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Résumé de « La peur des autres : trac, timidité, phobie sociale » de Christophe André et Patrick Légeron : un livre d’introduction à la psychologie de la « peur de l’autre » à la fois très bien argumenté et très bien documenté — par deux des plus grands spécialistes les plus réputés du domaine en France !
Par Christophe André et Patrick Légeron, 2003, 332 pages.
Chronique et résumé de « La peur des autres : trac, timidité, phobie sociale » de Christophe André et Patrick Légeron
Introduction – « C’est à vous… »
Ce livre pose la question de l’anxiété sociale, une peur largement répandue qui est liée au regard des autres. Elle peut se manifester lors de situations courantes, comme parler en public par exemple. Elle peut non seulement entraîner de la gêne, mais aussi de l’inconfort persistant, voire un repli sur soi.
L’anxiété sociale, parfois appelée phobie sociale, prend différentes formes, plus ou moins problématiques. Ses mécanismes sont également variés :
- Facteurs génétiques ;
- Éducation ;
- Histoire personnelle.
Tous ces éléments jouent un rôle. De manière générale, cette anxiété est intimement liée à notre perception du regard des autres.
Imaginer la disparition de l’anxiété sociale paraît utopique : le jugement d’autrui est une réalité sociale bien présente. Pourtant, elle pourrait être atténuée par plus de franchise et d’honnêteté dans nos rapports.
Il existe des solutions efficaces pour traiter l’anxiété sociale. Les thérapies cognitives et comportementales, ainsi que certains médicaments, apportent une aide précieuse.
Le but de cet ouvrage est d’expliquer ces peurs et de guider chacun vers un mieux-être.

PREMIÈRE PARTIE – Nos peurs sociales et leurs manifestations
Chapitre 1 – Des situations et des hommes
Des situations sociales dérangeantes
Certaines situations sociales génèrent de la gêne, comme parler en public ou être observé. La majorité des gens ressentent de l’appréhension face à ces moments. Parmi les peurs les plus fréquentes, parler en public figure en première place, avec 51 % des Français concernés. Cette peur est aussi commune que celles des serpents et du vide.
Mais d’autres situations plus banales — liées à des interactions sociales quotidiennes — peuvent être tout aussi gênantes pour certaines personnes. L’absence de menace réelle rend ces moments d’anxiété sociale d’autant plus frustrants. Les personnes affectées par cette anxiété se questionnent souvent sur la raison de leur réaction, sans trouver de réponse claire.
Une vieille histoire
Dans l’Odyssée d’Homère, Ulysse est intimidé avant de rencontrer le roi Alkinoos. Cette anxiété sociale touche donc même les plus courageux ! D’ailleurs, de nombreux autres exemples littéraires (Rousseau, Baudelaire, etc.) illustrent ce type d’émotion.
Bien sûr, les médecins se sont aussi intéressés à ces phobies sociales. Pierre Janet les décrit dès 1909, évoquant la peur de parler en public ou de certaines interactions sociales. Aujourd’hui, chercheurs et médecins étudient ces mécanismes et cherchent à expliquer pourquoi nous ressentons cette gêne.
Les situations en cause
L’anxiété sociale nécessite la présence d’autrui. Robinson Crusoé ne ressent pas cette émotion, du moins jusqu’à l’arrivée de Vendredi… Dès que nous avons des interlocuteurs, les conditions sont réunies pour éprouver de l’anxiété.
Certaines situations sont particulièrement génératrices d’appréhension, comme le regard d’un groupe ou la rencontre de nouvelles personnes. Les travaux sur l’anxiété sociale sévère identifient quatre grandes catégories de situations redoutées. Ces catégories permettent de mieux comprendre les circonstances provoquant cette gêne sociale. Passons-les en revue.
1 — L’anxiété de performance
Les situations sociales les plus redoutées impliquent la prise de parole en présence d’un public. L’anxiété est exacerbée par la crainte du jugement et de l’évaluation de ses compétences. Cela concerne non seulement les prises de parole en groupe, mais aussi les entretiens individuels formalisés.
Les situations anxiogènes peuvent être classées selon leur degré d’interactivité. Certaines personnes redoutent les interactions directes, d’autres préfèrent éviter les situations sans réponse du public. Cette anxiété peut empêcher les individus de s’exprimer, de prendre des décisions ou de progresser dans leur carrière.
L’anxiété de performance est fréquente chez les enseignants, artistes et sportifs. Ils peuvent ressentir une appréhension incontrôlée avant leurs prestations. Les enseignants, par exemple, craignent de ne pas « tenir leur classe ». Le trac est certes vu comme un signe de talent, mais il peut aussi devenir paralysant, forçant certains artistes ou sportifs à abandonner leur carrière.
2 — Les situations d’échange et de contact
L’anxiété sociale n’est pas seulement liée à une prestation en public. Elle peut survenir dans des interactions sociales où aucun jugement de performance n’est en jeu. Ces situations incluent des échanges superficiels avec des inconnus ou des discussions avec des personnes connues.
Certaines personnes, comme Rémi ou Édith (cités dans l’ouvrage), redoutent les conversations prolongées, ne sachant pas quoi dire après les salutations initiales. Marie-Odile craint de devoir échanger avec des inconnus, tandis que Patrice préfère éviter les interactions banales avec les commerçants.
L’anxiété dans ces interactions est liée à la peur de dévoiler une intimité indésirable ou d’être jugé sur sa véritable valeur. Certaines personnes, comme Catherine, se sentent plus à l’aise lors de premières rencontres, mais redoutent les interactions répétées. Les craintes gravitent autour de la peur de montrer ses manques, de révéler un secret culpabilisant, ou d’afficher un comportement jugé « bizarre » par autrui.
3 — Les situations où il faut s’affirmer
S’affirmer implique de défendre ses droits et d’exprimer ses besoins. L’anxiété sociale complique souvent ces situations, notamment lorsqu’il s’agit de dire non, de demander quelque chose, ou d’exprimer un désaccord.
Certaines personnes — comme un patient plombier évoqué par les auteurs — ont des difficultés à réclamer leur dû, ce qui peut avoir de lourdes conséquences financières. D’autres, comme une assistante sociale, préfèrent acheter un vêtement qu’elles n’aiment pas plutôt que de quitter un magasin sans rien acheter, par peur du jugement des vendeurs.
La crainte de la réaction d’autrui explique ces difficultés à s’affirmer. Beaucoup redoutent de contrarier ou de provoquer une réaction négative. Cette anxiété peut même empêcher des actions nécessaires, comme annoncer une mauvaise nouvelle.
4 — Le regard d’autrui
Un simple regard peut parfois provoquer un malaise, même lors d’actes banals. Cela inclut marcher sous les yeux d’autres personnes, écrire ou jouer d’un instrument lorsqu’on est observé.

Certaines personnes redoutent tellement ce regard qu’elles évitent systématiquement ces situations. Par exemple, un étudiant préfère arriver en avance et rester jusqu’à la fin pour ne pas être remarqué. Une employée de ministère évite de s’asseoir près de ceux qui prendront la parole en réunion pour ne pas attirer l’attention.
Ce malaise face au regard d’autrui est un comportement observé dans le règne animal, lié à la dominance. Chez l’humain, ce phénomène est présent, mais devient problématique lorsqu’il engendre des comportements d’évitement systématiques.
Une hiérarchie de nos peurs sociales ?
Moins de 10 % des personnes ne ressentent jamais d’anxiété sociale dans aucune des situations décrites. Les situations anxiogènes varient d’une personne à l’autre : certains craignent d’être observés en train de faire un créneau, tandis que d’autres redoutent de parler en public.
Les différentes situations anxiogènes peuvent être représentées sous forme de pyramide. La base représente les peurs les plus courantes, et chaque niveau supérieur inclut les craintes des niveaux inférieurs. Par exemple, la peur de se dévoiler implique souvent la crainte d’accomplir une prestation sous le regard d’un groupe. La crainte d’être observé est souvent liée à toutes les autres peurs.
Certaines personnes ressentent de l’anxiété dans presque toutes les situations sociales, comme Nathalie, qui a peur de tout :
- Prendre un rendez-vous ;
- Parler en réunion ;
- Croiser un voisin ;
- Décrocher le téléphone sans connaître l’appelant ;
- Etc.
Ces différentes craintes peuvent coexister dans une même situation. Par exemple, un écrivain invité à une émission de télévision doit faire face à l’anxiété de la performance en public, à la peur de se dévoiler lors de questions personnelles, à la nécessité de s’affirmer sans paraître hostile, et à la crainte d’être observé de près par les caméras.
Un mécanisme commun
Toutes ces situations ont un point commun : elles exposent au regard et au jugement des autres. L’anxiété sociale est souvent perçue comme une anxiété d’évaluation. Toutes les situations où nous sommes évalués, même à l’écrit, peuvent provoquer de l’anxiété.
Lorsqu’une anxiété d’évaluation se combine au regard direct d’autrui, elle se transforme en anxiété sociale. Cette peur s’exprime par des manifestations émotionnelles, comportementales et cognitives, que nous allons explorer en détail.
Chapitre 2 – Le tumulte du corps
Les mots de l’angoisse
La première conséquence ressentie par une personne souffrant d’anxiété sociale est souvent le tumulte physique. Les manifestations corporelles sont au cœur de l’angoisse et en sont les signes les plus visibles.
Les mots liés à l’appréhension reflètent cette dimension physique :
- « Angoisse » vient du latin « angere » (serrer), évoquant l’oppression thoracique ;
- « Peur » provient de « pavor » (effroi, affaiblissement physique).
Ces expressions soulignent que l’anxiété sociale s’accompagne principalement de symptômes corporels, qui traduisent le malaise ressenti.
Un inventaire à la Prévert
Les symptômes de l’anxiété sociale sont nombreux et variés, incluant :
- Palpitations ;
- Tremblements ;
- Transpiration ;
- Nœud à l’estomac ;
- Bouche sèche ;
- Etc.
Ce qui se voit et ce qui ne se voit pas
Ces symptômes peuvent être divisés en deux groupes :
- Ceux qui sont internes, comme les palpitations ou les mains moites ;
- Ceux qui sont visibles, tels que les tremblements ou le rougissement.
Les symptômes visibles sont souvent les plus redoutés car ils révèlent notre malaise aux autres, ce qui est gênant dans les situations sociales.
L’intensité de ces manifestations varie. Pour certains, elles sont discrètes, tandis que pour d’autres, elles peuvent atteindre un paroxysme, provoquant même des attaques de panique. Ces symptômes peuvent sérieusement affecter les interactions sociales et la qualité de vie, comme en témoignent les personnes qui évitent les situations où leur anxiété risque de se manifester de manière trop visible.
La trahison du corps
L’émergence soudaine des symptômes physiques d’anxiété sociale pose de nombreux problèmes. Une fois enclenchés, il est difficile de les arrêter, et se concentrer dessus peut aggraver la situation. La lisibilité de nos émotions sous le regard des autres accroît notre vulnérabilité, rendant l’expérience encore plus stressante.
Cette gêne face au regard d’autrui, souvent perçue comme une évaluation, est courante et peut devenir une obsession, générant une spirale d’anxiété. Le poème de Claude Roy cité par les auteurs illustre bien ce malaise, où la personne se sent exposée, déstabilisée par l’attention des autres.
Le phénomène de « peur de la peur« , décrit par le dramaturge et romancier Tennessee Williams, illustre comment la crainte de revivre ces symptômes d’anxiété peut devenir une prophétie autoréalisatrice. Cette anticipation négative crée un conditionnement qui renforce l’anxiété lors des futures interactions.
Tu as rougi !
L’anxiété sociale présente des manifestations physiologiques spécifiques, telles que le rougissement, qui est au centre des préoccupations de nombreuses personnes. La peur de rougir, appelée éreutophobie, peut aggraver le rougissement en raison de l’anticipation anxieuse.
Certaines personnes ont une grande facilité à rougir (érythrose) sans être éreutophobes. Pour les éreutophobes, la crainte de rougir devient une obsession, amplifiant ainsi la réaction. Le rougissement est souvent perçu comme une révélation involontaire de son état émotionnel, rendant la situation encore plus difficile à gérer.
Le rougissement peut survenir dans des situations variées, souvent en lien avec le regard des autres. L’anticipation de ce rougissement peut déclencher une spirale de gêne et de malaise. Certains, pour échapper à ce malaise, envisagent même des interventions chirurgicales, bien que ces opérations ne soient pas toujours efficaces et comportent des risques importants.
Les réactions physiologiques d’émotivité ont-elles un sens ?
Les manifestations physiques de l’anxiété, comme le rougissement, sont des réactions de stress héritées de nos ancêtres. Lorsque confronté à une situation stressante, le corps se prépare à combattre ou fuir, déclenchant la libération d’adrénaline et d’autres hormones.
Cela provoque l’accélération du cœur, la respiration rapide, et la dilatation des vaisseaux sanguins, préparant les muscles à l’action. Ces réactions, autrefois utiles face aux dangers physiques, deviennent aujourd’hui un obstacle dans des situations stressantes symboliques, comme les interactions sociales.
Le rougissement peut, pour certaines personnes, être perçu comme une vulnérabilité, les exposant aux moqueries. Toutefois, dans d’autres cas, comme pour les comédiens ou les sportifs, le stress et les réactions physiologiques peuvent agir comme un stimulant, améliorant la performance jusqu’à un certain seuil, au-delà duquel il devient paralysant.
La réaction émotionnelle à l’anxiété sociale varie d’une personne à l’autre. Certaines sont stimulées par le stress, tandis que d’autres sont dépassées par celui-ci. Les normes culturelles jouent également un rôle : autrefois, l’émotivité était mieux acceptée, tandis qu’aujourd’hui, le contrôle de soi est valorisé, ce qui renforce la pression sur les personnes anxieuses.
Chapitre 3 – Les désordres du comportement
Panique à bord !
L’anxiété sociale peut désorganiser les capacités relationnelles en provoquant deux réactions principales : la fébrilité et la sidération.
- La fébrilité se manifeste par une accélération du comportement, une précipitation qui entraîne souvent des maladresses, comme renverser un verre lors d’une soirée ou parler à un rythme effréné. Cela peut être exacerbé par la volonté de bien faire, créant une tension qui rend les actions maladroites, à l’image des personnages de Pierre Richard ou Woody Allen.
- La sidération, en revanche, est une forme de paralysie où réfléchir, parler ou agir devient extrêmement difficile. Cette réaction est souvent déclenchée par un sentiment d’invalidation, comme une question ignorée ou un regard qui se détourne. Le témoignage d’Adolphe, le héros de Benjamin Constant, illustre cette difficulté à articuler clairement ses pensées sous pression.

Ces deux tendances, fébrilité et sidération, reflètent les grandes réactions face au stress : tenter de prendre le contrôle ou, au contraire, se résigner et subir. Ces comportements peuvent altérer les performances sociales en rendant les gestes raides, les pensées incontrôlables ou en provoquant un engourdissement mental, empêchant toute réaction appropriée.
Courage, fuyons !
Lorsque l’anxiété sociale devient trop forte, les individus ont tendance à éviter les situations qui leur causent du stress. Cet évitement, s’il est compréhensible, peut à terme restreindre leur vie sociale et les empêcher de saisir des opportunités importantes, telles qu’une promotion ou une rencontre amoureuse. L’évitement subtil, comme éviter le contact visuel ou limiter les interactions verbales, est une autre stratégie courante qui entretient malheureusement l’anxiété.
L’échappement, ou la fuite physique d’une situation stressante, est une réponse plus extrême. Cette réaction, bien que temporairement soulageante, a souvent des conséquences embarrassantes, comme en témoigne l’histoire de la patiente qui a quitté précipitamment un opticien.
Parfois, au lieu de fuir, certains adoptent un comportement opposé, devenant exagérément familiers ou utilisant l’humour pour détourner l’attention de leur anxiété.
Certaines personnes adoptent des comportements pour « se donner de la contenance« , comme allumer une cigarette ou manipuler des objets. Ces actions, bien qu’elles apaisent temporairement l’anxiété, contribuent à renforcer les mauvaises habitudes et à masquer leur véritable malaise. Les lunettes, par exemple, peuvent être utilisées comme un bouclier symbolique pour se protéger du regard d’autrui.
Le hérisson et le paillasson
L’anxiété sociale peut perturber le style relationnel de la personne en générant soit une inhibition excessive, soit une agressivité inappropriée. Les personnes anxieuses peuvent avoir des idées ou des désirs qu’elles n’expriment pas, ou au contraire adopter un ton autoritaire pour masquer leur manque de confiance. Cette dynamique est souvent le résultat du stress qui pousse à fuir ou à combattre.
Certains, comme le médecin à l’aise avec ses patients mais mal à l’aise avec les femmes, deviennent inhibés dans certaines situations. D’autres, comme l’artiste qui n’ose pas parler d’argent, alternent entre inhibition et moments de frustration où l’agressivité émerge. Les comportements oscillent entre une posture de soumission (« paillasson ») et une posture de défense (« hérisson »), selon les attentes perçues des autres et le contexte.
Cette dualité est illustrée par Proust avec le personnage du docteur Cottard, qui alterne entre timidité excessive et froideur. Rousseau décrit aussi dans ses « Confessions » comment il a adopté une façade cynique et caustique pour masquer sa timidité et éviter de se sentir vulnérable. Ces stratégies sont souvent utilisées pour se protéger de l’anxiété sociale et maintenir un semblant de contrôle sur les interactions.
Des chaînes invisibles…
L’anxiété sociale peut profondément affecter la vie quotidienne des personnes concernées, créant un cercle vicieux : plus on évite une situation, plus elle devient redoutée. Selon les mots de Sénèque :
« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas les faire. C’est parce que nous n’osons pas les faire qu’elles sont difficiles. » (Cité dans La peur des autres, Partie 1, Chapitre 3)
Derrière ces conduites d’évitement se cache une vision anxiogène du monde et des rapports humains, où chaque interaction devient une source potentielle de stress et de jugement. Cette perception crée une barrière qui limite les expériences et les relations, enfermant les personnes anxieuses dans une vision réductrice et menaçante des interactions sociales.
Chapitre 4 – Tempête sous un crâne
Le hit-parade des pensées négatives
L’anxiété sociale est liée à des perceptions spécifiques de soi-même et du monde environnant. Les pensées automatiques, ou « cognitions », jouent un rôle crucial dans l’anxiété sociale. Ces pensées sont souvent négatives et apparaissent instantanément face à des situations redoutées, constituant un monologue intérieur qui influence les comportements et les émotions.
Par exemple, une personne anxieuse pourrait penser :
- « Je n’y arriverai jamais » ;
- « Ils doivent me trouver bizarre » ;
- « Je vais bafouiller » ;
- Etc.
Ces cognitions, ou « autoverbalisations« , deviennent récurrentes et quasi-réflexes, influençant la manière dont une personne se perçoit dans des situations sociales. Elles sont souvent excessivement alarmistes et incluent des pensées sur soi-même (« je ne suis pas intéressant »), sur ce que les autres pensent (« ils me trouvent ennuyeux »), et sur ce qu’ils risquent de faire (« ils ne me réinviteront plus »).
Les thérapies cognitives cherchent à aider les personnes à identifier et à modifier ces pensées automatiques, afin de mieux contrôler leur anxiété sociale. Cependant, pour changer ces schémas de pensée, il est essentiel de commencer par les identifier et en prendre conscience.
Les pensées négatives les plus fréquentes concernent :
- La crainte d’être observé ;
- L’autodévalorisation ;
- La perception d’une évaluation négative des autres ;
- L’impression d’être fragile ou peu apte à gérer la situation.
Un jugement négatif sur soi
L’anxiété sociale est souvent associée à une vision négative de soi-même et de ses performances. Les personnes souffrant d’anxiété sociale ont tendance à se focaliser sur ce qui, selon elles, ne va pas dans leur comportement, puis à accorder une importance excessive à ces éléments négatifs, souvent en s’autodévalorisant de manière globale et définitive.
Un exemple illustre bien ce mécanisme : un patient, lors d’un entretien d’embauche, avait plaisanté sur les habitants du Sud de la France, et s’était ensuite angoissé à l’idée que l’interlocuteur puisse être de cette région. Il a ruminé sur cet incident, l’estimant catastrophique, malgré le reste de l’entretien qui s’était bien passé. Finalement, il fut embauché, et l’interlocuteur, bien que Marseillais, n’avait même pas relevé la plaisanterie.
L’estime de soi, qui représente les jugements sur nos compétences, est souvent faible chez les personnes souffrant d’anxiété sociale. Cette estime de soi basse les pousse à se fixer des objectifs irréalistes et à être extrêmement critiques envers elles-mêmes.
Même lorsque des retours positifs leur sont donnés, elles peuvent les percevoir de manière négative, les prenant pour de la condescendance ou de la pitié. Cela crée une boucle qui entretient l’anxiété, avec une vision biaisée de soi-même qui rend difficile l’accès aux encouragements extérieurs, surtout dans les formes sévères d’anxiété sociale.
La peur du jugement d’autrui
L’anxiété sociale est souvent associée à une préoccupation excessive du regard des autres, notamment sur soi-même et ses actions. Les personnes souffrant d’anxiété sociale se demandent constamment : « Que pense-t-on de moi ? », et répondent systématiquement de manière négative. Cette préoccupation constante crée un schéma de pensées où chaque interaction est perçue comme une évaluation négative, renforçant la peur et le malaise.
Ces cognitions dysfonctionnelles, décrites par Rousseau comme une « vivacité de sentir » couplée à une « lenteur de penser », conduisent l’individu à se sentir vulnérable et jugé négativement dans toutes les situations sociales. Tout geste ambigu est interprété de façon défavorable, qu’il s’agisse de critiques mineures perçues comme un rejet complet, ou de simples froncements de sourcils vus comme des marques de désaccord.
Les études en psychologie expérimentale montrent que les personnes souffrant d’anxiété sociale réagissent de manière disproportionnée aux visages perçus comme hostiles, même lorsque les expressions sont neutres. Lors de prises de parole en public, les anxieux sociaux détectent plus rapidement les signes de désapprobation parmi les auditeurs, et se sentent perturbés par eux, contrairement aux personnes moins anxieuses qui sont plus sensibles aux signes d’approbation.
En outre, les situations ambiguës sont systématiquement interprétées de manière négative, qu’il s’agisse d’amis quittant une soirée plus tôt ou d’un interlocuteur qui reste silencieux. Les anxieux sociaux ont également du mal à lire les émotions des autres, percevant souvent des signes hostiles là où il n’y en a pas, renforçant ainsi leur sentiment d’inadéquation et d’insécurité dans les interactions sociales.
La crainte des réactions d’autrui
L’anxiété sociale est souvent exacerbée par une crainte excessive des réactions des autres, surtout lorsque ces réactions sont inconnues ou imprévisibles. C’est pourquoi les situations impliquant des inconnus ou des groupes sont particulièrement angoissantes pour les anxieux sociaux.
Cette crainte des réponses hostiles amène les personnes anxieuses à percevoir leurs semblables comme potentiellement agressifs, imaginant systématiquement des réactions négatives à leurs actions. Par exemple, demander à un serveur de restaurant de changer un plat ou demander à un voisin de baisser le son deviennent des épreuves redoutées car elles sont perçues comme susceptibles de déclencher des conflits.
L’anticipation anxieuse, ou comment se raconter des films catastrophes à longueur de journée
L’anxiété d’anticipation joue un rôle central dans l’anxiété sociale. Les personnes anxieuses ont tendance à se raconter des « films catastrophes » en anticipant systématiquement les pires scénarios possibles. Ces scénarios se construisent autour de véritables enchaînements catastrophiques, où chaque élément négatif alimente le suivant.
Par exemple, un individu invité à un cocktail peut imaginer que s’il prend un verre, il va trembler, ce qui attirera les regards et les jugements des autres, renforçant son image de quelqu’un de faible et peu fiable.
Les situations où l’anxiété sociale atteint son paroxysme sont celles où la personne se sent piégée, quel que soit son choix.
Un autre patient décrit, par exemple, sa peur lorsqu’il se retrouve seul dans un groupe inconnu : s’il prend la parole, il craint d’être jugé inconvenant, et s’il se tait, il pense être perçu comme introverti ou incapable de communiquer.
Ces scénarios de déroute résistent souvent aux faits, même lorsque ceux-ci montrent que les pires craintes ne se sont pas réalisées, illustrant à quel point ces anticipations négatives peuvent être tenaces et difficiles à déconstruire.
Anxiété toujours !
L’anxiété sociale peut altérer les processus cognitifs de façon durable à travers les trois phases temporelles d’une situation stressante : avant, pendant et après.
- Avant la situation, la personne anticipe de manière anxieuse, construisant des scénarios catastrophes où elle imagine constamment le pire (« ça va mal se passer », « je ne serai pas à la hauteur »). Ces pensées sont si enracinées qu’elles persistent même lorsqu’elles sont régulièrement démenties par la réalité. Ce cycle est bien illustré par une patiente qui disait se sentir en proie à une peur continue, qu’elle soit avant, pendant ou après une interaction sociale.
- Pendant la situation stressante, l’attention de l’anxieux se divise entre une désorganisation de ses capacités de réflexion et une hypervigilance anxieuse envers son environnement. Un silence, un sourire, une expression de son interlocuteur peuvent prendre une importance démesurée, alimentant des interprétations négatives qui perturbent encore plus la personne. L’anxieux se focalise souvent sur ses propres manifestations corporelles (comme les battements de cœur ou les tremblements), au point de se couper de l’environnement extérieur.
- Après la situation, la phase de rumination négative commence. L’anxieux repasse en boucle les moments de la situation, se concentrant sur les erreurs commises (réelles ou imaginaires). Ce processus est biaisé car il n’intègre que les aspects négatifs de la situation, entraînant des conclusions particulièrement sévères sur soi-même (« je suis nul », « je ne suis vraiment pas à la hauteur »). Cette rumination renforce une vision négative de soi, déjà existante chez la personne.
Quand la peur influence la réalité
Ce cycle de pensées négatives, connu sous le nom de « prophéties autoréalisées » ou « autoréalisatrices », fait que la peur finit par influencer la réalité. En anticipant le pire et en focalisant sur ses propres symptômes d’anxiété, la personne augmente la probabilité que ces symptômes se produisent effectivement, confirmant ainsi ses craintes initiales. Cela rend encore plus difficile la rupture de ce cercle vicieux, car chaque situation sociale renforce la vision négative qu’elle a d’elle-même.
L’intensité de l’anxiété sociale et la capacité de la personne à y faire face varient. Certaines personnes peuvent maintenir une certaine distance par rapport à leurs peurs, voire en rire, et parviennent à s’améliorer progressivement. Pour d’autres, l’anxiété est si intense qu’elle devient paralysante, entraînant une souffrance et un handicap dans leur vie quotidienne.

DEUXIÈME PARTIE – Des peurs normales aux peurs pathologiques
L’anxiété sociale revêt de nombreuses formes, allant du trac ponctuel à des troubles plus envahissants comme la phobie sociale. À chacun sa peur : cette anxiété varie en fonction de l’ampleur du malaise et de son impact sur la vie quotidienne.
Comme nous l’avons signalé plus haut, on peut distinguer quatre principales formes d’anxiété sociale. Cette classification s’opère selon deux critères :
- Son extension (limitée ou généralisée) ;
- Son impact (peu gênant ou pathologique).
Le trac, par exemple, est une forme limitée, survenant dans des situations spécifiques (comme une prise de parole en public) et est souvent temporaire et sans conséquence majeure. La timidité, plus généralisée, est plutôt une manière d’être, non pathologique, mais qui conduit à un retrait social.
À l’autre bout du spectre, la phobie sociale est une maladie intense et paralysante, reconnue dans les classifications psychiatriques. Elle peut entraîner une gêne significative, impactant négativement la qualité de vie.
La personnalité évitante, quant à elle, est caractérisée par une sensibilité excessive au jugement des autres et une tendance à éviter de nombreuses situations sociales. Comme la phobie sociale, elle est également reconnue comme un trouble mental.
Le problème est que, contrairement à d’autres troubles anxieux plus visibles, la phobie sociale est souvent vécue en silence, dans la honte ou la résignation. Les personnes concernées consultent rarement pour ces raisons spécifiques, préférant parler de dépression ou d’anxiété généralisée.
C’est pourquoi il est important de ne pas négliger l’anxiété sociale, car elle peut être la racine de nombreux troubles, y compris l’anxiété généralisée et la dépression. Les recherches en psychologie ont souvent ignoré les aspects relationnels de l’anxiété, se concentrant davantage sur la vie intérieure des individus. Or, nos interactions sociales jouent un rôle majeur dans notre bien-être.
À retenir : la frontière entre une gêne passagère et un trouble est difficile à définir, mais quand l’anxiété empêche de vivre pleinement, elle mérite une attention particulière.
Passons maintenant les différentes formes en revue.
Chapitre 1 – Trac et appréhensions
Le trac est une forme d’anxiété sociale intense mais temporaire, ressentie dans des situations spécifiques comme prendre la parole en public, se produire sur scène ou faire face à une audience. Il survient généralement juste avant l’événement et peut entraîner une « paralysie psychosomatique », rendant difficiles l’expression et la fluidité des pensées.
Cette anxiété n’est pas rare, et selon des recherches épidémiologiques, près de 55 % des personnes ressentent une peur de parler devant un public, et environ 31 % affirment que cette peur est beaucoup plus forte que celle des autres.
L’origine du mot « trac » semble dériver du verbe « traquer », qui signifie « poursuivre sans laisser d’issue ». Cela reflète bien la perception de la personne qui souffre de trac : elle se sent piégée par l’attention de son auditoire, perçue comme un jugement potentiellement sévère.
Le trac peut être comparé à une sorte de « jeton », de « pétoche », ou de peur viscérale qui transforme les réactions physiques et mentales. Comme l’a décrit un critique de rock avec humour, c’est un état où :
« Les rotules se transforment en pâte à guimauve, le cerveau devient un yaourt scandinave, et le cœur bat comme un solo de Ringo Starr » (La peur des autres, Partie 2, Chapitre 1)
Cette sensation, bien que temporaire, est ressentie comme une urgence physiologique : le rythme cardiaque augmente significativement, atteignant parfois 140 à 180 battements par minute chez des musiciens en concert, et même plus pour des pilotes de course.
L’anxiété de parler en public, bien que courante, peut devenir un véritable obstacle pour certaines personnes, au point de les empêcher de s’exprimer dans des contextes importants, comme le raconte aux auteurs une patiente. Lors de réunions de parents d’élèves, le trac s’installe soudainement, lui faisant perdre la majorité de ses moyens et l’empêchant de s’exprimer, même si elle connaît bien les personnes présentes.
Trac ou phobie de la prise de parole en groupe ?

Où finit le trac et où commence la phobie sociale ? Une étude (citée dans l’ouvrage) a comparé des personnes souffrant de trac à celles atteintes de phobie sociale généralisée ; toutes redoutant la prise de parole en public. Les participants ont été invités à parler pendant dix minutes, une épreuve difficile pour eux, tandis que leur anxiété était mesurée. Les résultats ont montré que les phobiques sociaux étaient plus anxieux pendant leur intervention, alors que les traqueurs étaient davantage stressés avant de parler.
Pour certains, la meilleure façon de gérer le trac est de se jeter à l’eau rapidement. Comme l’explique François, quarante ans, contremaître : « Quand je participe à des réunions, je préfère être le premier à parler pour ne pas laisser le trac m’envahir. »
Cette stratégie permet de contourner l’anxiété anticipatoire, qui peut paralyser. Ainsi, le trac est une expérience universelle, que certains surmontent et transforment même en énergie stimulante, tant que le stress reste sous un seuil raisonnable.
Dites-moi ce qui vous gêne
À côté du trac, on retrouve des situations d’intimidation ponctuelle variées. Par exemple, Françoise Mallet-Joris raconte un dîner en son honneur où elle se sentait paralysée, finissant par avaler des noyaux d’olives par panique. Ces moments de gêne peuvent être liés aux interlocuteurs (personnes impressionnantes), aux messages à transmettre (critiques, déclarations) ou au contexte (parler en public, entrer dans des lieux luxueux).
La question de l’argent est également une source fréquente de trac. Réclamer de l’argent prêté, demander une augmentation ou négocier un prix pose souvent des problèmes. Cette difficulté, parfois incapacitante, peut causer des préjudices matériels. Beaumarchais disait : « L’homme que l’on sait timide est dans la dépendance de tous les fripons ». Ainsi, les phobiques sociaux ont souvent un statut social et financier plus bas que la moyenne.
J’ai rendez-vous avec vous
Des travaux ont étudié l’anxiété sociale liée aux rencontres, appelée « dating anxiety« . Cela concerne la difficulté à initier des rencontres potentiellement romantiques, comme aller boire un café ou partager une activité. Beaucoup peuvent échanger aisément mais peinent à initier une rencontre plus intime, par peur du caractère romantique implicite.
Ce type de gêne, bien que souvent perçu comme amusant de l’extérieur, peut entraîner des complications sentimentales et sociales. Certaines femmes, par exemple, évitent des rendez-vous pour ne pas se retrouver confrontées à des avances qu’elles ne savent pas refuser. L’anxiété sociale joue aussi un rôle dans certains dysfonctionnements sexuels, tels que l’impuissance masculine, souvent liée à la peur de la performance.
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Chapitre 2 – La timidité
Qu’est-ce que la timidité ?
Le terme « timide » recouvre des réalités variées, désignant des personnes craintives, manquant d’assurance ou discrètes. Son usage s’est généralisé au XVIIIe siècle pour englober toutes les formes d’embarras ressenties en présence d’autrui. La timidité est une forme d’anxiété sociale qui exprime une manière d’être durable, marquée par une tendance à éviter les initiatives dans les situations nouvelles.
Elle se traduit par un malaise intérieur et une maladresse extérieure, tout en préservant des capacités d’adaptation plus développées que dans les formes pathologiques d’anxiété sociale. En somme, la timidité est moins handicapante que les phobies sociales et permet une adaptation sociale malgré un certain inconfort.
De quoi ont peur les timides ?
La timidité est un état chronique et durable, caractérisé par une inhibition dans de nombreuses situations sociales. Le timide évite autant que possible les situations nouvelles, surtout les « premières fois », mais son anxiété diminue au fil des rencontres, contrairement aux phobies sociales où elle augmente. La timidité n’est pas considérée comme une maladie, car le timide s’adapte souvent après une période d’inhibition initiale.
Les situations intimidantes les plus fréquentes pour les timides sont les rencontres avec des inconnus, des personnes du sexe opposé, ou des figures d’autorité. Parler devant un public ou se retrouver dans un grand groupe sont également sources de gêne.
Cependant, la timidité reste moins intense que la phobie sociale, et certains timides optent même pour une « fuite en avant« , choisissant des professions où ils doivent affronter ce qui les angoissait, comme acteur ou journaliste.
De nombreux anciens timides, comme François Mitterrand, ont appris à surmonter cette gêne en développant des compétences comportementales. Même s’ils continuent de ressentir les mêmes émotions et craintes, leur savoir-faire leur permet de masquer leurs sentiments. Mitterrand a avoué avoir toujours ressenti de l’appréhension avant une déclaration publique, mais il a appris à maîtriser sa nature grâce à son expérience.
Comment se manifeste la timidité ?
Les signes comportementaux de la timidité se manifestent souvent par des interactions sociales plus réservées. Les timides parlent moins, sourient moins, regardent moins dans les yeux et mettent plus de temps à répondre ou relancer une conversation.
Ils ont également tendance à :
- Avoir des temps de silence plus fréquents ;
- Avoir des mimiques moins variées ;
- Éviter de prendre l’initiative, particulièrement dans des situations nouvelles.
Paradoxalement, les timides se comportent normalement avec leurs proches, sans manifester les mêmes réserves. Leur timidité se manifeste surtout dans des situations où ils doivent prendre une initiative relationnelle ou parler de leurs émotions. Cette conscience de leur état est typique : ils savent qu’ils risquent de manquer d’assurance et d’accomplir des maladresses lorsqu’ils sont en société.
La Bruyère, dans « Les Caractères », dresse un portrait d’un timide classique : celui qui marche les yeux baissés, parle bas, et ne s’impose jamais. La timidité est marquée par une « raideur secrète » qui empêche d’exprimer ses émotions ou de se laisser aller, créant un sentiment d’inadéquation permanente.
Les qualités du timide…
La timidité est souvent associée à des qualités appréciées, comme l’écoute, l’empathie et l’observation. Les timides, étant en retrait, sont attentifs aux autres et savent bien lire les émotions d’autrui. Leur discrétion et leur désir de bien faire les rendent également estimés dans le milieu professionnel, où ils sont souvent prêts à se dévouer pour les besoins de leurs collègues.
Cependant, le désir des timides d’être appréciés n’est pas aussi intense que la peur du rejet chez les phobiques sociaux. Dans nos sociétés, la timidité est vue avec bienveillance tant qu’elle reste discrète, particulièrement chez les femmes. Les qualités associées à la timidité, telles que douceur et réserve, correspondent souvent à des traits traditionnellement féminins, ce qui explique pourquoi la timidité est plus acceptée chez les femmes que chez les hommes.
…et ses souffrances
La timidité, bien qu’elle ne soit pas une maladie, peut poser des obstacles importants au quotidien. Environ 50 à 70 % des personnes qui consultent pour des raisons psychologiques se disent timides. Comme pour la phobie sociale, la timidité peut augmenter les risques de complications psychologiques, telles que la dépression et l’usage de l’alcool. Certains timides se dévalorisent, pensant que leur manque d’aisance provient d’une faiblesse intellectuelle, alors qu’il s’agit avant tout d’un problème psychologique.
Sur le plan personnel et professionnel, la timidité entraîne des occasions manquées : mariage plus tardif, progression de carrière plus lente, et souvent des rôles plus traditionnels pour les femmes. Cependant, la timidité n’empêche pas certaines réussites brillantes, notamment dans des carrières publiques, comme l’illustre Jacques Villeret, acteur qui surmonte sa timidité sur scène.
Malgré des exemples de réussite, la timidité conduit souvent à la solitude. La difficulté à tisser des liens sociaux en fait une cible privilégiée pour des pratiques commerciales, comme les agences matrimoniales et certains services d’accompagnement. La recherche a également montré qu’une majorité des clients de prostituées à San Francisco étaient des timides, illustrant à quel point le manque de relations peut pousser certaines personnes vers des solutions extrêmes.
Timides de tous les pays, unissez-vous !

La timidité est un trouble très répandu, avec près de 60 % des Français se disant timides, dont 7 % très timides. Ce chiffre est constant dans les pays occidentaux : environ 40 % des Américains se déclarent habituellement timides et 90 % se sentent occasionnellement timides. Dès l’âge de deux ans, 15 % des enfants montrent des signes de timidité, et environ 30 % des enfants de huit à dix ans sont considérés timides par leurs parents.
La timidité apparaît souvent tôt dans l’enfance ou la petite enfance, tandis que la phobie sociale se manifeste généralement à l’adolescence. La timidité peut parfois s’atténuer naturellement au fil des expériences de vie, grâce à des rencontres, des réussites professionnelles ou sportives, etc. Ce processus de changement spontané est encore mal compris par les thérapeutes, mais représente un axe de recherche intéressant.
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Chapitre 3 – La personnalité évitante
Une pathologie à part entière
La personnalité évitante est une forme pathologique d’anxiété sociale, décrite dans les manuels de psychiatrie. Loïc, comme d’autres personnes présentant ce type de personnalité, ressent une forte gêne en situation sociale et redoute d’être jugé défavorablement. Il a peu d’amis proches, se méfie de l’implication avec autrui sans certitude d’être apprécié, et évite les activités sociales nécessitant des contacts.
Loïc est souvent inquiet de dire quelque chose d’inapproprié ou de montrer des signes de gêne, comme rougir ou pleurer. Il exagère les risques et les difficultés de certaines activités ordinaires. Cette peur des autres affecte profondément sa manière d’être, de penser et d’agir. Pour échapper à son anxiété, il a construit une vie d’évitements, mais cela a un coût important.
Une vie sous contrôle
Les personnalités évitantes, comme Loïc, ne peuvent rien laisser au hasard et doivent constamment anticiper les situations pour éviter tout risque d’inconfort. Chaque réponse à une invitation ou à une demande exige une étude minutieuse pour évaluer les dangers potentiels.
Leur ingéniosité à éviter les situations stressantes est sans limite. Une patiente, par exemple, menait une enquête détaillée avant d’accepter une invitation, allant même jusqu’à demander un plan de table pour s’assurer qu’elle ne serait pas placée à côté d’inconnus.
Ces stratégies d’évitement impliquent des justifications constantes, ce qui rend toute spontanéité impossible et conduit à des privations sociales et professionnelles regrettées.
Un monde cruel et injuste ?
Les personnalités évitantes excellent à se justifier et rationaliser leurs comportements pour rester dans leur zone de confort. Elles préfèrent invoquer la fatigue, le manque d’intérêt ou blâmer les autres plutôt que d’admettre leur peur. Cette rationalisation permet de cacher la vraie raison de leur évitement et d’éviter la remise en question.
À terme, ces personnes finissent par voir le monde comme décevant et les autres comme inintéressants, créant ainsi un repli sur soi. Toutefois, cet isolement, souvent non choisi, ne leur apporte pas le bien-être. Lorsque leur système protecteur s’effondre, par exemple lors d’un divorce ou d’une mutation professionnelle, leur monde bascule, car ils ne peuvent plus éviter ces nouvelles situations.
Les personnalités évitantes sont probablement plus courantes qu’on ne le pense, représentant environ 1 % de la population. Près de la moitié des cas sont aussi liés à une phobie sociale. Certains chercheurs estiment même que ce type de personnalité est une évolution de la phobie sociale généralisée.
Au fil du temps, les évitements remplacent l’anxiété au premier plan, illustrant comment la peur des autres peut devenir une méfiance douloureuse et un rejet de ses semblables.
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Chapitre 4 – La phobie sociale
L’anxiété sociale à son maximum
La phobie sociale est l’une des formes les plus invalidantes d’anxiété sociale. Bien que ses mécanismes ressemblent à ceux d’une simple anxiété sociale, l’intensité de la peur et les stratégies d’évitement la distinguent clairement. Une phobie se caractérise par une peur incontrôlable et irrationnelle qui pousse à éviter systématiquement l’objet de cette peur.
Les phobiques sociaux ressentent des paniques violentes en présence du regard d’autrui, contrairement à la gêne passagère que l’on peut parfois ressentir. La prévalence de la phobie sociale varie de 2 à 14 % selon les études, ce qui en fait une pathologie courante. Malgré cela, elle a longtemps été méconnue et n’a été officiellement reconnue qu’en 1980 dans le DSM, un manuel psychiatrique de référence.
La phobie sociale reste discrète et passe souvent inaperçue, à la différence de troubles plus visibles comme la schizophrénie ou la dépression. Cela la rend d’autant plus difficile à détecter, malgré l’impact significatif qu’elle a sur la qualité de vie des personnes qui en souffrent.
Les différentes façons d’être phobique social
La phobie sociale se caractérise par une peur persistante des situations où la personne est observée par autrui, craignant d’agir de manière embarrassante. Cela mène à un évitement systématique ou à une anxiété intense face à ces situations, affectant les relations professionnelles et sociales. Il existe des formes spécifiques de phobie sociale (par exemple, parler en public) et des formes généralisées où presque tous les contacts sociaux sont redoutés.
- Les formes spécifiques, telles que la prise de parole en groupe, sont fréquentes et entraînent des conséquences significatives, comme refuser des promotions ou des rôles dans des événements sociaux.
- Les formes généralisées, quant à elles, impliquent une attitude de retrait global et peuvent rendre la vie sociale et professionnelle très difficile. Dans les cas extrêmes, appelés « panphobies », toutes les interactions sociales posent problème, ce qui conduit à un isolement sévère.
Ce qui distingue la phobie sociale, c’est l’intensité des émotions ressenties. À l’approche d’une situation redoutée, la personne peut vivre de véritables crises de panique, se sentant submergée par une multitude de symptômes physiques et psychologiques qui amplifient la peur et l’embarras.
Un quotidien semé d’embûches
La phobie sociale déclenche une véritable réaction de panique comparable à celle face à un danger physique extrême, même pour des situations banales, comme interagir avec un commerçant. Pour les personnes souffrant de phobie sociale, même les tâches du quotidien deviennent des épreuves stressantes.
Anne, par exemple, décrit dans son journal comment elle évitait de régler des problèmes liés à sa voiture endommagée, craignant les interactions nécessaires. Chaque démarche l’angoissait tellement qu’elle se contentait de s’excuser plutôt que d’exiger ce qui lui revenait de droit. Toute interaction devenait pour elle une occasion d’être évaluée négativement, ce qui ne lui laissait que peu de moments de répit.
Éloge de la fuite
Le phobique social fuit systématiquement les situations où il sent le regard des autres, tout comme une personne phobique des pigeons fuit lorsqu’ils s’approchent trop près. Cette fuite constante devient une habitude qui le conforte dans l’idée qu’il a évité le pire, même si le danger n’était pas réel.
Ce comportement agit comme un renforcement négatif, renforçant la tendance à éviter ces situations pour éviter l’inconfort. Cela crée un cercle vicieux où la peur et l’évitement se renforcent mutuellement.
Masques et malentendus
Les phobiques sociaux peuvent paraître froids et distants, cherchant à masquer leur vulnérabilité. Pour certains, il est préférable de passer pour des snobs que pour des personnes timides. Cette attitude peut parfois prendre des formes plus extrêmes, comme devenir agressif ou même adopter une apparence intimidante.
Certains choisissent même des carrières où ils peuvent éviter les contacts sociaux, par exemple des métiers solitaires.
La vie des phobiques sociaux est marquée par une interprétation anxieuse des moindres interactions. Ils perçoivent chaque échange comme un examen devant un jury sévère, alimentant des croyances angoissantes telles que l’idée que les autres jugent toujours négativement.
Parfois, leur niveau d’interprétation des signes devient si extrême qu’il frôle la paranoïa, chaque détail pouvant être perçu comme un jugement négatif.
Certains spécialistes suggèrent d’utiliser le terme « anxiété sociale pathologique » plutôt que « phobie sociale » pour éviter les malentendus. En effet, certaines personnes ne fuient pas les situations sociales de manière évidente, mais les redoutent profondément, rendant le terme de phobie inadapté dans ces cas.
Une maladie à soigner
La phobie sociale est souvent associée à d’autres troubles psychologiques, touchant près de 70 % des personnes atteintes. Ces troubles incluent l’anxiété généralisée, l’agoraphobie, l’alcoolisme et la dépendance au tabac.
L’alcool est fréquemment utilisé par les phobiques sociaux pour atténuer leur anxiété, bien que ses effets soient souvent principalement dus à l’autosuggestion. De plus, le repli sur soi et les pensées négatives liées à la phobie sociale peuvent entraîner une dépression dans 50 à 70 % des cas, renforçant ainsi la souffrance de ces personnes.
La phobie sociale a un impact majeur sur la qualité de vie, affectant aussi bien la sphère privée que professionnelle. Les personnes atteintes peuvent rester des années sans chercher d’aide, souvent par manque de connaissance sur les traitements existants.
Contrairement aux formes bénignes d’anxiété sociale, la phobie sociale ne diminue généralement pas avec le temps et reste un trouble stable et chronique, limitant profondément les capacités d’adaptation et la vie relationnelle des personnes touchées.
La prévalence de la phobie sociale varie de 2 à 14 %, en fonction des populations étudiées. La maladie s’installe souvent entre 14 et 24 ans et reste longtemps sous-diagnostiquée. Les personnes qui en souffrent ne réalisent souvent pas que leur mal-être est connu des professionnels et qu’il existe des traitements adaptés, contribuant ainsi à une souffrance prolongée et à un risque accru de complications.
Un rapide questionnaire pour évaluer la phobie sociale
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TROISIÈME PARTIE – Mais pourquoi donc avons-nous peur des autres ?
Chapitre 1 – La mécanique du psychisme
Le cerveau ordinateur
Le cerveau humain capte en permanence une multitude d’informations provenant des sens. Dans des situations banales, telles qu’entrer dans un restaurant, nous recevons des centaines de sensations :
- Des images ;
- Des sons ;
- Mais aussi des odeurs ;
Et bien plus encore.
Cependant, notre cerveau ne traite pas toutes ces informations de manière égale. Il trie, en fonction de notre personnalité, de nos valeurs, mais aussi de nos expériences passées et de notre état émotionnel du moment.
Ce processus de tri rend certaines informations plus conscientes que d’autres. Par exemple, si nous nous inquiétons de ne pas trouver de table disponible, nous noterons surtout l’air préoccupé du personnel.
En revanche, des détails sans lien avec nos préoccupations immédiates peuvent également attirer notre attention, notamment ceux qui évoquent des souvenirs enfouis, comme un parfum qui nous rappelle un moment marquant de notre vie.
Des cognitions plein la tête
Notre cerveau donne un sens aux informations perçues, générant des pensées automatiques appelées « cognitions ». Ces pensées, parfois insignifiantes ou sérieuses, positives ou négatives, surgissent sans contrôle de notre part. Elles influencent notre état émotionnel, et leur intensité varie selon les personnes et les situations.
Les pensées automatiques des personnes souffrant d’anxiété sociale sont souvent négatives, comme « Je dois avoir l’air bête » ou « Je n’intéresse personne ». Les chercheurs ont découvert que ces pensées ne sont pas uniquement une conséquence de l’anxiété sociale, mais qu’elles en sont souvent la cause principale. Cette perspective a conduit à des modèles cognitifs pour expliquer et traiter l’anxiété sociale.
L’approche cognitive montre que nos émotions dépendent de nos jugements sur les événements. Par exemple, la colère est causée par l’interprétation d’un comportement comme impoli, et non par le comportement lui-même. Ainsi, la démarche cognitive aide à mieux comprendre l’anxiété sociale en se concentrant sur la modification de ces pensées négatives.
La double évaluation
L’anxiété sociale est une anxiété d’évaluation, où la personne se sent constamment jugée. Le modèle de la double évaluation illustre ce phénomène. Face à une situation stressante, l’anxieux évalue les risques et ses ressources pour y faire face.
Lors de cette évaluation, il exagère souvent les risques, imaginant des réactions hostiles du public, et sous-estime ses propres compétences. Ces doutes augmentent son anxiété, renforçant une perception négative de ses capacités. Les anxieux sociaux invoquent souvent un manque de confiance, qui est en réalité une tendance à se sous-estimer et à amplifier les difficultés.
Les erreurs de logique
Jean-Yves, employé de banque, se sent mal à l’aise pendant une discussion avec des collègues. Après avoir remarqué une collègue regardant sa montre, il pense qu’il ennuie tout le monde. Ce qui a pour effet direct d’augmenter son anxiété ! Mais est-ce que ce geste lui était destiné ?
Il n’en sait rien ! Mais cet exemple illustre comment certaines personnes retiennent uniquement les éléments négatifs. En effet, les anxieux sociaux tendent à interpréter négativement les événements et se sentent responsables de nombreuses situations.
Autre exemple : une personne pense que si un serveur est de mauvaise humeur, c’est à cause de sa demande. Mais qu’en sait-elle ?
Ces personnes ont aussi tendance à généraliser et à voir les situations en noir et blanc. Cette rigidité de pensée est fréquente chez les anxieux sociaux. Ces schémas cognitifs sont ciblés lors des thérapies cognitives pour atténuer l’anxiété sociale.
Des diktats silencieux
Les pensées automatiques sont seulement la partie visible de l’iceberg. Les anxieux sociaux possèdent des croyances profondes, telles que « je dois être aimé de tous » ou « je ne dois pas déranger ». Ces schémas, souvent inconscients et rigides, influencent fortement leur comportement.
Ces croyances se déclenchent dans des situations spécifiques, par exemple lorsqu’ils reçoivent une critique. Selon Jean Piaget, les anxieux ont tendance à l’assimilation : ils préfèrent adapter les faits pour préserver leurs convictions, même négatives.
L’accommodation, au contraire, permet d’accepter les faits et de remettre en question ses croyances. Pour évoluer, c’est cette dernière attitude qui est privilégiée en psychothérapie, car elle permet une remise en question saine.
Image de soi et désir de plaire
L’anxiété sociale survient lorsqu’une personne veut faire bonne impression mais craint de ne pas y parvenir. Cela se manifeste dans des situations où il y a un enjeu, comme un entretien d’embauche ou une réunion importante.
Les difficultés apparaissent lorsque la personne se sent investie d’une « mission à accomplir« .
Ce désir de produire une impression favorable provient du besoin de reconnaissance. L’anxiété sociale repose sur la crainte de ne pas mériter l’estime d’autrui, souvent liée à des critères trop élevés.
Les anxieux sociaux fixent des objectifs inatteignables, ce qui les rend vulnérables dans des situations significatives, où la peur de l’échec devient paralysante.
Une conscience de soi excessive et douloureuse
L’anxieux social souffre d’une conscience de soi aiguë et envahissante en situation sociale. Cette auto-observation involontaire et l’autofocalisation sur ses propres émotions rendent les interactions stressantes encore plus difficiles.
En se concentrant sur leur anxiété et leurs pensées négatives, les anxieux sociaux ne peuvent se détacher de leur propre malaise.
Ils se visualisent souvent comme à travers les yeux d’autrui, se voyant ridicules ou incompétents. Cette tendance à s’imaginer constamment de manière négative en société entretient une faible estime de soi.
Contrairement à d’autres formes d’anxiété, comme l’agoraphobie, les anxieux sociaux sont pris dans une mécanique psychologique qui les enferme dans une perception dévalorisante d’eux-mêmes.
Cela dit, les origines de cette conscience de soi exacerbée restent à déterminer : est-elle innée ou acquise ?
Chapitre 2 – Les origines
Un trouble et plusieurs causes
L’anxiété sociale est un trouble plurifactoriel, c’est-à-dire ayant des origines biologiques, psychodynamiques et sociologiques. Certains cas sont dominés par une prédisposition biologique, tandis que d’autres sont influencés par des facteurs éducatifs et sociaux. En réalité, la plupart des situations sont un mélange de ces influences.
Chaque individu possède des tendances innées, qui déterminent une base sur laquelle les expériences personnelles et sociales viennent se greffer. Ces expériences sont liées au milieu familial, aux comportements des parents et aux éventuels traumatismes vécus. Enfin, les facteurs culturels, tels que les attentes sociales, jouent aussi un rôle.
L’inné et l’acquis
Des recherches ont mis en évidence des dysfonctionnements biologiques liés à l’anxiété sociale, tels que des anomalies de neurotransmetteurs et des niveaux de cortisol. Des études d’imagerie cérébrale ont également montré des différences dans les circuits cérébraux impliqués. Cependant, il reste difficile de déterminer si ces anomalies sont des causes ou des conséquences du trouble.
Jerome Kagan de Harvard a montré qu’environ 15 à 20 % des enfants naissent avec un profil neurochimique prédisposant à la timidité. Ces enfants ont une amygdale particulièrement réactive aux situations stressantes, ce qui pourrait expliquer leur anxiété sociale. Des tendances à l’approche ou à l’évitement de situations nouvelles peuvent apparaître dès l’âge de quatre mois, suggérant une base innée à cette sensibilité.
Des études sur les animaux, comme les singes rhésus, ont montré une possible influence génétique sur l’anxiété sociale, confirmée par des recherches sur des jumeaux humains. Bien que la génétique contribue à hauteur de 30 à 40 % à la phobie sociale, l’environnement et les influences familiales jouent également un rôle important dans l’apparition et le développement du trouble.
L’espèce humaine et ses phobies
Certains chercheurs considèrent les phobies humaines comme des peurs utiles à la survie de l’espèce. Ils distinguent les phobies « prétechnologiques », liées à des dangers naturels, des phobies « post-technologiques », issues de situations modernes. L’anxiété sociale pourrait avoir des origines similaires, car les rencontres avec des inconnus ou l’exposition au regard du groupe étaient autrefois dangereuses.
L’anxiété sociale pourrait également avoir un rôle de régulation sociale, maintenant la cohésion des groupes en limitant les conflits. Selon cette théorie, chaque individu perçoit son environnement à travers des signaux de danger ou de sécurité. Les anxieux sociaux auraient un dérèglement de ce système, détectant trop de dangers et ignorant les signaux de sécurité.
Cette approche éthologique suggère que l’anxiété sociale est liée à des comportements de soumission et d’évitement. Elle offre une perspective intéressante sur les origines évolutives de l’anxiété, mais pose la question de l’impact de l’inné sur le libre arbitre et la condition humaine. Ces hypothèses nécessitent encore des recherches pour déterminer la part exacte de l’inné dans l’anxiété sociale.
Un développement progressif
Vers huit à dix mois, un enfant développe une anxiété normale face à la séparation de sa mère ou la présence d’inconnus, probablement pour limiter les risques liés à son exploration croissante. Les signaux de sécurité sont associés à la présence maternelle, tandis que les étrangers activent le système d’alerte. Certaines études cherchent à déterminer si ces réactions précoces peuvent prédire l’anxiété sociale plus tard.
Une étude a observé des enfants de quatre mois confrontés à des stimulations peu familières, en les classant par niveau de réaction motrice et pleurs. Les enfants très réactifs avaient plus tendance à manifester une anxiété sociale, sous forme d’inhibition, quelques mois plus tard. Vers deux ans, environ 15 % des enfants montrent des comportements d’inhibition, qui peuvent persister jusqu’à l’âge de huit ans.
Les chercheurs estiment qu’une forte réactivité dès les premiers mois de la vie peut évoluer vers l’anxiété sociale. Cependant, il est plus fréquent qu’un enfant inhibé devienne non inhibé que l’inverse. Avec l’âge, cette prédisposition s’atténue grâce à des facteurs éducatifs et environnementaux.
L’inégalité des sexes
Comme d’autres troubles anxieux, la phobie sociale touche plus souvent les femmes que les hommes. En plus d’éventuelles raisons biologiques, l’anxiété sociale est plus acceptée socialement chez les femmes, ce qui peut en favoriser le développement. Les stéréotypes genrés encouragent les filles à être réservées, tandis que les garçons sont poussés à dépasser leur inhibition.
Une étude suédoise a montré que les petites filles très inhibées le restaient souvent jusqu’à l’adolescence, contrairement aux garçons. Ces derniers sont encouragés à exprimer leur anxiété différemment, par l’agressivité ou des comportements contraphobiques. De plus, l’anxiété sociale des enfants est souvent minimisée par les parents et enseignants, car elle simplifie la gestion du comportement, surtout en comparaison avec des enfants plus turbulents.
L’environnement familial
L’anxiété sociale semble souvent liée à des antécédents familiaux de troubles psychologiques. L’héritabilité de l’anxiété sociale est démontrée, car les individus souffrant de phobie sociale ont plus de chances d’avoir des parents également touchés par ce trouble. Les parents d’enfants inhibés présentent souvent des niveaux élevés d’anxiété sociale, de dépression ou d’autres troubles anxieux, favorisant leur transmission aux enfants.
Une étude a révélé que 20 % des mères d’enfants timides souffraient de phobie sociale. La présence d’un parent anxieux augmente les risques que l’enfant développe des troubles anxieux à l’âge adulte, qu’ils relèvent ou non de l’anxiété sociale. La question reste de savoir comment se produit cette « transmission » de l’anxiété sociale entre générations.
Conseils aux parents d’enfants timides

Pour aider un enfant timide, il est essentiel de l’accompagner progressivement, sans attendre de changements rapides. Par exemple :
- Soyez sociable en sa présence ;
- Facilitez les échanges avec d’autres adultes ;
- Favorisez les interactions avec des enfants.
Le respect de son rythme est crucial, sans le forcer dans des activités qu’il n’est pas prêt à affronter.
Certains parents, eux-mêmes timides ou anxieux sociaux, transmettent ces comportements à leurs enfants. Un environnement fermé ou des règles de vie axées sur la peur du jugement des autres peuvent aussi favoriser l’anxiété sociale.
D’autres parents adoptent une éducation sévère et dévalorisante, ou des attentes irréalistes, amplifiant la timidité de l’enfant. Comme le disait tristement un patient : « J’ai été timidifié par mes parents. »
Des événements marquants
L’influence parentale n’est pas la seule cause de l’anxiété sociale. Certains événements traumatiques peuvent favoriser l’apparition du trouble, tels qu’une humiliation à l’école ou des moqueries liées à une différence physique. Ces événements agissent comme des déclencheurs d’angoisses et de comportements perturbés.
La question reste de savoir si le traumatisme est la cause principale ou s’il révèle une fragilité préexistante. Un traumatisme intense peut durablement affecter une personne. Les auteurs citent par exemple le cas d’un patient ayant subi les persécutions des Khmers rouges.
Un trouble universel mais inégalement répandu…
L’anxiété sociale est influencée par des facteurs sociologiques et varie d’une culture à l’autre. Par exemple, les Japonais et les Allemands sont plus souvent timides, tandis que les Israéliens et les Juifs américains le sont moins. Le Taijin Kyofusho au Japon est une forme d’anxiété sociale marquée par la peur de gêner autrui, contrairement à la phobie sociale occidentale, qui repose davantage sur la crainte d’être embarrassé.
Les différences culturelles expliquent en partie ces variations : les sociétés « collectives », comme celles du Japon, privilégient l’intégration au groupe, tandis que les sociétés occidentales valorisent l’individualité.
Des études ont montré que les enfants d’origine chinoise étaient plus inhibés que leurs homologues caucasiens. Les valeurs asiatiques traditionnelles, telles que le respect des figures d’autorité, peuvent rendre certaines attitudes sociales moins acceptées par rapport aux normes occidentales.
De l’exigence sociale à l’anxiété sociale
Notre société, axée sur la performance individuelle et l’image de soi, peut augmenter l’anxiété sociale, surtout chez ceux qui en présentent des formes légères. Elle favorise les comportements d’évitement par des innovations facilitant l’isolement, tout en soulignant l’importance de la communication pour réussir. Cette ambivalence rend les personnes vulnérables plus conscientes de leurs difficultés.

QUATRIÈME PARTIE – Comment vaincre la peur des autres
Les difficultés liées à l’anxiété sociale font partie de la condition humaine. Nous devons nous connecter aux autres tout en affirmant notre individualité, ce qui peut générer des tensions. La médecine moderne, qui vise entre autres à améliorer la qualité de vie, peut aider dans les cas complexes d’anxiété sociale, même lorsque le trouble n’est pas extrême.
La principale question est de savoir quand traiter. Les cas graves, comme une phobie sociale empêchant de quitter la maison, nécessitent une prise en charge, tandis que des trac légers n’en ont pas besoin.
Entre ces extrêmes, la décision dépend de la volonté de la personne concernée.
- La première étape consiste à briser les obstacles personnels, comme l’ignorance du problème ou la peur de demander de l’aide.
- La deuxième étape est de choisir une thérapie validée scientifiquement, et la troisième est de s’engager dans le traitement.
Chapitre 1 – Médicaments ou psychothérapie ?

Aujourd’hui, il est courant de dire que nous consommons trop de médicaments psychotropes. Le débat sur l’utilisation des psychotropes oscille entre principes idéologiques, tandis que la question essentielle est celle de leur usage approprié.
Les psychotropes ne doivent pas être rejetés en bloc, mais utilisés de manière pragmatique. Leur efficacité, leurs effets secondaires, et leur nécessité sont des questions clés. Pour traiter l’anxiété sociale, certaines règles doivent être respectées :
- Le traitement doit être nécessaire et efficace ;
- Il doit être bien toléré, avec des effets indésirables limités ;
- La posologie doit être contrôlée par le médecin ;
- La durée du traitement doit être limitée et réévaluée régulièrement ;
- Il doit être associé à un suivi psychologique ou une thérapie.
Du bon usage des psychotropes
Dans l’anxiété sociale, les psychotropes peuvent aider à initier un changement personnel ou servir de soutien temporaire. Toutefois, ils ne suffisent généralement pas à eux seuls. Il n’existe pas encore de « pilule » pour éliminer la peur des autres.
Pour les cas nécessitant un traitement médicamenteux, l’association des psychotropes avec une psychothérapie adaptée est la meilleure approche. Cette combinaison permet d’accélérer les effets du traitement et de réduire le risque de rechute après son arrêt.
Les bêtabloquants
Les bêtabloquants, initialement utilisés en cardiologie, sont aujourd’hui prescrits pour traiter certaines manifestations de l’anxiété sociale, notamment la tachycardie et les tremblements. Ils agissent en bloquant les effets des hormones du stress sur les récepteurs bêta des organes. Des études ont montré leur efficacité pour réduire le trac chez les musiciens et améliorer la qualité de leur jeu.
Ces médicaments sont utiles principalement pour l’anxiété de performance, c’est-à-dire dans des situations précises et limitées dans le temps, et sont peu efficaces pour les phobies sociales généralisées.
Ils doivent être pris une heure avant l’événement stressant. Leur effet se limite aux symptômes physiques, sans réduire l’anxiété psychologique initiale. L’utilisation des bêtabloquants peut diminuer avec le temps, à mesure que la personne apprend à gérer ses peurs.
Voici quelques règles d’utilisation des bêtabloquants :
- Ils nécessitent un avis médical en raison de contre-indications possibles ;
- Ils sont indiqués uniquement pour l’anxiété de performance ;
- Par ailleurs, ils doivent être pris avant la situation anxiogène.
Nous l’avons dit : les bétabloquants ne réduisent pas l’anxiété psychologique, mais limitent les symptômes physiques tels que la tachycardie. Toutefois, en réduisant ces symptômes, ils aident à désamorcer la spirale anxieuse et permettent de mieux gérer la situation.
Les tranquillisants
Les tranquillisants, notamment les benzodiazépines, peuvent sembler être une solution logique pour réduire l’anxiété sociale, mais leur efficacité est limitée. Bien qu’ils diminuent les manifestations psychologiques de l’anxiété et certaines manifestations physiques, ils n’ont que peu d’impact sur le comportement relationnel. Les anxieux sociaux peuvent ainsi continuer à éviter les interactions sociales malgré une amélioration subjective.
Les benzodiazépines peuvent également renforcer les comportements d’évitement et provoquer un « effet rebond » à l’arrêt du traitement, augmentant l’anxiété. Elles entraînent une dépendance et leur efficacité diminue avec le temps, ce qui rend leur utilisation dans l’anxiété sociale peu recommandée, sauf pour des cas d’anxiété généralisée intense.
Malgré ces effets négatifs, les tranquillisants sont encore trop souvent prescrits aux patients souffrant de phobie sociale.
Les antidépresseurs
Il peut sembler illogique de prescrire des antidépresseurs pour l’anxiété sociale, sauf en cas de dépression. Pourtant, ils ont démontré leur efficacité pour traiter la phobie sociale et la personnalité évitante, en agissant sur les aspects émotionnels, comportementaux et cognitifs de l’anxiété sociale.
Parmi les antidépresseurs, certains IMAO (inhibiteurs de monoamine oxydase) sont efficaces pour les formes sévères, bien que les versions les plus récentes aient déçu. Les ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) sont actuellement les plus prometteurs, offrant de bons résultats pour réduire l’anxiété.
Voici des règles d’utilisation des ISRS :
- Leur utilisation nécessite un avis médical en raison des contre-indications ;
- Ils sont indiqués pour la phobie sociale généralisée, mais pas pour l’anxiété limitée ou la timidité ;
- Ils doivent être pris quotidiennement pendant au moins six mois ;
- Leur effet se manifeste après une à trois semaines.
Les antidépresseurs réduisent l’intensité de l’anxiété sociale, sans éliminer immédiatement les pensées angoissantes. Toutefois, ils permettent, avec un effort personnel, de faire face progressivement aux situations sociales évitées et ils stabilisent également l’humeur.
La paroxétine, un ISRS, a prouvé son efficacité et est autorisée dans plusieurs pays, sauf en France, où des inquiétudes persistent concernant la prescription aux timides. Les antidépresseurs nécessitent un traitement prolongé et ne peuvent être utilisés seuls ; ils doivent être associés à un soutien psychologique.
Les thérapies cognitivo-comportementales
Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) sont les plus utilisées pour traiter l’anxiété sociale et ont prouvé leur efficacité. Leur objectif est de modifier directement les pensées et comportements dysfonctionnels des patients, en se concentrant sur des changements concrets plutôt que sur l’analyse du passé ou de l’inconscient.
Les TCC partent du principe que de nombreux troubles psychologiques sont dus à l’apprentissage de comportements inadaptés, et visent à en enseigner de nouveaux.
Contrairement à la psychanalyse, qui cherche à traiter les causes des symptômes, les TCC mettent l’accent sur des actions pratiques pour surmonter les difficultés. La qualité de l’alliance thérapeutique entre le patient et le thérapeute est un facteur clé de leur succès.
Le thérapeute explique les mécanismes du trouble et propose des exercices à réaliser entre les séances pour que le patient puisse continuer à progresser de manière autonome. Cette approche implique une forte collaboration entre le patient et le thérapeute, ce qui contribue à l’efficacité à long terme des TCC.
Peut-on associer psychothérapies et médicaments ?
Les médicaments psychotropes doivent idéalement être combinés avec une psychothérapie ou un accompagnement basé sur des conseils et des informations. Les médicaments aident à réduire l’angoisse, mais les conditionnements phobiques, souvent anciens, nécessitent la création de nouveaux comportements pour être durablement évacués. C’est là que les psychothérapies interviennent.
Ces deux approches sont souvent complémentaires dans le traitement des formes sévères d’anxiété sociale. Une étude citée dans l’ouvrage comparant les effets d’un antidépresseur IMAO et d’une thérapie comportementale de groupe a montré que les médicaments offraient de meilleurs résultats à court terme, mais que la psychothérapie finissait par rattraper son efficacité à moyen terme.
Comment se déroulent, en pratique, les thérapies cognitivo-comportementales ?
Que ce soit avec ou sans médicaments, les principes de la thérapie sont similaires. Le thérapeute aide le patient à affronter ses peurs en développant ses compétences relationnelles et en contrôlant ses pensées négatives. Cela revient à répondre à trois questions principales :
- Comment cesser de fuir ?
- Comment améliorer sa communication ?
- Comment changer sa façon de penser ?
Chapitre 2 – Ne plus fuir
Être concret
La meilleure façon de rester bloqué face à un problème ancien et complexe est de le voir comme un tout indivisible. Beaucoup de patients perçoivent leur anxiété sociale de manière générale, en disant des choses comme « je suis mal dans ma peau ». Cette perception globale rend le changement difficile, car ils ne savent pas vers quoi diriger leurs efforts.
Pour progresser, il faut fragmenter le problème en plusieurs petites difficultés à aborder séparément.
Par exemple, comme pour ranger une pièce en désordre, segmenter le travail permet de mieux agir. Il est important d’identifier les situations spécifiques qui posent problème, puis de créer une sorte de « hit-parade » de son anxiété, en commençant par les situations les moins angoissantes pour les aborder progressivement.
Cela permet de se confronter aux situations de manière efficace, en tenant compte des facteurs qui influencent le niveau d’anxiété, tels que le sexe des interlocuteurs ou la prévisibilité de la situation.
Faire face
Lorsque le patient n’a pas affronté une situation depuis longtemps, voire jamais, il doit être préparé et entraîné. Cela permet au thérapeute de mieux comprendre ses pensées et comportements, tout en aidant le patient à développer de nouvelles compétences. Cette préparation vise à s’assurer que les objectifs fixés sont réalistes.
Le but est de montrer au patient qu’il est possible d’affronter une situation sans subir les catastrophes redoutées. Pour cela, l’exposition doit durer assez longtemps, jusqu’à ce que l’angoisse diminue d’au moins 50 %. Dans certains cas, le thérapeute accompagne le patient pour le soutenir. Chaque exposition doit être évaluée précisément, et les objectifs doivent être raisonnables et progressifs. La répétition des expériences est essentielle pour diminuer l’angoisse et gagner en aisance.
Avec le temps, on observe souvent une généralisation, où le patient commence à affronter d’autres situations spontanément, en dehors du cadre thérapeutique. Cela contribue à renforcer la confiance en soi et à faire face à l’anxiété de manière plus autonome.
Les peurs d’Alain
Alain, enseignant de 43 ans, consulte pour une phobie sociale généralisée. Ses troubles ont débuté à l’université après une crise de panique lors d’un oral, et il a ensuite évité les situations sociales non imposées. Bien qu’à l’aise dans certaines classes en tant qu’enseignant, il redoute les interactions avec des adultes et se tourne parfois vers l’alcool ou les tranquillisants pour se détendre.
La thérapie se centre sur des expositions progressives aux situations redoutées. Une liste de situations problématiques a été élaborée, hiérarchisée par degré d’angoisse. Les pensées d’Alain ont été analysées et modifiées pour l’aider à affronter ses peurs. Des jeux de rôle ont permis de travailler des comportements plus adaptés, accompagnés d’exercices de relaxation.
Pour se « débloquer », Alain commence par avoir des interactions dans un cinéma de quartier, ce qu’il réalise avec succès. Peu à peu, il tente de nouvelles choses. Pour les étapes les plus difficiles, la thérapie a fragmenté les objectifs en sous-étapes.
Finalement, Alain atteint ses objectifs et améliore sa qualité de vie. Il crée de nouvelles relations et ose de nouvelles expériences, comme s’inscrire à une chorale et partir en voyage organisé.
En savoir plus sur les techniques d’exposition
Pour pratiquer les techniques d’exposition, seul ou avec un thérapeute, il est essentiel de bien comprendre le fonctionnement de l’angoisse. Même si l’angoisse semble insurmontable au début, elle finit toujours par diminuer d’elle-même.
Souvent, pendant une bouffée d’anxiété, vous pouvez avoir l’impression qu’elle va continuer à monter indéfiniment ou qu’elle ne s’arrêtera jamais, ce qui peut pousser à la fuite ou à des comportements d’évitement. Cependant, ceux qui restent suffisamment longtemps dans la situation découvrent que, en fait, l’anxiété finit par diminuer.
Les exercices d’exposition doivent être répétés régulièrement. Une seule confrontation ne suffit pas pour se débarrasser de l’anxiété sociale. L’angoisse diminuera progressivement à chaque nouvelle confrontation, mais cela se fera de manière lente et progressive. La répétition est donc cruciale pour un progrès durable.
Chapitre 3 – Mieux communiquer
Développer ses compétences sociales
L’anxiété sociale peut altérer les compétences sociales, rendant difficile de trouver quoi dire face à une personne intimidante, même si vous êtes habituellement à l’aise en conversation. Inversement, un manque de compétences sociales peut être à l’origine de l’anxiété sociale.

Par exemple, être invité à un dîner chic sans connaître les codes de ce milieu peut provoquer de l’angoisse. C’est ce que ressentent les anxieux sociaux dans des situations qu’ils ne pensent pas maîtriser.
Développer ses compétences sociales aide à améliorer le contrôle perçu et réel des situations, ce qui réduit l’anxiété. Cela permet de devenir plus actif et moins spectateur, diminuant ainsi le stress. De plus, cet entraînement encourage les comportements d’exposition et aide à revoir ses schémas de pensée.
S’affirmer
L’un des modèles les plus utilisés pour développer des compétences sociales est l’affirmation de soi. En situation sociale, il existe trois principaux types de comportements : agressif, inhibé et affirmé.
- Les comportements agressifs et inhibés sont vraisemblablement issus de la programmation génétique et sont faciles à apprendre, mais ils présentent de nombreux inconvénients, comme le stress ou l’inefficacité pour atteindre ses objectifs.
- Le comportement affirmé, plus difficile à apprendre, consiste à exprimer ses pensées, souhaits ou ressentis de manière claire et directe, tout en prenant en compte ceux de l’autre, et avec un faible niveau d’anxiété. Contrairement aux comportements agressif et inhibé, le comportement affirmé est adapté à de nombreuses situations de la vie quotidienne.
L’affirmation de soi est aujourd’hui une technique répandue, allant au-delà des psychothérapies pour toucher le développement personnel et le coaching de vie. Elle aide les individus à affronter des situations après un entraînement adapté et encourage des relations équilibrées et dynamiques. Le travail se concentre aussi sur les pensées qui poussent à des comportements inhibés ou agressifs, pour encourager des interactions plus affirmées.
La gêne d’Anita
Anita, une architecte d’origine sud-américaine âgée de 34 ans, consulte après deux dépressions. Elle souhaite résoudre ses difficultés relationnelles. Bien que secrète et réservée, Anita était populaire et bien intégrée pendant son enfance, même après son arrivée en France à sept ans. Elle s’est mariée avec un haut fonctionnaire, mais le divorce qu’elle a initié par lassitude face aux absences de son époux a été difficile à supporter, surtout en raison de l’éloignement de ses parents, restés proches de son ex-mari.
Après son divorce, Anita concrétise son rêve d’enfance de créer un cabinet d’architecte, mais elle s’est vite retrouvée dépassée par les exigences relationnelles de cette activité. Les démarchages, les conflits, et les pressions du secteur ont entraîné une anxiété anticipatoire, des dépressions, et des difficultés financières. Élevée dans une famille qui valorisait l’harmonie et évitait les conflits, Anita n’avait jamais développé les compétences pour affronter seule les défis relationnels.
La thérapie a débuté par une évaluation précise de ses compétences sociales, afin d’identifier et de renforcer cette « grammaire relationnelle » essentielle à la vie quotidienne. Anita avait des difficultés à interagir avec des personnes inconnues ou intimidantes, ce qui l’empêchait de demander des rendez-vous professionnels ou de faire des critiques.
La première phase de la thérapie s’est concentrée sur l’apprentissage de techniques de communication de base. Chaque situation a été définie, mise en pratique en jeu de rôle, analysée, puis améliorée pour être appliquée dans la vie quotidienne. Pendant trois à quatre mois, Anita a été encouragée à mettre en pratique ces compétences dans des situations simples.
Dans la deuxième phase, les efforts se sont dirigés vers des situations plus délicates et importantes, comme parler d’elle-même à des clients, négocier des prix, critiquer des malfaçons, et répondre aux critiques des clients mécontents. Dans le cas de la gestion d’un client mécontent, les jeux de rôle ont révélé qu’Anita avait tendance à se justifier, blâmer le client, ou réagir de manière agressive. Avec l’aide de son thérapeute, elle a appris à répondre avec affirmation de soi, en reconnaissant les préoccupations du client sans s’énerver.
En répétant ces jeux de rôle, Anita a progressivement développé des compétences sociales meilleures, réduisant ainsi son anxiété. Après un an de thérapie, Anita maîtrise un savoir-faire relationnel adapté à son mode de vie. Elle a également rencontré un nouveau compagnon et prépare une association avec un autre architecte. Ses tendances dépressives ont disparu !
Chapitre 4 – Penser autrement
Comment procède le thérapeute pour aider son patient ?
L’anxiété sociale est caractérisée par une anxiété d’évaluation, dans laquelle chaque situation est perçue comme une opportunité d’être jugé, même pour des interactions banales. Cette anxiété s’accompagne souvent d’une focalisation sur ses propres manifestations d’anxiété, créant une double peur : celle des autres et celle de soi-même.
Le thérapeute aide le patient en trois étapes :
- Observer et noter les cognitions : Le patient identifie ses pensées automatiques lors de situations anxiogènes, généralement liées à la visibilité de ses symptômes, la négativité du jugement des autres, et les conséquences supposées de ce jugement.
- Discuter et ajuster les pensées : Le thérapeute amène le patient à questionner ces pensées, notamment en détectant les erreurs interprétatives, comme le jugement émotionnel.
- Assouplir les croyances sous-jacentes : Le thérapeute travaille sur des croyances rigides qui alimentent les distorsions cognitives. Ces croyances peuvent concerner la soumission à autrui, la nécessité d’une performance sociale parfaite, l’hypervigilance vis-à-vis des réactions des autres, le besoin d’un contrôle émotionnel absolu, ou la surévaluation de la visibilité de ses faiblesses.
Ces étapes visent à diminuer l’anxiété en modifiant les pensées automatiques et les croyances rigides, permettant ainsi au patient de mieux affronter les situations sociales et de se libérer progressivement de l’anxiété.
Les doutes de Philippe
Philippe, brillant étudiant, était angoissé à l’idée d’effectuer son premier remplacement en tant que médecin généraliste. Sa phobie sociale était centrée sur le fait d’être observé en train de faire quelque chose, que ce soit lors d’un examen médical ou dans des situations sociales quotidiennes. Il avait développé des stratégies pour éviter ces situations, s’appuyant sur ses excellentes compétences théoriques pour camoufler ses difficultés pratiques. Son enfance, marquée par un environnement familial replié sur lui-même, et l’admiration de ses parents pour ses réussites académiques, avaient renforcé son isolement.
La thérapie de Philippe, qui s’est étendue sur deux ans, a principalement porté sur des techniques cognitives pour l’aider à affronter ses craintes sociales. Ce travail comprenait des exercices visant à remettre en question les croyances négatives qu’il avait sur lui-même lorsqu’il était observé, ainsi que des expositions graduelles aux situations qu’il redoutait. Les progrès ont été réguliers dès le début, malgré la difficulté du traitement.
Grâce à ce travail, Philippe a réussi à améliorer son bien-être émotionnel et à développer des compétences pratiques nécessaires à l’exercice de son métier.
Dialoguer
Dans le cadre de l’anxiété sociale, les TCC travaillent sur les pensées automatiques.
Dans l’exemple donné plus haut, le thérapeute a encouragé Philippe à exprimer clairement les pensées négatives qu’il avait dans différentes situations, et à reconnaître leur nature hypothétique. Philippe redoutait des situations comme ne pas savoir répondre à une question d’un patient ou rougir lors d’un examen.
Noter ses pensées
Pour mieux les comprendre, il a été incité par le thérapeute à noter ses pensées automatiques dans un journal d’auto-observation, afin d’identifier les déclencheurs et la nature de son anxiété. Ce travail l’a aidé à aborder ses craintes et à reconnaître les distorsions cognitives qui entretenaient son angoisse.
Modifier ses pensées
C’est en dialoguant ainsi avec son thérapeute, ainsi qu’avec lui-même via son journal, qu’il a réussi à débloquer la situation. Ce processus a mis en lumière l’importance d’une alliance thérapeutique solide et a souligné que la simple réflexion sur les croyances devait s’accompagner d’actions concrètes pour un changement durable.
Chapitre 5 – Faut-il soigner les phobiques sociaux ?
Les progrès récents en matière de reconnaissance et de traitement de l’anxiété sociale, notamment de la phobie sociale, sont indéniables. Depuis la première publication de ce livre en 1995, la phobie sociale est mieux connue, diagnostiquée et traitée grâce à des antidépresseurs sérotoninergiques et des thérapies cognitives et comportementales.
Cependant, le diagnostic reste insuffisant, avec seulement un cas sur quatre correctement identifié. Des obstacles comme la honte, le coût des soins et la méconnaissance des options de traitement continuent de limiter l’accès aux soins.
De plus, des réticences idéologiques freinent l’adoption de traitements validés scientifiquement, notamment en France où les approches psychanalytiques sont encore souvent privilégiées, bien qu’elles soient peu efficaces contre l’anxiété sociale.
Les auteurs appellent à un meilleur accès aux soins, à plus d’informations pour les patients, et à une adaptation des traitements aux besoins individuels, sans ignorer que même des formes bénignes d’anxiété sociale peuvent être sources de souffrance.
Ils plaident pour que les individus puissent décider eux-mêmes de l’opportunité de consulter, et pour une prise en charge plus proactive des formes d’anxiété sociale qui affectent la qualité de vie.
Le trac de Jean-Michel
Jean-Michel, jeune ingénieur de vingt-sept ans, souffrait d’un trac paralysant, particulièrement dans les situations de prise de parole en public, malgré l’absence d’autres signes de timidité excessive. Ce problème, présent depuis l’enfance, s’était aggravé avec le stress professionnel. Il avait l’habitude de prendre des tranquillisants pour gérer ses interventions publiques, mais ces derniers ne l’aidaient qu’à atténuer son anxiété sans résoudre son problème sous-jacent.
La situation devient problématique au point de lui faire quitter un poste prometteur dans une entreprise très compétitive, où il avait du mal à gérer les critiques publiques. Cherchant un environnement de travail plus serein, Jean-Michel a fini par travailler dans une PME à l’ambiance familiale, qui convenait mieux à son niveau de stress.
En quoi a consisté le traitement de Jean-Michel ? D’abord, interrompre ses évitements et l’encourager à s’exposer aux situations qu’il redoute, même en milieu amical. Divers exercices ont été mis en place, comme raconter des histoires à ses proches, faire de petits discours, ou encore participer à un cours d’expression théâtrale. Il a également suivi des jeux de rôle pour améliorer ses compétences en communication.
Le travail le plus difficile a consisté à modifier son mode de pensée. Jean-Michel avait intériorisé l’idée que la prise de parole en public n’était pas indispensable, idée ancrée dans sa famille qui valorisait la discrétion.
La thérapie, qui a duré un an et demi, l’a aidé à se débarrasser de cette croyance, à surmonter son trac et à ne plus paniquer lors de prises de parole. Il a progressivement remplacé les tranquillisants par des bêtabloquants, avant d’arrêter toute médication.
Aujourd’hui, Jean-Michel peut parler en public sans difficulté majeure et, même lorsqu’une anxiété refait surface, il sait la gérer efficacement.
Les joues rouges de Patricia
Patricia, journaliste de trente ans, souffrait d’éreutophobie, une peur excessive de rougir en public. Cette crainte remonte à son adolescence lorsqu’elle avait été publiquement humiliée par une remarque de son père sur son acné. Ce souvenir marquant avait contribué à sa peur de rougir, une phobie qui persistait malgré des années de thérapie.
La thérapie menée pour Patricia a eu pour but principal de l’aider à accepter le rougissement et à en parler ouvertement. Ce processus fut difficile, car Patricia montrait une grande réticence à se confronter à son problème. À force de persévérance, elle a commencé à s’habituer à rougir devant des proches et même à en parler avec humour. Les progrès se sont étendus à d’autres situations, et le rougissement est devenu moins intense et moins fréquent, même dans des contextes professionnels.
La thérapie a également mis l’accent sur l’amélioration de sa communication, notamment en lui apprenant à exprimer ses émotions de manière claire et affirmée. Patricia avait tendance à réagir de façon agressive ou à rester silencieuse face aux critiques, accentuant son rougissement. Grâce à des jeux de rôle, elle a appris à répondre de manière posée, ce qui l’a aidée à percevoir les critiques comme des échanges constructifs plutôt que des affrontements.
Patricia avait une vision très négative de son rougissement, le considérant comme une faiblesse. En fin de thérapie, elle parvint à l’accepter davantage : elle ne le voyait plus comme une humiliation et pouvait se concentrer sur ses actions plutôt que sur sa gêne. Elle se sentait mieux dans sa peau, avait amélioré ses relations avec les autres, et ne souffrait plus de colites ni de problèmes de sommeil.
Faut-il traiter les « petits » problèmes, et comment ?
Les cas de Patricia et Jean-Michel illustrent bien le dilemme des formes « mineures » d’anxiété sociale : quand considère-t-on un comportement comme pathologique et nécessite-t-il une prise en charge ? Si l’on se limite aux critères classiques qui définissent la pathologie comme une altération mettant la vie en danger ou rendant impossible une vie autonome, alors ces troubles ne sont pas de « vraies » pathologies. L’anxiété sociale, même sous des formes sévères, permet souvent de maintenir une existence socialement acceptable.
Cependant, une notion de plus en plus prise en compte par les psychiatres est celle de la qualité de vie. Dans ce contexte, les formes mineures d’anxiété sociale, qui altèrent la qualité de vie par la souffrance et l’inconfort qu’elles génèrent, doivent être considérées comme des « vraies » pathologies. De nombreuses études démontrent les conséquences négatives de ces troubles, et il est crucial de proposer une aide psychologique efficace à ceux qui en souffrent.
Certaines approches, comme les thérapies cognitives et comportementales, peuvent être contestées par ceux qui considèrent qu’une thérapie doit être longue et complexe pour être efficace. Pour eux, les techniques brèves relèveraient plutôt de la « rééducation ». Pourtant, la psychothérapie doit avant tout être jugée par ses résultats, et non par la complexité de sa méthode. Dans le cas de l’anxiété sociale, les thérapies cognitives et comportementales sont à ce jour les seules ayant fait la preuve de leur efficacité.
Thérapie efficace ou thérapie orthodoxe ?
Pour évaluer scientifiquement l’efficacité d’une psychothérapie, il est nécessaire de mener des « études contrôlées ». Cela implique de réunir un nombre suffisant de patients, de les répartir de façon aléatoire (randomisation) en deux groupes comparables : l’un reçoit la psychothérapie pendant un certain temps, tandis que l’autre reste sur liste d’attente ou reçoit un traitement différent (comme une autre thérapie ou un médicament). Les résultats de chaque groupe sont ensuite comparés, en s’assurant que les différences observées ne soient pas dues au hasard, mais qu’elles soient « statistiquement significatives ».
Ces études sont complexes et rigoureuses, nécessitant des critères de diagnostic et d’amélioration clairement définis. De plus, il est important que les personnes qui soignent ne soient pas celles qui évaluent les résultats, pour éviter tout biais.
Les thérapies cognitives et comportementales ont démontré leur efficacité dans de nombreuses pathologies, y compris l’anxiété sociale, à travers ce type d’étude rigoureuse. L’Organisation mondiale de la Santé a d’ailleurs reconnu leur efficacité. Néanmoins, il est important de noter que ces thérapies ne sont pas infaillibles. De nombreux chercheurs tentent actuellement de mieux comprendre pourquoi certains patients ou types de pathologies ne répondent pas bien à ces traitements.
Des thérapies pragmatiques
La démarche des thérapies cognitives et comportementales repose sur des principes simples, logiques et pragmatiques : affronter progressivement ses peurs, s’entraîner à communiquer, et modifier sa perspective sur la vie. Cette méthode vise à appliquer ces principes de manière systématique et structurée, tout en tirant parti des capacités des patients. En effet, de nombreuses personnes ont réussi à surmonter leur anxiété sociale par elles-mêmes, avec l’aide de proches ou grâce à des événements marquants.
Certains chercheurs ont montré que l’utilisation de manuels d’autothérapie, associée à un nombre limité de séances avec un thérapeute, pouvait suffire à certains patients pour vaincre leur anxiété sociale. Bien que cela remette en question les pratiques traditionnelles de la psychothérapie, ces approches devraient être évaluées sur la base de résultats concrets.
Des études ont déjà démontré que des interventions psychologiques efficaces peuvent être menées en peu de consultations, même par des professionnels de santé moins qualifiés que des psychiatres ou psychologues. Pourtant, certaines résistances persistent face à la « vulgarisation » de la psychothérapie hors du cercle des spécialistes.
La psychothérapie au service de la performance individuelle ?
Les troubles « bénins » comme le trac, la timidité, les inhibitions, les évitements et les rougissements ne se limitent pas aux relations personnelles. Ils peuvent également freiner une carrière prometteuse, en empêchant de saisir des opportunités professionnelles nécessitant des compétences relationnelles avancées. Contrairement au mythe du génie solitaire, la réussite, même pour les personnalités célèbres, est souvent liée à des interactions sociales riches et variées. Pour chacun d’entre nous, des liens sociaux réussis sont essentiels à notre épanouissement.
Beaucoup de personnes renoncent à des promotions ou évitent des opportunités professionnelles à cause de leur anxiété sociale, par crainte de devoir diriger une équipe ou parler en public. Le travail psychothérapeutique, comme celui effectué avec Jean-Michel, vise à améliorer les compétences de communication et la capacité à animer des interactions. Même les dirigeants de haut niveau, bien que leur métier semble exiger une aisance relationnelle, peuvent ressentir une pression constante qui les pousse à rechercher du soutien pour mieux gérer leur anxiété sociale.
Les interventions en conseil individuel, en dehors d’un cadre médical classique, abordent des aspects stratégiques des compétences relationnelles de ces dirigeants sans toucher profondément aux aspects personnels ou au passé. Cette approche, parfois critiquée par les tenants d’une vision plus complète de la thérapie, est défendue par des écoles comme celle de Milton Erickson, qui montrent qu’il est possible d’apporter des changements significatifs en se concentrant sur un angle spécifique.
En modifiant les comportements sociaux, on agit souvent sur la perception de soi et sur la vision que l’on a de ses relations et de son avenir, apportant une amélioration générale du bien-être, même sans traiter chaque origine du problème.
Conclusion – « Imaginez que vous êtes tout nu… »
Jerilyn Ross, présidente de l’Association américaine des troubles anxieux, a comparé la situation des phobiques sociaux à celle de quelqu’un découvrant qu’il est nu devant un auditoire. Cette analogie met en lumière la gêne intense que ressentent ces personnes dans des situations quotidiennes, comme prendre la parole ou acheter du pain. Malheureusement, il n’existe pas encore en France d’association équivalente pour soutenir ces patients.
Cet ouvrage a pour ambition de lever un peu le voile sur la peur des autres, en aidant les personnes concernées à mieux comprendre leur trouble et à connaître les stratégies thérapeutiques disponibles. Prendre conscience de ces mécanismes, c’est déjà commencer à les maîtriser, et s’engager dans une démarche de résolution, c’est s’ouvrir à une existence plus gratifiante.

Conclusion sur « La peur des autres : trac, timidité, phobie sociale » de Christophe André et Patrick Légeron :
Ce qu’il faut retenir de « La peur des autres : trac, timidité, phobie sociale » de Christophe André et Patrick Légeron :
La qualité de nos échanges sociaux est essentielle à notre équilibre mental. Un réseau relationnel solide est un facteur de protection non seulement contre les troubles psychologiques, mais aussi contre certaines pathologies physiques. Pourtant, la psychologie s’est longtemps concentrée sur l’individu isolé, sur son inconscient, ses désirs et ses refoulements, sans prendre en compte la dimension sociale et la qualité de l’interface de l’individu avec son environnement.
L’art d’être à l’aise avec les autres est rarement enseigné, alors qu’il est fondamental pour l’épanouissement humain. Ce manque de formation laisse un vide que la société gagnerait à combler pour favoriser le bien-être de chacun. C’est ce que tente de réaliser cet ouvrage en réfléchissant aux causes de la peur des autres et aux solutions que les thérapies cognitivo-comportementales peuvent apporter.
Vous trouverez, en annexes :
- Évaluez votre peur des autres
- Critères diagnostiques de la phobie sociale
- Critères diagnostiques de la personnalité évitante
- Comprendre la phobie sociale : ce que vous devez savoir
- Lutter contre la phobie sociale au quotidien : ce que vous devez savoir
- Pour en savoir plus
Points forts :
- Un ouvrage de grande qualité scientifique ;
- De très nombreux cas d’études ;
- Des annexes très riches qui permettent d’approfondir considérablement ses connaissances ;
- Des tests d’autodiagnostic pour chercher soi-même à évaluer sa peur des autres.
Point faible :
- Je n’en ai pas trouvé.
Ma note :
★★★★★
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Merci pour ce partage. Ce sont des auteurs de grande qualité, qui permettent de rendre accessibles au plus grand nombre des travaux scientifiques sérieux.
Dans le domaine du recrutement que je connais plus particulièrement, avec les entretiens d’embauche, on retrouve complètement les 4 types de situations décrites au début de l’article (anxiété de performance…).
Et cette peur sociale empêche malheureusement beaucoup de personnes de décrocher l’emploi qu’elles méritent réellement.
Heureusement, il existe des moyens de la dépasser, et les auteurs donnent ici de nombreuses pistes, afin de pouvoir s’affirmer et poursuivre une carrière vraiment épanouissante.