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Résumé de « La véritable histoire de la monnaie | De l’âge de bronze à l’ère numérique » de Jacob Goldstein : à travers un fascinant voyage dans le temps, cet ouvrage nous révèle les origines et les mutations de la monnaie. Il nous montre comment cette invention sociale qui régit nos échanges depuis des millénaires, de façon si ordinaire et mystérieuse à la fois, a fondamentalement façonné nos sociétés et nos relations économiques.
Par Jacob Goldstein, 2022, 240 pages.
Titre original : « Money: The True Story of a Made-Up Thing«
Chronique et résumé de « La véritable histoire de la monnaie | De l’âge de bronze à l’ère numérique » de Jacob Goldstein
Introduction | Note de l’auteur
La monnaie est profondément sociale
Dans une note introductive, Jacob Goldstein, l’auteur de « La véritable histoire de la monnaie« , commence par raconter comment une discussion avec sa tante sur la nature de la monnaie a, un jour, éveillé sa curiosité de journaliste :
« La monnaie est une fiction. Au début ça n’existait même pas », me dit-elle. C’est là que j’ai compris que la monnaie est beaucoup plus étrange et intéressante que je ne l’avais jamais imaginé. »
En cherchant à comprendre la crise financière de 2008, l’auteur découvre le podcast Planet Money et décide de rejoindre leur équipe. Il y est alors amené à approfondir sa réflexion sur l’essence de la monnaie : une invention sociale qui a, dit-il, profondément évolué au fil de l’histoire.
« La monnaie semble appartenir au monde froid des mathématiques, à mille lieues de celui, plus confus, des relations humaines. Il n’en est rien. La monnaie est une invention, une fiction partagée. Elle est foncièrement, irrévocablement un fait social. (…) Comme la fiction, la monnaie a profondément changé au fil du temps, non sans heurts. Avec le recul, on observe de longues périodes de relative stabilité, puis, soudain, la monnaie entre en crise quelque part dans le monde : un génie sort de la bouteille avec une idée nouvelle, ou bien le monde connaît un bouleversement qui requiert une nouvelle sorte de monnaie, ou encore un effondrement de la finance provoque la version monétaire d’une crise existentielle. Il en résulte un changement durable du concept de monnaie : sa nature, qui a le droit de l’émettre et dans quel but. »
Revenir aux origines de la monnaie pour mieux la comprendre
Jacob Goldstein observe que la définition de la monnaie résulte, en fait, de nos choix collectifs. Ces choix ont façonné le monde actuel et façonneront la future monnaie.
Aussi, pour l’auteur, revenir aux origines de la monnaie est le meilleur moyen de saisir sa nature et ses enjeux. Cet ouvrage, annonce-t-il, est « l’histoire des événements – plein de surprise, de joie, d’intelligence et de folie – qui ont façonné la monnaie telle que nous la connaissons aujourd’hui« .
Partie 1 | L’invention de la monnaie
Dans la première partie de « La véritable histoire de la monnaie », Jacob Goldstein nous montre que l’origine de la monnaie est, contrairement aux idées reçues, plus complexe et fascinante qu’un simple passage du troc à un moyen d’échange pratique. Elle est, signale-t-il, intimement liée aux relations sociales, aux rituels et à l’émergence des premières cités.
Chapitre 1 – L’origine de la monnaie
Le chapitre 1 de « La véritable histoire de la monnaie » explique comment la théorie classique selon laquelle la monnaie serait née du troc pour le faciliter, défendue par des penseurs comme Adam Smith ou Aristote, est aujourd’hui remise en question par les anthropologues et historiens.
Jacob Goldstein nous fait observer que, dans les sociétés prémonétaires largement autosuffisantes, les échanges prenaient, en réalité, souvent la forme de dons ritualisés. Ces dons visaient à gagner en prestige.
Pour l’auteur, la monnaie trouve donc son origine autant dans ces pratiques que dans le troc.
1.1 – Dettes de moutons
Il y a plus de 5000 ans, les premières cités émergent en Mésopotamie.
Un système de jetons d’argile scellés dans des boules creuses s’y développe pour matérialiser les dettes de moutons. Les symboles gravés sur ces boules donnent alors naissance à l’écriture. Les premiers témoignages sont des reconnaissances de dettes :
« Garder trace de qui devait quoi à qui devenait plus compliqué. Des serviteurs des temples (qui faisaient aussi office d’hôtel de ville) ont eu l’idée d’améliorer le système d’empreintes de jetons. Munis de stylets en roseau pour marquer des tablettes d’argile, ils se sont mis à utiliser des symboles pour figurer les chiffres. Les premiers écrivains n’étaient pas des poètes, mais des comptables. Longtemps, il n’y a pas eu d’autres écritures. Ni billets d’amour, ni élégies, ni récits. Uniquement des reconnaissances de dettes de moutons. Ou, comme l’indique une tablette exhumée d’un célèbre tumulus de la ville sumérienne d’Uruk (en Irak aujourd’hui) : « Lu-Nanna, chef du temple, a reçu une vache et ses deux veaux allaitants en cadeau royal des mains d’Abasaga ».«
L’argent métal commence ensuite à être utilisé comme monnaie, bien que de nombreuses civilisations (comme les Incas) fonctionnaient sans, et ce, grâce à une économie planifiée et redistributive.
1.2 – La monnaie change tout
Vers 1100 av. J.-C., la civilisation mycénienne de la Grèce antique s’effondre. De nouvelles cités-États appelées « polis » se développent alors sur un modèle plus horizontal :
« Les citoyens (les polites) tiennent à être associés à la répartition des richesses (qui donne quoi à qui). Il leur faut une organisation de la vie publique et des échanges affranchis du pouvoir vertical d’un souverain autoritaire et de l’horizontalité des réseaux familiaux : il leur faut de la monnaie.«
Vers 600 av. J.-C., le royaume de Lydie invente alors les premières pièces de monnaie en électrum. Ces dernières sont rapidement adoptées par les cités grecques.
« Des bouts de métal standardisés, c’est exactement ce dont les cités-États avaient besoin pour bâtir leur nouvelle société, trop grande pour être gérée selon les règles de la réciprocité familiale, mais trop égalitaire pour l’être selon le régime du tribut. Bientôt, des centaines d’ateliers monétaires apparaissent partout en Grèce, frappant des pièces d’argent. En quelques décennies, les quasi-monnaies que les Grecs utilisaient jusque-là pour mesurer la valeur et échanger des biens (rôtissoires en fer ou lingots d’argent) ne sont plus considérées comme telles. La monnaie, ce sont les pièces, et les pièces sont la monnaie.«
Cela transforme profondément la société. L’agora (= une place publique, lieu de rassemblement et de discours des citoyens) devient un marché. Et « la population bascule dans la nouvelle économie salariale » écrit l’auteur : le salariat remplace les engagements à long terme.
La monnaie offre plus de liberté mais aussi une plus grande précarité aux individus.
Malgré les critiques d’Aristote, les pièces se répandent dans le monde entier.
Chapitre 2 – Où l’on invente le papier-monnaie, déclenche une révolution économique et glisse tout sous le tapis
2.1 – L’invention du papier-monnaie
Le deuxième chapitre de « La véritable histoire de la monnaie » nous ramène au 13ème siècle. En effet, il commence par raconter comment, en 1271, Marco Polo vit, en Chine, une expérience monétaire inédite : le papier-monnaie.
L’auteur revient ici sur cette invention.
Les Chinois, indique-t-il, ont inventé les pièces en bronze à la même époque que les Lydiens.
Mais la rareté du bronze dans certaines régions et le poids des pièces posaient problème : « La plupart des pièces sont alors frappées en bronze, mais le bronze étant rare au Sichuan, on utilise du fer. Dans un monde où la valeur des pièces est essentiellement fondée sur le métal qui les constitue, le fer est une calamité. Pour acheter une livre de sel, il faut une livre et demie de pièces en fer. Comme s’il fallait aujourd’hui payer ses courses exclusivement en pièces d’un centime !«
Vers 995, un marchand de Chengdu, la capitale du Sichuan, trouve une solution : il émet des reçus en papier échangeables contre des pièces en fer (l’imprimerie a fait son apparition deux siècles plus tôt en Chine).
Rapidement, les gens s’emparent de ce système de reçus comme monnaie. Ainsi, malgré les contrefaçons, le papier-monnaie connait un vif succès.
2.2 – Une monnaie sans garantie
Quand, au 13ème siècle, les Mongols envahissent la Chine, ces derniers adoptent immédiatement le papier-monnaie. C’est une monnaie idéale pour leur vaste empire commercial et leur mode de vie nomade, souligne l’auteur.
Dès qu’il devient empereur, Kubilai Khan crée un nouveau type de papier-monnaie utilisable dans tout l’empire et interdit, sous peine de mort, les pièces de bronze. Mais après deux invasions ratées du Japon, le grand khan émet un nouveau type de billets que plus personne ne veut échanger contre du métal précieux :
« Les billets affichent toujours des images de pièces en bronze, mais ce ne sont plus que des images. Les autorités refusent de les échanger contre de l’argent ou du bronze ; les gens ne peuvent plus troquer leurs bons du trésor pour un trésor. On peut imaginer la panique que cela provoque. L’inflation décolle : les prix grimpent à mesure que la monnaie perd de sa valeur.«
Malgré l’inflation initiale, l’économie se stabilise : les Chinois ont compris que le papier pouvait être une monnaie fiable, même sans garantie matérielle.
Cette expérience d’il y a 1000 ans rappelle quelque part notre époque où l’on voit la richesse augmenter : « en raison des mutations technologiques, la plupart des gens sont plus riches que leurs ancêtres« .
L’auteur considère ainsi que la Chine a connu sa propre révolution économique et technologique 800 ans avant l’Europe, mais elle a ensuite stagné, indique-t-il. Une hypothèse est que les empereurs Ming, hostiles au commerce et à la monnaie, ont voulu revenir à une économie agricole autosuffisante basée sur le tribut en nature. Le papier-monnaie y a alors disparu.
Cet âge d’or chinois, aussi long que notre expérience actuelle du papier-monnaie, montre que le progrès économique et technologique n’est jamais garanti : les civilisations peuvent aussi s’appauvrir et la monnaie elle-même peut disparaître.
Partie 2 | L’assassin, le Dauphin et l’invention du capitalisme
Dans la deuxième partie de son livre « La véritable histoire de la monnaie », Jacob Goldstein nous plonge dans l’effervescence de l’Europe du 17ème siècle.
Durant ce siècle, le hasard transforme des orfèvres en banquiers, et vont naître la Bourse et l’entreprise moderne. Au cœur de cette période charnière, Jacob Goldstein nous présente notamment John Law. Ce personnage fascinant et controversé incarne à lui seul les bouleversements de cette époque fondatrice du capitalisme.
Chapitre 3 – Où les orfèvres réinventent la banque par hasard (et sèment la panique en Grande-Bretagne)
3.1 – La crise monétaire anglaise du 17ème siècle et l’invention de la banque moderne
L’auteur commence le chapitre 3 de « La véritable histoire de la monnaie » en nous décrivant l’état lamentable de la monnaie en Angleterre au 17ème siècle.
Les pièces rognées contiennent moins de métal précieux que prévu. Elles suscitent alors méfiance et disputes. Les bonnes pièces, quant à elle, connaissent une fuite vers l’étranger, aggravant la pénurie de numéraire.
C’est alors que les orfèvres, en stockant l’or et l’argent de clients fortunés contre des reçus, résolvent involontairement le problème.
En effet, l’auteur explique ce tournant crucial : lorsque les orfèvres se mettent à prêter en échange de simples promesses de remboursement, ils créent de la monnaie ex nihilo, comme le font les banques modernes avec le système de réserves fractionnaires :
« Les banques actuelles font ce que faisaient les orfèvres il y a quatre cents ans : lorsque vous déposez de l’argent à la banque, celle-ci en prête une partie à quelqu’un d’autre. Cet argent, votre argent, se trouve désormais à deux endroits simultanément. C’est le vôtre, sur votre compte, dans votre banque, mais c’est aussi celui de l’emprunteur qui peut le déposer dans une autre banque qui peut à son tour en prêter une partie à quelqu’un d’autre. Le même dollar (ou euro) se trouve désormais dans trois endroits à la fois. C’est ce qu’on appelle le « système de réserves fractionnaires » et c’est ainsi que la plus grande partie de la monnaie est créée aujourd’hui. »
3.2 – John Law : premier acte
L’auteur introduit ensuite John Law, né en 1671 au-dessus de l’atelier de son père orfèvre.
Après une jeunesse dorée mais dispendieuse, John Law tue en duel un certain Edward Wilson en 1694. Condamné à mort, il parvient s’évader de prison grâce à des appuis puissants.
John Law s’enfuit sur le continent, au-devant d’une révolution intellectuelle qui façonnera sa destinée : « une révolution intellectuelle qui va transformer le regard porté sur l’avenir et
la monnaie et lui faire gagner une fortune » livre l’auteur.
Chapitre 4 – Où l’on fait fortune grâce aux probabilités
Dans le quatrième chapitre de « La véritable histoire de la monnaie », Jacob Goldstein relate comment, durant ses années de cavale, John Law découvre la théorie des probabilités.
« Les dix années qui suivent sont mal connues. Law disparaît de la chronique, puis réapparaît à Paris, à Venise ou à Amsterdam. À chaque fois qu’il sort des brumes, on le trouve à une table de jeu en compagnie des élites locales ; à chaque fois, il gagne. Il n’est pas particulièrement chanceux, il ne triche pas non plus, semble-t-il. Il gagne parce qu’il a découvert une discipline intellectuelle née à son époque, une façon de voir le monde qui va modifier celle dont des millions de gens envisagent Dieu, l’argent, la mort et l’avenir. Cette discipline est la théorie des probabilités. Elle est à la base d’une bonne partie de la finance moderne et, par-là, de la pensée moderne. Elle a été inventée par des joueurs.«
4.1 – La découverte de la théorie des probabilités
L’auteur commence par expliquer ce qu’est la théorie des probabilités.
Ainsi, cette théorie révolutionnaire permettait, nous apprend-il, de quantifier les chances de gain ou de perte au jeu. Ce sont alors les mathématiciens Blaise Pascal et Pierre de Fermat qui furent les premiers à résoudre le « problème du partage des gains« , en calculant les probabilités de chaque issue possible.
Aussi, l’auteur souligne l’impact considérable de cette découverte : pour la première fois, l’homme pouvait prédire l’avenir par les mathématiques, et non plus seulement s’en remettre au hasard ou à la providence.
Il rapporte comment Pascal a même appliqué ce raisonnement probabiliste à la question de l’existence de Dieu, concluant qu’il valait mieux parier sur son existence au vu des gains infinis en jeu.
4.2 – Les probabilités dans la vie
L’auteur décrit ensuite comment John Law a donc eu recours à sa maîtrise des probabilités pour s’enrichir au jeu, tandis que d’autres les appliquent alors à des domaines comme les rentes viagères et l’assurance-vie.
Il détaille les travaux du mathématicien Edmond Halley qui, en analysant les registres de naissances et décès de la ville de Breslau, parvient à chiffrer la probabilité de décès à chaque âge et grâce à cela, à déterminer le juste prix d’une rente.
Puis l’auteur raconte comment deux pasteurs écossais s’inspirent, à cette époque, des tables de mortalité de Halley pour créer un fonds d’assurance-vie pour les veuves de pasteurs. Ces derniers ont, en fait, réussi à anticiper les cotisations nécessaires avec une précision remarquable.
Jacob Goldstein conclut le 4ème chapitre de son livre « La véritable histoire de la monnaie » en soulignant combien le raisonnement probabiliste est désormais devenu omniprésent et tenu pour acquis dans nos sociétés.
Chapitre 5 – Où la finance est un voyage dans le temps
5.1 – Nouveau modèle de financement
Dans le chapitre 5 de « La véritable histoire de la monnaie », Jacob Goldstein explique qu’au début du 17ème siècle à Amsterdam, les marchands hollandais (qui parcourent les océans et ramènent des marchandises de lointaines contrées) résolvent le problème du financement de leurs expéditions maritimes en Asie grâce à un nouveau modèle : la compagnie marchande. La Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC) en est un exemple.
« Les marchands hollandais qui organisent ces expéditions maritimes lointaines et périlleuses sont confrontés à un problème ancien. Ils ont un projet pour faire fortune, mais ils doivent d’abord en dépenser une pour le réaliser. Il leur faut construire des navires, recruter un capitaine et un équipage, les envoyer à l’autre bout du monde et les faire revenir. Ce problème de « j’ai besoin d’argent pour en gagner plus » se décline à l’infini. Je veux acheter une voiture pour me rendre à mon nouveau travail qui me permettra de gagner plus. Mais c’est maintenant que j’ai besoin de cet argent que je gagnerai demain avec mon nouveau job pour payer la voiture qui doit m’y conduire pour gagner plus, etc. «
5.2 – La finance pour connecter des gens aux besoins opposés
Avec ce nouveau modèle de financement, l’auteur souligne que la finance permet de faire « voyager l’argent dans le temps« . Pour cela, elle met en relation ceux qui sont prêts à en prêter maintenant pour en gagner plus demain, et ceux qui en ont besoin aujourd’hui quitte à en rembourser davantage plus tard :
« Heureusement, d’autres ont plus d’argent qu’ils n’en ont besoin à l’instant présent. Et ils acceptent de renoncer à le dépenser aujourd’hui, pour me donner une chance d’en gagner plus demain. C’est ainsi que je peux obtenir un prêt et que les Hollandais ont trouvé les ressources pour envoyer leurs navires en Asie, et c’est, entre autres, ce que la finance fait de plus utile : appairer des gens prêts à renoncer à de l’argent maintenant dans l’espoir d’en avoir plus demain, à d’autres qui ont besoin d’argent maintenant et qui sont prêts à en rembourser plus demain.«
5.3 – Naissance de la Bourse
Jacob Goldstein explique enfin comment la VOC innove en permettant à tous d’acheter des parts, et en autorisant leur revente avant l’échéance initialement prévue.
Cela donne naissance à la première Bourse au monde, où acheteurs et vendeurs se rencontrent pour échanger leurs titres. Les horaires d’ouverture restreints, imposés par la ville, favorisent la liquidité et l’efficacité du marché.
5.4 – Shorter en bref
Jacob Goldstein retrace ensuite la première histoire de vente à découvert (ou « short« ), une pratique permettant de parier sur la baisse du cours d’une action.
C’est Isaac Le Maire, un actionnaire en conflit avec la VOC, qui va utiliser, pour la première fois, cette technique pour attaquer la compagnie.
Les administrateurs parviennent d’abord à faire interdire cette pratique. Mais Isaac Le Maire se défend en plaidant que « la chute du cours était due à la mauvaise gestion de l’entreprise« .
L’auteur termine ce chapitre en soulignant que le rôle de la Bourse est de trouver le « bon prix » des actions, en agrégeant toutes les informations disponibles, et non de faire monter les cours à tout prix.
Chapitre 6 – Où John Law fait marcher la planche à billets
6.1 – La création d’une banque publique à Amsterdam et les propositions visionnaires de John Law
Le chapitre 6 de « La véritable histoire de la monnaie » commence en nous informant que la ville d’Amsterdam, malgré sa prospérité, souffrait d’un problème non « pas de pénurie comme en Grande-Bretagne, mais d’une trop grande diversité de pièces« .
Pour y remédier, la ville fonde, en 1609, une banque publique où les marchands ouvrent des comptes. Les paiements se font alors par simple jeu d’écritures, sans manipulation d’espèces : « leur argent, leur monnaie, c’est leur compte à la banque, le chiffre dans ses registres. Qui plus est, le système fonctionne mieux ainsi qu’avec les pièces » ajoute l’auteur.
De retour en Écosse, John Law tente de convaincre le Parlement de créer une banque publique émettant du papier-monnaie gagé sur des terres. Sa proposition se solde par un échec. Malgré cela, ce dernier continue à promouvoir ses idées à travers l’Europe, avant de s’installer à Paris en 1714.
6.2 – De l’Angleterre à la France : l’évolution des systèmes bancaires au début du XVIIIe siècle
Cette partie du livre « La véritable histoire de la monnaie » nous apprend que l’Angleterre a résolu son problème monétaire en créant la Banque d’Angleterre.
En effet, en 1694, est fondée la Banque d’Angleterre, sur un modèle innovant qui combine actionnariat public, prêt à l’État garanti par un impôt dédié, et émission de papier-monnaie :
« La Banque d’Angleterre a été un immense succès. Elle a créé une nouvelle façon sûre pour les gens de placer de l’argent au présent, pour en espérer davantage plus tard. Par le truchement de la banque, ils pouvaient prêter à l’État de façon prévisible et transparente, la loi garantissant qu’ils seraient remboursés. Et comme la banque prêtait plus de monnaie qu’elle n’en avait dans ses coffres, elle en créait davantage pour l’Angleterre dans son ensemble, de façon plus sûre et stable que ne l’avaient fait une poignée d’orfèvres en distribuant des reçus.«
En 1715, John Law propose au Régent de France, le duc d’Orléans, un système financier complet inspiré de l’expérience anglaise. Il obtient alors l’autorisation de fonder la Banque générale. Malgré les moqueries initiales, la banque survit grâce au soutien du Régent qui y dépose d’importantes sommes d’or.
Le tournant décisif intervient en 1717, lorsque le Régent impose de payer les impôts en billets de la banque. Ce papier-monnaie devient alors la monnaie de référence.
Fort de ce succès, John Law s’apprête à frapper un grand coup.
Chapitre 7 – Où l’on invente les millionnaires
Le 7ème chapitre du livre « La véritable histoire de la monnaie » raconte comment, après avoir obtenu le monopole du commerce sur le Mississippi pour sa Compagnie de l’Ouest, John Law propose aux détenteurs d’obligations d’État de les échanger contre des actions de sa compagnie, promettant les richesses du Nouveau Monde.
Malgré les réticences initiales, Law parvient à faire prospérer son entreprise, notamment en liant sa banque à la Compagnie du Mississippi.
7.1 – « On ne parlait que par millions«
L’auteur décrit alors l’ascension fulgurante de John Law et de sa Compagnie.
En procédant à des fusions, en acquérant des monopoles et en émettant de nouvelles actions liées aux précédentes, Law fait flamber les cours.
La France s’enfièvre pour le « Mississippi » : on se rue pour acheter des parts, faisant émerger les premiers millionnaires.
Dès lors, John Law consolide la dette de l’État, réforme la fiscalité et devient l’homme le plus puissant du pays après le Régent.
7.2 – L’économie réelle contre la bulle du Mississippi
L’auteur souligne toutefois le décalage important entre les promesses de richesses du Mississippi et la réalité bien plus modeste de la colonie. La finance s’emballe et se déconnecte de l’économie réelle, provoquant une forte inflation.
John Law tente de stabiliser l’économie en retirant du numéraire, mais ses mesures désespérées pour imposer le papier-monnaie provoquent des émeutes. C’est l’effondrement : le Régent abandonne la banque et le papier-monnaie, Law doit s’enfuir. Il finira sa vie à Venise, jouant pour subsister.
Jacob Goldstein réfute l’image d’escroc souvent accolée à John Law.
Selon lui, le système de ce dernier n’était pas intrinsèquement mauvais. S’il a échoué, c’est plutôt à cause de l’excès de pouvoir entre ses mains sans suffisamment de contre-pouvoirs dans le contexte d’une monarchie absolue. Car les pressions contradictoires entre les différents acteurs sont nécessaires pour stabiliser un système monétaire moderne.
Partie 3 | Plus de monnaie
Pendant longtemps, on croyait que la quantité d’argent dans une économie était limitée. Mais quelques dizaines d’années après la mort de John Law, une idée révolutionnaire émerge : on réalise en effet qu’il est possible de créer de l’argent. Et avec cela, que désormais, tout le monde peut avoir plus d’argent, même si cela ne garantit pas que tous en auront effectivement plus.
Chapitre 8 – Où tout le monde gagne plus d’argent
Dans le 8ème chapitre du livre « La véritable histoire de la monnaie », l’auteur revient d’abord sur une étude de l’économiste William Nordhaus. Celle-ci porte sur l’évolution du prix de l’éclairage artificiel au fil des siècles. Il montre qu’à Babylone, une journée de travail ne procurait que 10 minutes d’éclairage, contre une heure au 18ème siècle grâce à l’huile de baleine. La révolution industrielle du 19ème, portée par de nombreux progrès scientifiques (comme les débuts du kérosène), a ensuite permis de quintupler ce temps d’éclairage.
L’auteur poursuit en décrivant comment de nouvelles innovations financières ont rendu possible l’invention de l’ampoule par Thomas Edison en 1879. Ces innovations, ce sont la société à responsabilité limitée qui facilite les levées de fonds, et le brevet qui offre un monopole temporaire sur une idée nouvelle. C’est bien grâce à elles qu’Edison a pu financer ses recherches et déployer le premier réseau électrique à New York, nous apprend Jacob Goldstein.
L’auteur termine ce chapitre en soulignant qu’en un siècle, le temps d’éclairage obtenu pour une journée de travail a finalement été multiplié par 20 000. Cette explosion de la productivité, malgré ses dégâts environnementaux, a rendu tout le monde plus riche en termes réels.
Chapitre 9 – Où l’on se demande si avoir plus d’argent est vraiment à la portée de tout le monde
Le chapitre 9 du livre « La véritable histoire de la monnaie » explique que si les innovations technologiques, comme les ampoules, enrichissent globalement la société, elles détruisent aussi des emplois, comme ceux des allumeurs de réverbères. Le même phénomène se pose vivement aujourd’hui avec la révolution numérique.
9.1 – L’histoire des Luddites au début du 19ème siècle en Angleterre
L’auteur relate ici l’histoire des Luddites, ces ouvriers du textile anglais, bien rémunérés jusque-là, qui ont vu, au début du 19ème siècle, leur métier menacé par l’introduction de machines. Sous la bannière d’un chef fictif, Ned Ludd, ils ont, nous raconte l’auteur, déclenché une guerre clandestine contre ces machines, dans un contexte de bouleversement technologique inédit.
Malgré la répression violente (les destructions de machines sont punies de mort), le mouvement a perduré plusieurs années. Mais les Luddites ont fini par disparaître, tout comme les métiers manuels du textile.
Jacob Goldstein souligne que, malgré la promesse d’une prospérité future, les Luddites et leurs enfants n’ont pas vu leur sort s’améliorer. Durant la révolution industrielle, les salaires ouvriers ont peu progressé malgré l’explosion de la productivité. Seuls les propriétaires d’usines et certains corps de métier en ont profité.
9.2 – Un parallèle à faire avec la révolution numérique actuelle
Ce précédent historique tempère l’argument des économistes selon lequel les problèmes liés aux bouleversements technologiques ne seraient que temporaires. L’auteur y voit, de fait, un parallèle avec la révolution numérique actuelle, qui détruit aussi de nombreux emplois :
« Nous vivons le deuxième âge de la machine. Il ne s’agit plus de métiers à tisser, mais d’ordinateurs et de logiciels. Mais le même genre d’événements est en train de se produire. On évoque l’essor des 1 %. La stagnation des revenus des gens ordinaires. Le changement technologique en est pour partie responsable. La réponse habituelle des économistes est de dire que ces problèmes sont temporaires. Grâce à la technologie, les gens auront plus d’argent à long terme. Mais c’est une chose que les Luddites nous ont apprise : le long terme peut durer très, très longtemps.«
Partie 4 | La monnaie moderne
Dans la quatrième partie de « La véritable histoire de la monnaie« , Jacob Goldstein met en lumière deux moments clés de l’histoire monétaire :
- Le 19ème siècle, avec l’essor de la productivité, la disparition des Luddites et l’avènement de l’étalon-or.
- L’époque moderne, avec l’échec de l’étalon-or, qui a failli détruire l’économie mondiale et la naissance de notre système monétaire actuel, où les États émettent la monnaie sans contrepartie.
Jacob Goldstein montre ainsi le contraste entre ces deux périodes et leurs systèmes monétaires, en décrivant comment l’un a, en fait, succédé à l’autre suite à une crise majeure.
Chapitre 10 – Où l’étalon-or séduit le monde
Le 10ème chapitre du livre « La véritable histoire de la monnaie » décrit l’attrait de l’étalon-or au 19ème siècle : une monnaie naturelle, objective, éternelle, libérée des aléas humains et étatiques.
10.1 – Les débuts du libre-échange
L’auteur y rappelle la pensée de David Hume qui, dès le 18ème , réfutait l’idée mercantiliste selon laquelle un pays s’enrichit en accumulant l’or. Pour Hume, les prix et les flux commerciaux s’équilibrent naturellement, comme l’eau d’un océan. Ces idées, reprises par Adam Smith, ont favorisé l’essor du libre-échange.
10.2 – L’adoption de l’étalon-or par les grandes économies mondiales
Jacob Goldstein relate aussi comment, en 1816, la Grande-Bretagne adopte l’étalon-or pour la livre sterling. Rapidement, les grandes économies l’imitent, facilitant le commerce international et la première grande vague de mondialisation. L’étalon-or apparaît alors comme une évidence.
Cependant, dans la seconde moitié du 19ème siècle, l’économie mondiale progresse plus vite que les réserves d’or, provoquant une baisse des prix. Cette déflation, cruelle pour les débiteurs, déclenche un conflit sur la nature de la monnaie.
10.3 – Le procès de l’or
Aux États-Unis, les agriculteurs endettés réclament un retour au bimétallisme or-argent pour augmenter la masse monétaire et les prix. William Jennings Bryan porte leur voix lors d’un célèbre discours dénonçant la « crucifixion » des travailleurs sur une « croix d’or ». Mais le candidat républicain William McKinley, défenseur de l’étalon-or et du « dollar honnête », l’emporte.
En 1900, le Gold Standard Act officialise l’étalon-or.
10.4 – L’illusion monétaire
L’auteur présente ensuite les travaux d’Irving Fisher, économiste de Yale.
D’abord partisan de l’étalon-or, Irving Fisher réalise que, contrairement à sa théorie, les taux d’intérêt ne s’ajustent pas parfaitement à l’inflation ou la déflation. Il met en lumière « l’illusion monétaire » qui fait croire que le dollar est stable alors que son pouvoir d’achat fluctue, au détriment de l’économie.
Fisher propose de redéfinir le dollar non plus comme un poids fixe d’or, mais comme un panier de biens, afin de stabiliser son pouvoir d’achat. Malgré l’intense promotion de cette idée visionnaire, Irving Fisher reste inaudible à l’époque.
Ironie du sort, cet économiste avant-gardiste sur la monnaie reste surtout connu pour avoir annoncé, juste avant le krach de 1929, que la Bourse avait atteint un « plateau haut permanent« . Pourtant, sur l’étalon-or et l’instabilité monétaire, Fisher avait vu juste.
Chapitre 11 – Où ceci n’est pas une « banque centrale »
Le chapitre 11 du livre « La véritable histoire de la monnaie » retrace l’histoire tourmentée de la création d’une banque centrale aux États-Unis.
Jacob Fisher explique d’abord qu’en 1929, au moment du krach boursier, la Réserve fédérale (Fed) a moins de 20 ans et que le pays a passé un siècle à débattre de la pertinence d’avoir ou non une telle institution. Ce débat, précise l’auteur, reflète la question fondamentale du rôle de l’État et du marché dans la création monétaire.
11.1 – Le président qui détestait les banques
L’auteur relate ensuite l’opposition, dans les années 1830, entre Nicholas Biddle, puissant banquier président de la Seconde banque des États-Unis, et le président américain Andrew Jackson :
« Difficile de surestimer le pouvoir de ce personnage à l’époque. Imaginons aujourd’hui un président de la Réserve fédérale qui serait également PDG de JP Morgan Chase (la première banque privée américaine) et que JP Morgan soit plus grosse qu’Apple, Google et ExxonMobil réunies (les trois premières capitalisations boursières des États-Unis). Présider la Seconde banque des États-Unis ressemblait un peu à ça. C’était le deuxième poste le plus puissant du pays. Heureusement pour l’Amérique, Biddle était un excellent professionnel.«
Ainsi, Nicholas Biddle avait fait de sa banque une sorte de banque centrale avant l’heure, régulant les banques locales et les flux monétaires. Mais Jackson, méfiant envers ce pouvoir, met son veto au renouvellement des statuts de la banque. C’est ainsi que les États-Unis resteront sans banque centrale pendant plus de 70 ans.
11.2 – Le pays aux 8 370 monnaies
Dans les années 1840-1850, de nombreux États adoptent des lois de « banque libre » permettant à quiconque de créer une banque et d’imprimer sa propre monnaie, sous réserve de déposer des obligations auprès du régulateur.
Il en résulte une prolifération de billets (jusqu’à 8370 monnaies différentes !), source de confusion mais aussi de crédit abondant pour le développement de l’Ouest.
Pendant la Guerre de Sécession, l’État fédéral crée un système de banques nationales émettant un papier-monnaie adossé aux obligations fédérales. Une taxe élimine progressivement les monnaies locales, contribuant à l’émergence d’une identité nationale.
11.3 – Paniques bancaires
Deux phénomènes sont ensuite apparus, explique l’auteur de « La véritable histoire de la monnaie » :
- Adosser la monnaie aux emprunts d’État l’a, en fait, rendu insuffisamment élastique et a provoqué des pénuries saisonnières.
- Environ tous les 10 ans, on a assisté à des paniques bancaires qui ont déclenché des ruées aux guichets et des effondrements économiques.
Aussi, en Europe, on prenait conscience qu’une banque centrale pouvait réduire ces crises en prêtant sans limite aux banques solvables. Mais les Américains, quant à eux, restaient méfiants. Ils y voyaient un danger pour la démocratie.
Si la panique de 1907, stoppée in extremis par J.P. Morgan, fit réfléchir certains, comme le sénateur Aldric, la méfiance restait forte.
11.4 – Quand un sénateur et une bande de banquiers filent en douce sur une île privée pour créer une banque centrale
L’auteur relate ici comment, en 1910, le sénateur Aldrich réunit secrètement les trois banquiers les plus influents d’Amérique et un économiste d’Harvard au service du ministre des finances sur Jekyll Island pour concevoir une banque centrale sans en avoir l’air : un réseau de « banques de réserve » contrôlées par des intérêts privés.
Mais le Congrès, méfiant, modifie leur projet : les « banques de réserve fédérale » seront supervisées par un conseil des gouverneurs nommé par le président. Malgré ses limites, cette curieuse construction hybride fournit pendant 20 ans une monnaie pratique et stable, indique Jacob Goldstein.
C’est après le krach de 1929 que la Fed contribuera à transformer un retournement conjoncturel en la pire crise du 20ème siècle.
Chapitre 12 – Où la monnaie meurt et ressuscite
Dans le chapitre 12 du livre « La véritable histoire de la monnaie », Jacob Goldstein relate la pire panique bancaire de l’histoire des États-Unis en 1933.
L’étalon-or, qui permet à chacun d’échanger ses dollars contre de l’or, devient un boulet pour la Fed menacée d’en manquer. Partout, les États ferment les banques pour stopper la ruée.
C’est dans ce contexte apocalyptique que Franklin D. Roosevelt prête serment comme président.
12.1 – Comment le manque de monnaie a provoqué la dépression des années trente
L’auteur explique qu’en l’absence de garantie des dépôts, la moindre inquiétude pouvait déclencher une ruée aux guichets fatale même aux banques saines.
La Fed, créée pour prévenir ces paniques, a d’abord bien réagi au krach de 1929 en prêtant massivement aux banques. Mais en 1931, lorsque la Grande-Bretagne décroche de l’étalon-or, la Fed, craignant de perdre son or, augmente ses taux.
Cette décision catastrophique étrangle un pays déjà à genoux. Milton Friedman et Anna Schwartz démontreront que la Fed, en appliquant strictement les règles de l’étalon-or, a transformé une récession en dépression.
12.2 – « La fin de la civilisation occidentale »
Jacob Goldstein présente ensuite Irving Fisher et George Warren, deux économistes marginaux convaincus que seule une reflation des prix peut sortir le pays de la dépression, quitte à rompre avec l’étalon-or. Warren rencontre Roosevelt juste après son investiture.
Lors de sa première conférence de presse, Roosevelt ordonne la fermeture de toutes les banques. Puis, lors d’une causerie radiophonique, il explique pédagogiquement le fonctionnement de la monnaie pour rétablir la confiance. Les gens, rassurés, rapportent leur argent aux banques qui rouvrent.
Mais Roosevelt va plus loin. Par décret, il oblige les Américains à remettre leur or à l’État sous peine de prison. Puis, stupéfiant ses conseillers attachés à l’étalon-or, il soutient un amendement lui donnant le pouvoir de modifier la valeur en or du dollar, sacrilège absolu. Un conseiller y voit « la fin de la civilisation occidentale« . Fisher, lui, est aux anges.
Cette politique empirique et iconoclaste fonctionne. Après que Roosevelt ait confisqué l’or et abandonné l’étalon-or, l’économie repart doucement. Les historiens confirmeront que l’étalon-or a enfermé les pays dans un cycle fatal, brisé lorsqu’ils l’ont abandonné.
Roosevelt a compris que l’étalon-or n’avait rien de naturel, contrairement à ce que ses adeptes proclamaient. C’était un choix, et il a osé en faire un autre, ouvrant la voie à notre conception actuelle de la monnaie.
Partie 5 | La monnaie au XXIe siècle
La 5ème et dernière partie du livre « La véritable histoire de la monnaie » met en évidence le fait que l’histoire de la monnaie est une lutte constante entre banques, États et individus pour définir les droits de chacun, comme l’illustrent les exemples de la finance parallèle, de l’euro et du bitcoin.
Chapitre 13 – Où deux types inventent une nouvelle monnaie dans un bureau
Dans le 13ème chapitre, l’auteur de « La véritable histoire de la monnaie » revient sur la crise financière de 2008. Il explique qu’au-delà des prêts hypothécaires toxiques, c’est l’émergence d’une nouvelle forme de monnaie dans un système bancaire parallèle qui a précipité et amplifié la crise.
13.1 – Deux types dans un bureau
C’est un certain Bruce Bent et son associé Harry Brown qui lancent, en 1970, le premier fonds monétaire :
« Bent a une femme, deux enfants et deux emprunts immobiliers sur le dos. Il s’est acheté une bicyclette d’occasion pour économiser le bus qui le conduit à la gare où il prend le train pour se rendre au travail, et retrouver Brown avec qui il échange des idées : « On essayait de trouver un truc pour gagner de l’argent. » Après quelques années à vivoter, Bent et Brown voient enfin le bout du tunnel.«
Leur idée : créer un fonds commun de placement qui ressemble à un compte bancaire rémunéré, en investissant dans des actifs sûrs et liquides et en maintenant une valeur stable de 1$ par part. Le succès est fulgurant. En quelques années, des centaines de milliards affluent dans ces fonds.
13.2 – Les grandes banques s’y mettent à leur tour
Pour profiter de cette manne, les grandes banques inventent le « papier commercial adossé à des actifs » (PCAA) . Celui-ci qui permet aux fonds monétaires de prêter à des entreprises plus risquées. Bent met en garde contre cette dérive, mais les fonds monétaires investissent massivement dans ces actifs.
13.3 – Le boom de la monnaie
Dopés par cet afflux massif de liquidités cherchant des placements sûrs à court terme, les fonds monétaires prêtent des sommes colossales aux banques d’investissement qui financent notamment les prêts hypothécaires. C’est cette nouvelle monnaie créée par le système bancaire parallèle qui alimente la bulle financière des années 2000.
Lorsqu’en 2006-2007 les prix immobiliers fléchissent et que les fonds monétaires réclament leur argent, le château de cartes s’effondre. Paul McCulley, économiste chez Pimco, y voit une ruée sur les guichets d’un système bancaire parallèle ou « shadow banking ».
13.4 – La finance parallèle
Ce système bancaire de l’ombre reproduit le mécanisme fondamental des banques – emprunter à court terme pour prêter à long terme – sans les garde-fous (garantie des dépôts, accès à la banque centrale). En 2007, il brasse plus d’argent que les banques traditionnelles. Sa monnaie est considérée comme de la « trésorerie ».
Lorsque la panique gagne Bear Stearns puis Lehman Brothers, la Fed doit intervenir en prêteur de dernier ressort. Même le Reserve Fund de Bent est touché : il « crève le plancher » du dollar et doit suspendre les retraits.
13.5 – Bruce Bent crève le plancher
Face à la panique, les autorités doivent admettre que la monnaie parallèle est devenue une vraie monnaie : la Fed fournit des liquidités aux fonds monétaires et le président américain actuel – George Bush – annonce leur garantie publique. Les grandes banques d’investissement deviennent des banques commerciales pour accéder au soutien de la Fed.
13.6 – La monnaie et la prochaine crise
Malgré les propositions de réguler les fonds monétaires comme des banques, le lobby du secteur a obtenu le statu quo.
En 2020, une nouvelle panique sur les fonds a contraint l’État à intervenir derechef.
Jacob Goldstein termine le chapitre 14 de « La véritable histoire de la monnaie » en nous invitant à guetter l’émergence des futures « quasi-monnaies » : lorsque tous voudront les vendre en même temps, elles déclencheront la prochaine crise.
Chapitre 14 – Où l’on crée l’euro (et pourquoi le dollar fonctionne mieux)
Dans le chapitre 14 du livre « La véritable histoire de la monnaie » , Jacob Goldstein nous explique qu’après la chute du mur de Berlin en 1989, les voisins européens, craignant la résurgence d’une Allemagne expansionniste, poussent à la création d’une monnaie unique pour arrimer le pays à l’Europe.
Malgré l’attachement des Allemands au deutsche mark, symbole de leur fierté nationale et de leur prospérité retrouvée, le chancelier Kohl accepte de l’abandonner en échange du soutien français à la réunification.
14.1 – Une expérience folle et sans filet
Les négociations sont ardues, tant les visions monétaires française et allemande divergent.
Les Allemands, hantés par l’hyperinflation des années 1920, veulent une banque centrale indépendante focalisée sur la stabilité des prix. Les Français voient la monnaie comme un outil politique.
Finalement, la nouvelle monnaie sera gérée par une banque centrale installée en Allemagne et dédiée à la lutte contre l’inflation. Mais il n’y aura pas d’État fédéral capable de redistribuer les richesses. Pöhl, le patron de la Bundesbank, avait pourtant prévenu qu’une monnaie unique ne pourrait fonctionner sans une « union politique globale« .
14.2 – L’Euro est un miracle
Le lancement de l’euro en 2002 est un succès logistique et symbolique. Les taux d’intérêt des pays « périphériques » (Espagne, Italie, Grèce…) convergent vers ceux du « cœur » (Allemagne, France…), leurs dettes étant jugées aussi sûres. Certains rattrapent même leur retard économique. L’euro semble réaliser le rêve d’une Europe unie et prospère.
14.3 – L’Euro est un traquenard
Mais en 2009, quand la Grèce avoue avoir menti sur ses déficits, la panique gagne les marchés. Les taux des pays périphériques s’envolent, les piégeant dans un cercle vicieux : pour rembourser, ils doivent couper dans les dépenses, ce qui aggrave le chômage et réduit les recettes, rendant la dette encore moins soutenable.
Avant l’euro, la banque centrale aurait pu créer de la monnaie pour faire baisser les taux et déprécier la devise, stimulant croissance et exports. Mais les pays en crise n’ont plus cette option. Ils sont coincés.
L’analyse dominante, relayée par la presse populaire allemande, blâme l’incurie des cigales du sud, épargnant les fourmis vertueuses du nord. Mais elle oublie qu’en accumulant des excédents commerciaux face à ses partenaires et en leur prêtant ensuite cet argent pour qu’ils continuent d’acheter ses produits, l’Allemagne a rendu leurs dettes possibles et nécessaires.
14.4 – « C’est ma monnaie, j’en imprime autant que je veux«
L’auteur de « La véritable histoire de la monnaie » compare ici la situation européenne à celle des États-Unis.
Comme l’Europe, les USA sont constitués d’États hétérogènes. Certains subissant des crises immobilières et bancaires comme l’Espagne ou l’Irlande en Europe. Mais le budget fédéral et les stabilisateurs automatiques amortissent les chocs sans provoquer de polémiques. Surtout, empruntant en dollar, monnaie sur laquelle ses créanciers comme la Chine n’ont aucune prise, les États-Unis gardent une totale souveraineté monétaire.
En renonçant à ce pouvoir au profit d’une BCE réticente à jouer son rôle de prêteur en dernier ressort, les pays européens se sont mis à la merci des marchés. Il faudra attendre 2012 et la promesse de Mario Draghi, économiste italien et directeur de la BCE à l’époque, de faire « tout ce qui est nécessaire » (formule qui rendit Draghi grandement célèbre) pour sauver l’euro et éteindre la spéculation :
« »Dans le cadre de son mandat, dit-il, la BCE fera tout ce qui est nécessaire pour préserver l’euro. (Silence) Et croyez-moi, ce sera suffisant. » C’était dit ! Presque aussitôt, les coûts d’emprunts de l’Espagne et de l’Italie commencent à baisser et continuent de baisser. Peu après, Draghi exécute sa promesse. La BCE annonce un nouveau programme qui l’autorise à racheter les obligations des États en cas de vente massive. En réalité, elle n’a pas eu à le faire. La seule promesse a suffi pour éteindre l’incendie. Les coûts de financement ont continué de baisser. La crise était passée.«
Un sauvetage salvateur, mais au prix d’un abandon de souveraineté démocratique.
Chapitre 15 – Où le rêve fou d’une monnaie digitale devient réalité
Jacob Goldstein débute le chapitre 15 de « La véritable histoire de la monnaie » en soulignant l’avantage unique de l’argent liquide : permettre des transactions anonymes et intraçables entre inconnus. Mais à l’ère numérique, la plupart des paiements laissent une trace dans les registres bancaires, menaçant la confidentialité des données personnelles.
15.1 – La prophétie de Chaum : cryptographie contre surveillance financière
Au début des années 1980, le chercheur en informatique David Chaum avait mis en garde contre cette dérive :
« Au début des années quatre-vingt, David Chaum, un chercheur en informatique, comprend que l’avènement des ordinateurs bon marché, puissants et connectés va provoquer un gigantesque transfert de l’argent liquide, anonyme et intraçable, à la monnaie scripturaire traçable. Très inquiet, il pense que tout le monde devrait l’être. « On jette les bases d’une société de dossiers où les ordinateurs pourraient déduire les modes de vie des individus, leurs habitudes, leurs déplacements et leurs associations à partir des données collectées lors de transactions ordinaires », écrit-il dans un article étonnement prémonitoire.«
Pionnier de la cryptographie, il invente alors un système de monnaie électronique préservant l’anonymat des utilisateurs : la banque peut vérifier la validité des paiements sans en connaître les acteurs. L’auteur écrit :
« Chaum n’est pas qu’une Cassandre hippie pestant contre la technologie. Il en a certains traits, certes : il se balade en catogan et combi Volskwagen sur le campus de Berkeley. Mais il est aussi titulaire d’un doctorat en sciences informatiques de cette même université et est un expert réputé en cryptographie (la science des codes secrets) et sécurité informatique. Après plusieurs années de recherches, il pense avoir inventé un nouveau système qui permettrait aux gens d’habiter le monde numérique sans y sacrifier la confidentialité de leurs données. Il a trouvé le moyen d’échapper à la tyrannie des registres bancaires. (…) Chaum présente une façon inédite d’habiter l’univers digital, de communiquer, de s’identifier et surtout d’acheter. Il invente la monnaie numérique.«
15.2 – La monnaie digitale et les techno-libertaires
En 1989, Chaum lance DigiCash pour concrétiser son concept. Malgré un certain engouement, son entreprise fait faillite en 1997 : les premiers acheteurs en ligne préfèrent la praticité des cartes bancaires à l’anonymat.
Mais un groupe de programmeurs libertaires, les « cypherpunks« , s’empare des idées de Chaum pour créer une monnaie numérique sans État, terreau d’un paradis anarcho-capitaliste. Leur mentor Timothy May signe en 1988 un « Manifeste crypto-anarchiste » qui appelle à utiliser la cryptographie pour saper le pouvoir étatique :
« Ingénieur et physicien, Timothy May prend sa retraite d’Intel en 1986. Il a 34 ans. Il (…) passe ses journées à se balader en bord de mer et à lire (…) de la science-fiction, de la philosophie et beaucoup de revues spécialisées. Un jour, il tombe sur l’article de Chaum : « Systèmes de transactions pour désarmer Big Brother » ; sa vie en est changée à jamais, et peut-être aussi l’histoire de la monnaie. « Voilà l’avenir », se dit-il. May est prédisposé pour être soufflé par les promesses contenues dans la monnaie digitale de Chaum. Informaticien, libertarien, fan de science-fiction, il comprend la technologie et en saisit les enjeux pour les individus ; il entrevoit le potentiel d’une profonde transformation de la société. Sa vision est encore plus révolutionnaire que celle de Chaum. Il fait alors ce qu’on fait quand on vient de découvrir un truc qui va changer le monde, qu’on n’a pas de travail et qu’on vit seul avec un chat prénommé Nietzsche : il rédige un manifeste. (…) « Le Manifeste crypto-anarchique », loufoque, grandiloquent et un peu second degré, est un appel aux extrémistes affinitaires. Curieusement, le manifeste trouve un écho. Pas immédiatement, toutefois«
15.3 – Inventer l’argent liquide digital et anonyme est sacrément difficile
Les cypherpunks s’attellent à un défi technique : celui d’empêcher la duplication à l’infini d’une monnaie numérique, sans recourir à un tiers de confiance.
Ainsi, Adam Back crée, en 1997, le « hashcash« . Avec ce concept, Back propose une solution : il introduit une forme de rareté en exigeant de la puissance de calcul pour générer la monnaie :
« La monnaie numérique de Chaum ressemblait à la monnaie fiduciaire contrôlée par une banque centrale. Celle de Back se rapproche davantage de l’or sur un point au moins : de même que toute personne qui en a la volonté et les ressources peut aller chercher de l’or, quiconque en a la volonté et les ressources peut créer du hashcash. Mais le hashcash se distingue de l’or sur un autre point essentiel, un point qui l’empêche de devenir la monnaie numérique dont rêvent les cypherpunks. Chaque empreinte de hashcash est accolée à un message unique ; elle ne peut donc être utilisée qu’une seule fois. Impossible par conséquent d’en faire une monnaie d’échange.«
Wei Dai propose alors, en 1998, d’aller plus loin avec la « b-money » : un registre décentralisé de toutes les transactions serait tenu simultanément par tous les utilisateurs. Mais il juge lui-même son système irréalisable, faute d’incitation à y participer.
15.4 – Enfin, le Bitcoin !
En 2008, un mystérieux « Satoshi Nakamoto » contacte Wei Dai.
« À l’époque, et encore aujourd’hui à l’heure où j’écris ces lignes, personne ne savait qui se cachait ou se cache encore derrière Satoshi Nakamoto, que ce soit un individu seul ou plusieurs personnes. Ce pourrait tout aussi bien être un cypherpunk vivant dans un bunker souterrain en NouvelleZélande, qu’un dirigeant de banque à Londres, une prêtresse ou un criminel, ou encore un gang complotant pour prendre le contrôle de la planète. Mais la beauté du bitcoin et son génie, c’est que la véritable identité de Satoshi Nakamoto n’a aucune espèce d’importance.«
Dans un article intitulé « Bitcoin : un système de cash électronique peer-to-peer« , il décrit une monnaie combinant les idées de Back et Dai, avec un mécanisme astucieux : les ordinateurs validant les transactions sont rémunérés… en bitcoins. Sésame de la rareté retrouvée !
Fidèle à l’esprit cypherpunk, Satoshi publie le code source du bitcoin début 2009. Il intègre dans le « bloc de genèse » un titre du Times sur le sauvetage des banques, clin d’œil à la crise financière qui vient d’ébranler la confiance dans les monnaies traditionnelles.
15.5 – Combien vaut un bitcoin ?
Pas grand-chose au début.
En 2010, un développeur distribue gratuitement des bitcoins pour populariser le système.
Un certain Laszlo Hanyecz réussit à commander deux pizzas pour 10 000 bitcoins, une transaction historique, mais qui valorise le bitcoin à trois fois rien…
15.6 – Le bitcoin devient clandé
Le cours du bitcoin décolle quand un certain Dread Pirate Roberts lance, en 2011, Silk Road, une plateforme de vente de drogues qui l’utilise comme moyen de paiement anonyme.
Après l’arrestation de son fondateur en 2013, le bitcoin suscite l’intérêt de la Silicon Valley qui y voit l’occasion de réduire les coûts de transaction.
Le cours atteint 500$ lors d’auditions mielleuses au Sénat.
15.7 – L’anarcho-capitalisme, mais sans l’anarchie : le bitcoin se normalise
Des « fermes de minage » géantes surgissent alors pour extraire des bitcoins en résolvant les problèmes cryptographiques, au prix d’une consommation électrique considérable. Toutefois, le réseau peine à monter en charge.
Un débat houleux oppose partisans de l’accessibilité et de l’utilité monétaire du bitcoin, favorables à une augmentation de la taille des blocs, et défenseurs de la décentralisation du réseau, qui s’y opposent. Cette « guerre civile » débouche sur une scission entre bitcoin et bitcoin cash.
En parallèle, des centaines d’autres cryptomonnaies voient le jour sur le modèle du bitcoin. Certaines promettent un meilleur anonymat ou encore une meilleure stabilité, mais la plupart d’entre elles finissent par disparaitre. Même Facebook et la Chine planchent sur des monnaies numériques, loin de l’idéal libertaire originel.
15.8 – Le prix du bitcoin
Malgré ces soubresauts, le cours du bitcoin s’envole jusqu’à frôler les 20 000$, avant de retomber autour de 4000$, puis de remonter. Ces variations brutales minent l’usage du bitcoin comme monnaie : difficile d’emprunter ou d’être payé dans une devise aussi instable.
Les aficionados y voient une « réserve de valeur« , mais il s’agit en réalité d’un actif spéculatif acheté dans l’espoir de le revendre plus cher, loin du rôle usuel de la monnaie.
Jacob Goldstein conclut le dernier chapitre du livre « La véritable histoire de la monnaie » en affirmant que là où les monnaies traditionnelles sont souvent devenues de la monnaie « sans qu’on s’en rende compte », le bitcoin, malgré sa conception explicite comme monnaie numérique alternative, n’y est pas encore vraiment parvenu.
Conclusion | L’avenir de la monnaie
Dans la conclusion de son livre « La véritable histoire de la monnaie », Jacob Goldstein souligne que la monnaie est, en réalité, le fruit de choix, même si celle-ci est souvent perçue comme un état de fait immuable.
Cependant, il est vrai, poursuit l’auteur, que lors de crises, d’innovations technologiques ou de changements politiques, des idées marginales et des systèmes monétaires radicalement nouveaux peuvent s’imposer.
Jacob Goldstein explore alors trois scénarios possibles pour l’avenir.
Scénario n°1 : Un monde sans argent liquide
L’auteur de « La véritable histoire de la monnaie » envisage d’abord la disparition du cash. Disparition déjà en marche avec l’essor des paiements mobiles.
Mais Jacob Goldstein observe alors que paradoxalement, malgré cette tendance, la quantité de billets en circulation augmente plus vite que l’économie, surtout en grosses coupures :
« Partout dans le monde ou presque, alors que les applis de paiements prolifèrent, il se passe un phénomène étrange. Année après année, la quantité de papier-monnaie en circulation augmente plus vite que l’économie dans son ensemble. En 2020, on comptait plus de 5 000 dollars en billets pour chaque Américain, enfants compris (sans les billets qui dorment dans les coffres des banques). Les chiffres sont identiques pour la zone euro et le Japon. Où est cet argent ? Qu’en font les gens ? Personne ne le sait ! Ce ne sont que des bouts de papier qui se promènent dans le monde. Il y a certainement des gens qui utilisent des billets de cent dollars pour des raisons parfaitement louables et légales. D’autres, dans les pays en voie de développement, conservent leur épargne en dollars ou en euros pour la protéger de monnaies peu fiables et de banques fragiles. Et puis, beaucoup, beaucoup d’autres ont recours à des montagnes de cash pour frauder le fisc et financer les trafics de drogues, d’êtres humains et de marchandises volées.«
Selon l’économiste Kenneth Rogoff, cette masse de cash alimente surtout l’économie souterraine et la criminalité. Ce dernier préconise de supprimer les grosses coupures et de remplacer les petites coupures par des pièces afin de réduire ces activités illicites et faciliter des taux d’intérêt négatifs en cas de crise.
La Suède illustre cette transition vers une société quasiment sans cash, au point que des banques refusent les dépôts d’espèces. La banque centrale suédoise réfléchit même à une e-couronne, monnaie numérique de banque centrale. Si cette évolution semble anecdotique, elle pourrait cependant réduire la confidentialité des transactions et accroître la surveillance. Mais notre système monétaire, où la monnaie scripturale domine déjà largement, n’en serait pas fondamentalement changé.
Scénario n°2 : Un monde sans banques
L’auteur présente ensuite une proposition plus radicale : mettre fin à la possibilité pour les banques de créer de la monnaie par le crédit. Des économistes aussi divers qu’Irving Fisher ou Milton Friedman ont dénoncé l’instabilité inhérente à ce système de réserves fractionnaires et plaidé pour des « réserves à 100 %« .
L’idée serait de séparer les fonctions de dépôt et de prêt. Les « entrepôts monétaires » se chargeraient des dépôts, intégralement placés à la banque centrale. Les « prêteurs » accorderaient des crédits sur fonds d’investisseurs, comme des fonds obligataires. Plus de panique bancaire ni de risque systémique, mais un pouvoir monétaire accru pour les banques centrales.
Scénario n°3 : Un monde où l’État émet de la monnaie et la distribue à quiconque a besoin d’un emploi
Enfin, l’auteur évoque la « théorie monétaire moderne » (TMM), courant hétérodoxe qui voit dans la dépense publique la source ultime de la monnaie.
Selon Warren Mosler, financier à l’origine de ces idées, un État qui émet sa propre monnaie peut dépenser sans risque de faillite. L’inflation ne surviendrait que si l’économie est déjà au plein-emploi.
La TMM inspire certains élus progressistes qui veulent garantir un emploi public pour tous. Mais peu osent assumer l’idée, impopulaire, qu’il faudrait alors augmenter les impôts si l’inflation s’emballe.
Notre système actuel, où les banquiers centraux contrôlent la monnaie sans rendre de comptes démocratiques, n’est pas gravé dans le marbre. Mais le rendre plus démocratique suppose que les citoyens se fassent confiance pour maîtriser l’inflation.
Jacob Goldstein termine son livre « La véritable histoire de la monnaie » en nous soulignant que les crises à venir, les innovations technologiques et les évolutions sociétales changeront forcément nos systèmes monétaires d’une manière qui étonnera nos descendants, comme nous-mêmes sommes étonnés par les billets privés d’antan.
Conclusion de « La véritable histoire de la monnaie | De l’âge de bronze à l’ère numérique » de Jacob Goldstein
1. Les trois points clés à retenir du livre « La véritable histoire de la monnaie »
Point clé n°1 : Un éclairage captivant sur la nature profonde de la monnaie
Dans « La véritable histoire de la monnaie« , Jacob Goldstein nous offre une perspective originale et éclairante sur cet objet si familier et pourtant si énigmatique qu’est la monnaie. En retraçant son évolution depuis les origines jusqu’à nos jours, l’auteur met en lumière le caractère fondamentalement social et conventionnel de la monnaie.
Loin d’être un simple intermédiaire des échanges apparu naturellement pour faciliter le troc, la monnaie est le fruit d’un long processus historique fait de tâtonnements, d’innovations et de rapports de forces. Des dons ritualisés des sociétés anciennes au bitcoin en passant par le papier-monnaie et l’étalon-or, Jacob Goldstein montre brillamment comment la définition de la monnaie résulte de choix collectifs qui engagent la répartition des richesses et du pouvoir au sein de la société.
Point clé n°2 : La monnaie, au cœur des grands bouleversements de l’histoire
Un des grands mérites de ce livre est de resituer l’histoire monétaire dans le contexte plus large des transformations économiques, politiques et technologiques.
Ainsi, la naissance des banques modernes au 17ème siècle, l’abandon de l’étalon-or dans les années 1930 ou l‘avènement de l’euro apparaissent comme autant de moments charnières où l’innovation monétaire a accompagné et parfois précipité des changements sociétaux majeurs.
En s’attardant sur des figures souvent méconnues comme John Law ou Irving Fisher, véritables visionnaires incompris en leur temps, Jacob Goldstein souligne aussi le rôle crucial des idées et des individus dans ces grands basculements. À travers ces destins singuliers, c’est toute une histoire intellectuelle de la monnaie qui se dessine, avec ses avancées, ses impasses et ses intenses controverses.
Point clé n°3 : Les enjeux monétaires d’aujourd’hui et de demain
Au-delà du récit historique, « La véritable histoire de la monnaie » nous invite à porter un regard neuf sur les débats monétaires contemporains.
Qu’il s’agisse de l’essor d’un système bancaire parallèle avant la crise de 2008, des difficultés de la zone euro ou des promesses et limites du bitcoin, Jacob Goldstein décrypte ces enjeux d’actualité avec la hauteur de vue que lui confère son excursion dans le passé.
Il souligne ainsi les défis posés à nos systèmes monétaires par la financiarisation, la globalisation et la révolution numérique. Mais il rappelle aussi, à travers trois scénarios prospectifs, que l’avenir de la monnaie n’est pas écrit : comme par le passé, il dépendra de nos choix collectifs, de notre capacité à imaginer des alternatives et de notre volonté de les mettre en œuvre.
2. Qu’est-ce que cette lecture va vous apporter ?
En refermant « La véritable histoire de la monnaie« , vous aurez désormais une vision plus claire et plus critique de la monnaie, cet instrument central de nos vies que l’on interroge trop rarement.
Vous comprendrez mieux les ressorts historiques et anthropologiques de la monnaie, son rôle dans les grandes transformations du passé et du présent, et les enjeux des débats monétaires actuels.
Au-delà de la monnaie elle-même, c’est alors un formidable outil pour penser l’interaction entre l’économique, le politique et le social que ce livre vous aura transmis.
3. Pourquoi lire « La véritable histoire de la monnaie »
Je recommande la lecture de « La véritable histoire de la monnaie » de Jacob Goldstein à tous ceux qui s’intéressent à l’économie, à l’histoire et plus largement au fonctionnement de nos sociétés.
Par son érudition et son sens de la narration, l’auteur réussit le tour de force de nous passionner pour un sujet a priori aride. C’est un livre éclairant et très intéressant qui, en replaçant la monnaie dans le temps long de l’histoire, en révèle la profondeur insoupçonnée.
Points forts :
- Une approche originale et érudite qui retrace bien l’évolution de la monnaie sur plusieurs millénaires et nous permet de situer l’époque actuelle et ses défis.
- La mise en lumière du caractère socialement construit et politiquement déterminé de la monnaie.
- Les portraits hauts en couleur de personnages clés de l’histoire monétaire comme John Law ou Irving Fisher.
- Le style narratif qui rend le contenu captivant et plus accessible.
Points faibles :
- Certains concepts économiques complexes peuvent être ardus à saisir pour un public non initié.
- Le livre se concentre sur l’Occident et n’aborde qu’à la marge l’histoire monétaire d’autres aires culturelles.
Ma note :
★★★★★
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