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Préface au Personal MBA

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Après la préface au livre « l’Art d’aller à l’essentiel », cette fois-ci c’est pour le livre “Le Personal MBA”, sorti il y a peu dans toutes les bonnes librairies, que les Editions Leduc m’ont fait l’honneur de me demander d’écrire la préface.

C’est avec un grand plaisir que j’ai écrit cette préface, étant donné à quel point le Personal MBA (la liste de livres) m’a influencé et a été à l’origine de ce blog comme je l’explique dans Mon projet fou : lire 52 des meilleurs livres de business en 52 semaines, et publier ici un résumé par semaine.

C’est aussi une occasion de remercier Josh Kaufman pour ce qu’il m’a apporté, d’une autre manière que lorsque je lui ai fait un gros câlin lors de notre rencontre 😉 , et c’est surtout l’occasion de parler d’un problème qui touche beaucoup trop d’entrepreneurs :

Préface au Personal MBA

Les créateurs d’entreprise sont nombreux en France.

Jugez plutôt : en 2008, 331 736 entreprises ont été créées[1]. Un chiffre en augmentation, car il n’y avait eu qu’un peu plus de deux cent mille créations en 2000.

Et ce n’est pas tout. En 2009, ce sont 580 193 entreprises qui ont été créées, une augmentation très importante induite par la création du statut de l’autoentrepreneur, qui a représenté – et représente toujours au moment où j’écris ces lignes, en 2013 – plus de la moitié des créations d’entreprises.

Formidable n’est-ce pas ? Dans un pays où l’on dénonce souvent le manque d’esprit entreprenarial, qui vit depuis plus d’une décennie un « exode des entrepreneurs » vers l’étranger de plus en plus important[2], voilà de quoi nous rassurer, et redorer un peu le blason de la France qui souffre d’un déficit d’image grandissant dans l’esprit des entrepreneurs et investisseurs étrangers[3], n’est-ce pas ?

Peut-être. Mais si nous examinons les chiffres plus en détails, un problème saute aux yeux. En 2012, l’INSEE a fait le constat que seulement un quart des autoentrepreneurs a réussi à dégager un revenu continu ; et qu’en moyenne, seulement 10% d’entre eux ont gagné plus que le SMIC.

Aïe. D’autant plus que l’INSEE renchérit et indique que le revenu moyen d’un autoentrepreneur est de 4300 euros… sur une année.

À quoi sont dues ces faibles performances ? À la facilité de la création de l’autoentreprise, au fait qu’aucune charge n’est due s’il n’y a pas de revenus, encourageant la création même si aucun projet solide n’existe derrière ? Au fait que ce statut est également largement utilisé pour une activité d’appoint, sans aucune intention d’en faire une entreprise à part entière ?

Cela compte sans doute pour beaucoup.

Mais ce ne sont pas les seuls facteurs. Ainsi dans le même rapport, l’INSEE indique à titre de comparaison que le revenu moyen des autres créateurs d’entreprise est de 14 100 euros… par an également, soit un chiffre légèrement supérieur au SMIC.

Les statistiques de l’INSEE pour 2012 montrent d’ailleurs que deux tiers des entreprises existantes en France n’ont absolument aucun salarié à part le créateur, un chiffre qui reste stable d’une année à l’autre.

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14 100 euros de revenu annuel, deux tiers des entreprises qui n’ont aucun salarié… À la vue de ces chiffres, nous pouvons nous demander s’il n’y a pas un problème bien plus large que l’entreprenariat envisagé simplement comme activité secondaire…

Je pense que le problème principal est, malheureusement et contrairement à une croyance répandue ; qu’il ne suffit pas de créer une entreprise pour devenir un entrepreneur.

Michael Gerber dans son livre « The E-myth » qui s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires aux États-Unis ; mais est malheureusement quasi-inconnu chez nous décrit très bien ce qu’il appelle le « mythe de l’entrepreneur » ; que l’on peut résumer ainsi : la plupart des créateurs partent de leurs compétences techniques pour créer une entreprise, et/ou de leurs passions.

En soi ce n’est pas un problème ; sauf que dans la très grande majorité des cas cela conduit tout droit à un problème énorme que les créateurs ne voient pas.

Souvent ils créent ainsi une entreprise pour accomplir seuls le métier qu’ils font depuis des années en tant que salariés. Ils s’imaginent que cela va leur permettre d’accéder à plus de liberté et d’indépendance, à ne plus avoir à travailler pour quelqu’un d’autre.

C’est certainement vrai, mais c’est juste une partie de l’équation.

En fait beaucoup d’entre eux finissent pas se créer une prison dont ils ne peuvent s’échapper ; travaillant d’arrache-pied pour un salaire de misère.

Et cela évidemment uniquement si leur entreprise fonctionne suffisamment bien.

Ils n’ont certes plus de patron pour leur dire quoi faire, mais ils sont soumis à deux autres dictatures : celle des clients et celle de leur entreprise.

En fait, alors que beaucoup s’imaginait que leur entreprise allait être au service de leur vie, c’est leur vie qui est au service de leur entreprise. Elle devient un bébé monstrueux ; exigeant de plus en plus d’heures et d’énergie ; créant chez leur créateur un déséquilibre incroyablement intense entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle. Provoquant parfois des conflits familiaux, des ruptures, un parent absent pour ses enfants…

J’en parle en connaissance de cause, car c’est exactement ce que j’ai vécu (les enfants mis à part). J’ai créé ma première entreprise à 19 ans en partant de ma passion pour l’informatique, pour m’échapper du système et devenir libre, et en un sens j’ai réussi, seulement pour me rendre compte que j’étais devenu prisonnier d’un autre système, celui-là même que j’avais construit : mon entreprise.

Je travaillais 60 à 70 heures par semaine pour un salaire horaire équivalent à celui d’une femme de ménage : une pauvre rémunération si l’on prend en compte le risque associé à la création d’entreprise et le fait qu’un gérant d’entreprise n’a pas le droit au chômage en France. J’avais un déséquilibre très fort entre ma vie personnelle et ma vie professionnelle, et si cela n’a pas été un problème lors des deux premières années pendant lesquelles j’étais « tout feu tout flamme », cela s’est ensuite vite révélé pesant.

J’ai erré pendant des années à chercher une solution. Mais comment aurai-je pu la trouver, alors que je ne comprenais même pas le problème ?

J’ai fini par trouver la cause de ce problème, qui est tout simplement qu’être bon techniquement dans un domaine ne fait pas automatiquement de nous de bons entrepreneurs.

Gérer et développer une entreprise requiert de nombreuses compétences, comme la capacité de trouver des prospects par la publicité, le relationnel, etc., de les convaincre d’acheter notre produit ou service, de fidéliser nos clients, la gestion financière, le recrutement, le management, la gestion de systèmes, etc.

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Le problème est que la plupart des créateurs d’entreprises sont très insuffisamment formés à tous ces aspects (sans compter les employés et autres cadres qui veulent grimper les échelons). Ils se contentent donc de faire leur métier de base, sans se rendre compte qu’être chef d’entreprise est également un métier à part entière.

A ce problème d’éducation se rajoute le fait que le créateur d’une très petite entreprise est bien davantage un homme-orchestre ; à la fois au four et au moulin tout en jouant de multiples instruments, qu’un chef d’orchestre qui s’assure que tous les musiciens jouent en parfaite harmonie comme peuvent l’être les dirigeants d’entreprises plus grandes et plus structurées. Et c’est comme s’il était un homme-orchestre qui maîtrise bien peu tous les instruments dont il joue…

S’il y a bien quelque chose à retenir, c’est bien cela. Créer une entreprise ne fait pas automatiquement de nous de bons dirigeants. Pour le devenir, la première étape est de se former pour dépasser notre « simple » compétence technique et acquérir les compétences de base de gestion d’une entreprise.

Pour cela, nul besoin de dépenser des fortunes et de passer des années sur les bancs d’écoles prestigieuses. Vous avez besoin d’un savoir pratique, facilement compréhensible et immédiatement applicable dans votre entreprise ; plutôt que de théories ayant peu d’application dans le monde des TPE.

Cela fait 13 ans que je suis entrepreneur. Et ma principale source pour me former sur tous ces concepts-clés du business ; et bien d’autres de ma vie personnelle – est les livres.

Mais pas n’importe quels livres. Des excellents livres.

C’est sur cette idée que lire quelques dizaines des meilleurs livres de business au monde remplace avantageusement un MBA – un diplôme prestigieux demandant 1 à 2 ans de votre vie et pouvant coûter jusqu’à 100 000 dollars – émise à l’origine par le célèbre auteur américain Seth Godin, que Josh Kaufman a créé le Personal MBA.

Ce qui était au début une liste de quelques dizaines de livres est au moment où j’écris ces lignes une liste de 99 livres dans 24 catégories différentes, aussi variées que la création d’entreprise, la création de valeur, le marketing, la vente, la productivité personnelle, la comptabilité, etc.

Quand j’ai découvert le Personal MBA, que je me suis lancé le défi fou d’en lire un livre par semaine pendant 52 semaines, d’en publier le résumé sur mon blog Des Livres Pour Changer de Vie et d’appliquer ce que j’apprenais dans ma première entreprise, cela a changé ma vie.

Ma première entreprise a réalisé un maximum de 230 000 euros de CA lors de sa meilleure année, avec 2 salariés et alors que je travaillais entre 60 et 70 heures par semaine. Quatre ans après avoir découvert le Personal MBA, ma deuxième entreprise réalisait environ 460 000 euros de CA lors de sa première année, avec zéro employé et surtout en me laissant un temps libre incroyable, qui m’a permis et me permet encore de voyager partout dans le monde puisque cette deuxième entreprise peut être entièrement gérée sur Internet, depuis un ordinateur portable… quelque chose que je n’aurai jamais pu créer si je n’avais pas découvert tous ces concepts avec le Personal MBA… et travaillé dur pour les implémenter.

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Le Personal MBA est une excellente ressource et même presque incroyable pour tout entrepreneur, cadre et employé, mais évidemment, lire 99 livres ne se fait pas un jour, sans compter qu’environ deux tiers d’entre eux n’ont pas été traduits en français…

C’est pour cela que quand Josh Kaufman a déclaré travailler sur un livre qui résumerait en quelques centaines de pages l’essentiel de ce que doit savoir un dirigeant ou un cadre d’entreprise pour réussir j’ai crié « génial ! » tout seul devant mon ordinateur, attendant impatiemment la sortie du livre.

J’ai eu la chance de rencontrer Josh aux États-Unis un peu avant la sortie de son livre et il m’a offert un exemplaire de prépublication, que je me suis empressé de dévorer, anxieux à l’idée de savoir si le livre allait être à la hauteur de mes attentes.

Heureusement, malgré quelques réserves ici et là – nul n’est parfait – je me rendis à l’évidence : le livre Personal MBA présente un excellent panorama des concepts-clés nécessaires pour comprendre le business, que l’on soit créateur, dirigeant, cadre ou employé. Si j’avais lu ce livre pendant que je créais ma première entreprise, bien des choses auraient été différentes…

Il présente d’une manière simple et didactique une centaine de concepts-clés répartis dans douze catégories et donne donc assez rapidement le socle qui fait défaut à tant de créateurs d’entreprise et employés : un solide résumé des connaissances à connaître et comprendre pour faire d’eux de véritables hommes d’affaires.

C’est-à-dire, des hommes d’affaires travaillant sur le business et non pas dans le business.

Si vous ne voyez pas quelle est la différence entre les deux c’est sans doute un bon signe ; que vous devez lire le livre que vous avez la bonne idée de tenir entre les mains d’urgence ;).

Dans cette préface je me suis focalisé sur le créateur et le dirigeant d’entreprise, mais le Personal MBA est aussi un indispensable pour tout cadre ou employé qui voudrait mieux comprendre les rouages du business pour mieux gravir les échelons de son entreprise. Il se lit rapidement et remplace avantageusement nombre de formations internes ou externes qu’il est parfois difficile de faire financer par l’entreprise…
Bonne lecture, et surtout n’oubliez pas que le gouffre entre l’ignorance et la connaissance est bien moindre que celui entre la connaissance et l’action : à la fin de chaque section retenez un concept et travaillez dur pour l’implémenter dans votre entreprise. Ce n’est que comme cela que vous transformerez les connaissances acquises dans ce livre en réelles compétences qui vous serviront tout le reste de votre vie.

Olivier Roland
Créateur de Des Livres Pour Changer de Vie
https://des-livres-pour-changer-de-vie.com//


[1] Chiffres donnés par l’APCE

[2] Ainsi en 2000 dans le rapport « La fuite des cerveaux : mythe ou réalité ? » le sénat s’inquiétait déjà du nombre sans cesse croissant de jeunes et moins jeunes chercheurs, travailleurs et entrepreneurs qui quittaient la France, notamment pour les Etats-Unis

[3] Jean-David Chamboredon, initiateur du mouvement des pigeons, déclarait ainsi dans le Figaro en mai 2013 : « La réputation que la France a sur [l’entreprenariat et l’investissement] est malheureusement déplorable. Il faudra du temps pour la corriger.»

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14 commentaires
  1. Toutes mes félicitations Olivier! Tu fais la préface d’une
    grande référence qui s’ouvre aujourd’hui au marché francophone!
    Raphaël

  2. merci olivier,

    effectivement il est sorti hier, mais amazon annonce 2 a 6 mois de delai de livraison…

    et pas de Kindle… ;(

  3. bonjour,

    t’es serieux pour la version Kindle ?
    je suis pret a attendre 15 jours…

    Car n’habitant pas en France la livraison par amazon est super cher (sans oublier les taxes d’import)…

  4. Bonjour à tous,
    J’ai acheté ce livre dès qu’il est sorti et j’ai presque fini de le livre et je le trouve plein d’enseignement pour la vie de tous les jours. J’en suis pleinement satisfait. En effet, c’est exactement le type de livre à avoir en permanence à côté de soi et de si référer dès qu’on a une baisse de régime.
    Merci pour cette lecture très riche.

  5. bonjour,

    j’attendais ce livre avec impatience , mais quelle déception ! la majorité des idées et concepts du livres peuvent être étudiés en lisant les synthèses des ouvrages lus par olivier Roland .je suis un passionné du site d’olivier et je dévore chaque résumé dés sa publication ; ceci expliquant peut-être ma déception pour ce livre.

    longue vie au site des livres pour changer de vie et merci à Olivier de nous ouvrir de nouvelles perspectives.

    ps: je vous recommande « la semaine de 4 heures » de tim ferris et « GTD s’organiser pour réussir » de david allen.

  6. Hello Olivier.
    J’ai acheté la version electronique du livre hier soir et je puis te dire qu’en tant qu’entrepreneur asservi par son travail (en non le contraire malheureusement), je decouvre tout un monde de connaissance que j’aurais voulu connaitre avant de me lancer. Les notions abordées paraissent evidentes lorsqu’on les lit, mais pourtant on se rend compte du nombre d’erreur qu’on comment au quotidien.
    Livre à lire absolument!

  7. Bonjour Olivier,
    Je tiens aussi à te féliciter pour la préface… et dois avouer que c’est légitime, car c’est grâce à toi que j’ai découvert ce monde passionnant derrière le PersonalMBA et depuis je n’arrête pas d’apprendre.
    grand merci à toi.
    Gisk

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