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Le laboureur et les mangeurs de vent

Le laboureur et les mangeurs de vent Boris Cyrulnik

Résumé de « Le laboureur et les mangeurs de vent. Liberté intérieure et confortable servitude » de Boris Cyrulnik. À partir de son histoire personnelle et de ses connaissances en neuropsychiatrie, Boris Cyrulnik livre une réflexion profonde et saisissante sur les processus qui peuvent mener à la liberté intérieure ou à la soumission à une idéologie meurtrière.

Par Boris Cyrulnik, 2022, 272 pages.

Table des matières

Chronique et résumé de « Le laboureur et les mangeurs de vent. Liberté intérieure et confortable servitude » de Boris Cyrulnik

1. Le laboureur et les mangeurs de ventPréparer les enfants à la guerre

Comment se fait-il que des millions de personnes puissent adhérer, à certaines périodes de l’histoire, à des régimes totalitaires ?

Un régime totalitaire, comme l’a été l’Allemagne nazie, est pourtant porteur des pires valeurs humaines. Classement des humains sur des critères (notamment de classe, race, genre, orientation sexuelle), humiliation, stigmatisation et meurtres de ceux qui ne sont pas considérés dignes d’appartenir à la société, etc.

Comment un être humain arrive-t-il donc à commettre des actes profondément immoraux ? Pour aborder cette question déjà traitée par de nombreux penseurs, Boris Cyrulnik prend pour point de départ la conception de l’enfant. Embryon déjà, alors qu’il est encore dans le ventre de sa mère, son cerveau se forme au contact des stimulations qu’il reçoit de son environnement.

Bébé, puis petit enfant, il a besoin d’acquérir une certaine confiance en lui. Ceci se constitue dans le rapport à ses parents et aux adultes qui prennent soin de lui. À ce moment de sa vie, il se sécurise en expliquant le monde à travers des catégories de pensée binaires transmises par la société et les adultes : gentil/méchant ; femme/homme, grand/petit ; etc. Ce n’est qu’au cours de son développement qu’il pourra donc commencer à saisir et à développer des nuances.

L’environnement qu’il faut

Mais si l’environnement familial et la société dans lesquels l’enfant évolue continuent à scander et à répéter des catégories d’explication simplistes et binaires (récits concordants), alors l’enfant, devenu adulte, en reste prisonnier sans même en avoir conscience. Il devient ainsi un fidèle serviteur au service de ce que Cyrulnik nomme « le clan ». Il ressent donc de la joie et de la fierté à le défendre. Ceci quitte à devoir commettre des actes de violence et de barbarie à l’encontre d’autres êtres humains.

À moins qu’il ne parvienne à s’y opposer, mais comment ? Soit parce que sa famille est hostile au régime totalitaire. Soit parce que lui-même s’oppose aux dogmes que prônent le régime et sa famille (récits discordants).

Boris Cyrulnik note donc qu’il peut arriver qu’un enfant admire les symboles portés par un régime totalitaire alors que ses parents s’y opposent. Dans certains cas, il arrive alors que des enfants dénoncent leurs propres parents.

2. Le laboureur et les mangeurs de ventAimer un salaud

Certains enfants ont aimé leurs pères alors que ceux-ci sont considérés comme les pires bourreaux de l’histoire (des salauds) : Himmler, Staline, Mengele, etc. Comment est-ce donc possible ?

Simplement parce que l’affection se construit dans le rapport intime que l’on entretient avec son père, à l’intérieur de la maison et de l’espace familial. Un bourreau peut donner beaucoup d’amour à ses enfants. Puis l’instant d’après, quand il se remet dans son rôle public, exécuter ou faire exécuter des innocents.

L’enfant, qui ne perçoit donc son père qu’à travers la relation intime et familiale qu’il entretient avec lui, ne se rend pas compte de ce qu’il se passe à l’extérieur lorsque son père « travaille ». Il est en conséquence trop jeune pour le percevoir et ne peut pas le détester pour ces actes dont il n’a pas conscience.

À l’inverse, certains enfants ont détesté leur père qui était pourtant un personnage célèbre aimé par beaucoup d’autres. Fidel Castro, par exemple, a été détesté par son fils. Ceci, non pas en premier lieu pour les actes qu’il a commis. Mais, plutôt, parce que l’environnement familial ne parlait pas de lui, ou très mal.

En tant qu’êtres humains, nous sommes très influencés par les milieux dans lesquels nous grandissons. Parce que nous évoluons pour forger notre propre personnalité et nos opinions sur le monde. Nous le sommes d’abord par les adultes qui prennent soin de nous. C’est-à-dire nos parents et l’entourage familial ou communautaire proche.

Boris Cyrulnik distingue alors deux catégories de personnes en fonction du chemin qu’ils prennent dans leur développement à l’âge adulte :

  • Les extatiques, ou « mangeurs de vent », ne parviennent pas à se détacher des discours qu’ils entendent et les intériorisent sans discernement. Ils restent au stade du petit enfant qui absorbe tous les signaux provenant de la mère. Alors, ils peuvent ressentir joie et plaisir à l’énoncé d’une opinion « hors sol » complètement détachée de la réalité. Ils pensent qu’elle a un sens, mais il n’en a, en réalité, aucun. Si ce n’est, en réalité, celui de servir les intérêts d’un système qui vise à les manipuler.
  • Les « laboureurs » parviennent à accéder à une certaine autonomie de pensée intérieure. Ils sont capables de faire preuve de discernement et de recul critique par rapport aux discours qu’ils entendent autour d’eux. Ils forgent leurs opinions en restant connectés à la réalité du monde.

En définissant les laboureurs, Cyrulnik écrit :

« Nous sommes tous déterminés par ce que notre entourage nous raconte. Ce n’est qu’en poursuivant notre chemin vers l’autonomie que nous accédons à un degré de liberté intérieure. Alors nous pouvons juger, évaluer, intérioriser ou rejeter les récits qu’on nous propose. […] Ceux qui préfèrent continuer l’exploration par eux-mêmes et non plus par ce qu’on leur a dit adoptent la stratégie du laboureur. Ils se cognent aux cailloux, reniflent l’odeur de la glaise et se donnent un plaisir de comprendre (qui est) enraciné dans le réel. […]

Le bonheur des laboureurs élabore un savoir éprouvé sensoriellement, touché, palpé, écouté, comme le font les praticiens sur le terrain […]. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 19)

3. Raconter l’impossible

Boris Cyrulnik revient sur son enfance. Alors qu’il est très jeune enfant, pendant la Seconde Guerre mondiale, ses deux parents sont arrêtés et déportés. Ils ne reviendront pas des camps.

Un jour avant son arrestation, la mère du jeune Boris le place dans un orphelinat. Un jour de 1944, un groupe d’hommes armés, des hommes de la Gestapo, viennent l’arrêter, alors qu’il n’a que sept ans. Il est placé dans un camp avec d’autres prisonniers. Pris par la peur, il parvient à s’enfuir. Il est recueilli ensuite par une famille d’accueil.

Longtemps, les souvenirs de cette arrestation ont hanté Cyrulnik. Il se heurtait, lorsqu’il voulait en parler, au silence des adultes qui lui disaient de « passer à autre chose ». Alors, il s’est tu et a cherché à se réfugier dans un monde imaginaire et auprès des animaux parce que ces derniers ne le jugeaient pas.

Le jeune Boris s’accroche alors à une idée forte : il veut comprendre et prouver que les nazis avaient tort. C’est pourquoi il décide de s’engager dans une carrière scientifique qui pense-t-il, lui donnera des armes pour comprendre et mener son combat.

4. Le laboureur et les mangeurs de ventFaire une carrière de victime ou donner sens au malheur

En grandissant, Cyrulnik se rend compte qu’« un fait scientifique ne découvre pas nécessairement la vérité ». Pourquoi ?

Le scientifique est un être humain incarné qui a une histoire, une âme et des désirs. Même s’il tente d’être le plus objectif possible. Il influence nécessairement, à de divers degrés, la méthode qu’il met en œuvre et les résultats qu’il produit. On retrouve l’idée « des mangeurs de vent » qui produisent des résultats coupés du réel.

C’est ainsi, par exemple, que des chercheurs peuvent affirmer – et influencer le débat politique sur ce sujet – que tout enfant qui a souffert de carence affective est amené à devenir un délinquant. En écoutant ces idées, Boris Cyrulnik a pensé que « pour échapper à cette malédiction », il devait se taire et cacher son enfance.

À l’âge de quatorze ans, Cyrulnik est envoyé dans une institution qui accueille de nombreux orphelins de guerre. C’est là qu’il découvre, à travers les récits des « moniteurs » du centre, qu’il appartient à une communauté juive à qui on restitue de la dignité et auprès de laquelle il peut trouver une forme de sécurité. En discutant avec les animateurs, il parvient à se forger des opinions politiques et artistiques et à se ressaisir de son enfance de manière positive. Il n’a alors plus honte d’être un enfant sans famille.

« Je pouvais être compris, il suffisait que je m’exprime pour ne plus me sentir comme un paria interdit de vivre. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 29)

Cyrulnik a alors découvert deux stratégies de survie :

  • « Faire une carrière de victime » qui est la voie encouragée après la guerre. On pense que les enfants sans famille ne peuvent pas se développer.
  • « Donner sens au malheur » par la recherche collective d’un sens, d’une compréhension de ce qu’il s’est passé pour essayer de se reconstruire et de se remettre sur le chemin de la vie.
Le laboureur et les mangeurs de vent - Apprendre à voir le monde grâce à Boris Cyrulnik

5. Apprendre à voir le monde

Au début du siècle jusqu’à l’avant Seconde Guerre mondiale, le centre de l’Europe ; et notamment la ville de Vienne, en Autriche, est marquée par une effervescence intellectuelle, artistique et culturelle. Ce joyeux bouillonnement est alimenté par un croisement riche de différentes cultures provenant de différentes parties de l’Europe et de la Russie (Polonais, Allemands, Hongrois, Italiens, Juifs…). De grandes figures s’y rencontrent comme Klimt, Schiele, Mozart, Beethoven ou encore Stefan Zweig.

Parmi ces figures illustres, Sigmund Freud découvre, sur les bancs de l’université, qu’il est stigmatisé pour être juif. Il ne se soumet pas et décide d’emprunter un chemin alternatif à celui de « la récitation qui mène au diplôme mais ne stimule pas la pensée » (p. 35). C’est ainsi qu’il deviendra le fondateur d’une discipline nouvelle, la psychanalyse.

Mais cette époque est aussi marquée par de sombres figures, comme Josef Mengele qui naît en Bavière en 1911. Malgré un caractère en apparence équilibré, très sociable, une enfance banale pour l’époque, dans une famille plutôt aisée, le jeune Mengele éprouve le besoin de se sentir supérieur à d’autres êtres humains. Il développe un goût prononcé pour la classification et la hiérarchisation des êtres humains en fonction de leurs caractéristiques physiques et biologiques. C’est alors qu’il adhère aux théories racistes qu’il découvre à Munich en 1930. Il se servira de sa formation scientifique, de médecin, pour développer ses théories et deviendra l’un des plus grands tortionnaires des camps nazis.  

À l’inverse, Cyrulnik, comme Freud en son temps, voit dans les différences entre les êtres humains une occasion d’explorer le monde, de s’enrichir, de s’ouvrir à d’autres cultures et mondes mentaux.

6. Le laboureur et les mangeurs de ventExplorer le monde ou le hiérarchiser

Charles Darwin (1809 – 1882) est un célèbre naturaliste anglais du XIXe siècle. Il a élaboré la théorie de l’évolution et de la sélection naturelle. Il n’établit pas de hiérarchie entre les êtres vivants. Selon lui, ce sont ceux qui s’adaptent le mieux aux environnements dans lesquels ils vivent qui ont le plus de chance de continuer à vivre et à se reproduire. « Ce n’est pas forcément le plus fort [qui survit] » (p. 44).

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Certains scientifiques et hommes de pouvoir ont malheureusement interprété la théorie de Darwin différemment. Ils ont établi une hiérarchie et un classement entre les êtres humains en fonction de leurs supposées capacités à survivre. C’est ainsi qu’ils ont justifié le besoin « d’éliminer » de la société tous ceux qu’ils considéraient comme « ne servant à rien ». C’est le cas des personnes malades mentalement, les tziganes, les juifs, les homosexuels.

Selon Boris Cyrulnik, nous colorons le monde et les faits scientifiques à travers notre personnalité et nos affects. Il établit alors une distinction entre :

  • Ceux qui voient dans les différences une source de richesse pour l’humanité, qui veulent explorer le monde. Ceux-là n’attribuent pas les problèmes aux êtres humains eux-mêmes mais aux milieux dans lesquels ils vivent. Ils revendiquent alors une prise en compte des conditions de vie difficiles et la nécessité de leur amélioration.
  • Ceux qui éprouvent le besoin de se situer dans un rapport de force, de « dominer » et qui veulent « éliminer les faibles » (p. 46).  

7. Affronter

Les personnes qui ont vécu de grands traumatismes (incestes, viols, violences de guerres, harcèlement, etc.) rencontrent souvent de grandes difficultés à en parler à leurs proches. Elles redoutent souvent les moments de silence et d’être confrontées à de l’incompréhension voir à des négations de ce qu’elles ont subi.

S’adresser à un étranger ou avoir recours à une médiation, comme un roman ou un film, permet de mettre davantage à distance les affects. Un espace de libération de la parole s’ouvre.

« Quand la culture s’intéresse à ces traumas non dits, elle rétablit une concordance entre les récits collectifs et ceux du blessé. Il peut enfin s’exprimer sans trouble et sans frein, ‘comme ça vient’ » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 52)

8. Le laboureur et les mangeurs de ventAbusive clarté

Méfions-nous donc du travail administratif bien fait. Il nous procure du plaisir parce qu’on a l’impression d’accomplir son devoir. C’est en réalisant ce type de travail qu’Adolf Eichmann a envoyé dans les camps de concentration des millions de Juifs et d’autres personnes considérées comme indésirables par le régime nazi.

Méfions-nous également des solutions qui semblent revêtir un contenu scientifique rigoureux. C’est en appliquant ce type de remèdes que des médecins, pendant quelques décennies au XXe siècle, ont lobotomisé et modifié des parties de cerveaux de personnes qui présentaient des troubles psychiatriques.

Dans certains contextes historiquement situés, des discours en apparence « moraux » justifient et encouragent la réalisation d’actes monstrueux.

Et pendant bien longtemps, les sociétés n’ont pas cherché à comprendre les victimes des stress post-traumatiques. Ceux-là qui revenaient de la guerre, qui avaient été témoins ou qui avaient subi des actes atroces. On leur attribuait la responsabilité de leur souffrance et on les punissait, alors qu’il aurait fallu, nous dit Cyrulnik, chercher à les soigner et à les aider à aller vers le chemin de la résilience.

9. Penser par soi-même

Un enfant est bien sécurisé par sa mère, ou par une personne qui prend soin de lui, lorsqu’il peut sentir la présence d’un corps et de paroles réconfortantes. Cette première sécurisation contribue à lui donner confiance en lui et lui ouvre un accès vers l’autonomie.

Lorsqu’un enfant est peu ou mal sécurisé par son entourage, il n’a pas de repères pour accéder à une forme de stabilité et de paix intérieure. Il a alors tendance à rester habité, lorsqu’il grandit vers l’âge adulte, par des peurs et des inquiétudes. Ces angoisses le rendent plus vulnérable aux personnes et aux discours qui semblent lui offrir du réconfort.

Sans nécessairement tomber sous l’emprise de personnes manipulatrices, l’enfant qui a été mal sécurisé peut plus facilement être séduit par des discours « tout faits ». En s’attachant à des opinions ou des doctrines, il essaie de combler ses besoins de sécurisation. L’attachement affectif à des personnages, à des discours se met à occuper beaucoup d’espace et empêche l’enfant, devenu adulte, de prendre du recul et de réfléchir véritablement par lui-même.

C’est ainsi que des groupes très fermés peuvent se former. Les membres de ces groupes se rassurent et se sécurisent mutuellement. Ils partagent des styles de vie, d’habillement, des croyances et diverses habitudes. Les personnes qui sortent de la norme du groupe, en montrant d’autres manières de faire, sont vues comme des menaces.

Rester-soi

« Dans chacun de ces groupes, on reste entre soi, on récite les slogans qui tiennent lieu de vérité. Ceci dans le but d’augmenter la cohérence du récit qui fonde la fraternité du groupe. Il convient dans ce cas de se dire persécuté afin de justifier sa propre violence, en prétextant la légitime défense. Le groupe tend spontanément à évoluer vers une morale perverse où l’on se solidarise entre proches, en se coupant de ceux qui pensent autrement, en ignorant leurs souffrances, en les laissant mourir avec indifférence et parfois même en éprouvant un discret plaisir. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 67)

10. Le laboureur et les mangeurs de ventAimer pour penser

La sécurisation affective joue donc un grand rôle dans le fait de réussir à « bien penser par soi-même ».

Lorsque l’enfant arrive à l’âge adulte, il éprouve, le plus souvent, des désirs qui le poussent à quitter le cocon familial. Ceci pour « tenter l’aventure sexuelle et sociale ». Le lien d’attachement avec les parents se reconfigure alors pour laisser de la place à d’autres relations affectives.

Parfois l’adulte se sent prisonnier de l’emprise qu’exercent ses parents sur lui. Il ne parvient pas à se détacher suffisamment d’eux pour aller vers sa propre vie d’adulte.

Ce besoin d’attachement affectif, qui perdure à l’âge adulte, peut mener certains à se lier très rapidement, sans aucune réflexion, à des personnes célèbres ou à des figures glorifiées par la société : chanteur, leader politique, soldat, footballeur, etc. Et c’est aussi de cette manière que de nombreuses personnes peuvent s’attacher à des dictateurs ou des tortionnaires.

11. Délirer selon la culture

Le délire se traduit par une perte du sens de la réalité et une confusion des idées. La personne délirante peut se sentir persécutée, mise sous emprise par des personnes et des systèmes. En fonction des époques, les contenus des délires diffèrent.

Boris Cyrulnik, dans l’exercice de son métier de psychiatre, a constaté que Napoléon était présent dans les délires de nombreux patients jusqu’en mai 1968. Par la suite, le contenu des délires s’est déplacé vers « les machines et les femmes » qui ont pris plus de place dans la société.

Se sentir appartenir à un groupe et partager une croyance commune produisent des effets très puissants. Des effets à la fois nécessaires, mais dangereux. Plus le groupe se referme sur lui-même, plus il croit en une doxa. Une opinion qui l’éloigne des autres mondes et finit par le rendre intolérant à l’altérité.

« C’est ainsi que se constituent les délires logiques, cohérents et coupés des autres. C’est ainsi qu’on se prépare à la haine de ceux qui voient le monde autrement. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 75)

12. Le laboureur et les mangeurs de ventCroire au monde qu’on invente

Les êtres humains partagent avec beaucoup d’animaux le fait de vivre en groupe. Ce qui les différencie toutefois, c’est la capacité à communiquer par un langage articulé. Et à exprimer des raisonnements marqués par la logique.

Mais cette capacité à raisonner peut-être utilisée pour assembler des éléments qui n’ont aucun sens et aucun lien avec la réalité. Cet assemblage produit des discours, à l’apparence logique, qui peuvent être très puissants. Ces explications du monde simples, binaires, offrent un cadre sécurisant et permettent de souder les membres du groupe. Ces derniers se mettent alors « à aimer » le chef, leader charismatique, comme ils aiment ou ont aimé leur mère. Ils ne pensent pas par eux-mêmes. Ils se remettent à la parole de celui ou de ceux qu’ils considèrent comme supérieurs à eux.

Et comme les émotions se propagent lorsque les individus sont en coprésence. De grandes masses de personnes peuvent se mettre à « aimer » passionnément un chef et à « détester » un groupe identifié comme différent et inférieur.

« Quand on accepte comme une parole intouchable la vérité venue d’un chef religieux, idéologique ou scientifique, il n’y a ni évaluation, ni culpabilité : l’ordre règne. […] Le fait d’éviter de juger afin de mieux se soumettre à un récit coupé de la réalité apporte un grand bénéfice. On ne craint plus rien, on est tous ensemble et on éprouve l’illusion du bien-être. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 83 – 84)

13. Colorer le monde qu’on perçoit

L’enfant, au cours des trois premières années de sa vie (1000 jours), associe des perceptions avec des sensations. En fonction de ses expériences et de la sécurité que les adultes lui apportent (ou non), il établit un lien :

  • Entre des objets, des personnes, des environnements, etc ;
  • Et des sentiments qui peuvent être très variés comme la joie, la tristesse, la peur, la colère.

Puis il « colore le monde qu’il perçoit » à partir de ses émotions et de ses affects.

Si les jeunes sont mal sécurisés, ils courent le risque de se sentir persécutés. Ils s’attachent alors à des slogans tout faits. Des énoncés sans preuve qui désignent un agresseur imaginaire, un bouc émissaire responsable de leurs malheurs.

« Désigner un agresseur provoque un étrange bien-être. Soit une bonne opinion de soi, soit une clarté qui n’a pas besoin de validation. Le courant qui emporte ces idées suffit à donner du bonheur aux mangeurs de vent qui se nourrissent de phrases toutes faites. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 89)

Donner forme verbal au réel et à ce qu'on ressent : un enjeu du livre Le Laboureur et des mangeurs de vent.

14. Le laboureur et les mangeurs de ventDonner forme verbale au réel et à ce qu’on sent

Lorsque des personnes finissent par associer automatiquement des sentiments à des discours simplificateurs, leurs émotions ne sont pas connectées réellement au monde réel et sensible. Elles ont recours à la rationalisation pour se convaincre que leurs énoncés sont justes et vrais.

C’est ainsi que les « mangeurs de vent » s’entraînent mutuellement à répéter des énoncés, déjà fabriqués et insensés, mais qui font appel à la rationalisation. Ils ont alors la sensation « d’éprouver la vérité au fond d’eux » et d’énoncer un fait scientifique.

Certains mangeurs de vent emploient des termes techniques. –Comme l’expression « matériel humain » – pour désigner d’autres personnes. Ainsi, ils les déshumanisent, les transforment en objets dénués d’émotions et de sensibilités.

L’écrivain Georges Orwell a montré comment des persécuteurs cherchent à masquer l’horreur des actes barbares qu’ils font subir à d’autres personnes en employant des euphémismes et des termes du langage quotidien. C’est l’un des pouvoirs de la rhétorique.

Comment retrouver alors un semblant d’humanité ? En se reconnectant au monde sensible et au réel, nous dit Boris Cyrulnik.

« Pour ne pas être totalitaire, il faudra que j’ajoute une autre composante [à ma personnalité]. Mais voilà, elle sera d’une autre nature, émotionnelle, poétique, interactive, sociale et même spirituelle. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 104)

15. Parler pour cacher le réel

Aucune parole ne peut restituer le réel tel qu’il existe. Toute parole est déjà une interprétation des faits et cache, au moins en partie, la réalité.

Les systèmes ou régimes totalitaires construisent une explication du monde à partir de petits fragments qu’ils utilisent pour expliquer la totalité. Et ils revêtent leur explication d’une apparence rationnelle et logique qui semble offrir une certaine sécurité. La réalité est alors complètement masquée par les discours.

Mais c’est aussi la parole qui fait l’humanité et qui peut permettre de se sentir revivre. À condition que cette parole exprime :

  • Une sensibilité qui naît d’un rapport au monde ;
  • Et un usage de la raison ancrée dans la réalité.

Mettre en mot ses émotions et ses idées ouvre un espace de liberté intérieure.

« Quand un sujet n’est pas entraîné à penser, il ne peut pas trouver les mots pour exprimer ses sentiments et ses idées. Sa vie imaginaire est pauvre. Il enfile des énoncés plats comme une fiche administrative ou comme le mode d’emploi d’une machine à café. Le lyrisme est impossible quand on n’a pas d’émotion. La récitation conformiste entraîne une morne normalité. Il facilite les carrières administratives ou universitaires, mais rend impossible la poésie, le roman, ou même un témoignage empathique. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 114)

16. Le laboureur et les mangeurs de ventSe soumettre pour se libérer

Un enfant, au cours des trois premières années de sa vie, ne parle pas. Il construit sa perception du monde d’abord au contact du corps de sa mère qui le nourrit. Ensuite au contact du père et d’autres adultes qui prennent soin de lui. Il enregistre les émotions qu’il perçoit de ces adultes. Vers l’âge de trois ans, il développe la capacité à exprimer ses affects par des mots.

Boris Cyrulnik identifie trois niches nécessaires au bon développement de l’enfant. Ces dernières constituent ce qu’il désigne comme « son écologie » :

  • La sensorialité ;
  • L’affectivité ;
  • La verbalité.

Lorsqu’il évolue, l’enfant réagit aux stimulations de son environnement. Il est contraint d’incorporer les différentes contraintes du milieu et d’apprendre à les gérer. Si les transactions ne s’effectuent pas ou pas correctement. Si une des niches est défaillante, ou si l’enfant manifeste des blocages, son développement est altéré.

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Ce n’est qu’une fois que l’enfant a stabilisé une manière « de voir le monde et de le penser » à travers les relations aux adultes qui prennent soin de lui qu’il peut accéder à une forme de liberté intérieure, à la capacité de penser par lui-même.

« Quand on ne peut pas juger et décider par soi-même, on éprouve un soulagement à se soumettre à celui qui pense pour nous. Quand on se sent voué au malheur, on cherche les causes de cette souffrance et on accuse un bouc émissaire, ce qui aggrave le malheur. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 118)

L’appartenance et la dépendance

Boris Cyrulnik nous invite à distinguer l’appartenance et la dépendance. Le sentiment d’appartenance à différentes entités – à la mère, à la famille, à une ou des cultures – est nécessaire au bon développement de l’enfant.

Mais l’enfant, en grandissant, n’est pas voué à rester dépendant de ces entités. Si cela se produit, « le sujet n’accède pas à sa liberté intérieure. Il continue à adorer celui qui le conduit à la servitude » (p. 119).     

L’auteur définit un style d’attachement comme une façon d’établir des relations avec les autres. Des études ont montré que tous les enfants, à dix mois, ont déjà acquis un style d’attachement (p. 120) :

  • Sécure qui permet de résister aux épreuves de la vie (60%) ;
  • Évitant, calme, distant, peu expressif (20%) ;
  • Ambivalent, manifestant de la joie et des reproches au contact de ceux qu’ils aiment. (15%) ;
  • Confus, désorienté marqué par d’importantes difficultés comportementales (5%).

Le style d’attachement qu’une personne a acquis influence les émotions et les affects qu’elle ressent au quotidien et notamment face à des évènements perturbateurs. À partir de ces émotions, la personne produit des récits, des évènements.

La parole peut ensuite créer des entités imaginaires auxquelles des personnes s’attachent. C’est ainsi que des personnes peuvent éprouver de profondes émotions à l’évocation d’idées imaginaires qui sont déconnectées de la réalité.

On comprend mieux ici comment des slogans et des explications simples, en touchant les personnes au plus profond d’elles-mêmes, en viennent à être aussi puissants et dangereux.

17. Organiser le monde extérieur pour charpenter le monde intérieur

Diverses expériences menées après la seconde guerre mondiale auprès d’animaux et d’enfants ont mis à jour les mécanismes et l’importance centrale des processus d’attachement pour le bien-être.

Le développement physique et cognitif d’un individu dépend beaucoup des stimulations qu’il reçoit de son environnement. Notamment de l’affection qu’il reçoit.

À l’époque, ces études ont été peu prises au sérieux, car on associait l’attachement et les affects à de la sensiblerie et à de la faiblesse. Aujourd’hui, on leur accorde plus d’attention même si des progrès restent à faire.

Les enfants qui ont reçu de bonnes bases éducatives dans une famille aimante dès leur naissance ont de bonnes chances de puiser en eux la force d’aller vers un processus de résilience après un traumatisme et, ce, même après avoir perdu leur famille dans leur enfance.

C’est ainsi que des orphelins (qui peuvent être victimes de traumatismes de guerre) peuvent continuer à grandir en sécurité dans des institutions qui proposent des rencontres régulières avec des animateurs apportant de la bienveillance et des stimulations intellectuelles.

Au contraire, des enfants qui n’ont pas reçu d’affection et d’attention après leur naissance présentent, presque tous, des atrophies du développement de leurs organes, et notamment de leur cerveau, ce qui peut impacter grandement leurs capacités cognitives. Ces manquements peuvent provenir soit de familles défaillantes (famille biologique ou famille d’accueil) soit d’institutions, comme des orphelinats, qui les laissent à l’abandon la plupart du temps.

18. Le laboureur et les mangeurs de ventS’engager dans le sexe et la mort

Boris Cyrulnik distingue trois étapes du développement d’un être humain auxquelles correspondent trois types d’engagement dans la relation à l’autre :

  • Le petit enfant est nécessairement attaché à sa mère qui lui apporte les soins, l’affection et la protection dont il a besoin pour grandir.
  • Lorsque la puberté arrive, l’adolescent se désengage progressivement de la relation d’attachement qu’il entretient avec ses parents et les adultes qui s’occupent de lui. La composante sexuelle s’introduit dans son désir d’établir des relations avec d’autres personnes.
  • L’âge adulte correspond à l’acquisition d’une certaine forme de liberté et d’autonomie. L’adulte est alors libre, en théorie, de choisir les relations affectives dans lesquelles il s’engage et les personnes avec qui il se lie. Différents types de sentiments peuvent caractériser les relations établies : amour, tendresse, affection, intellectualité, sexualité, etc.

« Les ratés peuvent intervenir à tous les stades de ce processus. L’isolement sensoriel est la principale cause d’altération quand l’appauvrissement du milieu entraîne la dysfonction cérébrale de l’enfant. La puberté donne un élan joyeux vers le corps de l’autre, mais quand la fougue sexuelle n’est pas ritualisée par l’éducation et par les règles culturelles, elle se transforme en passage à l’acte pénalisable ou en inhibition angoissante. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 139)

Un adulte qui n’a pas pu accéder à l’autonomie, qui reste insécure dans ses relations au monde et aux autres, peut facilement devenir la proie de systèmes de manipulation incarnés par des slogans et des figures charismatiques, chefs et dictateurs religieux et politiques notamment.

19. Délirer, tous ensemble

Comment le parti d’Hitler est-il parvenu au pouvoir dans les années 1930 en Allemagne ? Par « un discours planteur de haine » (p. 143) sur fond de crise économique et de chômage croissant.

Boris Cyrulnik décrit les étapes classiques qui mènent au pouvoir :

  • Organisation de défilés, de marche qui mettent en scène des symboles de puissance, de virilité, d’offensivité qui déclenchent des sensations fortes chez les spectateurs ;
  • Puis des discours qui donnent « des arguments pour légitimer l’indignation, la haine et la juste colère » (p. 144) ;
  • Et enfin, le passage à l’acte vers la violence politique avec la destruction de bâtiments qui représentent des institutions et la désignation d’ennemis.

C’est alors que des citoyens juifs d’une petite ville d’Allemagne, jusque-là parfaitement assimilés et intégrés, se sont vus, soudainement, désignés comme des ennemis dont il fallait boycotter l’activité professionnelle.

Les mécanismes d’emprise

Boris Cyrulnik expose ici les mécanismes d’emprise, très puissants, qui peuvent soumettre des personnes en apparence intelligentes et équilibrées. Ces soumissions peuvent s’effectuer à des échelles très variées, depuis un couple jusqu’à des millions de citoyens, en passant par un petit groupe sectaire. Dans tous les cas, les personnes soumises perdent le sens du réel et de la morale. C’est ainsi notamment que des milliers de personnes, sous la période nazie, se sont approprié les biens de juifs sans se poser de questions.

« Dans le réel : rien. Mais dans la représentation de ce réel inexistant, un discours bien charpenté par une rhétorique claire, affirmative et une mise en scène émouvante, vigoureuse et exaltante qui provoquaient une juste indignation. […] La dictature nazie n’avait plus besoin de textes écrits pour imposer sa loi puisqu’elle était appliquée au quotidien par des milliers de microdictateurs. Les ordres n’étaient plus nécessaires parce que la population était embarquée dans une soumission heureuse.

C’est ainsi qu’on peut se rendre prisonnier d’un discours, on peut y croire, comme à une évidence, quand on ressent au fond de soi l’émotion provoquée par la harangue où tout le monde partage le même sentiment. Les mots ne désignent plus rien de la réalité, et pourtant on ressent réellement une colère, un mépris, une indignation qui légitime le passage à l’acte. Ce processus où l’on se soumet à une représentation verbale coupée de la réalité pourrait s’appeler « délire logique ». » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 144 – 146)

20. Bienheureuse aliénation

Est-ce que seuls les malades mentaux en viennent à se soumettre à des idées absurdes et immorales ? Bien sûr que non nous dit Boris Cyrulnik. Il est nécessaire de mettre à jour les processus sociaux et culturels par lesquels des personnes en viennent à se plier sans discernement à l’autorité de chefs dictateurs.         

Le petit enfant est nécessairement pris dans une forme d’obéissance à l’autorité de ses parents ou des personnes qui prennent soin de lui. Il apprend ainsi l’existence de cadres et de limites construits socialement et il apprend à contrôler ses pulsions. Cet apprentissage lui sera très utile dans sa vie adulte. Selon Boris Cyrulnik, ce n’est qu’à cette condition et si l’attachement est sécurisant qu’il pourra structurer sa personnalité et accéder ensuite à des formes d’autonomie.

Si l’attachement n’a pas été sécurisant dans le foyer et si le contexte social et culturel environnant n’offre pas de refuge ou d’alternatives, l’individu se met « à errer », sans prise, sans attache, perdu, confus. Il est alors vulnérable et susceptible de se laisser prendre dans les mailles des filets de manipulateurs qui construisent des ennemis imaginaires et lui promettent des formes de protection contre ces derniers.

Boris Cyrulnik cite plusieurs exemples et notamment celui d’une famille dont une partie des membres a vécu un processus d’emprise mis en place par un homme de ménage. Pour lui, c’est le même mécanisme qui a mené des millions de personnes à être sous l’emprise de Hitler, le chef, qui promettait le bonheur après l’humiliation. Pourtant le discours nazi ne reposait sur aucun fondement réel ou scientifique.

21. Toute-puissance du conformisme

Le petit enfant se construit nécessairement avec l’intrusion, dans son intimité, des adultes qui prennent soin de lui. Il est encouragé au conformisme, c’est-à-dire à l’imitation du comportement des adultes sur un ensemble de sujets :

  • Le langage ;
  • Le style de langue ;
  • Les formules de politesse ;
  • L’organisation de l’espace, de son temps ;
  • La manière de s’adresser aux autres, etc.

Par ce processus, « les autres » et la société « entrent en lui » en quelque sorte.

Le tempérament et la personnalité de l’enfant qui grandit se fabriquent alors par une transaction continue entre sa volonté et ce qui est permis par la société et par les autres.

Lorsque cette transaction ne peut plus se faire, lorsque l’emprise d’un Autre empêche l’individu de ressentir même sa propre volonté, alors il se soumet totalement et se dépersonnalise.

22. Imiter, c’est être avec

Au début de sa vie, le petit enfant imite les comportements des autres enfants et des adultes qui se trouvent autour de lui. Il est très sensible « à ce qui vient des autres » (p. 169). À partir de l’âge de 18 – 24 mois, il commence à pouvoir garder en mémoire certains comportements qu’il a observés et il peut les reproduire à d’autres moments.

« L’enfant commence à s’autonomiser parce que dans sa mémoire il a reçu l’empreinte de l’adulte. Pour devenir soi-même, il faut avoir été imprégné par un autre ; pour mener quelqu’un à l’émancipation, il faut lui avoir tenu la main ; pour penser par soi-même, il faut avoir été avec les autres. Cela explique pourquoi les enfants non guidés ont du mal à s’émanciper, ils divaguent et se sentent mieux quand ils ressentent l’emprise d’un autre. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 170)

Des chercheurs ont montré, à travers diverses expériences, que les êtres humains sont instinctivement portés à l’imitation. La vue d’un geste précis (par exemple quelqu’un qui tend la main vers un sandwich), ou le ressenti d’une émotion d’une autre personne (par exemple le dégoût), active certaines neurones et zones de leur cerveau qui poussent à vouloir imiter ce geste ou à ressentir la même émotion. C’est le pouvoir des « neurones miroirs » qui, selon Boris Cyrulnik, explique les mécanismes d’emprise et de manipulation.

Le laboureur et les mangeurs de vent - Nuage de croyance

23. Épidémies et nuages de croyances

Quel est le point commun entre des croyances et des virus ? Ils se répandent très vite, par contagion, à l’intérieur des groupes humains. Seuls quelques humains ne sont pas contaminés.

Depuis que les humains ont commencé à se sédentariser au néolithique (- 12 000 ans), ils ont accumulé des réserves de nourriture qui ont favorisé le développement des rats qui, à leur tour, ont contribué à véhiculer et à propager des épidémies, notamment la peste.

Face à ces épidémies qui tuaient des millions de personnes en un temps records, nombreux sont ceux qui ont discrédité les véritables tentatives d’explications scientifiques. Ils mettaient alors en avant des explications infondées qui attribuaient la faute de leurs malheurs aux humains eux-mêmes : leurs souffrances étaient causées par leurs propres péchés.

C’est ainsi qu’au cours de l’histoire, des milliers de personnes – notamment des Juifs mais aussi des femmes accusées de sorcellerie – ont été condamnées à subir les pires sévices pour expier les malheurs qui frappaient le plus grand nombre.

« Quelques médecins avaient compris que la contagion se faisait par « la parole » ou par le partage d’un repas avec les pestiférés. Ils ne furent pas écoutés parce qu’il est plus facile et plus grandiose de croire que la tragédie est due à l’apparition d’un astre, à une punition divine ou à un complot juif. La pensée paresseuse remporte les suffrages. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 181)

24. Se laisser entraîner dans un crime de masse

Un petit enfant subit nécessairement l’emprise de ses parents – ou des adultes qui prennent le plus soin de lui – puisqu’il n’a pas la capacité à accéder à l’autonomie de pensée et de s’occuper de lui-même.

Si ses parents entretiennent une relation saine avec lui, il va progressivement acquérir, non seulement la capacité, mais également l’envie d’être autonome, c’est-à-dire de penser par lui-même et de réaliser ses propres choix. La relation parent-enfant va alors se reconfigurer pour une relation d’adulte à adulte.

Malheureusement, il arrive qu’un enfant, au cours de sa maturation, trouve finalement plus confortable de rester sous l’emprise, soit de ses parents, soit d’un système social plus large qui lui apporte sécurité et affection. Il se laisse alors guider dans des structures de socialisation intermédiaires qui se placent entre la famille et la société.

Les lecteurs de cet article ont également lu :  Conversations Cruciales

Un enfant qui a évolué dans un milieu pauvre en stimulation, qui a reçu peu d’affection et qui s’est toujours vu répéter les mêmes slogans éprouvera beaucoup de difficultés à accéder à une pensée autonome à l’âge adulte. Il continuera à éprouver l’envie de satisfaire les demandes de ceux qu’il considère comme supérieurs à lui et dont il recherche l’approbation. C’est ainsi que l’on fabrique un « défenseur d’idéologie identitaire » (p. 183).

« Penser par soi-même nécessite une force mentale qui aide à rester seul en échappant à l’influence de ceux qu’on aime. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 188)

25. Publier ce qu’on désire croire

Des jeunes issus d’une même culture peuvent emprunter des voies bien différentes. Certains trouvent du plaisir à se soumettre à des idées qu’ils ne comprennent pas vraiment mais qui semblent leur donner de la valeur.

Lorsque le pays est dans une situation de guerre et que tout le tissu social est désorganisé, les frontières avec la légalité sont floues. L’attachement à des discours fanatiques et des formes d’action violentes semblent offrir une forme de libération.

« C’est très avantageux de refuser de voir et d’accepter sans réfléchir ce qu’on vous demande de croire. La servitude volontaire mène à la certitude volontaire. Pour aboutir à ce confort, il suffit de côtoyer des gens qui articulent les mêmes mots que vous. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 202)

À l’inverse, d’autres « préfèrent prendre un peu de distance afin de juger l’évènement et de préserver leur liberté intérieure » (p. 199). 

26. Douter pour évoluer

Pour vous engager dans la vie, vous devez avoir quelques certitudes mais celles-ci doivent être évolutives pour vous permettre de vous adapter à différents contextes et évènements. Vous devez également conserver un espace pour découvrir et vous laisser surprendre.

Certaines personnes, malheureusement, acquièrent très tôt des certitudes qu’elles cherchent à toujours confirmer sans jamais les questionner. C’est ainsi que des grands criminels de guerre nazis, comme Mengele, ont cherché des maîtres à penser pour alimenter et confirmer leurs certitudes, sans jamais chercher à les confronter à la réalité.

Ces certitudes leur ont permis d’acquérir une grande confiance en eux qui les a menés jusqu’au pouvoir. Ils ont alors pu imposer leurs valeurs destructrices à un grand nombre de personnes.

27. École et valeurs morales

Pendant longtemps, l’homme a été héroïsé dans un rôle de guerrier et la femme dans un rôle de mère au foyer. L’esprit guerrier valorisait la victoire contre un ou plusieurs ennemis, réels ou imaginaires, bien plus que la vérité.

Mais les valeurs morales se modifient au fil des époques. Aujourd’hui, penser à « se réaliser » est tout à fait accepté, voire même encouragé dans une certaine classe sociale. Chacun ou chacune, par ailleurs, peut exercer la profession de son choix.

Les certitudes évoluent avec les cultures qui les fabriquent et les véhiculent. Lorsque des certitudes s’imposent trop fortement aux membres d’une société, la pluralité des choix et des croyances diminue.

C’est ainsi que, pour continuer à pratiquer leur religion, certains doivent se cacher et inventer de nouvelles manières d’accéder à leurs rituels, tout en faisant semblant de pratiquer la religion imposée. Ainsi ils ne se soumettent qu’en apparence mais conservent leur liberté intérieure.

Les certitudes préfabriquées sont aussi bien utiles à ceux qui, incapables de penser par eux-mêmes et de prendre des décisions, s’en saisissent pour se réconforter.

« Si je fais le mauvais choix, je serai coupable des conséquences malheureuses, alors j’hésite, je piétine et je ne parviens plus à décider. Par bonheur, je suis apaisé quand quelqu’un décide pour moi. Je perds ma liberté intérieure, mais je ne souffre plus d’indécision. C’est ainsi qu’on peut aimer la servitude qui nous libère de l’angoisse du choix. […] La certitude et l’abusive clarté empêchent d’évoluer et de découvrir d’autres vérités. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 211 – 212)

28. Choisir nos pensées

Cyrulnik cite l’exemple de Viktor Frankl qui a perdu toute sa famille dans le camp d’Auschwitz. Unique survivant, dans un moment extrêmement douloureux et difficile, il décide qu’il veut « comprendre ce qu’il s’est passé pour donner un sens à sa vie ».

Si l’on reste prisonnier d’un traumatisme, on ne peut plus rien faire d’autre que de vivre comme si l’on ressentait en permanence les émotions liées à ce traumatisme et, en réalité, on ne vit plus. On ne peut plus ni penser, ni aimer, ni travailler. On ne fait que souffrir.

En décidant de comprendre ce qu’il s’est passé, Viktor Frankl a essayé de modifier la représentation du traumatisme et d’aller vers une nouvelle vie. Contre l’avis de beaucoup, il a réussi à prendre la défense de nazis qui avaient essayé de protéger ou d’aider des Juifs. Comme Hannah Arendt, il regarde avant tout la valeur morale de la personne au lieu de la représenter à travers un préjugé.

29. Attachement et raisons

Sous Vichy, un préfet musulman, Chérif Mécheri, décide de ne pas appliquer l’ordre qui lui a été donné d’établir la liste des Juifs habitant la région de Limoges. Il évite ainsi une rafle.

Comment expliquer que certains prennent le risque de désobéir alors que d’autres se soumettent à des ordres pouvant entraîner la mort de milliers de personnes ?

Eichmann a répété, à maintes reprises au cours de son procès, qu’il ne « faisait qu’obéir ». Mais, s’il obéissait avec autant de zèle à ces ordres, c’est – nous dit Cyrulnik. – Ceci parce qu’ils répondaient « à ses propres désirs de destruction » et à son antisémitisme. L’affectivité d’Eichmann était tellement éteinte qu’il « parlait sans émotion une langue technique comme s’il avait lu le mode d’emploi d’une machine à laver » (p. 229). Pendant son procès, il n’a établi aucun contact visuel avec les témoins.

La mise à distance de l’autre en tant qu’être humain était aussi pratiquée par les officiers qui, venant chercher des enfants en pleine nuit pour les mener vers les camps de la mort, évitaient de les regarder.

« La monstruosité serait-elle banale, sommeillant au fond de chacun d’entre nous. Et se réveillant chaque fois que notre besoin d’appartenance risque d’être déchiré ? Accepterions-nous d’obéir à des ordres monstrueux pour éviter de perdre une figure d’attachement ? Notre besoin d’affection est tellement vital que nous nous laissons convaincre par n’importe quel argument qui maintient le lien. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 235)

30. Anomie affective et verbale

Boris Cyrulnik évoque ici les trois niches – biologique, affective, et verbale – qui constituent l’environnement de tout être humain. Ces niches peuvent se modifier tout au long de la vie, mais certains moments sont particulièrement cruciaux :

  • Les trois premières années de l’enfant (1000 premiers jours) ;
  • À l’adolescence ;
  • Pour les femmes, « un façonnement supplémentaire au cours de la première grossesse ».

Lorsque l’enfant évolue dans un milieu appauvri en stimulation et que les niches sont défaillantes, il manque d’estime de soi. Obéir à l’autorité lui apparaît alors, même lorsqu’il est adulte, comme un moyen pour se sécuriser. À l’inverse, une personne qui a pu se stabiliser émotionnellement sera moins dépendante de l’autorité.

Selon Cyrulnik, la plupart des tueurs ont des structures psychologiques qui se situent dans la normalité.

« Un homme normal peut tuer sans frein ni culpabilité. Lorsqu’une désorganisation sociale le vulnérabilise et le rend dépendant de l’autorité d’un autre. Les masses sont aveugles quand leur environnement mal structuré les rend vulnérables. Quand l’incertitude les trouble, elles aspirent à se soumettre à un chef, un sauveur, un héros ou un gourou. Les hommes et les femmes qui se laissent embarquer sont rarement des sadiques, des monstres ou des débiles.

Tous les niveaux intellectuels et éducatifs participent au crime de masse. Par contre, tous se soumettent à une représentation qui décrit un ennemi d’où vient le mal. Comme une souillure ou comme un cancrelat qu’il faut éliminer par hygiène. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 241)

31. Se soumettre à l’autorité

Au tout début des années 1960, Stanley Milgram, un jeune psychosociologue, réalise une expérience qui est devenue très célèbre. Il voulait observer jusqu’à quel point des personnes ordinaires pouvaient obéir. C’est-à-dire, obéir jusqu’à commettre un meurtre sans éprouver de problème moral.

Au cours de l’expérience, des personnes incarnant des médecins empreints d’autorité demandaient aux participants d’infliger des décharges électriques à un apprenant – en réalité un comédien – lorsque celui-ci se trompait en répondant à des questions.

Le résultat fut que deux tiers des personnes (65%) infligeaient des décharges mortelles à l’apprenant. Alors que celui-ci manifestait des signes de souffrance évidente. « Ce qui expliquait cette obéissance excessive, c’était la soumission à une autorité morale. » (p. 244)  

Lorsque l’expérience a été reproduite, les résultats étaient identiques. Les obéissants étaient toujours plus nombreux que les désobéissants alors même qu’il s’agissait de faire souffrir quelqu’un.

Boris Cyrulnik explique que l’obéissance est un puissant « signe d’intégration sociale ». Alors que la désobéissance est perçue par beaucoup comme « le symptôme d’une socialisation difficile ».

32. Glaciation affective

Boris Cyrulnik mobilise ses connaissances en neuropsychiatrie pour expliquer les réactions qui peuvent se produire dans le cerveau et le corps lorsqu’un être humain traverse certaines situations.

Lorsqu’un enfant évolue dans un contexte pauvre en stimulation affective et cognitive, il n’apprend pas à exprimer ce qu’il ressent à travers des mots et éprouve des difficultés à gérer ses émotions. Il est donc soumis à ses pulsions et peut « exploser » à tout moment.

À l’inverse, lorsque le milieu socio-culturel surstimule l’enfant tout en le contraignant à participer à des évènements collectifs exaltant l’autorité d’un chef, toutes les âmes se ressemblent. La peur et l’affectivité disparaissent ainsi que la possibilité d’une pensée autonome ; « on perd sa liberté intérieure ».

33. Liberté intérieure

Terminons le cheminement entrepris par une citation, assez longue, mais qui définit bien le parcours de pensée de l’auteur dans ce livre.

« Le choix est clair, mais il est douloureux. Ceux qui s’engagent sur le chemin de la liberté intérieure perdront leurs amis. Ils seront haïs par ceux qu’ils aiment, comme l’a été Hannah Arendt. Penser par soi-même, c’est s’isoler : l’angoisse est le prix de la liberté […].

Par bonheur nous pouvons agir sur le milieu qui agit sur nous. Il suffit d’organiser autour des enfants un milieu sécurisant qui leur donnera le plaisir d’explorer. Plusieurs figures d’attachement leur seront proposées pour leur apprendre à aimer de diverses manières. Nous ouvrirons leur esprit en leur apprenant plusieurs langues, plusieurs manières de penser et d’explorer diverses cultures.

Nous possédons les outils pour agir sur le réel qui agit sur nous. C’est un degré de liberté donc de responsabilité. » (Le laboureur et les mangeurs de vent, p. 258)

Acquérir une liberté intérieure selon Boris Cyrulnik : tout l'enjeu du livre Le laboureur et les mangeurs de vent.

Conclusion sur « Le laboureur et les mangeurs de vent. Liberté intérieure et confortable servitude » de Boris Cyrulnik :

Un ouvrage saisissant qui nous incite à trouver notre liberté intérieure :

La lecture de ce livre est bouleversante. Nous sommes mis face aux conséquences d’une idéologie totalitaire. Boris Cyrulnik explique comment il a survécu aux épreuves endurées pendant la Seconde Guerre mondiale et surmonté la perte de sa famille.

Sa formation en neuropsychiatrie, son expérience professionnelle et le dialogue avec certains grands penseurs, comme Hannah Arendt, viennent à l’appui d’une réflexion dense, vivante et frappante sur les enchaînements qui mènent certains humains à en faire souffrir des millions d’autres.

Grâce à ce livre, vous aurez donc plus de force pour échapper à l’influence et à la manipulation d’autrui et construire votre propre personnalité.

Ce qu’il faut retenir de « Le laboureur et les mangeurs de vent. Liberté intérieure et confortable servitude » de Boris Cyrulnik :

Boris Cyrulnik, en tant que neuropsychiatre, s’est intéressé aux mécanismes de développement de l’enfant.

Alors, il montre combien il est nécessaire, pour un enfant, d’être sécurisé par les adultes. Des adultes prennent soin de lui et de recevoir de l’affection. Il doit également recevoir des stimulations variées. Il doit être mis en relation avec différentes manières de penser et de voir le monde, différentes cultures. C’est ainsi que l’enfant aura le plus de chance d’accéder à une forme d’autonomie dans ses pensées et ses choix. C’est ce que l’auteur appelle « la liberté intérieure du laboureur ».

À l’inverse, un enfant peu sécurisé ou sursécurisé dans un milieu où tout est identique aura plus de risque de devenir un « mangeur de vent ». C’est-à-dire à se conformer à un discours, des slogans prononcés par des chefs et des manipulateurs. Il sera alors incapable de prendre le recul nécessaire pour exercer une pensée critique et affranchie du milieu ambiant. C’est ainsi que des millions de personnes peuvent se retrouver embrigadées dans une voie qui mène au malheur. Une voie totalement injuste, de millions d’autres. Ils ressentent alors des émotions exaltantes au contact d’énoncés qui n’ont pourtant aucun lien avec la réalité. Mais, qui permettent de se sentir appartenir « au groupe ».

Face au danger toujours bien présent que représentent les idéologies manipulatrices et meurtrières, il est urgent de travailler. Travailler à la prise de conscience de tous et à l’éducation des enfants. Et ceci dans des environnements sains et riches en affects et en stimulations.

Les points forts et les points faibles du livre Le laboureur et les mangeurs de vent

Points forts :

  • Une analyse essentielle des mécanismes qui mènent des millions de personnes à soutenir des idéologies meurtrières ;
  • L’évocation des expériences de vie éprouvantes de l’auteur ;
  • Des exemples profonds et frappants de résistance et de barbarie.

Point faible :

  • Des répétitions et des digressions qui nuisent à la cohérence de l’ouvrage.

Ma note :

Le petit guide pratique du livre Le laboureur et les mangeurs de vent de Boris Cyrulnik

Autour de quoi s’accentue le livre Le laboureur et les mangeurs de vent de Boris Cyrulnik ?

Dans son livre, Boris Cyrulnik livre une réflexion profonde et saisissante sur les processus qui peuvent mener à la liberté intérieure ou à la soumission à une idéologie meurtrière.

Foire Aux Questions (FAQ) du livre Le laboureur et les mangeurs de vent de Boris Cyrulnik

1. Comment le public a accueilli le livre Le laboureur et les mangeurs de vent de Boris Cyrulnik ?

Le livre a été bien accueillis par le public. Ceci s’explique par le millier d’exemplaires vendus à travers le monde.

2. Quel fut l’impact du livre Le laboureur et les mangeurs de vent de Boris Cyrulnik ?

Le laboureur et les mangeurs de vent a permis au public lecteur d’avoir une compréhension plus poussée sur les mécanismes de la psychologie humaine.

3. À qui s’adresse le livre Le laboureur et les mangeurs de vent de Boris Cyrulnik ?

Ce livre est recommandé à tous ceux désirent avoir une meilleure compréhension de soi et des autres. Tous ceux qui désirent s’accepter et comprendre les ressorts de la curiosité.

4. Quelles sont les deux catégories de personnes qui existe selon l’auteur ?

  1. Les extatiques, ou mangeurs de vent 
  2. Les laboureurs 

5. Qu’est-ce que le style d’attachement ?

L’auteur définit un style d’attachement comme une façon d’établir des relations avec les autres

Les stratégies de survie pour améliorer le sommeil vs Les différents types de personnes

Les stratégies de survieLes différents types de personnes
Faire une carrière de victimeCeux qui voient dans les différences une source de richesse pour l’humanité
Donner sens au malheurCeux qui éprouvent le besoin de se situer dans un rapport de force

Qui est Boris Cyrulnik ?

Boris Cyrulnik est né le 26 juillet 1937 à Bordeaux. Il est auteur de récits psychologiques et de vie pour le grand public et personnalité médiatique française.

Depuis 2007, il coanime l’émission dominicale Histoire de l’homme sur France Info avec Marie-Odile Monchicourt et Yves Coppens. Il est membre du comité de parrainage du comité de pilotage de la Décennie française de la culture de paix et de non-violence.

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