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Mémoires vives

Couverture de Mémoires vives d'Edward Snowden

Résumé de « Mémoires vives » de Edward Snowden : un livre événement qui raconte à la première personne l’histoire de celui qui a tenu tête aux services secrets américains en dévoilant au monde le programme de surveillance généralisée qu’il avait lui-même contribué à façonner.

Par Edward Snowden, 2019 (traduction française), 449 p.

Titre original : « Permanent record ».

Chronique et résumé du livre « Mémoires vives » d’Edward Snowden

À propos d’Edward Snowden

Tout le monde connait son nom. Ou l’a entendu une fois au moins. Mais savez-vous que ses révélations ont inspiré la création du RGPD européen (le Règlement général de protection des données) ? Et vous souvenez-vous que c’est en 2013 qu’il fut connu du grand public pour avoir révélé un système de surveillance généralisée contrôlé par les États-Unis ? Un cauchemar orwellien ? Nous n’en sommes pas si loin…

Edward Snowden est un homme américain né le 21 juin 1983 en Caroline du Nord. Il a 22 ans quand il commence à travailler pour la CIA et la NSA. Sept ans plus tard, il décide de devenir un lanceur d’alerte. Qu’est-ce qui l’a poussé à agir de la sorte ? Eh bien il vous faudra lire le livre « Mémoires vives » — ou bien alors cette chronique — pour le découvrir !

Préface

Après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis — et plus précisément la NSA (National Security Agency) et la CIA (Central Intelligence Agency) ont amorcé un changement dans leur politique de renseignement. L’informatique a servi cette transformation ; grâce à elle, il devenait possible de passer d’une surveillance ciblée à une surveillance généralisée.

Edward Snowden, geek passionné et doué, fut engagé comme espion informaticien durant cette période, alors qu’il n’avait qu’une petite vingtaine d’années. Son rôle : participer à la création d’un réseau mondial d’accumulation et d’accès à des données de tout poil.

C’est à 29 ans qu’il prend conscience de ce à quoi il est en train de contribuer. Il décide alors de révéler les activités de la NSA et de la CIA à la presse. Pourquoi ? Par souci éthique, par amour de l’Internet libre, aussi. Et enfin par engagement politique : nul public — états-unien ou autre — n’a voté pour un tel programme de surveillance de masse.

« Je suis persuadé que l’on ne peut juger de la liberté d’un pays qu’à la façon dont y sont respectés les droits de ses ressortissants, lesquels délimitent le pouvoir de l’État et précisent quand un gouvernement ne saurait empiéter sur les libertés individuelles. C’est ce que l’on appelait “liberté” pendant la révolution américaine et que l’on nomme aujourd’hui, à l’ère de la révolution d’Internet, “vie privée”. » (Mémoires vives, p. 16)

Six ans après ses révélations (en 2013), Snowden décide d’écrire ce livre « Mémoires vives ». Une tâche peu aisée, puisqu’il veut à la fois garantir la vie privée de ses proches et les secrets que les gouvernements ont bel et bien le droit de garder (l’identité d’agents secrets, par exemple).

Attentats du 11 septembre 2001

Première partie de « Mémoires vives »

1. Regarder par la fenêtre

À six ans, Edward Snowden sait déjà s’y prendre avec les machines, tout comme il sait désobéir : une nuit, il décide de retarder les horloges de son foyer pour berner ses parents qui veulent le mettre au lit trop tôt à son goût.

Né en 1983, c’est un enfant qui a grandi avec Internet, mais qui a aussi connu le monde avant son apparition. Auparavant, les données étaient inscrites sur des objets tangibles (une cassette VHS, du papier, etc.). Aujourd’hui, une foule de plus en plus grande d’informations est produite sous format numérique.

Grâce à une multitude de protocoles (tels que le HTTP, l’IMAP ou le FTP, pour n’en citer que quelques-uns), ces données numériques sont mises sur le réseau ; elles peuvent y être dupliquées et y naviguer pendant un temps potentiellement indéfini.

Dernier né d’une famille de Caroline du Nord, Edward Snowden vit dans une famille unie : un père, une mère, une grande sœur. Il est fier de présenter sa famille comme américaine et même patriote. Sa mère, dit-il, a des origines directes avec les migrants du Mayflower.

De la « fenêtre » de sa chambre — sorte de lucarne qui donne sur le salon de la maison, Snowden voit son père rapporter des objets technologiques bizarres. Le premier à le fasciner est un Commodore 64, avec ses jeux : Arkanoid, Tetris, Choplifer !. C’est le début de sa passion pour l’informatique.

2. Le mur invisible

Grâce à des parents attentifs, le petit Edward reçoit une éducation solide, partagée entre la lecture de livres empruntés à la bibliothèque, les mathématiques appliquées (à l’achat de jouets) et l’initiation aux nouvelles technologies.

Pourtant, il affirme avoir reçu sa leçon la plus importante de… La NES de Nintendo. Il aime les jeux d’aventures et de plateau. Or, Super Mario Bros — ou plus exactement ce mur invisible à la gauche de l’écran qui contraint le petit personnage à constamment avancer — lui apprend le temps et la mort !

Par ailleurs, son père, ingénieur et garde-côtes, l’encourage à réparer les machines et à s’intéresser davantage aux ordinateurs et à la programmation, qui en viennent à le passionner davantage que les jeux vidéos…

« Comme tant d’enfants dégourdis qui se passionnaient pour l’informatique, j’allais estimer que le fait qu’une série d’instructions parfaitement rédigées puissent accomplir encore et encore la même opération était la seule vérité intangible de notre génération. » (Mémoires vives, p. 48)

3. Le garçon du périphérique

Edward Snowden déménage dans le Maryland à l’âge de neuf ans. Bien que ce changement soit synonyme de promotion pour les parents, l’enfant a d’abord quelques difficultés à se faire à sa nouvelle situation.

La NSA a son quartier général à Fort Meade, dans le Maryland. Edward Snowden raconte même que le terrain aurait appartenu à ses cousins éloignés ! De façon intéressante, en effet, les Snowden furent nombreux et célèbres dans cette région, durant plusieurs siècles.

La mère d’Edward Snowden trouve d’ailleurs un nouvel emploi à la NSA. C’était à vrai dire quelque chose d’assez habituel dans ces contrées où la majorité des habitants étaient fonctionnaires (ambassades, agences, ministères, etc.).

En fait, l’endroit est une sorte de « monoculture », affirme l’auteur rétrospectivement : une monoculture où chacun garde un certain secret sur ses activités de travail.

« C’est un endroit où la “monoculture” se rapproche beaucoup de celle de la Silicon Valley, à la différence toutefois qu’ici on ne fabrique pas des technologies, mais le gouvernement lui-même. » (Mémoires vives, p. 54)

4. Américain connecté

Entre dix et douze ans, Edward Snowden n’a qu’une passion : l’ordinateur. Il monopolise le PC que son père a acheté pour la famille et devient un expert. Il passe tout son temps sur des jeux tels que Loom et s’électrise dès qu’il s’agit de brancher l’ordinateur sur Internet.

À partir de l’adolescence, le Web devient son terrain de jeu. Il devient insatiable dans l’apprentissage des questions liées à sa passion, des plus techniques aux plus ludiques. À cette époque, c’est-à-dire avant les années 2000 ? Internet ressemblait à un joyeux fourre-tout bricolé, créatif et libre, où les contributeurs voulaient surtout informer.

La prolifération des pseudonymes sur les forums de discussion, par exemple, évitait d’être stigmatisée et favorisait l’apprentissage. Cette capacité à endosser plusieurs « moi » a permis à Snowden d’évoluer, très rapidement et très jeune, dans ce monde informatique.

5. Piratage

Voici comment Edward Snowden caractérise le piratage, après avoir expliqué que ceux qui créent des règles (à l’école, en informatique, en politique, partout) n’ont aucune raison d’aller contre leur intérêt — et ont donc tendance à abuser du pouvoir que leur confère le statut d’éditeur de la règle :

« On se livre au piratage une fois que l’on a compris qu’il existe un lien systémique entre l’entrée et la sortie (ou input et output), entre la cause et l’effet. Le piratage n’est donc pas propre à l’informatique, il existe partout où il y a des règles. Pour pirater un système, il faut mieux connaitre ses règles que ceux qui les ont définies ou les appliquent, et exploiter la distance fragile qui sépare le projet initial de la façon dont il fonctionne réellement ou peut être mis en œuvre. En tirant parti de ces utilisations involontaires, les hackers contreviennent moins aux règles en vigueur qu’ils ne le discréditent. » (Mémoires vives, p. 74)

Durant ses années de collège, Edward Snowden ne s’est pas privé de « pirater » l’école. Il exploitait les failles pour se donner un maximum de liberté — c’est-à-dire ne pas faire ses devoirs. Durant ses temps libres, il faisait ses armes dans le piratage informatique.

Ses activités de piratage le mènent à signaler au Laboratoire de recherches nucléaires de Las Alamos que leur site est fragile, ce qui lui vaut une première proposition d’embauche qu’adolescent scolarisé, il se doit de refuser.

6. Inachevé

Au lycée, Edward Snowden ne fait pas grand-chose. Non seulement parce qu’il passe des heures devant l’écran, mais aussi parce que sa famille vole en éclats : divorce des parents et départ de la grande sœur à l’université.

Le jeune homme se replie sur lui-même, s’imaginant coupable de la situation. Ce fut pour lui l’occasion de s’inventer une nouvelle personnalité, plus mature, plus réflexive et proche des adultes. C’est à ce moment, pourtant, qu’il attrape la mononucléose.

Il évite de justesse de redoubler sa seconde en entrant directement en premier cycle universitaire à l’université d’Anne Arundel, près de chez lui. Finalement, la vie a repris son cours après la maladie et il a réussi, quelque temps plus tard, à obtenir son diplôme de fin d’études secondaires.

Edward Snowden tire un enseignement de cette période :

« Ces changements sont banals et humains. Les mémoires sont fixes, ils sont l’instantané d’une personne en mouvement. C’est pourquoi le meilleur témoignage que l’on puisse faire de soi-même est une promesse, pas une déclaration. Une promesse à ses principes et à ce qu’on veut devenir. » (Mémoires vives, p. 93)

7. Le 11 septembre 2001

Le jeune informaticien étudie le japonais à l’université et se fait des amis. Il s’intéresse aux dessins d’animation japonais. Mais surtout, il rencontre Mae, une jeune femme de 25 ans propriétaire d’une petite entreprise de création de sites Internet. Il travaille pour elle durant deux ans, enchaînant avec elle les contrats.

Il décide entretemps de se lancer dans la certification d’ingénieur système Microsoft à l’université John Hopkins. Une formation qui pouvait lui assurer un avenir confortable à 40 000 dollars par an.

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C’est à ce moment que survient l’attentat des tours jumelles et du Pentagone. Ce jour-là, il est à Fort Meade, la base de la NSA, et voit ébahi les fonctionnaires sortir en nombre de leurs bureaux, sommés de rentrés chez eux (par peur d’attentat sur la base). Le paysage change progressivement : désormais, la base de la NSA et ses environs deviennent une véritable forteresse.

8. Le 12 septembre 2001

Le 11 septembre a fait 3000 morts ; la guerre contre le terrorisme en a causé plus d’un million. Pendant vingt ans, les États-Unis ont renforcé les politiques sécuritaires sur le sol national, au point d’avoir complètement changé le visage du pays.

Les États-Unis ont choisi la police à l’intérieur et la guerre, à l’extérieur. Ils ont répondu agressivement, aveuglés par la colère. Sur le moment, Edward Snowden approuvait cette politique ; mais il la réprouve, rétrospectivement. À partir du 12 septembre, il y avait une bataille à mener, et il voulait en faire partie.

Il s’engage dans l’armée en espérant être ainsi recruté par la NSA ou la CIA. Il a alors vingt ans et pense que c’est la bonne voie.

9. Rayons X

La jeune recrue s’entraîne au Fort Benning, en Géorgie, avec l’espoir de devenir sergent. Les entraînements sont durs, physiquement et mentalement. Lors d’un exercice, il se blesse sévèrement aux jambes. Les blessés n’ont pas bonne réputation et la vie devient vite difficile dans le camp. Il voit s’échapper ses espoirs de promotion.

Déprimé, Edward Snowden ne sait que faire. Un médecin l’aide à s’en tirer honorablement. Il accepte une proposition de « séparation administrative » qui met fin à son engagement de façon officielle et honnête. Pour ce faire, il doit néanmoins affirmer qu’il est guéri — ce qu’il n’est pas.

Il s’exécute. La signification de tout cela ? L’armée se décharge des frais médicaux et des indemnités d’invalidité : s’il veut être libre, Snowden devra prendre à sa charge ses problèmes de santé.

10. Habilité et amoureux

De retour de l’armée, Edward Snowden change de stratégie et, se rendant compte de ses talents informatiques, entend bien les faire valoir directement auprès des services secrets. Il demande une « habilitation de sécurité » pour pouvoir entrer à la NSA ou à la CIA.

C’est sur Internet — sur un site de rencontre précurseur de Facebook — qu’Edward Snowden fait la connaissance de sa compagne et femme actuelle, Lindsay Mills.

À 22 ans, il avait une copine et entrait à la NSA.

Fort Meade, siège de la NSA

Deuxième partie de « Mémoires vives »

11. Le système

À la NSA, Edward Snowden va exercer les fonctions d’administrateur et ingénieur système. La particularité de ces deux métiers (l’un consistant davantage à gérer des systèmes existants et l’autre à créer de nouvelles solutions), c’est qu’ils nécessitent à la fois des connaissances en logiciels (software), dans les composantes en dur (hardware) et dans les réseaux.

Étrangement, ce travail le fait réfléchir à la politique de son pays. Si, à vingt ans, il n’avait pas vraiment d’idée politique propre, il se retrouve à l’aube de la trentaine avec des idées sur le « système » politique américain. Comparant le système politique à un système informatique, il s’étonne de le voir fonctionner de façon défectueuse et commence à se poser des questions.

12. Homo contractus

La notion de service public ne fait plus recette à l’époque où l’informaticien entre en poste à la NSA. Ainsi qu’il le dit :

« Quand j’y ai débarqué, l’honneur du service public s’était effacé devant la cupidité du secteur privé, et le pacte sacré du soldat, de l’officier ou du fonctionnaire avait cédé la place au marché malsain de l’Homo contractus, une espèce que l’on retrouvait à tous les étages de l’État 2.0. Cette créature, loin d’être un fonctionnaire assermenté, était un travailleur temporaire dont le sentiment patriotique était motivé par le salaire, et pour qui le gouvernement fédéral représentait moins l’autorité suprême que le plus gros client. » (Mémoires vives, p. 151)

L’un des documents fournis par Edward Snowden concerne d’ailleurs la part d’argent réservée au salaire des contractuels payés par les services de renseignement (ce qu’il appelle le « budget noir »). Ce qui apparaît, c’est que le travail d’espionnage est laissé pour moitié ou presque à des employés du privé.

Concrètement, ce n’est donc pas comme fonctionnaire qu’Edward Snowden commence à travailler pour la CIA et la NSA, mais bien comme employé temporaire (ce qui a été utilisé contre lui au moment où il a fait ses révélations).

13. Endoctrinement

Lors de sa première mission, on introduit Edward Snowden dans une pièce remplie d’autres informaticiens contractuels et on — les agents de la CIA — lui fait une petite séance d’endoctrinement, laquelle passe notamment par la flatterie (« vous êtes l’élite ») pour s’assurer que les secrets dévoilés seront bien gardés, mais aussi par la menace (l’évocation d’agents ayant trahi et mis en prison servant de repoussoir).

Edward Snowden s’occupe au départ principalement du « soutien logistique » au sein de la CIA, c’est-à-dire de l’interconnexion des services au sein de l’agence gouvernementale. Son rôle consiste en particulier à gérer des serveurs-relais dans lesquels sont conservées des clés de chiffrage top secrètes.

Travaillant de nuit, il trouve le moyen d’automatiser au maximum ses tâches et de profiter ainsi de l’Internet et du Web propres de la CIA (la CIA bénéficie d’un réseau Internet très étendu, avec différents services comme un moteur de recherche, un Facebook pour ses travailleurs, des sites, etc.), grâce auquel il a un accès privilégié aux événements du monde.

Cela lui donne le goût de l’étranger, mais pour cela, il doit entrer à la CIA comme fonctionnaire et non plus comme employé salarié. Ce qu’il arrive à faire. Il troque un badge vert contre un badge bleu. Il doit jurer fidélité à la Constitution des États-Unis.

14. Le comte de la Colline

Une nouvelle formation l’attend : cette fois, il s’agit de devenir responsable technique des systèmes d’information de la CIA, c’est-à-dire d’apprendre à gérer les communications informatiques sur le terrain, en situation de guerre ou au sein des ambassades, par exemple.

Lorsqu’il fait ses vœux — c’est-à-dire demande où il veut être affecté — Edward Snowden choisit une solution que peu d’autres agents envient : être en poste fixe aux États-Unis, mais pour être régulièrement envoyé sur des fronts de guerre dangereux, en Afghanistan ou au Pakistan, par exemple.

Toutefois, cela ne se passe pas comme prévu. Choisi par ses camarades de formation pour écrire une lettre dénonçant les conditions de travail au sein de la formation (heures supplémentaires, état des logements, etc.), il est pris à partie par ses supérieurs directs qui décident de le punir en l’envoyant là où il ne voulait pas aller : dans un pays européen et bourgeois, la Suisse.

15. Genève

Genève forme un point névralgique de la création du réseau de surveillance imaginé par les États-Unis au lendemain du 11 septembre.

« Cette ville raffinée, capitale du vieux monde et des grandes familles de la finance, héritière d’une tradition immémoriale en matière de secret bancaire, se trouve également au carrefour de l’Union européenne et des réseaux internationaux à fibre optique, et elle est par ailleurs survolée par des satellites de communication de premier plan. » (Mémoires vives, p. 201)

Par ailleurs, Genève est entre autres choses le siège de l’Agence internationale atomique, de l’Office des Nations unies ou encore de l’Organisation mondiale du commerce et de l’Union internationale des télécommunications. La CIA y fait tout son possible pour faire du métier d’espionnage un métier lié au numérique (le cyberrenseignement) et trouve des cibles de choix.

16. Tokyo

Il faut rappeler que toute l’infrastructure d’Internet ou presque (90 %) est états-unienne. En outre, les principaux logiciels (Microsoft, Google, Oracle), le hardware (Hewlett-Packard, Apple, Dell), les puces (Intel, Qualcomm), les routeurs et modems (Cisco, Juniper) et même les plateformes de cloud et d’e-mails (Google, Facebook, Amazon) sont des entreprises nord-américaines.

Cette concentration de moyens et de pouvoir prédispose ce pays à la surveillance de masse. Pourtant, malgré cette connaissance et malgré son poste d’espion, Edward Snowden ne se rend pas compte de l’ampleur des pratiques des agences pour lesquelles il travaille.

Il lui faut attendre 2009 pour avoir une première révélation, lorsqu’il est muté au Japon pour y entretenir les systèmes informatiques de la NSA sur place. Plus largement, cette fonction l’amène à créer un nouveau système global de stockage et de sécurisation des données de la NSA (EPICSHELTER, renommé Programme de modernisation du stockage).

À l’occasion de la préparation d’une conférence qu’il doit donner au sujet du contre-espionnage chinois et du cyberrenseignement, il se rend compte de l’ampleur du système de surveillance états-unien vis-à-vis de la Chine. Il commence, de ce fait, à avoir des doutes sur l’application d’un tel système aux citoyens américains eux-mêmes.

Étrangement, c’est par hasard qu’il découvre ce qu’il cherchait depuis la naissance de ses doutes : un rapport classé top secret détaillant le système de surveillance globale mis en place par les États-Unis à la suite du PSP (le Programme de surveillance du président, mis en place par G. W. Bush à partir de 2001).

C’est en particulier le programme STELLARWIND qui fait froid dans le dos, puisqu’il désigne la « collecte de grande ampleur » (pour reprendre l’euphémisme du rapport lui-même) et sans mandat des communications privées des citoyens des États-Unis.

17. La maison sur le cloud

Ce savoir commence à ronger sérieusement Edward Snowden. Rentré aux États-Unis, il tente de se faire une vie normale avec sa compagne, dans les quartiers cossus de l’État de Virginie. Pourtant, les éléments de la vie quotidienne le perturbent et il commence à perdre le contrôle, physiquement et mentalement.

À cette époque, il a en tête de concevoir pour les services de renseignements un cloud qui permettrait à tous les agents de la CIA et de la NSA, où qu’ils soient, d’accéder à toutes les données de ces agences. Une tâche énorme ; un projet qu’il tente de mettre sur pied avec un associé.

Dans le même temps, il se rend compte de l’évolution d’Internet, qui s’incruste dans les objets quotidiens. Il s’étonne notamment d’un smartfridge, un frigo connecté qui recueille une foule impressionnante de données sur ses propriétaires. De notre plein gré, nous faisons entrer dans nos foyers des services et des objets capables de transmettre nos faits et gestes à des entreprises et, possiblement, à l’État.

Son goût pour Internet, qu’il aimait tant, s’amenuise. Il se focalise sur la sécurité et devient extrêmement soupçonneux. Pourtant, il tente de donner le change et de mener la vie parfaite du nouveau bourgeois. C’est cette tension qui le mène à la crise : après plusieurs symptômes inquiétants, il fait une crise d’épilepsie qui l’amène à l’hôpital.

18. Sur le canapé

Ben Laden est tué le 1er mai 2011 par l’armée américaine. Dix ans de politique guerrière et de mise en place d’une surveillance généralisée. Dix ans de tortures, d’exactions et de privation des libertés individuelles au nom de la lutte contre le terrorisme ; laquelle, finalement, est devenue un simple prétexte pour renforcer le pouvoir d’un pays sur les autres peuples et ses propres citoyens.

En congé de maladie en raison de ses crises d’épilepsie, Edward Snowden apprend la nouvelle de la mort de l’instigateur des attentats du 11 septembre à la télévision. Il est apathique, vautré dans son canapé sans arriver à réaliser quelque chose de productif. C’est de là, aussi, qu’il assiste aux soulèvements du Maghreb et du Moyen-Orient que l’on a appelé « Le printemps arabe ».

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Il remarque que les populations, et en particulier les jeunes, réclament notamment plus de liberté, et notamment la liberté d’utiliser Internet, que les gouvernements s’empressent de museler. Il s’étonne à contrario que, pour beaucoup d’Occidentaux aujourd’hui, la « vie privée » (nouveau nom de la liberté) ne soit plus si importante.

« Finalement, prétendre que vous n’accordez aucune importance au concept de vie privée parce que vous n’avez rien à cacher n’est pas très différent que d’affirmer que vous n’avez que faire de la liberté d’expression parce que vous n’avez rien à dire, ou que la liberté de culte vous indiffère puisque vous ne croyez pas en Dieu, ou encore que vous vous moquez éperdument de la liberté de réunion parce que vous êtes agoraphobe, paresseux et asocial. » (Mémoires vives, p. 273)

Il n’y a plus vraiment d’eux et de nous : nous sommes tous pris dans le puissant combat entre régime démocratique et régime totalitaire. C’est là le principal conflit idéologique, selon Edward Snowden, qui traverse l’époque et les différentes régions du monde.

Cryptographie

Troisième partie de « Mémoires vives »

19. Le Tunnel

Après sa période de maladie, Edward Snowden est affecté à Hawaï pour y mener un projet subalterne. Il a perdu du galon à cause de son incapacité temporaire ; par ailleurs, il a besoin de se remettre progressivement.

Il devient administrateur système au sein du Bureau du partage des informations, où il s’occupe de la gestion documentaire pour le compte de la NSA. Son travail se trouve au sein d’un étrange édifice situé au bout d’un tunnel de 1 km de long : le bien nommé le Tunnel, creusé sous un champ d’ananas.

C’est à cette époque qu’il décide, presque inconsciemment, mais fermement, de mener son enquête sur les agissements des services secrets.

20. Heartbeat

Le fonctionnaire de la NSA se met notamment à lire quantité de readboards, sortes de compilations des informations les plus importantes des sites principaux de la NSA. Il en produit même une version étendue, améliorée et personnalisable qu’il partage avec ses collègues — afin de pouvoir continuer ses investigations sans être inquiété. Il nomme ce nouveau système de recueil de documents et d’informations internes Hearbeat.

« Quasiment tous les documents que j’ai plus tard divulgués aux journalistes ont été récupérés grâce à Heartbeat. Il a permis de mettre au jour non seulement les objectifs poursuivis par le système de surveillance de masse de la communauté du renseignement, mais aussi ce dont ce dernier était réellement capable. C’est là un point sur lequel j’aimerais insister : à la mi-2012, j’essayais tout simplement de comprendre comment la surveillance de masse fonctionnait concrètement. […] Cela signifie que je ne m’intéressais pas tant que ça au contenu informatif des documents […] » (Mémoires vives, p. 290)

Plus tard, les journalistes se chargeront de s’intéresser aux contenus des documents proprement dits. Edward Snowden s’intéresse au mode opératoire. Il connait l’existence de deux méthodes de surveillance d’Internet mises en place par la NSA, Upstream Collection (qui collecte directement les données sur les infrastructures d’Internet) et PRISM (qui collecte des données sur les serveurs des fournisseurs de services). Mais il cherche à savoir comment, concrètement, tout cela fonctionne.

Le programme de surveillance le plus proche de l’internaute lambda se nomme lui-même TURBULENCE (il fait partie de la méthode Upstream Collection). Il se divise en deux outils principaux : TURMOIL et TURBINE.

Le premier fait de la « collecte passive » d’information à partir d’un filtre de requêtes choisies par la NSA. Le second se met à fonctionner dès que l’autre lui transmet une donnée suspecte. Alors, il envoie un logiciel malveillant (malware) qui va contaminer l’environnement numérique auquel appartient cette donnée. La NSA devient alors capable de prendre le contrôle de votre vie numérique tout entière.

21. Lancer l’alerte

Edward Snowden aime lire la Constitution des États-Unis, qui est distribuée sans entrain par la NSA, chaque année, le jour de la Constitution (le 17 septembre). Le IVe amendement dit ceci :

« Le droit des citoyens d’être garantis dans leur personne, domicile, papiers et effets, contre les perquisitions et saisies non motivées ne sera pas violé, et aucun mandat ne sera délivré, si ce n’est sur présomption sérieuse, corroborée par serment ou affirmation, ni sans qu’il décrive particulièrement le lieu à fouiller et les personnes ou les choses à saisir. » (Mémoires vives, p. 300)

Pour l’informaticien, il est clair que les « papiers et effets » personnels d’aujourd’hui sont nos données (le contenu de nos documents) et les métadonnées (tout ce qui s’y rapporte et qui permet d’identifier les mouvements effectués sur le net). Pour la NSA en revanche, il n’y a eu aucune violation. Comment le justifie-t-elle ? Par d’habiles réinterprétations juridiques.

L’un des problèmes majeurs, pour Edward Snowden, est que c’est le système entier qui a sombré. Ni le pouvoir législatif, ni le pouvoir exécutif, ni le pouvoir judiciaire n’ont réussi ou n’ont voulu mettre un frein à ces agissements. C’est aussi pourquoi, en un sens, lancer l’alerte devenait urgent et important.

Mais qu’est-ce que « lancer l’alerte » ? Est-ce la même chose que « faire fuiter » une information ? Edward Snowden s’interroge et sa réponse est non : faire fuiter des informations est une action qui s’effectue avec un objectif privé (obtenir un avantage quelconque). Lancer l’alerte, c’est avant tout agir dans le sens du bien public.

Pour devenir lanceur d’alerte, il faut parvenir à la conclusion que l’institution pour laquelle on travaille est en décalage flagrant avec les principes de la société qu’elle sert. Il faut aussi, pour cela, avoir un peu de curiosité pour ce qui se passe autour de soi et ne pas devenir une simple machine parmi les machines, ce qui n’est pas toujours aisé au sein des services secrets.

22. Le quatrième pouvoir

Lorsque Edward Snowden se décide à parler, il hésite sur la manière d’agir. Il pense agir seul, en présentant les informations recueillies sur un site qu’il aurait lui-même créé. Mais il sait qu’il a besoin d’un tiers pour déchiffrer, exposer et contextualiser les données techniques et complexes qu’il propose.

C’est pourquoi il ne peut pas non plus se tourner vers WikiLeaks qui, à cette époque (après les révélations de Chelsea Manning sur la guerre en Irak, notamment), décide de publier les informations qu’il recueille sans travail éditorial.

Il cherche donc l’appui de journalistes et des journaux principaux de son pays. Il pense bien sûr au New York Times, mais une histoire l’empêche d’avoir totalement confiance : dans le cas d’un article antérieur traitant de la sécurité nationale, le journal avait d’abord envoyé le texte au gouvernement qui l’avait rejeté. Influencé, le journal avait décidé de ne pas publier tout de suite l’article. Or une telle décision pourrait être très préjudiciable à Edward Snowden, et cela ruinerait peut-être complètement sa démarche.

Il décide donc de focaliser son attention sur des journalistes qu’il sait solides et intéressés par le sujet. Il contacte Laura Poitras (documentaliste indépendante) et Glenn Greenwald (The Guardian) en premier, puis entre en contact avec d’autres journalistes tels que Ewen MacAskill (The Gardian version britannique) et Bart Gellman (The Washington Post).

La prise de contact n’est pas facile, mais Edward Snowden use ici encore de ses talents d’informaticien pour créer la connexion en minimisant le risque d’être retracé. Ses révélations sont désormais entre les mains des journalistes. Que va-t-il se passer ?

23. Lire, écrire, exécuter

L’enjeu est désormais de faire sortir des centaines de documents des ordinateurs et de la base secrète du Tunnel. Comment agir sans se faire prendre ? Edward Snowden invente une procédure en trois étapes qu’il nomme « Lire, écrire, exécuter ».

Lire consiste à prendre connaissance des données, à éliminer les données peu pertinentes et à sélectionner les documents à conserver. Le risque est ici d’éveiller la curiosité et de se faire prendre en train de collecter tout un tas d’informations sensibles. Pour échapper aux pièges numériques de la NSA, l’espion repenti utilise de vieux ordinateurs qui ne font plus partie du réseau et sont donc plus discrets.

Écrire est une autre paire de manches : il s’agit désormais de copier tous les fichiers sur des supports suffisamment discrets pour pouvoir être emmenés en dehors des bâtiments. Il faut aussi prendre en compte le temps de téléchargement et la discrétion physique de tout le processus (par exemple, ne pas se faire prendre en train de photographier à tout va les écrans d’ordinateur). Edward Snowden opte pour les cartes mini-SD et micro-SD.

Exécuter, enfin, désigne l’opération de sortie des documents, téléchargés dans les cartes SD, hors des locaux de la NSA. L’informaticien cache celles-ci dans son Rubik’s Cube, notamment — un objet que ses collègues et les agents de sécurité ont l’habitude de voir en sa compagnie. Il apprend comment parler aux gardes pour tromper leur vigilance. Mais ce n’est pas fini. Il doit encore s’assurer, chez lui, que tout soit en sécurité. Il place tous les documents dans un disque dur crypté et le tour est joué.

24. Crypter

Pour crypter le disque dur, Edward Snowden n’y va pas de main morte. Et il aime raconter ses exploits. Pour le dire simplement, son système de cryptage est tellement sophistiqué qu’aucun expert ne pourrait, dans un temps raisonnable (qui se compte en milliers d’années), déchiffrer le code.

Pour lui, ce système est le seul système technique actuel qui permette réellement, à tout le monde, de protéger ses données. Le cryptage rend tout document illisible, à moins d’avoir une clé de chiffrement. Clé que ni l’État ni une entreprise ne sont censés avoir. En fait, même quand vous effacez un document de votre ordinateur, celui-ci est conservé quelque part et peut-être lu. Ce n’est pas le cas avec le cryptage.

25. Le petit garçon

Changer de poste est relativement aisé à la NSA, même si cela demande aussi un peu de chance. Par hasard, la NSA cherche un analyste infrastructure au sein de National Threat Operations Center (NTOC) à Hawaï. Cela offre une occasion unique à Edward Snowden : découvrir concrètement comment se passe, au quotidien, la surveillance.

En effet, c’est notamment au NTOC qu’est utilisé le programme XKEYSCORE, que l’on peut comparer pour simplifier à une sorte de Google permettant d’accéder non pas à des pages de sites, mais aux informations de toutes les personnes dans le monde (e-mails, chats, fichiers, etc.).

« C’est, pour dire les choses simplement, ce que j’ai pu voir de plus proche de la science-fiction dans la science elle-même : une interface permettant de taper l’adresse, le numéro de téléphone ou l’adresse IP d’à peu près n’importe qui et de se plonger dans l’histoire récente de son activité en ligne. Dans certains cas, vous pouviez même visionner des enregistrements de ses sessions en ligne passées, si bien que vous ne regardiez plus votre écran, mais le sien, avec tout ce qui traînait sur son bureau. » (Mémoires vives, p. 368)

Voir en direct le fonctionnement de ce programme est le dernier élément qui convainc le lanceur d’alerte qu’il est sur la bonne voie. Mais où partir ? Où rencontrer les journalistes ? Pas facile d’échapper à l’emprise des États-Unis et de ses alliés. Finalement, Edward Snowden opte pour Hong Kong : une ville internationale, libérale et technologiquement active, suffisamment indépendante de la Chine.

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De toute façon, l’informaticien n’avance pas avec beaucoup d’espoir. Il sait qu’il sera vite repéré et que ces jours en liberté sont comptés. Lorsqu’il décide de partir, il sait qu’il laisse sa famille et sa compagne et qu’il leur fera du tort. Néanmoins, il agit en étant sûr de son choix politique. Et il espère que ses proches lui pardonneront ses actes.

26. Hong Kong

Malgré tous les plans qu’il avait échafaudés, Edward Snowden n’avait pas prévu que les journalistes répondraient si tard à son appel. Il a mis sa vie entre leurs mains. Entre le moment où il fuit et le moment où les journalistes répondent à son appel et conviennent d’une entrevue à Hong Kong, le fugitif passe de longues journées angoissantes à se cacher et à épier le moindre mouvement qui pourrait le mettre en danger.

Finalement, les journalistes se présentent au Mira Hotel où Edward Snowden a pris résidence. Il avait préparé minutieusement la façon dont il allait aborder tous les points avec eux, mais n’avait pas prévu que Laura Poitras filme la rencontre. Il se sent pris au dépourvu, mais accepte. Finalement, il décide même de « sortir du bois » de façon autonome peu après le début du dévoilement de l’affaire dans la presse en créant une vidéo dans laquelle il se présente comme la source des journalistes.

Le premier article est publié le 5 juin 2013 dans The Guardian et le 6 juin parait un deuxième dans le Washington Post. Le monde entier relaie la nouvelle. À partir de la publication de la vidéo (le 9 juin), il s’expose directement au danger. Mais c’est aussi à partir de ce moment qu’il reçoit de plus en plus de soutien. Il entre notamment en contact avec Robert Tibbo et Jonathan Man, qui seront ses avocats.

Edward Snowden est inculpé de violation de l’Espionnage Act le 14 juin et son extradition vers les États-Unis est demandée le 21 juin — jour de son trentième anniversaire. Il ne bénéficie pas de l’accueil auprès du gouvernement de Hong Kong et doit donc trouver une solution pour partir au plus vite.

27. Moscou

Moscou ne devait être qu’une étape dans un voyage périlleux et complexe pour arriver en Équateur. Mais les tactiques politiques en décident autrement. Lorsqu’il est en vol vers Moscou, les États-Unis décident d’invalider son passeport, ce qui a pour conséquence de le bloquer sur le sol russe. Même avec un laissez-passer qu’il obtient de l’ONU, il ne peut plus avancer vers la destination souhaitée. La Russie devient, contre sa volonté, sa terre d’exil.

Dans cette course folle, il reçoit l’aide précieuse d’une collaboratrice indépendante de Wikileaks, Sarah Harrison, une journaliste spécialiste de la question du droit d’asile. Celle-ci l’aide à préparer et à effectuer sa sortie de Hong Kong — la question n’est pas simple, puisqu’il s’agit d’éviter tous les pays partenaires des États-Unis, qui pourraient stopper nette leur course.

Malgré l’échec relatif de la fuite, Edward Snowden n’est pas au pire endroit. Certes, il reçoit des avances des services secrets russes — qu’il rejette. Mais en Russie, il est libre. Le 1er aout, il reçoit même un droit d’asile temporaire et est invité à quitter l’aéroport où sa présence devient gênante. Depuis, il vit quelque part à Moscou.

28. Extraits du journal intime de Lindsay Mills

Dans ce chapitre de « Mémoires vives », Edward Snowden présente le point de vue de sa compagne, Lindsay Mills — ou plutôt lui donne la parole. On retrouve ainsi plusieurs réflexions, sentiments et événements rapportés par la jeune femme dans son journal intime, depuis le 22 mai 2013, jusqu’au 20 juin 2013.

Outre l’impression de vie luxueuse qui se dégage de ces lignes, on perçoit l’amour que porte Lindsay à son conjoint. Par ailleurs, on ressent toute l’incompréhension et toute la colère d’une femme qui, d’abord, s’inquiète de son absence, puis doit faire face aux médias et aux policiers. Mais finalement, après tous ces déboires, c’est la fierté qui la gagne.

29. Amour et exil

« Si, à un moment ou à un autre au cours de votre lecture de ce livre, vous vous êtes arrêté un instant sur un terme en désirant le clarifier ou l’approfondir, et que vous l’avez tapé dans votre moteur de recherche — et si ce terme est d’une manière ou d’une autre suspect, comme XKEYSCORE, par exemple — alors félicitations : vous êtes dans le système, victime de votre propre curiosité. » (Mémoires vives, p. 430)

Il n’est pas raisonnable d’être naïf sur ce point : les services des renseignements des États-Unis (mais d’autres aussi, très certainement) sont tout à fait capables de savoir ce que nous faisons au quotidien ; tout comme ils sont capables de prendre le contrôle de nos appareils numériques. Peut-être ne le feront-ils pas, mais n’est-ce pas un combat collectif que de préserver la liberté et la vie privée ?

Les choses ont-elles changé aux États-Unis depuis les révélations de 2013 ? Le président Obama a déçu, même s’il a concédé qu’elles avaient créé un véritable « débat national ». Au niveau judiciaire, l’affaire « ACCLU contre Clapper » a disqualifié l’argumentation juridique des services secrets. Au niveau législatif, le Congrès a voté le USA Freedom Act, qui interdit la collecte généralisée des conversations téléphoniques des citoyens.

Sur un plan plus technique et commercial, les grandes entreprises ont également pris des mesures. Apple et Google ont chiffré leurs appareils. Le protocole HTTP (Hypertext Transfert Protocole) par lequel nous accédons aux sites Internet a été remplacé par le protocole HTTPS (le « s » désignant la sécurité). Des efforts ont également été pris pour sécuriser le travail des journalistes, notamment par l’intermédiaire de la Freedom of the Press Foundation (FPF), dont Edward Snowden fait partie.

Que s’est-il passé ailleurs dans le monde ? Les États partenaires classiques des États-Unis en matière de surveillance (Canada, Royaume-Uni, Australie, Nouvelle-Zélande) ont connu des remous. Mais c’est en Europe que l’action législative la plus forte a été menée, avec l’adoption du Règlement général pour la protection des données (le RGPD). Malheureusement, son statut reste celui d’un accord régional, tandis qu’Internet et le problème de la sécurité sont des enjeux mondiaux.

Et la vie d’Edward Snowden lui-même ? Eh bien, il mène toujours une existence relativement discrète à Moscou, où sa compagne — et désormais épouse — l’a rejoint.

Drapeau américain et ciel bleu

Conclusion sur le livre « Mémoires vives » de Edward Snowden 

Un témoignage qui ne laissera pas indifférent

Personne ne peut rester de marbre face à un tel témoignage. Que l’on aime ou non le personnage, il faut se rendre à l’évidence : son geste fut risqué et il est d’une importance capitale pour mieux comprendre comment fonctionnent les systèmes politiques contemporains.

Concernant la personnalité même d’Edward Snowden, on découvre quelqu’un d’ambitieux et de méticuleux, de profondément américain dans l’âme, patriote et amoureux de ce que nous appellerions des clichés (hamburgers, grosses voitures, maison pavillonnaire, etc.). C’est aussi un personnage d’une intelligence et d’une confiance en lui-même peu communes — et qui le sait —, ce qui le mène à se régaler du récit qu’il fait des mauvais coups qu’il joue tantôt à ses professeurs, tantôt aux agents les plus chevronnés de la NSA.

Ce qu’il faut retenir de « Mémoires vives » 

Tout le livre « Mémoires vives » est tourné vers cette assertion : Edward Snowden est celui qui a révélé au monde l’existence d’un système mondial — contrôlé par les États-Unis — de surveillance généralisée des citoyens. Devons-nous donc simplement retenir cette vérité peu reluisante, à savoir celle des dérives des puissances publiques et, pour une part aussi, des entreprises privées qui ne se gênent pas pour récolter toutes nos traces numériques ?

C’est une option. Et c’est même une nécessité d’avoir cette connaissance à l’esprit pour mieux agir sur Internet. Au-delà, on peut aussi trouver de l’inspiration dans l’attitude de ce lanceur d’alerte exemplaire, qui a réussi à allier intelligence, courage et engagement politique. Ce n’est plus simplement une leçon de prudence alors qui ressort de l’ouvrage, mais plutôt la foi en la capacité intacte des hommes et des femmes à se rebeller face aux situations injustes et oppressantes.

Les points forts et le point faible du livre Mémoires vives

Points forts :

  • Une écriture agréable, le livre « Mémoires vives » se lit comme un roman ;
  • Un rappel des principaux événements (bienvenu pour ceux qui auraient oublié l’affaire) ;
  • Une réflexion philosophique et politique passionnante.

Point faible :

  • Je n’en ai pas trouvé.

Ma note :

Le petit guide pratique du livre Mémoires vives d’Edward Snowden.

Les quatre principales parties du livre Mémoires vives :

  1. Le mur invisible
  2. L’homo contratus
  3. Heartbeat
  4. Le pouvoir

Foire Aux Questions (FAQ) du livre Mémoires vives d’Edward Snowden.

2. Comment le public a-t-il accueilli le livre Mémoires vives d’Edward Snowden ?

Considérer comme le lanceur d’alerte le plus célèbre de la planète, le livre Mémoires vives a connu un succès retentissant auprès du public grâce au courage phénoménal qu’a Edward Snowden pour avoir tout sacrifié pour divulguer ses secrets. Cet ouvrage devient encore plus populaire lors de l’apparition médiatique internationale de Snowden en 2013 pour divulguer les documents classifiés sur l’espionnage du monde par les Américains.  

2. Quel est l’impact du livre Mémoires vives d’Edward Snowden ?

Cet ouvrage a  eu un impact énorme aux États-Unis, notamment sur la politique de la NSA, en permettant à l’humanité toute entière de découvrir comment les Américains espionnent le monde entier. Il a provoqué l’asile d’Edward Snowden en Russie pour avoir été poursuivi pour des crimes fédéraux aux États-Unis.

4. À qui le livre Mémoires vives de Edward Snowden s’adresse-t-il ?

Ce livre s’adresse à tout le monde en général et en particulier aux différents services de renseignements du monde entier et à tous ceux qui désirent comprendre le système d’espionnage des États-Unis.  

4. Qu’est-ce que lancer l’alerte selon Edward Snowden ?

Selon Edward Snowden, lancer l’alerte est en premier d’agir dans le sens du bien public.

5. Comment devenir un lanceur d’alerte selon Edward Snowden ?

Pour devenir un lanceur d’alerte, il faut parvenir à la conclusion que l’institution pour laquelle on travaille est en décalage flagrant avec les principes de la société qu’elle sert.

Lire versus écrire

Lire

Écrire

Prendre connaissance des données

Copier tous les fichiers sur des supports

Éliminer les données peu pertinentes

La discrétion physique de tout processus

Sélectionner les documents à conserver

Prendre en compte le temps de téléchargement

Collecter tout un tas d’informations sensibles

Regrouper les idées

Qui est Edward Snowden ?

Edward Snowden : Auteur du livre Mémoires vives
Edward Snowden speaks via video link during a news conference in New York City, U.S. September 14, 2016. REUTERS/Brendan McDermid – S1BEUBHALWAA

De son vrai nom Edward Joseph Snowden, Edward Snowden, né le 21 juin 1983 à Elizabeth City (Caroline du Nord) est un informaticien et lanceur d’alerte américano-russe. Ancien employé analyste de la Central Intelligence Agency (CIA) et de la National Security Agency (NSA). Il a révélé l’existence du programme de la surveillance de masse proposé par les agences de renseignement américaines et britanniques. Dès le 5 juin 2013, Snowden rend publique les documents classifiés par le biais des médias, notamment The Washington Post et The Guardian, et les idées top-secrète reçues de la NSA qui concerne la captation des métadonnées des appels téléphoniques aux États-Unis, de même que les systèmes d’écoute sur internet des programmes de surveillance PRISM et Optic Nerve du gouvernement britannique. 

Pour supporter ses révélations, il explique que son « seul objectif est de mettre le public au courant de ce qui est fait en son nom et ce qui est fait contre lui. ». Il est l’auteur du livre ‘’Mémoires vives’’ à travers lequel, il divulgue les documents classifiés sur l’espionnage du monde par les Américains. Ce qui va provoquer son asile en Russie pour avoir été poursuivi pour des crimes fédéraux aux États-Unis. Il est également l’auteur de plusieurs livres, à savoir : Princesse Data, Permanent Record, Lève-toi et code, etc.

Avez-vous lu le livre d’Edward Snowden « Mémoires vives » ? Combien le notez-vous ?

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Format de Poche :

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