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Les compétences du 21e siècle

Les compétences du 21e siècle de Jérémy Lamri

Résumé de « Les compétences du 21e siècle » de Jérémy Lamri : un livre qui cherche à démontrer scientifiquement quelles sont les compétences qui compteront dans les années à venir et sa réponse se trouve dans les mots-clés de créativité, de communication, d’esprit critique et de coopération.

Par Jérémy Lamri, 2018, 224 pages.

Chronique et résumé de « Les compétences du 21e siècle » de Jérémy Lamri

Introduction

L’évolution rapide des métiers face à l’automatisation et à la digitalisation nous pousse à repenser le thème des compétences. Autrefois, il était courant de travailler toute sa vie dans la même entreprise, mais aujourd’hui, les compétences deviennent obsolètes plus rapidement. Les personnes doivent faire preuve d’adaptation constante.

Les études se contredisent souvent. Certaines révèlent que l’automatisation pourrait menacer jusqu’à 47% des emplois aux États-Unis d’ici 2030. D’autres, comme celles de l’OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économique), estiment que seulement 9 % des métiers sont réellement à risque.

Ce qui est certain, c’est que les tâches routinières sont les plus susceptibles d’être automatisées. Les tâches non routinières, elles, restent plus difficiles à reproduire par les machines.

Aujourd’hui, la notion de compétence est désormais plus pertinente que celle de métier. De nombreux métiers disparus nous enseignent que les fonctions/métiers s’en vont, alors que les compétences restent — même si elles évoluent.

La distinction entre travail (les activités réalisées) et emploi (le cadre juridique et économique du travail) est également cruciale. Désormais, par exemple, les travailleurs indépendants et freelances représentent une part croissante du marché. Or, ceux-ci vendent avant tout leurs compétences.

Comment s’adapter à ces changements ? Il est certes essentiel de réformer les modèles d’éducation et de protection sociale. Mais il importe aussi — et c’est l’objet de ce livre ! — de valoriser les compétences humaines uniques que les machines ne peuvent pas remplacer.

Partie 1. L’homme, son passé et son avenir

Évolution humaine

Chapitre 1. Une histoire des hommes

Du primate à l’homme

L’homme est un mammifère. Et il est situé plutôt bas dans la chaîne alimentaire (niveau 2,2 sur une échelle de 1 à 5,5). Alors, comment en est-il venu à dominer le reste de la faune et de la flore ?

Ses ancêtres, apparus il y a 3,5 millions d’années, partageaient bon nombre de caractéristiques avec les primates, notamment le pouce opposable. Celui-ci facilite la saisie d’objets. Mais ce n’est pas suffisant. En effet, la main humaine est moins évoluée que celle du chimpanzé.

Ce qui permet à l’homme de prendre le pas sur les autres espèces, c’est avant tout son cortex très développé.

Ce développement a été rendu possible par la bipédie et l’usage d’outils. Ces deux caractéristiques ont libéré de l’espace pour le cerveau.

L’utilisation d’outils, en particulier, a joué un rôle crucial dans l’évolution de l’homme. Elle lui a permis de chasser plus efficacement.

Contrairement à d’autres espèces qui utilisent également des outils, l’homme a atteint un niveau de complexité inégalé dans ce domaine. Cette spécificité a favorisé son adaptation et lui a finalement permis de se hisser tout en haut de la chaine alimentaire.

Le cerveau, arme ultime de l’homme

Le cerveau humain pèse environ 1,3 kg. Il est trois fois plus volumineux que celui d’un primate de taille similaire. Cela dit, ce n’est pas la taille du cerveau qui explique l’intelligence humaine. Par exemple, les baleines ont un cerveau bien plus gros que les humains, mais des comportements moins complexes.

Paul MacLean a proposé la théorie du cerveau triunique. Autrement dit, il divise le cerveau en trois parties :

  • Reptilien ;
  • Limbique ;
  • Néocortex.

Les chercheurs se sont rendu compte que ces parties ne fonctionnent pas de manière indépendante. Elles sont fortement interconnectées. C’est leur collaboration complexe qui permet l’émergence de processus cognitifs avancés.

Aujourd’hui, cette théorie est remise en question. Les scientifiques se focalisent surtout sur l’étude des interactions complexes entre toutes les parties du cerveau.

💡 Sur ce sujet, voir notamment le fameux livre d’Antonio Damasio, L’erreur de Descartes.

Le cerveau reptilien

Composé du tronc cérébral et du cervelet, le cerveau reptilien contrôle les fonctions vitales comme la/les :

  • Respiration ;
  • Température ;
  • Fréquence cardiaque ;
  • Réflexes innés.

Il est essentiel à la survie et à la reproduction, mais il ne permet pas une adaptation à l’environnement à court terme, car il gère des réponses programmées immuables.

À noter : en neuroanatomie, le terme « archipallium » a tendance à remplacer, désormais, celui de « cerveau reptilien ».

Le cerveau limbique

Le terme « cerveau limbique » est désormais obsolète, car cette région gère bien plus que les émotions. Elle s’occupe également de la mémoire à long terme.

Le néocortex

Le néocortex, couche externe des hémisphères cérébraux, mesure environ trois millimètres d’épaisseur et se compose de six couches. C’est la partie la plus récente du cerveau, du point de vue de l’évolution. Elle est très développée chez l’homme.

Contrairement au cerveau reptilien et au cerveau limbique, le néocortex est flexible et capable d’apprentissage illimité. Il gère des fonctions cognitives complexes telles que la/le :

  • Perception ;
  • Mémoire ;
  • Langage ;
  • Conscience.

La capacité d’abstraction et d’adaptation aux situations sociales est une de ses fonctions cruciales. D’ailleurs, la complexité croissante des groupes sociaux chez les primates et l’homme serait liée à l’expansion du néocortex.

Robin Dunbar souligne l’importance du cortex préfrontal dans les interactions sociales, la coopération et les comportements moraux. La capacité à prédire les actions des autres a offert un avantage évolutif.

D’un autre côté, la morale est une stratégie évolutive avantageuse, dans la mesure où elle favorise la coopération à long terme. Toutefois, cette complexité rend aussi possible l’égoïsme et la prise de décisions rationnelles.

Matière grise, matière blanche, neurones et axones

Le modèle de MacLean montre que le néocortex représente 80 % du cerveau humain, contre 20 % chez d’autres mammifères. Cette hyperspécialisation permet à l’homme de s’adapter consciemment à son environnement. Le néocortex est constitué de matière grise, reliée par de la matière blanche.

Les axones, qui forment la matière blanche, transmettent l’information. Les axones myélinisés permettent une circulation rapide, d’environ 100 mètres par seconde. En comparaison, les axones non myélinisés transmettent à 1 mètre par seconde.

Cette rapidité des axones myélinisés rend le cerveau humain plus efficace. À son tour, cette caractéristique améliore l’adaptation et la réactivité. En quelque sorte, dit l’auteur, la myélinisation est « une connexion Internet à haut débit » !

Le lobe frontal

Le néocortex est divisé en quatre lobes :

  • Occipital = situé à l’arrière du cerveau, gère la vision ;
  • Temporal = sur les côtés, traite l’audition, le langage, la mémoire à long terme et même certains comportements.
  • Pariétal = en haut et vers l’arrière, est essentiel pour les informations sensorielles et la perception de l’espace. Il joue aussi un rôle crucial dans l’attention.
  • Frontal = à l’avant, contient le cortex moteur, prémoteur et surtout le cortex préfrontal.

Le cortex préfrontal, siège des compétences du 21e siècle

Selon l’auteur, le cortex préfrontal est le lieu du cerveau où se développent les compétences utiles pour le 21e siècle. Ces attributs ? La gestion de :

  • L’anticipation ;
  • L’adaptation ;
  • Décisions en temps réel.

C’est la partie la plus développée de notre cerveau, qui nous permet d’interagir avec un environnement en constante évolution.

Façonner la réalité grâce au cerveau

L’homme a d’abord utilisé des objets comme outils pendant tout le Paléolithique (qui dure 4 millions d’années). Peu à peu, il améliore ces outils, en taillant la pierre et en fabriquant des armes. Vers 15 000 ans avant J.-C., il a créé des mécanismes avec des parties mobiles, comme l’arc et la flèche.

Au Néolithique (10 000 ans avant J.-C.) apparaissent l’agriculture et les premières machines simples comme la roue.

Avec la révolution industrielle, la vapeur, le charbon et le pétrole donnent naissance aux machines modernes. Elles révolutionnent la productivité. L’avènement des machines complexes et des automates libère l’homme de nombreux efforts physiques et mentaux.

🤓 Conseil de lecture : Sapiens de Yuval Noah Harari.

Chapitre 2. Les 5 forces de l’évolution sociale

L’innovation, qui s’est accélérée depuis la révolution industrielle — et encore davantage depuis le début de l’ère numérique, redéfinit constamment les modes de vie et de travail.

Les compétences du 21e siècle, forces de transformation

Les moteurs des civilisations

L’évolution des sociétés est influencée par des forces humaines profondes. Pour l’auteur, cinq forces fondamentales se distinguent :

  1. Circulation de l’information ;
  2. Connexion entre individus ;
  3. Suppression des tâches parasites ;
  4. Standardisation
  5. Reconnaissance individuelle.

Le numérique accélère la première force, notamment grâce à Internet. Cela se répercute sur la deuxième force.

L’intelligence artificielle, quant à elle, aide à supprimer les tâches répétitives.

La standardisation, comme nous le verrons plus tard, progresse dans tous les secteurs. L’importance de ce que l’auteur nomme « existentialisme » ou reconnaissance individuelle devra aussi être expliquée. Comme nous le verrons, ces forces sont interdépendantes et convergent vers une dynamique unique.

L’analyse de ces forces nous permet d’anticiper les transformations futures et de développer plus intelligemment les compétences du 21e siècle.

1 — La circulation de l’information

L’accès à l’information est crucial pour l’évolution humaine. Des inventions comme l’écriture, l’imprimerie et Internet ont bouleversé nos sociétés. Pourtant, bien que l’information soit aujourd’hui abondante, elle reste souvent difficile à identifier et peu fiable.

D’où la question : comment utiliser cette information ? L’auteur donne l’exemple des plateformes participatives qui aide au partage des connaissances entre différents domaines.

Les compétences du 21e siècle reposent sur cette capacité à collecter et analyser les informations.

2 — La connexion entre les individus

Les êtres humains évoluent en interaction avec les autres.

La coopération est ancrée dans l’évolution humaine. Les neurones miroirs, qui sont responsables de l’empathie, facilitent la sociabilité et la communication humaine.

Ainsi, malgré l’émergence d’une société plus compétitive, les humains se rassemblent toujours, de façon naturelle, en réponse à des événements marquants.

L’histoire montre que chaque nouvelle manière de connecter les individus a entraîné des évolutions civilisationnelles. La roue et les routes, le téléphone ensuite, puis Internet et les réseaux sociaux nous permettent de nous connecter différemment. Ce faisant, elles entraînent des changements profonds sur nos sociétés.

Ces connexions non seulement facilitent l’échange d’informations (force 1) mais répondent aussi à un besoin existentiel (force 5). Les compétences du 21e siècle doivent répondre à cette attente au niveau des interactions humaines.

3 — La suppression des tâches parasites

Nous vivons une époque de confort sans précédent. Pourquoi ? Car nous avons supprimé bon nombre de ce que l’auteur nomme « des tâches parasites ». L’accès rapide à l’eau potable et à la nourriture, par exemple, libère nos corps et nos esprits pour d’autres tâches.

À l’heure actuelle, l’économie des plateformes numériques optimise cette réduction : les GAFAM et autres nouvelles pousses digitales promettent de nous simplifier la vie de tous les jours, y compris au niveau des tâches intellectuelles.

Alors que la révolution industrielle avait agi au niveau de nos corps, la révolution numérique en cours agit donc plutôt sur nos esprits. Pourtant, malgré cette automatisation croissante, l’être humain recherche naturellement des défis pour stimuler son cerveau (et son corps).

Face à ces évolutions, les questions de l’utilité et de la singularité humaine deviennent aigües ; le développement des compétences du 21e siècle entend répondre à ces interrogations.

4 — La standardisation

L’industrialisation implique un phénomène de standardisation. Celle-ci permet une utilisation élargie des techniques entre les hommes, et donc une meilleure connexion.

En France, c’est Napoléon Bonaparte qui a grandement contribué à ce phénomène, notamment avec la création des grandes écoles d’ingénieurs et de commerce. Ces écoles forment d’ailleurs toujours l’élite intellectuelle chargée de développer et d’administrer le pays.

Toutefois, l’auteur se demande si cet enseignement reste valable aujourd’hui. Il lui semble que la créativité ou la coopération, qui sont des compétences clés pour le nouveau siècle, ne sont pas suffisamment travaillées.

Jérémy Lamri s’intéresse aussi à la puissance des algorithmes. Ceux-ci génèrent un genre nouveau de standardisation, plus difficile à repérer. Comment s’assurer que ces outils soient bien construits ?

5 — L’existentialisme

L’existentialisme est, selon l’auteur, la cinquième force de l’évolution. Il est lié au besoin de reconnaissance individuelle. Le travail, en particulier, permet de se réaliser et d’être reconnu socialement.

Nous cherchons à la fois à nous valoriser socialement et à être libre grâce au travail. Celui-ci doit donner un sens particulier à notre vie — c’est-à-dire, aussi, à nous donner une place dans l’univers.

Joseph Campbell, spécialiste en mythologie comparée, évoque le phénomène de la recherche du sens à travers le « parcours du héros », que chacun peut vivre pour trouver sa raison d’être.

Campbell identifie 12 étapes symboliques dans ce voyage initiatique, appelé le monomythe :

  1. Le héros ordinaire.
  2. L’appel à l’aventure.
  3. La réticence du héros.
  4. Le guide du héros.
  5. Le point de non-retour.
  6. Les épreuves.
  7. Les portes du danger ultime.
  8. L’épreuve suprême.
  9. L’élixir.
  10. Le chemin du retour.
  11. Le retour du héros.
  12. L’action du héros.

👉 Cette structure est souvent utilisée dans la fiction et en storytelling.

Au-delà de cet aspect, elle reflète notre capacité à prendre des décisions importantes dans la vie réelle, comme choisir de quitter un travail ou voyager. Chaque personne a l’opportunité d’accepter ou de refuser cet appel à l’aventure personnelle.

Ces cinq forces (information, connexion, suppression des tâches, standardisation et existentialisme) s’autoalimentent et se combinent, produisant des innovations à la fois techniques et sociales. Mais leur équilibre n’est pas garanti et la société peut à tout moment « se gripper », faute d’avoir réussi à les allier avec succès.

Partie 2. Compétence(s) et intelligence(s)

La créativité : une compétence parmi d'autres

Chapitre 3. La compétence, une notion ambigüe et complexe

Les mots ont une grande importance, car ils influencent nos perceptions et notre compréhension des choses. Par exemple, la distinction entre intelligence artificielle et système cognitif peut modifier l’appréhension du public vis-à-vis de ces technologies.

Oui, les mots touchent à nos émotions et doivent être choisis avec soin.

Le terme « compétence » a lui-même de nombreux synonymes et associations. Bien définir cette notion est donc crucial, surtout dans les mondes du travail et de l’éducation.

Les lecteurs de cet article ont également lu :  Notre système éducatif est-il obsolète ?

Compétence : beaucoup de mots pour un seul mot

Avant les années 1970, on parlait de « qualifications » attachées à un poste, et non à un individu.

Avec l’essor de l’informatique et des systèmes productifs, la « compétence » a remplacé les qualifications. Et celle-ci est centrée sur l’individu et son adaptation.

Les compétences ont d’abord été perçues comme techniques, avec peu d’attention portée aux compétences non-techniques.

Dans les années 1990, la GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) a marqué un tournant en intégrant des compétences plus qualitatives. Toutefois, la technicité reste au centre des définitions.

Les compétences non-techniques sont reléguées à la notion de « soft skills«  (compétences douces, littéralement). En fait, ce terme anglo-saxon évite de redéfinir précisément ces compétences « douces ». Le flou demeure.

Plusieurs auteurs se sont penchés sur la définition et la classification des compétences à partir des années 1980. Serge Michel et Michel Ledru, notamment, ont défini la compétence comme la capacité à résoudre des problèmes dans un contexte donné.

Guy Le Boterf a quant à lui apporté une vision tridimensionnelle avec :

  • « Savoir agir » ;
  • « Vouloir agir » ;
  • « Pouvoir agir ».

Mais les « soft skills », ou compétences non-techniques, restent difficiles à définir précisément. Elles incluent des éléments comme le comportement, les émotions et les interactions sociales. Or, comme nous allons le voir, ce sont des compétences essentielles dans le monde du travail au 21e siècle.

Et s’il n’y avait pas qu’une seule catégorie de compétences ?

La compétence est difficile à définir car elle englobe de nombreuses notions. La compétence regroupe en effet des aptitudes, des connaissances et des schémas d’action adaptés à un contexte. C’est un concept complexe qui inclut des fonctions cognitives et des actions.

Une approche neurologique pourrait clarifier la définition des compétences en les reliant aux fonctions du cerveau. En ce sens, il est possible de catégoriser les compétences en quatre groupes principaux :

  • Compétences techniques : acquises par la formation et l’expérience (ex. : langues, marketing), ces compétences sont mémorisées et utilisées selon les besoins.
  • Compétences comportementales et motivationnelles : filtres influençant nos réactions (ex. : extraversion, ouverture), elles sont plus difficiles à apprendre que les compétences techniques.
  • Compétences cognitives : au cœur des compétences du 21e siècle (ex. : créativité, esprit critique), elles permettent d’apprendre, réfléchir et interagir.
  • Compétences citoyennes : liées à notre rapport à la société (ex. : éthique, leadership), elles reflètent notre positionnement social.

La performance est la pierre angulaire de cette segmentation, car une compétence n’a d’utilité que si elle permet d’atteindre un résultat.

Par ailleurs, le contexte est crucial dans la notion de compétence. Et il le devient de plus en plus dans notre société professionnelle.

Performance : entre pertinence, efficacité et efficience

Les termes de performance et résultats, souvent confondus, ont des philosophies distinctes.

  • Le résultat est objectif et se mesure par rapport à un objectif donné.
  • La performance est relative et dépend de plusieurs critères, dont le contexte.

Un mauvais résultat peut découler d’une bonne performance, tout comme un bon résultat peut être obtenu sans réelle performance.

La différence s’étend aussi à l’efficacité (atteindre un objectif) et à l’efficience (optimiser les ressources utilisées). Être efficace ne garantit pas d’être efficient, car l’efficience prend en compte les moyens employés pour atteindre un résultat.

Ces distinctions sont importantes dans notre société numérique. Autre cas : l’erreur, quant à elle, peut être fatale (les anglophones parlent alors d' »error« ) ou non (c’est « mistake« ).

Comprendre ces nuances est essentiel dans un monde où la sérendipité, l’agilité et le droit à l’erreur jouent des rôles de plus en plus importants.

Les entreprises doivent s’adapter aux nouvelles règles, où performance et efficience priment désormais sur simples résultats et efficacité.

La taxonomie de Bloom

La taxonomie de Bloom, créée dans les années 1950 par le psychologue Benjamin Bloom, propose une hiérarchie de six niveaux d’acquisition des connaissances.

  1. Le premier niveau est la connaissance, où l’on identifie et mémorise un concept.
  2. Ensuite, la compréhension permet de reformuler ce concept.
  3. L’application suit, avec la mise en pratique concrète.
  4. L’analyse permet de critiquer et modifier.
  5. La synthèse conduit à créer quelque chose de nouveau à partir du concept.
  6. Enfin, l’évaluation implique une maîtrise totale, permettant de juger le concept et sa transmission chez autrui.

Cette taxonomie est directement liée aux neurosciences cognitives et aux compétences du 21e siècle. Chaque niveau fait appel à des fonctions cognitives avancées, comme l’apprentissage et l’interaction.

Chapitre 4. Les grandes théories de l’intelligence

Les compétences du 21e siècle sont étroitement liées à l’intelligence, car elles concernent la capacité à apprendre, réfléchir, interagir et s’adapter efficacement. Pour bien comprendre ces compétences, il est crucial de définir l’intelligence et d’explorer les théories qui s’y rattachent.

Qu’est-ce que l’intelligence ?

L’intelligence est complexe à définir et mesurer. Elle englobe des aptitudes à apprendre, réfléchir et interagir, avec des nuances neurologiques et psychologiques. Jean Piaget, célèbre psychologue de la première moitié du 20e siècle, la décrit comme « ce que l’on fait quand on ne sait pas ».

Définition des formes d'intelligence selon Jean Piaget

Malgré l’absence de définition claire, des tests mesurent l’intelligence, comme le QI. En revanche, une mesure neurologique objective reste à développer. Avec l’avancée des neurosciences, une mesure fiable de l’intelligence pourrait émerger, mais nécessite de résoudre certaines questions éthiques importantes.

Par ailleurs, les opinions divergent sur l’existence d’une intelligence unique ou de plusieurs formes distinctes, comme nous allons le voir plus loin.

Le quotient intellectuel

En 1905, Alfred Binet et Théodore Simon créent l’Échelle métrique de l’intelligence, test précurseur du QI, destiné initialement aux enfants. Les Américains développent ensuite le test pour des usages militaires et économiques, notamment lors de la Première Guerre mondiale.

David Wechsler, psychologue américain, critique le QI comme une mesure incomplète de l’intelligence. Il propose un modèle plus global avec son test Wechsler-Bellevue. Cependant, ce test présente également des limites — notamment son manque d’inclusivité culturelle.

Le même scientifique souligne par ailleurs l’importance de la motivation, de la persévérance et de l’adaptation, des aspects que même les tests actuels peinent encore à mesurer efficacement.

Le facteur G

Le facteur G, découvert par Charles Spearman au début du 20e siècle, désigne un facteur général d’intelligence reliant différents processus cognitifs mesurés dans les tests de QI.

Bien que ce concept soit considéré comme la meilleure mesure pour prédire la performance sur des tâches spécifiques et routinières, il est critiqué pour son manque de prise en compte d’aspects tels que l’empathie et son inadéquation avec les tâches non routinières — qui sont pourtant de plus plus courantes aujourd’hui.

Malgré ses limites, le facteur G reste une base psychométrique importante pour comprendre l’intelligence… Même si sa pertinence pour les compétences actuelles est questionnée.

Le quotient émotionnel

Le quotient émotionnel (QE) est une notion qui émerge dans les années 1990 pour compléter le quotient intellectuel (QI), souvent jugé élitiste et limité. L’intelligence émotionnelle (IE) se définit comme la capacité à reconnaître, comprendre et gérer ses propres émotions et celles des autres.

John Mayer, Peter Salovey et Daniel Goleman ont popularisé ce concept. Ils l’ont aussi lié aux performances sociales et professionnelles.

L’IE est structurée autour de cinq facteurs :

  1. Autorégulation ;
  2. Motivation ;
  3. Empathie ;
  4. Compétences sociales ;
  5. Conscience de soi.

Selon Jérémy Lamri, cette notion devient une mesure clé de l’intelligence, adaptée à un monde où la performance collective et les relations humaines sont essentielles.

Les pièges tendus par notre cerveau

La performance moderne dépend de la gestion des émotions, surtout en groupe.

L’intelligence émotionnelle (IE) permet de résoudre des conflits, de motiver des équipes et d’améliorer l’apprentissage via le cortex préfrontal. Une IE non développée peut mener à des décisions biaisées.

Il existe cinq biais cognitifs principaux :

  1. Manque de flexibilité cognitive : suivre des habitudes sans s’adapter.
  2. Aversion à la perte : éviter les pertes plutôt que chercher les gains.
  3. Erreur de conjonction : associer des éléments sans certitude.
  4. Surconfiance : surestimer ses capacités.
  5. Optimisme : croire en un futur favorable, même incertain.

Une IE faible accroît ces biais. Un esprit critique et une IE élevée permettent des décisions rationnelles.

Le modèle Cattel-Horn-Carroll, ou modèle CHC

Le modèle Cattell-Horn-Carroll (CHC) est l’un des modèles d’intelligence les plus acceptés dans la communauté scientifique.

Il repose sur le concept du facteur G (voir plus haut). Plus précisément, le modèle est structuré en trois niveaux hiérarchiques.

Le premier niveau, ou strate I, inclut environ 70 fonctions cognitives spécifiques. Le deuxième niveau, ou strate II, regroupe ces fonctions en dix catégories principales, dont :

  1. Intelligence cristallisée, qui se réfère à l’utilisation de connaissances pour raisonner.
  2. Intelligence fluide, pour conceptualiser et résoudre des problèmes.
  3. Rapidité cognitive, soit l’exécution rapide de tâches familières.
  4. Vitesse de traitement, mobilisant rapidement les fonctions cognitives.
  5. Capacité de rappel, pour stocker et réutiliser efficacement des informations.
  6. Connaissances quantitatives, concernant les symboles numériques.
  7. Mémoire générale et apprentissage, pour appréhender et mémoriser rapidement.
  8. Perception visuelle, pour analyser et synthétiser les éléments visuels.
  9. Perception auditive, pour traiter les sons.
  10. Capacités de lecture et d’écriture.

Le troisième niveau, ou strate III, regroupe tout sous le facteur G, considéré comme l’intelligence générale.

Le modèle CHC est largement accepté. Toutefois, il est critiqué pour l’absence de prise en compte de l’empathie et des qualités émotionnelles. Plus problématique, pour l’auteur : ancré dans le 20e siècle, il devrait se transformer pour inclure les autres compétences du 21e siècle.

La théorie des intelligences multiples

La théorie des intelligences multiples, proposée par Howard Gardner en 1983, postule qu’il existe plusieurs formes d’intelligences spécifiques et indépendantes, permettant de résoudre des problèmes ou de créer des produits significatifs dans un contexte donné.

Selon Gardner, chaque individu possède une combinaison unique de neuf types d’intelligences :

  1. Logico-mathématique : aptitude à manipuler des chiffres et résoudre des problèmes logiques.
  2. Linguistique : capacité à utiliser et distinguer les mots avec précision.
  3. Intrapersonnelle : capacité à se comprendre et maîtriser ses émotions.
  4. Interpersonnelle : habileté à interagir efficacement avec autrui.
  5. Spatiale : compréhension des objets et mouvements dans l’espace.
  6. Kinesthésique : maîtrise du corps et des gestes.
  7. Musicale : sensibilité aux sons et rythmes.
  8. Naturaliste : capacité à distinguer les éléments du monde naturel.
  9. Existentialiste : aptitude à s’interroger sur le sens de la vie et l’univers.

Bien que largement reconnue, cette théorie est critiquée pour son manque de preuves empiriques et d’adaptation aux neurosciences. Par ailleurs, le chercheur n’a pas intégré les découvertes neuroscientifiques dans sa théorie, contrairement au modèle CHC.

Pourtant, cette théorie présente une vision plus riche et diversifiée de l’intelligence humaine. Elle met en avant l’idée que nous avons des sensibilités naturelles et des préférences qui influencent notre manière d’utiliser nos capacités, un aspect crucial pour comprendre les compétences du 21e siècle.

L’intelligence triarchique, ou l’intelligence à succès

En 1988, le psychologue Robert Sternberg propose la théorie de l’intelligence triarchique, visant à compléter les modèles du quotient intellectuel (QI) et du facteur G, jugés trop limités.

Le chercheur introduit trois formes d’intelligence :

  • Analytique, proche du facteur G, aide à analyser des données et résoudre des problèmes.
  • Pratique permet d’évaluer et s’adapter à son environnement pour agir favorablement.
  • Créative favorise la création de solutions inédites face à des problèmes.

Robert Sternberg démontre que la réussite scolaire n’est pas toujours corrélée à la réussite professionnelle. Cette théorie, bien que critiquée pour son manque de validation scientifique, est prise au sérieux pour son approche globale.

Elle intègre la psychologie cognitive, la psychologie interculturelle et celle du développement. Grâce à cette approche, elle enrichit la compréhension de l’intelligence humaine en tenant compte de différents types d’adaptation et de créativité.

L’asymétrie cérébrale et l’intelligence analytique/empirique

La théorie de l’asymétrie cérébrale, développée par Roger Sperry et enrichie par Daniel Kahneman, explique que les deux hémisphères du cerveau traitent l’information différemment.

  • Le cerveau gauche serait analytique, traitant les informations de manière séquentielle ;
  • Le cerveau droit serait intuitif, traitant les données globalement et rapidement.

Cette asymétrie influence notre manière d’utiliser l’intelligence, selon que nous privilégions un mode de pensée analytique ou intuitif. Chaque individu pourrait utiliser les deux systèmes selon les situations.

Mais alors, comment basculer d’un mode à l’autre et mettre à profit les deux modes pour améliorer les compétences du 21e siècle ?

🔑 À lire pour aller plus loin : Système 1 / Système 2 de Daniel Kahneman.

Chapitre 5. Les compétences du 21e siècle

Au fil du temps, les compétences nécessaires pour réussir ont évolué. Durant l’ère industrielle, il était essentiel de maîtriser des compétences techniques, d’obéir aux règles et de suivre des routines. Ces compétences étaient liées au cortex pariétal.

Aujourd’hui, dans la société de l’information, ces compétences ne suffisent plus. La création de valeur repose désormais sur la capacité à :

  • Analyser des informations ;
  • Être créatif ;
  • Travailler en équipe ;
  • S’adapter rapidement aux changements.

Ces compétences sont davantage liées au cortex préfrontal.

L'émergence du concept des compétences du 21e siècle

L’émergence du concept des compétences du 21e siècle

Depuis quarante ans, la communauté scientifique étudie l’importance croissante de ces compétences cognitives, dites « du 21e siècle ». De façon générale, celles-ci se fondent sur nos capacités à apprendre, à réfléchir et à interagir. Mais comment les définir et les organiser en détail ?

Plusieurs modèles coexistent. Toutefois, un consensus scientifique, scolaire et professionnel peut être dégagé autour des « 4C » :

  1. Créativité ;
  2. Esprit critique ;
  3. Communication ;
  4. Coopération.

Ces compétences cognitives, non automatisables à court terme, sont jugées indispensables pour la performance académique et professionnelle. Toutefois, la façon dont elles interagissent nécessite davantage d’études scientifiques.

D’autres compétences sont aussi souvent mentionnées, comme :

  • Technique ;
  • Résolution de problèmes ;
  • Gestion de l’information.

En réalité, elles peuvent être considérées comme des extensions aux 4C. La créativité, par exemple, implique la notion de résolution de problèmes.

Par ailleurs, cinq autres compétences méritent d’être considérées :

  1. Conscience culturelle ;
  2. Flexibilité ;
  3. Autodirection ;
  4. Conscience éthique ;
  5. Apprentissage continu.

La notion de « conscience » est ce qui relie ces cinq nouvelles compétences, selon Jérémy Lamri.

Depuis 2017, le World Economic Forum et l’OCDE soutiennent officiellement les 4C comme étant cruciales pour réussir dans une économie moderne.

Cet alignement entre le monde éducatif, scientifique et professionnel souligne l’importance de ces compétences pour préparer les individus aux défis contemporains.

Les grands modèles de compétences du 21e siècle

Le modèle des compétences du 21e siècle, développé par l’initiative Partnership for the 21st Century Skills (P21) en 2002, est devenu une référence mondiale pour définir les compétences essentielles à l’ère numérique.

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Un autre grand modèle est l’ATC21S, pour « Assessment and Teaching for the 21st Century Skills ».

Ces deux modèles sont soutenus par des géants technologiques tels que Apple, Microsoft ou Cisco, ainsi que par des institutions comme l’OCDE ou le ministère de l’Éducation des États-Unis.

Selon Jérémy Lamri, le modèle P21 est le plus abouti. Il met bien en lumière les compétences nécessaires pour évoluer et créer de la valeur dans un monde en constante évolution technologique.

Le modèle P21 identifie ainsi 12 compétences clés, réparties en trois grandes catégories.

  • Catégorie 1 = centrée sur les compétences cognitives, inclut les 4C (créativité, esprit critique, communication et coopération), qui sont jugées indispensables dans un environnement où l’adaptation et l’innovation sont cruciales.
  • Catégorie 2 = dite de « littération » (literacy skills), se concentre sur la capacité à naviguer dans l’information, utiliser les médias et maîtriser les technologies, des compétences essentielles dans la société actuelle dominée par le numérique.
  • Catégorie 3 = regroupe les compétences liées à la vie citoyenne (life skills), telles que la flexibilité, l’initiative, la sociabilité, la productivité et le leadership.

En plus de ces compétences, le modèle P21 inclut parfois une quatrième catégorie abordant des sensibilités spécifiques au 21e siècle :

  • La conscience environnementale ;
  • La gestion financière ;
  • Mais aussi la sensibilité aux enjeux de santé publique ;
  • Et le sens citoyen.

Ce modèle est considéré comme solide par la communauté scientifique, les milieux scolaires et professionnels. Il continue d’influencer les politiques éducatives et les pratiques d’évaluation au niveau mondial.

Les 4C, cœur des compétences du 21e siècle

Les 4C (esprit critique, créativité, communication et coopération) sont des compétences clés du 21e siècle qui sont indispensables pour s’adapter à un environnement de plus en plus numérique et collaboratif.

Ces compétences sont perçues comme moins informatisables et cruciales dans la réussite académique et professionnelle.

Examinons maintenant chacune de ces compétences en détail.

Esprit Critique (ou Pensée Critique)

L’esprit critique, ou pensée critique, fait référence à la capacité d’analyser, d’inférer et d’évaluer de manière pertinente des informations. Cette compétence implique à la fois le raisonnement inductif (du général au spécifique) et déductif (du spécifique au général).

Elle est essentielle pour résoudre des problèmes et prendre des décisions rationnelles.

Dans un monde saturé d’informations grâce au numérique, l’esprit critique permet de filtrer les données et de tirer des conclusions éclairées.

La psychologue Diane Halpern définit l’esprit critique comme l’utilisation de stratégies cognitives augmentant la probabilité d’atteindre un objectif souhaité. Parmi les capacités associées à l’esprit critique, on trouve les capacités :

  1. D’observation : collecter et analyser des preuves et des arguments pour identifier des similitudes et des différences.
  2. D’identification : établir des inférences à partir des observations et identifier des relations causales.
  3. De pertinence : évaluer le poids des arguments en fonction de critères comme la vérité ou l’utilité.
  4. De sélection : synthétiser les informations pour parvenir à une solution logique adaptée à un problème.

L’esprit critique repose aussi sur des qualités comme la résistance au stress et la vitesse de réflexion.

Enfin, une réflexion éthique est nécessaire, car la logique pure peut parfois conduire à des décisions inhumaines ou non éthiques. Autrement dit, l’esprit critique — pour être pleinement humain — doit intégrer la logique, l’éthique et la sensibilité au contexte.

Créativité

La créativité est une compétence souvent citée parmi les plus importantes du 21e siècle. Elle se définit comme la capacité à créer quelque chose de nouveau ou à transformer de manière originale ce qui existe déjà.

La créativité implique plusieurs processus cognitifs, dont :

  1. Originalité et inventivité : chercher des solutions nouvelles et originales à des problèmes.
  2. Pensée divergente : envisager des concepts et des liens inhabituels, en s’affranchissant des règles établies.
  3. Apprentissage par l’échec : percevoir l’échec comme une opportunité de s’améliorer.

Le chercheur Todd Lubart identifie quatre facteurs principaux favorisant la créativité :

  • Cognitif = connaissances, pensée divergente et convergente ;
  • Conatif = tendances comportementales, comme l’ouverture à l’expérience ;
  • Émotionnel = émotions pouvant renforcer ou inhiber la créativité ;
  • Environnemental = influences de l’environnement comme la famille et l’école.

La créativité est aussi liée à l’empathie et à la sensibilité. Pour innover ou résoudre des problèmes affectant d’autres personnes, il est souvent nécessaire de se mettre à leur place.

Communication

communiquer efficacement écoute et expression

La communication est essentielle dans les environnements professionnels actuels, surtout avec la décentralisation des équipes due aux outils numériques. La communication efficace doit permettre de transmettre et de recevoir des informations de manière claire et adaptée à chaque contexte.

Selon Deborah Barrett, la communication est un processus bilatéral qui implique :

  1. Transmission du message : l’émetteur doit s’assurer que le message est bien compris.
  2. Réception du message : le récepteur doit éliminer les biais pour comprendre le message de manière fidèle.
  3. Feedback : les interlocuteurs doivent échanger des informations supplémentaires pour éviter les incompréhensions.

Une communication efficace repose sur plusieurs compétences :

  • Ouverture : être réceptif aux nouvelles idées.
  • Empathie : comprendre les émotions et le contexte des autres.
  • Protection : créer un environnement de communication sécurisant.
  • Positivisme : adopter une attitude bienveillante.
  • Adaptabilité sociale : s’adapter aux contextes sociaux pour persuader et renforcer la confiance.
  • Inspiration : motiver les autres grâce à son charisme.
  • Stimulation : encourager les autres à être plus créatifs et engagés.

Communiquer efficacement consiste à maintenir un équilibre entre l’écoute et l’expression, tout en évitant les excès qui peuvent entraîner des conflits. Une communication adaptée à son contexte facilite les échanges interculturels et la gestion des équipes dispersées.

Coopération

La coopération regroupe des compétences de communication, mais aussi de prise de décision, de gestion des conflits et de résolution de problèmes. Elle repose sur une interdépendance positive : le succès d’un individu dépend du succès des autres.

Selon Jean Piaget, la coopération est un acte volontaire, basé sur le respect mutuel et la loyauté.

La coopération nécessite certaines attitudes :

  • Conscience des objectifs communs : nécessaire pour motiver la coopération.
  • Alignement des buts : favoriser un échange sur les modalités de la coopération.
  • Motivation intrinsèque : travailler en coopération doit être perçu comme bénéfique pour éviter un coût trop élevé en ressources.
  • Sensibilité : conscience de soi et des autres pour se positionner au mieux dans la coopération.

Cinq qualités essentielles pour coopérer efficacement sont également mises en avant :

  1. Prise de décision ;
  2. Négociation ;
  3. Construction d’alliances ;
  4. Écoute active ;
  5. Compréhension des dynamiques de groupe.

La coopération est particulièrement efficace dans des contextes complexes — contrairement à l’individualisme ou la compétition, qui sont plus adaptés aux situations routinières.

➡️ Les Interactions entre les 4C

Les 4C ne fonctionnent pas isolément. Elles interagissent constamment et se renforcent mutuellement. Par exemple :

  • Améliorer l’esprit critique permet de mieux appréhender les subtilités de la communication ;
  • L’éducation à la communication développe l’esprit critique ;
  • La coopération dépend de l’efficacité de la communication et de la capacité à résoudre des problèmes, souvent grâce à la créativité et à l’esprit critique.

Comme l’auteur l’a déjà signalé, les 4C sont interconnectées et doivent être développées simultanément pour maximiser la performance académique et professionnelle.

Comment évaluer les 4C ?

L’évaluation des 4C nécessite des approches spécifiques, car ces compétences ne reposent pas sur des acquis théoriques, mais sur des comportements observables en situation.

Voici les principales recommandations pour évaluer les 4C :

  1. Varier les questions : utiliser des questions à choix multiples et des tâches de performance pour tester à la fois la logique et la compréhension.
  2. Diversifier les évaluations : intégrer des mesures sommatives (validation des compétences) et formatives (évaluations qui aident à acquérir de nouvelles compétences).
  3. Favoriser les tâches formatives pour l’esprit critique : cela permet de développer cette compétence tout en l’évaluant, plutôt que de se limiter à des QCM.
  4. Adapter les questions : utiliser des évaluations adaptatives qui augmentent ou réduisent la difficulté des questions en fonction des réponses données.
  5. Prendre en compte la représentation sociale : comprendre comment chaque compétence est perçue dans différents contextes culturels, sociaux ou générationnels, comme la créativité.
  6. Ne pas négliger les compétences classiques : les 4C doivent s’ajouter à l’évaluation des compétences fondamentales comme la lecture et les mathématiques, et non les remplacer.

Les tests d’esprit critique sont bien établis, mais l’évaluation de la communication et de la coopération est plus difficile à structurer de manière rigoureuse. Une approche variée et contextualisée est donc indispensable pour une évaluation complète des 4C.

Les différents types de mesures

Les évaluations des 4C peuvent se faire par divers moyens :

  1. Mesure autodéclarative : le candidat s’auto-évalue via des échelles de mesure (ex. échelle de Likert). Utilisée dans le test PISA.
  2. Mesure déclarative par un tiers : un tiers évalue le candidat, souvent plus fiable si réalisée par un professionnel.
  3. Mesure par réponses ouvertes : le candidat répond librement, mais cette méthode manque de standardisation.
  4. Mesures par portefeuilles : évaluation basée sur des travaux, courante en milieu scolaire, avec des défis de fiabilité similaires aux réponses ouvertes.
  5. Test de mise en situation : le candidat choisit son comportement face à une situation donnée. Utilisé en milieu professionnel pour évaluer communication et coopération.
  6. Mesure par données personnelles : utilise des informations tangibles comme diplômes, expérience ou données des réseaux sociaux.
  7. Mesure de la performance : le candidat construit une solution ou produit quelque chose, permettant une évaluation directe de compétences comme la créativité ou la coopération.

La mesure de la performance est la plus efficace mais aussi la plus complexe à standardiser. Elle peut être sommative ou formative, mesurant les compétences acquises ou permettant de les développer durant l’évaluation.

Les travaux restant à mener sur les 4C

Il est crucial d’adopter les 4C comme critères prioritaires pour l’éducation et le recrutement, mais des recherches sont nécessaires pour valider leur lien avec la performance individuelle et collective.

Voici néanmoins quelques recommandations concrètes proposées par Jérémy Lamri suite à une étude critique des 4C menée avec des chercheurs en 2018 :

  1. Définir clairement chaque 4C : actuellement, chaque compétence possède plusieurs définitions académiques. Il est nécessaire d’établir un consensus pour des évaluations fiables et comparables.
  2. Étudier la relation entre les 4C : les 4C interagissent, mais leur relation n’est pas complètement comprise. Il est essentiel d’explorer cette interdépendance, tout comme on a identifié un facteur G pour l’intelligence générale.
  3. Redéfinir la notion de performance : la performance est un concept variable selon les contextes (scolaire, professionnel). Clarifier ce que doit inclure cette notion est indispensable pour évaluer efficacement les 4C.
  4. Étudier l’impact des 4C dans le temps : il manque des études prouvant que le développement des 4C assure à long terme une réussite scolaire et professionnelle, ainsi qu’une transition fluide entre ces deux étapes.

Ces travaux permettront d’assurer la pertinence du modèle des 4C comme base des compétences du 21e siècle.

Partie 3. Développer les compétences du 21e siècle

La communication, l'une des compétences du 21e siècle

Chapitre 6. Apprendre à apprendre, réfléchir et interagir

Les systèmes éducatifs sont-ils prêts à enseigner et transmettre les compétences du 21e siècle ? Pas sûr, selon l’auteur. Il évoque des études qui montrent que :

  • L’augmentation des connaissances des étudiants ne conduit pas à une meilleure capacité d’apprentissage ou de réflexion.
  • Les étudiants manquent de motivation pour analyser leurs savoirs et méthodes.
  • Ils ne sont conscients ni de leurs compétences comportementales ni cognitives.
  • Leurs résultats s’améliorent nettement lorsque les échanges entre pairs et les travaux collaboratifs sont encouragés.

Ces observations soulignent l’importance d’adapter les approches pédagogiques pour développer les quatre compétences essentielles.

Les clés de l’apprentissage

Le système éducatif et productif actuel ne favorise pas le développement des compétences du 21e siècle. L’apprentissage reste un processus complexe, influencé par la plasticité cérébrale tout au long de la vie, mais également par les croyances et habitudes, surtout chez les adultes.

Des gènes ont également été identifiés comme jouant un rôle dans l’intelligence, mais leur impact est limité à 5 %, le reste étant influencé par :

  • L’environnement ;
  • L’éducation ;
  • La culture et les conditions sociales.

Développer son plein potentiel, que ce soit en mathématique ou ailleurs, est donc toujours possible. À condition que les conditions dans lesquelles une personne évolue soient positives.

Le cerveau : une construction permanente

L’intelligence se construit donc de manière permanente à travers l’apprentissage, un processus complexe et progressif basé sur l’interaction avec l’environnement.

Jean Therer définit l’apprentissage comme une « modification adaptative du comportement ». Chaque succès ou échec nous permet d’ajuster nos comportements. Ce processus est appelé apprentissage réflexif.

Selon Chris Argyris et Donald Schön, cet apprentissage peut se faire en :

  • Simple boucle, en ajustant nos actions pour obtenir un résultat donné ;
  • Double boucle, en modifiant plus profondément nos routines et habitudes afin de nous adapter plus durablement à nouvel environnement.

Interactions sociales, étayage et inhibitions cognitives au cœur de l’apprentissage

L’apprentissage ne se limite pas à l’expérimentation. Lev Vygotsky souligne l’importance des interactions sociales. Il affirme que la collaboration joue un rôle clé dans la résolution des problèmes complexes.

Le mécanisme d’étayage permet un soutien temporaire. Comme les stabilisateurs d’un vélo, ils permettent de motiver et d’apprendre progressivement, jusqu’à ce que l’individu acquiert une autonomie complète.

Pour apprendre, il faut également sortir de nos pensées réflexes. Bon nombre de nos erreurs cognitives proviennent du fait que nous pensons maîtriser une situation, alors que ce n’est pas le cas. Nous nous dispensons — à tort — d’en analyser tous les paramètres.

L’apport des neurosciences à l’apprentissage

Le cortex préfrontal joue un rôle clé dans l’apprentissage en nous permettant de passer du mode automatique au mode adaptatif ; un processus appelé « bascule préfrontale ».

  • En mode automatique, nous utilisons des solutions préexistantes.
  • En mode adaptatif, nous filtrons et analysons les paramètres pour déterminer si ces comportements sont adaptés.

Les neurosciences montrent ainsi que pour apprendre efficacement, il est crucial d’être dans un état attentif et adaptatif, plutôt que passif.

🚀 En d’autres termes, il importe de se placer dans un état d’esprit de croissance ou de développement.

Le cortex préfrontal : le chef d’orchestre du cerveau

Selon Jacques Fradin, le cortex préfrontal est le siège de comportements adaptatifs comme la rationalité et la souplesse.

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La bascule préfrontale, qui est acquise et qui peut être développée tout au long de la vie, est essentielle pour utiliser les 4C (créativité, esprit critique, communication, coopération).

Comme nous allons le voir, l’approche neurocognitive favorise cette bascule. Elle nous aide à mieux mobiliser nos ressources cérébrales en fonction du contexte.

Quatre grands principes qui facilitent l’apprentissage

Stanislas Dehaene, neuroscientifique et professeur au Collège de France, identifie quatre principes clés pour faciliter l’apprentissage :

  1. L’attention : elle permet de sélectionner les informations pertinentes et de les traiter. L’attention ciblée est essentielle pour un apprentissage efficace, en évitant les distractions.
  2. Le feedback immédiat : l’erreur doit être vue comme une opportunité d’apprentissage. Un retour rapide permet de corriger et d’ajuster ses connaissances plus facilement.
  3. L’engagement actif : l’alternance entre théorie et pratique, via tests ou jeux, renforce la motivation et l’assimilation des connaissances.
  4. La consolidation : répétition et pratique permettent d’automatiser les connaissances, libérant ainsi le cortex préfrontal pour de nouveaux apprentissages. Il faut environ 66 jours pour qu’une nouvelle habitude soit intégrée

Chez les enfants

Les enfants sont mieux disposés à un apprentissage efficace que les adultes, notamment en raison d’une moindre accumulation d’expériences et de croyances. Leur flexibilité cognitive leur permet d’assimiler de nouvelles connaissances plus facilement.

Stanislas Dehaene critique les méthodes éducatives classiques. Selon lui, elles ne tiennent pas assez compte des principes fondamentaux de l’apprentissage, comme l’attention, l’engagement actif et la consolidation.

En France, le Centre de recherches interdisciplinaires (CRI), à travers le réseau des Savanturiers, explore de nouvelles approches éducatives qui intègrent neurosciences et pédagogie.

Les modèles pédagogiques alternatifs

Les modèles pédagogiques alternatifs, comme Montessori et les écoles démocratiques, mettent l’accent sur l’autonomie et l’adaptation aux besoins individuels des enfants.

modèles pédagogiques alternatifs compétences de l'enfant

La pédagogie Montessori encourage la liberté avec des responsabilités, l’initiative de l’enfant et l’importance du toucher et des relations sociales.

En revanche, les écoles démocratiques, inspirées de Sudbury Valley, se passent de programme scolaire. Les enfants sont libres de définir leurs propres apprentissages en autonomie, sans notes ni évaluation.

Ces modèles, bien qu’innovants et adaptés à certains enfants, sont critiqués pour leur coût élevé et parfois leur manque de lien avec les programmes éducatifs traditionnels.

Le modèle finlandais

Le modèle éducatif finlandais, réformé en 1968, prône l’égalité et l’adaptation au développement naturel des enfants. Il se distingue par :

  • L’absence de notes jusqu’à 12 ans ;
  • Une école obligatoire dès 7 ans ;
  • Peu de devoirs ;
  • Un temps de cours réduit.

Ce système, connaît un taux de réussite élevé, avec 93 % des élèves finissant le secondaire et un accès élevé aux études supérieures.

La Finlande privilégie aussi une approche holistique par thème. En lieu et place des matières traditionnelles, les élèves explorent une même thématique sous divers angles.

Le modèle finlandais est un modèle inspirant pour l’éducation du 21e siècle.

Chez les adultes

Le monde du travail évolue rapidement. L’employabilité (la capacité d’un salarié à obtenir ou à conserver un emploi) devient plus fragile.

Les recruteurs se concentrent certes sur la performance, le comportement et l’adaptabilité. Mais, le plus souvent, ils privilégient les CV prestigieux et négligent les compétences réelles comme l’adaptabilité.

Ce décalage entre l’employabilité (attractivité) et la travaillabilité (capacité à évoluer et performer) est problématique. Les entreprises devraient se focaliser sur le potentiel d’évolution de leurs employés afin d’éviter les plans sociaux et licenciements.

Une gestion proactive des compétences — notamment celles du 21e siècle — est essentielle pour garantir la performance et la pérennité des organisations tout en renforçant l’adaptabilité des employés.

L’avènement de l’approche compétences

L’approche compétences redéfinit la gestion des ressources humaines en se concentrant sur les différents socles de compétences (techniques, comportementales, cognitives et citoyennes), plutôt que sur les diplômes et les métiers.

Cette transformation nécessite une refonte des processus de recrutement, de formation et de mobilité interne. Les entreprises doivent adapter l’environnement et les méthodes de travail pour stimuler les compétences du 21e siècle. Parmi les techniques à tester, l’auteur cite le design thinking et les réunions debout.

Schneider Electric, par exemple, a mis en œuvre des initiatives telles que Free Up Your Energy et Life Is On, axées sur le bien-être, la gestion du temps et l’énergie. L’entreprise a introduit des pratiques innovantes, telles que :

  1. Réduction des reportings inutiles ;
  2. Partage des bonnes pratiques ;
  3. Délégation accrue ;
  4. Réduction des temps de réunion.

L’initiative Life Is On a également mis l’accent sur la gestion de l’énergie physique, émotionnelle, mentale et sociale. Ces démarches visent à libérer du temps, favoriser l’apprentissage continu et renforcer les liens sociaux.

Créer une organisation apprenante requiert une coordination nouvelle en termes de formations, d’outils et de processus. Le changement doit aussi être progressif, afin de ne pas perturber la production.

L’exemple EVH

Le Réseau EVH (Entreprise Vivante par et pour des Hommes Vivants) réunit des dirigeants pour encourager leur développement personnel et leur permettre de sortir de l’isolement souvent associé à leur rôle.

Les membres, regroupés par huit, se retrouvent quatre fois par an pour 36 heures de réflexion et de partage. L’objectif est de réaligner « tête, cœur et tripes », en se reconnectant à soi-même et en mobilisant pour ce faire ses émotions, son intuition et la sagesse humaine.

Ce processus se fait sans conseils directs, mais par des échanges sincères et bienveillants. Les dirigeants développent ainsi des compétences essentielles comme :

  • La créativité ;
  • L’esprit critique ;
  • La collaboration ;
  • L’authenticité dans la communication.

Les sessions sont encadrées par des animateurs expérimentés, comme Vincent Lenhardt, pionnier du coaching en France, qui favorisent l’apprentissage par :

  1. Présentation de cas par les participants, avec une écoute profonde et des échanges pour faciliter la recherche de solutions sans donner de conseils ;
  2. Séances de coaching où un participant aide un autre devant le groupe, suivi de feedback pour améliorer les compétences d’accompagnement.

Ces pratiques permettent de mieux comprendre le rôle de dirigeant, mais aussi de se ressourcer et de repartir avec de nouvelles perspectives et actions à mettre en œuvre.

👀 Ce sujet vous interpelle ? Voici un classique du genre pour aller plus loin : Reinventing Organization.

Chapitre 7. Penser un monde nouveau grâce aux compétences du 21e siècle

Vers une société de l’inclusion et de la conscience

Le concept des « communs » désigne des ressources partagées comme l’eau, l’air ou la culture. La dégradation de ces ressources pose la question de la responsabilité collective.

Dans un article célèbre, Garrett Hardin explique que, sans régulation, l’usage individuel des communs conduit à leur destruction collective.

Quatre solutions pour préserver les communs sont proposées :

  1. Privatisation : chaque utilisateur reçoit une partie des communs, devenant responsable de sa gestion.
  2. Taxe : une taxe à l’usage permet de restaurer le bien commun après utilisation.
  3. Quotas : limiter l’accès pour préserver la ressource, assurant une utilisation raisonnée.
  4. Droits d’accise : une lourde taxe d’entrée est restituée en fonction du comportement responsable de l’utilisateur.

L’auteur conclut que, sans régulation, les intérêts individuels dominent l’intérêt collectif, menant à la ruine des communs. Protéger les ressources partagées nécessite donc des règles et une gestion commune.

Pour Jérémy Lamri, l’humanité elle-même est un commun précieux qui doit être protégé. Les choix technologiques impliquent des choix éthiques. Et ceux-ci façonneront notre avenir. Il évoque à ce propos quelques projets inquiétants.

Choisir aujourd’hui la société de demain

Le projet Neuralink d’Elon Musk, par exemple, lui semble problématique. Il vise à connecter les cerveaux humains à des ordinateurs pour rivaliser avec les machines, soulève des questions sur l’avenir de notre humanité.

Le milliardaire craint que les machines ne surpassent l’humanité. Selon lui, ne pas agir face à cette évolution pourrait nous mener à une situation où les machines prendraient le pouvoir. Nous devons donc protéger notre humanité. Mais est-ce la bonne voie ?

Pour Jérémy Lamri, les compétences du 21e siècle, comme la créativité et l’esprit critique, sont des leviers pour renforcer cette humanité face aux machines.

Une autre piste serait d’introduire des assurances compétences pour se protéger contre l’obsolescence des savoirs. Ces assurances, comme pour la santé ou la retraite, offriraient des formations pour maintenir l’employabilité. Ce concept existe en partie avec Pôle emploi (France Travail), mais il pourrait être étendu au secteur privé.

Le prix Nobel d’économie Amartya Sen, dans ses travaux sur « les capabilités« , propose quant à lui d’élargir la mesure du développement au-delà du PIB, en intégrant les libertés et le bien-être des individus.

Cette voie permettrait peut-être de réaligner la croissance économique avec l’épanouissement individuel.

Selon un autre économiste, Jean Fourastié, notre humanité est encore jeune et immature. Mais nous sommes en chemin vers la maturité. Nous devons, d’ici là, faire des choix qui préserveront notre humanité et assureront notre avenir.

Vers une société de l’intelligence collective

Depuis l’enfance, nous sommes poussés à être meilleurs que les autres, même dans des contextes où la compétition n’est pas nécessaire.

De fait, cela n’a pas toujours été comme cela. Historiquement, la solidarité et la coopération ont permis de créer de la valeur économique et sociale. La compétition n’était utilisée qu’en dernier recours, dans des situations de survie.

Selon l’auteur, les entreprises devraient aujourd’hui adopter le modèle de la coopétition (mot valise rassemblant compétition et coopération), un modèle de compétition collaborative qui permet d’atteindre des objectifs communs plus efficacement.

Ce modèle augmente la pertinence, l’efficience et l’efficacité des organisations via la mutualisation des ressources. La coopétition repose sur l’alignement des intérêts individuels et collectifs afin de créer une survaleur (un intérêt) mutuelle.

Un exemple concret est Le Lab RH, un écosystème de 400 start-ups innovantes. Toutefois, il faut reconnaître que la majorité de la valeur collective est générée par une minorité active, ce qui rappelle la « règle des 1 % », où 1 % des acteurs sont les contributeurs principaux.

Pour Jérémy Lamri, le 21e siècle sera celui des écosystèmes ou du déclin, si ces modèles coopératifs ne sont pas adoptés. Promouvoir les compétences du 21e siècle est essentiel pour développer ces écosystèmes vertueux et faire émerger une société collective et durable.

L'esprit critique comme compétence à travailler

Conclusion

Dans cette conclusion, l’auteur résume les grandes lignes de son exposé et de sa pensée.

➡️ Des compétences, mais pour accomplir quoi ?

Les compétences humaines ont permis des réalisations extraordinaires, mais leur utilité doit être questionnée. La quête incessante de progrès semble être le résultat d’une angoisse existentielle, alimentée par la peur de la mort. Cette peur conduit à une obsession pour l’efficacité et la production.

➡️ Le salut de l’humanité passe par la quête du sens

La société moderne, prise dans une course effrénée, cherche le sens de son existence dans la maîtrise du monde matériel. Or, la réponse se trouve ailleurs. Nous devrions plutôt retrouver notre fragilité et notre connexion intérieure afin de donner un sens à nos actions.

➡️ Accepter l’imperfection de l’homme et du monde

Face à l’avènement de l’intelligence artificielle, il est essentiel de ne pas chercher à créer un monde parfait. La société nous a conditionnés à répondre à trois impératifs : obéir, consommer et contrôler. Serons-nous capables de rejeter ce diktat externe au profit d’une quête d’accomplissement personnel ?

➡️ Un monde sans travail n’est possible que dans un monde plein de sens

Avec la mécanisation des tâches, la finalité même du travail est remise en question. Le 21e siècle nous offre l’opportunité de redéfinir notre modèle de société. Des idées comme le revenu universel sont des signes avant-coureurs de cette transition vers une société plus humaniste.

➡️ L’éternel recommencement des cycles du sens

La révolution industrielle a modifié nos modes de vie. Aujourd’hui, nous devons penser à une nouvelle évolution, et pas seulement à une nouvelle révolution. Il est essentiel de questionner le sens des croyances dominantes et d’orienter notre économie vers des objectifs plus cohérents et durables.

➡️ Vers l’arbre de la connaissance

Notre société ressemble à un jardinier qui tente de faire pousser des fruits sans arbre. Pour que nous nous développions véritablement, nous devons nourrir nos racines : ce sont les compétences cognitives du 21e siècle.

➡️ Des compétences pour vivre une vie épanouie

Nous devons apprendre à accepter notre imperfection et à vivre pleinement chaque instant. Les compétences du 21e siècle, telles que la créativité et l’esprit critique, pourraient bien être la clé pour libérer notre potentiel et créer une société plus humaine.

La coopération, l'une des compétences du 21e siècle

Conclusion sur « Les compétences du 21e siècle » de Jérémy Lamri :

Ce qu’il faut retenir de « Les compétences du 21e siècle » de Jérémy Lamri :

Ce livre a des allures d’étude approfondie, de manuel et de manifeste en même temps. L’auteur, Jérémy Lamri, prend la peine d’exposer de nombreuses théories scientifiques et managériales afin de nous faire comprendre l’originalité — et l’importance — de développer de nouvelles compétences au 21e siècle.

Retenez avant tout que quatre grandes compétences peuvent et devraient être développées par les enfants et les adultes afin de faire face aux nouvelles conditions économiques et sociales :

  • La créativité ;
  • L’esprit critique ;
  • La communication ;
  • La coopération.

Jérémy Lamri présente en détail l’intérêt de ces compétences pour faire face aux nouveaux enjeux qui sont les nôtres, comme le développement de l’intelligence artificielle. Plus que jamais, nous avons besoin de mobiliser nos capacités cognitives et de devenir, nous aussi, plus intelligents…

Mais humainement intelligents.

Points forts :

  • Une organisation claire de l’ouvrage ;
  • L’exposé de nombreuses théories pour ne pas être perdu ;
  • Des conseils pour agir, que ce soit au niveau individuel ou collectif ;
  • Une véritable vision pour l’avenir, au-delà des aspects pratiques et scientifiques.

Point faible :

  • Je n’en ai pas trouvé.

Ma note :

★★★★★

Avez-vous lu le livre de Jérémy Lamri « Les compétences du 21e siècle » ? Combien le notez-vous ?

Médiocre - Aucun intérêtPassable - Un ou deux passages intéressantsMoyen - Quelques bonnes idéesBon - A changé ma vie sur un aspect bien précis !Très bon - A complètement changé ma vie ! (Pas encore de Note)

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