 2030.

Reste que si l’on n’agit pas, l’automatisation pourrait affecter jusqu’à 80 % des travailleurs, et dès lors, compromettre la stabilité socio-économique, informe l’auteur.

Et face à la montée de l’automatisation, la situation chinoise attire particulièrement l’attention. Effectivement, considérée comme « l’usine du monde« , la Chine, avec sa main-d’œuvre importante, est vulnérable. Des experts comme Martin Ford et Vivek Wadhwa prédisent un grand bouleversement qui pourrait vraiment ébranler l’économie chinoise.

Cependant, Kaï-Fu Lee apporte une précision, une nuance : dans nos anticipations, nous ne devons pas oublier le « paradoxe de Moravec« . Car ce dernier montre que, malgré les exploits de l’intelligence artificielle sur le plan intellectuel, elle éprouve des difficultés avec des actions motrices basiques.

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6.9 – L’IA et la grande disparité

Dans cette partie du livre, Kaï-Fu Lee explique en détail les grandes disparités que l’intelligence artificielle va accentuer :

  • La conquête à deux vitesses des algorithmes et robots :  la robotisation intelligente impactera différemment les professions selon leur nature. Les emplois qualifiés seront surtout influencés par les algorithmes, alors que les métiers manuels subiront la robotique de façon progressive.
  • Les superpuissances de l’IA contre le reste du monde : la domination technologique des USA et de la Chine pourrait creuser le fossé entre ces géants et le reste du monde. Bien que d’autres pays possèdent des compétences en IA, ils manquent d’atouts essentiels pour rivaliser. Cette dynamique renforce les positions des superpuissances et accentue les inégalités mondiales.
  • L’IA, machine à produire des inégalités : l’intelligence artificielle menace d’agrandir les inégalités mondiales en favorisant les travailleurs qualifiés et en renforçant les monopoles. Cette polarisation est déjà visible sur le web avec des géants comme Google, Facebook et Amazon dominant leurs secteurs. L’IA devrait renforcer cette tendance monopolistique dans d’autres domaines. Ces monopoles, bien que bénéfiques pour certains, pourraient exacerber les disparités, avec des bénéfices colossaux pour quelques-uns au détriment de nombreux emplois intermédiaires.

6.10 – Un sombre tableau

Kaï-Fu Lee insiste : les inégalités exacerbées par l’IA pourraient avoir des répercussions dévastatrices pour la société, comme :

  • Un futur incertain : contrairement aux précédentes évolutions économiques, l’IA, en perpétuant ces disparités, menace la cohésion de nos sociétés et leurs fondements. Une éventuelle division entre une élite de l’IA et une « classe inutile » pourrait émerger, menaçant la stabilité politique et sociale.
  • La crise du sens et les questionnements existentiels : l’IA ne transforme pas seulement le paysage professionnel, mais modifie également notre rapport à nous-mêmes. En effet, le travail est central pour beaucoup, il donne un sens à la vie de nombreuses personnes. Le perdre peut alors engendrer une crise identitaire profonde, avec des conséquences psychologiques, telles que la dépression, voire le suicide. Dans une ère dominée par l’IA, l’obsolescence ressentie pourrait conduire à une remise en question fondamentale de notre place en tant qu’êtres humains.

Partie 7 – Les leçons du cancer

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Le septième chapitre du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » raconte comment l’auteur, Kaï-Fu Lee, a traversé l’épreuve du cancer et les prises de conscience que cette période a provoquée chez lui.

7.1 – Quand tout s’écroule

– Première prise de conscience : l’importance des liens humains

Kaï-Fu Lee explique ici que l’intelligence artificielle l’a poussé à réfléchir profondément au sens de la vie. Il dit avoir longtemps vécu en optimisant chaque aspect de son existence pour le succès professionnel, traitant la vie comme un algorithme.

Mais en 2013, face à un cancer diagnostiqué, tout s’est effondré. Il raconte ce jour :

« En une seconde, mon univers fait d’algorithmes mentaux et de prouesses professionnelles s’est écroulé. Aucune formule mathématique ne pourrait me sauver, m’apporter le réconfort dont j’avais besoin, ni redonner un sens à ma vie. Comme tant d’autres personnes brusquement confrontées à leur condition de mortel, j’ai été envahi par l’angoisse, assailli de regrets déchirants.« 

Finalement, cette épreuve lui fait réaliser qu’il avait, durant toutes ces années, négligé ce qui compte vraiment : les liens humains.

« Ma confrontation avec la mort m’a amené à revoir mes priorités et à changer du tout au tout. […] Je préfère maintenant consacrer mon énergie à la seule chose qui rende la vie digne d’être vécue, comme je l’ai appris : créer des liens avec ceux qui m’entourent.« 

– Deuxième prise de conscience : l’IA pour renforcer l’humanité

Kaï-Fu Lee réalise aussi que l’IA, plutôt que de nous définir économiquement, devrait plutôt renforcer notre humanité, en valorisant l’amour et la connexion.

« Cet effrayant face-à-face avec la mort m’a également permis d’envisager sous un nouveau jour la manière dont les humains peuvent coexister avec l’intelligence artificielle. […] Si l’on persiste à mettre sur le même plan notre valeur économique et notre valeur en tant qu’êtres humains, ce bouleversement va dévaster les sociétés et les individus. De fait, il existe une autre voie : celle qui s’appuierait sur l’intelligence artificielle pour renforcer notre humanité. Ce ne sera pas facile, mais c’est, me semble-t-il, notre seul espoir pour survivre à l’avènement de cette nouvelle ère, voire y prospérer. Personnellement, c’est celle que j’ai décidé d’emprunter. J’ai choisi de détourner mon attention des machines pour revenir aux personnes et de délaisser l’intelligence pour me recentrer sur l’amour. »

7.2 – 16 décembre 1991

Cette partie démarre dans une salle d’accouchement chaotique. L’auteur attend la naissance de sa fille. C’est une période stressante, non seulement à cause de la situation, mais aussi parce que, le même jour, ce dernier doit présenter un projet capital pour sa carrière au PDG d’Apple.

Tiraillé entre ses responsabilités professionnelles et personnelles, l’auteur parvient finalement à assister à la naissance de sa fille avant de se précipiter à la réunion chez Apple.

Même si la réunion est couronnée de succès, il regrette d’avoir été si partagé ce jour-là.

7.3 – Qui est Kaï-Fu Lee ?

Dans cette partie, nous en apprenons davantage sur Kaï-Fu Lee avant le diagnostic de son cancer.

Décrivant son obsession pour la productivité et l’excellence, l’auteur se compare ici à une machine, poussant sans cesse ses limites pour maximiser son rendement.

Surnommé « l’homme de fer » pour son éthique de travail, l’auteur avoue avoir toujours adoré être sous les projecteurs (celui-ci figure même dans la liste des cent personnes les plus influentes de Time en 2013).

Kaï-Fu Lee évoque également comment il a inspiré la jeunesse chinoise à viser l’excellence, utilisant sa propre épitaphe comme motivation.

Mais malgré sa renommée et ses accomplissements en tant que leader technologique, il explique avoir préféré se consacrer au mentorat auprès des jeunes. C’est ainsi qu’il est devenu le « Professeur Kaï-Fu » pour la prochaine génération chinoise.

7.4 – Diagnostic et testament

Ici, l’auteur décrit son expérience du TEP-scan, un examen qui détecte les tumeurs cancéreuses grâce à un traceur radioactif. Ce jour-là, les résultats montrent des taches rouges, révélant de potentielles tumeurs.

Lorsque le radiologue diagnostique chez Kaï-Fu Lee un lymphome en stade IV, ce dernier s’effondre. Bouleversé, il décide alors de rédiger immédiatement son testament.

En consignant son testament à la main en caractères chinois traditionnels, comme requis à Taïwan, il repense à sa mère et à son dévouement sans faille.

L’annonce récente de sa propre maladie le submerge alors de remords face à sa négligence envers ses proches. Il évoque les réflexions de Bronnie Ware, une infirmière en soins palliatifs, qui a constaté que la plupart des personnes en phase terminale regrettent de ne pas avoir passé plus de temps avec leurs êtres chers.

Ainsi, ce long processus de rédaction lui fait réaliser l’importance de sa famille.

Face à la réalité de sa mort imminente, l’auteur réalise, en effet, que ses accomplissements passés n’ont pas autant de valeur que le temps et l’amour qu’il aurait dû consacrer à ses proches. Ces réflexions l’amènent à repenser la manière dont il a vécu sa vie.

7.5 – Le maître sur la montagne

Après son diagnostic, l’auteur visite le monastère de Fo Guang Shan à Taïwan. Il y rencontre le maître Hsing Yun. Durant un petit déjeuner, le maître interroge l’auteur sur ses objectifs de vie.

Malgré les justifications de l’auteur concernant son désir d’influence, le maître lui rappelle l’importance de l’amour et de l’humilité. Une prise de conscience s’opère finalement chez l’auteur : l’amour prime sur tout, et ce, indépendamment des succès professionnels ou de la reconnaissance publique.

7.6 – Deuxième avis, seconde chance

Suite à son diagnostic de stade IV, l’auteur, Kaï-Fu Lee, explique avoir cherché à en savoir plus.

À ce moment-là, sa curiosité scientifique le pousse à aller au-delà des classifications médicales basiques. Il découvre alors une étude italienne qui examine le lymphome sous 15 angles différents. Résultat : selon cette approche, ses chances de survie grimpent de 50 % à 89 %. Ce nouvel espoir est renforcé lors de la confirmation d’un spécialiste taïwanais.

Cette révélation change sa perception de la maladie : bien que rien ne soit certain, il se sent renaître face à son combat contre la maladie.

7.7 – Guérir

Kaï-Fu Lee termine ce chapitre du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » en nous relatant son expérience avec le cancer et comment sa maladie lui a fait reconsidérer sa vie et les priorités qui la dirigent.

Il confie que, durant son combat, l’affection incommensurable de sa famille lui a été vitale. Cet amour lui a fait comprendre le contraste entre les capacités de l’intelligence artificielle (IA) et la profondeur de l’émotion humaine. Bien que l’IA puisse surpasser l’humain dans de nombreux domaines, elle ne peut reproduire l’amour authentique.

L’avenir doit donc fusionner la puissance de l’IA avec l’essence humaine. Et selon l’auteur, pour y parvenir, une refonte totale de la société est nécessaire, en unissant empathie, innovation et unité.

Partie 8 – L’IA et les hommes : imaginer une coexistence réussie

coexistence intelligence artificielle humains

8.1 – Vers un nouveau contrat social

L’auteur commence ce chapitre du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » par un constat alarmant : l’automatisation pourrait impacter 40 à 50 % des emplois aux États-Unis d’ici 15 ans, augmentant chômage et inégalités.

Et si dans le passé, nous avons réussi à nous ajuster, l’IA, elle, avance à un rythme sans précédent avec beaucoup trop d’ampleur pour cela. L’intelligence artificielle pourrait alors amplifier les inégalités actuelles et provoquer une instabilité politique accrue.

Face à cela, notre contrat social nécessite une refonte, avise Kaï-Fu Lee : selon lui, nous devons revaloriser le travail et la valeur personnelle en mettant l’accent sur des qualités humaines telles que l’amour et la compassion plutôt que sur la simple productivité.

8.2 – La vision chinoise sur l’intelligence artificielle et l’emploi

Contrairement à la Silicon Valley, la Chine n’a pas largement discuté des impacts négatifs de l’IA sur le travail. Elle mise sur la technologie comme générateur d’emplois et de prospérité, sans vraiment s’inquiéter de cela. En fait, de nombreux Chinois croient en l’efficacité de leur gouvernement pour gérer les transitions. Cependant, les défis posés par l’IA exigent une vigilance accrue.

Cependant, face à l’essor de l’IA, une telle confiance pourrait être malavisée. Pour l’auteur, une prise de conscience et une préparation appropriées sont essentielles pour anticiper les défis futurs.

8.3 – Les trois « R » : requalifier, réduire et redistribuer

Face à l’impact de l’IA sur le travail, la Silicon Valley propose principalement trois solutions :

  • Requalifier les travailleurs,
  • Réduire le temps de travail,
  • Redistribuer les revenus.

Ceux favorables à la requalification croient que l’IA entraînera un changement graduel des compétences nécessaires. Ils misent donc sur la formation continue, notamment via des plateformes en ligne. Toutefois, il est incertain que la formation suffise face à l’automatisation rapide. Certains préconisent alors une réduction du temps de travail. Des exemples passés montrent que cette solution peut atténuer les pertes d’emplois temporaires, mais elle semble insuffisante pour une perturbation continue. D’où l’intérêt de considérer des mesures de redistribution plus radicales.

8.4 – Le revenu universel de base (RUB)

Le revenu universel de base (RUB) est une aide versée à chaque citoyen sans condition ni limites (contrairement au revenu minimum garanti, le RMG, qui ne cible que les plus pauvres). Son financement proviendrait de ceux qui bénéficient le plus de la révolution de l’IA.

Bien que le concept ne soit pas nouveau, Kaï-Fu Lee explique ici que la Silicon Valley a récemment remis en avant le RUB. Elle le promeut comme un moyen d’atténuer les problèmes économiques futurs.

Cet intérêt soudain de la Silicon Valley pour le RUB pourrait être autant par altruisme que stratégique (crainte d’une éventuelle révolte contre les responsables technologiques de l’automatisation). Mais, pour l’auteur, voir le RUB comme une solution presque magique face au défi complexe que représente l’IA serait réducteur. Et au lieu de se contenter de cette solution, nous devrions chercher des moyens d’utiliser l’intelligence artificielle pour valoriser les qualités humaines uniques.

8.5 – La symbiose homme-machine sur le marché du travail

On le sait, le marché du travail connaît une transformation due à l’intelligence artificielle.

En gros, selon Kaï-Fu Lee, l’IA et l’humain fusionneront, avec l’IA gérant les tâches d’optimisation et l’humain apportant l’empathie.

Certains métiers et secteurs demanderont aux humains et machines de collaborer très étroitement, combinant ainsi compétences techniques et compétences émotionnelles.

C’est le cas de la médecine par exemple, où l’IA assiste mais ne remplace pas l’empathie humaine.

D’autres secteurs, comme le droit ou le commerce, suivront cette tendance, se basant sur l’efficacité de l’IA tout en préservant l’interaction humaine.

Néanmoins, les défis demeurent, notamment en termes d’inégalités salariales.

8.6 – La responsabilité de l ‘État dans la gestion des conséquences socio-économiques de l’IA

L’auteur du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » partage ici plusieurs idées et histoires sur la réponse à donner aux défis socio-économiques qui nous attendent.

– La lettre de Larry Fink et le nouvel investissement à impact social

L’auteur raconte d’abord comment Larry Fink, PDG de BlackRock, a appelé, par une lettre, le secteur privé à répondre aux défis sociétaux après avoir souligné l’incapacité des gouvernements à les anticiper.

Au-delà de la simple philanthropie, il a alors encouragé les chefs d’entreprise à adopter une approche d’investissement qui met l’accent sur l’impact social. Un peu comme une nouvelle version du capital-risque, mais axée sur le soutien à des projets qui ont vraiment du cœur et apportent une forte valeur sociale

– Le rôle du gouvernement

Kaï-Fu Lee explique ensuite que, tout comme le secteur privé, le gouvernement a un rôle central à jouer dans la restructuration économique, allant au-delà de la simple aide financière que représente le RUB. Le but est de construire une société plus équilibrée et compatissante grâce à l’IA. Et cela nécessite des politiques innovantes et bien pensées, lance-t-il.

– La quête d’équilibre des cadres de Tapei

À travers l’histoire d’un PDG d’une entreprise électronique qui se consacre bénévolement à un monastère, Kaï-Fu Lee met en avant une pratique répandue à Taipei : de nombreux cadres se tournent vers le volontariat, dans le but de trouver équilibre et profondeur dans leur vie. Cette démarche, éloignée de la notion de RUB, révèle, selon lui, une soif d’humanité et de connexion.

– L’allocation d’investissement social : garantir les soins, les services et l’éducation

L’auteur propose une allocation d’investissement social pour valoriser les contributions sociales. Il s’agirait d’une rémunération pour ceux qui œuvrent dans trois domaines que sont les soins, les services communautaires, et l’éducation.

L’idée est de récompenser des activités socialement bénéfiques tout comme les activités économiquement productives actuelles. L’auteur insiste sur le fait que ce système ne doit pas contrôler mais plutôt encourager la diversité humaine. Car dans une économie dominée par l’IA, l’objectif est de valoriser le lien humain et la compassion.

Alors certes, la mise en œuvre de l’allocation d’investissement social pour des millions d’individus soulève des questions logistiques et financières : sur le montant, la performance des bénéficiaires et le type de services couverts.

Toutefois, des solutions, telles que taxer les profits de l’IA, pourraient soutenir ces initiatives.

8.7 – Humanité et technologie : la vision de Kaï-Fu Lee pour une transition équilibrée

Pour Kaï-Fu Lee, les solutions proposées pour la transition économique, bien qu’importantes, restent insuffisantes. Il est, pour lui, impératif de combiner l’humain et la technologie, de valoriser les emplois centrés sur l’humain, et de mettre en place une allocation d’investissement social.

Inspiré par son combat contre le cancer, l’auteur rappelle l’importance de l’amour et de la sagesse humaine, prônant une valorisation universelle des contributions, et plaçant l’épanouissement humain au cœur de la discussion sur l’IA.

Partie 9 – L’histoire universelle de l’IA

histoire de l'intelligence artificielle

9.1 – Connect the dots

Le dernier chapitre de livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » nous ramène en 2005.
Nous sommes dans l’immense stade de l’université Stanford, au cœur de la Silicon Valley. Steve Jobs prend le micro pour un discours de remise des diplômes légendaire.

Steve Jobs y conseille notamment aux étudiants de s’appuyer sur leurs expériences passées, d’avoir confiance au lien qui existent entre elles, plutôt que de prédéfinir leur route à l’avance.

À travers ce conseil, Kaï-Fu Lee évoque alors ses décennies d’expérience professionnelle et personnelle, et la manière dont il perçoit aujourd’hui l’IA, à travers le prisme de ces connexions.

9.2 – L’avenir n’est pas une course

L’auteur insiste ensuite : l’avenir de l’IA n’est pas une course.

Selon lui, il est inexact de comparer l’émergence de l’IA à la guerre froide ou à une course aux armements. L’IA n’est pas qu’un outil de compétition, elle symbolise un progrès pour tous. Et ses enjeux futurs seront davantage socio-économiques que géopolitiques.

« Un examen lucide des répercussions de l’intelligence artificielle sur le long terme nous oblige à faire ce constat : dans les décennies à venir, le plus grand potentiel de destruction ne viendra pas d’éventuels conflits militaires internationaux, mais des bouleversements qui se produiront au niveau des marchés du travail et des systèmes sociaux. Un tel horizon devrait contenir sa propre leçon d’humilité. Il devrait nous conduire à troquer notre instinct de compétition contre la recherche de solutions collectives aux défis communs qui nous attendent – nous, humains, dont les destins sont inextricablement mêlés par-delà les catégories économiques et les frontières nationales.« 

9.3 – Pour une sagesse mondiale à l’ère de l’IA

Pour Kaï-Fu Lee, la période actuelle exige une collaboration globale.

Les USA et la Chine jouent un rôle prépondérant dans cette collaboration internationale, mais chaque nation a des leçons à partager. Des systèmes éducatifs sud-coréens aux pratiques de travail suisses et japonaises, chaque culture a quelque chose d’unique à offrir.

Aussi, la gouvernance de l’IA nécessitera également une réflexion commune, et pour l’auteur, cette régulation requiert une vision collective.

9.4  – Écrire notre propre histoire

Malgré l’ascension fulgurante de l’IA et ses prédictions alarmistes, l’auteur nous rappelle ici que c’est l’humanité qui en détient le contrôle. Plutôt que de redouter un avenir sombre, reconnaissons que notre valeur, en tant qu’humains, ne se limite pas à une contribution économique. L’IA pourrait, en revanche, servir à enrichir notre quête spirituelle et émotionnelle.

9.5 – Les cœurs et les esprits

Dans le tout dernier paragraphe de son livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire« , Kaï-Fu Lee réfléchit à sa carrière et à sa vie.

Il admet que malgré le succès de l’intelligence artificielle, il a négligé l’importance du cœur humain. C’est après avoir traversé la maladie qu’il a vraiment réalisé que l’essence humaine réside dans l’amour, et que c’est ce qui nous distingue des machines. Et qu’en nous libérant des tâches mécaniques, l’IA nous permet finalement de nous concentrer sur cette humanité et notre potentiel émotionnel :

« Mon objectif premier : utiliser l’IA pour tenter de révéler ce en quoi consiste la nature humaine. Si nous y parvenons un jour, ce ne sera pas parce que les algorithmes auront saisi l’essence mécanique de notre esprit, mais parce qu’ils nous dispenseront des tâches d’optimisation, nous permettant de nous concentrer sur le sentiment qui nous  rend profondément humains : l’amour. Pour atteindre cet objectif, il va nous falloir travailler dur et effectuer des choix conscients. Par chance, contrairement aux machines, nous sommes dotés du libre arbitre. […] Laissons les machines être ce qu’elles sont. Contentons-nous de les utiliser, et autorisons-nous, individus, à vivre pleinement notre humanité.« 

Conclusion de « I.A., la plus grande mutation de l’histoire » de Kaï-Fu Lee

1. Les 3 grandes idées du livre

L’impact transformateur de l’IA sur le monde actuel

Dans « I.A., La plus grande mutation de l’histoire », Kaï-Fu Lee présente un tableau vivant et captivant de la montée fulgurante de l’intelligence artificielle. Cette innovation, bien loin d’être une simple mode, transforme radicalement notre économie, notre culture et notre quotidien.

La Chine et les États-Unis : deux géants, deux visions

Au cœur de cette révolution technologique, deux puissances se démarquent : la Chine et les États-Unis. Alors que le monde occidental progresse à son rythme, l’intelligence artificielle en Chine évolue à une vitesse foudroyante, notamment en ce qui concerne la transition vers les paiements mobiles et la domination mondiale dans la « tech« .

L’importance de la dimension humaine dans le monde de l’IA

Mais ce qui fait toute la singularité du texte de Kaï-Fu Lee, c’est sa capacité à nous rappeler que, malgré l’omniprésence grandissante des machines, l’humain doit demeurer au centre de cette révolution. L’empathie, la créativité et l’ingéniosité humaines doivent primer pour garantir une coexistence harmonieuse avec l’IA.

2. Ce que vous apportera la lecture du livre « I.A., la plus grande mutation de l’histoire »

« I.A., la plus grande mutation de l’histoire » de Kaï-Fu Lee est bien plus qu’un simple ouvrage sur la technologie.

C’est une invitation à comprendre notre avenir, à anticiper les tendances et à jouer un rôle actif dans cette nouvelle ère dominée par l’IA. Pour tout entrepreneur ou lecteur passionné par le progrès de l’humanité, cette lecture offre des clés pour non seulement s’adapter mais aussi prospérer dans un monde l’intelligence artificielle occupe de plus en plus une place centrale.

3. Pourquoi je vous recommande ce livre ?

« I.A., La plus grande mutation de l’histoire » est une lecture que je recommande vivement car Kaï-Fu Lee parvient à y déchiffrer avec brio la complexité de l’intelligence artificielle tout en soulignant l’importance de garder notre humanité intacte.

De plus, l’analyse en profondeur de l’intelligence artificielle en Chine qu’il partage nous procure une perspective inestimable sur la direction que prendra le monde de demain.

Les points forts et le point faible du livre I.A., la plus grande mutation de l’histoire

Points forts de l’I.A., la plus grande mutation de l’histoire

  • Le décryptage minutieux de la rapide ascension de l’intelligence artificielle en Chine et de son évolution dans le monde.
  • La vision de l’auteur qui ne perçoit l’IA uniquement comme une technologie mais aussi comme un prolongement de l’humanité.
  • L’accent mis sur la volonté d’une coexistence harmonieuse entre l’humain et la machine, et sur notre responsabilité humaine dans l’orientation de l’IA.
  • Les clés que l’on y trouve pour naviguer et prospérer dans un monde dominé par l’IA.

Point faible I.A., la plus grande mutation de l’histoire

  • Le contenu centré sur deux géants : malgré une analyse profonde, le focus est principalement mis sur la Chine et les États-Unis, laissant d’autres régions moins explorées.

Ma note :

★★★★★

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