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Au cœur de l’esprit critique

Au cœur de l'esprit critique de Séverine Falkowicz

Résumé de « Au cœur de l’esprit critique : Petit guide pour déjouer les manipulations » de Séverine Falkowicz (avec Clément Naveilhan et Mr ContraDico) : un manuel adapté à l’ère numérique pour apprendre à repérer les mensonges et autres fake news afin de ne pas se laisser berner bêtement et de naviguer avec plus d’aisance dans l’océan informationnel.

Par Séverine Falkowicz (avec Clément Naveilhan et Mr ContraDico), 2023, 269 pages.

Chronique et résumé de « Au cœur de l’esprit critique : Petit guide pour déjouer les manipulations » de Séverine Falkowicz (avec Clément Naveilhan et Mr ContraDico)

Chapitre 1 — Avez-vous dit zététique ?

À l’origine, un intérêt pour le paranormal

Étymologiquement, le terme zététique vient de zetetikos (en grec), c’est-à-dire « qui aime chercher ». Pour le dire en deux — ou plutôt quatre — mots : c’est « l’art du doute« . En tant que discipline ou « art », la zététique se propose de mettre à disposition un ensemble de « techniques efficaces » afin d’assurer votre « autodéfense intellectuelle« .

Bien entendu, il ne s’agit pas de tout mettre en question, mais d’apprendre comment douter ET comment s’assurer de sources fiables en lesquelles avoir confiance.

La zététique a fait ses débuts avec les phénomènes paranormaux et s’étend aujourd’hui à l’étude des « pseudosciences » — ces disciplines qui ont l’air d’être des sciences, mais qui échouent à en satisfaire les exigences — et même des croyances familières ou des thérapies étranges dans le domaine de la médecine et de l’alimentation.

Une démarche basée sur le doute raisonnable

Deux éléments clés de la démarche zététique sont :

  1. Le doute ;
  2. La vérification des informations.

Démarche dite rationnelle (appuyée sur la logique), la zététique s’intéresse aux faits, qu’elle distingue des croyances. Les faits sont établis à partir d’une méthode scientifique.

La méthode expérimentale, qui est très importante en science, est fondée sur un principe de falsification : il s’agit de rechercher des arguments qui invalident notre hypothèse de départ.

Une chose à retenir : la frontière entre croyances et faits n’est pas définitive. Ce que nous tenons aujourd’hui pour vrai peut se révéler, à l’étude, être une croyance (c’est-à-dire infondé du point de vue scientifique).

Développer son esprit critique

Selon le sociologue Gérald Bronner :

Il est question d’apprendre à s’approprier correctement nos savoirs et à les utiliser avec justesse. Ce qui n’est pas facile, car nous avons des biais (nous y reviendrons) et que nous évoluons dans des environnements — notamment numériques — qui nous incitent parfois à l’erreur.

La zététique nous aidera à séparer le bon grain de l’ivraie, à la fois en nous et en dehors de nous. Et elle le fera à la fois pour nous aider à être plus intelligents (plus « critiques », donc) et pour aider les autres, lorsque cela est nécessaire.

🤓 À propos de Gérald Bronner, avez-vous lu son livre Apocalypse cognitive ?

Un appui pour le développement personnel

Pour Séverine Falkowicz, la zététique s’intègre parfaitement dans une démarche de développement personnel bien pensée, notamment car elle vous aidera à :

  • Repérer charlatans et manipulateurs ;
  • Vous aider dans vos prises de décisions ;
  • Trouver les meilleurs outils pour évoluer.

Chapitre 2 — Un gain de temps sur le chemin de la connaissance

dissocier connaissances et croyances

Bien dissocier connaissances et croyances

« Trier n’est pas évident« , dit l’auteure. Les notions de « connaissance » (mais aussi de fait) et de « croyance » sont comme des réservoirs aux contours eux-mêmes incertains. Que placer dans la boîte « connaissance » ? Et dans le carton « croyance » ? En réalité, nous avons souvent affaire à un continuum.

La question devient donc : quel est le degré de confiance que je peux avoir en telle ou telle proposition/information ?

Comme nous ne pouvons pas être des experts dans tous les domaines, nous devons nous fier à ce que d’autres disent. Par exemple concernant la rotondité de la Terre. Nous ne sommes pas physiciens et pourtant nous savons que la Terre est ronde. Ici, la connaissance est bien établie ; elle repose sur des savoirs expérimentaux et théoriques très solides en lesquels nous pouvons avoir toute confiance.

Parfois, et même souvent, c’est plus incertain. Notre quotidien est littéralement truffé de croyances qui se font passer (volontairement ou non) pour des connaissances.

Une communauté qui offre des contenus assez fiables

Les journalistes scientifiques et autres « debunkers » ou zététiciens forment une communauté de personnes qui se dévouent à garantir la fiabilité des informations et à partager leurs recherches.

En tant que citoyens, nous pouvons bénéficier de leur travail — mais aussi prendre exemple sur leurs manières de faire (comme croiser les sources, par exemple). Leurs contenus informatifs sont présents partout sur les réseaux sociaux et dans les médias plus traditionnels.

🚀 Séverine Falkowicz donne de très nombreux exemples d’auteurs et de forums, comptes, chaînes, etc. à suivre dans l’ouvrage, p. 24-26 !

Une boîte à outils pour plus d’autonomie

Mais la zététique, comme nous l’avons dit plus tôt, c’est avant tout un art à pratiquer par et pour soi-même. Grâce à un usage répété de votre esprit critique, vous deviendrez plus autonome et responsable.

D’ailleurs, la communauté des zététiciens, si elle existe, n’a rien d’homogène et ne constitue en rien une « doctrine » à suivre les yeux fermés — au contraire !

Violences et scissions au sein du monde sceptique

Eh oui, vous le savez sans doute, la vie sur Internet et sur les plateformes en ligne n’est pas de tout repos. Et elle peut même — oh horreur ! — être assez violente et conflictuelle ! Les vlogs, blogs et autres chaînes YouTubes ou podcasts des zététiciens n’échappent pas toujours à la règle. Il y a parfois du grabuge à l’intérieur même de cette communauté… Que celle-ci viennent des publications ou des commentaires qui en découlent.

Après avoir détaillé les tenants et les aboutissants de ces bagarres, l’auteure plaide pour une bonne entente à distance entre les différentes composantes de la zététique, tout en engageant un dialogue constructif lorsque cela est requis ou bienvenu.

Élaborer une charte zététique

Séverine Falkowicz plaide pour la création d’une charte zététique pour s’accorder sur les grands points d’entente et assurer des relations interpersonnelles plus saines.

Elle considère que la psychologie sociale (qui est son champ d’expertise académique), ainsi que les sciences humaines et sociales de façon générale, pourraient aider les zététiciens à dépasser leurs malaises? L’enjeu est de générer un projet collectif.

📜 Une proposition de charte zététique élaborée par Séverine Falkowicz, Paul Blais et Marine Teyssou Mathieu est d’ailleurs à retrouver à la fin de l’ouvrage, p. 225-230.

Lutter contre soi-même

C’est bien connu maintenant : notre cerveau nous joue des tours. Le thème des biais (sur lequel nous reviendrons au chapitre suivant) est essentiel. L’auteure l’introduit ici à partir de la question du « biais de confirmation d’hypothèse » qui nous incite à ne retenir que les informations qui vont dans le sens qui nous arrange.

La meilleure façon de contrer ce biais : accepter la contradiction et être humble.

Comme il existe plus de 200 biais cognitifs répertoriés à ce jour, la scientifique préfère éviter la surcharge informationnelle et renvoie vers plusieurs livres de référence.

👉 Si vous voulez creusez le thème, il vous faudra absolument découvrir « LE » livre de référence sur le sujet, Système 1/Système 2.

Lutter contre les autres quand ils sont dans l’erreur

Le pouvoir de la rhétorique peut nous emmener dans les endroits sombres de la « pensée fallacieuse » explorée ici par l’auteure. En plus des biais (qui sont inscrits en nous), il existe de nombreux procédés qui donnent l’apparence du vrai sans son assurance. Bref, les argumentations fallacieuses sont des argumentations en toc !

Cela dit, la rhétorique n’est pas à rejeter. Elle est utile et mieux vaut la connaître, notamment pour se prémunir contre ses risques. Il importe de connaître les pièges que nous tendent le langage et la pensée.

Perdre du temps à se former, pour en gagner plus tard

En tant qu’apprentis zététiciens, nous chercherons à développer notre culture générale et à être plus compétents dans différents domaines.

Nous veillerons aussi à traiter l’information avec plus d’impartialité, c’est-à-dire, aussi, à mieux nous connaître nous-mêmes (nos biais), ce qu’on appelle acquérir des « connaissances métacognitives« .

L’échelle de niveaux de preuve

Voici un premier outil bien pratique : l’échelle de niveaux de preuve.

Mais commençons par les indices de la vérité d’un fait. Voici une façon de déterminer la fiabilité d’une information grâce à l’origine de celle-ci :

  1. Mon bon sens : « c’est moi qui pense ça (car j’en ai le sentiment, l’intuition, etc.) ».
  2. La rumeur : « Un copain m’assure que… », « j’ai entendu dire que… »
  3. La sagesse populaire : « Ça a toujours été ainsi », « C’est interdit ».
  4. Le témoignage : « D’après mon expérience, cela fonctionne pour moi (ou pas) », etc. ;
  5. La parole d’expert : « Mon expertise (mon habilité dans tel ou tel domaine) me fait penser que… ».

Maintenant, qu’en est-il des preuves à proprement parler ? Séverine Falkowicz distingue entre :

  1. La publication de données originales (un article scientifique) [6] ;
  2. La reproductibilité de l’étude [7] ;
  3. La méta-analyse [8] ;
  4. Le consensus scientifique [9].

En fait, ces numéros devraient suivre les cinq premiers. Si l’expert fonde son discours sur un consensus scientifique bien établi par une série d’études qui se croisent et se confirment les unes les autres, alors nous pouvons lui attribuer une confiance maximale.

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Questionner les fondements de nos croyances

C’est une bonne habitude à prendre : d’où vient ce que je pense ? Se poser cette question nous oblige à creuser nos idées et à mettre en œuvre le processus de tri croyance/connaissance. Plus profondément, ce type de questionnement nous aide à comprendre le monde avec plus de finesse. C’est ce que dit ici Séverine Falkowicz :

« L’exercice de l’esprit critique ne consiste par, par ailleurs, à se contenter de catégoriser l’information dans les registres du « vrai » ou « faux », afin de maîtriser les savoirs (…). C’est également une démarche qui, tout en nous permettant d’affiner des catégories parfois complexes, nous offre la possibilité de mieux comprendre le monde qui nous entoure et ce que ces catégories impliquent. » (Au cœur de l’esprit critique, p. 51)

Un monde sans pizza : corrélation et causalité

Il est important de bien évaluer la façon dont les connaissances et les informations s’articulent les unes aux autres. Parfois, deux faits peuvent sembler si proches que l’un paraît « causer » l’autre. Mais ce n’est pas toujours vrai. La notion de corrélation est ici essentielle à cerner.

En fait, il s’agit de comprendre la différence entre causalité et corrélation :

  • La corrélation indique la contemporanéité de deux phénomènes (par exemple, je constate l’augmentation de x lorsque je mange plus de y) ;
  • La causalité indique une implication de cause à effet (c’est parce que je mange plus de y que mon taux de x augmente).

L’auteure prend l’exemple de la relation entre le cancer du foie et la consommation de pizza. Je vous laisse aller trouver sa conclusion p. 52-53 ! En tout cas, retenez que nous aurons souvent besoin de l’expertise (réalisation d’études plus poussées) pour déterminer s’il s’agit d’une corrélation ou d’une causalité.

La physique au centre des sciences

Chapitre 3 — Ces pièges qui nous guettent

Des heuristiques de jugement

En réalité, les biais cognitifs (dont nous avons déjà fait connaissance plus haut) ne sont qu’une partie d’une catégorie plus générale nommée « heuristiques de jugement« . Celles-ci sont des stratégies qui « nous permettent de répondre de façon simple à une question complexe, quitte à ignorer une partie de l’information ».

En fait, ce sont des raccourcis bien pratiques, mais qui peuvent être potentiellement dangereux (lorsque nous nous trompons par exemple sur les risques que nous courons en faisant telle ou telle chose).

L’une de ces heuristiques est de ce confier aux autres pour prendre des décisions. Nous agissons souvent à partir de ce que les autres ont jugé bien avant nous. C’est la preuve sociale.

Souvent, c’est sans danger (dans le cas d’un achat d’une raquette de tennis, par exemple), mais ce comportement peut aussi avoir des conséquences plus dramatiques, comme lorsque nous imitons des personnes qui demeurent passives face à une agression, par exemple.

La pensée fallacieuse

Des notions telles que « paralogismes » ou « sophismes » peuvent faire peur, mais elles indiquent seulement des erreurs de logique ou d’argumentation :

  • Volontaire dans le cas du sophisme ;
  • Involontaire dans le cas du paralogisme.

Séverine Falkowicz propose de classer les types et exemples de pensée fallacieuse. Vous trouverez dans le livre cinq tableaux particulièrement complets :

  • Erreurs logiques, p. 63-68 ;
  • Manipulations de l’esprit, p. 69-74 ;
  • Jeux d’émotions, p. 75-76 ;
  • Manipulations de contenu, p. 77-80 ;
  • Attaques, p. 81-84.

L’illusion de savoir

illusion de savoir, esprit critique

Avec Internet, par exemple (mais pas seulement), nous pouvons avoir la sensation d’obtenir rapidement tout la connaissance disponible et nécessaire sur tel ou tel sujet. Mais ce n’est pas le cas ! Pourquoi ?

  • D’abord, car la qualité des contenus n’est pas garantie et que nous devons donc faire le tri (encore une fois) nous-mêmes.
  • Ensuite, parce que nous devons être en mesure de classer les informations par ordre d’intérêt et de pertinence.
  • Enfin, et c’est plutôt la cause de tout ceci, parce que nous vivons dans un environnement de compétition informationnelle où les « bonnes informations » ne sont pas nécessairement les plus valorisées (ce pourrait même être l’inverse, par moment).

En somme, restons humbles quand nous croyons savoir ; cela pourrait bien être une illusion !

Une surconfiance : l’effet Dunning-Kruger

Dans le même ordre d’idées, nous nous pensons souvent plus compétents que nous ne le sommes vraiment. C’est le phénomène de surconfiance mis en évidence en 1999 par David Dunning et Justin Kruger.

Un manque d’humilité

Voilà l’une des clés à conserver en mémoire afin de mettre un frein à ces deux problèmes : comprendre que nous manquons parfois d’humilité et travailler à la retrouver. Et cela vaut aussi — et peut-être surtout — quand nous nous frottons à la zététique !

🧩 Rester prudent et pleinement attentif, avec la volonté de dialoguer sereinement, sur le modèle de la communication non violente et de l’écoute active ; voilà ce dont nous avons besoin pour prendre soin de nos pensées.

La peur de fauter

Nous avons souvent peur de commettre une erreur. Pourtant, celle-ci est essentielle à l’apprentissage. Il est important de favoriser des environnements qui acceptent l’erreur tout en valorisant la réussite. Mais surtout, de ne pas lier la valeur personnelle (profonde) de l’individu à l’échec.

Nous retrouvons ici la posture d’humilité — et de prudence épistémique — qui devrait être celle de toute personne s’engageant sur la voie de l’esprit critique.

Un évitement ou une réduction de la dissonance cognitive

Le psychologue Léon Festinger a créé le concept de dissonance cognitive en 1957 pour parler d’un état d’inconfort psychologique lié à la connaissance. Par exemple, quand nous ne voulons pas reconnaître que nous tenons deux positions/opinons contradictoires ou que nous n’acceptons pas notre erreur.

Nous cherchons le plus souvent à l’éviter ou à la réduire. Mais ces comportements peuvent faire boule de neige et nous emmener encore plus loin dans nos erreurs ! Quitte, parfois, à nous enfoncer dans des croyances vraiment loufoques (voire dangereuses).

Une escalade d’engagement

Cet effet boule de neige est proche d’un autre phénomène appelé « escalade d’engagement » qui désigne le fait que « nous avons tendance à persévérer dans les « cours d’actions » dans lesquels nous sommes engagés ».

C’est ainsi que nous pouvons nous retrouver à faire des choses que nous n’aurions pas faites si nous avions pris le temps d’analyser le résultat des décisions antérieures.

Une saillance des enjeux identitaires

Enjeux épistémiques (mieux connaître le monde) et enjeux identitaires (donner une bonne image de soi) sont profondément liés dans les situations de communication de tous les jours.

Malheureusement, le souci de donner une bonne image de soi peut nous faire faire des choses négatives du point de vue de l’enjeu épistémique (et l’inverse est également vrai). En contexte scolaire, par exemple, ou lorsque nous sommes confrontés à une source d’influence, nous pouvons avoir tendance à faire passer l’enjeu identitaire avant l’enjeu épistémique.

Chapitre 4 — De multiples sources de diffusion des croyances

Les modalités de fonctionnement des médias

Le journalisme a beau être précieux, il convient de savoir douter, parfois, des propos qui sont tenus par ses représentants. Séverine Falkowicz énonce quelques raisons pour lesquelles la prudence s’impose, dont le manque de moyens humains et temporels qui sont alloués à la recherche et à la transmission d’information.

Les journalistes qui font de la vulgarisation scientifique doivent être particulièrement précautionneux. L’auteure cite plusieurs règles à suivre, comme le non-respect de l’équilibre des points de vue lorsqu’il est question de faits scientifiquement avérés versus des études peu sérieuses ou peu probantes. Elle cite encore la nécessité absolue de :

  • Sourcer systématiquement ;
  • Ne convoquer que des experts du domaine en question.

D’un point de vue plus général, il importe d’interroger la déontologie des journalistes et la propension de certains d’entre eux à remplacer la rationalité par le sensationnalisme. Il faut se rappeler l’importance des médias en tant que caisses de résonance des connaissances et des croyances.

Les efforts pour améliorer la qualité de ce service public essentiel doivent être entrepris à la fois du côté des producteurs de l’information (les journalistes) et des récepteurs (les lecteurs, les publics).

Le fonctionnement des réseaux sociaux

fonctionnement des réseaux sociaux

Avec la production de contenu par tout un chacun, cette frontière entre producteurs et récepteurs devient poreuse. Nous perdons le « socle d’information commun » qui était celui qu’offrait les médias traditionnels au profit d’une pluralité incessante de messages qui cherchent à capter notre attention.

Les algorithmes des réseaux sociaux génèrent des « bulles de filtre » qui nous enferment dans une vision étriquée qui reproduit de fait nos croyances préexistantes (on retrouve le biais de confirmation des hypothèses).

Le règne des fake news

« Les médias et les réseaux sociaux jouent un rôle majeur dans la propagation à grande échelle des fake news », affirme Séverine Falkowicz. Des études très sérieuses montrent l’influence de ces mensonges dans les grands enjeux politiques internationaux (les élections politiques aux États-Unis, notamment).

Plus largement, nous avons tous un rôle à jouer, dès lors que nous participons à la diffusion de ces messages. Depuis les politiciens jusqu’aux chercheurs et aux militants politiques et aux simples citoyens, nous participons tous à la prolifération de ces fake news qui mène à une « guerre de la désinformation » menaçant la démocratie.

Des caractéristiques psychologiques spécifiques

L’auteure met en évidence plusieurs traits de la psychologie humaine qui contribueraient à la diffusion des fausses informations? Je reprends ici les sous-titres de la section (p. 113-120) :

  • Un filtre par les pairs (nous faisons confiance au groupe) ;
  • Une exposition sélective à l’information (nous voyons d’abord ce qui nous plaît) ;
  • Un attrait pour des contenus à forte charge émotionnelle (sexe, nouveauté, conflit, peur, etc.) ;
  • Une survalorisation de nos croyances et de nos opinions (nous faisons trop confiance à ce que nous savons) ;
  • Une paresse intellectuelle (il est difficile de revenir sur quelque chose qu’on croit savoir) ;
  • Une propension à croire (tendance à produire des fictions).

L’auteure estime, à nouveau, que la psychologie sociale peut nous aider à débusquer nos faiblesses et nos forces et nous aider sur le chemin de l’esprit critique. Elle évoque plusieurs pistes en ce sens dans l’ouvrage.

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Un milieu éducatif insuffisamment formé

La science, comme les « fausses croyances » (celles qui ne reposent sur rien et n’ont donc aucun degré de vérité), a besoin de relais pour se diffuser. C’est ce qui a peut-être été trop oublié. Pour le dire autrement, le discours scientifique n’a pas pris la mesure de l’importance du « marketing cognitif », dixit le sociologue Gérald Bronner.

L’éducation est ici centrale, bien sûr. Et tout particulièrement l’enseignement de la méthode scientifique et de recherche d’informations. Au plus tôt ces règles sont apprises, au mieux c’est ! Bien sûr, pour ce faire, il faut donner des moyens aux enseignants, à commencer par des contenus et des outils liés à la pensée critique. Au final, il s’agit d’une question de volonté politique.

Cela créera-t-il des enfants (et des adultes) plus rebelles à l’autorité ? Pas nécessairement. Pour Séverine Falkowicz, la prise de risque de l’enseignement de l’esprit critique a des effets bénéfiques pour toute la société.

Planète bleue

Chapitre 5 — Développer son esprit critique : une nécessité pour tous

Oui mais moi je suis intelligent…

L’esprit critique, ce n’est pas la même chose que l’intelligence. Il est vrai qu' »être intelligent participe bien de l’esprit critique et contribue à son émergence, mais cela ne suffit pas », comme le dit l’auteure.

Séverine Falkowizc rapporte l’intelligence au test de QI (quotient intellectuel) et aux capacités d’adaptation d’un individu, tandis que l’esprit critique — on l’a vu plus haut — se rapporte à d’autres caractéristiques.

Néanmoins, un lien positif a été mesuré dans la littérature scientifique, notamment en termes de résistances aux biais cognitifs.

✅ Si vous voulez en savoir plus sur les biais cognitifs de manière amusante, lisez donc Vous n’êtes pas si malin de David Mc Raney !

Une affaire de posture psychologique : curiosité, désir de vérité, humilité…

habitudes psychologiques et esprit critique

L’esprit critique se développe à partir d’autres critères, tels que certaines attitudes ou habitudes psychologiques dont nous avons déjà parlé. Revenons un instant sur les trois plus importantes.

  1. Curiosité intellectuelle : vous avez envie de connaître de nouvelles choses, d’en savoir plus.
  2. Désir de vérité : vous êtes prêt à prendre le temps de dégager le vrai du faux et trouver des preuves.
  3. Humilité : vous savez que vous pouvez vous tromper et vous ne craignez pas de changer de position si c’est le cas.

Sans ces trois qualité personnelles, l’intelligence ne pourra pas vraiment vous aider à développer votre esprit critique !

… faible de besoin de clôture et fort besoin de cognition

En plus de ce que nous venons de dire, l’auteure insiste sur :

  • Le besoin de clôture cognitive : vous voulez être certain de quelque chose (sans ambiguïté !).
  • Le besoin de cognition : vous prenez un vrai plaisir à apprendre.

Il est donc possible de se mettre dans de bonnes dispositions pour développer son esprit critique. Pas besoin d’une intelligence hors norme, mais d’un développement de qualités personnelles propices à la connaissance.

Développer son set méthodologique

Pour pratiquer son esprit critique, il conviendra de :

  • Se demander où placer sa confiance en s’aidant par exemple de l’échelle des niveaux de preuve ;
  • Développer votre « mindware« , c’est-à-dire un ensemble d’outils et de règles, notamment logiques ;
  • Sensibiliser les enfants précocément, notamment via l’école, comme nous l’avons appris plus haut.

Des enjeux personnels et des enjeux de société

L’esprit critique est de plus en plus valorisé, que ce soit sur un plan :

  • Personnel : votre réussite à l’école, université, et même dans la vie de tous les jours ;
  • Économique : la compétence « esprit critique » a de plus en plus de succès dans les entreprises ;
  • Politique : vous devenez un meilleur citoyen capable de lutter contre les nouveaux obscurantismes.

Un exemple : la véracité de l’origine anthropique (humaine) du réchauffement climatique est remise en doute, parfois au plus haut niveau, alors que la communauté scientifique s’accorde largement sur cette idée.

Tous complotistes !

Pour Séverine Falkowizc, il importe de noter que la mise en doute est saine (nous l’avons vu jusqu’ici), mais qu’elle peut dégénérer et amener à des fausses croyances, voire à des théories du complot, lorsqu’elle n’est pas associée à des outils et des règles logiques permettant de trier le vrai du faux.

Pour autant, il est important de ne pas stigmatiser les personnes qui croient dans les théories du complot. Le zététicien se doit de conserver une attitude bienveillante.

Pour comprendre la « mécanique complotiste« , l’auteure s’aide des travaux du chercheur Pascal Wagner-Egger (2021) qui déploie cinq dimensions à prendre en compte :

  1. Sociétale et politique : manque de projet commun, sentiment d’impuissance ;
  2. Sociale : préjugés, voire racisme ;
  3. Psychopathologique : paranoïa et autres maladies mentales ;
  4. Irrationnelle : propension aux croyances en tout genre ;
  5. Communicationnelle : narration puissante, diffusion sur les réseaux sociaux, etc.

👀 Comment lutter contre les théories du complot ? Notamment en déployant l’humour, l’argumentation et l’empathie.

Juste libres

Des citoyens mieux informés forment, à terme, une société plus juste et plus libre. Comment ? Via les prises de décisions collectives qui s’opèrent, notamment, dans l’élection de nos représentants politiques.

Chapitre 6 — La boîte à outils du zététicien

Jamais sans mon échelle ni mon rasoir

Voici de quoi remplir votre trousse à outil « esprit critique ». Ce sont quelques règles plus ou moins récentes (certaines datent du Moyen-Âge !) pour vous aider dans votre recherche de la vérité :

  • Rasoir d’Ockham : en cas de doute, privilégiez l’hypothèse la plus simple (parcimonie) ;
  • Rasoir de Hitchens : rejetez sans preuve des arguments qui vous sont fournis sans preuve ;
  • Rasoir de Hanlon : privilégiez une explication par la bêtise à une explication par la malveillance.

Quant à l’échelle annoncée dans le titre de cette section, vous la connaissez déjà ! Il s’agit de l’échelle des niveaux de preuve.

La démarche critique de base : je m’engage

Passez à l’action et décidez ce que vous allez mettre dans votre trousse à outils en plus de ce que nous venons d’indiquer. Vous pouvez écrire ou, si vous possédez le livre, cocher les cases de ce qui vous paraît essentiel à acquérir ou de ce que vous avez déjà.

En vrac, voici quelques propositions supplémentaires de Séverine Falkowizc (parmi toutes les notions, outils et règles que nous avons vus jusqu’à présent) :

  • Suspension du jugement ;
  • Vérification de la crédibilité et de la compétence des sources ;
  • Une BD humoristique (pour ne pas oublier d’avoir de l’humour… et de l’humilité donc) ;
  • De la bienveillance ;
  • Des podcasts ou des cours en ligne de qualité ;
  • Etc.

Ode à l’esprit critique

👉 Retrouvez le poème rédigé par l’auteure pour mettre en avant l’importance de l’esprit critique à la page 162 ou sur son compte Instagram.

Chapitre 7 — Redonner sa place à la science

méthode expérimentale effet placebo

Le principe de comparaison de la méthode expérimentale

La méthode scientifique est entièrement dédiée à produire des connaissances fiables. La méthode expérimentale, en particulier, cherche à mettre en évidence de « faits », notamment à partir d’une approche comparative.

L’auteure explique ici en quoi cette approche — concrétisée dans un dispositif d’étude complexe qui inclut trois « conditions » (expérimentale, de contrôle et « placébo ») — permet de déterminer des rapports de causalité, par exemple entre un médicament x et un effet y.

Placebo et effets contextuels

Les « effets placébos » (les chercheurs considèrent aujourd’hui qu’il y en a plusieurs) ou « effets contextuels » peuvent être précieux d’un point de vue thérapeutique. Cependant, il convient de ne pas se méprendre sur l’origine de l’effet positif.

Le problème arrive surtout lorsqu’une thérapie prétend être efficace pour des raisons différentes, parce qu’elle aurait un effet spécifique (avéré scientifiquement) sur l’organisme par exemple, alors que ce n’est pas le cas.

Science et pseudoscience

Pour le dire brièvement, les pseudosciences empruntent les apparences de la science sans en respecter les exigences fondamentales. Séverine Falkowizc s’appuie sur des experts du domaine pour évoquer un certain nombre de caractéristiques des pseudosciences, comme (parmi d’autres) :

  • L’absence d’autocorrection (pas d’essais/erreurs et donc d’évolution des énoncés) ;
  • Le renversement de la charge de la preuve (demander aux autres de prouver la fausseté des énoncés).

En tout, l’auteure donne 6 critères permettant de repérer des pseudosciences et 6 autres critères formant des attendus cognitifs des scientifiques. Parmi ces derniers :

  • Scepticisme initial (partir des faits) ;
  • Matérialisme méthodologique (partir de ce qui est accessible matériellement, concrètement).

Communiquer dans un colloque scientifique

Les scientifiques se rencontrent souvent pour échanger sur leurs découvertes ou, plus modestement, sur leurs travaux en cours. Cela fait partie intégrante du monde scientifique et forme une part des procédures d’autocorrection qui existent dans ce monde social.

Pour être accepté dans ce genre d’événement, il faut passer par le filtre de comités de lecture scientifiques qui valident des propositions de communication écrites ou orales.

L’article scientifique, cette chose

Au-delà des communications, les publications scientifiques sont le résultat de la recherche, dans laquelle le chercheur fait part de ce qu’il a trouvé. Ici encore, la soumission d’un article pour publication fait l’objet d’un intense processus de révision et d’examen par les pairs.

Seuls les articles qui répondent à certaines exigences très précises seront publiés dans les revues scientifiques. Ces articles n’ont donc pas pour objet de vulgariser les propos, mais s’adressent aux autres experts du domaine — ce qui peut les rendre plus compliqués à analyser pour des profanes.

Dans la peau d’un chercheur

L’auteure expose ici un certain nombre de procédures qui permettent d’évaluer la qualité des études scientifiques, ainsi que leur validité. Notons ici les procédures les plus importantes au niveau de la validité :

  • Randomisation (répartition au hasard des personnes lors d’une étude par exemple) ;
  • Double aveugle, voire triple aveugle (procédure pour éviter toute influence sur l’effet observé).

Séverine Falkowizc précise encore les critères de validité des résultats et note, entre autre, l’importance de la réplication, c’est-à-dire la capacité à reproduire les résultats trouvés dans une étude scientifique par une autre équipe de chercheurs.

Élaborer une hypothèse de recherche

Pour développer une bonne hypothèse, le scientifique doit être au courant des études antérieures, mais aussi des particularités de son terrain d’étude et des variables « parasites » qui pourraient venir mettre en péril le dispositif d’étude.

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La science : une progression constante

Il peut être utile de distinguer, à la suite du physicien et vulgarisateur Étienne Klein, entre science et recherche :

  • La recherche est le processus de découverte lui-même, toujours en mouvement ;
  • La science est la somme des résultats qui, jusqu’à preuve du contraire, ne bouge plus.

Toutefois, il convient de garder clairement à l’esprit que la science elle-même peut être modifiée (nous avons bien dit « jusqu’à preuve du contraire »). La science n’est donc pas un dogme inamovible. Elle manifeste plus humblement un « état des savoirs » à un moment donné.

Malheureusement, certaines pratiques malfaisantes ont parfois cours dans la recherche elle-même. À titre d’exemple, certaines « revues prédatrices » n’hésitent pas à publier des articles de mauvaise qualité contre rémunération. Bref, le monde de la science, comme le monde social en général, est imparfait !

Méfions-nous des gens qui brandissent la science comme argument d’autorité et ayons toujours à cœur de bien vérifier nos sources !

🎂 Si vous êtes décidément gourmand d’esprit critique, découvrez aussi le livre Information : l’indigestion du journaliste Benoît Raphaël qui offre des pistes convergentes avec celles proposées ici.

Chapitre 8 — Exercer son esprit critique dans un monde de croyances

Quand on parle du loup sans le voir… testez-vous !

Ici, Séverine Falkowicz vous propose un passage à l’action. Parmi une liste de 20 disciplines considérées par les zététiciens comme pseudosciences, lesquelles avez-vous fréquentées, voire pratiquées sans savoir qu’il s’agissait de pseudosciences ?

😃 Découvrez la liste p. 188 !

Par exemple, il n’est pas inutile de connaître la différence entre ostéopathie et kinésithérapie, et se rendre compte que la première n’a pas les fondements scientifiques de la seconde.

L’enjeu : rester curieux et prendre en main ses propres préjugés. À vous de les dégager et d’investiguer pour évaluer le degré de fiabilité des pratiques (thérapeutiques ou autres) et des théories auxquelles vous faites confiance.

Un granule d’homéopathie dans notre pharmacie

L’auteure rappelle d’abord l’origine de l’homépathie, puis elle donne l’exemple de la fabrication de l’Oscillococcinum, produit homéopathique star en France. Elle montre enfin le manque de fiabilité scientifique des procédures homéopathique en se basant sur plusieurs études d’experts.

Le problème principal ? Les homéopathes n’apportent pas de preuves de ce qu’ils avancent.

D’un point de vue pratique, notre tendance à faire confiance à l’homéopathie peut retarder notre visite chez le médecin et nous créer plus de problèmes. Par ailleurs, ce sont des dépenses publiques (avant que la France ne décide d’arrêter le remboursement, en 2021) qui auraient pu être investies ailleurs.

Des extraterrestres au sein de l’univers

La question a le mérite d’être posée : sommes-nous seuls dans l’univers ? Cette interrogation est parfaitement légitime et anime les humains partout dans le monde. Néanmoins, à ce jour, force est de constater que les éléments de réponse scientifiques à cette question penchent fortement vers la négative.

Nous devons accepter cet état de la recherche, sans vouloir à tout prix prendre nos désirs pour des réalités. Encore une fois : apprenons à interroger les meilleurs experts du champ (notamment des astrophysiciens et des astrobiologistes) et à croiser nos sources avant de tirer nos conclusions.

En psychothérapie

La psychanalyse a longtemps fait l’objet de débats. Est-elle une science ou non ? Certains des propos tenus par des psychanalystes célèbres, comme ceux de Françoise Dolto sur les enfants, permettent d’avoir de sérieux doutes. Ceux-ci sont « en totale rupture avec les données scientifiques », affirme l’auteure.

Pour autant, celle-ci conserve une forte influence dans certains milieux universitaires (tout comme l’homéopathie auprès de certains médecins). Plusieurs psychologues plaident, en France, pour la création d’une psychologie plus scientifique.

Il faut à la fois reconnaître les apports et les limites de chaque approche, en dehors des dérives possibles. L’important est d’avoir les outils en mains pour décider vers quelle thérapie se tourner.

Connaissance de soi

Séverine Falkowizc alerte ici contre l’abus des étiquettes parfois attribuées à la va-vite comme HP (haut potentiel), hyperactif ou hypersensible. Un diagnostic d’un spécialiste est nécessaire avant de se déclarer tel ou tel. Parfois, les étiquettes nous rassurent, mais elles nous cachent aussi certains problèmes et nous empêchent de les résoudre.

Il en va de même avec les étiquettes que nous attribuent les autres. Quand quelqu’un dit de vous que vous êtes « nul en math », par exemple, comment allez-vous construire votre vie ensuite ? Nous avons souvent tendance à nous conformer à ces étiquettes, même si elles n’ont aucun fondement valable !

Chapitre 9 — L’esprit critique au quotidien

Une méthode d’investigation pour définir et tester une hypothèse

L’auteure généralise ici la méthode de recherche rationnelle-scientifique de façon à l’adapter à des pratiques très diverses. Retraçons-en les grandes étapes :

  • Revue de la littérature (générale et particulière) pour acquérir l’expertise sur le sujet ;
  • Diagnostic et/ou définition d’une problématique et d’une hypothèse de recherche ;
  • Identification d’indicateurs de mesure ;
  • Recueil des données et analyse des résultats ;
  • Conclusion (et évaluation à partir des indicateurs).

La santé investie par les médecines non conventionnelles

La vulgarisation scientifique est essentielle, mais pas toujours facile à mettre en place, car les scientifiques n’y sont pas (ou peu) formés et les journalistes ne sont pas toujours (voire pas souvent) scientifiques.

Par ailleurs, le public peut avoir des réticences à l’encontre de ces deux institutions : science et journalisme. Comment retrouver le sens de l’écoute et de la communication entre les différentes parties en présence ?

La réponse ne va pas de soi. Le désamour du grand public pour les sciences et la médecine dite scientifique est liée à une certaine volonté de tout tester, mais aussi à des enjeux sociaux et politiques, comme la succession de scandales sanitaires, par exemple.

L’Evidence Based Practice

La démarche de la pratiquée basée sur les preuves (evidence based practice ou EBP), inspirée de la médecine basée sur les preuves (evidence based medicine ou EBM) se décompose en cinq étapes :

  1. Identifier un besoin de mieux-être ;
  2. Rechercher des preuves parmi les meilleures sources ;
  3. Apprécier la qualité des références ;
  4. Appliquer les meilleures preuves ;
  5. Évaluer les résultats.

Petites soirées entre amis : l’entretien épistémique

Communiquer entre amis, entretien épistémique

Il vous est certainement arriver de vous disputer avec vos amis autour de questions scientifiques ou de débats impliquant un certain degré d’expertise technique ! Comment communiquer « proprement » entre nous ?

Une méthode intéressante est l’entretien épistémique. Celui-ci peut aider à revenir aux fondements de la discussion (cela s’appelle questionner « le pilier » de la discussion) et ainsi à mettre fin à certaines fausses croyances.

Dans tous les cas, ce type d’outil doit être utilisé de façon éthique, car il peut aussi bien être utilisé de façon malhonnête.

La zététique, une secte 2.0

Comme toute pratique, la zététique comporte des risques. Elle peut à tout moment se transformer en une doctrine stricte avec des dogmes inamovibles. Ses partisans les plus zélés peuvent se transformer en véritables inquisiteurs, gâtés par un savoir qu’ils pensent à toutes épreuves.

Le risque majeur, dans le cas de la zététique, porte un nom précis : le scientisme. Il importe que le vulgarisateur scientifique et le zététicien restent prudents et humbles dans leurs affirmations, conscients des effets de leurs discours.

Hors-piste

Le monde n’est pas noir ou blanc. Pour naviguer dans un monde incertain, nous devons apprendre à mieux nous comprendre — ce qui passe par la compréhension de ce qui nous détermine socialement.

Voici quelques recommandations finales de Séverine Falkowicz (voir p. 221-223 pour plus de détails) :

  • Reconnaissons que nous avons des façons différentes de percevoir le monde ;
  • Cherchons à limiter les stéréotypes et les préjugés ;
  • Prenons en compte le contexte dans nos jugements (sur les personnes, notamment) ;
  • Prenons conscience des interactions décisives entre nos actions et nos jugements ;
  • Soyons prudents avec les étiquettes que nous (nous) collons, car elles nous modifient.
Microscope : symbole de l'esprit critique ?

Conclusion sur « Au cœur de l’esprit critique : Petit guide pour déjouer les manipulations » de Séverine Falkowicz (avec Clément Naveilhan et Mr ContraDico) :

Ce qu’il faut retenir de « Au cœur de l’esprit critique : Petit guide pour déjouer les manipulations » de Séverine Falkowicz (avec Clément Naveilhan et Mr ContraDico) :

Voici un manuel bien construit et tout en finesse par une spécialiste de la psychologie sociale convertie à la zététique, cette discipline qui se donne pour vocation de défendre l’esprit critique issu de l’esprit scientifique contre les hérésies du monde contemporain (pseudosciences, fake news, théories du complot, etc.).

Dans l’ensemble, l’ouvrage se lit très facilement et permet d’acquérir les bases épistémologiques, psychologiques et rhétoriques pour jauger de la fiabilité des énoncés qui nous sont délivrés chaque jour par les différents médias (ou par nos proches).

En plus du travail déjà fort appréciable de Séverine Falkowizc (et de son co-auteur Clément Naveilhan), le lecteur trouvera des encarts de Mr ContraDico, très utiles pour approfondir certaines notions ou profiter d’exemples supplémentaires.

Last but not least, le lecteur engagé trouvera aussi pour son plus grand bonheur :

  • Une charte zététique ;
  • De très nombreuses ressources (podcasts, chaînes YouTube, cours en ligne, livres, etc.) de référence.

De quoi satisfaire toute la curiosité d’un véritable zététicien !

Points forts :

  • Un livre agréable à lire ;
  • Une panoplie d’exemples ;
  • Les encarts de Mr ContraDico en bonus ;
  • De nombreuses ressources pratiques ;

Point faible :

  • Je n’en ai pas trouvé.

Ma note :

★★★★★

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