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Imperturbable

Imperturbable de Nir Eyal

Résumé de « Imperturbable : Comment s’affranchir des distractions du monde numérique et rester maître de sa vie » de Nir Eyal (et Julie Li) : Le spécialiste des nudges numériques, auteur de Hooked, véritable bible de la Silicon Valley, revient avec un nouveau livre où il se place de l’autre côté du miroir : comment résister aux accroches qui vous « volent » votre attention ?

Par Nir Eyal (et Julie Li), 2020, 336 pages.

Titre original : Indistractable: How to Control Your Attention and Choose Your Life (2019).

Chronique et résumé de « Imperturbable » de Nir Eyal (et Julie Li)

Introduction : De Hooked à Imperturbable

Nir Eyal commence par parler du succès de son premier livre Hooked, très largement utilisé dans les grandes entreprises technologiques comme Google et Facebook. Ce best-seller enseigne comment créer des produits qui ancrent des habitudes dans la vie des utilisateurs.

Il a passé dix ans à étudier les stratégies des entreprises pour rendre leurs produits irrésistibles. Il souhaite que ces méthodes aident à développer de meilleures habitudes, comme le font des applications telles que Fitbod ou Kahoot!

L’auteur espère que ces techniques servent à améliorer la vie quotidienne, et non uniquement à captiver l’attention ! Cependant, il reconnaît que cette approche peut également la détourner et nuire aux objectifs personnels.

Selon lui, les distractions omniprésentes manipulent les esprits. Mais il propose des solutions pour reprendre le contrôle. En comprenant ces techniques, chacun peut dépasser ces obstacles et devenir maître de son attention. Il invite les lecteurs à utiliser les outils du livre pour transformer leur quotidien.

Chapitre 1 : Quel est votre super-pouvoir ?

Nir Eyal adore les sucreries, les réseaux sociaux et la télévision, mais reconnaît que ces distractions nuisent à sa vie. Il réalise leur impact lorsque, absorbé par son téléphone, il rate un moment important avec sa fille. Ce n’est pas un cas isolé : il remarque que d’autres parents font face à des situations similaires.

Cherchant à changer, il décide de réduire son utilisation des technologies et adopte un vieux téléphone à clapet. Cependant, il se retrouve limité sans les fonctions modernes comme le GPS ou les applications pratiques. Il essaie aussi de lire des journaux papier pour éviter les écrans, mais cette tentative échoue également !

Même sans technologie, le spécialiste des nudge remarque qu’il reste distrait par son environnement. Il conclut que les distractions ne viennent pas seulement des appareils, mais aussi de l’esprit humain.

L’auteur explique que vivre la vie de ses rêves nécessite :

  1. De bonnes habitudes ;
  2. Éliminer les mauvaises distractions.

Mais malgré notre connaissance de ce qu’il faut faire, la véritable difficulté réside dans la gestion des distractions. C’est sur ce point qu’il faut insister. Ce livre partagera donc des méthodes basées sur la science pour devenir imperturbable et atteindre ses objectifs.

Nir Eyal insiste sur l’importance de comprendre que les distractions viennent de l’intérieur. La première partie propose des outils pour gérer ses états d’esprit et transformer ses tâches en activités agréables. Contrairement aux approches traditionnelles, l’auteur explore les motivations réelles derrière nos comportements.

Les parties suivantes abordent la gestion du temps avec intention, l’élimination des déclencheurs externes et l’utilisation des pactes pour renforcer sa volonté. Chaque étape aide à regagner sa concentration et à surmonter les distractions. En conclusion, il offre des conseils pour créer un environnement propice à des relations et un travail épanouissants.

Chapitre 2 : Être imperturbable

Dans la mythologie grecque, Tantale est condamné à désirer des choses inaccessibles, symbolisant les désirs humains incessants. Plongé dans l’eau et entouré de fruits, il ne peut ni boire ni manger. Cette allégorie illustre la quête perpétuelle de satisfaction, typique de la condition humaine, selon les Grecs.

Attraction et distraction

L’auteur compare nos distractions modernes au supplice de Tantale, où nous poursuivons des désirs inutiles et inaccessibles. L’attraction représente les actions alignées avec nos objectifs, tandis que la distraction nous en éloigne, influencée par des déclencheurs internes et externes. Aujourd’hui, la technologie amplifie les distractions, menaçant concentration, créativité et relations sociales.

L’attention, ressource essentielle, devient rare face à l’abondance d’informations. Cultiver des relations et enseigner la concentration à nos enfants nécessite de réduire nos distractions. Contrairement à Tantale, nous pouvons reconnaître nos désirs inutiles et choisir des actions alignées sur nos objectifs pour reprendre le contrôle.

Les personnes imperturbables sont honnêtes et priorisent leur bien-être. Le Modèle Imperturbable offre quatre étapes pour contrôler leur attention, interagir différemment et diriger leur vie vers leurs objectifs :

Le Modèle Imperturbable

Source : Imperturbable, Chapitre 2

PREMIÈRE PARTIE – Maîtriser les déclencheurs internes

Chapitre 3 : Qu’est-ce qui nous motive, réellement ?

Zoë Chance, professeure à Yale, révèle être tombée sous l’emprise du podomètre Striiv, conçu pour motiver les utilisateurs à marcher davantage grâce à des défis et des récompenses virtuelles. Ce produit, combinant gamification et design comportemental, l’a poussée à marcher jusqu’à l’obsession, impactant négativement son temps, sa santé et ses relations. Elle se surprend à faire des circuits incessants dans sa maison et à gravir des milliers de marches d’escalier, même tard dans la nuit, sous l’influence de notifications encourageantes.

Cette obsession, alimentée par des tactiques de manipulation comportementale, illustre comment un outil censé promouvoir la santé peut devenir une distraction nuisible. Zoë Chance, qui enseignait les techniques d’influence à Yale, admet qu’elle-même n’est pas immunisée contre ces manipulations !

Son histoire montre que la motivation humaine dépasse la simple dichotomie plaisir/douleur et révèle l’impact des technologies modernes sur notre comportement et nos priorités.

Les distractions de la vie sont souvent attribuées à des causes secondaires comme la télévision ou les réseaux sociaux. Cependant, ces éléments masquent les véritables raisons essentielles de nos problèmes. Identifier ces causes profondes est crucial pour éviter de rester victime de situations que nous contribuons à créer.

Zoë Chance raconte en effet que son obsession pour le podomètre Striiv coïncide avec une période de stress intense dans sa vie. En recherche d’emploi et confrontée à des tensions conjugales, elle utilise l’appareil comme mécanisme d’évasion face à des circonstances qu’elle ne pouvait pas contrôler. Accumuler des points avec Striiv lui donne alors un sentiment de maîtrise, même si cela l’éloigne de ses véritables problèmes.

Elle reconnaît que les distractions, comme Striiv, ne sont que des moyens de fuir la douleur et le mal-être. Identifier et comprendre les déclencheurs internes derrière ces comportements est essentiel pour les gérer efficacement. Chance a pris conscience de ses sources d’inconfort, a surmonté son obsession et a adopté des méthodes plus saines pour équilibrer sa vie personnelle et professionnelle.

Chapitre 4 : Gérer son temps, c’est gérer son mal-être

Les comportements addictifs sont des mécanismes utilisés par notre cerveau pour gérer des situations inconfortables. Apprendre à gérer cet inconfort est la clé pour résister aux distractions et mieux maîtriser son attention.

L’insatisfaction et l’impatience, bien que naturelles, trouvent leur origine dans des facteurs psychologiques comme l’ennui, le biais de négativité, la rumination mentale et l’adaptation hédonique.

  • L’ennui pousse les individus à agir, même de manière absurde, pour éviter de rester seuls avec leurs pensées.
  • Le biais de négativité nous fait accorder plus d’importance aux événements négatifs pour des raisons évolutionnaires.
  • La rumination mentale, qui consiste à ressasser nos échecs ou nos désirs insatisfaits, peut être utile pour corriger nos erreurs mais devient souvent source de mal-être.
  • Enfin, l’adaptation hédonique nous ramène constamment à un niveau de satisfaction de référence, quel que soit le bonheur atteint.

Ces traits, bien qu’essentiels pour la survie et le progrès de notre espèce, compliquent la quête du bonheur durable. Toutefois, ils peuvent être transformés en moteurs de motivation. Plutôt que de les combattre, l’auteur encourage à accepter l’insatisfaction comme un état naturel. Cette reconnaissance permet de canaliser ces émotions pour en tirer profit, comme nos ancêtres l’ont fait en innovant et en s’adaptant.

Bien que difficiles à vivre, l’inconfort et l’insatisfaction ne sont pas des fatalités. En les comprenant et en apprenant à les gérer, ils deviennent des forces motrices pour atteindre nos objectifs. Accepter cette réalité, plutôt que de la fuir, constitue le premier pas vers un esprit imperturbable et une vie plus épanouie :

Chapitre 5 : Gérer les distractions déclenchées de l’intérieur

Jonathan Bricker, psychologue spécialisé dans les comportements, a développé une thérapie d’acceptation et d’engagement pour aider à gérer le mal-être lié aux envies et distractions. Il explique que les envies, comme celles de fumer, ne doivent pas être combattues frontalement, mais acceptées et observées pour qu’elles s’atténuent naturellement.

Résister mentalement provoque souvent un « effet rebond », rendant le désir plus fort, comme l’ont démontré des études sur les pensées intrusives et les comportements des fumeurs.

Une expérience avec des agents de bord montre en effet que l’envie de fumer dépend plus de l’anticipation du moment où ils pourront fumer que du manque de nicotine. Cela suggère que les envies, même pour des substances addictives, peuvent être manipulées par la perception et le contexte. Ces principes s’appliquent aussi aux distractions modernes, comme les technologies, souvent perçues comme addictives.

Le scientifique utilise ces découvertes pour concevoir des méthodes permettant de mieux gérer les désirs et distractions. Il affirme que des techniques efficaces pour des dépendances graves, comme le tabac, peuvent être adaptées à des comportements moins extrêmes, comme nos « addictions » aux réseaux sociaux.

Chapitre 6 : Repenser le déclencheur interne

Nir Eyal présente quatre étapes pour mieux gérer les distractions en comprenant et en maîtrisant nos déclencheurs internes.

Repenser le déclencheur interne

➡️ Étape 1 : Identifier les déclencheurs internes

Il est crucial d’observer les sensations inconfortables qui précèdent les distractions, comme l’anxiété ou l’impatience. Ces sentiments déclenchent des comportements indésirables que nous justifions souvent. Être attentif à ces déclencheurs est la première étape pour mieux les gérer.

➡️ Étape 2 : Écrire les déclencheurs

Bricker recommande de noter le moment, le contexte et les émotions liés au déclencheur. Cela aide à identifier des schémas répétitifs et à mieux comprendre les envies. Un formulaire dédié, inclus dans le livre, facilite cet exercice.

➡️ Étape 3 : Explorer ses sensations

Observer ses sensations avec curiosité, comme la méthode des « feuilles sur le ruisseau », permet de laisser les pensées passer sans y céder. Cette technique, utilisée pour l’arrêt du tabac, double les chances de réussite en aidant à reconnaître et à tolérer les envies sans agir.

➡️ Étape 4 : Gérer les moments liminaux

Ces transitions entre activités peuvent devenir des pièges de distraction. La « règle des dix minutes » consiste à différer une tentation en attendant dix minutes avant d’agir, aidant ainsi à « surfer sur la vague des envies » jusqu’à ce qu’elle disparaisse.

Ces techniques renforcent la capacité mentale à résister aux distractions en reprogrammant notre esprit. Prêter une attention bienveillante aux émotions négatives les atténue, tandis que les émotions positives s’amplifient, permettant une meilleure maîtrise de soi et de ses actions.

Chapitre 7 : Repenser la tâche

Ian Bogost, professeur en calcul informatique, explore comment transformer des tâches banales en activités amusantes. Dans son livre Play Anything, il affirme que l’amusement ne découle pas nécessairement du plaisir mais d’une approche sérieuse et curieuse des tâches difficiles.

Selon lui, l’amusement résulte de la découverte de nouvelles perspectives dans des activités familières, ce qui aide à surmonter l’inconfort à l’origine des distractions.

Plutôt que d’échapper aux tâches pénibles ou de les adoucir avec des récompenses superficielles, Bogost encourage à se concentrer profondément sur l’activité en question. Il propose d’observer minutieusement ses contraintes et de transformer ces limites en terrain de jeu imaginaire. Par exemple, il a appris à apprécier la tonte de la pelouse en explorant son fonctionnement, en optimisant son équipement et en créant des défis personnels.

Cette approche peut s’appliquer à n’importe quelle activité, qu’il s’agisse d’un barista perfectionnant son café ou d’un écrivain explorant des idées nouvelles. Bogost suggère que la curiosité et l’attention soutenue transforment l’ennui et la monotonie en plaisir.

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En recherchant la variabilité et les défis cachés dans nos tâches, nous pouvons changer notre relation à celles-ci et diminuer notre propension à la distraction.

Chapitre 8 : Repenser notre tempérament

Nir Eyal explore la question de la volonté et du tempérament. Selon lui, la théorie de « l’épuisement du moi », qui affirme que notre maîtrise de soi est une ressource limitée, peut être critiquée.

Des études récentes, notamment celles de Carol Dweck, montrent que cette idée repose davantage sur nos croyances que sur des limites biologiques. Si nous percevons la volonté comme illimitée et fluctuante, à l’instar des émotions, nous pouvons mieux gérer nos baisses de motivation.

La perception de soi influence fortement nos comportements. Les croyances autodestructrices, comme penser être impuissant face à nos envies, augmentent les risques d’échec et de rechute, comme l’ont montré des études sur les addictions.

À l’inverse, ceux qui développent une vision positive d’eux-mêmes et font preuve de compassion envers leurs erreurs sont plus résilients, heureux et capables de progresser.

Adopter une approche bienveillante envers soi-même aide à briser le cycle de culpabilité et de distractions après un échec. En se parlant comme à un ami et en revalorisant ses efforts, on renforce sa maîtrise de soi.

Repenser nos déclencheurs internes, chercher le plaisir dans nos tâches et cultiver une image positive de nous-mêmes sont des méthodes clés pour surmonter les distractions et améliorer notre concentration. Nos croyances façonnent nos comportements, mais nous pouvons les transformer pour devenir plus résistants et performants.

DEUXIÈME PARTIE – Consacrer du temps aux actions associées à l’attraction

Chapitre 9 : Transformer ses valeurs en temps

L’attraction représente les actions alignées avec nos valeurs, tandis que les distractions nous en éloignent. Planifier son temps selon ses valeurs, plutôt qu’une simple liste de tâches, est essentiel pour équilibrer vie personnelle et professionnelle. Nos valeurs définissent la personne que nous voulons être, comme être un parent affectueux ou un collègue apprécié.

En les négligeant, nous devenons déséquilibrés et plus vulnérables aux distractions. Cet équilibre peut être illustré par des cercles concentriques, où nous plaçons l’esprit et le corps au centre, suivis de la famille et des relations sociales, et enfin de la carrière. Organiser son emploi du temps selon ses valeurs favorise une vie alignée et épanouissante.

Source : Imperturbable, Chapitre 9

L’attraction représente les actions alignées avec nos valeurs, tandis que les distractions nous en éloignent. Pour maximiser l’attraction, il est crucial de planifier son emploi du temps en bloquant des créneaux dédiés à ses priorités.

La méthode des blocs de temps limité permet de structurer ses journées en accord avec ses valeurs, en répartissant le temps entre soi-même, ses relations et sa carrière.

Créer un emploi du temps clair et précis, en se fondant sur la distinction de ces « domaines de la vie », aide à différencier distractions et priorités. Une revue hebdomadaire permet d’évaluer son respect du plan et d’ajuster ses stratégies face aux déclencheurs internes ou externes. En voyant cet exercice comme une expérience d’amélioration continue, on renforce sa maîtrise du temps.

Chapitre 10 : Contrôler son effort, pas le résultat

L’auteur souligne l’importance de se prioriser en consacrant du temps à soi-même, au centre des trois domaines de la vie. Prendre soin de son corps et de son esprit, par des activités comme le sport, la lecture ou la méditation, est essentiel pour maintenir des relations saines et exceller dans sa carrière. Ignorer ces besoins nuit à la créativité, à la productivité et aux relations personnelles.

L’approche repose sur la planification par blocs de temps dédiés à ses besoins, tout en acceptant que certains résultats, comme bien dormir, ne soient pas entièrement sous contrôle. Nir Eyal partage son expérience d’insomnie, qu’il a résolue en changeant son attitude face au sommeil. Plutôt que de s’angoisser, il adopte une approche détendue, en répétant un mantra et en utilisant le temps éveillé pour des activités calmes.

Cette méthode montre que se concentrer sur les actions contrôlables, comme le moment et le lieu où l’on se trouve, est plus productif que de se focaliser sur des résultats incertains. Planifier du temps pour soi et respecter cet engagement permet de tenir ses promesses et de se rapprocher de ses objectifs. En traitant le temps comme une ressource précieuse, on améliore son bien-être et sa capacité à gérer les distractions.

Chapitre 11 : Consacrer du temps à ses relations importantes

L’auteur souligne l’importance de prioriser le temps consacré à nos proches, essentiels pour incarner des valeurs comme l’affection, la fidélité et la responsabilité. Sans une gestion intentionnelle du temps, nos relations risquent de devenir des « bénéficiaires résiduels », recevant ce qu’il reste de notre emploi du temps.

Pour renforcer les liens familiaux, il suggère de planifier des blocs de temps dédiés. Par exemple, il réserve des moments hebdomadaires avec sa fille pour des activités amusantes, tirées d’un « bocal d’idées ». Avec sa femme, ils organisent des sorties régulières pour nourrir leur intimité et répartissent équitablement les tâches ménagères pour maintenir l’égalité dans leur mariage.

Les amitiés, également vitales pour notre santé physique et mentale, nécessitent un investissement régulier. L’auteur et ses amis ont instauré une routine appelée « kibbutz », des rencontres bihebdomadaires pour partager des repas et discuter de sujets significatifs. Cette régularité favorise des échanges authentiques et renforce les liens.

De nombreuses recherches confirment que des relations proches de qualité améliorent le bonheur, la santé et la longévité. Pour éviter que nos relations s’effacent par manque de temps, il est crucial de planifier des créneaux spécifiques. Cultiver ces liens est un investissement essentiel pour notre bien-être présent et futur.

Chapitre 12 : Synchroniser les attentes professionnelles

Nir Eyal souligne l’importance de gérer efficacement son temps au travail pour harmoniser ses actions avec ses valeurs. Le travail, souvent synonyme de chaos et d’interruptions, peut être structuré pour réduire les distractions et renforcer la productivité.

Il propose d’utiliser un emploi du temps détaillé avec des blocs de temps limité pour clarifier les priorités et aligner les attentes entre employés et responsables :

L’exemple d’April, directrice commerciale débordée, illustre cette méthode. En divisant sa journée en blocs dédiés (travail concentré, réunions et mails) et en partageant son emploi du temps avec son supérieur, elle a réduit les tâches non essentielles et augmenté son efficacité. Les réunions hebdomadaires ont permis de synchroniser leurs attentes et de réorganiser son agenda pour accorder du temps à ses priorités, comme conclure des ventes.

Cette approche a amélioré la qualité de vie d’April, diminué ses distractions et lui a permis de consacrer plus de temps à sa famille. L’auteur insiste sur la nécessité de synchroniser régulièrement les attentes professionnelles pour éviter le gaspillage de temps et les malentendus.

Distraction : les applications des réseaux sociaux

TROISIÈME PARTIE – Hacker les déclencheurs externes

Chapitre 13 : Se poser la question essentielle

L’histoire de Wendy illustre notre lutte quotidienne contre les distractions causées par des déclencheurs externes, comme les notifications ou les interruptions. Ces éléments détournent notre attention, même lorsque nous essayons de les ignorer. Selon Sean Parker, ancien président de Facebook, ces déclencheurs exploitent des failles dans notre psychologie pour capter notre attention.

B.J. Fogg, fondateur du laboratoire de technologie persuasive, a identifié trois éléments nécessaires pour qu’un comportement se produise :

  1. Motivation ;
  2. Aptitude ;
  3. Déclencheur.

Les déclencheurs externes, omniprésents dans notre environnement, jouent un rôle crucial dans cette dynamique. Cependant, leur prolifération peut entraîner stress, frustration et baisse de productivité en nous habituant à répondre automatiquement aux stimuli.

Ignorer les notifications n’est pas toujours suffisant, car leur simple présence peut épuiser nos ressources attentionnelles. Pourtant, tous les déclencheurs externes ne sont pas nuisibles. Certains, comme un SMS encourageant, peuvent être bénéfiques.

La clé pour différencier les bons déclencheurs des mauvais réside dans une question essentielle :

En répondant à cette question, Wendy a appris à gérer les distractions et à recentrer son attention sur ce qui compte. Le secret est de considérer les déclencheurs comme des outils : ceux qui nous aident à atteindre nos objectifs sont bénéfiques, tandis que les autres doivent être éliminés.

Chapitre 14 : Hacker les interruptions professionnelles

Les distractions en milieu professionnel, notamment dans le domaine médical, ont des conséquences graves, comme les erreurs médicamenteuses touchant 400 000 Américains par an.

Becky Richards, infirmière au Kaiser Permanente, a proposé une solution simple mais efficace : des blouses orange pour signaler aux collègues de ne pas interrompre les infirmières lors de la préparation des médicaments. Bien que cette idée ait suscité des résistances initiales, elle a permis une réduction des erreurs de 47 %, soulignant l’importance d’un environnement sans distractions.

Inspirés par cette initiative, certains hôpitaux ont créé des zones de travail dédiées ou des espaces sans distractions. De telles pratiques trouvent aussi leur utilité dans d’autres contextes professionnels. Par exemple, dans des bureaux ouverts, où les interruptions fréquentes nuisent à la productivité, des outils comme des cartes signalant un besoin de concentration ou des signaux visuels comme la « couronne de concentration » peuvent être adoptés.

Ces méthodes démontrent que des signaux explicites et visuels permettent de réduire efficacement les interruptions. Que ce soit au bureau ou à la maison, établir des barrières claires aux distractions aide à préserver la concentration et à améliorer les performances.

Chapitre 15 : Hacker les e-mails

Les e-mails accaparent une grande partie de notre temps au travail. Un employé de bureau type reçoit environ 100 e-mails par jour, ce qui représente plus de trois heures de gestion quotidienne. Pire, les interruptions fréquentes liées aux e-mails prolongent le temps nécessaire pour se reconcentrer, augmentant ainsi la perte de productivité.

Or, beaucoup de ces messages sont inutiles ou n’auraient jamais dû être envoyés !

Cette dépendance aux e-mails s’explique par des mécanismes psychologiques comme l’incertitude des récompenses, qui nous pousse à vérifier constamment nos boîtes de réception, et la réciprocité sociale, qui nous oblige à répondre. Pourtant, il est possible de mieux gérer cette distraction en appliquant des techniques simples.

Première étape : réduire le nombre d’e-mails reçus. Envoyer moins d’e-mails limite la probabilité d’en recevoir en retour. Planifier des « heures de bureau » ou retarder l’envoi des messages permet de contrôler le flux et de donner plus de temps aux questions de se résoudre naturellement. Pour les spams ou newsletters inutiles, se désabonner ou utiliser des outils comme SaneBox peut limiter leur impact.

Deuxième étape : gérer le temps passé sur les e-mails est crucial. Les experts recommandent de consulter ses e-mails à des moments précis, en évitant les vérifications continues. Classer les messages selon leur degré d’urgence (« aujourd’hui » ou « cette semaine ») réduit le besoin de relire les mêmes e-mails. Répondre aux messages par bloc, plutôt que de manière éparpillée, est plus efficace.

En appliquant ces techniques, il devient possible de maîtriser cette source majeure de distraction, de gagner en productivité et de consacrer plus de temps aux tâches qui comptent vraiment.

Chapitre 16 : Hacker les conversations en groupe

Jason Fried, fondateur de Basecamp, met en garde contre l’utilisation excessive des conversations en groupe dans les applis comme Slack ou WhatsApp. Bien qu’elles soient utiles pour des échanges rapides, elles deviennent nuisibles si elles deviennent l’outil principal de communication au sein d’une entreprise. Fried propose quatre règles pour une utilisation efficace.

  1. Utiliser « comme un sauna » : Limitez le temps passé dans une conversation en groupe pour éviter l’épuisement. Planifiez des moments précis pour y participer.
  2. Planifier : Réservez des créneaux spécifiques dans votre emploi du temps pour contribuer aux discussions et restez concentré le reste du temps.
  3. Être sélectif : Limitez le nombre de participants aux conversations pour les rendre plus efficaces et éviter le chaos.
  4. Utiliser à bon escient : Les sujets importants nécessitent des discussions approfondies en personne ou dans des documents structurés, pas dans des messages instantanés.

Les conversations en groupe, bien utilisées, peuvent faciliter la collaboration. Sinon, elles risquent de devenir une source majeure de distractions inutiles.

Chapitre 17 : Hacker les réunions

Les réunions en entreprise sont souvent inefficaces, devenant des distractions plutôt que des occasions de collaboration. Jason Fried propose des solutions pour améliorer leur utilité et réduire les distractions.

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Avant de programmer une réunion, l’organisateur doit fournir une description claire du problème et un résumé écrit proposant des solutions. Les sessions de brainstorming sont plus efficaces si elles sont réalisées en petits groupes ou individuellement avant la réunion. Lors de la réunion, il est crucial de limiter les participants aux personnes essentielles et de maintenir les discussions courtes et ciblées.

Pour maximiser l’engagement, bannissez les appareils électroniques. Installez une station de recharge pour que les participants déposent leurs téléphones hors de portée. Encouragez l’utilisation de papier et de stylos pour éviter les distractions.

En appliquant ces règles, en limitant les réunions inutiles et en renforçant la concentration, les réunions deviendront des moments productifs plutôt que des obstacles à la véritable efficacité.

Chapitre 18 : Hacker son smartphone

Les smartphones, indispensables au quotidien, sont aussi une source majeure de distractions. Pour reprendre le contrôle, quatre étapes permettent de hacker son téléphone et éliminer les déclencheurs externes nuisibles :

1. Supprimer : Désinstallez les applis inutilisées et celles qui ne servent pas vos valeurs ou vos priorités. Gardez celles essentielles, comme celles liées à l’apprentissage ou à la santé. Cette étape réduit le désordre visuel et améliore votre concentration.

2. Replacer : Identifiez les moments et lieux où utiliser certaines applis problématiques, comme les réseaux sociaux. Supprimez-les du téléphone et accédez-y via un ordinateur, à des moments prédéfinis. Utilisez une montre pour éviter d’allumer votre téléphone juste pour vérifier l’heure.

3. Réorganiser : Classez vos applis en trois catégories : « Outils principaux » (essentiels pour des tâches spécifiques), « Aspirations » (activités positives comme la méditation) et « Machines à sous » (applis distrayantes). Placez uniquement les deux premières catégories sur votre écran d’accueil et utilisez la fonction de recherche pour accéder aux autres.

4. Paramétrer : Ajustez vos notifications pour limiter les interruptions. Désactivez les sons et réduisez les alertes visuelles aux seules applis nécessaires. Utilisez les modes « Ne pas déranger » pour filtrer les notifications selon leur urgence et créez des réponses automatiques personnalisées.

Ces ajustements, réalisables en moins d’une heure, permettent de réduire les distractions et d’aligner l’utilisation de votre téléphone sur vos priorités. En personnalisant vos paramètres et votre organisation, vous devenez maître de votre expérience mobile, éliminant les distractions inutiles et favorisant votre productivité.

Chapitre 19 : Hacker son ordinateur

Robbert van Els, développeur, submergé par le désordre numérique de son écran d’accueil, a constaté que ce fouillis nuisait à sa concentration et à ses performances. Inspiré par une présentation sur les distractions numériques, il a entrepris de transformer son espace de travail.

Il a supprimé les centaines d’icônes et le fond d’écran tape-à-l’œil pour adopter un fond noir épuré avec une citation inspirante : « What we fear most is usually what we most need to do. » (« Ce dont on a le plus peur est habituellement ce qu’on a le plus besoin de faire »).

Hacker son ordinateur

Des études confirment que le désordre, qu’il soit physique ou numérique, affecte notre productivité en surchargeant notre cerveau de stimuli inutiles. Chaque icône ou notification agit comme un déclencheur externe, rendant plus difficile la focalisation sur des tâches importantes. Supprimer ces distractions aide à purifier l’espace de travail et à améliorer la concentration.

Robbert Van Els a désactivé toutes les notifications inutiles sur son ordinateur et activé le mode « Ne pas déranger » en continu. Inspiré par son exemple, Nir Eyal a simplifié son propre écran en regroupant les fichiers dans un dossier unique et en utilisant la barre de recherche pour les retrouver.

Ces changements permettent de commencer chaque journée avec un écran vierge, orientant naturellement vers les activités associées à l’attraction et éliminant les distractions numériques.

Chapitre 20 : Hacker les articles en ligne

Nir Eyal partage ici une méthode pour éviter les distractions causées par la lecture d’articles en ligne. Au lieu de lire directement sur son navigateur et d’accumuler des onglets, il utilise l’application Pocket pour sauvegarder les articles et les lire plus tard. Cela lui permet de se concentrer sur son travail sans céder à la tentation de naviguer sans fin.

Il intègre également une stratégie appelée « travail multitâche/multicanal » pour maximiser son temps. Cette méthode combine des activités compatibles, comme écouter des articles sauvegardés via Pocket pendant l’exercice physique ou les promenades. L’auteur utilise la fonction « text-to-speech » de Pocket, qui lit les articles avec une voix agréable, transformant ainsi une corvée en une expérience enrichissante.

Inspiré par des recherches, notamment sur le « regroupement de tentations », il associe des activités plaisantes à des tâches utiles. Cette approche améliore sa productivité tout en rendant des activités comme le sport plus attrayantes.

En appliquant ces règles simples, il élimine les distractions, augmente son efficacité. Ce système lui permet de gagner en focus tout en assouvissant sa curiosité intellectuelle de manière contrôlée.

Chapitre 21 : Hacker son fil d’actualité

Les réseaux sociaux, conçus pour captiver notre attention avec des fils d’actualité infinis et des notifications constantes, représentent une source majeure de distractions. L’auteur propose des solutions concrètes pour reprendre le contrôle et utiliser ces plateformes de manière intentionnelle.

Pour Facebook, il recommande des extensions comme News Feed Eradicator ou Todobook, qui remplacent le fil d’actualité par des citations inspirantes ou une liste de tâches à accomplir. Il privilégie aussi un accès direct aux pages spécifiques via des URL enregistrées, évitant ainsi les fils d’actualité distrayants.

Sur LinkedIn, il utilise le plugin Open Multiple Websites pour ouvrir directement des pages utiles, comme la messagerie, sans passer par la page d’accueil.

Pour YouTube, il emploie DF Tube, une extension qui supprime les recommandations et publicités, permettant de regarder uniquement les vidéos planifiées.

Ces outils, combinés à des blocs de temps dédiés dans son agenda, lui permettent d’utiliser les réseaux sociaux de manière proactive et intentionnelle. L’objectif est de tirer parti des fonctionnalités utiles de ces plateformes sans céder aux mécanismes comportementaux conçus pour capturer notre attention.

QUATRIÈME PARTIE – Prévenir les distractions avec des pactes

Chapitre 22 : Le pouvoir des pré-engagements

Jonathan Franzen, Quentin Tarantino et Jhumpa Lahiri adoptent des méthodes extrêmes pour rester concentrés, comme utiliser des ordinateurs sans Internet ou écrire à la main. Ils démontrent ainsi qu’un travail de qualité nécessite de supprimer les déclencheurs externes et de maîtriser les déclencheurs internes.

La clé réside dans le pré-engagement, une stratégie qui consiste à se protéger des tentations futures en éliminant certaines options.

En fait, cette technique remonte à l’Odyssée d’Homère ! Ulysse y échappe aux sirènes en demandant à son équipage de le lier au mât de son bateau… Notons aussi qu’aujourd’hui, des pré-engagements similaires sont utilisés dans divers contextes, comme les contrats de mariage ou les plans épargne retraite, pour s’assurer que nos actions futures restent alignées avec nos intentions.

Pour combattre les distractions, le pré-engagement doit être utilisé en dernier recours, après avoir maîtrisé les déclencheurs internes, planifié du temps pour les activités importantes et éliminé les déclencheurs externes inutiles. Ce processus garantit que nos efforts restent alignés sur nos objectifs, même face aux tentations.

Chapitre 23 : Prévenir les distractions avec un pacte d’effort

David Krippendorf et Ryan Tseng ont créé kSafe, un contenant verrouillable pour limiter les comportements indésirables, comme grignoter après un repas. Ce dispositif illustre un pacte d’effort, qui rend les distractions plus difficiles d’accès.

De nombreuses applications comme SelfControl ou Freedom bloquent également l’accès à des sites distrayants, tandis que Forest motive en « plantant » un arbre virtuel, qui meurt si l’on utilise son téléphone avant la fin d’une tâche.

Les géants technologiques participent aussi à cette lutte. Apple et Google intègrent des fonctionnalités comme « Temps d’arrêt » ou « Bien-être numérique », imposant des barrières pour limiter l’utilisation des applis distrayantes. Ces solutions nous forcent à réfléchir avant de succomber à une distraction.

Les pactes d’effort fonctionnent aussi avec d’autres personnes. Travailler avec un ami ou utiliser des plateformes comme Focusmate, qui associe des utilisateurs via visioconférence pour des sessions de travail, ajoute une pression sociale bénéfique. Voir son partenaire de concentration travailler incite à rester productif.

Chapitre 24 : Prévenir les distractions avec un pacte financier

Les pactes financiers utilisent l’aversion à la perte pour motiver un changement de comportement en mettant de l’argent en jeu. Une étude montre leur efficacité : dans un groupe où les participants devaient déposer 150 $ qu’ils récupéreraient seulement s’ils arrêtaient de fumer, 52 % ont réussi, contre 17 % dans un groupe recevant 800 $ sans dépôt initial. La douleur de perdre l’argent stimule davantage que l’idée de gagner.

Nir Eyal partage des expériences personnelles de pactes financiers. Pour se motiver à faire du sport, il utilise une méthode « brûler ou brûler » : un billet de 100 $ est visible près de son calendrier, accompagné d’un briquet. Chaque absence injustifiée à la salle de sport serait symboliquement pénalisée par la destruction du billet. Ce système a renforcé sa discipline et permis des résultats significatifs.

Les pactes financiers sont également efficaces pour des objectifs professionnels. L’auteur s’est engagé à payer 10 000 $ à un ami s’il ne terminait pas la première version de son livre à une date précise. Cet engagement l’a incité à se concentrer pleinement, atteignant son objectif dans les délais.

Cependant, cette stratégie a des limites. Elle est inefficace pour des déclencheurs incontrôlables (comme des interruptions externes fréquentes), les projets à long terme, ou pour ceux trop durs avec eux-mêmes. Malgré cela, si elle est bien utilisée, cette méthode est un outil puissant pour rester concentré et atteindre des objectifs ambitieux.

Chapitre 25 : Prévenir les distractions avec un pacte d’identité

Modifier notre identité est une méthode puissante pour changer de comportement. Une étude de Stanford montre que se percevoir différemment peut influencer nos actions : des électeurs interrogés sur leur identité (« être un électeur ») étaient plus enclins à voter que ceux interrogés sur l’action (« voter »).

De même, des participants disant « Je n’en mange pas » face à une tentation alimentaire ont fait des choix plus sains que ceux disant « Je ne peux pas en manger ». Ces résultats prouvent que l’image que nous avons de nous-mêmes guide nos comportements :

Un « pacte d’identité » aide à aligner nos actions avec nos valeurs. Par exemple, l’auteur raconte que devenir végétarien a transformé ses choix alimentaires, non par obligation, mais par identité. Se définir comme « imperturbable » peut aider à repousser distractions et comportements indésirables. Partager cette nouvelle identité avec les autres renforce cet engagement, tout comme le font les pratiquants religieux à travers leurs rituels.

Les rituels, qu’ils soient religieux ou laïques, renforcent notre discipline. Une étude d’Harvard révèle que des rituels simples avant les repas, comme disposer symétriquement la nourriture, aident à réduire la consommation calorique. Créer des habitudes répétées, comme des mantras ou des messages automatiques (« Ne pas déranger »), solidifie notre identité.

L’identité n’est pas figée. Elle est évolutive et peut être ajustée pour adopter des comportements alignés avec nos valeurs. Avec les quatre éléments du Modèle Imperturbable, nous pouvons rester concentrés sur ce qui compte.

CINQUIÈME PARTIE – Comment rendre son lieu de travail imperturbable

Chapitre 26 : Une distraction est un signe de dysfonction

Le monde professionnel moderne est marqué par des distractions constantes, renforcées par une culture d’hyper-disponibilité. Bien que la technologie semble être la cause évidente, elle ne fait qu’exacerber un problème plus profond : des environnements de travail stressants et mal gérés.

Une étude de l’University College de Londres identifie deux facteurs clés de la dépression liée au travail :

  • Le « stress professionnel », où les employés subissent des attentes élevées sans contrôle sur les résultats ;
  • Le « déséquilibre entre efforts et récompenses », où leurs efforts ne sont pas reconnus ni valorisés.

Leslie Perlow, dans Sleeping with Your Smartphone, montre comment ces dynamiques sont amplifiées par des cycles de réactivité créés par la technologie.

Par exemple, dans un cabinet de conseil, des responsables imposaient des horaires chaotiques et des attentes irréalistes, rendant les employés constamment disponibles, même sur leur temps personnel. Répondre à des e-mails tardifs ou pendant des moments familiaux enseigne aux collègues que l’on est toujours accessible, brouillant les frontières entre vie professionnelle et personnelle.

Ces pressions culturelles et technologiques transforment le temps libre en temps de travail, augmentant le stress et réduisant la productivité. Pour remédier à cela, les entreprises doivent reconsidérer leurs pratiques et valoriser un équilibre sain entre les attentes professionnelles et la vie personnelle.

Source : Imperturbable, Chapitre 26 (inspiré de Imperturbable Leslie Perlow : Sleeping with Your Smartphone)

Le cycle de réactivité au travail n’est pas causé par la technologie, mais par une culture d’entreprise dysfonctionnelle. Leslie Perlow a démontré que la surutilisation technologique est un symptôme révélant des problèmes organisationnels plus profonds.

Les lecteurs de cet article ont également lu :  Bit Literacy - 2

Chapitre 27 : Une culture d’entreprise imperturbable

Le cycle de réactivité au travail découle d’une culture d’entreprise dysfonctionnelle, où la surutilisation technologique n’est qu’un symptôme.

Leslie Perlow, lors de son étude au Boston Consulting Group (BCG), a proposé une solution simple : offrir aux employés une soirée hebdomadaire sans travail ni connexion. En créant un espace où les équipes pouvaient discuter librement des problèmes, elles ont identifié des solutions pratiques et remis en question des pratiques professionnelles inefficaces.

Ces réunions ont permis non seulement de réduire le stress lié à la disponibilité constante, mais aussi d’améliorer la communication, la responsabilité individuelle et la satisfaction au travail. Inspirées par cette initiative, toutes les équipes du BCG, y compris les plus réticentes, ont adopté des pratiques similaires, transformant une culture toxique en un environnement plus sain et collaboratif.

Les résultats de BCG corroborent une étude menée par Google, qui identifie la « sécurité psychologique » comme un facteur clé d’efficacité des équipes. Ce concept, introduit par Amy Edmondson, implique que les employés puissent s’exprimer sans crainte de jugement ou de représailles. Cette sécurité favorise l’innovation, la collaboration et la résilience face aux défis.

Pour instaurer cette culture, les leaders doivent promouvoir l’apprentissage collectif, reconnaître leurs limites et poser des questions. Une entreprise qui valorise la sécurité psychologique permet à ses employés de résoudre efficacement les problèmes, comme les distractions, et de s’épanouir professionnellement.

La clé réside dans un environnement où les employés se sentent soutenus et écoutés, garantissant ainsi leur engagement et leur productivité.

Chapitre 28 : Un lieu de travail imperturbable

Slack, souvent critiqué pour encourager une culture du « toujours connecté », a développé une approche unique pour promouvoir un environnement professionnel sain et équilibré. Son slogan, « Travaillez dur et rentrez chez vous », reflète une culture qui valorise la déconnexion après les heures de bureau.

Les employés sont encouragés à ne pas envoyer de messages après le travail, grâce à la fonctionnalité « Ne pas déranger » qui bloque les notifications en dehors des heures de travail.

Les dirigeants de Slack, comme Bill Macaitis, montrent l’exemple en favorisant des blocs de travail ininterrompus et en planifiant les moments où ils consultent leurs messages. En réunion, les distractions technologiques sont minimisées, et une attention totale est donnée aux collègues.

Slack offre également à ses employés un espace pour s’exprimer librement et où les suggestions sont activement encouragées. Les emoji, comme l’œil ou le check, servent à montrer que les messages des employés sont lus et pris en compte. Ces pratiques renforcent la sécurité psychologique, essentielle à l’épanouissement professionnel.

SIXIÈME PARTIE – Comment élever des enfants imperturbables – (et pourquoi nous avons tous besoin de nutriments psychologiques)

Chapitre 29 : Éviter les excuses faciles

L’anxiété autour des effets des technologies sur les enfants est amplifiée par des titres alarmants, mais souvent simplistes. Jean Twenge, par exemple, lie smartphones et crise de santé mentale, mais des études comme celle de Christopher Ferguson contredisent ce lien, notant que seules les utilisations excessives, comme plus de cinq heures par jour, sont corrélées à la dépression. Pour la majorité des enfants, un temps d’écran modéré n’entraîne pas d’effets négatifs, et peut même améliorer leur bien-être.

Accuser la technologie, comme le sucre ou les « cerveaux adolescents sous-développés », est une solution facile mais erronée. Historiquement, les nouvelles inventions, comme l’imprimerie ou la radio, ont suscité des craintes similaires. Les comportements problématiques des enfants ont des causes plus complexes, souvent ignorées par les mythes véhiculés par les médias.

Les parents doivent dépasser la tentation de diaboliser la technologie et aider leurs enfants à devenir responsables face aux distractions. Apprendre à gérer leur attention est une compétence essentielle pour leur avenir. Au lieu de se focaliser sur les outils, il est crucial de comprendre les véritables causes psychologiques derrière ces comportements et d’offrir des solutions adaptées et constructives.

Chapitre 30 : Comprendre les déclencheurs internes de son enfant

Richard Ryan et Edward Deci, chercheurs en psychologie, expliquent dans leur théorie de l’auto-détermination que l’épanouissement humain repose sur trois besoins essentiels :

  1. L’autonomie ;
  2. La compétence ;
  3. L’appartenance sociale.

Lorsque ces besoins sont insatisfaits, les enfants compensent souvent par des comportements malsains, comme une surutilisation des écrans.

Les enfants manquant d’autonomie, souvent contrôlés par des adultes à l’école ou à la maison, se tournent vers les technologies où ils peuvent choisir librement et explorer leur créativité. Les jeux vidéo et les réseaux sociaux leur offrent un espace où ils peuvent décider par eux-mêmes, en contraste avec un environnement réel trop restrictif.

Le sentiment de compétence, essentiel au bien-être, est également en déclin. Les tests standardisés et le manque de soutien individualisé dans les écoles découragent les enfants, les poussant à chercher des gratifications immédiates en ligne, comme monter de niveau dans un jeu ou recevoir des « likes ».

Enfin, l’appartenance sociale est primordiale. Avec la diminution des jeux en plein air et des interactions spontanées, les enfants se tournent vers les environnements virtuels pour se connecter et créer des liens. Bien que ces interactions puissent être positives, elles ne remplacent pas les bénéfices des relations réelles.

Le psychologue Richard Ryan suggère aux parents d’impliquer leurs enfants dans la gestion de leur temps d’écran, en leur expliquant les effets négatifs de la surutilisation.

Par ailleurs, encourager des activités réelles où ils peuvent ressentir autonomie, compétence et appartenance sociale est crucial pour leur développement équilibré et leur résilience face aux distractions numériques.

Chapitre 31 : Une famille imperturbable

Lori Getz, experte en éducation numérique, souligne l’importance de discuter des comportements humains plutôt que de diaboliser la technologie pour aider les enfants à gérer les distractions. Elle recommande d’encourager des conversations familiales sur les valeurs et les priorités, en impliquant les enfants dans la création de leur emploi du temps.

Getz suggère d’instaurer des règles claires, comme limiter les écrans jusqu’à ce que les tâches importantes soient accomplies. Elle insiste sur la nécessité de leur laisser de l’autonomie pour comprendre les conséquences de leurs décisions, même en cas d’échec, car cela les prépare à gérer leur temps de manière autonome.

Le jeu improvisé est essentiel pour leur développement social et émotionnel. Les parents doivent prévoir du temps pour jouer en famille, organiser des repas réguliers sans écrans et créer des moments partagés. Des activités comme des soirées à thème ou des sorties renforcent les liens familiaux.

En aidant les enfants à structurer leur temps selon leurs valeurs et en montrant l’exemple, les parents peuvent les guider vers une relation plus saine avec la technologie.

Chapitre 32 : Aider son enfant à gérer ses déclencheurs externes

Pour aider les enfants à gérer les distractions externes, il est crucial de les accompagner dans l’utilisation des technologies de manière adaptée à leur maturité.

Donner un smartphone ou un gadget trop tôt, sans préparation ni limites, peut être contre-productif. Comme pour apprendre à nager, les enfants doivent d’abord acquérir des compétences de base, comme désactiver les notifications ou utiliser le mode « Ne pas déranger », avant d’accéder à des appareils plus avancés.

Il est recommandé de commencer avec des téléphones basiques ou des montres GPS pour limiter les distractions. Les écrans, comme les téléviseurs ou ordinateurs, devraient être placés dans des espaces communs et interdits dans les chambres, surtout la nuit, pour favoriser le sommeil.

Les parents doivent également respecter l’emploi du temps de leurs enfants, éviter de les distraire pendant leurs activités planifiées, et les soutenir dans la création d’un environnement propice à la concentration.

Chapitre 33 : Aider son enfant à instaurer ses propres pactes

Lorsque la fille de l’auteur a commencé à réclamer un iPad à cinq ans, ses parents ont décidé de l’aider à gérer son temps d’écran. Ils lui ont expliqué l’importance de répartir les 24 heures de sa journée entre diverses activités.

Ensemble, ils ont fixé une limite de 45 minutes par jour, et l’enfant a proposé d’utiliser un chronomètre pour s’y tenir. Cette approche basée sur l’autonomie lui a permis de définir et respecter ses propres règles, qu’elle a ajustées avec le temps.

Impliquer les enfants dans la gestion de leur temps d’écran leur apprend à se responsabiliser et à développer des compétences essentielles pour résister aux distractions, même en l’absence de leurs parents.

SEPTIÈME PARTIE – Comment avoir des relations imperturbables

Chapitre 34 : Répandre des anticorps sociaux parmi ses amis

Les distractions numériques perturbent souvent nos interactions sociales. Ce phénomène, appelé « télésnober », illustre l’impact des distractions sur la qualité des moments partagés. Tout comme les normes sociales ont évolué pour réduire le tabagisme, nous pouvons développer des « anticorps sociaux » pour limiter ces comportements.

En présence d’amis, nous pouvons demander avec sincérité si tout va bien lorsqu’un téléphone est utilisé. Cette méthode permet de rappeler discrètement l’importance de l’échange. D’autres distractions, telles que les écrans dans les restaurants ou les interruptions par des enfants, méritent également d’être gérées en amont, par exemple en préparant tout ce dont les enfants pourraient avoir besoin à l’avance.

En établissant des accords avec nos proches pour éliminer les distractions inutiles, nous renforçons nos liens et apprenons à mieux nous connaître, en créant des moments de véritable connexion.

👉 Pour une approche plus critique des effets négatifs des nouvelles technologies sur nos relations sociales, voir le livre de Shirley Turkle, Seuls ensemble.

Chapitre 35 : Être imperturbable en amour

Nir Eyal raconte finalement comment les distractions technologiques ont affecté son couple. Parfois, leurs téléphones prenaient le dessus sur leurs moments intimes !

En identifiant leurs déclencheurs internes et en adoptant des stratégies comme la règle des dix minutes et des multiprises à minuterie, ils ont rétabli des habitudes saines. Ils ont banni les appareils de leur chambre, respecté une heure de coucher stricte et consacré du temps à leurs priorités.

Ces changements leur ont permis de renforcer leur relation et leur productivité. Être imperturbable, selon l’auteur, consiste à respecter ses engagements et à montrer l’exemple, aussi bien au niveau de ses relations personnelles, que sociales et professionnelles.

Distraction

Conclusion sur « Imperturbable » de Nir Eyal :

Ce qu’il faut retenir de « Imperturbable : Comment s’affranchir des distractions du monde numérique et rester maître de sa vie» de Nir Eyal :

Dans ce monde saturé de distractions, Imperturbable offre un guide plus que bienvenu pour reprendre le contrôle de sa vie ! Nir Eyal ne se contente pas de dénoncer la technologie ou les habitudes modernes, il explore en profondeur les causes des distractions – internes et externes – tout en proposant des solutions concrètes et applicables.

Ce livre ne se limite d’ailleurs pas au domaine professionnel : il touche à tous les aspects de la vie, de nos relations personnelles à notre bien-être mental, en passant par l’éducation des enfants. En alliant recherches scientifiques et anecdotes personnelles, Nir Eyal montre que devenir imperturbable n’est pas une quête de perfection, mais une démarche pour aligner nos actions avec nos valeurs.

Si vous souhaitez accomplir ce qui compte vraiment pour vous, sans sacrifier vos relations ou votre santé, Imperturbable vous offrira les outils pour transformer vos habitudes et mieux vivre au quotidien.

Points forts :

  • Une expérience de première main en matière de manipulation de l’attention ;
  • Une écriture limpide, qui allie anecdotes et références scientifiques ;
  • Des récapitulatifs en fin de chaque chapitre pour savoir que retenir.

Point faible :

  • Je n’en ai pas trouvé.

Ma note :

★★★★★

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Médiocre - Aucun intérêtPassable - Un ou deux passages intéressantsMoyen - Quelques bonnes idéesBon - A changé ma vie sur un aspect bien précis !Très bon - A complètement changé ma vie ! (Pas encore de Note)

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