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Devenir biographe

Couverture du livre Devenir biographe

Résumé de « Devenir biographe » de Michèle Cléach et Delphine Tranier-Brard : un manuel qui vous dit tout sur le métier de biographe privé ou familial, une activité qui allie écriture et relation pour celles et ceux qui veulent prendre une nouvelle voie dans leur existence.

Par Michèle Cléach et Delphine Tranier-Brard, 2020, 238 pages.

Table des matières

Chronique et résumé de « Devenir biographe » de Michèle Cléach et Delphine Tranier-Brard

Avant-propos

Delphine Tranier-Bard et Michèle Cléach se sont rencontrées par l’écriture, après bien des péripéties — et quelques égarements — professionnels. C’est par la création de formations qu’elles se sont trouvées et qu’elles ne se sont plus quittées. 

« Notre désir de monter cette formation a rencontré celui des responsables d’Aleph-Écriture, un centre de formation pionnier des ateliers d’écriture en France dans les années 1980 et aujourd’hui une référence dans le domaine de l’accompagnement à l’écriture […] Nous avons ainsi pu monter ce dispositif de formation après avoir identifié un référentiel de compétences prenant en compte la double entrée du métier de biographe : l’écriture et la relation.”

(Devenir biographe, p. 8)

Pour aller plus loin et découvrir leurs formations en ligne, vous pouvez consulter les sites suivants : 

Introduction

Aujourd’hui, l’intérêt pour la biographie est bel et bien présent dans l’espace public et s’est même fait une « place de marché » auprès d’un certain public, notamment plus âgé. 

À bien y regarder, le récit de type biographique inonde déjà nos pratiques : 

  • Lorsque des fonctionnaires ou travailleurs sociaux font le récit de notre vie afin de juger de tel ou tel aspect de notre existence (droit à des allocations, etc.) ;
  • Lorsque nous faisons notre CV ;
  • Quand nous utilisons le storytelling en marketing.

Toutefois, les auteures préfèrent s’en tenir à « la question du récit de vie » qui ne se réduit pas à l’une de ces facettes. Il s’agit au contraire de laisser la personne prendre la parole complètement, sans l’enfermer dans des relations de pouvoir (chercher à vendre, à obtenir un statut, un travail, etc.). 

De plus en plus de personnes ressentent le besoin de prendre la plume ou de demander à quelqu’un de le faire pour elles. C’est à ces prête-plume que l’ouvrage s’adresse. 

Ce métier est encore peu reconnu. Par ailleurs, il importe de considérer plus largement les compétences qu’il nécessite : 

  • En écriture et édition, bien sûr ;
  • Mais aussi des compétences commerciales et de gestion (pour le côté indépendant) ;
  • Et enfin tout l’aspect « relation » que les auteures veulent particulièrement mettre en avant.
S'orienter dans le champ biographique

Première partie : S’orienter dans le champ biographique

Chapitre 1 : Comment se situe la biographie dans le champ biographique ?

Il y a une foule de textes qui peuvent entrer dans le « genre biographique » : 

  • Autobiographie ;
  • Autofiction ;
  • Journal intime ;
  • Mémoires ;
  • Histoire de vie ;
  • Récit de vie ;
  • Témoignage ;
  • Autoportrait ;
  • Roman autobiographique ;
  • Biographie.

Selon le spécialiste de l’autobiographie Philippe Lejeune, l’autobiographie a 4 caractéristiques ;

  1. La forme (récit en prose) ;
  2. Le sujet traité (vie individuelle, histoire d’une personnalité) ;
  3. Situation de l’auteur (identité du narrateur et de l’auteur) ;
  4. Position du narrateur (identité du narrateur et du personnage principal).

Il insiste également sur l’importance d’un « contrat » passé avec le lecteur. Même si cela concerne l’autobiographie, nous pouvons garder ces premières idées en tête avant de continuer notre exploration de ce genre.

Du côté des sciences humaines et sociales

Le récit de vie

Les sciences humaines et sociales (SHS) utilisent les « récits de vie » dans leurs études qualitatives. C’est en particulier la sociologie de l’École de Chicago qui a introduit cette pratique. En France, Daniel Bertaux a beaucoup travaillé sur ce qu’il a nommé la « recherche biographique ».

L’histoire de vie 

Dans son acceptation précise, l’histoire de vie va un cran « plus loin » que le récit de vie, puisqu’elle propose de compléter la narration par la réflexion et un travail d’organisation plus poussé. Ce type d’exercice est en grande partie réalisé dans les formations d’adultes.

L’histoire de vie collective

Nous sommes ici à la frontière entre la démarche scientifique et la démarche littéraire. L’objectif est de publier un ouvrage qui recueille des informations (familiale par exemple), mais qui fasse aussi un travail sur la langue.

Du côté de la littérature

Le récit de vie

Ce terme s’emploie aussi dans la littérature, où il a un autre sens, qui est difficile à circonscrire. Vous trouverez sous ce vocable les différentes thématiques :

  • Du récit de voyage ;
  • Au récit d’enfance ;
  • Ou encore au récit de maladie, par exemple. 
Le journal

Le journal peut être intime, mais aussi voué à être publié (comme ce que propose le prix Nobel de littérature française 2023, Annie Ernaux). Certains journaux intimes de grands écrivains ou artistes, malgré leur caractère « secret », sont publiés après la mort de ceux-ci. 

Les mémoires

Les mémoires portent la trace de l’événement historique : ce sont des hommes d’État ou de quelque importance qui montrent par là comment ils ont participé aux changements du monde.

Le portrait

C’est souvent une partie d’un roman, lorsque l’auteur a besoin de caractériser un personnage. Mais c’est aussi un type d’article journalistique que vous pouvez retrouver dans les quotidiens et autres périodiques. 

L’autoportrait

Il est soit très bref, soit plus long. Lorsque c’est le cas, l’auteur s’attarde en détail sur :

  • Qui il est ;
  • Et comment il est.

Toutefois, il reste muet (ou presque) sur ce qu’il fait ou a fait dans le passé.

La vie brève

Ce sont de courts récits de personnes rencontrées furtivement ou bien connues. Les exemples contemporains classiques, en France, sont Vies minuscules (de Pierre Michon) et Vidas (de Christian Garcin).

Le roman autobiographique

Ici, nous sommes dans le genre « long ». Une personnalité raconte toute sa vie ou seulement une partie. Les grands classiques français contemporains sont notamment :

L’autofiction

Ici, l’auteur prend plus de libertés encore avec le « matériau » de sa propre vie. Il peut le modifier ou le raconter de façon non linéaire pour faire apparaître des éléments intéressants. Le créateur de ce néologisme est Serge Doubrovsky.

La biographie

Ici, l’auteur trouve un personnage plus ou moins célèbre et fait une sorte d’enquête, en se posant des questions du type : « Qui était vraiment Camille Claudel ? » Ou « Comment les Rolling Stones sont-ils devenus une légende ? ». Certaines sont plus romancées, d’autres plus informatives.

La biographie familiale

« Quand une personne fait le récit de sa vie à un biographe, récit destiné à sa proche famille qui en est seule destinataire, le biographe va traduire le récit oral en récit écrit. On dira alors qu’il a écrit une biographie familiale. »

(Devenir biographe, p. 27)

C’est ce genre d’écrit qui fera l’objet plus particulier de ce manuel. En quelque sorte, il s’agit de faire une autobiographie par personne interposée, et c’est pour cela que les 4 caractéristiques de l’autobiographie données plus haut étaient intéressantes.

Le biographe « prête-plume » pourra écrire, selon la volonté de son « client », soit une biographie exhaustive, racontant l’entièreté de sa vie, soit une biographie partielle, se focalisant sur une ou plusieurs parties seulement de l’existence de celui ou celle pour qui il écrit.

Chapitre 2 : D’où vient le désir de devenir biographe ?

Le plus souvent, ce désir naît après 40 ans. D’où ? De l’histoire personnelle de chaque individu :

  • Un travail de deuil ; 
  • Un parent âgé ;
  • La volonté de maintenir ou renforcer les liens entre générations ;
  • L’envie de se reconnecter à son histoire familiale ;
  • Le souhait d’un travail plus « enraciné » (après un burn-out, par exemple) ;
  • Le souvenir de pratiques d’écritures oubliées, enfouies depuis l’enfance…

Parmi les métiers qui y amènent, le journalisme et les métiers de l’édition arrivent en tête, mais pas seulement : des professionnels de l’accompagnement ou même des ingénieurs peuvent se reconvertir en biographe !

Et puis il y a les personnes qui ne travaillent plus et qui souhaitent passer leur temps à une activité profitable, agréable et utile pour eux et pour celles et ceux qui les entourent. 

Le goût de la transmission joue aussi pour beaucoup. Et aussi avoir envie de poser la question du sens, le sens de son existence — la sienne, ainsi que celle des autres.

Et le désir de devenir biographe hospitalier ?

C’est Valeria Milewski qui en a fait un métier « à la mode » parmi les biographes. Mais il est important de prendre conscience que c’est une activité difficile, car elle nous confronte à des situations qui peuvent être traumatisantes. 

Les lecteurs de cet article ont également lu :  Moi, Garneray, artiste et corsaire

L’association Passeurs de mots vous en apprendra plus, si ce type d’activité vous intéresse.

Au final, nous rencontrons 5 motivations principales pour devenir biographe :

  1. Écrire ;
  2. Accompagner ;
  3. Transmettre ;
  4. Acquérir une légitimité professionnelle ;
  5. Rencontrer l’autre. 

Chapitre 3 : Qui fait appel à un biographe ?

Les personnes qui souhaiteront faire appel à vous (si vous devenez biographe à votre tour !) le feront pour :

  • Transmettre (leur histoire et surtout leurs histoires plus ou moins rocambolesques) ;
  • Témoigner (d’une expérience étonnante, particulière, touchante, spirituelle, etc.) ;
  • Rétablir une vérité (sentir le besoin de donner sa propre version des faits) ;
  • Publier (le désir d’être reconnu pour le fait d’avoir vécu des choses passionnantes) ;
  • Aller mieux (volonté de faire le point sur son existence afin de se soigner) ;
  • Vivre encore (pour des personnes qui ont du mal à se sortir d’un handicap, par exemple).

Demandez-vous, en tant que biographe, quelles sont les motivations de vos « prospects » qui vous « conviennent » le mieux. Avec qui préféreriez-vous travailler ?

La question de la transmission

Cette question impose de poser celle du destinataire : à qui est destinée la biographie ? En fonction des motivations, vous pouvez le deviner, au moins à moitié. Mais n’oubliez pas de vous poser les questions suivantes :

  • Quelle pourrait être la demande implicite de votre client ?
  • Que cherche-t-il, au fond ? 
  • À quelle place risquez-vous de vous retrouver ?

À noter : si une personne n’a pas de destinataire précis, elle peut déposer son récit à l’APA, l’Association pour l’autobiographie et le patrimoine autobiographique.

Chapitre 4 : Quel biographe voulez-vous être ?

Il y a beaucoup de possibilités… De la version coach de vie à l’ethnologue, en passant par le biographe aux talents (ou velléités) littéraires, le biographe hospitalier, etc. Vous avez le choix ! Mais à chaque fois, vous devrez vous poser les questions suivantes.

Cadre de travail

Vous devrez définir un cadre de travail : 

  • Combien de temps ?
  • Quelle rémunération ?
  • Quels objectifs ?
  • Quelles règles de validation et de relecture ?
  • Quelles limites à l’écriture ou à la divulgation des secrets ?
  • Etc.
Posture

C’est la façon concrète dont vous allez maintenir le contact : 

  • Les gestes ;
  • Les mots employés ;
  • Mouvements ;
  • Etc.

Si le cadre est bien construit, la posture s’adapte facilement. Mais si l’un et l’autre sont flottants, alors il est probable que le récit le sera aussi.

Éthique

C’est un point important, qui rapproche la pratique du biographe des professions de l’accompagnement. Vous vous trouvez dans une relation et vous devez donc être capable de répondre à des situations parfois tendues, où différentes possibilités s’offrent à vous.

Par exemple, vous pouvez être amené à écrire des choses désagréables pour certaines personnes de la famille qui recevra l’ouvrage : qu’allez-vous faire ? Allez-vous privilégier la vérité ou la concorde ?

Ce n’est qu’un des exemples traités dans l’ouvrage, qui vous propose de tenir un carnet de bord et de vous prêter à plusieurs simulations de situations problématiques. Comment réagirez-vous ?

Finalement :

« Même si la souplesse, la capacité d’adaptation et d’improvisation (au bon sens du terme) sont des aptitudes nécessaires au biographe, il est indispensable que chacun sache où il met les pieds, que le biographe comme le client (et/ou sa famille) sachent ce qu’ils font ensemble, quel est le cadre de travail commun et que votre posture soit en cohérence avec vos compétences et avec l’offre que vous proposez. »

(Devenir biographe, p. 59)
Entrer en relation et recueillir le récit

Deuxième partie : Entrer en relation et recueillir le récit

Chapitre 5 : Comment entrer en relation ?

Il est essentiel de bien préparer cette étape. Le premier rendez-vous sera en effet déterminant pour la suite. Soyez à l’écoute de l’autre et de vous-même. Posez-vous les bonnes questions.

Quand le client est lui-même le biographé

Le premier entretien permettra de cerner les spécificités de la demande, de voir si vous pouvez y répondre et, éventuellement, d’aborder la question du cadre de mise en œuvre de la biographie. 

Quand entre le client et vous il y a un commanditaire

Cet intermédiaire se maintient la plupart du temps dans un rôle restreint lié aux modalités pratiques du travail et à la rétribution. Parfois, les demandes des uns (le ou les commanditaires) et des autres (le ou les biographés) ne sont pas identiques ; le premier rendez-vous vous permettra d’y voir plus clair.

Et si un ami vous demande d’écrire l’histoire de sa mère ?

Si vous connaissez les personnes (commanditaire et peut-être même la personne biographée), il ne faudrait pas pour autant penser que les choses seront plus aisées. Agissez plutôt comme dans toute autre circonstance, pour éviter toute mécompréhension.

Et si huit frères et sœurs vous demandent d’écrire l’histoire de leur père ?

La définition du cadre de travail sera ici encore essentiel, pour éviter toute mésentente entre les parties prenantes. Vous devrez aussi vous organiser efficacement pour recueillir l’ensemble des témoignages et les transformer en récit.

Chapitre 6 : Comment conduire les entretiens ?

Il existe plusieurs types d’entretiens en SHS, en littérature et en journalisme. Les auteures passent en revue quelques différences et citent l’exemple d’un « mauvais entretien » réalisé par André Sève avec le chanteur et poète George Brassens. Voici ce que ce dernier lui reproche :

« Tu arrives ici avec un Brassens entièrement préfabriqué dans ta petite tête et tu veux me faire entrer là-dedans. La seule chose qui t’intéresse, c’est de me faire dire ce que, d’après toi, Brassens doit dire, ce que Brassens doit être. Tu pourrais avoir le vrai Brassens, et en tout cas un Brassens inattendu. Mais tu t’es préparé au Brassens que tu veux. On attend toujours les êtres comme on les veut, on n’est pas prêt à la surprise. »

(Devenir biographe, p. 67)

L’ouverture à la surprise, c’est-à-dire aussi la capacité d’écoute active, en laissant l’interviewé suivre son propre chemin de parole, être intéressé par tout ce qui est dit (et non seulement par ses propres préjugés), voilà des clés d’un entretien réussi. 

Alors, concrètement, comment allez-vous procéder ?

Quand le biographé est un « taiseux »

Suggérez-lui par exemple de vous montrez des photographies ou d’autres types de documents, puis de vous les raconter, etc.

Quand vous écrivez la biographie d’un couple

Vous êtes face à deux voix complémentaires, mais parfois discordantes. Si l’un parle plus que l’autre, cherchez à rééquilibrer l’échange. Pensez à effectuer des entretiens individuels en plus des entretiens de couple, etc.

Quand le biographé est gravement malade

Ici, vous devrez sans doute négocier avec le sentiment d’urgence de la personne. Préparez-vous aux aléas et au fait que vous devrez sans doute vous adapter à des circonstances de travail particulières (hospitalisations, etc.). 

Quand le biographé est en perte cognitive

Ici, s’ajoute l’oubli, la difficulté à décoder les propos parfois. Vous devrez vous préparer à récolter des bribes de récits, des fragments d’idées, et à construire le récit « pas à pas ».

Et si vous envisagez de faire la biographie d’un proche ?

À nouveau, ce n’est pas parce que vous connaissez quelqu’un que le trajet sera plus facile. Si vous n’êtes pas très bien préparé, cela peut même être le contraire. En fait, la proximité peut vous jouer des tours et créer des conflits. Soyez-en donc conscient afin d’améliorer vos chances de succès.

Et si vous envisagez de faire la biographie d’un proche décédé ?

Ici, vous devrez vous contenter d’archives, de photographies, d’entretiens avec les proches, etc. Les auteures proposent de consulter l’ouvrage de Delphine de Vigan, Rien ne s’oppose à la nuit.

Chapitre 7 : Quels effets de l’entretien biographique sur le biographé et sur le biographe ?

Il arrive souvent que les personnes biographiées sentent un réel bienfait pendant ou après le processus de construction du récit biographique. Elles le disent très régulièrement. Par ailleurs, la littérature sur le sujet évoque souvent ce phénomène. 

Pourtant, il faut être au clair sur ce point : ce travail n’est pas un travail thérapeutique à proprement parler. 

Il importe aussi de rappeler que le travail biographique peut par contraste créer des tensions (souvenirs difficiles) et générer chez les personnes quelques problèmes, souvent passagers, comme la fatigue, la tristesse, des insomnies, etc. 

Il se peut aussi que la réaction des proches soit différente que celle souhaitée par le biographé. Ou que des frustrations émergent chez les uns ou les autres. Parfois, la personne qui s’est livrée ne se sent pas entendue par son entourage, et cela entraîne des effets négatifs.

Et que disent les biographes des effets produits sur eux par le recueil du récit de leurs clients ?

En tant que biographe, vous ne resterez sûrement pas de marbre face aux récits collectés. Voici quelques effets possibles ; 

  • Avoir du plaisir à écrire ;
  • Nouer de relations fortes ;
  • Ressentir de l’empathie ;
  • Se reconnaître dans les propos d’autrui (effet miroir) ;
  • Des regrets, de la nostalgie.

Même si les biographes préfèrent en général laisser la parole à autrui, il est possible et bénéfique d’échanger sur ces sujets, notamment dans le cadre d’associations, telles que l’Association pour les Histoires de Vie en Formation et pour la Recherche Biographique en Éducation. 

Chapitre 8 : Quels outils de recueil du récit oral ?

Vous avez les choix entre plusieurs options.

Prendre des notes…

C’est la méthode que recommandent les auteures. À condition, toutefois, de ne pas chercher à tout écrire. Pour rappel, le débit de parole fluctue entre 200 et 300 mots par minute, alors qu’une main n’est capable d’en récupérer que 70 en moyenne. 

Il y a donc beaucoup de perte. Mais ce n’est pas nécessairement un mal, car cela fait partie du travail de tri et d’assimilation.

… Enregistrer ? 

L’utilisation d’un magnétophone peut être une bonne solution. Mais il y a des dangers, tels que le temps passé à retranscrire, puis à organiser le matériau écrit.

… Vous en remettre à un logiciel qui transforme automatiquement la parole énoncée en texte saisi ?

Cette solution encore plus avancée est rendue possible par l’amélioration des outils de reconnaissance vocale comme Dragon ou Siri. Mais ce n’est pas parfait et vous aurez, comme tout outil, à le prendre en main et à l’utiliser de façon adéquate.

… Écrire directement le texte pendant l’entretien, donc

Il peut être une bonne idée de créer un premier jet directement, ou au moins quelques phrases intéressantes qui nous passent par la tête, durant l’entretien ou quelques instants après. Cela vous permet de capter des moments d’inspiration qui, sinon, seraient perdus.

… Et garder l’enregistrement en back up ?

Cet usage est intéressant : vous utilisez les enregistrements en cas de doute ou pour rechercher un détail que vous n’avez pas eu le temps de noter. Par ailleurs, l’enregistrement peut servir à installer le cadre de l’entretien, lorsque vous posez visiblement le magnétophone sur la table.

Écrire à l’ordinateur… Ou à la main ?

Il n’y a pas de technique miracle : chaque biographe choisira sa propre méthode, celle qui lui semble la plus efficace ou bénéfique. 

Les lecteurs de cet article ont également lu :  Richard Branson : L'autobiographie
Témoigner de son écoute avec les doigts et les yeux

Le plus important est de montrer que vous êtes à l’écoute. Vous devrez donc équilibrer le temps de prise de notes avec les gestes et les paroles qui montrent à votre interlocuteur que vous êtes intéressé par ce qu’il raconte.

Chapitre 9 : Quel impact du mode de facturation sur la méthode de travail ? 

Les clients ont des attentes et chercheront sans doute à obtenir le maximum pour le prix demandé. Il faut donc savoir, ici aussi, trouver le bon équilibre entre :

  • Votre public (ses attentes, ses revenus) ;
  • Le tarif que vous espérez demander ;
  • Votre méthode de travail.

Chapitre 10 : Quelle place pour la mémoire et la vérité ?

Les auteures utilisent ici les travaux de Boris Cyrulnik pour préciser leur pensée. Selon le psychologue :

« La vérité narrative n’est pas la vérité historique, elle est le remaniement qui rend l’existence supportable […] Dans toute autobiographie, il y a un remaniement imaginaire. »

(Boris Cyrulnik, Sauve-toi la vie t’appelle, cité dans Devenir biographe, p. 91)

Autrement dit, il y a une part de fiction dans tout récit de soi. D’abord, parce que celui qui raconte sa vie reformule, transforme les événements de son existence passée, mais aussi parce que le biographe crée un récit à partir de matériaux incomplets, qu’il doit interpréter.

Cette problématique devient encore plus aigüe lorsque vous rédigez une biographie de couple ou de famille. Là, les questions de la vérité et de la mémoire peuvent devenir périlleuses ou, à tout le moins, complexes.

Intermède : Le rapport à la langue — la langue orale, la langue écrire — la langue de l’autre

Il n’est pas seulement intéressant de retranscrire le contenu, le dit. Il est aussi important de donner à lire le style, la gestuelle, la langue parlée et vivante de celles et ceux dont vous faites la biographie. 

Cela est possible grâce au travail :

  • Du style ;
  • De l’organisation du texte ;
  • Du dispositif narratif (présence de descriptions, par exemple).

Questionnez-vous aussi sur votre propre rapport à la langue (orale et écrite) et à vos attentes en matière de littérature. 

Se mettre à rédiger

Troisième partie : Écrire la biographie

Chapitre 11 : Quel matériau de base et quel genre pour le texte ?

« Écrire une biographie revient à transformer le matériau du récit oral (ou de la retranscription) en un texte clair, compréhensible, lisible par son destinataire. »

(Devenir biographe, p. 103)

Le matériau de départ, c’est donc la parole du biographé. À partir de là, c’est à vous de composer. Premier élément à choisir, le genre : 

  • Récit chronologique ;
  • Portrait ; 
  • Récit de voyage ;
  • Recueil de fragments ;
  • Témoignages ;
  • Entretiens ; 
  • Nouvelles ;
  • Etc.

« Théoriquement, on peut tout faire en littérature », rappellent Michèle Cléach et Delphine Tranier-Brard. Veillez toutefois à ce que ce genre demeure pertinent et compréhensible pour celles et ceux qui le liront. 

Chapitre 12 : Sur quels outils techniques s’appuyer pour mettre en place le récit biographique ?

Dans ce chapitre technique, les auteurs s’interrogent sur les questions suivantes : Comment mettre en forme le texte, les paragraphes, les phrases ? Dans quel ordre écrire les choses pour être sûr de se faire comprendre ?

Elles proposent de se souvenir des questions suivantes, qui-quand-quoi-où-comment (qu’elles relient par des traits d’union) ou, en étant plus précis : qui-raconte-quoi-à qui-comment-depuis où ?

Quoi

Vous devrez choisir :

  • Le personnage (le biographé, les membres de la famille, etc.) ;
  • Le cadrage du récit (raconterez-vous l’entièreté de la vie, une époque particulière ?) ;
Qui

Ici, vous devrez vous rappeler certains éléments théoriques du récit, tels que les notions de :

  • Narrateur ;
  • Point de vue (externe, omniscient, interne) ;
  • L’usage du pronom (il, elle, je, etc.).
Comment

Préférerez-vous une construction ;

  • Tragique ?
  • Ou épique ?

Vous veillerez à ménager la tension narrative pour maintenir le lecteur en alerte. Pour ce faire, vous pourrez utiliser les types de tensions suivants :

  • La catastrophe annoncée ;
  • Le mystère ;
  • Le conflit.

Vous chercherez également à établir un fil conducteur (un angle) et à donner au texte un caractère vivant.

À qui

Vous pouvez adresser votre texte plus ou moins explicitement à votre destinataire. Ce choix s’exprime par le pronom employé. 

Vous pouvez éventuellement faire des choix audacieux et aborder votre récit par les pronoms « vous » ou « tu », en vous adressant directement à quelqu’un. Mais c’est un exercice délicat.

Il est également possible de rédiger une préface afin de vous adresser directement au destinataire avant qu’il entre dans le récit proprement dit. 

Depuis où ?

Michèle Cléach et Delphine Tranier-Brard exposent ici les rapports du narrateur à la temporalité du récit. Parle-t-il comme s’il était un enfant ? Ou au contraire, en regardant sa vie depuis son grand âge ?

Il existe deux options principales :

  • Narration ultérieure (la « chaise » du narrateur est placée en aval de l’histoire) ;
  • Narration simultanée au présent (le narrateur se déplace en même temps).

Chapitre 13 : Comment écrire un récit vivant ?

Pour donner une forme palpitante à l’histoire de votre client, vous n’inventerez rien, mais vous jouerez avec les événements réels et avec le style. Voici quelques conseils :

  • S’appuyer sur la microdramaturgie ;
  • Rythmer le texte ;
  • Singulariser une expérience particulière parmi les habitudes répétitives ;
  • Monter d’un cran dans les insistances répétition-variation ;
  • Couper.

Bref, comme un directeur de cinéma, vous créerez du suspense ou des moments de calme et d’analyse grâce à un astucieux montage des scènes.

Chapitre 14 : Comment passer de l’oral à l’écrit ?

Votre première tâche : filtrer. Cela vaut pour certaines expressions typiques du langage oral (comme les « bon », « bah », « d’accord », etc.) comme pour certains propos « off » que le biographé vous demandera de ne pas répéter.

Ensuite, vous allez construire et transposer le matériau oral. Vous pourriez être tenté d’innover à la matière de Proust ou de Céline. 

Mais attention : votre travail consiste avant tout à rendre le texte simple et accessible pour votre client et son entourage, qui seront les premiers (et peut-être les seuls) lecteurs du texte.

Comme nous l’avons déjà signalé plus haut, vous chercherez aussi à récupérer et à restituer la voix du biographé, c’est-à-dire son timbre notamment, mais pas seulement ! 

Dans la voix, il y a ici surtout l’idée de faire passer ce qui importe à l’autre. Il faut que le lecteur reconnaisse qui parle et que « ça sonne juste ».

Le vocabulaire sera simple, mais précis. À l’oral, nous utilisons moins de mots, mais nous pouvons introduire une plus grande diversité à l’écrit. 

Chapitre 15 : Et si l’on arrangeait un peu cette histoire ?

Il existe plusieurs possibilités pour donner plus de corps à votre texte. En plus des entretiens (reformulés, adaptés), vous pourriez être tenté d’introduire :

  • De la documentation historique ;
  • Des photographies ;
  • Des détails imaginés (ou poétiques) ;
  • Ou carrément des faits inventés ?

Si c’est le biographé qui vous demande l’un ou l’autre, pourquoi pas. Mais plus vous allez vers l’invention et plus le terrain sera glissant. Les deux premières options sont-elles plus sages ? Peut-être, mais vous devrez faire avec vos compétences et avec votre temps. 

Êtes-vous historien ? Ou spécialiste en montage photo ? Si ce n’est pas le cas, réussir un ouvrage de ce type vous prendra plus de temps. Sachez donc dès le départ dans quoi vous vous embarquez !

Chapitre 16 : Comment ne pas passer un temps fou à écrire une biographie privée ?

Le temps — justement, venons-y. Vous l’aurez deviné, écrire une biographie est une activité chronophage. Surtout lorsque vous commencez. Pour gagner en efficacité, veillez d’abord à faire des choix favorables, c’est-à-dire à vous simplifier la vie au niveau de la structure du récit.

Ensuite, une fois les choix techniques effectués, vous veillerez à :

  • Équilibrer le texte (chapitre/paragraphe/phrase) de façon « économique » et claire ;
  • Avancer dans le texte, c’est-à-dire dans l’histoire ;
  • Ouvrir et fermer les portes (si vous parlez de quelque chose, cela doit avoir un sens, un but) ;
  • Faire entrer et sortir les personnages (situer les personnages secondaires et faire connaître au lecteur ce qu’il advient d’eux) ;
  • Toujours faire simple et lisible ;
  • Faire la chasse au superflu.

Chapitre 17 : Comment s’y retrouver dans le texte : sommaire, chapitres, titres et arbre généalogique ?

Il est parfois utile d’introduire des sommaires, des titres et des intertitres dans vos biographies, surtout si celles-ci s’allongent. Elles vous permettront d’y voir plus clair lorsque vous rédigerez.

Vous n’êtes pas obligé de les conserver lors de la version finale du texte, mais vous le pouvez, afin de faciliter la navigation des lecteurs dans le texte. Dans ce cas, vous les travaillerez pour leur donner une forme plus littéraire et cohérente.

Comment faire état d’une famille nombreuse et citer tous les noms qui s’y rapportent ? C’est souvent un travail d’équilibriste. Mais il y a des solutions. 

Par exemple, les auteures proposent de distiller les anecdotes et les références aux aïeux tout au long du texte, plutôt que de les présenter de façon froide au début du texte.

Chapitre 18 : Comment finir l’écriture du texte ?

Il peut y avoir mille raisons de ne pas (vouloir) finir :

  • Perfectionnisme ;
  • Empêchements ;
  • Demandes de correction ;
  • Peur du jugement ;
  • Etc.
S’en remettre à la satisfaction du biographé

Il est toutefois sain de mettre un terme à son récit. Surtout qu’il s’agit ici d’écriture professionnelle, avec un commanditaire qui attend un résultat concret. Vous vous appuierez donc sur la satisfaction du biographé pour mettre un terme à votre travail. 

Il y a peut-être des éléments de cadrage (objectifs définis en début de collaboration, nombre d’allers-retours, etc.) qui peuvent vous aider à décider. 

→ Boucler la boucle

Il y a aussi un autre enjeu : la fin doit se rédiger avec une intention particulière et doit donner le sentiment au lecteur qu’il est parvenu au terme du travail. Cela se fabrique à l’aide de la structure du texte, de son rythme, ainsi que du fil conducteur.

Les auteures évoquent en particulier deux situations :

  • Lorsque le biographié est en vie ;
  • Quand il décède pendant le travail d’écriture.
→ Soigner le rendu final

Vous serez tout particulièrement attentif à :

  • La structure — simplicité — lisibilité ;
  • L’emploi cohérent des temps (y compris des participes passés) ;
  • La typographie (y compris la ponctuation, les majuscules, les chiffres, etc.).

Quatrième partie : Clore la traversée biographique

Chapitre 19 : Quelles suites pour le récit ?

Après la rédaction proprement dite, il reste encore 4 étapes supplémentaires :

  1. Composition ;
  2. Correction ;
  3. Impression ;
  4. Publication.

Vous pouvez vous arrêter à la rédaction, ou bien considérer que vous voulez tout faire. Mais dans ce cas, sachez que vous devrez vous former afin d’acquérir les compétences nécessaires (si vous ne les avez pas déjà).

→ Composition

C’est l’étape de mise en page du texte pour qu’il réponde aux standards du livre. C’est en général un travail laissé aux graphistes. 

Si vous ne souhaitez pas vous investir dans cette étape, vous remettrez le texte en Word à votre imprimeur (qui, souvent, propose ce service) avec les photos si besoin.

→ Correction

L’avantage du correcteur, c’est de fournir un œil neuf, là où vous ne voyez littéralement plus vos fautes. 

Les lecteurs de cet article ont également lu :  Lead the Field

Un correcteur automatique ne peut suffire à repérer les erreurs de grammaire ou de syntaxe complexes, même s’il peut s’avérer très utile pour la typographie et l’orthographe. 

→ Impression

Pour les petits tirages, vous opterez probablement pour l’impression numérique, moins chère que l’impression offset. Bien sûr, tous les éléments introduits en plus (photos, etc.) impactent le coût du livre. 

Cherchez dans votre région les petits imprimeurs et demandez-leur leurs prix. Préférez des acteurs de proximité sur qui vous pourrez compter en cas de besoin urgent. 

Vous aurez à choisir : 

  • Format du livre ;
  • Couleur ou noir et blanc ;
  • Couverture ;
  • Type de papier.
Édition — Publication

Avec l’évolution du numérique et des plateformes de vente (type Amazon) et des réseaux sociaux, il devient de plus en plus facile de publier. 

Mais vous devrez être sur vos gardes. « Édition » n’est pas « publication ». Ce sont des types de contrats différents, comme l’expliquent les auteures p. 185.

Soyez aussi réaliste sur les gains que vous pourrez tirer d’une éventuelle publication par un véritable éditeur. En réalité, il est assez rare que les ventes dépassent 1000 exemplaires (et exceptionnel qu’elles dépassent les 2000).

Si le livre est publié et connaît un public plus large que le cadre familial strict, vous devrez aussi établir des règles pour la répartition équitable des revenus entre le biographé et vous. Habituellement, le partage se fait à égalité (50/50).

Chapitre 20 : Et après la publication ? 

« Dans la plupart des cas, les destinataires sont heureux du “cadeau” qui leur est fait. […] Cependant, certains récits peuvent avoir des conséquences désagréables, voire désastreuses. »

(Devenir biographe, p. 187)

Étudions donc quelques cas d’effets potentiellement problématiques sur les destinataires :

  • Tout d’abord, quand un enfant est absent du récit (que faire ? Prévenir le biographé pour qu’il introduise quelques propos supplémentaires ? Cela devrait être fait avant la publication) ;
  • Quand un parent divorcé n’évoque pas du tout son ex-conjoint et ses années de mariage (ici encore, faut-il avertir la personne ?) ;
  • Quand un biographé déterre une histoire de famille (s’il en parle avec colère, allez-vous l’alerter sur le caractère explosif de l’affaire ?) ;
  • Ou encore, quand une mère invoque la maladie psychique de son fils, ses tentatives de suicide, etc. (Comment celui-ci va-t-il réagir ?) ;
  • Risque juridique (vous devrez être attentif à l’exactitude des faits et au respect de la vie privée, voir p. 189-190 pour plus de détails) ;
  • Avec les personnes âgées en état de faiblesse (cherchez à entrer en contact avec la famille ou l’instance de tutelle pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté sur vos ambitions et votre travail).

Chapitre 21 : Est-ce fini quand le livre est édité-publié ?

Le travail du biographe est un travail de la relation. Il est donc possible qu’une fois le travail terminé, le souhait de continuer la relation demeure. 

Cela est possible, mais plus sous la même forme : la remise du manuscrit signera la fin de la collaboration professionnelle. Vous pouvez le feuilleter ensemble, par exemple. C’est un rituel de fin efficace, qui permettra de clore sereinement la relation.

Intermède : Écrire pour soi, écrire pour l’autre, où en êtes-vous ?

Il peut être compliqué, au bout de plusieurs biographies rédigées, de continuer à écrire « pour » autrui. Ne voudriez-vous pas écrire pour vous ? Rédiger vos propres aventures ? Ou même écrire des fictions ? 

Ce sont des tensions internes qu’il vous faudra peut-être vivre, comme en témoigne l’une des auteures, Delphine Tranier-Brard, qui raconte comment elle a commencé à écrire pour autrui et comment, peu à peu, elle a laissé une place à l’écriture créative en mode « je ».

Exercer le métier de biographe

Cinquième partie : Exercer le métier

Chapitre 22 : Combien coûte, combien rapporte une biographie ?

→ Que coûte une biographie pour le client ?

Il y a de nombreuses différences, qui viennent de nombre de prestations et du mode de facturations. Voyons cela d’un peu plus près.

Tarification au forfait

Cela varie énormément : de 400 à 20 000 € ! Cela dépend — entre autres — des services (de la rédaction à la publication). 

Gardez aussi à l’esprit que travailler au forfait peut avoir des inconvénients, surtout si aucun devis précis n’est réalisé en amont. Il est souvent difficile d’établir en amont le temps que prendra le processus. 

Tarification à l’heure d’entretien

C’est une pratique courante des biographes pour les particuliers. Les tarifs sont de 100 à 300 €/heure. Mais il s’agit en réalité d’un mini-forfait comprenant l’heure d’entretien plus les heures d’écriture à partir de celui-ci (entre 3 et 6 heures supplémentaires).

En règle générale, entre 10 à 30 heures d’entretien seront nécessaires. Il faudra y ajouter le prix de la fabrication du livre.

Dans tous les cas, vous devrez sans doute adapter votre offre en fonction du public auquel vous vous adressez.

Combien rapporte-t-elle au biographe ?

Une biographie coûte donc environ 3 000€ bruts. Sur cette somme, vous devrez retirer les charges, qui peuvent varier entre 20 et 60 % en fonction du statut. 

Si nous le référons en taux horaire, cela signifie que le biographe travaillera pour 30 €/h net en moyenne (entre 16 et 48 € disent les auteures).

À noter que de nombreuses heures ne sont pas payées, notamment les heures de prospection ou de comptabilité, par exemple — ce qui est le cas pour tout travailleur indépendant.

Quand on vous apporte une pile de deux cents pages déjà écrites, comment travailler avec ce matériau ? Comment facturer ?

Les auteures sont assez dubitatives concernant cette pratique et conseillent plutôt — d’un point de vue financier, mais qui est aussi lié à la difficulté de la tâche — de suggérer au biographé de reprendre le travail depuis le début, en réalisant de nouveaux entretiens.

Chapitre 23 : Quel modèle économique privilégier ?

Au démarrage surtout, il faut y aller prudemment. Le passage par une structure d’accompagnement peut être une solution rassurante (type Avarap, BGE, etc.).

De toute façon, votre modèle économique dépendra de votre situation. Si vous êtes en reconversion professionnelle à 40 ans, vous n’aurez pas les mêmes besoins que si vous êtes retraité. À vous de définir vos objectifs tout en restant en phase avec le marché.

Voici quelques statuts possibles :

  • Autoentrepreneur ;
  • Entrepreneur en SARL ;
  • Éditeur ;
  • Indépendant en portage salarial ;
  • Auteur de biographies payées en droit d’auteur ;
  • Membre d’une association ;
  • Bénévole ;
  • Échangeur de services dans un Système d’échange social (Sel) ;
  • Etc.

Chapitre 24 : Comment trouver des clients ?

La prospection fait partie du métier. Mieux vaut avoir sa cible en tête avant de commencer. Puis, vous pourrez vous lancer !

Vous pouvez opter pour une approche directe :

  • Prendre un stand dans un salon ;
  • Démarcher directement des biographés potentiels ou des prescripteurs, notamment via la réalisation de miniconférences sur votre travail dans des endroits où votre cible se trouve ;
  • Activer les réseaux sociaux en postant, en proposant des offres promotionnelles et en organisant vos échanges autour de votre activité ;
  • Faire de la publicité de façon plus classique, en louant des espaces publicitaires.

Les principaux supports de communication pour prospecter sont :

  • Physiques (cartes, flyers, etc.) ;
  • Numériques (réseaux sociaux, newsletters, site internet, etc.).

Il est aussi possible de combiner l’approche directe avec une approche indirecte, plus proche de l’inbound marketing.

Mais attention : pour que votre site vitrine soit utile, vous devrez penser à le référencer correctement. C’est notamment le travail des rédacteurs web et des webmasters. Cela a un coût. 

Chapitre 25 : Organiser son temps de travail et son activité

Vous pouvez par exemple choisir de :

  • Rédiger et faire lire vos textes au fur et à mesure de leur rédaction ;
  • Ou effectuer tous les entretiens et rédiger ensuite ;
  • Mais aussi écrire une biographie à la fois ;
  • Ou plusieurs au même moment.

Cela dépend de vos préférences, de vos objectifs professionnels et du temps que vous avez devant vous. Ensuite, vous devrez « caser » les moments administratifs, le temps de prospection, etc. 

Chapitre 26 : Quel investissement pour créer l’activité ?

« Le métier de biographe a l’avantage de pouvoir être pratiqué avec un investissement initial minimum. »

(Devenir biographe, p. 217)

En l’occurrence, vous aurez besoin impérativement d’un ordinateur (avec un bon traitement de texte) et d’une imprimante performants pour rédiger et relire vos textes. 

En outre, vous aurez peut-être besoin d’investir dans des logiciels, tels qu’Antidote, Indesign ou Photoshop. Mais cela dépendra des services que vous souhaitez offrir à vos clients. Attendez un peu (peut-être après avoir rédigé une ou deux biographies) avant d’investir.

Un smartphone ou un magnétophone (pour enregistrer), ainsi qu’une tablette pour convertir vos notes en fichiers texte, pourraient également être utiles.

Mais le plus important est sans aucun doute l’espace de travail. Assurez-vous de pouvoir travailler dans un environnement qui vous convient. Un conseil : apprenez également à taper rapidement ! 

Vous pouvez vous former gratuitement à la dactylographie (via les tutos gratuits de TypingClub, par exemple). Il n’est par ailleurs pas inutile de penser à d’autres formations, mais — encore une fois — tout cela doit être bien pensé en fonction de vos objectifs de travail. 

Chapitre 27 : Faut-il entrer dans un réseau ?

En tant qu’indépendant, il est encore plus important de faire partie d’un réseau ou d’une communauté. Pourquoi ? Car nous sommes plus seuls que dans les métiers salariés.

Les liens peuvent se créer à l’occasion d’une formation ou de la participation à une association. C’est aussi une bonne idée de vous présenter à ses confrères de la région lorsque vous commencez. 

Il existe également des réseaux payants, mais renseignez-vous bien avant afin de savoir ce que chacun d’eux propose et quelles promesses ils peuvent tenir. 

Chapitre 28 : Peut-on vivre du métier de biographe ? Qui en vit ?

Contrairement à ce qui se passe aux États-Unis, où les ateliers d’écriture créative sont monnaie courante, la France a construit un mythe du génie et du talent autour de la littérature. 

Pourtant, écrire est bien une pratique, un artisanat, une activité qui demande un développement constant des compétences par le travail. 

Certains biographes peuvent très bien gagner leur vie, surtout s’ils travaillent pour des maisons d’édition et travaillent pour des gens connus. 

Soyons honnêtes : ceux qui travaillent pour les inconnus éprouvent souvent plus de difficultés. Rares sont ceux qui parviennent à combiner toutes les facettes du métier de façon optimale et à gagner confortablement leur vie rien qu’avec les biographies. Mais ça existe !

La plupart du temps, les biographes cumulent des activités comme, par exemple, la biographie et la rédaction web.

Voici la liste dressée par les auteures de ce qu’il vous faut si vous voulez vivre confortablement de la biographie :

  • Organisation ;
  • Respect des dates limites ;
  • Rapidité et qualité d’écriture ;
  • Empathie, écoute, tact ;
  • Disponibilité mentale et physique ;
  • Capacités relationnelles ;
  • Sens du commerce, gestion et marketing ;
  • Posture claire (éthique) ;
  • Connaissance des règles juridiques de publication ;
  • Autonomie.

Chapitre 29 : Garder sa pratique vivante 

« On donne beaucoup dans ce métier. On donne de son temps, on écrit dans le “je” de l’autre, pour l’autre, on est au service de l’autre. Il est donc important, pour garder une pratique vivante, investie, humaine, de se nourrir, de se régénérer. »

(Devenir biographe, p. 225)

Comment ?

  • En lisant ;
  • En rédigeant d’autres types de textes ;
  • Mais aussi en échangeant avec les autres ;
  • Et en s’interrogeant sur sa propre pratique.
rédiger des livres

Conclusion sur « Devenir biographe » de Michèle Léach et Delphine Tranier-Brard :

Ce qu’il faut retenir de « Devenir biographe » de Michèle Léach et Delphine Tranier-Brard :

Vous pouvez retenir avant tout qu’il s’agit d’un livre sincère et complet sur le beau métier de biographe d’inconnus ou “biographe privé”. 

Les auteures ne cachent rien des difficultés, mais aussi de grandes joies de ce travail exigeant, qui combine goût pour l’écriture et pour la relation.

À condition d’être très bien organisé, il est tout à fait possible d’exercer cette activité en complément de votre activité d’indépendant ou de salarié. 

Pour réussir, vous aurez impérativement besoin non seulement d’aimer l’écriture et la relation, mais aussi être capable de supporter la solitude et les à-côtés liés au marketing et à l’administration.

Si vous souhaitez vous orienter vers l’écriture créative, allez donc jeter un œil à ce livre de Faly Stachak, Écrire.

Points forts :

  • Un livre bien construit qui aborde toutes les questions importantes ;
  • Des témoignages qui donnent une idée précise du travail ;
  • Une section “Carnet de bord” à la fin de chaque chapitre, pour vous permettre de réaliser des exercices et voir si ce métier peut vous convenir.

Point faible : 

  • La mise en page et la typographie ne sont pas toujours optimales (beaucoup d’italique qui gêne un peu la lecture).

Ma note :

Avez-vous lu le livre de Michèle Léach et Delphine Tranier-Brard « Devenir biographe » ? Combien le notez-vous ?

Médiocre - Aucun intérêtPassable - Un ou deux passages intéressantsMoyen - Quelques bonnes idéesBon - A changé ma vie sur un aspect bien précis !Très bon - A complètement changé ma vie ! (Pas encore de Note)

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