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Résumé de « Le bug humain » de Sébastien Bohler : découvrez ce livre explosif qui fait une hypothèse simple et un peu effrayante — et si c’était une partie de notre cerveau qui nous poussait à piller la planète ? Serions-nous capables d’arrêter cette course folle ?
Par Sébastien Bohler, 2019, 268 pages.
Chronique et résumé de « Le bug humain » de Sébastien Bohler
Un mot sur l’auteur
Sébastien Bohler est docteur en neurosciences et journaliste scientifique. Il est le rédacteur en chef de Cerveau & Psycho, un magazine de référence en psychologie, neurosciences et développement personnel. Il a également été chroniqueur radio et télé.
Sébastien Bohler a également écrit :
- La chimie des émotions (2007) ;
- Sexe et cerveau (2009) ;
- 150 petites expériences sur la psychologie des médias (2008).
Le bug humain (2019) a reçu le Grand Prix du Livre sur le Cerveau remis par la Société Française de Neurologie en 2020.
Première partie. Dans la boîte noire du cerveau
Et si c’était le cerveau qui nous empêchait de faire face à la crise climatique ? Telle est la thèse audacieuse de Sébastien Bohler. Ou plutôt : ce sont selon lui les défaillances de notre cerveau qui nous entraînent à notre perte. Telle est l’affirmation qu’il prétend démontrer dans ce livre.
Perdre ce que l’on aime
L’île d’Yeu, où l’auteur possède une maison de famille, est menacée par la montée des océans. Plus largement, ce sont des millions d’hommes et de femmes qui devront probablement fuir leurs maisons pour cette raison.
Aujourd’hui, prévoir son avenir personnel et celui de ses enfants ou petits-enfants est devenu impossible. Pourquoi ? Parce que nous savons que le changement climatique et la destruction de la planète vont impliquer de graves transformations pour les habitats humains, mais que nous ne savons ni exactement lesquelles, ni comment agir.
Ce cerveau auquel nous devons tout
8 milliards d’êtres humains : c’est à peu près le nombre d’humains sur Terre. Il y a deux siècles, nous étions 1 milliard. Le développement exponentiel de l’humanité est dû, au moins en partie, à notre cerveau. Grâce à lui, nous avons développé les sciences et les techniques, notamment. C’est aussi lui qui soutient notre conscience, grâce à laquelle nous donnons sens à la vie.
Selon l’auteur, nous devons toutefois nous méfier, car ce succès cache une face sombre :
« [Le cerveau] a signé un pacte avec le diable, il y a fort longtemps. Ce pacte lui promettait la puissance, la domination et la maîtrise de la nature dans un premier temps, mais la ruine et la destruction dans un second. Il a réalisé la première partie de ce contrat. Aujourd’hui, il est temps de payer sa dette. » (Le bug humain, p. 16)
Le concept de dépassement
Le jour du dépassement (overshoot day) est le moment où l’humanité vit « à crédit », c’est-à-dire où elle a consommé « les ressources que la planète peut reconstituer ». Pour que l’économie soit pérenne, il faudrait que cette date tombe le 31 décembre.
Et pourtant, nous l’avons atteint au mois d’août (en 2019), voire en juillet (2022). Cette situation ne cesse d’empirer, le risque est alors celui de l’effondrement des écosystèmes, qui deviendront incapables de supporter « le poids » de l’humanité.
Une expérience bactérienne
L’auteur raconte ici une anecdote : lorsqu’il était en thèse, il perdit une colonie de bactéries parce que celles-ci se reproduisirent dans un milieu fermé, saturé et manquant de ressources nutritives.
Akkadiens disparus
On pourrait penser que les humains ne peuvent connaître le même sort. Pourtant, la chute de civilisations anciennes nous enseigne le contraire.
Même si nous sommes capables de nous projeter dans l’avenir, nous pourrions bien commettre la même erreur que les bactéries du tube à essai, qui continuèrent à manger et à se multiplier malgré l’épuisement des ressources.
Nous savons, mais nous n’agissons pas
La conscience des événements à venir — nous savons en effet très bien ce que nous sommes en train de faire à la Terre, les scientifiques nous le répètent assez désormais — ne suffit pas à insuffler le changement.
Pour l’auteur, voici ce qui se joue au fond de notre cerveau :
« La nature ne pense pas, ne prévoit pas. Elle produit des cerveaux qui réussissent temporairement en se montrant plus efficaces que les autres. Et si le plus efficace de tous finit par creuser sa propre tombe, il n’y aura personne pour l’en sortir. » (Le bug humain, p. 28)
Les cinq motivations secrètes de notre cerveau
Quelles sont-elles ?
- Se nourrir ;
- Assurer sa progéniture ;
- Devenir plus fort ;
- Acquérir cette force avec un minimum d’efforts ;
- Connaître le mieux possible son environnement.
Voyons maintenant comment cela fonctionne dans le détail.
Striatum et dopamine
Les organismes (tels que les rats ou les lamproies) apprennent grâce à un système de renforcement simple : le striatum, une petite structure nerveuse présente chez tous les vertébrés, située juste sous le cortex cérébral, envoie de la dopamine (hormone de la satisfaction ou du « bonheur ») pour récompenser l’action bien accomplie : trouver une proie efficacement, réussir à se reproduire, etc.
Parmi les autres composants du cerveau (cortex cérébral), tels que l’amygdale, le striatum a donc une place particulière et essentielle. Il est lié à la moelle épinière et à l’aire tegmentale ventrale, où est produite la dopamine. C’est là que se « décident beaucoup de choses dans notre cerveau ».
À l’intérieur de la grosse boîte
Le cerveau humain a quelques particularités par rapport à celui d’autres vertébrés tels que le rat :
- Il est « verticalisé », car nous sommes bipèdes ;
- L’encéphale est volumineux, environ 1400 cm, avec 100 milliards de neurones et un million de milliards de synapses (les connexions entre les neurones).
Problème : le striatum tient les commandes de ce super-engin et ne connaît aucune limite. Il n’a pas été conçu pour se réfréner. Explications.
La grande bouffe
Striatum en action
Des expériences sur des souris le démontrent : le striatum commande en nous donnant « l’envie de vivre », c’est-à-dire en nous procurant du bonheur dans les 5 activités essentielles citées plus haut.
C’est grâce à lui que vous vous sentez « incité » à agir, et parfois à agir de façon exagérée (comme lorsque vous mangez sans avoir faim).
Striatum en veille
Le striatum nous permet de nous « activer ». On le voit chez des personnes ayant souffert d’un traumatisme crânien par exemple : si le striatum est atteint, certains patients n’ont plus aucun désir ni « ressort intérieur ».
En d’autres termes, le cerveau nous incite fortement à manger, à nous reproduire, à acquérir des ressources et des informations, et à le faire rapidement, sans chercher à nous limiter. Il en va de notre survie : c’est du moins ainsi que les choses avaient commencé.
Mais selon Sébastien Bohler, cette incapacité de limiter nos désirs crée aujourd’hui une situation intenable au niveau global.
Qu’est-ce qui gêne ?
Les gènes des personnes ayant un striatum plus exigeant et plus « virulent » ont toutes les chances de survivre et donc de léguer leurs gènes aux générations futures. Tel fut sans doute le cas dans l’histoire de l’évolution humaine.
Mais alors, qu’est-ce qui pose vraiment problème aujourd’hui ? Pour l’auteur, il s’agit de l’invention de certaines technologies. Celles-ci créent un point de rupture.
La nature-usine
L’industrie agricole telle que nous la connaissons aujourd’hui, associée aux biotechnologies, permet de produire des masses énormes de nourriture en tout genre, dont nous n’avons pas vraiment besoin.
Au contraire, les Occidentaux sont aujourd’hui en surpoids, parce que nous produisons et consommons trop.
L’humanité obèse
Dans les pays industrialisés, l’obésité tue presque autant que le tabac, selon l’OMS. L’industrie des régimes essaie de freiner le phénomène, mais cela ne fonctionne pas vraiment : lorsque vous vous privez un temps, vous compensez ensuite et reprenez du poids.
« Notre cerveau est configuré pour en demander toujours plus, même quand ses besoins sont satisfaits. » (Le bug humain, p. 51)
On est foutus, on mange trop
Tous, nous voulons manger encore plus. C’est inscrit dans notre patrimoine génétique, selon Sébastien Bohler. Cela ne posait pas de problèmes aux Sapiens d’alors, qui courraient toujours après la nourriture. Mais c’est dangereux aujourd’hui, car nous avons à portée de main à peu près tout ce qui se mange !
Le vrai maître du monde : le circuit de la récompense
Un rat stakhanoviste
À partir d’expériences sur le rat menées dans les années 1950, James Olds et Peter Milner ont découvert le circuit de la récompense. Celui-ci se situe dans le striatum et plus précisément dans le noyau accumbens.
Sébastien Bohler résume de la façon suivante le résultat de leurs études :
« Une fois que ces rongeurs avaient goûté à la sensation que procure la mise en route du système de récompense, ils ne désiraient plus rien d’autre. Ils cessaient même de boire et de manger. » (Le bug humain, p. 56)
Striatum et nirvana
Les chercheurs purent continuer leurs recherches sur l’homme. Tous réactionnèrent comme les rats. Certains témoignèrent vivre des expériences de stimulation et de jouissance intenses.
Ces études transformèrent notre conception des motivations humaines et sont à l’origine de l’idée qui sous-tend ce livre.
Programmés pour le sexe
L’activité sexuelle titille le circuit de la récompense et le striatum qui, en retour, en demande toujours plus. En activant le striatum, il est même possible de décupler les performances sexuelles.
Autrefois, il fallait conquérir un ou une partenaire avant de pouvoir passer à l’acte. Aujourd’hui, les images et vidéos érotiques ou pornographiques donnent à chacun l’occasion de « gaver son noyau accumbens d’images incitatives, sans autre limite que celle du temps disponible ».
Cerveau vs porno
La consommation de contenus pornographiques en 2D et de plus en plus, bientôt, en 3D (grâce à la réalité virtuelle), est très gourmande en énergie. L’industrie pornographique est la plus grosse industrie d’Internet et elle consomme énormément d’électricité.
Le problème n’est plus d’accéder au sexe, mais de s’arrêter : les addictions de nature sexuelle sont de plus en plus fréquentes et génèrent donc, parallèlement, une plus grande dépense énergétique nocive pour la planète.
En fait, l’auteur affirme que 35 % du trafic Internet, soit le pourcentage imputé à l’activité pornographique en ligne, implique une émission de 150 millions de tonnes de dioxydes de carbone dans l’atmosphère. Un chiffre énorme.
Striatum homme/femme mode d’emploi
D’un point de vue évolutif, les hommes ont été davantage tournés vers l’hypersexualité : plus l’homme s’accouplait, plus il avait de chances de transmettre ses gènes. Ce n’est pas pareil pour la femme, qui a davantage développé, au cours de l’histoire biologique, un attrait pour la protection des enfants.
Mais attention ! L’auteur prévient : cette explication évolutionniste est réductionniste et doit être prise avec précautions. L’enjeu de ce livre est justement de déjouer les tours que nous jouent notre cerveau et l’évolution.
Pourquoi les chats sont les stars du Net
Comme les parents préfèrent cacher leurs nourrissons de la foule, il n’y a heureusement pas d’industrie du bébé. Par contre, il y a bel et bien une industrie de la vidéo du chat qui est très, très florissante (elle arrive en deuxième position après le sexe).
Or, le chat – et surtout le chaton – active les mêmes zones du cerveau, en nous procurant du plaisir et un sentiment protecteur. Pourquoi ? En raison de la néoténie, c’est-à-dire la forme pouponne (ressemblant à un bébé) des chats et chatons.
Ici encore, la consommation effrénée de ces vidéos génère des émissions énormes de CO2.
Un entêtement fatal
Et pourtant, nous restons devant nos écrans, préférant les « shoots » instantanés de dopamine à l’action et à la prévision.
Atteindre le haut de la pyramide
L’origine des hiérarchies
Les êtres humains n’ont peut-être pas de griffes ou de cornes, mais ils savent s’organiser. Cela leur donne un avantage certain sur les autres espèces. Mais qui dit organisation, dit aussi le plus souvent hiérarchie, donc domination de certains individus sur d’autres.
Ces systèmes de domination se repèrent chez d’autres animaux sociaux et en particulier chez d’autres primates. Homo sapiens a raffiné le processus.
Singe savant
Notamment, l’évolution a favorisé l’émergence de visages très différents chez les humains. Pourquoi ? Pour pouvoir reconnaître rapidement les amis des ennemis, les subordonnés et les chefs. Comme l’homme devenait bipède, il avait besoin d’un moyen de reconnaissance rapide.
Notons que le goût de l’observation se rencontre aussi chez les primates. Certains chimpanzés peuvent passer de longues minutes à admirer le visage de leurs chefs en photo, par exemple. Ne faisons-nous pas de même avec les célébrités ?
L’essentiel, c’est de gagner
De façon analogue, nous adorons voir des compétitions et repérer qui gagne et qui perd. Cela stimule fortement notre striatum. Ce goût est essentiel à la survie (du moins il l’était), puisqu’il nous permet de situer chacun dans l’ordre social.
Mais pourquoi gagner ? Eh bien pour avoir un avantage en matière de reproduction. Des études sur des primates, des hominidés et Sapiens le montrent : plus vous êtes dominant, plus vous avez de femelles dans votre entourage et pouvez diffuser vos gènes.
Descendants de violeurs
L’auteur donne l’exemple de conquérants et de rois ayant eu jusqu’à 500 « concubines favorites ». Mais c’est surtout le cas de Gengis Khan qui retient l’attention, puisqu’au cours de ses campagnes de guerre, il aurait commis tant de viols et d’actes sexuels qu’il aurait, à lui seul, engendré « environ 0,5 % de la population mondiale » d’alors, soit « une personne sur 200 » aujourd’hui (p. 80) !
Un poisson qui aimait le sexe
Lorsque le Burtoni, un poisson coloré et violent, prend l’avantage sur son adversaire, ses couleurs changent et la taille de ses gonades augmente (il devient plus fertile), tandis que le perdant voit les siennes rétrécir (il devient moins fertile).
Les rapports de domination peuvent donc se marquer physiquement et engendrer des différences morphologiques. De fait, les dominants seront aussi souvent mieux lotis, niveau santé, que les dominés.
Le striatum de Harvey Weinstein
La corrélation entre statut social et nombre de partenaires reste vérifiable dans nos sociétés contemporaines. Cela prend parfois la forme d’une violence de plus en plus insupportable, comme le rappellent l’affaire Weinstein et le mouvement #Metoo.
Un cerveau conçu pour dominer
D’autres expériences scientifiques tendent à affermir la thèse du besoin « inné » de statut social. Des études sur des singes montrent par exemple que le circuit de la récompense est activé lorsqu’un singe reçoit plus qu’un autre.
L’auteur généralise en disant que l’être humain cherche toujours à être plus performant, mieux loti que son voisin. Et que tout cela se joue dans « quelques centimètres cubes de matière neuronale ».
Striatum musclé
En outre, le striatum prend l’habitude du succès et en demande toujours plus. Les individus qui gagnent en veulent encore et ont besoin de doses plus fortes. Ils ont un striatum plus résistant qui génère plus de dopamine et donc de plaisir et d’envies (sexuelles, matérielles, etc.).
Piégés par le luxe et le besoin de statut
Le striatum est donc « malléable » : votre situation sociale (perçue ou réelle) va plus ou moins activer votre circuit de la récompense et « muscler » votre striatum.
Problème : tout le monde a aujourd’hui le loisir de se montrer supérieur à autrui de mille manières (photos de voyage paradisiaque, nouvelle voiture, job de rêve, etc.) et de façon plus étendue grâce aux réseaux sociaux.
Et chacun en veut toujours plus, quitte à ce que cette hyperconsommation soit néfaste pour l’ensemble de l’humanité à long terme.
Consommer pour exister
La publicité joue habilement sur ces désirs d’en vouloir toujours plus. Même les plus « dominés » peuvent jouir un temps du sentiment si agréable (c’est le circuit de la récompense !) d’être/avoir « plus » que le voisin.
Ma voiture, mon téléphone
Les voitures et les téléphones portables restent des produits particulièrement prisés et qui symbolisent plus spécifiquement que d’autres le statut social (mais c’est le cas aussi, dans une moindre mesure, pour les chaussures de marque ou le dernier sac à la mode).
Mais quel est le coût écologique de cette hyperproduction ? Telle est la question que nous ne voulons pas poser (nous préférons de loin le plaisir de consommer), mais qui nous pend au nez.
Suivez le chef !
Les politiques capitalistes menées par une bonne part des gouvernements de par le monde ne font qu’encourager ce besoin de statut social déjà ancré depuis bien des générations dans nos cerveaux.
La bénédiction du chômage
Les neurones de la paresse
Ne rien faire : voilà quelque chose qui plaît beaucoup à notre striatum. Ou plutôt, notre cerveau suit la loi du moindre effort.
L’auteur résume une étude montrant que nos neurones calculent le rapport coût/bénéfice de chaque action. Si l’effort pour aller chercher une nourriture lointaine est trop grand, l’animal (rat, singe ou humain) passera son tour.
Travailler moins pour gagner plus
Nous adorons nous fatiguer moins. C’est en partie pourquoi les robots industriels mais aussi les appareils électroménagers ont tant de succès ! Grâce au confort et à la technologie modernes, nous sommes en passe de réaliser ce rêve d’en faire le moins possible.
En fait, les progrès de l’intelligence artificielle pourraient bien se charger de nous faciliter tant la vie que nous n’ayons plus grand-chose à faire. Alors, pourquoi s’en plaindre, puisque c’est ce que notre cerveau veut ? Eh bien… C’est que nous travaillons aussi pour obtenir un rang social et une utilité.
Nouvelle donne sociale
Si la technologie nous met au chômage, comment assouvir ce besoin ? La télévision n’y parvenait pas, mais les réseaux sociaux y pourvoient très bien ! Grâce à votre profil, vous pouvez occuper une place dans le monde.
Se croire important et ne rien faire
Néanmoins, Facebook et d’autres réseaux sociaux changent la donne, car nous n’y sommes pas connectés à un groupe relativement restreint que l’on peut connaître physiquement (d’environ 150 personnes), mais à une multitude, potentiellement beaucoup plus grande, d’individus.
Or, nous pouvons passer nos journées à chercher à nous situer par rapport à tous ces gens ; « le striatum raffole de cela », dit Sébastien Bohler.
Autre problème : le syndrome FOMO (Fear Of Missing Out) qui désigne une peur de rater une bonne occasion ou une information croustillante. Cela peut conduire au stress chronique, à l’insomnie et à la dépression.
Chez les adolescents de la génération Z, cela peut prendre des formes très sévères, ce qu’ont reconnu certains cadres de Facebook.
Le tour de passe-passe d’Internet
« [Les réseaux sociaux] proposent à toute personne dotée d’une connexion Internet ou d’un téléphone d’étancher sa soif de statut social, même sans travail. De cette façon, par le double truchement de la mécanisation et d’Internet, le cerveau humain a trouvé un moyen de satisfaire deux besoins qui semblaient à première vue contradictoire : 1) ne rien faire et 2) se sentir important. » (Le bug humain, p. 118)
Informé, surinformé
À côté du sexe, de l’alimentation, de la réduction de l’effort et du statut social, on trouve l’information. C’est-à-dire ? Un signal qui indique « la présence de quelque chose d’intéressant ». Dans la nature, plus un organisme est capable de capter ces signaux, plus il a de chances de survivre. Et cela n’a pas changé d’un pouce !
Tant que je gagne, je joue
Certains des neurones présents dans le striatum s’activent lorsqu’ils sont placés à proximité d’une possible récompense. C’est là que se cacherait, selon les études récentes interprétées par l’auteur, notre « soif d’information ». Mais comment gérer cette avidité primitive dans un monde hyperconnecté ?
L’infobésité, une boulimie d’informations
Le terme d’infobésité a été conçu pour rendre compte du parallèle entre l’avidité ressentie pour l’information et celle ressentie pour l’alimentation. Le cerveau n’a pas de « limité » pour ce type de denrée : il a été conditionné pour en vouloir toujours plus.
Connaître la météo réchauffe la météo
Nous voulons en savoir toujours plus. Pour cela, nous faisons des recherches, écoutons les informations en boucle, etc. Mais cela a un coût énergétique et écologique qui devient non négligeable. Sébastien Bohler cite des études qui le démontrent.
Se souvenir de Dostoïevski
L’auteur cite également le livre Le Joueur de Fédor Dostoïevski. Dans ce roman, le joueur palpite de plaisir au moment où la bille hésite entre l’une ou l’autre case ; ce moment d’incertitude où la roulette n’en a pas encore fini de tourner.
Selon les neuroscientifiques, cet état s’explique par l’activation des neurones et la libération de dopamine dans ces moments. Ce qui est étonnant, c’est que chez ces joueurs, ce phénomène ne se produit plus seulement au moment où un gain est constaté (ou prévisible), mais bien lorsque l’incertitude est à son comble.
Plus qu’un jeu
Or, c’est aussi ce que mettent en place les jeux vidéo aujourd’hui. Ils distribuent des récompenses de façon partiellement aléatoires à leurs joueurs pour les inciter à continuer. Lorsque la gratification (bonus ou autre) est difficile à anticiper, notre cerveau devient de plus en plus accro.
Jeu dangereux
C’est un jeu dangereux, en effet. L’addiction aux jeux vidéo fait aujourd’hui partie des troubles du comportement reconnus par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Mais c’est aussi le trouble attentionnel avec hyperactivité qui forme un risque important chez les plus jeunes. Habitués aux sollicitations constantes des écrans, certains petits ne savent plus se concentrer.
Pendant que les concepteurs de ces jeux vidéo et autres dispositifs (iPad, etc.) protègent leurs enfants des écrans et des jeux qu’ils ont conçus, la plupart des consommateurs leur font confiance les yeux fermés.
Lutter contre nous-même
« En développant notre cortex cérébral, la nature nous a dotés d’une arme surpuissante. Mais c’est toujours le striatum qui tient cette arme. Et ses buts sont toujours les mêmes, tragiquement simples et limités. Les buts d’un enfant. Mais c’est maintenant un enfant surarmé. » (Le bug humain, p. 136)
Pourquoi ? Parce qu’il a les technologies à portée de main pour satisfaire tous ses besoins à l’excès et qu’il ne sait justement pas se réfréner.
Comment ? Les religions et la philosophie s’y sont essayées, mais n’ont pas vraiment réussi, car, selon Sébastien Bohler, « ce n’est pas un livre sacré ou une doctrine qui peut lutter contre un système neuronal forgé à coups de centaines de millions d’années de survie, de douleur et de plaisir. »
Deuxième partie. Le bug humain
Le règne de l’incohérence
Tous les jours, nous entendons les médias nous expliquer des choses contradictoires. Nous savons que le climat s’emballe, mais nous nous réjouissons de la vente de nouveaux avions ou de la création du bitcoin qui exige des dépenses énergétiques folles (et dont les serveurs sont enfouis dans les glaciers qui fondent à toute vitesse).
La croissance pour seul guide
La croissance (avec le progrès) : telle est l’idéologie dominante de nos sociétés occidentales (ou occidentalisées). Elle est si fortement ancrée qu’il est vraiment difficile de la modifier. En plus, elle va dans « le sens du poil » de notre striatum, qui en veut toujours plus.
Programmés pour vouloir toujours plus
En fait, le striatum et le circuit de la récompense ont une fonction supplémentaire à celles décrites jusqu’à maintenant : ils sont à la base des processus d’apprentissage. Des études menées sur des rats (encore !) montrent en effet la chose suivante :
« Mon cerveau me récompense si j’obtiens plus que la dernière fois. » (Le bug humain, p. 148)
Une affaire de connexion
Ceci joue un rôle fondamental dans l’apprentissage, parce que vous prenez plaisir à voir vos capacités augmenter.
En fait, tout se joue au niveau des prévisions que vous faites.
- Si vous prédisez quelque chose qui arrive effectivement (recevoir du chocolat en allant dire bonjour à grand-mère), vous allez conserver le comportement, mais serez vite lassé.
- Si ce qui arrive est « mieux » que ce que vous aviez prévu (recevoir du chocolat et un cadeau), alors vous allez stabiliser ce comportement une bonne fois pour toutes (aller chez grand-mère, c’est vachement bien).
- Mais si cette fois le résultat est moindre que la prévision, alors vous serez franchement déçu et voudrez changer de comportement (franchement, ça craint, je veux plus y aller) !
Donc, l’erreur de prévision est centrale dans le processus d’apprentissage ; c’est grâce à elle que nous évoluons et apprenons à nous comporter d’une manière ou d’une autre. C’est ce qu’on appelle, en machine learning notamment, la rétropropagation de l’erreur.
Augmenter les doses pour un tour de manège en plus
« Ce schéma de programmation a une conséquence dramatique : nous ne parvenons à stimuler nos circuits du plaisir qu’en augmentant les doses. » (Le bug humain, p. 154)
Dans la réalité, ce problème est nettement visible (vouloir la nouvelle voiture, le nouveau téléphone, le nouveau menu « extra »). Et dans le monde virtuel, il prend des allures encore plus flagrantes.
Tous présidents !
Il en va de même au niveau du statut social : ceux et celles qui se lancent en politique, par exemple, se tirent par les cheveux pour devenir les plus grands, les plus puissants. Et ici encore, c’est dans le monde virtuel des réseaux sociaux que ce phénomène se montre avec le plus d’éclat (la recherche de likes, d’amis ou de followers).
Planète pillée
Il faut donc répéter, encore une fois, la question : que faire lorsque, dans le même temps, le monde s’alarme du réchauffement climatique et poursuit ses activités destructrices avec toujours plus d’entrain ?
Il est urgent de ne rien faire
« Tout se passe comme si nous autres êtres humains étions incapables de tirer les conséquences de nos propres observations pour décider d’actes concrets, collectifs et portant sur le long terme. Quelle est la cause de cette impuissance ? Pourquoi la pensée d’une catastrophe future ne nous conduit-elle pas à modifier nos comportements ? » (Le bug humain, p. 160)
Nous sommes prisonniers du présent
C’est un fait : nous préférons les plaisirs d’aujourd’hui que les avantages incertains de demain, surtout s’ils concernent d’autres que nous (nos descendants). C’est pourquoi nous avons tant de difficultés à nous priver. Nous sommes maintenus dans notre attitude par ce que l’auteur appelle « la force du présent ».
L’expérience du marshmallow
Cette célèbre expérience menée par Walter Mischel dans les années 1950 met en évidence ce phénomène. Dans cette étude, on propose à de jeunes enfants d’avoir un marshmallow maintenant ou deux dans trois minutes.
Certains résistent, d’autres craquent. Dans d’autres expériences du même genre, on peut voir que le résultat change en fonction des conditions socioéconomiques des enquêtés (enfants ou adultes).
Pour le striatum, le futur ne compte pas
En fait, « quand l’avenir est incertain, mieux vaut se saisir de ce qui se présente à nous, tant que nous en avons l’opportunité », dit l’auteur en commentant ces études. Et cela se remarque aussi chez les animaux.
Bien sûr, les humains peuvent se projeter dans l’avenir et y trouver un intérêt : les étudiants qui sacrifient quelques années pour obtenir ensuite un meilleur emploi en sont un exemple.
Cette capacité à résister au présent grâce à des représentations sur l’avenir se joue dans le cortex frontal.
Cortex frontal et siège de la volonté
Le cortex, qui est la partie la plus développée du cerveau chez l’humain, est capable de résister au striatum en lui envoyant des signaux inhibiteurs. Mais comment activer l’un plutôt que l’autre ?
Si cela dépend partiellement des gènes, c’est surtout l’environnement socioculturel et l’éducation qui importent, répond Sébastien Bohler. Cela a été démontré expérimentalement par des études récentes.
Nous savons que l’éducation et l’apprentissage peuvent faire de nous des êtres plus « réfléchis et patients ». Il reste maintenant à agir.
Action du cortex / action du striatum
L’auteur se livre ici à un très rapide survol de l’humanité, pour montrer que le striatum, bien plus vieux que le cortex, a dû « attendre son heure ». Ce n’est qu’au XXe siècle que le cortex apparaît comme superflu : maintenant qu’il a inventé les pâtes prêtes en trois minutes et Internet, le striatum est à la fête !
Autrement dit, Sébastien Bohler diagnostique un risque de baisse de l’action du cortex au profit de l’action du striatum.
Le règne de l’impatience
Des études de sociologie le montrent également : les millennials (nés dans les années 1990), par exemple, sont plus impatients que les générations antérieures, parce qu’ils ont été habitués aux nouvelles technologies. De façon plus générale, plus nous nous accoutumons à la rapidité, plus nous devenons impatients.
Cerveaux incontinents
La nourriture doit être « rapide » (fast-food ou plats cuisinés), l’information doit être « courte et digeste », le statut social et les conquêtes vite atteints. Voici la conclusion de l’auteur :
« L’immense cortex d’Homo sapiens, en lui offrant un pouvoir toujours plus étendu, a mis ce pouvoir au service d’un nain ivre de pouvoir, de sexe, de nourriture, de paresse et d’ego. La grande question qui se pose à nous maintenant est : l’humanité peut-elle sérieusement se définir d’autres buts que ceux de son striatum ? » (Le bug humain, p. 185)
Troisième partie. Les voies de la sobriété
Pouvons-nous reprendre le contrôle de notre destin ?
Les morales et les religions, de l’Antiquité à nos jours, ont tenté de limiter le pouvoir du striatum à coup de valeurs et d’interdits (les 7 péchés capitaux, par exemple, que l’auteur rattache aux cinq besoins de base évoqués plus haut). Pourtant, dans l’ensemble, elles ont échoué dans leur mission.
Le striatum ordonne
Souvent, la volonté tient un moment, puis cède la place à la tentation et au « craquage » (pensez aux régimes, qui se soldent la plupart du temps par des échecs) : cela se nomme en langage savant la « déplétion de l’ego ».
Pour Sébastien Bohler, la raison est simple : le striatum est aux commandes depuis plus longtemps que le cortex et c’est lui qui « valide » in fine ce que le premier entreprend. Dans une telle situation, on comprend qu’il n’est pas facile de changer !
L’auteur évoque pourtant deux options :
- « Prendre le striatum à son propre jeu » ;
- « Faire appel à la conscience » (p. 192).
Le striatum de Mère Teresa
Mère Teresa est considérée par le monde entier comme une icône de générosité et d’altruisme. Pourtant, elle aussi avait un striatum ! Comment expliquer cela ?
Eh bien, une expérience menée sur des hommes et des femmes permet de l’expliquer partiellement. Cette expérience montrait que, chez les femmes surtout, le partage d’une somme d’argent (et donc l’altruisme) avec un inconnu était plus fréquent et que ce geste activait les mêmes zones du striatum que l’action égoïste.
Autrement dit, certaines femmes prenaient autant de plaisir à donner l’argent qu’à le conserver pour elles.
Qu’il est bon de faire le bien…
Sébastien Bohler a interrogé le moine bouddhiste Matthieu Ricard pour savoir si une telle action (se faire du bien en étant altruiste) pouvait être considérée comme un « altruisme véritable ». Et sa réponse est oui (vous trouverez la citation p. 196) !
Mais il se demande encore pourquoi ce comportement touche davantage les femmes… Est-ce pour des raisons biologiques ? C’est possible, mais insuffisant. Pour des raisons sociales et d’éducation ? Certainement que cela joue un rôle essentiel, oui.
En fait, le conditionnement social qui vise à rendre les femmes plus souples et tournées vers autrui pourrait bien, finalement (c’est-à-dire malgré la domination qui le sous-tend) jouer en leur faveur.
Finalement, et nous en avons déjà parlé, cela montre aussi que le striatum est « plastique » : il change en fonction des conditions sociales et de l’éducation.
Pavlov, Thorndike et Schultz
Ces trois scientifiques ont travaillé sur la notion de conditionnement ou, pour le dire plus positivement, d’apprentissage. Leurs études nous montrent que nous réagissons à la promesse d’une récompense et que nous pouvons associer cette récompense à des comportements bénéfiques, comme l’altruisme.
Autrement dit, nous pourrions utiliser le striatum contre lui-même pour promouvoir et renforcer des comportements plus vertueux, tels que le respect de l’environnement :
« Un jour, peut-être, le nec plus ultra du snobisme sera d’être sobre et respectueux de l’environnement, et non de posséder un 4 x 4 suréquipé. Dans cette hypothèse, dès l’instant où le statut social sera associé aux comportements respectueux de la planète, la partie sera gagnée. Le striatum sera devenu le moteur de la préservation, et non de la destruction. » (Le bug humain, p. 205)
Cette option est fragile, mais elle n’est pas hors de portée. Elle pourrait être mise en place par les gouvernements et les médias à plus grande échelle.
Du dévoilement de l’esprit des droits de l’homme
L’auteur fait un pas de plus dans son analyse en suggérant que les droits de l’homme, émanation des Lumières et de la philosophie libérale, sont un « laisser-passer » pour tous les comportements primaires qui plaisent tant au stratum.
En se bornant à définir et défendre des libertés individuelles, le libéralisme du XVIIIe a certes permis des progrès scientifiques et sociaux, mais a aussi renforcé notre appétit pour le « toujours plus » et l’égoïsme.
Résultat : les individus des Lumières se retrouvent aujourd’hui perdus, car ils doivent inventer un sens par eux-mêmes et n’y parviennent souvent pas.
Murs, dénis, ego
Trois attitudes sont fréquemment observées face à cette incapacité de trouver du sens (ou cette tentative d’en construire un) :
- S’enfermer dans une communauté « doctrinale » (murs) ;
- Faire comme si de rien n’était et vivre sans y penser (déni) ;
- S’intéresser à l’excès à ses plaisirs, à ses réussites à son « estime de soi » (ego).
Un réveil difficile
Et c’est bien souvent cette troisième voie qu’emprunte une majorité d’entre nous. Conséquence : nous donnons toujours plus de poids à notre striatum et nous troquons progressivement notre liberté chérie contre du confort vite gagné.
Alors, encore une fois, que faire ? Nous pouvons certes dévier le striatum (comme expliqué plus tôt) pour le faire agir dans un sens plus positif, mais cela ne l’empêchera pas de chercher du plaisir, toujours plus de plaisir.
La question est donc : « Comment fabriquer plus de plaisir avec moins de stimulations ? » (Le bug humain, p. 216)
Faire plus avec moins : la puissance de la conscience
Sébastien Bohler s’intéresse au phénomène suivant : comment se fait-il que, lorsque nous avons manqué de quelque chose, par exemple de nourriture, la moindre denrée avalée nous semble si délicieuse ? Pour répondre à cette question, l’auteur s’est entouré du spécialiste de la méditation Christophe André, de qui il a appris ce qu’il nomme « l’expérience du grain de raisin ».
Tout le bonheur du monde dans un grain de raisin
En résumé, cette expérience simple consiste à prendre le temps d’observer et de savourer un grain de raisin quelconque, d’en remarquer les singularités, mais aussi la saveur qu’il développe pendant de longues minutes sur notre langue, etc.
En faisant cela, vous « prenez conscience » de votre geste, vous le désautomatisez. C’est tout le contraire de se goinfrer et de manger sans y penser !
Conscience, ouvre-toi !
« La conscience est une caisse de résonance pour nos perceptions, et cette caisse de résonnance peut réellement nous donner plus avec moins. C’est cela que révèle l’expérience du grain de raisin. Nous pouvons augmenter, par le pouvoir de notre esprit, un aspect du monde physique. » (Le bug humain, p. 224)
Autrement dit, nous pouvons « gruger » le striatum en lui donnant plus de plaisir, tout en lui donnant moins au niveau des quantités. Pour Sébastien Bohler, cela ne fait pas de doute : grâce aux techniques de méditation de pleine conscience, il est possible de :
- Développer sa concentration et son attention ;
- Être en meilleure santé,
- Devenir plus épanoui.
L’un des enjeux consiste à s’extraire des injonctions offertes par la plupart des publicités qui veulent nous faire entrer dans le jeu de la compétition sociale et du « toujours plus ».
Rééduquer son cerveau pour apprendre la modération
En s’appuyant sur des études auprès de personnes obèses, notamment, l’auteur montre scientifiquement l’intérêt des pratiques de méditation de pleine conscience (voir p. 227-229).
Retrouver la profondeur du temps
Comment l’effet bénéfique se produit-il ? Entre autres parce que les personnes parviennent à limiter leur impulsivité (manger tout de suite) et à privilégier les avantages à long terme (rester en bonne santé).
Croissance matérielle ou croissance mentale ?
Grâce à notre cortex, nous allons plus vite, nous avons de meilleures technologies : c’est la fonction « intelligence » qui conduit à la croissance matérielle, mais aussi, malheureusement, à la situation que nous connaissons aujourd’hui.
Mais le cortex préfrontal a une autre carte dans sa manche, et c’est justement la fonction « conscience ». Celle-ci pourrait nous conduire vers une croissance mentale. Les robots sont peut-être très intelligents, mais ils n’ont pas de conscience. Et nous, comment pourrions-nous la développer ?
Une conscience à la hauteur de notre intelligence
C’est l’enjeu de ce siècle. Et la partie n’est pas gagnée, face à l’évolution des mondes virtuels et des deepfakes qui nous font prendre nos désirs pour des réalités, pour ne citer que quelques exemples.
Quand le cerveau se nourrit de connaissances
Sébastien Bohler considère qu’il est prématuré d’attendre une croissance mentale de l’humanité de façon rapide. Pourtant, nous pouvons commencer le travail. Et cela passe par le goût pour la connaissance.
Connaître et se libérer
« Quelles chances a la connaissance de s’imposer comme une valeur centrale de nos sociétés ? Il faut être réaliste. La connaissance ne constitue pas un stimulus aussi captivant ni aussi addictif que la nourriture, le sexe ou le prestige social. Pour en faire un renforceur capable de lutter à armes égales contre ces forces, il faut lui adjoindre un allié. Cet allié, nous l’avons vu, est la norme sociale. C’est à la société entière de mettre à l’honneur la connaissance et ses figures de proue, de manière à la rendre attractive et valorisante pour nos cerveaux. » (Le bug humain, p. 242)
Les gouvernements, les médias, les entrepreneurs et concepteurs de nouvelles technologies en seront-ils capables ? Et nous ?
Conclusion sur « Le bug humain » de Sébastien Bohler :
Ce qu’il faut retenir de « Le bug humain » de Sébastien Bohler :
Ce livre peut déranger et il est même plus que probable que son auteur l’ait écrit dans un but explicitement polémique. C’est un ouvrage qui expose de façon assez claire une hypothèse forte : le striatum, centre de la dopamine et des besoins primaires, associé aux technologies contemporaines, nous conduit à notre perte.
Le bug humain a fait l’objet de plusieurs critiques dans les médias. Cependant, il n’en demeure pas moins très intéressant et, surtout, très documenté. L’auteur est spécialiste du domaine, puisqu’il a un doctorat en neurobiologie. En tant que journaliste scientifique, il a ensuite pris le temps de recenser et d’étudier un grand nombre d’études récentes, pendant plusieurs années. Si certains lui reprochent ses interprétations, il est en tout cas plus difficile de mettre en doute son travail de recherche.
Par ailleurs, Sébastien Bohler fait preuve de capacités de synthèse et de vulgarisation appréciables. Le livre se lit avec facilité. En bref, si vous avez aimé Sapiens de Yuval Noha Harari, vous aimerez certainement le Bug humain (les deux bouquins se recoupent et on en sent clairement l’influence du premier sur le second).
Points forts :
- Le livre est parsemé d’anecdotes personnelles qui facilitent la lecture ;
- L’auteur nous présente les concepts de la neurologie de façon soignée et progressive ;
- Il y a une volonté de créer du suspense, à la façon d’un page turner ;
- Surtout, l’ouvrage se base sur de très nombreuses références scientifiques.
Point faible :
- Les critiques considèrent que ce texte verse dans le réductionnisme, c’est-à-dire une explication unilatérale (le striatum serait la cause de tous nos problèmes), de la crise climatique et de la situation actuelle en général. Ils mettent en avant la multiplicité des causalités (sociales, démographiques, politiques, etc.).
Ma note :
Le petit guide pratique du livre Le bug humain de Sébastien Bohler
Que retenir du livre Le bug humain de Sébastien Bohler
Sébastien Bohler décrit les périls que le cerveau représente pour l’espèce humaine et le destin de la terre. Il affirme que le réseau neural responsable de la perpétuation de notre espèce aspire constamment à plus de contrôle, de reproduction et de subsistance. Cela entraîne une exploitation excessive des écosystèmes et une conduite de prédation insatiable. Il propose alors dans son livre des remèdes pour réguler ces mécanismes.
Foire Aux Questions (FAQ) du livre Le bug humain de Sébastien Bohler
1. Comment le public a accueilli le livre Le bug humain de Sébastien Bohler ?
Le livre a été très bien accueilli par le public. Il a reçu en 2020 le grand prix du livre sur le cerveau.
2. Quel fut l’impact du livre Le bug humain de Sébastien Bohler ?
Le bug humain a permis à un bon nombre de personnes d’avoir un éveil de conscience et de voir l’ampleur des leurs actes négatifs sur l’environnement.
3. À qui s’adresse le livre Le bug humain de Sébastien Bohler ?
Ce livre s’adresse à tous ceux qui se demandent pourquoi ils restent dans le déni face aux changements climatiques. Le bug humain s’adresse aussi ceux qui cherchent à comprendre pourquoi ils sont addictes à des choses qui leur font mal.
4. Quelles sont les cinq motivations secrètes du cerveau ?
- Se nourrir
- Assurer sa progéniture
- Devenir plus fort
- Acquérir cette force avec un minimum d’efforts
- Connaître le mieux possible son environnement
5. Qu’est-ce que le striatum ?
Le striatum commande en nous donnant « l’envie de vivre », c’est-à-dire en nous procurant du bonheur dans les 5 activités essentielles citées plus haut. C’est grâce à lui que vous vous sentez « incité » à agir, et parfois à agir de façon exagérée
Les trois attitudes observées des murs, dénis, égo vs Les bénéfices des techniques de méditation de pleine conscience
Murs, dénis, égo | Bénéfices de la méditation |
S’enfermer dans une communauté « doctrinale » (murs) | Développer sa concentration et son attention |
Faire comme si de rien n’était et vivre sans y penser (déni) | Être en meilleure santé |
S’intéresser à l’excès à ses plaisirs, à ses réussites à son « estime de soi » (ego) | Devenir plus épanoui |
Qui est Sébastien Bohler ?
Né le 15 novembre 1970 à Strasbourg (Bas-Rhin), Sébastien Bohler est rédacteur scientifique du magazine Cerveau et Psycho et chroniqueur dans l’émission La tête au carré de Mathieu Vidard sur France Inter et arretsurimages.net. Ancien élève de l’Institut polytechnique et docteur en neurosciences, il interprète nos comportements en s’appuyant sur les recherches des psychologues et des neuroscientifiques. Il est l’auteur de La Chimie de nos émotions, paru aux éditions Aubanel en 2007.
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Format de poche :
Bonjour Olivier,
Super article.
Ce bouqin me tente bien.
Je crois que je vais me l’offrir.
Merci pour le tuyau.
S@m