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Marketing 5.0

Marketing 5.0 | La technologie au service du consommateur" de Philip Kotler, Hermawan Kartajaya, Iwan Setiawan et Marc Vandercammen

Résumé de « Marketing 5.0 | La technologie au service du consommateur » de Philip Kotler, Hermawan Kartajaya, Iwan Setiawan et Marc Vandercammen : dans « Marketing 5.0« , Philip Kotler et ses co-auteurs démontrent comment les technologies émergentes comme l’IA, le big data et l’IoT peuvent être mises au service d’un marketing plus humain, plus intelligent et plus personnalisé, et ainsi créer une nouvelle approche marketing qui combine l’efficacité des machines et la chaleur humaine. Un marketing 5.0 ainsi capables de répondre aux enjeux de notre monde digital en constante évolution.

Par Philip Kotler, Hermawan Kartajaya, Iwan Setiawan et Marc Vandercammen, 2022, 240 pages.

Titre original : « Marketing 5.0: Technology for Humanity« 

Chronique et résumé de « Marketing 5.0 | La technologie au service du consommateur » de Philip Kotler, Hermawan Kartajaya, Iwan Setiawan et Marc Vandercammen

Présentation des auteurs de « Marketing 5.0« 

Le livre « Marketing 5.0″ est le fruit de la collaboration de quatre experts reconnus, aux profils complémentaires et à l’influence majeure dans le domaine du marketing.

Une première section du livre nous les présente :

  • Philip Kotler, considéré comme le père du marketing moderne, est professeur émérite à la Kellogg School of Management. Classé parmi les six penseurs les plus influents du monde des affaires par le Wall Street Journal, il est conférencier international et ses ouvrages sont traduits en 27 langues.
  • Hermawan Kartajaya, CEO de MARKPLUS Inc., fait partie des « 50 gourous qui ont façonné l’avenir du marketing » selon le Chartered Institute of Marketing. Il préside l’Asian Council for Small Business et est cofondateur de l’Asia Marketing Federation.
  • Iwan Setiawan, COO de MARKPLUS Inc., accompagne les entreprises dans leurs stratégies marketing. Écrivain et conférencier reconnu, il est également rédacteur en chef du magazine Marketeers.
  • Marc Vandercammen, Senior Consultant et conférencier international, a dirigé le Crioc en Belgique. Il enseigne le marketing dans plusieurs écoles de commerce et dirige la collection « Perspectives Marketing » aux éditions De Boeck.

Partie 1 – Introduction

Chapitre 1 – Bienvenue dans le Marketing 5.0

1.1 – La technologie au service de l’humain

« Marketing 5.0 » s’ouvre sur un retour aux fondamentaux du marketing et son évolution à travers trois phases majeures.

  • Le Marketing 1.0, centré sur le produit => l’essentiel était de fabriquer et vendre.
  • Le Marketing 2.0, tourné vers le client => la satisfaction et l’expérience prenaient le dessus.
  • Le Marketing 3.0, axé sur l’humain => on ne se contentait plus de répondre aux besoins fonctionnels ou émotionnels des consommateurs, mais on cherchait aussi à toucher leur quête de sens, en s’appuyant sur des valeurs et un engagement sociétal de la part des entreprises.

1.2 – Marketing 4.0 : l’ère du digital

En 2016, Philip Kotler et ses co-auteurs introduisent le Marketing 4.0, une nouvelle étape marquée par le passage incontournable au digital.

Ils précisent que cette approche ne se limite pas aux canaux numériques mais nécessite une stratégie omnicanal, combinant online et offline pour créer une expérience fluide et cohérente.

La pandémie de Covid-19, notent-ils, n’a fait qu’accélérer cette mutation, en poussant les entreprises à revoir en urgence leur façon d’interagir avec les consommateurs.

1.3 – C’est l’heure du Marketing 5.0

Émerge alors le Marketing 5.0 dans un contexte marqué par trois grandes fractures :

  • Le fossé des générations : cinq générations coexistent avec des attentes et des comportements radicalement différents.
  • La concentration des richesses : la classe moyenne s’effrite, creusant les inégalités économiques.
  • La fracture digitale : l’accès au numérique reste inégal, laissant une partie de la population à la traîne.

Ces tensions obligent les marketeurs à repenser leurs approches pour rester pertinents.

Marketing 5.0 c'est quoi?

1.4 – Qu’est-ce que le Marketing 5.0 ?

Philip Kotler et ses co-auteurs définissent le Marketing 5.0 comme « l’application des technologies pour imiter les comportements humains en vue de créer, communiquer, livrer et augmenter la valeur tout au long du parcours client« .

Concrètement, cela passe par l’intelligence artificielle, l’analyse des données et d’autres innovations qui permettent une personnalisation toujours plus fine. Des entreprises comme PepsiCo, Amazon ou AB InBev exploitent déjà ces outils pour adapter leur communication, affiner leurs offres et maximiser l’engagement de leurs clients.

1.5 – La technologie optimise le marketing

Les auteurs identifient cinq leviers technologiques qui transforment le marketing :

  • L’exploitation des mégadonnées pour prendre des décisions plus précises.
  • La prédiction des performances marketing, grâce à l’IA et à l’analyse des tendances.
  • L’intégration du digital dans le monde physique, pour une expérience client fluide.
  • L’optimisation des ventes, avec des outils automatisés et intelligents.
  • L’accélération de l’exécution marketing, en rendant les campagnes plus réactives et performantes.

Mais la technologie seule ne suffit pas. Pour optimiser la valeur créée, elle doit fonctionner en symbiose avec l’humain. Elle doit renforcer les interactions plutôt que les remplacer, soulignent les auteurs.

1.6 – Les cinq composantes du Marketing 5.0

Le marketing 5.0 repose sur une architecture en cinq composantes clés, soient :

  • Deux disciplines fondamentales :
    • Le marketing piloté par les données, où les décisions sont guidées par des analyses précises.
    • Le marketing agile, qui permet d’adapter les stratégies en temps réel.
  • Trois applications interconnectées :
    • Le marketing prédictif, basé sur l’anticipation des comportements clients.
    • Le marketing contextuel, qui personnalise les interactions en fonction du moment et du lieu.
    • Le marketing augmenté, qui enrichit l’expérience client avec des technologies immersives.

Les auteurs illustrent cette approche avec l’exemple d’une entreprise combinant ces cinq éléments pour créer une expérience client ultra-personnalisée et efficace.

1.7 – Les technologies au service de l’humain

En conclusion de ce premier chapitre, Philip Kotler et ses co-auteurs expliquent que le Marketing 5.0 est, en fait, la fusion entre l’approche centrée sur l’humain du Marketing 3.0 et la puissance technologique du Marketing 4.0. Autrement dit, il ne s’agit pas d’opposer l’humain et la machine, mais de les faire travailler ensemble pour proposer des expériences plus intelligentes et plus pertinentes aux consommateurs.

Mais pour que cette révolution fonctionne, un élément clé est indispensable : un écosystème de données robuste. Sans une infrastructure fiable et bien structurée, impossible de déployer un marketing prédictif, personnalisé et augmenté de manière efficace.

Partie 2 – Défis pour les marketeurs dans un monde digital

Chapitre 2 – Le fossé des générations

2.1 – Développer un marketing sur mesure auprès des babyboomers, X, Y, Z et Alpha

Dans le chapitre 2 de leur livre « Marketing 5.0« , Philip Kotler et ses co-auteurs abordent le fossé générationnel avec une scène parlante : celle d’un désaccord, d’une vision totalement différente entre une jeune directrice marketing et son responsable plus âgé sur ce qui fait une publicité efficace.

Cette anecdote illustre un défi majeur du marketing actuel : comment les marketeurs d’aujourd’hui doivent-ils s’adresser à cinq générations aux attentes et aux habitudes bien distinctes ?

Chaque génération a son propre rapport à la technologie (des « niveaux de technovigilance différents » pour reprendre les termes de l’auteur) : certains sont méfiants, d’autres ultra-connectés. Chacun possède également ses propres préférences en matière de communication. Les marketeurs doivent alors jongler avec ces différences pour concevoir des stratégies adaptées, sans tomber dans une approche unique qui risque d’ignorer une partie de leur audience.

2.2 – Les défis pour satisfaire les différentes générations

S’adresser à plusieurs générations en même temps est un casse-tête stratégique pour les entreprises, observent Philip Kotler et ses co-auteurs.

Défis pour satisfaire les différentes générations

Ils identifient en effet plusieurs obstacles majeurs :

  • Des produits trop rigides : difficile de personnaliser une offre pour cinq générations à la fois. La plupart des entreprises sont forcées de se contenter de cibler deux ou trois générations maximum.
  • Des produits au cycle de vie de plus en plus court : dans des secteurs comme l’automobile, l’électronique ou la mode, les produits deviennent obsolètes à une vitesse record, obligeant les marques à innover en continu.
  • Un dilemme stratégique majeur : faut-il miser sur les baby-boomers et la génération X, qui ont le plus fort pouvoir d’achat, ou se tourner vers les générations Y et Z, hyper-connectées et capables de donner une visibilité virale à une marque ?

Ce choix délicat se retrouve dans l’exemple de Belfius, qui a lancé RE=BEL, une plateforme de trading spécialement conçue pour attirer les milléniaux. Une démonstration concrète de l’importance d’adapter son offre en fonction des attentes générationnelles.

2.3 – Les cinq générations

Les auteurs passent ici en revue les cinq générations, chacune ayant ses propres valeurs, comportements d’achat et attentes vis-à-vis des marques :

  • Les baby-boomers (1946-1964) => marqués par l’après-guerre, ils accordent une grande importance à la famille, au travail et à l’autorité. Bien qu’atteignant l’âge de la retraite, ils restent une force économique majeure, avec un fort pouvoir d’achat.
  • La génération X (1965-1980) => parfois surnommée la « génération oubliée », elle a démontré une remarquable capacité d’adaptation aux évolutions technologiques et domine aujourd’hui les postes de direction en entreprise.
  • La génération Y (1981-1996) => première génération nativement connectée, elle privilégie les expériences aux possessions matérielles et n’hésite pas à remettre en cause les modèles traditionnels de consommation et de travail.
  • La génération Z (1997-2009) => ultra-digitale, elle se distingue par son pragmatisme, sa quête d’authenticité et son engagement social et environnemental. Son influence sur les tendances et les marques est déjà massive.
  • La génération Alpha (2010-2025) => née avec une tablette entre les mains, cette génération est totalement immergée dans le numérique. Bien qu’encore jeune, elle pèse déjà sur les décisions d’achat familiales et façonne l’avenir du marketing.

Une illustration, dans cette partie du livre, montre comment les préférences en matière de marques ont évolué, des marques institutionnelles prisées par les baby-boomers aux marques engagées et authentiques que privilégie la génération Z. Un signal fort pour les entreprises qui veulent rester pertinentes sur le long terme.

2.4 – Le parcours de vie des cinq générations

À l’aide d’une représentation graphique, Philip Kotler et ses co-auteurs décomposent le cycle de vie en quatre grandes étapes, chacune s’étalant sur environ 20 ans :

  • L’étape initiale (apprentissage) => découverte du monde, formation, premiers choix de vie.
  • L’étape précurseur (vie active) => entrée dans la vie professionnelle, construction d’une carrière et d’un réseau.
  • L’étape contributive (équilibre) => stabilisation, influence accrue, transmission de savoirs et de valeurs.
  • L’étape finale (transmission) => passage du relais aux générations suivantes, héritage matériel et immatériel.

Les auteurs soulignent un phénomène clé : les jeunes générations progressent plus vite à travers ces étapes, notamment grâce aux nouvelles technologies et à l’accès immédiat à l’information. Cela oblige le marketing à anticiper ces évolutions et à proposer des solutions plus agiles, hyper-personnalisées et centrées sur l’humain.

2.5 – Le fossé générationnel et l’évolution du marketing

Philip Kotler et ses co-auteurs retracent sous forme narrative mais aussi visuelle (frise) comment le marketing a évolué en parallèle des générations, en cinq grandes étapes :

  • Marketing 1.0Le produit avant tout (baby-boomers) : les marques mettent l’accent sur l’innovation produit et la distribution de masse.
  • Marketing 2.0Le client roi (derniers baby-boomers et génération X) : l’accent est mis sur la différenciation et la satisfaction client.
  • Marketing 3.0L’humain au centre (génération Y) : les consommateurs recherchent du sens, des valeurs et un impact sociétal.
  • Marketing 4.0Le virage digital : l’ère du numérique redéfinit les interactions entre marques et consommateurs.
  • Marketing 5.0La technologie au service de l’humain (générations Z et Alpha) : IA, data et personnalisation avancée transforment l’expérience client.

À travers ces phases, les auteurs montrent que le marketing ne cesse de s’adapter aux évolutions sociétales et technologiques, ce qui constitue un enjeu clé pour les entreprises qui veulent rester pertinentes à long terme.

2.6 – Le marketing s’adresse aux baby-boomers, X, Y, Z et Alpha

Les auteurs partagent ensuite un point clé : la génération X a traversé toutes les évolutions du marketing et s’apprête à en prendre les rênes. Ayant connu l’ère du produit (1.0), du client (2.0), de l’humain (3.0) et du digital (4.0), elle est en première ligne pour façonner le Marketing 5.0.

Mais elle ne sera pas seule. Les millennials (Y) joueront un rôle central, apportant leur vision connectée et flexible. Ensemble, ces générations devront relever un défi majeur : répondre aux attentes des Z et Alpha, les véritables moteurs du Marketing 5.0.

Ces jeunes générations, ultra-digitalisées et en quête d’authenticité, pousseront les entreprises à trouver le bon équilibre entre technologie et approche humaine, en misant sur l’IA, les données et l’expérience client ultra-personnalisée. Le futur du marketing se dessine ainsi à l’intersection de l’innovation technologique et des attentes sociétales.

Chapitre 3 – La concentration de la richesse

Crée une société durable et inclusive

3.1 – Créer une société durable et inclusive

Les auteurs débutent le 3ème chapitre de « Marketing 5.0″ avec une métaphore tirée du film dystopique « The Platform« , où une table garnie de mets descend d’étage en étage dans une prison verticale. Ceux du haut se servent copieusement, laissant les niveaux inférieurs se contenter des restes… voire de rien. Une allégorie brutale qui illustre l’aggravation des inégalités économiques et l’aveuglement de ceux qui bénéficient du système.

Philip Kotler et ses co-auteurs rappellent que la technologie, censée être un levier d’inclusion, reste entre les mains des plus privilégiés, ceux au sommet de la pyramide sociale. Elle aurait pu réduire les écarts, mais dans la réalité, elle accentue souvent la concentration des richesses en bénéficiant surtout aux entreprises et aux individus les mieux dotés.

Si le marketing 5.0 veut véritablement servir l’ensemble de la société, il doit contribuer à démocratiser l’accès aux innovations et les rendre pertinentes pour toutes les classes sociales, et pas seulement une élite ultra-connectée. Il est donc urgent d’améliorer son accessibilité et sa pertinence. L’enjeu est alors clair : créer un marketing inclusif, qui ne laisse personne sur le bord du chemin.

3.2 – La société duale

Les auteurs décrivent ensuite une transformation profonde de la structure sociale : autrefois en forme de cloche, avec une classe moyenne dominante, la société évolue, vers une distribution en M, marquée par une polarisation croissante entre les extrêmes :

Selon eux, quatre grandes polarisations façonnent désormais ce nouveau paysage :

1/ La dualisation des emplois

Le fossé salarial s’est considérablement creusé. En quarante ans, la rémunération des hauts dirigeants a explosé de plus de 1000 %, tandis que celle des employés moyens stagne. La mondialisation et la numérisation accentuent encore cette tendance en supprimant de nombreux emplois intermédiaires.

2/ La dualisation des idéologies

Les opinions se radicalisent sur des sujets comme le protectionnisme, le climat ou l’immigration, alimentées par les bulles de filtres des réseaux sociaux, qui enferment chacun dans son propre écosystème d’informations.

3/ La dualisation des styles de vie

Deux tendances opposées émergent simultanément : d’un côté, un minimalisme conscient, basé sur la frugalité et la sobriété ; de l’autre, un consumérisme ostentatoire, où luxe et surconsommation servent d’étendard social.

4/ La dualisation des marchés

Le milieu de gamme disparaît progressivement au profit d’une segmentation plus tranchée : d’un côté, des offres premium, de l’autre, des produits à bas coût. Cette tendance se retrouve dans des secteurs aussi variés que l’alimentation, l’automobile ou la mode.

Dans cette partie du livre, des illustrations mettent en évidence ces évolutions en montrant comment la classe moyenne s’amenuise et comment les entreprises doivent adapter leur stratégie à un marché de plus en plus polarisé.

3.3 – Pourquoi faut-il miser sur l’inclusivité et la durabilité ?

Les auteurs de « Marketing 5.0 » expliquent ensuite pourquoi les entreprises n’ont plus le luxe d’ignorer leur responsabilité sociale, leur impact sociétal.

Trois grandes forces les poussent à intégrer l’inclusivité et la durabilité dans leur stratégie :

1/ L’impératif de croissance durable

Les marchés non exploités se raréfient, et l’économie mondiale ralentit. Plutôt que de voir la responsabilité sociale comme un frein, Philip Kotler et ses co-auteurs affirment qu’elle peut devenir un levier de croissance. Intégrer des pratiques durables et inclusives permet ainsi aux entreprises de sécuriser leur avenir dans un monde en mutation.

2/ L’engagement sociétal comme nouvelle norme

Ce n’est plus un bonus, mais un facteur d’hygiène : une marque qui n’affiche pas de valeurs claires risque d’être rejetée par les consommateurs. L’exemple de Ben & Jerry’s est frappant : malgré (ou grâce à) des prises de position tranchées – comme le retrait de ses produits des territoires palestiniens occupés – l’entreprise a su renforcer l’adhésion et la fidélité de ses clients.

3/ La pression des nouvelles générations

Les générations Y et Z ne veulent plus seulement des entreprises rentables, les jeunes professionnels exigent qu’elles soient aussi responsables et engagées. Cela se ressent jusque dans les recrutements : diversité et inclusion sont devenues des critères de choix pour attirer les meilleurs talents. Des études de BCG et McKinsey montrent même que les entreprises les plus inclusives performent mieux, prouvant qu’éthique et rentabilité ne sont pas incompatibles.

En clair, miser sur la durabilité et l’inclusivité n’est plus une option, mais une nécessité stratégique.

3.4 – Aligner les stratégies sur les objectifs de développement durable

Les auteurs de « Marketing 5.0 » placent les 17 Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies comme cadre de référence pour les entreprises cherchant à allier croissance et impact positif.

Ils encouragent les entreprises à intégrer et structurer ces objectifs autour de deux axes complémentaires :

  • Une approche humanitaire : améliorer les conditions de vie en facilitant l’accès aux produits de première nécessité, en développant les compétences et en promouvant l’égalité des chances.
  • Une dimension environnementale : intégrer des pratiques durables pour préserver les ressources et la planète pour les générations futures.

Pour Philip Kotler et ses co-auteurs, les entreprises qui s’engagent dans cette voie ne se contentent pas d’améliorer leur image, elles créent aussi de nouvelles opportunités économiques.

En guise d’exemple, ils citent Decathlon, qui a lancé son programme « Second Life » pour prolonger la durée de vie des équipements sportifs et encourager une consommation plus responsable. Autre exemple, General Electric, qui pratique l’innovation inversée en développant des équipements médicaux accessibles aux pays émergents, avant de les adapter aux marchés occidentaux.

Le message est clair : intégrer les ODD dans la stratégie d’entreprise n’est plus un simple acte de communication, mais un véritable levier de différenciation et de pérennité.

3.5 – Créer une société durable et inclusive

En conclusion du chapitre 3, Philip Kotler et ses co-auteurs insistent sur l’urgence de répondre à la polarisation croissante qui fragmente la société sur plusieurs fronts (emploi, idéologie, modes de vie et marchés). Avec l’effritement de la classe moyenne, les écarts se creusent, menaçant la stabilité économique et sociale.

Face à cette réalité, le marketing inclusif et durable n’est plus une option, mais une nécessité pour les auteurs. En intégrant des stratégies visant à redistribuer la richesse et à réduire les inégalités, les entreprises peuvent non seulement jouer un rôle clé dans l’équilibre sociétal, mais aussi assurer leur propre pérennité.

Les auteurs soulignent également le rôle déterminant de la technologie : bien utilisée, elle peut être un formidable levier pour réinventer les modèles d’affaires, rendre les produits et services plus accessibles et créer une croissance plus équitable.

Le défi est lancé : faire du Marketing 5.0 un outil au service d’un monde plus juste et inclusif.

Chapitre 4 – La fracture digitale

4.1 – Rendre la technologie personnelle, sociale et expérientielle

Le 4ème chapitre du livre « Marketing 5.0 » aborde le débat sur la singularité technologique, à travers deux visions opposées :

  • Elon Musk qui, inquiet de la montée en puissance de l’IA, alerte sur le risque qu’elle devienne une menace pour l’humanité.
  • Jack Ma, à l’inverse, qui défend l’idée que l’humain restera toujours supérieur à la machine, notamment grâce à sa créativité et son intelligence émotionnelle.

Malgré les discours alarmistes, les auteurs rappellent, à ce sujet, que l’automatisation progresse plus lentement qu’annoncé.

4.2 – La fracture digitale est toujours d’actualité

fracture digitale et accès au numérique

Si près de 5 milliards de personnes étaient connectées à Internet en 2020, avec un million de nouveaux utilisateurs par jour, la fracture numérique est aujourd’hui un défi de taille.

Philip Kotler et ses co-auteurs expliquent ici que le problème n’est plus tant dans l’accès aux infrastructures mais dans l’accessibilité financière et la simplicité d’utilisation. Posséder une connexion ne suffit pas : encore faut-il pouvoir se l’offrir et savoir s’en servir efficacement.

Autre constat frappant mis en lumière par les auteurs : la majorité des usages du digital se limite encore à la communication basique (messageries, réseaux sociaux) et à la consommation passive de contenu. L’enjeu pour le marketing 5.0 est donc de réduire ces barrières et d’exploiter pleinement le potentiel des technologies pour créer des expériences plus riches, interactives et inclusives.

4.3 – Les dangers et les promesses de la numérisation

– Les 5 niveaux de fracture numérique

Les auteurs de « Marketing 5.0 » observent cinq niveaux de fracture digitale :

  • L’accès aux équipements,
  • Les usages,
  • L’efficacité des usages,
  • L’apprentissage numérique,
  • La maîtrise de la technologie.

À travers une analyse et diverses illustrations visuelles, Philip Kotler et ses co-auteurs se penchent ensuite sur les dangers et les promesses de la transformation numérique.

Les lecteurs de cet article ont également lu :  Tous les marketeurs sont des menteurs - Seth Godin
– Les 5 menaces majeures du numérique
  • L’automatisation et la destruction d’emplois : l’essor de l’IA et des robots entraînera des suppressions d’emplois, principalement ceux à faible valeur ajoutée et facilement robotisables, tandis que les métiers nécessitant créativité et empathie resteront plus résistants. L’impact sera plus fort dans les pays développés où le coût de la main-d’œuvre justifie davantage cette transition.
  • Une méfiance croissante envers l’IA : avec des technologies de plus en plus complexes, la confiance des consommateurs diminue, alimentée par la peur de perdre le contrôle.
  • Des problèmes de confidentialité et de cybersécurité : des scandales autour de la protection des données, comme ceux impliquant Apple ou WhatsApp, ont révélé les vulnérabilités des systèmes numériques.
  • La désinformation et les bulles de filtres : les réseaux sociaux ont intensifié la polarisation des opinions, renforçant les préjugés à travers des bulles de filtres qui limitent l’exposition à des perspectives différentes.
  • Les effets comportementaux négatifs : l’addiction aux écrans et le « biais d’automatisation » (la tendance à surfaire la confiance dans les décisions automatisées) sont des impacts directs de la numérisation sur nos comportements.
– Cinq opportunités prometteuses du numérique

Face à ces risques, les auteurs relèvent cinq opportunités qui pourraient transformer positivement la société :

  • Une économie digitale plus agile et rentable : le numérique facilite la création de nouveaux modèles économiques, plus flexibles et rentables, ouvrant la voie à une économie plus dynamique.
  • L’apprentissage continu : grâce aux big data et aux MOOC, l’éducation devient accessible à un plus grand nombre, et favorise ainsi un apprentissage tout au long de la vie et l’acquisition de nouvelles compétences.
  • L’augmentation des capacités humaines : des innovations comme la domotique et les interfaces cerveau-machine permettent d’étendre les capacités humaines et de simplifier des tâches quotidiennes ou complexes.
  • L’amélioration du bien-être : la médecine personnalisée et les biotechnologies promettent des avancées significatives en matière de santé et de bien-être, en rendant les traitements plus adaptés et accessibles.
  • Le progrès vers une société plus durable et inclusive : les énergies renouvelables et la connectivité universelle peuvent contribuer à réduire les inégalités et à promouvoir une société plus durable.

Les auteurs concluent que, pour tirer parti de ces opportunités et atténuer les dangers, il est crucial de nous engager sérieusement, afin que la numérisation profite à tous et non à une minorité privilégiée.

4.4 – La technologie devient personnelle

Selon Philip Kotler et ses co-auteurs, le marketing 5.0 exige une personnalisation à grande échelle de l’expérience client, et c’est là que l’intelligence artificielle joue un rôle clé.

Elle permet, affirment-ils, d’améliorer trois dimensions essentielles du marketing moderne :

  • Un ciblage plus précis et contextualisé, pour toucher le bon client, au bon moment, avec le bon message.
  • Une personnalisation accrue des produits, afin de proposer des offres parfaitement adaptées aux besoins individuels.
  • Un engagement client optimisé, grâce à des interactions sur mesure qui renforcent la relation entre les marques et leurs consommateurs.

Pour réussir cette personnalisation, les auteurs misent sur deux facteurs clés :

  • L’attention sélective

Face à la surcharge d’informations, la technologie doit agir comme un filtre intelligent pour simplifier la prise de décision des consommateurs. Des entreprises comme Blacklight Analytics, spécialisée dans l’énergie, ou des assureurs exploitant des algorithmes de personnalisation illustrent bien cette approche.

  • Le contrôle individuel

La personnalisation ne doit pas se faire au détriment de la liberté du client. Les consommateurs veulent garder la main sur leurs choix. Ils doivent pouvoir participer activement, avec les entreprises, à la co-création des produits qu’ils utilisent et à leur expérience client.

En combinant ces deux éléments (attention sélective et contrôle individuel), les entreprises peuvent alors utiliser la technologie sans être intrusives. Elles peuvent créer des expériences ultra-personnalisées qui restent sous le contrôle du client.

4.5 – La technologie devient sociétale

Depuis l’essor des médias sociaux, les attentes des consommateurs et la façon dont ils interagissent avec les marques et prennent leurs décisions d’achat a radicalement changé.

Philip Kotler et ses co-auteurs mettent en avant deux dimensions clés de cette transformation :

1/ La connexion interpersonnelle

Les consommateurs ne veulent plus seulement acheter, ils veulent échanger, partager et s’inspirer des autres. Les technologies doivent donc faciliter ces interactions via des plateformes collaboratives et des places de marché digitales, sur lesquelles l’expérience collective joue un rôle central.

2/ Le besoin de reconnaissance

L’intelligence artificielle ne doit pas seulement servir à vendre plus, mais aussi à valoriser et encourager des comportements positifs. En exploitant subtilement l’influence sociale, l’IA peut inciter les consommateurs à adopter des choix plus responsables, qu’il s’agisse d’éthique, d’écologie ou d’engagement social, et ainsi être un levier pour renforcer les liens humains et promouvoir des valeurs collectives.

4.6 – Rendre la technologie personnelle, sociale et expérientielle

Pour que le marketing 5.0 soit efficace, l’expérience client doit être fluide, cohérente et omnicanal.

Les auteurs illustrent cette approche avec l’exemple de Ponant, une compagnie de croisières qui associe interfaces digitales et interactions humaines, créant ainsi un parcours client harmonieux.

Selon eux, deux éléments sont essentiels pour réussir cette transition :

  • Les interactions directes : la technologie ne doit pas remplacer l’humain, mais lui permettre de se concentrer sur ce qui compte. En automatisant les tâches administratives et répétitives, elle libère les équipes pour qu’elles puissent privilégier la relation avec les clients, le contact humain.
  • L’engagement constant : les consommateurs s’habituent rapidement aux nouveautés – un phénomène appelé « adaptation hédonique ». Pour maintenir leur intérêt, les entreprises doivent sans cesse renouveler l’expérience client, en intégrant des innovations technologiques qui apportent de la valeur ajoutée.

En conclusion, les auteurs soulignent que réduire la fracture digitale ne signifie pas simplement rendre la technologie accessible, mais aussi la rendre plus humaine. Pour y parvenir, elle doit alors être « personnelle, sociale et expérientielle » – un concept illustré par une figure dans le livre, intitulée la « boussole technologique« .

Partie 3 – Les stratégies de marketing optimisées par la technologie

Chapitre 5 – Adapter l’organisation au digital

5.1 – La stratégie unique n’existe pas

Dans ce nouveau chapitre, les auteurs commencent leur réflexion avec « l’effet du centième singe« , une théorie selon laquelle une nouvelle habitude se propage naturellement une fois qu’un nombre critique d’individus l’adopte. Ils l’appliquent ici à la transformation digitale, où les jeunes générations – Y et Z – jouent le rôle de catalyseurs.

Ces générations, qui représentent aujourd’hui le plus grand marché de consommateurs, influencent les entreprises à double titre :

  • En tant que clients, en poussant les marques à digitaliser leurs services pour répondre à leurs attentes.
  • En tant que salariés, en imposant progressivement de nouveaux modes de travail et d’organisation.

Mais cette transition ne se fait pas partout au même rythme. Philip Kotler et ses co-auteurs rappellent que la numérisation reste inégale à l’échelle mondiale, avec des différences marquées entre les pays et les secteurs d’activité.

5.2 – Étude de cas : le Covid-19 comme accélérateur de la numérisation

COVID 19 Accélérateur de la numérisation

La pandémie a joué le rôle de détonateur, ajoutent les auteurs, car elle a forcé les entreprises à adopter en urgence des solutions digitales. Pour exemples de cette adaptation éclair :

  • L’essor des « cloud kitchens », ces cuisines fantômes dédiées à la livraison, sans restaurant physique.
  • La généralisation des parcours sans contact dans les aéroports, où reconnaissance faciale et QR codes ont remplacé de nombreuses interactions humaines.

Mais cette transition express a aussi créé de nouveaux challenges. Les entreprises ont dû repenser leur logistique et leur communication interne, avec des effets parfois inattendus. Microsoft a notamment observé trois tendances préoccupantes :

  • Un travail en silos accru, où chaque équipe fonctionne en vase clos, réduisant la collaboration transversale.
  • Des réseaux internes plus rigides, qui freinent la circulation des idées et l’innovation.
  • Une communication majoritairement asynchrone, qui rend plus difficile la dynamique d’équipe et la prise de décision rapide.

Ainsi, la numérisation s’est imposée comme une nécessité, mais son adoption précipitée a mis en lumière les limites d’une transition trop rapide, et a contraint les entreprises à réajuster leur organisation pour rester efficaces.

5.3 – Évaluation de la préparation au digital

Pour comprendre où en est une entreprise dans sa transformation numérique, les auteurs partagent une matrice d’évaluation répartissant les secteurs en quatre quadrants.

Chaque quadrant représente un niveau de préparation au digital, selon deux critères : la maturité technologique de l’entreprise et l’appétence numérique des clients.

  • Quadrant « Prémices » : ici, la technologie est peu développée et la demande digitale des clients reste faible. C’est le cas de secteurs comme l’hôtellerie et la santé, qui tardent à adopter des outils numériques. La télémédecine, par exemple, a explosé pendant la pandémie, mais son avenir à long terme reste incertain.
  • Quadrant « En chantier » : ces entreprises disposent d’une infrastructure technologique avancée, mais peinent à convaincre leurs clients de l’adopter. C’est le cas de la grande distribution, où des géants comme Walmart ont déployé des stratégies omnicanal, combinant e-commerce et magasins physiques, sans que tous les consommateurs suivent le mouvement.
  • Quadrant « Naturel » : ici, les clients sont fortement demandeurs de digitalisation, mais les infrastructures restent encore très traditionnelles. L’industrie automobile en est un bon exemple : 95 % des recherches sur les véhicules se font en ligne, mais les achats se concluent encore en concession.
  • Quadrant « Optimisé » : ce sont les secteurs où clients et entreprises sont pleinement digitalisés. On y retrouve la haute technologie et les services financiers, où la transition numérique est non seulement avancée, mais aussi devenue une norme incontournable.

Cette matrice permet aux entreprises d’évaluer leur position actuelle et d’adapter leur stratégie pour progresser dans leur transformation digitale, en tenant compte des attentes réelles de leurs clients.

5.4 – Êtes-vous prêt à passer au digital ?

Pour aider les entreprises à mesurer leur niveau de préparation numérique, les auteurs proposent une grille d’auto-évaluation. Cette analyse repose sur deux dimensions essentielles :

  • L’état de préparation de l’entreprise en interne : l’entreprise possède-t-elle une expérience digitale solide, une infrastructure technologique adaptée et une organisation flexible capable de gérer la transition numérique ?
  • L’état de préparation des consommateurs : le public cible est-il ouvert au digital ? Quelle est sa capacité d’adoption et comment se déroule son parcours client en ligne ?

L’objectif est de comprendre où se situent les blocages pour adapter la transition numérique sans perdre de clients ni déstabiliser l’organisation.

5.5 – Stratégies pour faire migrer les clients vers les canaux digitaux

Même si la digitalisation est en marche, tous les consommateurs ne sont pas prêts à franchir le pas. Les auteurs détaillent trois stratégies clés pour les accompagner :

  • Gratifier pour inciter, pénaliser pour décourager : offrir des récompenses aux clients qui optent pour le digital (remises, avantages exclusifs) ou, à l’inverse, introduire des pénalités pour les transactions physiques (frais supplémentaires, délais rallongés).
  • Éliminer, grâce à la numérisation, les points de mécontentement rencontrés par les clients lors des interactions physiques : identifier et supprimer les points de friction qui rendent l’expérience hors ligne pénible : temps d’attente, paperasse, manque de flexibilité. L’idée est de rendre le digital plus attractif en simplifiant les processus.
  • Recréer l’humain à travers le numérique : utiliser la vidéo, les chatbots et l’IA conversationnelle pour simuler des interactions en face-à-face et maintenir un lien de proximité avec les clients.

L’objectif n’est pas de forcer la transition, mais de la rendre naturelle et avantageuse pour le consommateur en transformant progressivement ses habitudes.

5.6 – Trois Stratégies pour renforcer les capacités digitales

Pour réussir leur transition numérique, les entreprises doivent se concentrer sur trois axes stratégiques :

  • L’infrastructure digitale : une transformation efficace repose sur une base de données solide, des processus optimisés et des actifs connectés. Sans cela, impossible d’exploiter pleinement le potentiel du digital.
  • L’expérience client digitale : tous les points de contact numériques doivent être synchronisés pour offrir une expérience fluide et sans rupture. L’exemple des frigos connectés d’EXKI, qui permettent aux clients d’acheter des produits sans passer par la caisse, illustre parfaitement cette évolution.
  • L’organisation digitale : digitaliser une entreprise ne se limite pas à la technologie, cela implique aussi d’équiper les équipes avec des outils collaboratifs et de recruter des talents spécialisés capables de piloter cette transformation.

5.7 – Trois stratégies pour renforcer le leadership digital

Pour les entreprises déjà bien avancées dans leur transition numérique, les auteurs identifient trois impératifs pour devenir des références du digital :

  • Adopter les technologies émergentes : l’IA, l’IoT et la réalité augmentée ne sont plus des tendances futuristes, mais des outils indispensables pour rester compétitif.
  • Créer un parcours client omnicanal fluide : l’expérience client doit être pensée sans rupture, en combinant harmonieusement physique et digital.
  • Devenir une marque digitale de référence : une entreprise pleinement digitalisée ne se contente pas d’intégrer des outils numériques, elle incarne une identité digitale forte, avec une présence en ligne optimisée et un discours cohérent sur tous les canaux.

5.8 – Développer une stratégie sur mesure

Les auteurs de « Marketing 5.0 » concluent ce chapitre en rappelant qu’il n’existe pas de modèle unique pour réussir sa transformation digitale.

Selon eux, chaque entreprise doit construire sa propre feuille de route, en suivant une démarche en deux temps :

  1. Évaluer la maturité digitale de ses clients : sont-ils prêts à adopter le digital ? Quels sont leurs freins et leurs attentes ?
  2. Analyser ses propres capacités numériques : l’infrastructure et l’organisation interne permettent-elles réellement de suivre le rythme des évolutions technologiques ?

Une figure, dans cette partie du livre, synthétise ces différentes stratégies selon le niveau de préparation digital de l’entreprise et des consommateurs.

Chapitre 6 – Les technologies émergentes

6.1 – Le temps des technologies à visage humain est arrivé

Le chapitre 6 de « Marketing 5.0 » s’ouvre sur l’histoire d’Alan Turing et de la machine Enigma, symbole de la manière dont la technologie peut repousser les limites et résoudre des défis autrefois insurmontables.

Pour Philip Kotler et ses co-auteurs, les technologies émergentes jouent, aujourd’hui, un rôle similaire : elles libèrent les entreprises des contraintes traditionnelles, mais avec une approche désormais beaucoup plus humaine et interactive.

Cette évolution se traduit par des innovations comme la réalité augmentée, qui enrichit l’expérience client en superposant du contenu numérique au monde réel, ou les panneaux publicitaires intelligents, capables d’adapter leur message en fonction des passants.

Loin d’être de simples gadgets, ces outils redéfinissent la relation entre les marques et les consommateurs et rendent le marketing plus immersif, personnalisé et engageant.

6.2 – Rendre la technologie émergente possible

Si les innovations comme l’IA et la blockchain semblent récentes, elles existent en réalité depuis plusieurs décennies, rappellent les auteurs de « Marketing 5.0« . Ce qui change aujourd’hui, c’est que les conditions technologiques sont enfin réunies pour leur adoption massive, poursuivent-ils.

À l’aide d’une représentation graphique, ils décrivent les 6 catalyseurs technologiques essentiels qui, selon eux, accélèrent ainsi cette transformation :

  • La puissance de calcul croissante : les ordinateurs sont aujourd’hui capables de traiter d’énormes volumes de données en un temps record.
  • Les logiciels open source : l’accès à des outils libres favorise l’innovation rapide et la collaboration entre développeurs et entreprises.
  • L’Internet haut débit : une connexion rapide et fiable est indispensable pour supporter les nouvelles technologies.
  • Le cloud computing : il permet le stockage et l’analyse des données à grande échelle et rend ainsi la puissance informatique accessible à tous.
  • Les appareils mobiles : ils sont devenus les principaux points d’accès aux services digitaux et transforment notre façon de consommer l’information et d’interagir avec les marques.
  • Le big data : en collectant et en analysant des quantités massives de données, il rend possible une hyper-personnalisation du marketing et des services.

C’est la convergence de ces six éléments qui rend désormais possible l’adoption massive d’innovations inventées, en réalité, il y a plusieurs décennies, et qui ouvre la voie à des avancées spectaculaires. L’IA, la blockchain et la réalité augmentée ne sont plus des concepts théoriques, mais des outils concrets, prêts à révolutionner le marketing et l’expérience client.

6.3 – Redessiner l’entreprise avec les technologies émergentes

 Redessiner l’entreprise avec les technologies émergentes

Les technologies d’aujourd’hui ne se contentent plus d’automatiser des tâches : elles tentent d’imiter des capacités humaines uniques comme l’apprentissage contextuel, la perception sensorielle et même l’imagination. Bien sûr, les machines ne peuvent égaler la conscience et l’intuition humaines, mais elles surpassent l’humain en fiabilité, endurance et rapidité d’exécution, assurent les auteurs.

Aussi, dans cette partie de « Marketing 5.0« , Philip Kotler et ses co-auteurs décryptent 6 technologies clés qui bouleversent le marketing moderne :

1/ L’intelligence artificielle (IA)

L’IA se décline en deux formes :

  • L’IA actuelle, qui reste spécialisée et limitée mais extrêmement efficace dans certains domaines.
  • L’IA générale, encore hypothétique, qui pourrait un jour rivaliser avec l’intelligence humaine.

Ant Financial, par exemple, automatise l’ensemble de ses processus financiers grâce à l’IA : évaluation des risques, gestion des sinistres, décisions de crédit….

Mais attention, pour Philip Kotler et ses co-auteurs, un développement non maîtrisé de l’IA pourrait aggraver les inégalités et perpétuer les biais humains à grande échelle. Un développement inclusif est alors indispensable.

2/ Le traitement automatique du langage naturel (TALN)

Les interactions homme-machine deviennent de plus en plus fluides et naturelles, grâce aux avancées en chatbots et assistants vocaux.

Les auteurs mentionnent plusieurs exemples comme :

  • Lyft et Sephora, qui utilisent des chatbots pour améliorer l’expérience client.
  • Google Duplex, un assistant vocal capable de reproduire les pauses et expressions humaines pour réserver un restaurant ou un rendez-vous.

Aussi, avec la montée en puissance de la recherche vocale dans le parcours d’achat, les entreprises doivent repenser leur stratégie SEO et leurs interfaces clients.

3/ La technologie des capteurs

Les capteurs révolutionnent la reconnaissance faciale et d’images, la gestion des stocks et même la publicité, indiquent les auteurs :

  • Tesco les utilise pour optimiser ses rayons et vérifier l’âge des clients aux caisses.
  • Les véhicules autonomes combinent caméras, radars et lidars pour analyser leur environnement en temps réel.
  • La télématique permet aux propriétaires de véhicules de recevoir des informations utiles (habitudes de trafic, temps de conduite, kilométrage, consommation de carburant, date de révision…) et les assureurs d’ajuster les primes en fonction du comportement de conduite.
  • Les panneaux publicitaires intelligents adaptent leur message en fonction de l’âge, du sexe et de l’expression faciale des passants.
4/ La robotique

Deux grandes tendances émergent dans ce domaine :

  • Les robots physiques, comme Pepper de SoftBank, conçu pour interagir avec les clients, ou Connie de Hilton, un robot réceptionniste en hôtellerie.
  • L’automatisation des processus (RPA), qui permet de traiter automatiquement des tâches administratives, la gestion des relations clients (CRM) ou encore la publicité programmatique.
5/ La réalité mixte (augmentée et virtuelle)

Ces technologies proposent des expériences immersives inédites :

  • IKEA permet aux clients de visualiser leurs meubles chez eux avant achat.
  • Le Louvre propose une visite virtuelle interactive de la Joconde.
  • Land Rover a développé un pare-brise créant l’illusion d’un capot de voiture « transparent » pour améliorer la visibilité du conducteur.
  • TOMS, marque de chaussures, utilise la réalité virtuelle pour montrer l’impact social de ses dons, permettant aux clients de « vivre » l’expérience des bénéficiaires.
6/ Internet des objets (IoT) et blockchain

Ces deux innovations transforment à la fois l’expérience client et la transparence des transactions :

  • L’IoT, illustré par le bracelet Magic Band de Disney, équipé de milliers de capteurs, personnalise l’expérience des visiteurs dans les parcs d’attractions (accès aux attractions, paiement, interactions avec les personnages…).
  • La blockchain sécurise et fiabilise la publicité digitale et la traçabilité des produits. IBM et Unilever l’utilisent pour garantir une transparence totale dans leurs chaînes d’approvisionnement.
Des risques à ne pas sous-estimer

Les auteurs de « Marketing 5.0 » concluent sur le sujet des technologies émergentes (Next Tech) en alertant sur les dérives potentielles de ces technologies. Le métavers de Facebook, par exemple, soulève des inquiétudes sur l’addiction, la schizophrénie digitale et le harcèlement virtuel. L’incident sur Horizon Worlds, où une utilisatrice a été victime de harcèlement dans un univers virtuel, en est une bonne illustration.

Leur message est clair : ces avancées offrent un potentiel énorme, mais elles doivent être déployées avec précaution, dans une logique de responsabilité sociétale pour maximiser les bénéfices tout en réduisant les impacts négatifs.

6.4 – Le temps des technologies à visage humain est arrivé

Les auteurs concluent ce chapitre en affirmant que le temps des technologies à visage humain est enfin arrivé. Grâce à la convergence des six catalyseurs technologiques évoqués précédemment, les innovations autrefois théoriques deviennent opérationnelles et accessibles.

Ce qui change aujourd’hui, c’est la capacité des machines à imiter l’apprentissage contextuel humain, ce qui transforme en profondeur le marketing.

Trois évolutions majeures en découlent :

  • L’analyse en temps réel des données : les entreprises peuvent désormais traiter instantanément des volumes gigantesques d’informations pour ajuster leur stratégie au fil des interactions.
  • La personnalisation à grande échelle : fini le marketing de masse impersonnel. Grâce à l’IA et aux big data, chaque client peut bénéficier d’une expérience sur mesure, basée sur ses préférences et son comportement.
  • L’adaptation contextuelle de l’expérience client : les technologies intelligentes permettent d’ajuster dynamiquement les offres et messages en fonction du contexte, qu’il s’agisse du moment de la journée, de la localisation ou même de l’état émotionnel du client.

Cette révolution, précisent les auteurs, permet un marketing plus fluide, naturel et centré sur l’humain. Elle ne cherche donc plus seulement l’efficacité commerciale, mais aussi à fournir des services plus pertinents et réactifs.

Chapitre 7 – La nouvelle expérience client

La nouvelle expérience client robotisée

7.1 – Les machines sont froidement efficaces, les humains sont chaleureux

L’automatisation a ses limites, lancent ici les auteurs de « Marketing 5.0« . Et l’exemple de l’hôtel robotisé Henn-na au Japon en est la preuve.

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Conçu pour fonctionner avec un personnel entièrement robotisé, cet hôtel a, en effet, dû réduire drastiquement son personnel robotique après des plaintes de clients frustrés par des bugs, des interactions rigides et un manque de chaleur humaine.

Philip Kotler et ses co-auteurs en tirent la conclusion suivante : la meilleure expérience client ne repose ni sur l’homme seul, ni sur la machine seule, mais sur une combinaison intelligente des deux. La technologie doit faciliter et enrichir l’interaction humaine, pas la remplacer.

7.2 – Adapter l’expérience client (CX) au monde digital

À une époque où les produits et services se ressemblent de plus en plus, l’expérience client (CX) devient le véritable facteur de différenciation, affirment Philip Kotler et ses co-auteurs. Les entreprises ne peuvent donc plus se contenter d’avoir le meilleur produit, elles doivent offrir la meilleure expérience.

Les auteurs rapportent une étude de PwC qui révèle que les consommateurs sont prêts à payer jusqu’à 16 % plus cher si cela leur garantit une expérience plus fluide, plus agréable et plus personnalisée.

Face à cette évolution, les marques doivent alors repenser leur approche, et notamment :

  • Miser sur l’ultra-personnalisation grâce aux données et à l’IA.
  • Simplifier et fluidifier le parcours client, en réduisant les frictions.
  • Créer une connexion émotionnelle, en utilisant la technologie pour enrichir l’humain, et non le remplacer.

L’expérience client n’est plus un simple avantage compétitif : elle est devenue un élément central de la valeur perçue par le consommateur.

7.3 – Conserver la trace des interactions : les 5 A

Les auteurs introduisent le modèle des « 5 A », qui cartographie le parcours client moderne et met en lumière les différentes étapes de son engagement envers une marque :

  1. Prise de conscience (Aware) → Le client découvre la marque via une publicité, un bouche-à-oreille ou une expérience passée.
  2. Intérêt (Appeal) → Quelque chose capte son attention : une offre, une valeur différenciante, une promesse marketing.
  3. Questionnement (Ask) → Avant de s’engager, il recherche des avis, compare les alternatives et pose des questions.
  4. Action (Act) → Il passe à l’achat ou utilise le service.
  5. Recommandation (Advocate) → Si l’expérience a été positive, il partage son enthousiasme et devient un ambassadeur de la marque.

Les auteurs insistent sur l’importance d’orchestrer ces interactions intelligemment, en trouvant le bon équilibre entre automatisation et intervention humaine :

  • L’IA et l’automatisation permettent d’accompagner le client dans les phases de découverte, d’intérêt et de questionnement, en proposant des recommandations ciblées ou des réponses rapides via des chatbots.
  • L’humain reste essentiel dans les moments clés où l’émotion et la relation sont déterminantes, notamment pour rassurer, conseiller ou gérer des cas complexes.

Ainsi, en combinant efficacité technologique et chaleur humaine, les entreprises peuvent optimiser l’ensemble du parcours client et maximiser l’engagement et la fidélisation.

7.4 – Humains et machines, partenaires de la nouvelle expérience client

Philip Kotler et ses co-auteurs expliquent ici que la technologie ne doit pas remplacer l’humain, mais amplifier ses capacités.

Ainsi, son rôle est d’être un catalyseur de créativité et d’efficacité, qui permette aux équipes de se concentrer sur ce qui fait vraiment la différence : l’empathie, l’intuition et la prise de décision nuancée.

Les auteurs s’appuient sur le paradoxe de Moravec, selon lequel les machines excellent dans les tâches cognitives complexes (calcul, analyse de données, raisonnement logique), mais peinent à reproduire les compétences humaines les plus intuitives, comme la perception sensorielle ou l’intelligence émotionnelle. En fait, ce que nous apprenons intuitivement dès l’enfance reste très difficile à modéliser artificiellement.

– La répartition du traitement de l’information entre l’humain et la machine

Les auteurs de « Marketing 5.0 » présentent ici une hiérarchie du traitement de l’information sous forme de pyramide avec les domaines de l’humain à la base et au sommet, ceux des machines au milieu.

En résumé, voici :

  • Ce que les machines maîtrisent parfaitement :
    • Les données brutes (collecte et stockage).
    • Les informations structurées (classement et catégorisation).
    • La transformation en connaissances (identification de modèles et corrélations).
  • Les domaines propres à l’humain :
    • La gestion du « bruit » : savoir filtrer les anomalies et interpréter des situations complexes que les algorithmes ne comprennent pas toujours (données aberrantes).
    • La perspicacité : prendre du recul sur les données et identifier des nuances non visibles à travers une simple analyse algorithmique.
    • La sagacité : s’appuyer sur l’expérience et le jugement moral pour prendre des décisions plus éthiques et adaptées au contexte. Un cas emblématique illustrant cette limite de l’IA est l’incident United Airlines : l’application aveugle d’un algorithme d’optimisation des places a conduit à une situation de crise en forçant un passager à quitter son siège, sans prise en compte du contexte humain.

Pour illustrer l’importance du jugement humain, ils citent l’incident UNITED AIRLINES où l’application aveugle d’un algorithme, sans prise en compte du contexte humain, a conduit à une situation de crise. Ils rappellent que la sagacité humaine, fruit d’expériences multiples, permet une prise de décision plus nuancée et éthique.

– Machines et humains : deux formes d’intelligence complémentaires

Les auteurs mettent en avant la complémentarité entre la machine et l’humain, chacune ayant son domaine d’excellence :

  • La pensée convergente des machines : capacité à identifier des tendances et des modèles dans d’énormes volumes de données.
  • La pensée divergente humaine : faculté de faire preuve de créativité, d’innover et de sortir des schémas préétablis.

L’exemple de Chase illustre bien cette synergie : la banque utilise l’IA pour optimiser automatiquement ses textes publicitaires, mais laisse la vision stratégique et créative aux humains.

– Quand automatiser ? Quand garder l’humain ?

Pour l’interface client, les auteurs de « Marketing 5.0 » recommandent un équilibre entre automatisation et interaction humaine :

  • Automatiser les tâches répétitives et prévisibles : les chatbots, FAQ dynamiques et assistants vocaux peuvent gérer efficacement les questions simples et fréquentes.
  • Intervenir humainement pour les situations complexes : dès qu’un échange nécessite empathie, flexibilité et adaptation, l’humain doit prendre le relais.

L’exemple de HubSpot est le parfait exemple de cette approche hybride : les chatbots gèrent l’accueil et les premières demandes, mais passent la main aux vendeurs humains dès qu’une interaction devient plus sophistiquée. Marriott, de son côté, exploite l’écoute sociale sur les réseaux pour créer des surprises personnalisées et ainsi renforcer le lien émotionnel avec ses clients.x vendeurs humains dès qu’une interaction devient plus sophistiquée. Marriott, de son côté, exploite l’écoute sociale sur les réseaux pour créer des surprises personnalisées et ainsi renforcer le lien émotionnel avec ses clients.

– Les 7 domaines d’application des technologies émergentes dans la nouvelle expérience client (New CX)

Les auteurs identifient sept pratiques d’utilisation courante du marketing technologique (appelé MarTech) qui transforment l’expérience client (New CX) :

Pratiques courantes du marketing technologique
  • La publicité : l’IA permet un ciblage ultra-précis, des créations dynamiques adaptées en temps réel et l’achat programmatique d’espaces publicitaires.
  • Le marketing de contenu : les plateformes analysent les comportements pour personnaliser les contenus, adapter les messages aux attentes spécifiques de chaque utilisateur.
  • Le marketing direct : grâce aux algorithmes, les entreprises peuvent automatiser les campagnes et proposer des recommandations produits sur mesure.
  • Le CRM commercial : l’intelligence artificielle optimise la gestion client, avec des chatbots intelligents et des modèles de prévisions de ventes plus performants.
  • La distribution : le digital révolutionne l’expérience d’achat avec des interfaces sans contact et des expériences immersives en réalité augmentée.
  • Les produits et services : de la personnalisation de masse à la tarification dynamique (ajustée selon la demande), les offres s’adaptent en permanence aux consommateurs.
  • Le service client : Les marques peuvent assurer une assistance 24/7 via des agents virtuels et utiliser l’analyse prédictive pour détecter les signes avant-coureurs d’un désabonnement.
– Trouver l’équilibre parfait entre technologie et humanité

Les auteurs concluent que le véritable défi des marketeurs et entreprises aujourd’hui n’est pas d’adopter la technologie pour elle-même, mais de l’intégrer intelligemment sans sacrifier l’essence humaine de l’expérience client. Les marques qui sauront orchestrer cette harmonie offriront des expériences à la fois ultra-efficaces et profondément engageantes.

7.5 – Les machines sont froidement efficaces, les humains sont chaleureux

Les auteurs concluent que l’expérience client optimale combine nécessairement efficacité technologique et chaleur humaine.

Ils insistent sur trois principes fondamentaux pour intégrer efficacement ces innovations :

  • La technologie libère du temps pour la créativité humaine : en automatisant les tâches répétitives, elle permet aux équipes de se concentrer sur l’innovation et la relation client.
  • Les machines sont programmables, l’humain est flexible et intuitif : l’IA peut identifier des tendances et exécuter des processus, mais elle ne sait pas s’adapter à l’imprévu comme un humain.
  • Le contact humain est irremplaçable : rien ne remplace une interaction authentique pour instaurer la confiance, la fidélité et l’émotion dans la relation client.

Partie 4 – Les tactiques du marketing technologique

Chapitre 8 – Le marketing piloté par les données

8.1 – Bâtir un écosystème de données pour un meilleur ciblage

Le chapitre 8 du livre « Marketing 5.0 » commence en nous racontant une histoire étonnante : celle de Target – un des plus gros distributeurs discount américains – qui, grâce à son système d’analyse des données d’achat, avait réussi à prédire la grossesse d’une adolescente avant même que son père ne le sache.

Les auteurs nous expliquent que le détaillant avait, en fait, mis au point un algorithme capable de détecter des signaux comportementaux typiques des femmes enceintes en recueillant les habitudes d’achat : achats de lotions sans parfum, compléments alimentaires spécifiques, ou encore serviettes ultra-absorbantes. Le but, pour l’enseigne, était de pouvoir personnaliser ses offres promotionnelles mais avait alors révélé involontairement la grossesse à la famille.

Cet exemple illustre le pouvoir du marketing piloté par les données, pierre angulaire du marketing 5.0. Grâce aux algorithmes et à l’analyse des big data, les entreprises peuvent aujourd’hui anticiper les comportements d’achat, affiner leurs stratégies et proposer des campagnes hautement personnalisées.

8.2 – Les quatre méthodes de segmentation et les personas

Historiquement, les entreprises ont utilisé quatre grandes méthodes de segmentation pour comprendre et cibler leurs clients. Philip Kotler et ses co-auteurs les partagent ici :

  • La segmentation géographique → basée sur les zones de résidence ou d’activité (quartier, ville, pays).
  • La segmentation démographique → qui prend en compte l’âge, le genre, la catégorie socio-professionnelle (CSP).
  • La segmentation psychographique → qui analyse les valeurs, attitudes, intérêts et modes de vie.
  • La segmentation comportementale → qui s’appuie sur les habitudes d’achat, la fréquence de consommation et la fidélité à la marque.
méthodes de segmentation et les personas

Les auteurs expliquent que l’approche idéale ne repose pas sur une seule de ces méthodes, mais sur une combinaison intelligente des différentes dimensions. C’est ainsi que naissent les « personas », ces portraits détaillés de clients types, qui permettent d’adapter le marketing à des profils bien définis.

Ils partagent l’exemple d’un type de profil détaillé pour montrer combien il devient, avec un persona, beaucoup plus facile d’adapter les messages, les offres et les canaux de communication. Grâce aux données et aux technologies d’IA, les entreprises peuvent désormais aller encore plus loin, en créant des segments ultra-personnalisés, voire du « marketing individualisé », où chaque client reçoit une expérience taillée sur mesure.

8.3 – Mettre en place le marketing piloté par les données

Si le marketing data-driven promet une personnalisation et une efficacité accrues, son implémentation est souvent mal comprise.

Les auteurs de « Marketing 5.0 » listent trois erreurs majeures qui conduisent à l’échec du marketing piloté par les données :

  • 1ère erreur : le considérer comme un simple projet informatique

Trop d’entreprises confient la gestion des données à leurs équipes IT, sans véritable implication du service marketing. Or, c’est avant tout une approche stratégique qui doit être pilotée par les experts marketing et du client.

  • 2ème erreur : croire que le big data remplace les études traditionnelles

Les données massives sont précieuses, mais elles ne doivent pas supplanter les analyses qualitatives et de contact, qui permettent de comprendre les émotions et motivations profondes des consommateurs.

  • 3ème erreur : penser que tout peut être automatisé :

Même les algorithmes les plus avancés nécessitent une supervision humaine. L’intuition, l’expérience et la créativité restent essentielles pour interpréter les résultats et ajuster les stratégies.

–  Étape 1 : définir des objectifs clairs

Avant de se lancer dans un projet de marketing piloté par les données, il faut définir des objectifs précis, soulignent les auteurs : améliorer le ciblage, personnaliser les offres, réduire les coûts d’acquisition… L’exemple de Sarenza illustre cette approche pragmatique : l’enseigne exploite l’analyse des données pour optimiser ses recommandations produits et même prédire les retours clients. Résultat : une meilleure satisfaction et une gestion des stocks plus efficace.

Étape 2 : identifier les besoins et les données disponibles

Selon Philip Kotler et ses co-auteurs, six types de données clés vont permettre de mettre en place un écosystème data performant :

  1. Les données sociales => informations issues des profils utilisateurs sur les réseaux sociaux (centres d’intérêt, interactions, comportements).
  2. Les données médias => données sur les audiences des campagnes publicitaires, permettant d’affiner le ciblage.
  3. Les données web => analyse des comportements de navigation sur un site (pages vues, temps passé, parcours utilisateur).
  4. Les données points de vente => historique des transactions et achats en magasin, pour croiser physique et digital (stratégie omnicanal).
  5. Les données IoT => informations collectées via les objets connectés, qui offrent une meilleure compréhension des habitudes des consommateurs (ex : montres connectées, assistants vocaux).
  6. Les données d’engagement => regroupent toutes les interactions directes avec la marque (SAV, chatbot, emails, formulaires de satisfaction).
– Étape 3 : construire un écosystème de données intégré

Les auteurs expliquent ici que pour tirer pleinement parti du marketing piloté par les données, les entreprises bâtissent un écosystème intégré combinant données internes et externes autour d’identifiants uniques. L’objectif est d’optimiser la personnalisation tout en respectant la confidentialité, et ce, avec une plateforme centralisée qui permet d’analyser et d’exploiter ces informations en continu.

8.4 – Bâtir un écosystème de données pour un meilleur ciblage

Les auteurs soulignent enfin qu’aujourd’hui, dans le marketing data, ce n’est plus l’accès aux données qui pose problème, mais leur exploitation intelligente, autrement dit de savoir identifier les données qui sont réellement pertinentes pour affiner le ciblage et améliorer la relation client.

Deux éléments sont mis en avant pour bâtir un écosystème data cohérent :

  • Un identifiant unique pour chaque client

Pour relier les données issues de différentes sources (achats, interactions web, engagement sur les réseaux sociaux, objets connectés…), il est indispensable de créer un profil client unique. Sans cela, les marques risquent de fragmenter leur compréhension du consommateur et de manquer des opportunités de personnalisation.

  • Une implication forte des équipes marketing

Trop souvent, la gestion des données est laissée aux équipes techniques, alors qu’elle doit être pilotée par les marketeurs. Ce sont eux qui possèdent la vision stratégique et la compréhension des attentes clients, et donc les mieux placés pour définir les objectifs et exploiter les insights.

Les auteurs insistent sur un point clé : le marketing piloté par les données n’est pas un projet ponctuel, mais un processus continu. Il nécessite un engagement sur le long terme, des ajustements réguliers et une veille constante pour rester pertinent face aux évolutions des comportements et des attentes des consommateurs.

En somme, les données ne sont utiles que si elles sont bien structurées, bien exploitées et bien interprétées. C’est cette approche qui permet de transformer une simple collecte d’informations en un véritable levier de croissance et de fidélisation.

Chapitre 9 – Le marketing prédictif

9.1 – Anticiper de manière proactive la demande du marché

marketing prédictif : Anticiper de manière proactive la demande du marché

Le chapitre 9 du livre « Marketing 5.0 » démarre avec l’histoire des Oakland Athletics, une équipe de baseball qui a révolutionné le recrutement sportif grâce à l’analyse statistique avancée.

Cette approche, popularisée par le film « Moneyball« , a prouvé que l’analyse des données pouvait surpasser l’intuition humaine dans la prise de décision stratégique.

Le phénomène ne s’est pas limité au baseball : des clubs comme le Liverpool FC, sous la direction de Jürgen Klopp, ont utilisé des modèles similaires pour optimiser leur recrutement et leur performance.

Les auteurs expliquent que cette même logique s’applique au marketing prédictif, qui repose sur l’intelligence artificielle et le big data pour anticiper les tendances du marché. Contrairement aux méthodes traditionnelles, où l’intuition des dirigeants joue un rôle central, le marketing prédictif permet une prise de décision basée sur des modèles mathématiques et des analyses comportementales.

Bien que ces modèles puissent parfois dépasser la compréhension humaine, leur efficacité réside dans leur capacité à identifier des patterns invisibles pour un analyste classique. En intégrant ces outils, les entreprises ajustent leurs stratégies avant même que la demande du marché ne se manifeste clairement et deviennent ainsi plus proactives.

9.2 – Les 3 grands domaines d’application du marketing prédictif

Les auteurs identifient trois grands domaines d’application du marketing prédictif.

1/ La gestion des clients => fidéliser et valoriser à long terme

Les entreprises peuvent analyser les comportements d’achat et prévoir l’évolution de leurs clients grâce à l’IA. Cela inclut :

  • La prédiction de la valeur client à vie (CLV) => identifier quels clients sont les plus rentables à long terme.
  • L’estimation de la fidélité et des risques de défection => détecter les signaux faibles d’un désengagement avant qu’un client ne parte à la concurrence.
  • La détermination des prochaines actions commerciales => adapter les offres et promotions en fonction des attentes prévisibles des consommateurs.
2/ La gestion des produits => optimiser les lancements et recommandations

Le marketing prédictif permet d’affiner l’offre produit et d’adapter les stratégies commerciales :

  • Évaluer les chances de succès d’un lancement => prédire quels produits ont le plus de potentiel sur le marché avant leur mise en vente.
  • Personnaliser les propositions de valeur => apporter à chaque segment de clientèle des produits et services ultra-ciblés.
  • Optimiser les recommandations produits => utiliser l’IA pour proposer les bons produits au bon moment, en fonction des comportements d’achat passés.
3/ La gestion de la marque => maximiser l’impact des campagnes

Les entreprises peuvent prédire la performance de leurs actions marketing et ajuster leur stratégie en temps réel :

  • Anticiper le succès des campagnes publicitaires : identifier quels messages et formats ont le plus d’impact avant leur diffusion.
  • Évaluer l’effet du contenu marketing : mesurer l’influence des publications sur la perception de la marque.
  • Optimiser le parcours client : adapter les points de contact pour rendre l’expérience plus fluide et engageante.

Philip Kotler et ses co-auteurs citent Amazon et Netflix comme exemples d’entreprises pionnières dans l’usage du marketing prédictif :

  • Amazon analyse en temps réel les comportements d’achat pour proposer des recommandations ultra-personnalisées et ainsi optimiser ses ventes et fidéliser ses clients.
  • Netflix prédit avec une grande précision ce qu’un utilisateur aimerait regarder ensuite et ajuste ainsi ses suggestions de contenu en fonction de ses habitudes de visionnage.

Les auteurs concluent que l’analyse prédictive permet non seulement d’anticiper les tendances mais aussi de réduire considérablement les risques d’échec des initiatives marketing. En s’appuyant sur des modèles fiables plutôt que sur l’intuition, les entreprises peuvent prendre des décisions plus éclairées, plus rapides et plus efficaces.

9.3 – Construire des modèles de marketing prédictif

Pour exploiter pleinement le marketing prédictif, il est essentiel de s’appuyer sur des modèles mathématiques robustes. Les auteurs décrivent trois types de modèles couramment utilisés, chacun adapté à des besoins spécifiques.

1/ La modélisation par régression : simplicité et efficacité

La régression est la méthode la plus simple et la plus répandue en marketing prédictif. Elle analyse les relations entre une variable dépendante (résultat attendu) et des variables indépendantes (facteurs d’influence).

La modélisation par régression est :

  • Idéale pour les prédictions linéaires, où la relation entre cause et effet est claire et directe.
  • Très utilisée pour prévoir les ventes, analyser l’effet des campagnes publicitaires et ajuster les prix en fonction des variables du marché.
2/ Le filtrage collaboratif : le moteur des recommandations personnalisées

Ce modèle repose sur l’analyse des préférences partagées entre consommateurs. Il fonctionne selon un principe simple : si deux clients ont aimé les mêmes produits dans le passé, ils sont susceptibles d’apprécier d’autres produits similaires.

Le filtrage collaboratif est :

  • Utilisé dans les systèmes de recommandation pour personnaliser les offres.
  • Exploité à grande échelle par Netflix et Amazon, qui analysent les habitudes de consommation pour suggérer du contenu ou des produits adaptés.
  • Fonctionne aussi bien pour les e-commerçants, les plateformes de streaming ou encore les services financiers.
3/ Les réseaux neuronaux : l’intelligence artificielle au service du marketing

Plus sophistiqués et inspirés du fonctionnement du cerveau humain, les réseaux neuronaux artificiels sont capables de traiter des volumes massifs de données et d’apprendre par eux-mêmes. Contrairement aux modèles précédents, ils peuvent identifier des tendances complexes et non linéaires.

Les réseaux neuronaux sont :

  • Utilisés pour les prédictions avancées, comme l’analyse du comportement client ou la détection de fraudes.
  • Capables d’ajuster leurs calculs au fil du temps pour s’améliorer continuellement.

Le choix du modèle dépend du niveau de complexité des prédictions recherchées :

  • Pour des analyses simples et rapides → la régression suffit.
  • Pour personnaliser des recommandations et affiner l’expérience utilisateur → le filtrage collaboratif est optimal.
  • Pour traiter de grandes quantités de données et détecter des patterns complexesles réseaux neuronaux sont incontournables.

En combinant ces modèles selon leurs besoins, les entreprises peuvent affiner leurs prévisions et prendre des décisions plus précises et proactives.

9.4 – Anticiper de manière proactive la demande du marché

Les auteurs concluent en soulignant que le marketing prédictif permet d’anticiper les résultats des actions marketing dans trois domaines clés :

  • La gestion client (estimation de la valeur client).
  • La gestion produit (prévision des ventes).
  • La gestion de marque (analyse des perceptions).

Ils insistent sur la nécessité d’une collaboration entre marketeurs et analystes de données, les premiers devant comprendre les modèles pour guider leur utilisation stratégique.

Chapitre 10 – Le marketing contextuel

10.1 – Expérimenter en temps réel

Le marketing contextuel repose sur l’adaptation instantanée des messages et des offres en fonction de l’environnement et du comportement du client.

Marketing contextuel, en temps réel

Pour illustrer cette approche, les auteurs citent l’exemple innovant de Walgreens, qui a équipé ses magasins de réfrigérateurs intelligents.

Les lecteurs de cet article ont également lu :  The Unwritten Laws of Business

Grâce à un système combinant caméras, capteurs et écrans digitaux, ces réfrigérateurs peuvent :

  • Analyser le profil des clients en temps réel (sans collecte intrusive de données personnelles).
  • Identifier leurs centres d’intérêt en fonction de leur comportement face aux rayons.
  • Afficher des promotions personnalisées directement sur l’écran du réfrigérateur, selon les préférences détectées.

Les auteurs expliquent qu’en intégrant l’IA et l’analyse des comportements en temps réel, l’objectif du marketing contextuel est de reproduire la conscience situationnelle humaine. Tout comme un vendeur expérimenté sait s’adapter à chaque client et lui proposer le bon produit au bon moment, ces technologies permettent d’automatiser cette capacité d’adaptation à grande échelle.

10.2 – Construire une infrastructure de détection intelligente

Pour fonctionner efficacement, le marketing contextuel nécessite une infrastructure technologique capable de capter et d’analyser les signaux en temps réel.

Les auteurs de « Marketing 5.0 » identifient alors trois éléments clés qui permettent d’adapter l’expérience client instantanément.

1/ Les capteurs de proximité => Interagir en fonction de la localisation
  • Utilisation de balises Bluetooth (beacons) pour localiser les clients dans un magasin et leur envoyer des notifications personnalisées sur leur smartphone.
  • Le téléphone mobile devient l’interface privilégiée pour ces interactions.
  • Exemples : Macy’s et Target, qui utilisent déjà cette technologie pour proposer des promotions ciblées dès qu’un client passe à proximité d’un rayon spécifique.
2/ La biométrie => Analyser les expressions et les émotions
  • Reconnaissance faciale pour identifier les consommateurs, analyser leurs émotions et comprendre leurs réactions.
  • Applications dans le retail : exemples de Tesco et Bestore qui intègrent ces systèmes pour identifier leurs clients et ajuster les recommandations en magasin.
  • Analyse des expressions faciales pour tester les publicités avant diffusion (exemple de Kellogg’s).
3/ Les technologies vocales et sensorielles => Capter les signaux invisibles (voix, réactions physiologiques)
  • Exemple de Humana qui détecte les émotions à travers la voix pour évaluer l’état émotionnel de ses clients et affiner la personnalisation.
  • Exemple de British Airways qui a développé des capteurs physiologiques pour analyser le stress des passagers et ajuster leur expérience en vol.
  • Le suivi oculaire est utilisé pour optimiser l’agencement des contenus et des publicités, en fonction des zones d’attention du regard.
4/ L’internet des objets

Philip Kotler et ses co-auteurs évoquent enfin l’essor des maisons intelligentes qui transforme les objets du quotidien en canaux marketing contextuels :

  • Les assistants vocaux (Amazon Echo, Google Nest, Apple HomePod) deviennent des moteurs de recherche activés par la voix, capables de fournir des recommandations et d’influencer les décisions d’achat. Des marques comme P&G et Campbell’s exploitent ces assistants en développant des « skills » (ex. : conseils sur la lessive ou recettes).
  • Les appareils intelligents avec écran, comme le Family Hub de Samsung, permettent aux consommateurs de commander leurs courses ou des services directement depuis leur réfrigérateur.
  • L’impression 3D, encore émergente, pourrait rapprocher production et consommation, comme le montre l’initiative CocoJet de Hershey, qui imprime des chocolats personnalisés.

Cependant, ces innovations soulèvent des enjeux de sécurité. Une étude menée par Test-Achats et l’université KU Leuven a révélé des failles critiques dans de nombreux objets connectés, exposant les utilisateurs à des risques de vol de données. Pour garantir une adoption durable, les entreprises doivent renforcer la protection des données et rassurer les consommateurs sur la sécurité de leurs appareils, conseillent les auteurs.

10.3 – Trois niveaux d’expérience personnalisée dans le marketing contextuel

Le marketing contextuel ne se limite pas à un simple ciblage : il se décline en trois niveaux progressifs d’expérience personnalisée.

1/ Niveau 1 : Le marketing informatif => capter l’attention au bon endroit

Ce premier niveau repose principalement sur la géolocalisation et le géorepérage (geofencing). Il permet aux entreprises d’envoyer des offres ou des messages aux clients situés dans une zone précise, généralement via leur smartphone.

  • Burger King a utilisé cette stratégie avec sa campagne Whopper Detour : les clients qui se trouvaient près d’un McDonald’s recevaient une notification leur proposant un Whopper à 1 cent… à condition de commander via l’application et d’aller le récupérer chez Burger King. Une manière habile de détourner les consommateurs de la concurrence !
2/ Niveau 2 : Le marketing interactif : engager le client dans un échange ludique

Ici, l’objectif est d’aller au-delà d’une simple notification et de créer un véritable dialogue avec le consommateur. Les marques utilisent des techniques de ludification (gamification) pour rendre l’interaction plus engageante.

  • Shopkick, par exemple, récompense les clients qui scannent des produits en magasin avec des points de fidélité échangeables contre des réductions.
  • Sephora a développé Virtual Artist, une application qui permet aux clients d’essayer virtuellement du maquillage via leur smartphone, facilitant ainsi l’achat en ligne tout en enrichissant l’expérience en magasin.
3/ Niveau 3 : Le marketing immersif : fusionner le digital et le physique

Le niveau ultime du marketing contextuel vise à intégrer la technologie directement dans l’environnement physique, pour proposer une expérience où le digital enrichit le réel.

  • Lowe’s, une enseigne américaine de bricolage, a mis en place une navigation en magasin en réalité augmentée : les clients peuvent voir un itinéraire digital superposé à leur écran de smartphone, leur indiquant où trouver chaque produit.
  • Ralph Lauren innove avec des cabines d’essayage connectées qui permettent aux clients de changer la couleur et la taille d’un vêtement d’un simple toucher sur l’écran, sans avoir à quitter la cabine.

Les auteurs expliquent que ces trois niveaux ne s’excluent pas, mais se complètent en fonction des objectifs d’une marque et du degré d’engagement recherché.

  • Le marketing informatif attire l’attention au bon moment et incite à l’action.
  • Le marketing interactif stimule l’engagement et encourage le client à interagir avec la marque.
  • Le marketing immersif transforme l’expérience d’achat et crée un effet « wow » mémorable.

Le futur du marketing contextuel passe donc par une hybridation intelligente de ces trois approches, pour proposer aux consommateurs des expériences fluides, pertinentes et captivantes.

10.4 – Expérimenter en temps réel

Les auteurs concluent ce chapitre en expliquant que la convergence de l’Internet des Objets (IoT) et de l’Intelligence Artificielle (IA) transforme profondément le marketing contextuel puisqu’il automatise ce qui dépendait autrefois du personnel en magasin ou d’interactions humaines directes.

Désormais, les déclencheurs spécifiques – comme la localisation d’un client, son comportement en temps réel ou même ses expressions faciales – permettent d’adapter instantanément les offres et recommandations.

Grâce à cette automatisation intelligente, le marketing contextuel devient scalable, c’est-à-dire applicable à grande échelle, sans nécessiter une armée de vendeurs ou de conseillers.

Chapitre 11 – Le marketing augmenté

11.1 – Offrir une interaction humaine optimisée par la technologie

Les auteurs débutent ce chapitre avec l’emblématique match d’échecs entre Deep Blue et Garry Kasparov. Ce duel historique illlustre l’évolution de l’intelligence artificielle, ainsi qu’une nouvelle approche : ce n’est pas la supériorité de l’IA seule qui change la donne, mais sa capacité à amplifier les compétences humaines.

Un exemple frappant est celui de l’équipe ZackS, un groupe d’amateurs assistés par un ordinateur, qui a réussi à battre à la fois des grands maîtres d’échecs et des superordinateurs autonomes. Cet exploit montre que la synergie entre l’humain et la machine peut surpasser chacune des deux entités séparément.

C’est précisément cette logique qui guide le marketing augmenté : au lieu de chercher à remplacer l’humain par la technologie, l’objectif est de renforcer les interactions humaines grâce aux outils numériques. Cela concerne en particulier les domaines nécessitant un contact direct avec le client, comme la vente et le service client, où l’intelligence artificielle, les analyses prédictives et l’automatisation permettent d’améliorer la réactivité, la précision et l’efficacité des interactions.

11.2 – Créer des interfaces client à plusieurs niveaux

Les auteurs identifient deux types d’interfaces dans le marketing augmenté. Tous deux s’appuient sur une combinaison d’automatisation et d’intervention humaine.

1/ Les interfaces de vente

L’efficacité commerciale repose sur un entonnoir de vente optimisé combinant :

  • Les canaux digitaux pour la prospection.
  • L’IA et l’analyse des comportements pour qualifier les leads et prioriser les prospects les plus engagés.
  • L’intervention humaine sur les phases décisives, notamment la négociation et la conversion finale.
2/ Les interfaces de service client

Dans le domaine du service client, les niveaux d’interaction sont hiérarchisés selon la valeur du client et l’urgence de sa demande.

  • Les interactions courantes et répétitives sont automatisées, grâce aux chatbots, bases de connaissances et FAQ intelligentes.
  • Les clients à forte valeur bénéficient d’un service premium, avec une assistance prioritaire et des conseillers dédiés.
  • L’IA analyse les demandes pour aiguiller efficacement vers la bonne ressource, garantissant une prise en charge fluide et optimisée.
Les interfaces de service client

L’intégration de ces interfaces apporte trois avantages majeurs :

  • Une meilleure allocation des ressources humaines : les équipes commerciales et service client se concentrent sur les tâches à forte valeur ajoutée, tandis que l’IA et l’automatisation gèrent les demandes simples et répétitives.
  • Une réponse adaptée aux attentes des générations Y et Z, qui recherchent une expérience fluide, réactive et personnalisée, tout en préférant souvent les interactions digitales aux échanges humains dans certaines étapes du parcours client.
  • Une expérience « phygitale » (physique + digitale) cohérente, où l’IA et l’humain cohabitent intelligemment pour offrir le bon niveau de service, au bon moment, via le bon canal.

Pour Philip Kotler et ses co-auteurs, le succès du marketing augmenté repose sur une définition claire des rôles entre la technologie et l’humain. Encore une fois, l’objectif n’est pas d’opposer les deux, mais de les faire travailler ensemble pour améliorer l’efficacité, la satisfaction client et la rentabilité des entreprises.

11.3 – Fournir des outils digitaux aux agents de première ligne

Pour que le marketing augmenté fonctionne efficacement, il ne suffit pas d’automatiser les interactions client. Le personnel de première ligne (vendeurs, conseillers, agents du service client) doit être équipé d’outils digitaux performants pour améliorer leur efficacité et enrichir l’expérience client.

Les auteurs identifient trois étapes clés pour réussir cette transition :

  • Comprendre les points de frustration du personnel, les obstacles qui ralentissent les équipes
  • Identifier les solutions technologiques appropriées, déployer des outils intuitifs et efficaces qui facilitent le travail des employés sans les surcharger.
  • Gérer le changement et former les équipes : accompagner les employés dans l’adoption de ces outils (formations, support technique…).

Un exemple concret est celui de Sephora, qui équipe ses maquilleurs avec Color IQ, un outil permettant d’analyser la peau des clients et de recommander des produits de maquillage adaptés à leur carnation. Grâce à cet outil, les vendeurs sont plus efficaces, et l’expérience client est plus fluide et personnalisée.

11.4 – Offrir une action humaine optimisée par la technologie

Les auteurs concluent ce chapitre en réaffirmant que le marketing augmenté consiste finalement en une symbiose réussie entre humain et machines.

Pour y parvenir, ils recommandent trois principes fondamentaux :

  • Une division claire du travail entre interfaces digitales et humaines : les tâches répétitives et simples (FAQ, prise de rendez-vous, suivi des commandes) sont automatisées via des interfaces digitales. Les interactions complexes ou nécessitant de l’émotion (gestion des réclamations, conseils personnalisés, négociation) restent du ressort des humains.
  • L’utilisation de l’IA pour garantir la qualité des interactions digitales.
  • L’autonomisation des employés grâce aux données et outils digitaux.

En appliquant ces principes, les entreprises bénéficient d’un double avantage, assurent les auteurs de « Marketing 5.0 » :  

  • Une expérience client optimisée, avec un équilibre parfait entre automatisation et relation humaine authentique. Cette approche permet selon eux d’améliorer simultanément la productivité des équipes et l’expérience client.
  • Une meilleure productivité des équipes, qui peuvent se concentrer sur ce qui compte vraiment.

Chapitre 12 – Le marketing agile

12.1 – Exécuter les opérations marketing à grande échelle et à leur rythme

Pour illustrer le concept de marketing agile, les auteurs prennent l’exemple de Zara, l’une des marques les plus réactives de l’industrie de la mode. Contrairement aux enseignes traditionnelles, qui conçoivent leurs collections des mois à l’avance, Zara ajuste ses modèles en fonction des tendances du moment et produit plus de 10 000 nouveaux articles par an.

Son modèle repose sur deux piliers essentiels :

  • L’analyse en temps réel des données : Zara scrute en permanence les tendances des réseaux sociaux, les retours des clients et les performances des ventes pour ajuster sa production en quelques semaines seulement.
  • Une chaîne d’approvisionnement ultra-flexible qui permet à l’enseigne de réagir rapidement à la demande et d’éviter les invendus.

12.2 – Pourquoi un marketing agile ?

Philip Kotler et ses co-auteurs expliquent que le marketing agile est désormais une nécessité, car l’environnement digital est en évolution permanente. Ils identifient quatre raisons majeures qui rendent cette approche indispensable :

  • Les cycles de vie des produits sont de plus en plus courts : dans de nombreux secteurs, les tendances s’essoufflent rapidement, obligeant les marques à renouveler fréquemment leurs offres (exemple : la mode, la tech, les services numériques).
  • Les préférences des consommateurs évoluent à grande vitesse : avec les réseaux sociaux et l’accès instantané à l’information, les attentes des clients sont volatiles et influencées par des phénomènes culturels éphémères.
  • L’expérience client doit être en perpétuelle amélioration : la concurrence pousse les marques à innover en permanence pour proposer une expérience toujours plus fluide, intuitive et engageante.
  • Les plans marketing traditionnels deviennent vite obsolètes : les stratégies rigides et les campagnes planifiées des mois à l’avance ne permettent plus de répondre efficacement aux changements de marché. Les entreprises doivent adopter une approche itérative, avec des ajustements rapides et continus.

En résumé, le marketing agile est une réponse aux incertitudes du marché moderne : il permet aux marques de s’adapter rapidement, de tester de nouvelles idées en temps réel et d’optimiser leurs actions en fonction des résultats obtenus.

12.3 – Mise en place du marketing agile

Pour déployer efficacement le marketing agile, Philip Kotler et ses co-auteurs listent six éléments clés. Ces leviers permettent aux entreprises de réagir rapidement aux évolutions du marché, d’expérimenter en continu et d’optimiser leurs actions en temps réel.

Mise en place du Marketing Agile
1/ L’analyse en temps réel

Un marketing agile repose sur une surveillance constante des comportements et des tendances.

  • Les conversations sociales sont scrutées en permanence pour détecter les attentes émergentes.
  • Les comportements clients sont suivis via des technologies comme la RFID, qui permet d’analyser les flux en magasin.
  • Disney illustre parfaitement cette approche avec ses Magic Bands : ces bracelets connectés suivent les déplacements et préférences des visiteurs dans ses parcs, afin de leur proposer des expériences ultra-personnalisées.
2/ Les équipes décentralisées et autonomes

L’agilité implique aussi de petites équipes interfonctionnelles, capables de prendre des décisions sans attendre des validations hiérarchiques lourdes.

  • Chaque équipe a un pouvoir de décision local, ce qui accélère les réactions aux changements du marché.
  • Les silos organisationnels sont éliminés, facilitant la collaboration entre les départements (marketing, produit, tech, data).
3/ La plateforme flexible de produits modulaires et évolutifs

Les entreprises adoptant un marketing agile ne proposent plus des produits figés, mais des plateformes modulaires, évolutives selon les besoins des consommateurs.

  • Les architectures produit sont pensées pour s’adapter rapidement aux évolutions du marché.
  • La personnalisation de masse devient un standard, avec des produits ajustables en fonction des préférences clients.
  • La transition vers des modèles d’abonnement permet aux marques d’ajouter en permanence de nouvelles fonctionnalités et contenus, plutôt que de vendre un produit fini.
4/ Un traitement simultané

Dans un modèle traditionnel, les entreprises suivent un processus linéaire (R&D → production → marketing → vente). Avec le marketing agile, tout se fait en parallèle :

  • Les différentes phases du projet avancent simultanément, ce qui réduit les délais de mise sur le marché.
  • Les équipes communiquent en continu, évitant les blocages et pertes de temps.
  • Des tests de marché sont menés en permanence, permettant d’ajuster l’offre avant le lancement officiel.
5/ Une expérimentation rapide et continue

L’agilité suppose également une approche “test & learn”, dans laquelle l’expérimentation est intégrée au processus de développement.

  • Les produits minimums viables (MVP) sont lancés rapidement, avec seulement les fonctionnalités essentielles.
  • Les tests en conditions réelles permettent d’obtenir des retours concrets, plutôt que de parier sur des études de marché théoriques.
  • Les entreprises ont la capacité de pivoter si un projet ne fonctionne pas comme prévu, évitant de lourdes pertes.
6/ L’innovation ouverte et la co-création

Plutôt que d’innover en interne uniquement, les entreprises agiles collaborent avec des partenaires externes et leur communauté.

  • Les plateformes de cocréation permettent aux consommateurs d’influencer les produits, garantissant leur pertinence sur le marché.
  • Des outils comme InnoCentive connectent les entreprises avec des innovateurs externes pour résoudre des défis techniques.
  • Google a rendu TensorFlow open source, accélérant ainsi l’adoption et l’amélioration de son framework d’IA grâce à la communauté des développeurs.

En intégrant ces six piliers, les entreprises adoptent une approche plus réactive, plus flexible et plus efficace.

12.4 – Gérer un projet de marketing agile

Pour structurer efficacement le marketing agile, les auteurs proposent un outil de gestion clé : la fiche de marketing agile. Cette fiche permet de documenter de manière concise et opérationnelle l’ensemble des éléments essentiels d’un projet agile.

Elle comprend :

  • Les résultats des tests permettant d’itérer rapidement en fonction des performances observées.
  • Les besoins du marché identifiés basés sur l’analyse des données en temps réel.
  • Les solutions proposées et développées en réponse aux besoins.
  • Les tâches et responsabilités à mener au sein des équipes interfonctionnelles.

12.5 – Exécuter les opérations marketing à grande échelle et à leur rythme

En conclusion du dernier chapitre de leur livre « Marketing 5.0« , les auteurs soutiennent que le marketing agile est désormais incontournable dans un environnement où tout évolue à un rythme effréné.

Ils partagent trois grands défis qui le rendent indispensable :

  • Le raccourcissement des cycles de vie des produits : les tendances émergent et disparaissent plus vite que jamais, exigeant une réactivité constante.
  • L’obsolescence rapide de l’expérience client : les attentes des consommateurs changent rapidement, forçant les entreprises à renouveler en permanence leurs interactions et services.
  • L’inadaptation des modèles de planification traditionnels : les plans marketing figés ne permettent plus d’anticiper avec précision l’évolution du marché.

Par ailleurs, Philip Kotler et ses co-auteurs soulignent que le marketing agile ne signifie pas chaos ou improvisation. Non, son succès consiste à trouver le bon équilibre entre :

  • Une stabilité opérationnelle => assurer une base solide (infrastructure, processus, technologies).
  • Une flexibilité d’exécution => permettre aux équipes de tester, ajuster et itérer en continu en fonction des résultats et du contexte.

En fait, le marketing agile est, pour les auteurs, la dernière pièce du puzzle à la pleine mise en œuvre du marketing 5.0.

Conclusion de « Marketing 5.0 | La technologie au service du consommateur » de Philip Kotler, Hermawan Kartajaya, Iwan Setiawan et Marc Vandercammen

Les 3 idées clés à retenir du livre « Marketing 5.0« 

Les 3 idées clés à retenir du livre "Marketing 5.0"

Idée n° 1 : La technologie doit augmenter l’humain plutôt que le remplacer

Pour Philip Kotler et ses co-auteurs, le marketing 5.0 ne vise pas à automatiser complètement les interactions, mais à créer une symbiose entre l’efficacité technologique et l’intelligence humaine. Ainsi, les outils comme l’IA et le big data doivent libérer les équipes des tâches répétitives pour leur permettre de se concentrer sur ce qui fait la différence: la créativité, l’empathie et la relation client.

Idée n° 2 : L’expérience client devient hyper-personnalisée et contextuelle

Grâce aux technologies émergentes, les entreprises peuvent désormais offrir des expériences sur-mesure qui évoluent en temps réel en fonction du contexte et des préférences de chaque client.

L’enjeu reste alors d’arriver à créer une continuité fluide entre le digital et le physique, de garantir une interaction cohérente sur l’ensemble des canaux (physiques ou digitaux).

Idée n° 3 : L’agilité devient un levier de performance indispensable dans notre monde digital

Dans un monde où l’innovation s’accélère et où les attentes des consommateurs évoluent sans cesse, la rigidité n’a plus sa place. Les entreprises doivent adopter des approches agiles, combinant analyse en temps réel, prise de décision décentralisée et expérimentation continue, pour s’adapter vite et bien.

Pourquoi lire « Marketing 5.0« 

Que vous soyez marketeur, entrepreneur ou dirigeant, la lecture de « Marketing 5.0 » vous aidera à comprendre comment intégrer intelligemment les nouvelles technologies dans votre stratégie. Philip Kotler et ses co-auteurs proposent un cadre clair et pragmatique pour équilibrer automatisation et présence humaine, illustré par des exemples concrets d’entreprises qui ont réussi cette transformation.

« Marketing 5.0 » est un livre que je vous recommande pour anticiper les mutations du marketing moderne. Il rend accessibles des concepts technologiques parfois complexes tout en les ancrant dans des applications business tangibles et efficaces. C’est, à mon sens, une lecture essentielle pour ceux qui veulent prendre une longueur d’avance.

Points forts :

  • L’expertise reconnue et solide des auteurs qui allie théorie et pratique.
  • Un contenu riche, très actuel et approfondi qui aide à anticiper les évolutions du marketing à l’ère digitale.
  • La vision équilibrée de l’intégration technologique dans le marketing.
  • De nombreux exemples concrets et études de cas d’entreprises innovantes qui montrent comment adapter sa stratégie marketing et tirer parti des nouvelles tendances dans leur business.
  • Des illustrations graphiques et schémas qui rendent les concepts très visuels et facilitent la compréhension.

Points faibles :

  • Le contenu s’adresse à un public initié, ayant déjà une bonne base en marketing.
  • La lecture parfois exigeante, l’approche dense et technique.

Ma note :

★★★★★

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