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Résumé de « Le charme discret de l’intestin » de Giulia Enders : Mal aimé et mal considéré, l’intestin est pourtant, avec le cerveau, l’organe le plus important de notre corps ; Giulia Enders lui redonne ses lettres de noblesse dans ce livre qui nous aide aussi à comprendre les supers pouvoirs du microbiote intestinal.
Par Giulia Enders, 384 pages, 2020.
Note : Cette chronique invitée est écrite par Laura, fondatrice du blog Madame Shiitake, qui vous aide à mieux manger et à mieux vivre grâce à une alimentation saine, gourmande et adaptée à vos besoins.
Chronique et résumé de « Le charme discret de l’intestin » de Giulia Enders – Introduction
Giulia Enders dresse un constat sans appel dès les premières pages de son ouvrage : tout le monde se moque de l’intestin, et c’est un tort. Cette indifférence générale a longtemps fait de l’étude de l’intestin le parent pauvre de la médecine. Pourtant, les choses sont aujourd’hui en train de changer et cette discipline, longtemps délaissée, est de plus en plus étudiée. On comprend de mieux en mieux le rôle joué par notre intestin et le microbiote intestinal qu’il abrite.
Il est le siège de notre immunité puisqu’il constitue les deux tiers de notre système immunitaire. Il est à l’origine de notre énergie. Il travaille en étroite collaboration avec notre cerveau avec lequel il partage de nombreuses similitudes. Il influence grandement notre état de bien-être. Il joue un rôle majeur dans notre vie, dès le plus jeune âge. Bref, ses implications sont nombreuses et l’intérêt récent porté à l’intestin par les scientifiques a permis des découvertes majeures.
Dans ce livre, l’auteure nous fait découvrir les pouvoirs hors norme de notre intestin. On y découvre à quel point cet organe est indispensable et mérite qu’on en prenne soin. Prêts à vous réconcilier avec votre ventre et les milliards de petites bestioles qui y vivent ?
Chapitre 1 – Visite guidée de l’intestin : un organe complexe
L’intestin est l’organe le plus grand de notre corps. Le tube digestif dans son ensemble l’est encore davantage. Partant de la bouche et aboutissant à l’anus, sa complexité mérite qu’on s’attarde un peu sur son fonctionnement. Dans ce chapitre, l’auteure nous accompagne pas à pas, de haut en bas, à la découverte de notre tube digestif. Une sorte de spéléologie interne dans laquelle on se met dans la peau d’une part de gâteau qui n’en finit pas de descendre.
Personne ne s’intéresse aux intestins
Nous admirons tous le système nerveux qui permet de nous mettre en action, de mener des réflexions. Le cerveau en est la rock star. Nous admirons tous le système circulatoire qui nous maintient en vie, avec le cœur en métronome infatigable. Mais qui admire le système digestif ? Pas grand monde. Nous le voyons tout juste comme un long tuyau dont le but est de fabriquer cette chose malodorante qui tombe au fond de nos cuvettes.
Il y a quelques décennies, les intestins n’intéressaient personne, Giulia Enders la première. Seulement, alors qu’elle a 17 ans, elle est atteinte d’un problème de peau. D’abord localisé, le problème s’est rapidement étendu à son corps tout entier. Les médecins n’y comprenaient pas grand-chose, les médicaments n’y faisaient rien. Après une année d’errance, elle décide de prendre le taureau par les cornes et de chercher une solution à son problème. Elle tombe sur des cas similaires au sien et se rend vite compte qu’elle ne souffre pas de problèmes de peau, mais de problèmes intestinaux.
Elle change alors immédiatement sa façon de manger et se tourne vers une alimentation plus saine. Sa persévérance finira par payer et ses problèmes de peau se résolvent. C’est à ce moment là qu’elle décide de se tourner vers des études de médecine. Elle veut savoir comment fonctionnent nos intestins. Elle en deviendra rapidement une spécialiste. Le but de ce livre est de faire comprendre au plus grand nombre que le système digestif est bien plus qu’un long tuyau qui fait des zigzags.
La porte d’entrée du tube digestif : la bouche
On n’imagine pas à quel point la bouche joue un rôle important dans la digestion. Elle est pourtant clairement conçue pour ça. Nous produisons jusqu’à un litre de salive par jour. Cette dernière permet déjà de commencer la digestion des aliments. Elle a un rôle antibactérien et protège notre bouche et nos dents des infections. Elle a aussi des propriétés antidépressives. On comprend ainsi mieux pourquoi nous avons tendance à manger lorsque nous sommes frustrés, tristes ou angoissés. C’est la salive qui est en partie responsable de ce comportement.
La langue est le muscle le plus agile de notre corps. Nous savons tous qu’elle est composée de papilles gustatives. Mais ce que nous savons moins, c’est qu’elle est également composée de tissus lymphoïdes. Il s’agit là d’une première barrière anti bactérienne. Tout ce que nous mangeons est palpé et analysé par notre langue et ces tissus lymphoïdes (il y en a aussi qui tapissent le pharynx). Tout ce qui est considéré comme de la nourriture passe les contrôles sans problème. En revanche, le reste peut rapidement déclencher une réaction immunitaire.
Enfin, les dents, avec l’aide de la langue, permettent de faciliter la digestion en déchiquetant les aliments. Le mot d’ordre : pas de quartier ! Plus les aliments sont broyés, meilleure sera la digestion.
Visite du tube digestif en 4 étapes
Après la bouche et le pharynx, la nourriture broyée prend la direction de l’estomac en passant par l’œsophage. Ce dernier est raccordé à l’estomac, mais sur le côté. Pourquoi faire ce détour ? Il y a une bonne raison à cela. Le travail qui a lieu dans l’estomac produit du gaz. Ce gaz n’a qu’une envie, retrouver sa liberté en sortant par la bouche. Si l’œsophage était raccordé à l’estomac par le dessus, ces gaz pourraient sortir beaucoup trop facilement. Nous passerions nos journées à roter… En étant accroché sur le côté, l’air ne s’échappe plus aussi facilement.
L’estomac a la forme d’un haricot géant. Là aussi, ce n’est pas le fruit du hasard. Cela permet de trier les aliments ! Quand on mange, ces derniers descendent l’œsophage et finissent par faire le grand plongeon dans l’estomac. Les liquides, quant à eux, vont glisser le long de la paroi droite de l’estomac (celle qui est incurvée) et tomber de l’autre côté de notre poche digestive, loin des solides. C’est la combinaison de la forme de l’estomac et de l’arrivée sur le côté de l’œsophage qui permet cette prouesse.
Après l’estomac, nous débouchons dans l’intestin grêle. Il peut faire jusqu’à six mètres de long. Il n’est pas maintenu, ce qui signifie qu’il est mobile et peut se balader (un petit peu) dans notre ventre. Ainsi, chacun de nos mouvements va induire un mouvement du grêle, contribuant au déplacement de ce qu’il contient. L’intérieur de cette partie de l’intestin est d’un rose velouté, quasiment sans odeurs. Il est composé de villosités et microvillosités qui offrent une surface d’absorption d’environ 400m², rien que ça. Le rôle de l’intestin grêle est de terminer ce que l’estomac a commencé : la totale désintégration des aliments pour en absorber tous les nutriments. Ajoutez des sucs digestifs, un peu de temps et le tour est joué. Tous ces nutriments sont envoyés dans la circulation sanguine, sont filtrés par le foie et orientés dans la circulation générale. Voilà la source de notre vie et de notre énergie.
Le gros intestin se trouve après le grêle. Il se charge de tout ce qui n’a pas encore été assimilé. Et pour ça, il a une armée de bonnes bactéries à son service : le microbiote intestinal. Une armée très utile puisqu’elle joue un rôle majeur dans nos défenses immunitaires. Les parois de notre gros intestin sont d’ailleurs tapissées de cellules immunitaires. S’il est important de manger correctement, c’est pour que ces bonnes bactéries restent en place. Une mauvaise alimentation laisse la place à de mauvaises bactéries qui concurrencent les bonnes. Elles vont donc avoir un impact négatif sur nos défenses immunitaires.
Les macronutriments
La partie la plus importante de la digestion se passe dans l’intestin grêle. Des enzymes y sont à l’œuvre et découpent la nourriture en tous petits morceaux : les glucides, les lipides et les protéines.
Les glucides sont rapidement et facilement absorbés. C’est encore plus vrai pour ceux issus de produits industriels riches en sucres raffinés et en sucres simples. Les glucides offrent un apport en énergie presque immédiat. En revanche, notre corps a du mal à faire face à un afflux de sucre trop important. Dans ce cas-là, c’est la fatigue qui s’installe. Les glucides complexes sont absorbés plus lentement, car plus difficiles à découper. Ils apportent donc de l’énergie sur un temps plus long. Ce sont eux que l’on appelle parfois sucres lents. Il est important de noter que notre foie sait transformer le sucre en graisse. Si nous consommons plus de sucre que nos besoins, c’est ce qu’il fera. Il stockera l’énergie sous forme de graisse, pour plus tard.
Les lipides concentrent plus d’énergie que les glucides et les protéines. Ils sont présents partout dans le corps : dans les parois de nos cellules, ils assurent des réactions chimiques importantes, protègent notre système nerveux, etc. Ils représentent la moitié de la masse de notre cerveau. Bref, ils sont indispensables. Contrairement aux glucides, ils ne sont pas transportés dans le sang, mais par le circuit lymphatique. Circuit qui ne passe pas par le foie, ce qui veut dire pas de filtration des mauvais éléments. Ainsi, une alimentation trop grasse ou composée de mauvaises graisses peut engendrer une accumulation de graisse dans le corps, notamment autour du cœur.
Il existe 20 acides aminés. Ils sont les constituants des protéines. Tous sont nécessaires, mais notre corps ne sait pas tous les synthétiser. Ceux qu’il ne sait pas fabriquer sont appelés acides aminés essentiels. Les acides aminés permettent à notre corps de composer un grand nombre de protéines différentes. Des composés indispensables qui entrent notamment dans la composition ADN de chacune de nos cellules. Seules les protéines animales contiennent les 20 acides aminés. Elles sont appelées protéines complètes. Pour avoir son ratio d’acides aminés quotidien en se passant de protéines animales, il est crucial de varier autant que possible les sources de protéines végétales chaque jour.
Allergie et intolérance : quelles différences ?
Des hypothèses avancent que la phase digestive serait le point de départ des allergies alimentaires. Des aliments mal décomposés lors de la digestion donnent des particules de trop grande taille. Ces dernières seraient capables de franchir les parois digestives, de se retrouver dans notre organisme et d’affoler notre système immunitaire. Une réaction inflammatoire qui, si elle intervient trop souvent, est riche d’enseignements pour notre corps. Ce dernier comprend, avec l’expérience, quel aliment est à l’origine de ces désagréments. Il peut alors se mettre à déclencher de violentes réactions immunitaires dès que l’aliment en question arrive dans la bouche.
Certains aliments difficiles à digérer comme le gluten peuvent provoquer porosité et inflammation intestinale. Les parois de l’intestin laissent alors passer, dans le corps, des composants qui ne devraient pas s’y trouver. Cette porosité peut s’aggraver avec le temps et provoquer l’apparition de maladies chroniques telles que la maladie de cœliaque. On parle ici d’allergie et le seul remède connu est l’éviction de l’aliment concerné (le gluten dans ce cas). Dans le cas d’une intolérance ou d’une sensibilité, il est possible de consommer l’aliment problématique, mais dans des quantités raisonnables.
Pour en savoir plus sur comment réduire l’inflammation intestinale, cliquez ici.
En ce qui concerne l’intolérance au lactose, c’est souvent un déficit en lactase qui est responsable. Une enzyme produite par les parois de l’intestin grêle et qui permet de décomposer le lactose. Passé le stade de nourrisson, notre corps diminue la production de lactase et chez certaines personnes cette production cesse complètement. Ils deviennent intolérants, voire allergiques au lactose.
Faire la différence entre allergie et intolérance est crucial et l’auteure nous met en garde à ce sujet. Si vous ne souffrez pas d’allergie, il est vivement déconseillé d’évincer un aliment de votre alimentation. En revanche, il ne faut pas hésiter à en réduire la consommation et à trouver des alternatives pour éviter les carences.
Chapitre 2 – L’intestin : notre deuxième cerveau
Il n’est pas rare d’entendre parler de deuxième cerveau à propos de l’intestin. Dans ce chapitre, Giulia Enders nous explique pourquoi cette appellation n’est pas volée. Il existe un lien fort entre cerveau et intestin et ce dernier est innervé par un système nerveux d’une densité très importante.
Les muscles qui permettent au système digestif, dans son ensemble, de fonctionner sont les muscles lisses. Des muscles remarquables puisqu’ils fonctionnent et se contractent seuls, sans avoir besoin d’un ordre du cerveau. Ces muscles lisses et souples se meuvent gracieusement et sont mis en mouvement par le système nerveux viscéralaussi appelé système nerveux autonome.
Manger : toute une gymnastique
Ici, l’auteure veut nous faire prendre conscience de la complexité d’une tâche qui paraît aussi simple que celle de manger. Un simple coup de fourchette met en réalité en action une quantité impressionnante de réactions, à la fois mécaniques et chimiques. Un véritable balai dont nous n’avons pas conscience.
La digestion commence avec les yeux. Et oui, lorsque nous voyons une belle part de gâteau, nous commençons à saliver et notre estomac commence déjà à sécréter des sucs gastriques.
Le rôle du nez est également important. À l’approche de la cuillère pleine de gâteau, notre nez sent et reconnaît les odeurs. Il fait un rapide compte-rendu au cerveau qui valide ou non. Si quelque chose semble suspect, il peut nous convaincre de regarder plus attentivement le contenu de la cuillère, de sentir de plus près ou même de renoncer à manger.
La bouche, quant à elle, est le lieu de tous les records. La langue est le muscle le plus agile du corps. La mâchoire est mise en mouvement par les muscles les plus puissants. L’email de nos dents est le matériau le plus dur de notre corps. Pas étonnant quand on comprend l’importance que revêtent la mastication et la déglutition dans le processus de digestion. La langue pousse les aliments entre les dents. Ces dernières broient tout ce qui doit l’être. Enfin, la langue catapulte vers l’arrière tout ce qui est prêt à faire le grand saut.
Le pharynx, lui, se charge de faire la circulation. Au moment de la déglutition, les accès au nez se ferment, les cordes vocales se taisent, la base de la bouche s’affaisse et ce qu’il reste du gâteau commence sa descente.
C’est ensuite l’œsophage qui prend le relai. Il s’ouvre pour laisser la voie libre à ce qu’il reste du gâteau et se referme derrière lui. Les muscles lisses de l’œsophage fonctionnent tellement bien que même la tête en bas, la nourriture file vers l’estomac.
L’estomac a de particulier qu’il est capable de s’étirer considérablement. Lorsqu’il contient de la nourriture, il se contracte et se relâche. Il se balance d’avant en arrière, de gauche à droite. Cette gymnastique permet une digestion efficace et met l’intestin grêle en mouvement. Souvenez-vous, ce dernier est mobile. Le travail de l’estomac permet de réduire notre part de gâteau en particules d’environ 0,2mm de diamètre.
L’intestin grêle est perfectionniste et c’est lui qui s’occupe de terminer la digestion. Grâce à des mouvements permanents, la bouillie venue de l’estomac est poussée le long de l’intestin et les parois absorbent tout ce qu’elles peuvent.
Enfin, dans le gros intestin habitent de très nombreuses bactéries qui constituent notre microbiote intestinal. Ces dernières se nourrissent de ce qu’il reste et les liquides utiles à la digestion sont éliminés. Quand tout est bon, le gros intestin pousse ce qui doit l’être vers la sortie.
Cerveau et intestin communiquent entre eux
L’auteure nous explique, et c’est tout le propos de ce livre, que les recherches qui concernent l’intestin avancent à grands pas. Nous savons aujourd’hui beaucoup plus de choses qu’il y a quelques décennies et il y a encore plus à découvrir. La découverte la plus significative a été celle de l’axe intestin-cerveau et de la faculté qu’ont ces deux organes à travailler de concert.
Le système nerveux de l’intestin est aussi vaste et complexe que celui du cerveau. Il serait même le siège d’une bonne partie des émotions qui nous traversent. L’ère du cerveau tout puissant est révolue et on comprend aujourd’hui que nos intestins (notre deuxième cerveau) ont leur part de responsabilité dans ce que l’on ressent. Pourquoi une telle complexité du système nerveux intestinal ? Après tout, le rôle de tuyau péteur auquel l’intestin a longtemps été cantonné ne nécessite pas cette complexité. Et bien c’est parce qu’il est bien plus que ça. Il existe bel et bien un axe intestin-cerveau qui constituerait notre véritable « moi ».
L’intestin communique en permanence avec notre cerveau
Le nerf vague est celui qui fait la liaison entre cerveau et intestin. Il permet à ce dernier d’influencer certaines zones de notre cerveau. En particulier celles qui sont responsables de la :
- perception du « moi »,
- motivation,
- gestion des sentiments,
- mémoire,
- moralité,
- peur.
L’auteure précise que cela ne veut pas dire que l’intestin est aux manettes de ces paramètres, mais qu’il a une influence dessus. On constate, par exemple, qu’il y a moins de personnes dépressives parmi celles qui ont un microbiote intestinal en bonne santé. On sait aussi que la stimulation du nerf vague peut jouer sur l’humeur et faire diminuer l’anxiété et l’angoisse.
L’intestin est au centre de tout, il cohabite avec les autres organes et est confronté à tout ce qui rentre et sort de notre corps. Il est donc normal qu’il soit capable de communiquer avec le cerveau, tant son rôle est central. En tant qu’organe sensoriel le plus vaste, il est le meilleur indicateur de ce qu’il se passe dans le corps. Les yeux, le nez ou les oreilles sont des capteurs qui permettent d’interagir avec l’extérieur. L’intestin, lui, ressent tout de notre vie intérieure et œuvre pour notre subconscient. C’est lorsque nous sommes nourrissons que le lien intestin-cerveau est le plus fort.
Irritation de l’intestin, stress et dépression : les conséquences sur le microbiote intestinal
L’intestin sait hiérarchiser. Les problèmes insignifiants, il les gère tout seul et n’en parle pas au cerveau. En revanche, lorsque c’est plus complexe, il établit le dialogue. Un taux d’alcoolémie trop élevé ? Il alerte la zone du cerveau en charge du vomissement. Un repas de fête très copieux ? Le cerveau est prévenu pour qu’il envoie la sensation de satiété. Chez les personnes à l’intestin irrité, cette communication peut être défaillante. L’intestin, en vraie pipelette, avertit le cerveau d’absolument tout. Il stimule ainsi en permanence la zone du cerveau dédiée aux sentiments désagréables. La conséquence, c’est un état anxieux, de fatigue et de mal-être qui peut devenir chronique. Cela peut même provoquer un état dépressif.
En situation de stress, c’est le cerveau qui interpelle l’intestin. Pour gérer une situation stressante, le cerveau a besoin d’énergie. Dans ce cas, l’intestin coopère et se met au ralenti pour économiser de l’énergie au profit du cerveau. Cela impacte notre digestion. Si cette situation dure ou se répète trop souvent, notre microbiote intestinal souffrira de ce sevrage. Un appauvrissement de la flore intestinale peut engendrer des problèmes de transit, mais pas seulement. Les milliards de bactéries qui logent dans nos intestins ont aussi le pouvoir d’influencer notre état psychologique.
Giulia Enders conclut ce chapitre en nous invitant à voir les choses autrement. Un coup de moins bien, de baisse de motivation, ou un début de dépression ? Il faudrait avoir le réflexe de se pencher sur notre microbiote intestinal et la santé de notre intestin. Car le problème pourrait bien venir du cerveau du bas.
Chapitre 3 – L’Homme est une planète, habitée par le microbiote intestinal
100 billions de bactéries (cent mille milliards) logent dans notre intestin. Elles sont réparties en plus de 1000 espèces et sont, dans leur écrasante majorité, de précieuses alliées. On sait aujourd’hui que notre santé dépend en partie de la bonne santé de notre microbiote intestinal. Mais l’inverse est aussi vrai. En tombant malade, notre microbiote peut se dégrader et ne plus remplir toutes ses fonctions.
Plus on descend dans le tube digestif, plus les bactéries sont nombreuses. L’essentiel de notre microbiote intestinal se trouve ainsi dans le gros intestin, après le grêle.
Mais alors comment se fait-il que notre système immunitaire tolère toutes ces bactéries qui se sont invitées dans nos entrailles ?
Le système immunitaire sait faire la part des choses
80% de notre système immunitaire se trouve dans l’intestin. Ce n’est pas étonnant puisque l’essentiel de ce qui rentre dans notre organisme emprunte ce long corridor.
Si notre système immunitaire ne s’attaque pas aux bactéries de l’intestin, c’est parce qu’elles demeurent éloignées de nos cellules internes. Il ne les considère donc pas comme dangereuses. Mieux encore, il apprend à leur contact. À force de toujours croiser les mêmes bactéries, bénéfiques à notre santé, notre système immunitaire reconnaît encore plus facilement les bactéries pathogènes, celles qu’il voit plus rarement. Il est ainsi plus efficace pour éliminer les indésirables.
Le microbiote intestinal aux prémices de la vie
Notre corps est fait pour accueillir des bactéries. Nos cellules sont rugueuses pour que les bactéries puissent s’y accrocher facilement. Et ça dès le plus jeune âge.
Peu avant la naissance, lorsque la poche des eaux se rompt, le fœtus est colonisé par les bactéries de la mère. Rapidement, le bébé devient habité de plus de bactéries qu’il ne possède de cellules humaines. Il faut ensuite trois ans pour que le microbiote intestinal de l’enfant se mette en place et se stabilise. C’est pour cela que le transit des très jeunes enfants n’est pas réglé et se montre régulièrement capricieux.
Notre microbiote intestinal se construit dès notre plus jeune âge et devient rapidement unique. Nous avons tous un microbiote différent (empreinte bactérienne). En effet, chaque rencontre, chaque repas, chaque objet mis à la bouche, chaque baiser ou notre hygiène, sont autant de facteurs qui influencent notre microbiote.
On sait aujourd’hui qu’un allaitement prolongé est très bénéfique pour la qualité du microbiote intestinal d’un bébé. Il permet également de réduire le risque de contracter une intolérance au lactose. On sait aussi qu’un bébé africain saura très tôt digérer les fibres. Ce n’est pas le cas des bébés européens nourris aux petits-pots plus pauvres en fibres. De même, un bébé japonais aura très vite, dans son microbiote, des bactéries spécialisées dans la digestion des algues. Les bactéries se transmettent d’une génération à l’autre et la géographie joue donc un rôle majeur dans la constitution du microbiote intestinal. Les premiers habitants de notre intestin sont déterminants pour l’avenir de notre corps tout entier.
L’utérus est tapissé de bonnes bactéries. Lors de l’accouchement, la flore vaginale vient envelopper le bébé lorsque celui-ci se dirige vers la sortie. Ces bactéries ont pour rôle de protéger le bébé et viennent constituer le microbiote intestinal de l’enfant. Giulia Enders nous explique que les enfants nés par césarienne, qui ne bénéficient pas de ces bonnes bactéries, mettent plus de temps à se constituer un microbiote stable. Ils sont également plus susceptibles de développer des allergies. Une nouvelle preuve de l’importance du microbiote intestinal pour notre santé.
Deux principaux types de microbiote intestinal
Les scientifiques ont identifié deux grands types de microbiotes intestinaux. Il y en aurait même un troisième aux contours plus flous qui ne fait pas encore consensus auprès de la communauté scientifique. Comme pour nous, il y a des microbiotes qui préfèrent la viande et d’autres qui sont plutôt végétariens. Tout dépend de la famille de bactéries présente en majorité dans le microbiote intestinal.
Si les bactéroïdes sont les plus représentés, votre microbiote est hyper polyvalent et sait tout digérer. Il a une préférence marquée pour la viande et la charcuterie. Il s’agit d’un microbiote qui produit une vitamine en grande quantité. Vitamine qui transforme les protéines en glucides et en lipides. Les personnes qui ont ce type de microbiote auront tendance à prendre du poids plus rapidement que les autres.
Si les Prevotellas sont les plus représentées, votre microbiote aura plus d’appétence pour le végétal. C’est le microbiote qui est le plus répandu chez les personnes végétariennes. Ce microbiote intestinal produit, en grande quantité, une vitamine qui permet de nourrir et de protéger les cellules nerveuses. Un microbiote qui favorise la mémoire et la vivacité d’esprit.
Par ces exemples, on comprend l’influence que peut avoir notre microbiote intestinal. Si ce que nous mangeons modifie et influence notre microbiote, l’inverse est aussi vrai. Notre microbiote est capable d’influencer ce que l’on aime ou pas et ce que l’on veut manger. Il faut enfin noter qu’il est tout à fait possible de changer de type de microbiote au cours de sa vie.
Nourrir son microbiote intestinal pour qu’il nous rende la pareille
Lorsque nous mangeons, nous nourrissons nos bactéries intestinales. La plupart d’entre elles sont situées dans le gros intestin. Elles sont expertes dans l’art d’assimiler les derniers nutriments des aliments qui sont passés par l’intestin grêle. En faisant ainsi, elles nous permettent de profiter de ces derniers nutriments. Ainsi, nous ne loupons pas une miette de ce que nous mangeons. En nourrissant nos bactéries, elles nous nourrissent en retour. Un échange donnant-donnant.
Notre microbiote intestinal peut nous faire grossir
Nous l’avons vu, certains types de microbiotes favorisent l’embonpoint. Ici l’auteure nous explique que certaines conditions seraient également favorables à la prise de poids. Et notre microbiote intestinal n’y serait pas pour rien.
Première hypothèse : Une population bactérienne qui tire plus de substances de la nourriture que la moyenne aurait tendance à nous faire prendre du poids. C’est d’autant plus vrai si elle est composée d’un grand nombre de bactéries spécialisées dans le métabolisme des glucides. Rappelez-vous que ces derniers peuvent être transformés en graisse qui est stockée pour les temps de disette.
Deuxième hypothèse : En cas d’inflammation intestinale, une situation stressante pour l’organisme, les bactéries ont tendance à produire plus de graisses. Dans le même temps, la porosité intestinale permettrait à certaines bactéries de franchir les parois de l’intestin. Ce faisant, elles aggravent l’inflammation et certaines migrent au niveau de la thyroïde, qu’elles dérèglent. Résultat des courses, en plus de produire plus de graisse, nous les brûlons moins bien. Pour éviter que cette inflammation devienne chronique, il est possible d’adopter une alimentation anti-inflammatoire. Un outil efficace à la portée de toutes et tous.
Troisième hypothèse : Lorsque nous mangeons quelque chose que nous aimons, les bactéries intestinales produisent certaines substances psychoactives. Lorsqu’elles atteignent le cerveau, ce dernier va libérer de la dopamine, l’hormone du plaisir immédiat et de la récompense. Nous avons donc un sentiment de satisfaction et de plaisir qui donne envie de répéter l’opération, de manger encore. C’est tout l’inverse de la satiété qui a pour but de nous faire arrêter de manger. Chez certaines personnes, le mécanisme de satiété serait défaillant. Elles auraient donc tendance à manger trop et moins sainement, n’écoutant que leurs bactéries faussement affamées.
Les micro-organismes pathogènes
Malheureusement, régulièrement, certains agents pathogènes s’invitent dans notre tube digestif. Ils occasionnent des désagréments bénins la plupart du temps, mais certains peuvent être très dangereux.
Les salmonelles font régulièrement parler d’elles. Présentes sur les coquilles d’œufs et sur la viande de volaille bon marché, elles sont éliminées à la cuisson. Les salmonelles sont les bactéries du cru. Mais une fois dans nos intestins, elles provoquent des réactions inflammatoires. Nos cellules intestinales, pour évacuer les intrus, produisent plus d’eau que d’habitude. Cette réaction provoque une accélération éclair du transit avec les conséquences que nous connaissons toutes et tous.
Giulia Enders nous parle ensuite d’une bactérie moins sympa : Helicobacter. Cette bactérie se loge dans la paroi de l’estomac qu’elle fragilise. Une fois fragilisée, cette paroi devient vulnérable à nos propres sucs gastriques. Cela peut provoquer de petites lésions, des ulcères de l’estomac, voire un cancer de ce dernier. Cette bactérie n’est pas particulièrement difficile à éliminer, mais notre système immunitaire ne semble pas s’intéresser à elle. Il la laisse faire des dégâts en toute impunité, mais pourquoi ? Parce que cette bactérie est également bénéfique. Si elle s’installe durablement, elle pourrait diminuer par deux le risque de faire un AVC et de contracter un cancer du poumon. Elle permettrait même de lutter contre le diabète, l’asthme, l’eczéma ou les allergies. Dans ces conditions, difficile pour notre système immunitaire de mettre les squatteurs à la porte. Des avantages cependant loin de compenser les désagréments provoqués par cette bactérie. Mais rassurez-vous les antibiotiques en viennent à bout facilement.
Nous connaissons tous les oxyures. Ce sont les vers, des parasites bien plus gros que les précédents, visibles à l’œil nu. On les attrape en général en consommant des aliments contaminés par des œufs d’oxyures. S’ils s’installent durablement, ils peuvent provoquer des troubles du sommeil et de la concentration, des maux de tête et de ventre, des nausées et un état nerveux anormal. Si vous constatez ces symptômes consultez un médecin, ces petites bêtes sont coriaces.
Les maniaques de la propreté
Au grand dam de Giulia Enders et de nos bonnes bactéries, nous sommes devenus maniaques. Nos standards de propreté sont aujourd’hui trop élevés et nos produits détergents éliminent le bon comme le mauvais. 95% des bactéries présentes dans notre environnement sont inoffensives voire profitables à notre organisme. Ce sont elles qui souffrent le plus de notre manie de tout récurer. Depuis que nous nettoyons à outrance, les infections n’ont presque pas diminué et il n’y a jamais eu autant de personnes allergiques et de maladies auto-immunes. Dans les années 90 une personne sur dix souffrait d’une allergie quelconque, c’est aujourd’hui une sur trois. Un constat qui donne à réfléchir.
Les antibiotiques
Nous rencontrons le même problème avec les antibiotiques. Ces derniers, ne font pas de quartier et leur utilisation a tendance à limiter la diversité de la flore intestinale. Après un traitement antibiotique, la flore peut même se reconstituer de plus de mauvaises bactéries qu’auparavant.
L’auteure nous alerte également sur l’importance de ne pas multiplier les traitements par antibiotique. En effet, les bactéries peuvent y devenir résistantes et il devient très compliqué d’éliminer celles qui sont indésirables. Les antibiotiques présents dans l’alimentation (viande non bio) ont le même effet sur nos bactéries, ils les rendent résistantes.
Les probiotiques : le meilleur du microbiote intestinal
Les probiotiques sont les bactéries qui nous sont bénéfiques et elles peuvent faire des merveilles.
Les probiotiques produisent des acides gras qui nourrissent nos parois intestinales. Ces dernières sont alors plus étoffées et absorbent mieux les nutriments.
Les probiotiques s’installent dans nos intestins aux emplacements qu’affectionnent les mauvaises bactéries. En plus de prendre leur place, elles produisent des antibiotiques que les mauvaises bactéries n’aiment pas. Enfin, les probiotiques peuvent aussi affamer les mauvaises bactéries en consommant tout ce qui passe dans le coin. Bref, elles font tout pour que les bactéries indésirables ne se sentent pas chez elles et n’aient pas envie de rester.
Les probiotiques sont capables de communiquer avec le reste du corps et rendent compte en temps réel de ce qui se passe dans l’intestin.
Les bactéries probiotiques sont nos meilleures amies. Elles boostent notre système immunitaire, régulent notre transit, permettent de lutter contre l’intolérance au lactose, les allergies, le diabète, les surpoids, les troubles articulaires, et la liste est encore longue.
Les prébiotiques nourrissent le microbiote intestinal
Les prébiotiques, c’est la nourriture préférée des bactéries probiotiques. Ils les aident à se développer et à être plus actives. Il s’agit de certaines fibres alimentaires dont seules les bonnes bactéries se nourrissent. Ils ne permettent donc pas aux mauvaises bactéries de se développer. Les meilleurs prébiotiques sont le poireau, l’artichaut, l’ail, les endives ou encore les oignons. Manger régulièrement ces aliments, c’est l’assurance d’offrir un festin de roi aux bonnes bactéries qui constituent notre microbiote intestinal.
Conclusion sur « Le charme discret de l’intestin » de Giulia Enders :
Au premier abord, parler d’intestin et de tout ce qui va avec ne semble pas très glamour. Personne ne se dirait « waouh super !! » à l’idée de lire un livre qui traite de ce sujet. Et bien Giulia Enders réussit le tour de force de rendre la lecture de son livre passionnante et amusante. Elle utilise l’humour pour parler de choses parfois peu ragoutantes et cela fonctionne à merveille. Le travail de vulgarisation est très bien mené et la lecture est fluide. Elle rend visible le monde de l’invisible et les illustrations sont bien senties. C’est d’ailleurs sa sœur, illustratrice, qui s’est occupée de mettre le livre en images. Il s’agit d’un livre d’expert qui s’adresse à tout le monde.
Les propos sont étayés de sources scientifiques et s’appuient sur de nombreuses études. Les connaissances sur le sujet évoluent aujourd’hui rapidement. Par conséquent, certaines hypothèses avancées dans le livre ne font pas encore l’unanimité dans le monde scientifique. L’auteure est d’ailleurs très claire sur le sujet. Il existe une édition augmentée de l’ouvrage dans laquelle Giulia Enders fait état des avancées scientifiques récentes.
En écrivant « Le charme discret de l’intestin », l’auteure voulait que le lecteur prenne conscience de l’importance de son intestin et des micro-organismes qui y habitent. L’objectif est indéniablement atteint. En plus d’apprendre beaucoup de choses, on finit par se prendre au jeu. On s’attache à ce long tuyau mal aimé et à ses locataires. On comprend leur implication et le rôle qu’ils jouent pour nous maintenir en bonne santé. On finit enfin par éprouver de la reconnaissance pour tout ce qu’il se passe à l’intérieur de nous et dont on ne se doute même pas. Une chose est certaine, à la lecture de cet ouvrage, vous n’aurez qu’une envie : prendre soin de votre microbiote intestinal.
Points forts :
- facile et agréable à lire
- pas trop technique
- un humour omniprésent et efficace
- des illustrations très réussies
- un sujet universel qui nous concerne tous
- un travail sourcé et étayé de nombreux exemples
Points faibles :
- des illustrations trop peu nombreuses
- un champ scientifique en pleine évolution qui nécessite des mises à jour régulières
Ma note :
★★★★☆
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