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Devenez meilleur négociateur que vos enfants

Devenez négociateur que vos enfants Laurent Combalbert

Résumé de « Devenez meilleur négociateur que vos enfants » : Dans cet ouvrage, Laurent Combalbert, un négociateur d’expérience au sein du RAID, établit une analogie surprenante entre ses négociations professionnelles complexes et les défis quotidiens pour négocier avec ses quatre enfants, révélant comment les techniques de négociation peuvent être adroitement appliquées à la parentalité, transformant ainsi chaque interaction familiale en une opportunité d’apprentissage mutuel et de compréhension.

Par Laurent Combalbert, 2014, 200 pages.

Note : Cette chronique est une chronique invitée écrite par Bertrand du blog Captain Papa.

Chronique et résumé de “ Devenez meilleur négociateur que vos enfants”

Chapitre 1 : Pourquoi nos négociations avec les enfants sont-elles si complexes ?

Le premier chapitre examine les subtilités de la négociation avec les enfants, révélant les différences de pensée entre enfants et adultes et l’impact des émotions dans la communication parent-enfant, crucial pour affiner les stratégies de négociation familiale

Pourquoi négocions-nous avec nos enfants ?

Au fil des générations, le contexte familial a évolué d’une structure autocratique vers une approche plus démocratique. Désormais, la négociation devient un outil quotidien. L’auteur explore ainsi différentes situations conflictuelles : le conflit permanent, le passage en force, la soumission, le pourrissement, la négociation. Ces scénarios démontrent la complexité et la nécessité de négocier de façon réfléchie entre parents et enfants. Car seule la négociation équilibrée permet de parvenir à un accord mutuellement satisfaisant malgré les divergences de buts.

Quand affection et émotions rendent les négociations difficiles

Concrètement, l’affection profonde des parents pour leurs enfants peut parfois entraver une négociation efficace. Combalbert rappelle que les émotions fortes, telles que l’amour et l’attachement, ont tendance à altérer la capacité à négocier de manière objective. Comprendre et gérer ces émotions est donc crucial pour maintenir un équilibre entre l’affect et la raison, et pour garantir une négociation efficace qui ne perd pas de vue l’objectif éducatif de la relation parent-enfant.

La relation, à quoi ça sert ?

La qualité de la relation entre parent et enfant est un pilier central de la négociation.  C’est l’une des idées maitresses de l’ouvrage. Une relation solide facilite l’établissement d’un dialogue constructif, mais une relation mal définie peut conduire à des erreurs dans la négociation. Pour développer cette relation, l’article « Ralentir pour gagner du temps de qualité avec vos enfants » peut vous apporter des pistes intéressantes pour créer du lien avec vos enfants. 
En fait, l’équilibre entre l’affection et la raison est essentiel pour avoir la garantie que négocier avec vos enfants ne se résume pas seulement à un échange affectif, mais aussi à un moyen d’atteindre des objectifs éducatifs concrets. Car, comme le rappelle l’auteur, négocier, c’est vouloir atteindre un objectif. Cet objectif doit être clairement défini tout en restant ferme sur les points non négociables.

Parfois, il peut être d’ailleurs malin et intéressant de négocier avec vos enfants sur la forme plutôt que sur le fond qui doit rester non négociable. Par exemple, si le fond est « tu dois ranger ta chambre », vous pourriez proposer « tu peux ranger ta chambre avant d’aller jouer ou après avoir pris ta douche » en jouant sur la forme.

Négocier pour éduquer vos enfants.

Pour l’auteur, négocier est également une composante essentielle de l’éducation. La négociation va au-delà de la simple transmission de connaissances, en aidant les enfants à comprendre la différence entre les aspects négociables et non négociables de la vie. Cependant, cette approche comporte des dangers comme la possibilité que les enfants perçoivent tout comme étant négociable. Il met l’accent sur la nécessité d’une préparation minutieuse avant de négocier avec vos enfants selon le processus suivant :

  1. Respirer plusieurs fois pour poser votre souffle.
  2. Se rappeler notre objectif.
  3. Récapituler les arguments à utiliser.
  4. Anticiper les arguments que votre enfant va utiliser.
  5. Se rappeler qu’un bon négociateur est celui qui sait avant tout écouter.
  6. Se remémorer les techniques d’écoute efficace.
  7. Respirer en profondeur avant de commencer.
  8. Y aller
négocier avec son enfant

Chapitre 2 : Pouvoir de Négocier ou Autorité de Négocier ?

Avez-vous du pouvoir ou de l’autorité ?

La distinction entre le pouvoir et l’autorité est essentielle dans les négociations avec les enfants. Historiquement, l’autorité familiale a évolué d’un modèle autocratique vers une démocratie où l’enfant est reconnu comme un individu autonome. Aujourd’hui, les parents doivent trouver un équilibre entre l’utilisation du pouvoir, qui implique souvent une certaine force ou statut, et l’exercice de l’autorité, qui repose sur le respect et la personnalité. Cet équilibre est crucial pour établir une autorité parentale qui est à la fois ferme et à l’écoute, permettant de développer et de protéger l’enfant tout en respectant son autonomie

Quels sont vos pouvoirs de négociations ?

Les parents disposent de différents types de pouvoirs dans la négociation avec leurs enfants. Le pouvoir institutionnel est lié à leur rôle et position dans la hiérarchie familiale, tandis que le pouvoir situationnel découle de circonstances particulières qui donnent un avantage temporaire. Le pouvoir personnel est fondé sur les qualités individuelles et l’expertise des parents, et le pouvoir relationnel est construit sur la confiance et le respect développés au sein de la relation parent-enfant. Utiliser ces pouvoirs de manière équilibrée est essentiel pour mener des négociations efficaces et respectueuses qui respectent les besoins et l’individualité de l’enfant.

Chapitre 3 : Les Acteurs de la Négociation 

La négociation entre parents et enfants est influencée par divers acteurs comme les grands-parents ou les camarades, et peut être complexifiée par des situations : famille monoparentale, famille recomposée, enfant unique ou fratrie.

Les parents

Les pères sont souvent perçus comme moins disposés à négocier avec les enfants que les mères. Une co-parentalité efficace dépend toutefois d’une collaboration étroite entre les parents, avec un partage des responsabilités et des valeurs communes. Ils doivent afficher une unité pour éviter d’être manipulés par les enfants. Dans les familles monoparentales, le parent doit négocier seul, en naviguant parfois avec des règles divergentes de l’ex-partenaire. Dans les familles recomposées, les beaux-parents cherchent un équilibre entre leur rôle et la création de liens de confiance. En somme, une bonne négociation familiale repose sur l’adaptation aux rôles parentaux, l’évolution des structures familiales et une communication respectueuse.

Les enfants 

La capacité naturelle des enfants à négocier peut poser des défis aux parents. Un enfant unique peut avoir une dynamique de négociation spéciale en raison de l’attention exclusive reçue.  Dans les fratries, les enfants peuvent former une unité pour négocier avec leurs parents, qui doivent alors faire preuve de justice et prendre en compte l’individualité de chacun. Les relations parent-enfant nécessitent de l’empathie pour une communication sans malentendus. Ainsi, la négociation parent-enfant dépend fortement de la structure familiale et requiert des parents un équilibre entre justice et compréhension.

présence grands-parents

Les grands parents

La présence accrue des grands-parents dans l’éducation influence les négociations au sein des familles. Leur rôle tend à être plus complice et moins strict que celui des parents. Cependant, il est essentiel de maintenir l’autorité parentale et d’assurer que les grands-parents ne sapent pas cette autorité en présence des enfants. Un accord sur les limites à respecter, incluant la sécurité et la confiance, doit être établi pour que les enfants comprennent l’importance des décisions parentales, malgré les libertés qu’ils peuvent expérimenter chez leurs grands-parents.

Les amis

Les camarades de classe et les amis de la famille peuvent aussi influencer positivement ou négativement les négociations entre parents et enfants. Les premiers sont essentiels pour l’apprentissage de l’autonomie et des techniques de négociation par les enfants, qui ont tendance à se comparer à eux, incitant les parents à expliciter les règles et valeurs propres à leur foyer. Les seconds peuvent introduire des dynamiques de négociation différentes lors des temps de loisirs, tout en ayant la capacité de renforcer les valeurs familiales à travers leur comportement exemplaire.

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Chapitre 4 : Le Cadre de la Négociation Parents-Enfants 

Clarifier le cadre de la négociation

Mettre en place un cadre pour négocier avec vos enfants est crucial car il établit une base commune pour la discussion. L’auteur recommande l’utilisation du référentiel PACIFICAT, qu’il a lui-même créé pour l’aider dans les négociations complexes en posant des questions clés pour la planification, la conduite et la conclusion d’une négociation.

Les voici :

  • Pouvoirs en négociation : se demander quels pouvoirs peuvent être utilisés dans la situation.
  • Analyse du contexte : regarder les enjeux, les objectifs, et ce que chacun peut apporter.
  • Cartographier les acteurs : Qui a de l’influence dans cette négociation ?
  • Identifier la stratégie : Déterminer ce qui est négociable et ce qui ne l’est pas.
  • Former l’équipe : sur qui compter pour négocier ?
  • Influencer : Maintenir une bonne relation tout au long au de la négociation.
  • Clôturer : Prendre des décisions et les faire accepter.
  • Apprendre de l’expérience : Qu’est-ce qu’on garde de bon et qu’est-ce qu’on évite pour la prochaine fois ?
  • Transmettre le savoir : Comment utiliser cette expérience pour les futures négos ?

Ces questions couvrent ainsi les pouvoirs en jeu, l’analyse du contexte, la cartographie des acteurs, la stratégie de négociation, la formation de l’équipe, l’influence, la conclusion et l’apprentissage de l’expérience.

Avant de négocier avec des enfants, il est en outre crucial de :

  • Comprendre que chacun a sa propre vision du monde, contrôlée par les parents, et influencée par l’extérieur.
  • Différencier clairement ce qui est négociable de ce qui ne l’est pas, en tenant compte de l’âge, de la maturité et du comportement de l’enfant, ainsi que du contexte. Les sujets considérés comme « jamais-négociables », qui reposent sur les valeurs et la culture familiales, doivent être explicitement communiqués et expliqués aux enfants.
  • Maintenir de manière claire, constante et cohérente sur le long terme, la distinction entre le négociable et le non négociable. Cette responsabilité incombe aux parents, mais également aux grands-parents et aux autres adultes influents dans la vie de l’enfant.
poser cadre de négociation

Inventer ensemble un processus de négociation

Une fois le cadre défini, il faut convenir d’un terrain commun, où des règles acceptées par tous guident la négociation. Afin de résoudre les divergences, l’auteur propose d’abord le processus suivant en 3 étapes :

  • Avant l’émergence du problème : Instaurer une discussion ouverte et claire sur le problème potentiel, exposer objectivement les positions, et chercher une solution mutuellement acceptable tout en respectant les opinions de chacun.
  • Quand le problème est déjà présent : Éviter la violence verbale, prendre une pause pour discuter calmement, et travailler ensemble pour trouver une solution.
  • Après la négociation : Mettre en œuvre la solution convenue. Si aucune solution n’est trouvée, les parents doivent prendre une décision et l’appliquer.

Ensuite, il est essentiel pour les parents de comprendre les véritables souhaits de l’enfant. Un effort est parfois nécessaire pour déchiffrer les souhaits réels de leurs enfants, qui peuvent être masqués par des demandes ambiguës. D’ailleurs, il est parfois difficile de garder son calme face au comportement de notre enfant que nous ne comprenons pas.

Puis, l’auteur définit les règles essentielles pour négocier avec les enfants qui impliquent de construire la confiance par l’honnêteté, d’écouter activement pour une compréhension mutuelle, de respecter les décisions prises pour préserver la fiabilité du processus, et de faire preuve de créativité pour trouver des solutions innovantes

Enfin, l’auteur rappelle qu’il est important d’éviter les comportements à risque tels que le bluff, les menaces, les ultimatums et les mensonges, qui peuvent tous nuire à la confiance et à l’efficacité de la négociation. En outre, les enfants doivent être informés qu’il existe des sanctions, clairement définies, en cas de non-respect de règles

Enfin, la négociation parent-enfant doit être guidée par des principes de clarté, d’équité et de respect mutuel. En appliquant ces règles et principes, les parents peuvent naviguer efficacement dans le processus de négociation, tout en développant la capacité à négocier chez leurs enfants et en renforçant leur relation avec ces derniers.

Chapitre 5 : La Relation, Arme de Pacification Massive 

La relation, ingrédients de base pour négocier avec nos enfants

Faisant écho au premier chapitre, l’auteur met à nouveau en lumière la relation comme fondement de la négociation, en stipulant qu’elle est précurseur de la communication et, par extension, de la négociation. Une relation saine peut faciliter la résolution de conflits et la communication efficace.

En effet, la qualité des interactions parent-enfant détermine le succès des négociations. L’école de Palo Alto souligne l’importance de la symétrie pour l’équilibre et la responsabilisation, tandis que les dynamiques complémentaires se fondent sur un rapport hiérarchique. L’Analyse Transactionnelle (AT) d’Éric Berne présente trois états du Moi — « Enfant », « Parent » et « Adulte » — qui interagissent différemment au cours de la négociation. Un parent peut imposer des règles depuis l’état « Parent » alors que l’enfant, depuis l’état « Enfant », réagit émotionnellement. Une négociation équilibrée requiert souvent un état « Adulte » des deux côtés pour des décisions objectives.

développer interaction parents-enfants

L’auteur détaille ensuite les différents types d’interaction parents-enfants selon qu’elles sont à l’initiative des uns ou des autres :

  • À l’initiative des parents :
    • La manière douce : On repère un souci et on propose calmement d’en parler, en restant objectif.
    • La manière forte : Là, on est plus direct et ferme, surtout pour rappeler une règle ou aborder des sujets où il n’y a pas de débat.
    • L’attentisme : On attend que ce soit l’enfant qui vienne vers nous pour poser des questions ou demander des conseils.
    • L’entrée libre : On se glisse dans une discussion déjà en cours, en jouant le rôle de médiateur pour aider à trouver un compromis sans conflit.
    • Les entrées consécutives : C’est un jeu d’équipe entre les parents. Un commence la discussion, et l’autre arrive après pour appuyer ou trancher, en choisissant bien son moment pour intervenir.
  • À l’initiative des enfants :
    • La sollicitation : C’est quand l’enfant vient directement nous voir pour nous parler d’un truc, comme vouloir jouer dehors. Il est clair et direct sur ce qu’il veut.
    • La provocation : Parfois, l’enfant cherche à attirer notre attention en faisant quelque chose de fort, comme claquer une porte ou crier. Ça peut être volontaire ou pas, mais cela demande une réponse de notre part.
    • L’approche indirecte : Ici, l’enfant n’aborde pas directement le problème. Il peut montrer des signes comme soupirer ou rester silencieux, ce qui demande qu’on soit attentif pour comprendre ce qui se passe.

En conclusion, comprendre et appliquer les modèles de relation et de communication appropriés est clé pour négocier de façon fructueuse avec les enfants, et cela demande une capacité à reconnaître et à s’adapter aux différentes méthodes d’interaction selon l’initiative des parents ou des enfants.

Maintenir la relation dans la durée

L’interaction entre deux personnes crée une dynamique de communication qui nécessite un équilibre pour être maintenue, particulièrement dans le cadre de la relation parent-enfant. Cette relation est circulaire et peut être perturbée par des comportements qui menacent la connexion. Pour préserver l’échange :

  • Il est essentiel de convaincre l’enfant de la possibilité de négocier.
  • La méfiance doit être dissipée par des arguments objectifs.
  • Les réactions inappropriées des parents, souvent dues à des malentendus, doivent être corrigées.
  • Instaurer la confiance est crucial, et cela peut être fait en assurant la confidentialité.
  • Face au mensonge, il est important de souligner ses effets délétères sur la relation.
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Par ailleurs, des interruptions temporaires dans la communication peuvent être salutaires, permettant de calmer les tensions ou de réévaluer la situation. Ces pauses doivent être bien gérées, en respectant le besoin de l’enfant de prendre du recul et en réaffirmant le désir de compréhension mutuelle. Lorsque les parents proposent une pause, ils doivent en justifier les raisons et préciser les conditions de reprise. L’équilibre et l’authenticité sont indispensables à des interactions fructueuses, tout comme une écoute attentive.

Chapitre 6 : Écouter Pour Négocier avec vos enfants

Faire preuve d’empathie

L’auteur met en exergue le rôle central de l’empathie et de l’écoute active dans la communication entre parents et enfants, soulignant que ces compétences sont clés pour des négociations réussies. L’empathie, différente de la sympathie, permet aux parents de ressentir véritablement les émotions de l’enfant, renforçant ainsi la connexion et la compréhension mutuelles. Elle ne doit cependant pas être confondue avec la faiblesse, mais plutôt vue comme un équilibre entre les émotions et la rationalité. La manifestation adéquate des émotions pendant la négociation enrichit la relation.

L’intelligence émotionnelle joue un rôle primordial dans la gestion des émotions au cours des négociations, aidant à maintenir une interaction authentique et fiable. Les parents doivent être capables d’identifier et de nommer les émotions, de reconnaître leurs déclencheurs et de comprendre comment les gérer de manière constructive, tout en enseignant à l’enfant l’expression appropriée de ses sentiments. Il est essentiel de ne pas dissimuler ses émotions afin de préserver la confiance dans la relation.

Cependant, un trop-plein d’émotion peut mener à une implication excessive, où l’objectivité est perdue, se rapprochant de la contagion émotionnelle où l’on prend sur soi les émotions de l’autre sans maintenir une distance critique. Il est conseillé d’impliquer l’autre parent ou de prendre une pause pour éviter ce piège et revenir à une négociation calme et ciblée.

Écouter, mais écouter vraiment

L’apprentissage de la parole est intégré dès l’enfance, mais l’écoute, souvent négligée, doit devenir un objectif conscient à l’âge adulte. Une écoute véritable va au-delà de la simple réception d’informations ; elle implique une ouverture d’esprit et une disponibilité sans préjugés. Considérée comme un art, cette écoute requiert une concentration et une disposition qui peuvent être développées avec le temps.

L’écoute active est présentée comme un pilier de la communication personnelle, essentielle pour établir une relation interpersonnelle solide et efficace. Elle prépare le terrain pour des négociations fructueuses, en s’appuyant sur des techniques comme la paraphrase, la reformulation, les encouragements, l’identification des émotions, le recentrage, les messages « je », et l’utilisation des silences. Ces méthodes aident les parents à comprendre et à répondre aux besoins de leurs enfants, en renforçant la confiance et l’empathie, éléments nécessaires pour bien négocier avec leurs enfants.

Cependant, des obstacles à cette écoute active, les « attitudes de Porter », peuvent entraver la communication. L’investigation peut sembler inquisitrice, l’évaluation peut interrompre la confiance, la suggestion peut limiter l’autonomie de l’enfant, le soutien peut simplifier outre mesure le problème, et l’interprétation peut induire des malentendus. Il est donc recommandé de les utiliser avec prudence et de privilégier une approche qui encourage l’enfant à s’exprimer et à participer activement à la résolution de problèmes.

En somme, l’auteur met l’accent sur l’importance de développer une écoute authentique et de résister à l’impulsion d’imposer prématurément des solutions, permettant ainsi une communication plus ouverte et respectueuse avec les enfants.

Chapitre 7 – Négocier à tous les âges de l’enfant 

Les premières négociations : histoires sans paroles

La négociation entre parents et enfants ne repose pas uniquement sur les mots ; elle englobe aussi de puissantes formes de communication non verbales. Les enfants, avant même de savoir parler, utilisent des expressions faciales, des sourires et des regards pour communiquer leurs besoins et désirs. Ces signaux non verbaux, qui constituent la majorité de la communication interpersonnelle, sont essentiels pour établir des limites et renforcer la relation à l’autorité.

En outre, la voix humaine, avec ses nuances de prosodie telles que le ton, le rythme et le volume, est un outil clé de communication, surtout avec les jeunes enfants qui ne saisissent pas encore le langage verbal. L’alignement entre l’intention et l’expression para-verbale est vital pour éviter les incohérences qui pourraient confondre l’enfant.

Cependant, la communication non verbale peut être sujette à des malentendus, car souvent, les adultes voient ce qu’ils veulent ou s’attendent à voir. Il est donc crucial de faire appel à l’intuition et à la sensibilité parentales pour interpréter correctement les messages non verbaux des enfants et éviter les confusions.

 « Mon Dieu, mais tu parles ! »

La compréhension des mots est fondamentale dans la communication parent-enfant. Les enfants peuvent mal interpréter les mots pour diverses raisons, comme un vocabulaire limité ou une compréhension différente de celle des adultes. Parfois, cette mauvaise interprétation peut même être intentionnelle. L’auteur propose d’utiliser des méthodes d’écoute active, comme la paraphrase et la reformulation, qui sont utiles pour une compréhension partagée.

Dans les échanges avec les enfants, la structure des phrases joue également un rôle important. La syntaxe, ou l’ordre des mots dans une phrase, peuvent affecter la communication de différentes manières. L’effet de primauté montre que les premiers mots ont plus d’impact, tandis que l’effet de récence indique que les derniers mots sont mieux retenus. L’effet de halo souligne comment certains mots peuvent colorer la perception globale du message, et l’effet de redondance révèle que la répétition peut renforcer un point. La compréhension de ces effets syntaxiques peut être un atout pour les parents en quête d’une communication plus efficace avec leurs enfants.

 « Non ! » : quand le défi devient permanent

La phase du « non » chez les enfants, typiquement entre 2 et 4 ans, est une étape clé où ils explorent leurs limites et apprennent à gérer les frustrations. Cette période marque le début des premières négociations et l’apprentissage de l’intransigeance de certaines règles. Le « non » est souvent un signe d’indépendance et un élément crucial dans le processus de séparation-individuation, révélant une quête d’identité et de personnalité.

Les enfants utilisent le « non » différemment selon leur degré de maturité et leurs intentions. Le « non » de sollicitation sert à tester les limites posées par les parents. Le « non » de parade reflète une affirmation formelle d’indépendance, souvent sans intention de provoquer une réaction concrète. Tandis que le « non » d’opposition, lui, est justifié par des raisons que l’enfant considère comme valables.

Face à ce « non » systématique, plusieurs stratégies sont proposées par l’auteur. Sur des sujets non négociables, les parents doivent rester fermes pour établir des frontières claires. Pour les oppositions basées sur des malentendus, une explication objective peut éclairer l’enfant. Si le « non » persiste, détourner l’attention ou offrir des choix limités peut donner à l’enfant un sentiment de contrôle tout en le guidant. Parfois, il est possible de céder sur des aspects moins importants pour permettre à l’enfant de s’exprimer, sans compromettre l’éducation.

Comprendre et gérer le « non » est essentiel pour les parents, car c’est un aspect fondamental du développement de l’autonomie de l’enfant. La patience et la cohérence sont de mise pour naviguer à travers cette phase en soutenant la croissance de l’enfant.

négocier avec un adolescent

Négocier avec un enfant adolescent : mission impossible ?

L’adolescence est une phase de conflits et d’affirmation de soi où les jeunes expérimentent des relations intenses et s’engagent dans des discussions avec les parents. Bien que sujet à de fortes influences extérieures, c’est un moment clé pour l’acquisition de la maturité et des compétences de négociation. Les adolescents, en quête d’autonomie, adoptent de nouveaux comportements et expressions pour se distinguer de leurs parents. Les parents doivent alors équilibrer le maintien des règles incontournables avec une adaptation des cadres de négociation, respectant l’individualité des adolescents tout en les préparant aux normes sociales.

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Dans ce contexte, la rhétorique devient un outil précieux pour les parents. Il s’agit de persuader par le discours en utilisant diverses techniques argumentatives :

  • L’argument d’autorité : Utilisation de figures d’autorité reconnues par l’adolescent pour soutenir un argument.
  • L’argument par analogie : Comparaison de situations distinctes pour faciliter la compréhension de l’adolescent.
  • L’argumentaire avantages/inconvénients : Mise en avant des avantages et inconvénients pour aider à prendre une décision.
  • Le rapport de cause à effet : Lien entre un comportement et ses conséquences.
  • L’argumentaire par élimination : Élimination des solutions alternatives pour renforcer l’argument principal.
  • L’argumentaire scientifique : Utilisation de données scientifiques ou statistiques pour appuyer un argument.
  • Le recours aux valeurs supérieures : Appel à des valeurs importantes pour l’adolescent.
  • L’argumentaire par généralisation : Transformation d’un cas particulier en une généralisation applicable à toutes les situations similaires.
  • L’argumentaire par « paliers » : Décomposition de l’objectif en étapes réalisables.

Ces méthodes doivent enrichir le dialogue, sans discréditer les adolescents, et servir à naviguer à travers les inévitables conflits, avec l’amour parental comme pierre angulaire de la relation. La négociation est donc présentée comme une stratégie pour gérer les tensions et favoriser le développement des adolescents. 

Chapitre 8 : Négocier en Situation de Conflit

L’auteur présente des stratégies pour négocier efficacement dans des situations conflictuelles, en mettant l’accent sur la résolution de conflits et la recherche de solutions gagnant-gagnant

Les conflits, à quoi ça sert ?

La négociation est cruciale dans la gestion des tensions familiales, mais elle peut mener à des conflits si elle se transforme en lutte pour imposer sa volonté, souvent marquée par des émotions fortes. Selon les psychologues Dominique Picard et Edmond Marc, les conflits sont inévitables dans les relations familiales à cause de leur complexité. Un désaccord ne devient un conflit que lorsque les parties tentent d’imposer leur point de vue.

Les conflits parent-enfant se catégorisent en trois types :

  • Conflits d’objectif : Ils émergent lorsque les buts des individus sont incompatibles, comme des divergences entre les attentes académiques des parents et les satisfactions personnelles de l’enfant.
  • Conflits cognitifs : Ils résultent de divergences de perceptions ou d’idées, par exemple, lorsque les parents et l’enfant ont des conceptions différentes de l’autonomie.
  • Conflits affectifs : Ces conflits découlent de sentiments et émotions discordants, comme l’indifférence de l’enfant face à une situation qui inquiète les parents.

Chaque type de conflit demande une approche de résolution adaptée et une compréhension claire de ses origines pour parvenir à une solution.

Les conflits sont particulièrement courants à l’adolescence, période où les jeunes recherchent l’indépendance, souvent en opposition aux règles parentales. Bien que source de tensions, ces conflits peuvent être constructifs, contribuant au développement social de l’enfant dans un environnement familial ouvert au dialogue. Toutefois, une gestion autoritaire et des conflits perpétuels peuvent engendrer des effets néfastes, tels que l’agressivité chez l’enfant. Par conséquent, il est vital d’établir des règles claires et de tenter de négocier avec son enfant pour favoriser un développement sain de la personnalité de celui-ci.

Négocier les conflits avec les enfants

Pour gérer les conflits, trois méthodes sont distinguées : l’utilisation du pouvoir, où l’une des parties impose sa volonté ; le recours à la loi, faisant intervenir une autorité tierce comme la justice ; et la négociation, qui cherche un accord mutuellement bénéfique à travers le dialogue. La négociation est préconisée comme la voie privilégiée pour résoudre les conflits familiaux, notamment ceux basés sur des divergences d’objectifs, de perspectives ou d’émotions. La création de « négociabilité » dans les situations conflictuelles implique de clarifier les intentions, d’échanger des points de vue et de comprendre les sentiments impliqués, en excluant toute forme de violence.

La violence, qu’elle soit verbale ou physique, est inacceptable dans la résolution des conflits. Les enfants doivent apprendre que le recours à la violence est interdit et les parents doivent adopter une position ferme contre toute agressivité, en interrompant la discussion si nécessaire. Comprendre et s’attaquer aux racines de l’agressivité de l’enfant est crucial, tout comme l’est la communication ouverte. Si la violence persiste, il est conseillé de faire appel à un professionnel.

La rationalisation des conflits passe par un processus en plusieurs étapes : reconnaître le conflit, le déclarer aux parties concernées, explorer ses causes réelles, envisager différentes solutions, choisir une solution acceptable pour tous, obtenir l’acceptation de toutes les parties et finalement mettre en œuvre la solution convenue. La confiance mutuelle est essentielle pour l’application effective de la résolution choisie.

Conclusion sur « Devenez meilleur négociateur que vos enfants »

Je pense avant tout que ce livre n’a pas connu le succès qu’il mérite.
Pourquoi ? Tout simplement parce que l’auteur met en relief avec beaucoup de justesse combien il peut être difficile de négocier avec les enfants. Or, c’est une problématique commune à TOUS LES PARENTS et qui perturbe, à tous les âges, l’harmonie de la relation qu’ils entretiennent avec leurs enfants. Il me semble donc essentiel de s’y intéresser et de posséder les clés pour réussir au mieux ces négociations avec nos enfants.

Ensuite, je trouve ce livre très didactique et pratique au travers des multiples « autodiagnostics » et « exercices pratiques » qui s’y trouvent et sont à réaliser au cours de la lecture. Ils permettent au lecteur de mieux se connaitre et de mieux appréhender les difficultés qu’il peut rencontrer avec ses enfants. Pour n’en citer que quelques-uns, vous trouverez des autodiagnostics sur le thème « Êtes-vous autoritaire ? » ou « Êtes-vous un négociateur né ? » ou bien des exercices pour apprendre à « Repérez vos freins à l’écoute » ou à définir ce que vous considérez comme « jamais négociable ». Le livre présente aussi de nombreux exemples concrets de parents décrivant leurs expériences, ce qui le rend facile à lire et très concret.

Enfin, j’ai particulièrement apprécié la mise en avant de la relation avec l’enfant comme préalable à la résolution de conflit et au bon déroulement d’une négociation. C’est une idée maitresse du livre qui me parle car je crois fermement que nous pouvons augmenter le temps de qualité que nous passons avec nos enfants et, selon moi, les liens que nous créons avec eux nous permettent de faciliter la communication, voire parfois d’éviter le conflit.

Points forts et points faibles du livre « Devenez meilleur négociateur que vos enfants »

Points forts :

  • Rapide à lire, très concis, très concret.
  • Excellent parallèle entre les pratiques de la négociation professionnelle et son adaptation au cercle familiale avec les enfants.
  • Exercices pratiques et autodiagnostics à réaliser à la fin de chaque thème qui permet de mettre en perspective les informations transmises.
  • Méthode pratique à mettre en œuvre et directement applicable au sein de la famille.

Points faibles :

  • Quelques passages longs théoriques qui n’ont pas toujours d’utilité à la compréhension.
  • Références aux théories en psychologie de Carl Rogers et de l’École de Palo Alto qui datent un peu.

Ma note :

★★★★☆

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