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Résumé de « Léonard de Vinci – La biographie » de Walter Isaacson : Cet ouvrage dépeint la vie intime et publique de Léonard de Vinci, toutes les facettes de son génie créatif, à la croisée des sciences, de la technologie et des arts. Hors-norme, polymathe, anticonformiste, marginal assumé, débordant d’imagination, de talent et de curiosité, observateur exceptionnel et passionné, Léonard de Vinci est un innovateur qui a marqué l’Histoire. Walter Isaacson s’est plongé parmi les 7200 pages de notes et croquis de ses fameux carnets pour nous raconter la destinée captivante de l’un des plus grands savants de son temps.
Par Walter Isaacson, 2019, 595 pages.
Titre original : « Leonardo da Vinci »
Chronique et résumé du livre « Léonard de Vinci – La biographie » de Walter Isaacson
Introduction
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Personnages et résumé en frise
Le livre commence par décrire tous les personnages qui ont joué un rôle majeur dans la destinée de Léonard de Vinci. Il résume ensuite les périodes de sa vie sur une frise illustrée.
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Présentation d’un grand génie multidisciplinaire
En introduction, Walter Isaacson présente Léonard de Vinci.
Il le décrit comme le génie le plus créatif de l’Histoire.
Il est, entre autres :
- L’auteur des deux plus célèbres tableaux de l’Histoire : La Cène et La Joconde.
- L’archétype de l’homme de la Renaissance parce qu’il savait allier l’art et la science. Tout au long de sa vie, ses explorations scientifiques modèlent et nourrissent son travail artistique. Ainsi, il était à la fois un artiste talentueux, un grand scientifique et un excellent ingénieur.
- Enjoué, curieux, inventif, passionné voire obsessionnel dans d’innombrables domaines : anatomie, optique, botanique, géologie, mécanique, ingénierie militaire, géométrie, écriture, hydraulique, architecture, etc. Ce qu’il aimait, c’était apprendre : « apprendre tout ce qu’il est possible de connaître sur le monde et, ce faisant, découvrir la place du genre humain » écrit Walter Isaacson.
- Une source d’inspiration pour ceux qui croient en la beauté de la création. Autrement dit, pour tous ceux qui croient que « tous les éléments de l’œuvre infinie de la nature », comme il l’énonce, « sont entremêlés et merveilleusement agencés ».
- L’innovateur par excellence : fin observateur, doté d’une imagination constamment en effervescence, Léonard insuffle sa fantaisie dans ses travaux artistiques et d’ingénierie.
- Un homme charismatique « à la beauté et à la grâce saisissantes » : il est décrit comme ayant une « carrure imposante », une « force remarquable », un « port altier lorsqu’il traversait la ville à cheval », vêtu de tenues colorées, à la conversation charmante, etc.
- Un amoureux de la nature reconnu pour sa bonté et sa douceur envers les hommes et les animaux.
Le point de départ de la biographie de Léonard de Vinci, ce sont les carnets de Léonard, informe Walter Isaacson.
L’auteur s’est, en effet, plongé dans des centaines de pages de notes et de griffonnages écrites de la main de Léonard pour nous restituer sa vie et sa carrière.
Les carnets de Léonard compilent de précieuses informations sur les réflexions du génie. Chaque feuillet foisonne de détails en tous genres. Ces détails, sur lesquels les gens ne s’arrêtent généralement jamais, témoignent de sa curiosité insatiable. Léonard y inventorie année après année, sans s’arrêter, ce qu’il veut faire, apprendre, ce qui l’émerveillait, ses interrogations. Ces carnets et dessins révèlent aussi, parfois, le côté sombre et troublé de l’artiste, son esprit fiévreux, créatif, maniaque et exalté.
En plus de ses carnets, Walter Isaacson explique s’être aussi appuyé, pour rédiger cette biographie, sur de nombreux articles et thèses scientifiques consacrés à Léonard.
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S’inspirer de Léonard de Vinci
Enfin, Walter Isaacson confie avoir compris, grâce à Léonard de Vinci, à quel point le fait de s’émerveiller du monde peut « enrichir le moindre de nos instants ».
Il indique :
« Le XVe siècle, celui de Léonard, de Christophe Colomb et de Gutenberg, fut une ère d’inventions, d’exploration et de diffusion des connaissances grâce à de nouvelles technologies. Une période comme la nôtre, en somme ».
C’est la raison pour laquelle, pense Walter Isaacson, nous avons tous beaucoup à apprendre de Léonard de Vinci :
« Nous avons tant à apprendre de Léonard, de sa faculté à associer art, science, technologie, sciences humaines et imaginaire, la recette de la créativité. De son aisance à assumer un statut quelque peu marginal – bâtard, homosexuel, végétarien, gaucher, facilement distrait et par moments hérétique – aussi. Florence s’est épanouie au XVe siècle parce qu’elle embrassait ce type de personnalité. Mais la curiosité perpétuelle de Léonard et ses expérimentations sans fin devraient avant tout nous rappeler l’importance d’inculquer, à nous-mêmes et à nos enfants, non seulement des savoirs, mais surtout la volonté de les remettre en question, de nous laisser guider par notre imagination et, à l’instar des marginaux et des rebelles de toutes les époques, de penser autrement. »
Chapitre 1 – Enfance
1.1 – Vinci, 1452-1464
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La naissance du petit Léonard
Walter Isaacson retrace d’abord la généalogie de Léonard De Vinci depuis 1300 jusqu’à sa naissance.
L’auteur nous apprend ensuite que le père de Léonard est Piero Da Vinci, fils d’Antonio Da Vinci.
Né d’une lignée de notaires, Piero devient, comme tous les aînés de sa famille depuis des générations, aussi notaire. Plus ambitieux que son père Antonio de caractère oisif et proche de la nature, Piero quitte Vinci, sa petite ville natale, assez tôt pour développer sa carrière à Florence. Mais il continue de rendre visite régulièrement à sa famille à Vinci, où il entretient également une relation avec Caterina Lippi, une paysanne célibataire et orpheline de 16 ans. Caterina est sans argent, avec un petit frère à charge.
De la relation de Piero et Caterina, naît Léonard au printemps 1452, hors-mariage. Lorsqu’il arrive au monde, et bien qu’illégitime, Léonard est baptisé. Une grande cérémonie est organisée. De nombreux aristocrates importants y sont invités. Léonard se voit attribué 10 parrains, bien plus qu’habituellement.
Piero, 24 ans, prospère et en vue, n’est pas de la même classe sociale que Caterina. Il ne se marie donc pas avec Caterina mais épousera Albiera, une jeune fille de 16 ans, de son rang, fils d’un cordonnier florentin, à qui il était de toute façon promis.
Toutefois, par souci pratique et de convenance, Piero s’arrange pour que Caterina se marie peu de temps après la naissance de Léonard. Elle épouse alors Antonio di Piero del Vaccha, un fermier et chaufournier local qui a des liens avec la famille de Vinci.
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L’enfance de Léonard de Vinci
Le petit Léonard partage son enfance entre le foyer de sa mère et celui de son père qui entretiennent de bonnes relations :
- Chez sa mère Caterina et Accattabriga (surnom d’Antonio di Piero del Vaccha), Léonard aura 4 sœurs et un frère.
- Chez Piero et Albiera, il n’y a pas d’enfant (mais Piero aura au moins 11 enfants d’un troisième puis quatrième mariage après les 24 ans de Léonard).
Léonard passe également beaucoup de temps, durant sa petite enfance (jusqu’à 5 ans) chez son grand-père paternel Antonio. Ce dernier vit avec son épouse et l’oncle de Léonard, Francesco, d’à peine plus de 15 ans que Léonard. Francesco est un oisif passionné qui aime les loisirs campagnards. Il devient l’oncle adoré de Léonard.
Les anecdotes et détails captivants que partage Water Isaacson nous font revivre l’enfance singulière et heureuse du petit génie.
Walter Isaacson explique qu’au XVe siècle, l’illégitimité n’est pas très gênante, surtout dans la noblesse (les papes avaient des maîtresses et enfants illégitimes). Les enfants nés hors mariage pouvaient même se hisser à des positions prestigieuses. Ce n’était toutefois pas aussi bien perçu chez les juges et notaires qui devaient se conformer aux traditions sociales.
Léonard grandit donc entre deux mondes :
- La guilde des notaires interdisant les enfants illégitimes : il échappe au métier de notaire mais se familiarise avec la prise de notes qui se pratique de façon habituelle chez les notaires.
- Dans le même temps, il s’adonne à ses activités créatives en toute liberté. Ayant évité l’école latine, il se forme de façon autodidacte. Il est fier d’être, comme il se surnomme lui-même un « homme sans lettres » et « que ce défaut d’éducation formelle l’ait poussé à devenir un disciple de l’expérience et de l’expérimentation« .
1.2 – Disciple de l’expérience
Les conditions dans lesquelles Léonard De Vinci grandit favorisent grandement son attitude de libre-penseur et le développement de ses talents. Du fait de son statut, le petit Léonard ne sera jamais embrigadé dans « le raisonnement scolastique poussiéreux des dogmes médiévaux ». Et sûrement parce qu’il échappe ainsi à la pensée traditionnelle, Léonard devient un adulte qui :
- Questionne l’ordre, les raisonnements établis et l’autorité : sa méthode – approche empirique de la compréhension de la nature – est fondée sur l’expérimentation, la curiosité et la faculté de s’émerveiller de phénomènes.
- Se passionne pour les merveilles de la nature et développe une capacité d’observation hors-norme des formes, des ombres, des mouvements, des battements d’ailes, des émotions sur un visage…
Par ailleurs, l’époque est idéale pour un enfant avec de tels talents et ambitions : l’Italie est en paix depuis 40 ans, les compétences en lettres et en mathématiques sont en pleine croissance, les revenus aussi, les manuscrits d’auteurs antiques sont en train d’arriver en Europe suite à la prise de Constantinople par les Ottomans. Et la ville de Florence est devenue « le berceau de la Renaissance artistique et humaniste ».
1.3 – Souvenirs d’enfance
Walter Isaacson continue sa biographie de Léonard de Vinci en relatant de nombreuses anecdotes de Léonard enfant (le souvenir d’une balade dans une grotte, ou encore celui d’un milan qui lui ouvrit la bouche alors qu’il était encore dans son berceau).
Le récit nous éclaire sur la personnalité de Léonard : ses motivations, ses passions, ses angoisses existentielles (que lui inspirent, par exemple, les pouvoirs destructeurs de la nature), son goût pour les découvertes scientifiques et son sens de l’imaginaire, deux éléments qu’il entremêlera tout au long de sa vie.
L’auteur termine le chapitre de l’enfance de Léonard ainsi :
« Sa curiosité envers la nature l’encouragera toujours à poursuivre ses explorations, tandis que sa fascination et son appréhension seront exprimées dans son art. »
Chapitre 2 – Apprenti
Dans le second chapitre de la biographie de Léonard De Vinci, Walter Isaacson raconte la période d’apprentissage du jeune peintre à Florence.
2.1 – L’arrivée de Léonard de Vinci à Florence
Walter Isaacson relate d’abord son déménagement de Vinci à Florence.
En 1964, Léonard a 12 ans. Il quitte sa ville natale de Vinci pour s’installer avec son père à Florence. Son grand-père Antonio vient de décéder. Son père Piero vient de perdre son épouse, morte en couches.
L’adaptation à cette vie citadine n’est pas facile pour le jeune Léonard, habitué à vivre à la campagne. Walter Isaacson mentionne plusieurs de ses écrits où il loue la vie contemplative et solitaire de la campagne, et blâme les citadins qu’il qualifie d’ »infinie malignité ».
Léonard ne cesse de peindre et de sculpter. Il ne semble absolument pas disposé à suivre une carrière de notaire comme son père. Piero ne lui impose rien. Il sait, de toutes les façons, qu’il lui serait très difficile de contourner la règle de la guilde des notaires qui ne souhaitent pas d’enfants illégitimes dans ses rangs.
2.2 – Florence
Walter Isaacson décrit ensuite Florence comme une ville extrêmement créative au XVe siècle. Épicentre des arts et du commerce, Florence est l’endroit parfait pour Léonard.
La ville bénéficie de relations pacifistes, d’une totale liberté, d’infrastructures majestueuses (cathédrale, universités…), d’une économie florissante (alliant art, technologie, commerce et finances) et de grands penseurs humanistes qui prônent notamment la connaissance comme source de bonheur.
Dans ce vivier d’idées incroyable, la vie culturelle est très riche (spectacles, festivals, carnavals et autres divertissements grandioses). Ces événements stimulent la créativité des nombreux artistes impliqués, en particulier celle du jeune Léonard.
Enfin, « la culture valorise par-dessus tout ceux qui maîtrisent et conjuguent différentes spécialités : les polymathes » comme Léonard.
« Le mélange d’idées issues de différentes disciplines devient la norme puisque des individus aux talents variés se mêlent. Les fabricants de soie collaborent avec des batteurs d’or pour créer des vêtements enchanteurs. Les architectes et les artistes développent la science de la perspective. Les sculpteurs sur bois travaillent avec les architectes pour décorer les 108 églises de la ville. Les boutiques deviennent ateliers. Les marchands deviennent financiers. Les artisans deviennent artistes. […] La ville elle-même est devenue une œuvre d’art. »
En coulisses, c’est la famille Médicis qui tient les rênes du pouvoir. Côme de Médicis, puis son fils, Pierre, lui succède, suivi du célèbre Laurent de Médicis.
2.3 – Brunelleschi et Alberti
Walter Isaacson raconte ici l’influence des enseignements de deux « touche-à-tout » sur Léonard :
- Filippo Brunelleschi (1377-1446), concepteur du dôme de la cathédrale de Florence. Il incarne les intérêts multidisciplinaires et le renouveau du savoir classique, caractéristiques des débuts de la Renaissance.
- Leon Battista Alberti (1404-1472), successeur de Brunelleschi dans le domaine de la perspective linéaire. Cet autre polymathe de la Renaissance améliore de nombreuses expériences de son prédécesseur et élargit ses découvertes sur la perspective.
Artiste, architecte, ingénieur et écrivain, Alberti est en tout point semblable à Léonard : « fils illégitime d’un père prospère, athlétique et beau garçon, célibataire endurci, et fasciné par tout, des mathématiques à l’art ». Il voue à Léonard une amitié profonde.
L’auteur de la biographie de Léonard de Vinci conclut, au sujet d’Alberti :
« Ses nouvelles méthodes font progresser non seulement la peinture, mais aussi de nombreuses autres disciplines, de la cartographie à la scénographie. En appliquant les mathématiques à l’art, Alberti élève le statut du peintre et montre que les arts visuels méritent le même rang que d’autres disciplines humanistes, une cause que défendra Léonard par la suite. »
2.4 – Formation
La seule éducation formelle que reçoit Léonard est un enseignement élémentaire centrée sur les mathématiques applicables au commerce d’une école d’abaque.
Léonard est un élève distrait (car intéressé par trop de choses) et bon en géométrie. Gaucher (ce qui était considéré comme une étrangeté à l’époque), il écrit et dessine souvent de droite à gauche pour ne pas altérer ses notes. À ce propos, l’auteur remarque que certains passages des carnets de Léonard sont rédigés de cette façon :
« Léonard écrit de droite à gauche sur certaines pages, de gauche à droite sur d’autres, et trace systématiquement ses lettres à l’envers, de gauche à droite. On ne peut les lire sans miroir ».
2.5 – Verrocchio
À 14 ans, Léonard est en âge d’apprendre un métier. Son père lui trouve une place d’apprenti chez l’un de ses clients, Andrea del Verrocchio. Verrocchio est un artiste et ingénieur polyvalent qui tient l’un des meilleurs ateliers de Florence. Orfèvre qualifié, il est immédiatement subjugué par le talent de l’adolescent.
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L’atelier de Verrocchio
Walter Isaacson décrit, dans cette partie de la biographie de Léonard de Vinci, l’atelier de Verrocchio avec beaucoup de détails. L’atelier ressemble plus à une boutique de joaillier qu’à un studio d’art raffiné. Dans les logements au-dessus, vivent et mangent ensemble artisans et apprentis. On y « discute mathématiques, anatomie, dissection, antiquités, musique et philosophie ». Le travail est collaboratif. Les objets et œuvres sont produits en grand nombre.
Verrocchio est un maître plein de bonté. Aussi, nombre d’artistes restent vivre et travailler chez lui une fois l’apprentissage terminé. C’est aussi ce que choisit de faire Léonard. Ainsi, à 20 ans, Léonard devient maître peintre au sein de l’atelier. Il rejoint la confraternité des peintres florentins, la Compagnia di San Luca, « une sorte de club d’entraide ou de fraternité qui connaît un regain d’intérêt ».
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Les influences mutuelles de Verrocchio et Léonard
Walter Isaacson montre ensuite, à travers l’étude de diverses œuvres, l’influence de Verrocchio sur Léonard et vice versa.
Nous apprenons d’abord que c’est Verrocchio qui initie Léonard à la géométrie, à l’harmonie dans les proportions et aux mathématiques dans la nature.
L’auteur présente ensuite les nombreuses caractéristiques communes dans les peintures de Verrocchio et Léonard de Vinci : sourires enjôleur de ses personnages, boucles riches et fines, soin et détails anatomiques (muscles, veines), subtilités du mouvement dans une œuvre statique. L’auteur étudie avec détail Le David, sculpture de Verrocchio, comme exemple de ces influences mutuelles : on ne sait plus qui du maître ou de l’élève à influencer l’un et l’autre.
Par ailleurs, le projet monumental d’installer un globe de deux tonnes au sommet du dôme de la cathédrale de Florence grave dans l’esprit du jeune Léonard « le sentiment que génie artistique et génie mécanique sont étroitement liés ».
Enfin, les études de drapé que Léonard réalise chez Verrocchio l’encouragent à « développer l’un des ingrédients clés de son génie artistique : la capacité d’utiliser l’ombre et la lumière de manière à renforcer l’illusion de volume d’objets représentés en deux dimensions ». Ainsi, c’est dans l’atelier de Verrocchio que Léonard développe ses deux techniques qui lui sont si singulières et dans lesquels il excelle :
- Le clair-obscur, qui consiste à « utiliser les contrastes d’ombre et de lumière pour donner l’illusion du relief et du volume tridimensionnel aux dessins et aux peintures bidimensionnels ».
- Le sfumato, qui consiste à « estomper les contours et les bords afin de représenter les objets tels qu’ils apparaissent à l’œil nu, avec un pourtour adouci ».
2.6 – Les premières œuvres connues de Léonard de Vinci
En nous racontant l’histoire des premières œuvres connues de Léonard de Vinci, l’auteur nous montre ici comment ce dernier a fini par dépasser son maître.
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Le guerrier
L’un des plus célèbres premiers dessins de Léonard est celui d’un guerrier romain de profil portant un casque ouvragé. Ce dessin est très probablement lié à une visite du duc de Milan à Florence racontée ici par Walter isaacson.
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La vis aérienne
La vis aérienne (qui ressemble à un prototype d’hélicoptère) fait partie des premiers dessins de machines scéniques créées par Léonard pour amuser le public lors des nombreuses fêtes florentines. Homme de spectacle, Léonard se plaît déjà, dans ses créations, à combiner fantaisie et réalisme, art et ingénierie.
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Paysage de la vallée de l’Arno
Retrouvé sur un feuillet de ses carnets, il s’agit probablement du plus ancien dessin d’art connu de Léonard ; le dessin dépeint la nature d’été de Vinci en 1473.
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Tobie et l’Ange
Devenu maître peintre dans l’atelier de Verrocchio, Léonard prend part à cette œuvre collective. Il réalise le chien et le poisson de cette peinture. On y voit la puissance de la collaboration entre Léonard et son maitre.
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Le Baptême du Christ
Cette peinture montre combien Léonard a fini par dépasser son maitre, notamment parce qu’il commence à utiliser la peinture à l’huile et sa technique si singulière du sfumato. L’auteur explique bien cette étape :
« Avec le Baptême du Christ, Verrocchio passe de maître à collaborateur de Léonard. Il l’a aidé à étudier les éléments sculpturaux de la peinture, en particulier le modelé, ainsi que la manière dont les corps en mouvement se courbent. Mais Léonard, avec ses fines couches de peinture à l’huile translucides et transparentes et ses capacités d’observation et d’imagination, élève l’art à un niveau totalement différent. Des brumes de l’horizon lointain à l’ombre sous le menton de l’ange en passant par l’eau aux pieds du Christ, Léonard est en train de redéfinir la manière dont le peintre transforme et communique ce qu’il observe. »
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Annonciation et Madones
En plus des collaborations de Léonard avec Verrocchio, Walter Isaacson décrit quatre autres tableaux. Ceux-ci ont été réalisés par Léonard de Vinci dans sa vingtaine d’années alors qu’il travaille toujours dans l’atelier de Verrocchio :
- L’Annonciation : avec cette peinture, nous comprenons que Léonard expérimente, à l’époque, la lumière, la perspective et la représentation de réactions humaines.
- Deux petites peintures pieuses de la Vierge à L’Enfant : La Madone à l’œillet, aussi appelée Madone de Munich (son lieu de conservation actuel), et La Madone Benois, ou Madonna Benois.
- Portrait de Ginevra de’ Benci : c’est le premier tableau profane de Léonard ; on y retrouve des touches typiques de Léonard comme les « boucles de cheveux denses et lustrées », la « pose de trois quarts peu conventionnelle », un portait psychologique qui traduit des émotions cachées.
Chapitre 3 – Seul
3.1 – « Amore mascolino »
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Les accusations de sodomie
En 1476, alors âgé de 24 ans, Léonard est accusé de sodomie avec un prostitué de 17 ans. L’accusation a été déposée dans un tamburo (une boîte destinée à recevoir les plaintes morales) de façon anonyme. À cette époque, ce genre d’accusations est grave. Une enquête est ouverte par les Officiers de la nuit (la brigade des mœurs de l’époque).
Mais il se trouve que quatre autres personnes sont accusées. Parmi ces hommes, un est issu d’une famille haut placée liée au clan Médicis par le mariage. L’affaire est donc classée « à condition qu’aucune autre accusation ne soit formulée ». Or, une nouvelle doléance est déposée quelques semaines plus tard. Celle-ci est encore anonyme et aucun témoin ne peut corroborer les faits. Les charges sont, encore une fois, abandonnées aux mêmes conditions.
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L’homosexualité de Léonard
Sentimentalement et physiquement attiré par les hommes, Léonard n’a jamais eu de relation avec une femme. Il a exprimé plusieurs fois son dégoût pour les rapports hétérosexuels. Et l’on décèle, dans ses dessins, une fascination bien plus forte pour le corps masculin que pour le corps féminin.
Mais Léonard semble bien vivre son homosexualité : il ne la cache pas (mais ne s’en vante pas non plus). Il n’a pas honte de ses désirs sexuels qui semblent plutôt l’amuser.
Par ailleurs, Walter Isaacson explique que l’homosexualité n’est pas rare dans la communauté artistique à Florence ni dans le cercle de Verrocchio. Et bien que la sodomie reste un crime, l’amour gay est célébré dans des poèmes et chansons grivoises.
Malgré cela, l’orientation sexuelle de Léonard contribue sans doute, selon l’auteur, à son sentiment d’être atypique.
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Salaï
À cette époque, la relation la plus sérieuse de Léonard est celle qu’il entretient avec Atalante Migliorotti. Léonard enseigne la lyre à ce jeune musicien surnommé Salaï, le diablotin. Ce surnom se comprend aisément lorsqu’on lit sa description : « un jeune homme au visage d’ange mais à la personnalité infernale« .
Salaï accompagnera Léonard quelques années plus tard à Milan où il poursuivra une belle carrière musicale.
La suite de cette biographie révèle qu’il restera aux côtés de Léonard presque jusqu’à sa mort.
3.2 – Sentiment d’abandon et de solitude
Selon Walter Isaacson, Léonard se sent, à cette période-là, abandonné.
Bien qu’entretenant de bonnes relations avec son père, Léonard a le sentiment d’être en décalage. Il n’arrive pas à trouver sa place et se considère comme un outsider :
« Son père connaît de plus en plus de succès et a ses entrées dans le grand monde en tant que conseiller juridique des Médicis, des guildes les plus influentes et des églises. C’est aussi un modèle de masculinité avec sa maîtresse, ses trois épouses et ses cinq enfants. Léonard est, lui, marginal. La naissance de ses frères et sœurs renforce son illégitimité. En tant qu’artiste bâtard et gay accusé à deux reprises de sodomie, il sait qu’il renvoie aux autres l’image d’un homme différent, et c’est également ainsi qu’il se perçoit. Mais comme de nombreux artistes, il finira par faire de cette différence une force. »
3.3 – Échec commercial, tableaux remarquables mais inachevés
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Ouverture de l’atelier de Léonard
Léonard ouvre son propre atelier en 1477. Mais c’est un échec commercial. En cinq ans, il ne reçoit que trois commandes connues : une qu’il ne commencera jamais et deux qu’il abandonnera. Les voici :
- Adoration des Mages : ce retable pour la chapelle du Palazzo della Signoria est la première commande de Léonard. Il a alors 26 ans. Léonard ne terminera jamais cette peinture ; et pourtant, elle deviendra l’une des peintures inachevées les plus influentes de l’histoire de l’art, nous dit Walter Isaacson, avant de rajouter : « L’Adoration des Mages résume le génie frustrant de Léonard puisqu’elle constitue une démonstration novatrice et incroyable de talent abandonnée une fois passé le stade de la conceptualisation ».
- Saint Jérôme : ce tableau remarquable, notamment pour sa dimension psychologique intense (peinture des émotions de dizaines de personnages) est le premier dessin anatomique de Léonard de Vinci. Il reste aussi inachevé (bien qu’ayant connu des rajouts vingt ans après par Léonard, lors de ses découvertes anatomiques par dissections).
L’étude de ces tableaux donne l’occasion à Walter Isaacson de souligner deux caractéristiques propres à Léonard de Vinci qui se retrouvent tout au long de sa carrière :
- Celle de rarement finir ses œuvres ;
- Celle de toujours vouloir peindre ce qu’il appelle « les mouvements de l’esprit ».
Léonard de Vinci finissait rarement les œuvres qu’il commençait. Pour l’auteur, il y a deux raisons à cela :
- C’était un perfectionniste : dès lors, il ne se sentait pas toujours de taille à terminer les projets colossaux qu’il s’imposait. Son idée de l’art était tellement élevée qu’il lui était impossible de l’exécuter parfaitement : « il voyait des défauts même dans ce qui, à d’autres, semblait être un miracle ».
- Léonard préfèrait la conception à l’exécution.
Toutefois, Léonard de Vinci ne laisse généralement pas de peintures inachevées « en les abandonnant purement et simplement ». Il les perfectionne et les conserve parfois pendant des années pour leur apporter des améliorations. Il y a même beaucoup de peintures terminées (La Joconde par exemple) qu’il ne livrera jamais : il les emporte avec lui et les retravaille dès qu’il a de nouvelles idées.
« C’est ainsi qu’il mourra entouré de certains de ses chefs-d’œuvre. Aussi frustrant que ce trait de caractère nous semble aujourd’hui, il y a quelque chose de poignant et de captivant dans le refus de Léonard de déclarer qu’un tableau est terminé et de le livrer : il savait qu’il en avait toujours plus à apprendre, qu’il avait de nouvelles techniques à maîtriser et que l’inspiration pouvait surgir à tout moment. Et il avait raison. »
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Les mouvements de l’esprit
Dans ses peintures, Léonard de Vinci cherche à traduire les mouvements du corps (moti corporali), mais aussi ce qu’il nomme les « atti e moti mentali« , les attitudes et les mouvements de l’esprit. D’ailleurs, dans ses carnets, l’artiste écrit :
« Un bon peintre doit principalement représenter deux choses : l’homme et l’intention de l’esprit. Le premier est simple à dépeindre au contraire de la seconde, qui doit être traduite par les gestes et les mouvements du corps. »
Léonard est, en effet, obsédé par la manifestation externe des émotions. Cela s’observe dans son art, mais aussi dans ses études anatomiques. Il cherche à savoir quels nerfs sont reliés au cerveau et ceux rattachés à la moelle épinière, quels muscles ils activent et quels mouvements faciaux sont liés entre eux. « Il tente même, en disséquant le cerveau, de déterminer la zone responsable de la connexion entre les sensations, les émotions et les mouvements », confie l’auteur.
3.4 – Désespoir
Walter Isaacson termine le troisième chapitre de la biographie de Léonard de Vinci en évoquant les conflits intérieurs de l’artiste : sa mélancolie, voire son état dépressif, ses carnets des années 1480 pleins d’expressions de tristesse, voire d’angoisse.
Chapitre 4 – Milan
4.1 – Diplomate culturel
À 30 ans, Léonard de Vinci quitte Florence pour Milan.
Il part dans une délégation diplomatique envoyée par Laurent le Magnifique (Laurent de Médicis) au duc de Milan. Léonard est, en fait, un cadeau diplomatique. Il a pour mission de se présenter au duc avec sa lyre, un instrument en argent (en partie) en forme de crâne de cheval créé par Léonard et dont il joue incroyablement bien.
Walter Isaacson relate le voyage de la délégation diplomatique. Léonard est accompagné de Salaï (Atalante Migliorotti), son « compagnon ». Tous deux ont dans l’idée de s’installer définitivement à Milan. Ils y resteront en fait 17 ans.
4.2 – La lettre de candidature à Ludovic Sforza
Milan est une ville bien différente de Florence. C’est une cité-État dirigée par des personnages militaires qui ont pris le pouvoir par la force et se sont autoproclamés ducs héréditaires : les Visconti puis les Sforza.
Lorsque Léonard arrive à Milan, c’est Ludovic Sforza qui règne sur la cité depuis son prestigieux château. Léonard lui écrit une lettre dans laquelle il ne mentionne ni ses dons de peintre ni ses dons de musicien (ceux pour lesquels il a été envoyé). Mais il y expose son expertise militaire, mécanique et ses compétences d’ingénieur. Il lui propose aussi ses services pour réaliser une statue équestre à la gloire du père de Ludovic. Léonard espère ainsi plaire à Ludovic Sforza qui se sait « sous la menace constante d’une révolte locale ou d’une invasion française ».
4.3 – Ingénieur militaire
Lorsqu’il vivait à Florence, Léonard a dessiné plusieurs inventions ingénieuses d’équipement militaire : un mécanisme permettant de repousser les échelles d’envahisseurs tentant d’escalader une muraille, un autre qui éjecte les ennemis parvenus au sommet des murailles, une machine de siège roulante et blindée qui permet d’installer un pont couvert par-dessus les fortifications d’un château, etc..
À Milan, Léonard de Vinci améliore toutes ces idées. Il invente des concepts novateurs de machines. Il imagine des engins militaires et armes ingénieuses comme un char à faux ou sa fameuse arbalète géante de 24 mètres d’envergure. Mais rien ne sera jamais construit. Le seul projet militaire livré par Léonard à Ludovic est une étude des défenses du château de Milan.
4.4 – La ville idéale
À Milan, Léonard de Vinci développe aussi son intérêt pour l’architecture. Mais comme dans le domaine militaire, il crée des concepts novateurs qu’il ne réalisera jamais.
Le meilleur exemple que nous décrit Walter Isaacson à ce sujet est celui des plans que Léonard a dessiné pour une ville utopique au début des années 1840 après qu’une peste ait emporté un tiers des habitants de Milan (propagation principalement liée aux conditions urbaines insalubres).
Il s’agit là d’un « concept radical associant sa sensibilité artistique à ses visions d’urbaniste » : la création de nouvelles « cités idéales » entièrement neuves, à la fois saines et esthétiques.
Pour cela :
« Il s’appuie sur l’analogie classique entre le microcosme du corps humain et le macrocosme de la Terre : les villes sont des organismes qui respirent, qui sont parcourus de fluides et qui doivent éliminer une série de déchets. Quelques temps auparavant, il a commencé à étudier le sang et la circulation des fluides dans le corps. Dans son approche analogique, il envisage les meilleurs systèmes circulatoires selon les besoins urbains, du commerce à l’élimination des ordures. »
L’auteur de la biographie de Léonard de Vinci explique alors combien ce concept, comme de nombreuses autres idées de Léonard, est visionnaire. Mais justement, parce qu’elles sont en avance sur leurs temps, ces propositions sont difficilement applicables à la Renaissance. Et bien que pertinentes et géniales, elles ne convainquent pas Ludovic Sforza.
Walter Isaacson termine en s’interrogeant :
« Aurait-il appliqué ne fût-ce qu’une partie des plans de Léonard que la nature des cités aurait pu être totalement transformée, ce qui aurait pu réduire les épidémies de peste et changer le cours de l’Histoire. »
Chapitre 5 – Les carnets de Léonard
Walter Isaacson évoque ici la tendance naturelle de Léonard de Vinci à prendre des notes :
« Il griffonne spontanément ses observations et ses idées, dresse des listes et dessine des croquis. Au début des années 1480, peu après son arrivée à Milan, il commence à prendre régulièrement des notes dans des carnets, une habitude qui l’accompagnera tout au long de sa vie. […] Il ne s’en sépare jamais et les utilise sur le terrain. »
Walter Isaacson a beaucoup étudié les carnets de Léonard de Vinci. Ceux-ci servaient à Léonard à consigner ses observations, surtout les scènes qui impliquaient des personnes et des émotions.
L’auteur lit, dans cette habitude à noter, « l’enthousiasme d’un explorateur curieux et insatiable« . Il y voit « un catalogue de ses nombreuses passions et obsessions ». Presque tout y est, nous dit-il, à l’exception de révélations personnelles et intimes.
Au total, plus de 7 200 pages de notes ont été conservées (soit probablement un quart de ce que Léonard a écrit).
Dans cette partie de la biographie de Léonard de Vinci, Walter Isaacson propose d’étudier une de ces pages de carnets pour observer la créativité du génie à l’œuvre.
On remarque notamment que Léonard utilisait chaque petit recoin de chaque feuillet (le papier de bonne qualité étant cher). On y voit un enchevêtrement d’idées, parfois mystérieuses. Les dates sont rarement précisées. Les idées sont notées les unes à côté des autres sans lien apparent ou à des périodes très éloignées.
Parfois, Léonard mentionne son intention d’organiser et de retravailler ces notes pour les publier. Mais finalement, termine Water Isaacson :
« Comme en peinture, il commence à rédiger ses traités, les modifie et les améliore de temps en temps, sans jamais paraître se résigner à en divulguer une version définitive au public. »
Chapitre 6 – Amuseur de la cour
6.1 – Fêtes et spectacles
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Léonard de Vinci rentre à la cour des Sforza en tant que créateur de spectacle
Contrairement à ce qu’il espérait en arrivant, Léonard de Vinci entre finalement à la cour de Ludovic Sforza non pas comme architecte ou ingénieur, mais comme créateur de divertissements.
Ludovic Sforza organise fréquemment des fêtes. Ces spectacles sont devenus une véritable industrie à la cour :
« Architectes, mécaniciens, musiciens, poètes, interprètes et ingénieurs militaires sont tous mis à contribution dans ce type d’événements. Pour Léonard, qui se retrouve dans chacune de ces professions, c’est le moyen idéal de se faire une place à la cour des Sforza. »
Le côté à la fois artistique et technique que demande la production de ce type d’événements plaît à Léonard (scénographie, costumes, décors, musique, mécanismes, chorégraphies, allusions allégoriques, automates et gadgets).
Walter Isaacson décrit ici, avec détails, tout le génie de l’artiste dans ce domaine-là aussi. Les spectacles de Léonard de Vinci étaient, en effet, connus pour être éblouissants. Malheureusement, nous n’en avons aucune trace physique, regrette l’auteur.
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Les mises en scène de Léonard de Vinci les plus emblématiques à la cour de Ludovic Sforza
Parmi les spectacles les plus emblématiques, Walter Isaacson cite le spectacle sons et lumières extravagant que Léonard de Vinci monte avec le jeune neveu de Ludovic Sforza, Jean Galéas Sforza : Le Bal des planètes.
« La mise en scène de Léonard est un triomphe, et Le Bal des planètes lui assure une certaine renommée – plus en tout cas que sa carrière de peintre aux tableaux inachevés et que ses rêves d’ingénieur militaire. L’exercice lui plaît particulièrement. Ses carnets montrent son intérêt pour les mécanismes et les automates utilisés pour les changements de décor. Il est né pour jouer avec la fantaisie et la machinerie. »
L’auteur mentionne deux autres mises en scène :
- Une qui montre bien l’attirance de Léonard de Vinci pour l’exotique et le terrifiant, « son affinité pour les démons étranges et les dragons« . Il s’agit de la mise en scène réalisée lors du mariage de Ludovic Sforza et Béatrice d’Este.
- Une comédie intitulée Danaé qui met en scène l’une des pièces les plus extravagantes de l’époque, pleine d’effets spéciaux et d’astuces mécaniques conçus par Léonard.
Finalement, pour Léonard de Vinci, la production de spectacles :
- Est amusante.
- Plutôt bien rémunérée.
- L’oblige à donner vie à ses fantaisies et à aller au bout de ses projets : contrairement à la peinture, les spectacles sont programmés et doivent être prêts lors du lever du rideau. Impossible donc de procrastiner.
- L’amène à approfondir ses recherches scientifiques : par exemple, Léonard étudie les oiseaux pour concevoir des machines volantes avec ailes mécaniques.
- Stimule sa créativité artistique et scientifique : sa passion pour les gestes théâtraux se retrouve dans les peintures narratives réalisées durant cette période.
6.2 – Musique
Initialement, Léonard est envoyé à la cour des Sforza pour ses talents musicaux. Aussi, lorsqu’il s’y présente, il apporte une version personnelle d’un instrument populaire à l’époque. Il s’agit d’une sorte de lyre en forme de crâne de cheval que Léonard tient entre ses mains comme un violon. Il l’a lui-même façonné.
Walter Isaacson nous apprend qu’en fait, Léonard de Vinci a inventé de nombreux autres nouveaux instruments dans le cadre de ses activités de créateur de spectacle. À ce propos, il écrit :
« Les inventions musicales de Léonard sont le produit de son instinct d’ingénieur et de son attirance pour le divertissement. Il invente des façons originales de contrôler les vibrations, et donc la hauteur et le timbre des sons produits par des cloches, des tambours et des cordes. »
Les carnets de l’artiste sont remplis de ce type de croquis. Mais l’instrument le plus complexe que Léonard ait imaginé, nous dit l’auteur, est la « viola organista », un hybride entre le violon et l’orgue.
L’auteur souligne aussi le talent éblouissant de Léonard en chant et pour improviser un accompagnement à la lyre.
6.3 – Dessins allégoriques et grotesques
Léonard est aussi un dessinateur talentueux. L’auteur de la biographie de Léonard de Vinci dépeint diverses créations artistiques dont deux séries de dessins particulièrement intéressantes.
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Les dessins allégoriques
Cette série de dessins allégoriques a probablement été produite par Léonard pour illustrer des histoires racontées à l’assemblée à la cour. Pour Walter Isaacson, même s’ils représentent des personnes, certains de ses dessins sembleraient révéler les démons intérieurs de Léonard.
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Les grotesques
Léonard de Vinci appelle cette série de drôles de portraits : « visi mostruosi« , autrement dit « les visages monstrueux« , ou ses « grotesques« . Ces portraits caustiques associent la beauté et la laideur que Léonard sait si bien percevoir en toute chose. Ces petites caricatures (la plupart sont plus petites qu’une carte de crédit) ont vraisemblablement été réalisées comme des satires pour illustrer là aussi des récits drôles ou des performances présentés au château.
6.4 – Divertissements littéraires
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Fables, contes, histoires drôles et jeux de mots
Léonard de Vinci est aussi un « causeur et un conteur d’exception » lance Walter Isaacson. En témoignent ses divertissements littéraires lus et déclamés à la cour. Walter Isaacson liste ici tout ce que Léonard de Vinci a créé dans ce registre lorsqu’il travaillait à la cour des Sforza : de nombreux contes moraux et fables, un bestiaire (ensemble de récits courts sur des animaux avec morale à la fin), des « prophéties » (énigmes courtes, questions pièges), jeux de mots visuels (cryptogrammes, pictogrammes et rébus avec message à décoder), des devinettes, facéties…
Ces amusements littéraires sont pleins d’histoires drôles et de farces. Ils montrent aussi l’amour de Léonard pour les animaux.
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Nouvelles et récits fantaisistes
Enfin, Léonard aime écrire des histoires qui mêlent réalisme et fantaisie. Dans ses carnets, des nouvelles, parfois sous la forme de lettres, décrivent des aventures et pays mystérieux.
Walter Isaacson évoque deux de ces récits marquants :
- La lettre à Dei, qui a vraisemblablement été joué lors d’une fête à la cour des Sforza. Cette nouvelle évoque un personnage ayant beaucoup voyagé et narrant ses histoires fabuleuses. « Les scènes apocalyptiques de destruction et de déluge anéantissant toute vie terrestre » que l’on retrouve dans ce récit est une thématique constamment revisitée par Léonard.
- Un récit, composé d’une série de lettres écrites par un prophète et un hydraulicien sacré sultan de Babylone : en plus d’aborder une nouvelle fois le thème du déluge et de la destruction, il « illustre un rêve que caresse Léonard : devenir hydraulicien« .
Selon Walter Isaacson, même si les histoires de Léonard de Vinci étaient écrites dans le but de divertir la cour, quelque chose de plus profond s’en dégage : elles nous permettent, pense l’auteur, « d’entrapercevoir les remous et les tourments de la psyché de l’homme derrière l’organisateur de spectacles« .
Chapitre 7 – Vie privée
7.1 – Beauté remarquable et grâce infinie
À Milan, Léonard est réputé pour ses talents, mais aussi « pour son charme, sa stature athlétique et sa gentillesse« .
Quantité d’intellectuels de premier plan de Milan et de Florence font référence à Léonard dans leurs lettres et dans leurs écrits en des termes élogieux et cordiaux.
Les divers témoignages réunis par Walter Isaacson le décrivent comme un génie inventif mais aussi comme un homme aimable, généreux, entouré d’amis, s’attirant l’affection de tous. Tous soulignent sa grande élégance, évoquant sa très longue barbe bouclée et ses tenues exubérantes mais toujours distinguées (ses vêtements sont colorés et il revêt souvent une cape rose qui lui arrive juste aux genoux).
Léonard de Vinci est dépeint comme un homme qui ne possédait rien, mais qui était pourtant toujours entouré de serviteurs et de chevaux. On le dit « motivé ni par la richesse ni par les possessions matérielles« . Il consacrait ainsi « bien plus de temps à apprendre qu’à se cantonner dans des activités lucratives« .
Enfin, l’auteur évoque l’amour de Léonard pour les animaux qui l’a conduit à être végétarien une grande partie de sa vie et à ne jamais porter « rien qui ait du sang ou qui permettent à quiconque de blesser un être vivant » (il s’habillait, par exemple, avec du lin). Aussi, le peintre Vasari qui l’a connu raconte :
« Souvent, lorsqu’il passait devant un endroit où l’on vend des oiseaux, il sortait quelques volatiles des cages, les payait au vendeur et les laissait s’envoler pour qu’ils regagnent leur liberté perdue. »
7.2 – Salaï
Parmi les jeunes compagnons de Léonard, celui qui a le plus compté à ses yeux (de loin) est « un polisson surnommé Salaï« . Ce dernier s’installe avec Léonard qui est alors âgé de 38 ans :
« Salaï est plus qu’un aidant. Il est en fait l’assistant, le compagnon, le secrétaire et, probablement durant une période de sa vie, l’amant de Léonard. »
Salaï est décrit comme « voleur, menteur, têtu et cupide« . Ses frasques sont à l’origine de chamailleries incessantes entre les deux hommes. Mais finalement, Léonard fait preuve de beaucoup de patience et tolère la conduite de Salaï pendant des années.
7.3 – Jeunes hommes et vieillards
Walter Isaacson remarque ici une thématique qui revient régulièrement tout au long de la carrière de Léonard de Vinci : celle de la confrontation de la jeunesse et la vieillesse.
On l’observe, nous dit-il, dans ses œuvres. Et particulièrement dans une série de dessins d’homme vieux et d’homme jeune face à face, dessins allégoriques du Plaisir et de la Peine :
« Le jeune personnage incarnant le Plaisir ressemble à Salaï. Il se tient dos à dos avec le vieil homme qui représente la Peine. Ils sont entremêlés. Leurs corps fusionnent à mesure que leurs bras s’entremêlent. « Plaisir et Peine sont représentés sous les traits de jumeaux […] », écrit Léonard sur son dessin, « car l’un n’est jamais sans l’autre ». »
Chapitre 8 – Homme de Vitruve
8.1 – Un tiburio pour la cathédrale de Milan
Dans ce huitième chapitre de la biographie de Léonard de Vinci, Walter Isaacson raconte l’aventure d’un des dessins les plus célèbres de Léonard : L’Homme de Vitruve.
Tout commence en 1487. Léonard participe au concours qui fait suite à l’appel à projet des autorités milanaises pour construire un tiburio (= une tour lanterne) au sommet de la cathédrale de Milan.
Ce tiburio est une construction complexe : la structure est fragile et il faut respecter le style gothique de la cathédrale. De nombreux architectes ont déjà échoué. Les meilleurs artistes-ingénieurs-architectes de la Renaissance italienne sont candidats au projet. Ils décident de travailler en collaboration et partagent leurs idées. À cette occasion, Léonard se lie d’amitié avec deux d’entre eux : Donato Bramante et Francesco di Giorgio.
Francesco di Georgio est un artisan aux multiples talents, allant de l’art à l’ingénierie. Le projet du tiburio de la cathédrale de Milan lui est finalement attribué. Léonard se retire du projet. Mais il ressort riche de cette collaboration : ensemble, ils ont créé des concepts et dessins intéressants « dont l’objectif est d’harmoniser les proportions humaines et celles des bâtiments religieux ».
8.2 – Voyage à Pavie avec Francesco di Giorgio
Lors d’un voyage à Pavie, en 1490, effectué pour un travail collaboratif, Francesco et Léonard commencent à échanger sur le traité d’architecture que Francesco est en train de rédiger.
Francesco di Giorgio explique qu’il s’est appuyé sur le travail de Vitruve (un militaire de l’armée romaine de César devenu architecte) pour poser le principe directeur de son traité : « tous les arts et toutes les règles du monde sont dérivés d’un corps humain correctement constitué et proportionné ».
Francesco fait référence à l’analogie de Vitruve entre le microcosme – constitué par l’homme – et le macrocosme – constitué par la terre. L’évocation est puissante. Selon Vitruve :
« Il en est de même des parties d’un édifice sacré : toutes doivent avoir dans leur étendue particulière des proportions qui soient en harmonie avec la grandeur générale du temple. Le centre du corps est naturellement au nombril. Qu’un homme, en effet, soit couché sur le dos, les mains et les pieds étendus, si l’une des branches d’un compas est appuyée sur le nombril, l’autre, en décrivant une ligne circulaire, touchera les doigts des pieds et des mains. Et de même qu’un cercle peut être figuré avec le corps ainsi étendu, de même on peut y trouver un carré : car si on prend la mesure qui se trouve entre l’extrémité des pieds et le sommet de la tête, et qu’on la rapporte à celle des bras ouverts, on verra que la largeur répond à la hauteur, comme dans un carré fait à l’équerre. »
Les descriptions des proportions du corps humain de Vitruve inspirent Léonard. Lui aussi en est convaincu : les proportions du corps humain sont analogues à celles d’un temple bien conçu et à celles du monde.
8.3 – Naissance du célèbre dessin de l’Homme de Vitruve
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Léonard et ses amis commencent à dessiner un homme, bras et jambes écartés, au centre d’une église et de l’univers
De retour à Milan, lors d’un dîner, Léonard et Francesco parlent du travail de Vitruve à Giacomo Andrea, qui fait lui aussi partie du cercle d’architectes et d’ingénieurs rassemblés par Ludovic à la cour de Milan. Suite à cet échange, Giacomo dessine la proposition de Vitruve. Il en produit une version simple : un homme dans un cercle et un carré.
Puis Léonard décide de créer sa propre version. Celle-ci se distingue des dessins de ses amis Francesco di Giorgio et Giacomo Andrea par « sa justesse scientifique » ainsi que par « ses qualités artistiques », affirme Walter Isaacson. Sur ce dessin, l’homme au regard intense et aux cheveux bouclés semble en mouvement, vibrant, énergique. Il dégage une impression de naturel et d’aise.
Le célèbre dessin de l’Homme de Vitruve, symbole de l’harmonie entre l’homme et l’univers, est né !
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Le symbole de l’humanisme universel
Pour Walter Isaacson, « ce chef-d’œuvre incarne l’association de l’humain et du divin » :
« L’Homme de Vitruve de Léonard incarne un moment de l’Histoire où l’art et la science s’associent pour permettre aux esprits mortels de sonder les questions intemporelles sur leur identité et sur leur place dans le grand ordre universel. Il symbolise aussi un humanisme idéal qui célèbre la dignité, la valeur et la rationalité de l’humain comme individu. Dans ce cercle et ce carré, c’est notre essence que nous percevons à travers celle de Léonard de Vinci, nu entre terrestre et cosmique. »
Dans son Homme de Vitruve, Léonard associe de nombreux autres concepts et idées. Parmi ces concepts, Walter Isaacson cite :
- Le défi mathématique de la quadrature du cercle,
- L’analogie entre le microcosme qu’est l’humain et le macrocosme qu’est la terre,
- Les proportions humaines découvertes lors de ses recherches anatomiques,
- La géométrie des carrés et des cercles dans l’architecture des églises,
- La transformation des figures géométriques,
- L’alliance des mathématiques et de l’art dans ce que l’on appelle « le nombre d’or » ou encore « la divine proportion« .
8.4 – Collaboration
L’auteur nous explique enfin que Léonard de Vinci se plaît à être entouré d’amis, compagnons, élèves, assistants, collègues et penseurs. L’Homme de Vitruve témoigne du fait qu’il aime collaborer et réfléchir avec les autres. Walter Isaacson écrit :
« Sa réflexion […] se nourrit non seulement de sa propre expérience ou de ses lectures, mais aussi de conversations avec ses amis et collègues. Pour Léonard comme pour la plupart des penseurs multidisciplinaires de l’Histoire, les idées sont avant tout affaire de collaboration. »
La cour de Milan, qui regroupe musiciens, artistes, architectes, ingénieurs, mathématiciens, chercheurs en médecins, scientifiques de tous bords, constitue un terreau idéal à Léonard. Il peut y apprendre sans cesse, satisfaire son insatiable curiosité, échanger autour d’idées et visions communes.
Chapitre 9 – Le monument Sforza
9.1 – Résidence à la cour
En 1489, Ludovic Sforza demande à Léonard de créer un monument. Il s’agit de la statue équestre à la gloire de son père qu’il s’engageait à ériger dans la lettre qu’il lui adressait sept ans plus tôt. Ce cheval de bronze devra être gigantesque.
Cette nouvelle responsabilité, en plus des autres en tant qu’imprésario et organisateur de fêtes et de spectacles, assure à Léonard une place officielle à la cour. Léonard de Vinci devient peintre et l’un des quatre ingénieurs principaux du duc. « C’est la situation dont il a toujours rêvé », indique Walter Isaacson.
Aussi, Ludovic Sforza lui fournit :
- Un logement : des chambres pour lui et ses assistants ainsi qu’un atelier à la Corte Vecchia, un château du centre-ville.
- Un salaire généreux : pour compenser certains retards de paiement, le duc offre également à Léonard un vignoble près de Milan qui lui rapportera un petit revenu jusqu’à la fin de sa vie.
9.2 – Conception et coulage de la statue équestre
La commande de la statue équestre à Léonard a pour but d’asseoir la légitimité de la famille Sforza sur Milan. C’est pourquoi celle-ci doit être la plus imposante possible. Il est prévu qu’elle fasse donc 7 mètres de hauteur.
Léonard se lance d’abord dans la récolte de mesures précises sur l’anatomie des chevaux en procédant à des dissections. Léonard crée ensuite un moule puis une version du cheval en argile. Au moment du coulage du bronze fondu, l’artiste fait face à divers challenges. Ceux-ci nécessitent une vraie expertise des métaux et systèmes.
Lorsqu’il parvient à solutionner ces problèmes, en 1494, Milan est aux prises avec les troupes françaises de Charles VIII qui sont en train d’envahir l’Italie. Les Sforza décident d’utiliser le bronze dédié à la statue pour confectionner trois canons. Canons qui ne serviront finalement jamais puisque les Français finissent par prendre Milan en 1499 très facilement.
L’énorme cheval en argile est finalement détruit par les archers français qui s’en servent pour s’exercer au tir. Le moule, quant à lui, ne sera, malgré plusieurs demandes de rétribution, jamais rendu par les autorités françaises. « Le cheval de Léonard finit par rejoindre, bien malgré lui, les autres chefs-d’œuvre potentiels et les rêves avortés du maître… », conclut Walter Isaacson.
Chapitre 10 – Scientifique
Dans ce nouveau chapitre de la biographie de Léonard de Vinci, Walter Isaacson développe quatre grandes caractéristiques propres à Léonard de Vinci.
Il met en évidence que Léonard était un scientifique autodidacte, curieux, très observateur, qui travaillait en se basant sur la théorie et ses expérimentations et en utilisant beaucoup les analogies.
10.1 – Léonard, l’autodidacte
À défaut d’éducation formelle et de savoir académique (il ne sait ni le latin ni le grec ancien), Léonard accumule des connaissances pointues en s’appuyant sur ses expériences et ses lectures (la technologie de Gutenberg vient d’arriver en Italie et les imprimeurs et maisons d’édition fleurissent).
Sa bibliothèque regorge d’ouvrages scientifiques, poétiques, littéraires. Elle contient des livres sur la machinerie militaire, l’agriculture, la musique, la chirurgie, la santé, la science aristotélicienne, la physique arabe, la chiromancie, les vies de philosophes célèbres. Mais aussi, des traités d’art et d’architecture, des fables, des recueils de poèmes, des publications religieuses, des écrits consacrés aux mathématiques…
En parlant de Léonard de Vinci, Walter Isaacson écrit :
« Son appétit livresque est féroce et étendu. Mais il aime aussi puiser dans les cerveaux des autres. […] C’est ainsi que Léonard devient un disciple de l’expérience et de la connaissance. Plus important encore, c’est ainsi qu’il en vient à constater que la science progresse lorsque les deux dialoguent. Cela l’aide à comprendre que la connaissance naît du mariage de l’expérimentation et de la théorie. »
10.2 – Léonard, le fin observateur et l’expérimentateur-né
Léonard de Vinci, ajoute Walter Osaacson possède « l’œil de l’observateur, le recul du sceptique et la curiosité du scientifique ».
Ainsi, il observe les faits pour tenter d’en déduire des motifs récurrents et comprendre les forces naturelles à l’œuvre. Au fur et à mesure des années, son goût pour la lecture lui fait prendre conscience que l’expérience et la théorie sont, en fait, complémentaires.
« Sa capacité de faire dialoguer l’expérience et la théorie fait de lui l’un des premiers exemples de la manière dont l’observation fine, la curiosité insatiable, l’expérimentation, la remise en question des dogmes et l’habileté à découvrir des correspondances entre les disciplines peuvent faire grandement progresser les connaissances. »
10.3 – Léonard, maître en analogies
« Un sentiment intuitif de l’unité de la nature permet aux yeux et à l’esprit de Léonard de bondir d’un domaine à l’autre et de percevoir des connexions. »
Voici, comme exemple parlant de son approche analogique, un extrait de ses carnets :
« Toutes les branches d’un arbre, à quelque degré de hauteur qu’on les réunisse, sont égales à la grosseur du tronc. Toutes les ramifications des eaux, douées d’un mouvement égal, à chaque degré de leur longueur égalent la grosseur du fleuve, leur père. »
Cette règle porte toujours son nom : « la loi de Vinci ».
« Elle a été validée dans des situations impliquant des branches de largeurs limitées : la somme de la surface de la section transversale de toutes les branches situées au-dessus d’un point de ramification est égale à la surface de la section transversale du tronc ou de la branche immédiatement au-dessous du point de ramification. »
Léonard trouve également des similitudes entre la lumière, le son, le magnétisme et les réverbérations des percussions causées par un coup de marteau : tous rayonnent et se propagent souvent par vagues (autrement dit, par ondes).
10.4 – Léonard, insatiable curieux
Léonard de Vinci possède « une curiosité omnivore, presque fanatique » indique Walter Isaacson.
Cette curiosité se porte sur des sujets qui « n’intéressent pas le moins du monde les personnes qui ont passé l’âge de 10 ans » constate l’auteur. Il se demande, par exemple : Pourquoi le ciel est-il bleu ? Comment se forment les nuages ? Pourquoi ne voit-on qu’en ligne droite ? Qu’est-ce que le bâillement ? Quel est le nerf qui détermine le mouvement des yeux et fait que l’un entraîne l’autre ? Il s’intéresse à décrire la langue du pivert, la mâchoire du crocodile ou encore le placenta du veau.
Cette curiosité insatiable s’accompagne d’un sens aigu de l’observation, « d’une intensité rare » précise l’auteur :
« Son œil vif est l’allié de sa curiosité. Il est capable de fixer son regard sur des éléments qui passent inaperçus pour le commun des mortels. […] L’œil de Léonard est particulièrement habile à observer les mouvements. »
Dans ses carnets, Léonard de Vinci explique sa méthode pour développer ses talents d’observateur. Il dit scruter chaque détail de manière indépendante.
Chapitre 11-12-13-14 – Oiseaux, arts mécaniques, mathématiques et nature de l’homme
Dans les chapitres suivants de la biographie de Léonard de Vinci (11, 12, 13, 14), Walter Isaacson explique, avec beaucoup de détails, toutes les découvertes, et tout ce qui a passionné Léonard de Vinci tout au long de sa vie et de sa carrière.
Les travaux de Léonard sont tous très approfondis. Les domaines sont incroyablement variés (oiseaux, arts mécaniques, mathématiques, nature de l’homme…). Malheureusement, l’immense majorité de ces travaux n’a jamais été partagée publiquement. En fait, l’intention de Léonard y était souvent. Mais elle était dissipée par son intérêt bien plus fort pour la découverte des concepts que celui pour la réalisation ou la publication.
Malgré cela, les recherches savantes du génie visionnaire ont fait avancer le monde. De nombreux experts en tous genres se sont inspirés de ses travaux pour élaborer des théories majeures et mettre à jour des découvertes innovantes.
Il est impossible ici de mentionner la quantité incroyable de choses que Léonard a entreprises, mais en voici un condensé.
Chapitre 11 – Les oiseaux et leur vol
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L’ornithologie
Léonard de Vinci explore l’anatomie des oiseaux, le mouvement du vent, les concepts de gravité et de densité. Il cherche à savoir comment les oiseaux manœuvrent leurs ailes. Après 20 ans d’étude, Léonard décide de compiler ses observations dans un traité dans le but de les publier (le Codex sur le vol des oiseaux, 18 folios). Mais celui-ci restera inachevé.
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La possibilité de créer des machines volantes
Léonard associe ingénierie, physique et anatomie pour créer des machines volantes essentiellement destinées à ses mises en scènes au théâtre (vol humain autopropulsé, appareils à ailes mobiles, planeurs).
« Malgré la beauté de ses représentations artistiques et l’ingéniosité de ses concepts, il ne parviendra jamais à créer une machine volante à propulsion humaine capable de décoller seule. Il faudra attendre 500 ans de plus avant que l’être humain ne réussisse cet exploit. »
Chapitre 12 – Les arts mécaniques
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Les machines
La fascination de Léonard de Vinci pour le mouvement l’amène inévitablement à s’intéresser aux machines et aux humains qui sont, pour lui, des appareils conçus pour se mouvoir (avec des composants similaires comme les cordes et les tendons). Il dessine les éléments qui permettent ce mouvement pour mieux comprendre les fonctions et principes mécaniques et invente diverses machines.
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Le mouvement perpétuel
Léonard comprend que « si l’on pouvait éliminer toutes les forces ralentissant un objet en mouvement, celui-ci pourrait se déplacer indéfiniment dans la même direction » (travaux qui annoncent ceux de Newton, 200 ans plus tard).
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Le frottement
L’auteur décrit toutes les découvertes et conclusions impressionnantes de Léonard de Vinci à ce sujet (sur le rapport des facteurs de frottement, la lubrification, l’instrument de mesures de frottement, le principe de roulement, l’alliage de métaux pour réduire le frottement…). Toutes sont très avancées sur leur temps :
« Encore une fois, Léonard a trois siècles d’avance sur son temps. […] À force de travailler sur des machines, Léonard développe une vision mécaniste du monde annonciatrice de celle de Newton. Il considère que tous les mouvements de l’univers – ceux de nos membres, ceux des pignons dans les machines, ceux du sang dans nos veines et ceux de l’eau dans les fleuves – répondent aux mêmes lois. Ces lois étant analogues, les mouvements dans un domaine sont comparables à ceux dans un autre domaine. On retrouve une logique, des motifs récurrents. »
Chapitre 13 – Les mathématiques
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La géométrie
Le sens de la géométrie de Léonard de Vinci l’aide à formuler les lois du fonctionnement de la nature. Il lui permet aussi de comprendre les lois de la perspective. Léonard partage son amour des formes géométriques et ratios harmoniques avec Luca Pacioli, un ami proche mathématicien à la cour de Milan, qui devient un excellent professeur pour Léonard. Luca publie un livre dans lequel il examine ce qu’il appelle « la divine proportion » (cette divine proportion est présente dans toutes les œuvres de Léonard). Léonard en réalise les illustrations mathématiques. Il dessine des variantes complexes des solides de Platon (comme le rhombicuboctaèdre, constitué de 26 faces, 8 triangles entourés de 18 carrés) et innove en les représentant de façon très réaliste (jeux d’ombres, arêtes apparentes).
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Les transformations géométriques
Léonard est particulièrement intrigué par la façon dont les formes des objets changent lorsqu’on les déplace. Il s’intéresse aussi à la transformation des formes géométriques (passage d’un carré à un cercle d’aire identique ou d’un globe à un cube de volume équivalent).
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La quadrature du cercle
Léonard est fasciné (et obsédé) par un concept hérité d’Hippocrate, mathématicien grec antique. Ce concept, c’est la lunule, une forme géométrique comparable à un quart de lune.
« Hippocrate découvre un fait mathématique merveilleux sur cet objet : en créant une lunule par le chevauchement d’un grand cercle et d’un plus petit cercle, on peut dessiner à l’intérieur du plus grand des deux demi-cercles formés un triangle rectangle dont la surface est identique à celle de la lunule. C’est la première technique de calcul de l’aire exacte d’une forme courbe (un cercle ou une lunule) et de réplication de sa surface dans une forme à côtés droits (comme un triangle ou un rectangle). »
Léonard prévoit de créer un traité sur le sujet intitulé De ludo geometrico (Du jeu de la géométrie). Il remplit des pages de carnets sur le sujet. Mais cet ouvrage ne sera, lui non plus, jamais publié.
Par ailleurs, ces recherches amènent Léonard à vouloir absolument résoudre une énigme mathématique de l’Antiquité : la quadrature du cercle. Acharné, le génie entreprend de vains calculs frôlant l’obsession.
Chapitre 14 – La nature de l’homme
Ce chapitre ouvre les yeux sur la passion de Léonard de Vinci pour tout ce qui a trait à la nature de l’homme : l’anatomie, le crâne, les proportions humaines.
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Les dessins anatomiques
Léonard commence à étudier l’anatomie au début de sa carrière de peintre à Florence pour améliorer sa technique artistique. Il s’intéresse particulièrement au fonctionnement du système nerveux et comment sont traitées les informations visuelles, puis à la manière dont les tissus, les veines, les muscles et les nerfs doivent être représentés sous divers angles.
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Les dessins de crânes
En 1489, Léonard centre ses études anatomiques sur les crânes. Le cerveau humain est essentiel pour le peintre qui cherche, dans ses dessins et peintures, à représenter les émotions intérieures dans la gestuelle. Car c’est, en effet, le cerveau qui réceptionne et traite les informations visuelles et sensorielles puis transmet les réactions appropriées aux muscles.
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L’étude des proportions humaines
Léonard se passionne pour l’analyse détaillée des proportions et mesures humaines. Il réalise quantité de dessins, de schémas, de descriptifs à ce propos. Voici un petit échantillon des notes de Léonard à ce sujet, partagé par Walter Isaacson dans « Léonard de Vinci – La biographie » :
« L’espace entre la naissance du sommet du nez, là où commencent les sourcils, jusqu’au bas du menton équivaut aux deux tiers du visage. […] La plus grande largeur du visage correspond à l’espace compris entre la bouche et la racine des cheveux ; et c’est le douzième de la hauteur totale. […] Du haut de l’oreille au haut de la tête, la distance est la même que du bas du menton au conduit lacrymal des yeux. Et la même que la distance de la pointe du menton à celle de la mâchoire. […] Le creux des joues se trouve à mi-chemin entre le bout du nez et le sommet de la mâchoire. […] Le gros orteil est la sixième partie du pied si on le mesure de profil. […] La distance qui va de l’extrémité d’une épaule à l’autre équivaut à deux fois la face. […] [Du nombril] au commencement du pénis, il y a la longueur d’une tête. »
« La liste n’en finit pas » poursuit l’auteur. Léonard écrit aussi ce qui se passe lorsque chacune se meut :
« Qui s’agenouille réduit sa taille du quart. […] Lorsque le talon est levé, le tendon et la cheville sont séparés de la largeur d’un doigt. […] Cette portion assise, qui va du siège au sommet de la tête, sera la moitié de la hauteur de l’homme additionnée de la largeur et de la longueur des testicules. »
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La mesure universelle de l’humain
En lisant ses carnets, nous comprenons la raison à cette obsession : Léonard y fait part de son intention de découvrir ce qu’il appelle l’universale misura del huomo, c’est-à-dire « la mesure universelle de l’être humain ».
Walter Isaacson clôt le chapitre ainsi :
« Cette quête, qui constitue l’essence de son travail artistique et scientifique, définit sa vie. »
Chapitre 15 et 16 – Vierge aux rochers et portraits milanais
Bien qu’employé au poste d’impresario, puis de sculpteur et enfin de consultant en conception d’églises par Ludovic Sforza, Léonard de Vinci reste peintre avant tout : « Il l’a été à Florence et le restera toute sa vie » déclare Walter Isaacson.
Les 15e et 16e chapitres de la biographie de Léonard de Vinci sont alors consacrés à ses peintures les plus marquantes. Chacune d’entre elles contient une histoire captivante racontée par Walter Isaacson avec beaucoup de talent : il retrace les commandes, les techniques employées par Léonard, ce que ce dernier a voulu exprimer, ce qui se passait à ce moment-là dans sa vie et les influences que ces événements ou apprentissages ont eu sur ses œuvres…
Il serait beaucoup trop long de résumer toutes ces informations dans cette chronique, mais voici, ci-dessous, les tableaux en question.
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La Vierge aux rochers
Ce tableau existe en deux versions :
- Une est conservée au Louvre : ce tableau est « un exemple saisissant de la manière dont les connaissances scientifiques du peintre contribuent à la maîtrise de son art ».
- L’autre est exposée à la National Gallery de Londres : dans cette version, la lumière y est utilisée d’une manière « jamais vue auparavant dans l’histoire de la peinture ».
L’histoire de ce tableau est l’occasion aussi pour l’auteur de souligner l’importance du travail collectif dans l’atelier de Léonard.
« Nous avons tendance à voir les artistes comme des créateurs isolés, enfermés dans leur mansarde, attendant patiemment que l’inspiration vienne. Mais comme le laissent transparaître les carnets de Léonard et le processus de création de son Homme de Vitruve, la création artistique est pour lui une affaire collégiale. »
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Le Portrait d’un musicien
Pour certains, il s’agit de Franchino Gaffurio, un ami de Léonard devenu chef du chœur de la cathédrale de Milan. Mais il semblerait plutôt que ce soit le portrait d’Atalante Migliorotti, dit Salaï, le jeune compagnon musicien de Léonard qui quitte Florence pour emménager avec lui à Milan.
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Le portrait de Cecilia Gallerani, la Dame à l’hermine
Avec ce tableau, Walter Isaacson nous raconte l’histoire d’amour captivante et romanesque de Cecilia Gallerani, « une beauté de la classe moyenne milanaise » et de Ludovic Sforza. L’auteur nous apprend que le portrait de Cecilia, connu comme la Dame à l’hermine :
- A été commandé par Ludovic au summum de leur relation, vers 1489, alors qu’elle était âgée de 15 ans.
- Est si vivant et chargé en émotions, qu’il est considéré, en Europe, comme pionnier : il introduit l’idée qu’il est possible, dans un portrait, d’exprimer les pensées de son sujet via sa posture et ses gestes. Walter Isaacson explique ici le talent que possède Léonard de Vinci pour cela :
« Léonard capture le récit d’un instant impliquant la vie intérieure des sujets et le monde extérieur à la peinture. Dans l’ensemble composé par les mains, les pattes et les yeux, dans le sourire mystérieux de la jeune femme, on distingue les mouvements du corps et de l’âme. »
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La Belle Ferronnière
Il s’agit probablement du portait de Lucrezia Crivelli, maîtresse officielle de Ludovic. Walter Isaacson étudie cette peinture en détail. Nous en retiendrons deux éléments essentiels :
- L’ombre et la lumière
« Aucun peintre n’a jamais si bien capturé la façon dont les ombres et les éclats peuvent donner une apparence tridimensionnelle et un modelé parfait à un visage ».
- Le regard du personnage
Dans ce portrait, le maître continue d’expérimenter « l’ensorcelant regard qui poursuit le spectateur où qu’il aille ». Les talents de Léonard en matière de perspective, ombres et modelé sont à l’origine de cet effet :
« Les deux yeux nous examinent de manière indépendante, que l’on s’éloigne ou se rapproche du tableau, que l’on passe d’un côté ou de l’autre ».
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La Belle Princesse ou La Belle Milanaise
L’histoire de ce tableau est tout aussi passionnante que rocambolesque !
« Le portrait est une œuvre séduisante, mais pas renversante. […] Ce qui fait l’intérêt de ce portrait, c’est avant tout la quête menée par Silverman pour prouver son authenticité. »
Dans cette partie de la biographie de Léonard de Vinci, Walter Isaacson relate, de façon palpitante, l’épopée de ce tableau, depuis sa mise aux enchères, en 1998, d’auteur et de sujet encore inconnu et vendu 18 000 US$, jusqu’à son authentification, en 2011, qui fit monter sa valeur à près de 150 millions de dollars.
Pendant plusieurs années, les spécialistes ont cherché à savoir si La Belle Princesse était bel et bien un tableau signé Léonard de Vinci. Les années se sont écoulées, allant de rebondissement en rebondissement sur la question, sans que personne ne parvienne jamais à se mettre d’accord.
C’est finalement, en 2011, que le mystère sera résolu. Après de multiples retournements de situations, on découvre que ce dessin faisait initialement partie d’un ouvrage relié, qu’il serait le portrait de Bianca Sforza, fille illégitime du duc, et qu’il serait bien peint de la main du maître.
Depuis, certains continuent de douter de l’authenticité du tableau. Mais quel que soit le fin mot de l’histoire, nous dit l’auteur, ce qu’il est intéressant de retenir de cette aventure, ce sont les « émotions vives » et « surprises scientifiques » que génère un tel travail d’authentification.
En somme, le récit de ce tableau met en lumière le « savant mélange de travail d’enquête, de magie technologique, de recherche historique et de flair de connaisseur » qu’il aura fallu pour authentifier cette création. Là aussi, tout est question d’interdisciplinarité et d’union des forces artistiques et scientifiques.
Chapitre 17- La science de l’art
Walter Isaacson consacre ce chapitre de la biographie de Léonard de Vinci :
- À la vision artistique de Léonard de Vinci.
- Aux techniques et procédés scientifiques singuliers et ingénieux employés par Léonard de Vinci dans ses œuvres.
17.1 – La peinture est art et science
Pour introduire la vision qu’a Léonard sur l’art, Walter Isaacson retrace son succès lors d’un paragone (nom donné aux soirées de débats et discours intellectuels sur des sujets divers : mathématiques, art, philosophie…) organisé au château des Sforza en 1498.
Ce soir-là, Léonard fait preuve d’un excellent talent d’orateur. Son argumentation souligne le lien entre l’art pictural, l’optique et les principes mathématiques de la perspective. Léonard veut élever le travail et le statut social des peintres. Il communique deux idées phares :
- « La peinture est non seulement un art, mais aussi une science » : en effet, selon Léonard, il faut comprendre la perspective et l’optique pour pouvoir représenter des objets tridimensionnels sur une surface plane. En se fondant sur les mathématiques, on peut alors considérer la peinture comme une création aussi bien intellectuelle que manuelle.
- « La peinture fait appel non seulement à l’intellect, mais aussi à l’imagination » : selon Léonard, la peinture est un acte créatif élevé qui nécessite d’associer observation et imagination.
La présentation de Léonard de Vinci est si impressionnante que le duc de Milan l’invite à en faire un traité. Une fois encore, ce traité ne sera jamais terminé pour être publié. C’est l’assistant héritier Francesco Melzi de Léonard qui publiera, en se basant sur les écrits de l’artiste, après sa mort, le Trattato della pittura (Traité de la peinture) de Léonard de Vinci et témoignera du discours de ce fameux paragone.
17.2 – Les techniques picturales de Léonard de Vinci : ombres , formes sans lignes, optique et perspective
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Les ombres et formes sans lignes
Grâce à son sens de l’observation aigu, Léonard sait peindre habilement les gradations de tons de couleur, les ombres subtiles et les contours délicatement flous et enfumés des objets. Ces techniques de clair-obscur et de sfumato sont vraiment propres à Léonard de Vinci.
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L’optique
En étudiant l’optique (dissections de globes oculaires notamment), Léonard comprend, par exemple, qu’il n’est pas possible de « voir les véritables contours des corps opaques de façon très précise ». Ses découvertes dans ce domaine influence grandement sa peinture.
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La perspective
Pour Léonard, l’étude de la perspective est indissociable de la peinture et de l’optique. La plus grande découverte et contribution de Léonard dans ce domaine est ce qu’on appelle la perspective linéaire. Léonard va même plus loin et innove en décrivant ce qu’il nomme la « perspective aérienne » (qui explique comment les objets situés au loin deviennent moins distincts).
Chapitre 18 – La Cène
Walter Isaacson raconte la longue histoire personnelle et artistique qui se trame derrière la célèbre peinture narrative de La Cène.
18.1 – La façon excentrique de Léonard de Vinci de travailler
Après nous avoir retracé l’histoire de la commande de cette peinture, Walter Isaacson décrit la façon excentrique de travailler de Léonard de Vinci et son habitude à procrastiner :
« Un prêtre rapporte que Léonard « arrive aux aurores et grimpe sur l’échafaudage », puis « reste là, pinceau à la main, du lever au coucher du soleil, oubliant de boire et de manger, à peindre sans relâche ». Certains jours, néanmoins, il ne peint absolument rien. « Il reste seul devant son travail durant une heure ou deux, à le contempler […]. Quand ses obsessions s’allient à son penchant pour la procrastination, […] il arrive tout d’un coup au beau milieu de la journée, « escalade l’échafaudage, saisit un pinceau, donne une ou deux petites touches à l’un des personnages, puis repart soudainement ».
Les méthodes de l’artiste fascinent le public mais inquiètent Ludovic Sforza. À tel point que le duc finit par convoquer Léonard de Vinci. Au cours de leur échange, Léonard partage avec le duc son avis sur les ressorts de la créativité. Voici un passage du livre qui résume ses propos :
« Léonard explique à son patron qu’elle [la créativité] requiert parfois d’aller lentement, de faire des pauses et même de procrastiner, car tout cela permet de laisser mariner les idées. L’intuition a besoin d’être nourrie. « Les hommes au génie ambitieux réalisent parfois leurs plus grandes œuvres lorsqu’ils travaillent le moins », explique-t-il au duc, « car leur esprit est accaparé par leurs idées et la perfection de leurs conceptions, auxquelles ils donnent ensuite forme ». »
18.2 – Les multiples talents de Léonard de Vinci transparaissant dans La Cène
La Cène est une œuvre extrêmement vivante. Elle illustre les réactions des apôtres, juste après que le Christ leur ait dit qu’il savait que l’un d’entre eux allait le livrer. Le spectateur peut déceler dans cette peinture nombre de talents de Léonard de Vinci.
Walter Isaacson les reprend tous en détail :
- Son don de représenter le mouvement, la gestuelle pour montrer les intentions de l’esprit, les moti dell’anima (mouvements de l’âme).
- Les éléments de perspective :
- Le point de fuite (front du Christ) vers lequel tendent et convergent toutes les lignes orthogonales ;
- Les tapisseries peintes de manière à s’aligner sur les tapisseries réelles de la pièce (illusion que le tableau est une extension de la pièce) ;
- La perspective complexe : des astuces optiques font que l’œuvre peut être observée de face, depuis un côté ou en marchant sans qu’elle ne paraisse déformée.
En fin de compte, résume l’auteur, « La Cène est un mélange de perspective scientifique et de licence théâtrale, d’intellect et de fantaisie digne de Léonard ».
Malheureusement, cette peinture s’abîme très vite (elle est en très mauvais état déjà 20 ans après sa réalisation). Au moins six tentatives de restauration de l’œuvre ont été réalisées au fil des siècles. La plupart n’ont fait qu’empirer les choses.
Chapitre 19 – Bouleversements personnels
Dans ce chapitre, Walter Isaacson développe deux passages marquants de la vie personnelle de Léonard de Vinci :
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La mort de sa mère Caterina
Veuve et âgée d’une soixantaine d’années, la mère de Léonard meurt de la malaria. Mais dans ses carnets, Léonard n’exprime aucune émotion. Il n’écrit rien sur cet évènement et « se contente de prendre note des coûts liés à ses funérailles » révèle l’auteur.
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Des difficultés professionnelles
« Quand il commence à peindre La Cène vers 1495, Léonard est au sommet de sa carrière. Depuis sa nomination officielle en tant qu’artiste et ingénieur de la cour des Sforza, il est confortablement installé dans l’ancien palais de Milan, la Corte Vecchia, avec sa suite d’assistants et d’élèves. Peintre renommé, il est aussi admiré en tant que sculpteur pour sa gigantesque statue équestre en argile, adoré comme organisateur de spectacles et respecté pour ses recherches en optique, aéronautique, hydraulique et anatomie. Cependant, sa vie bascule dans l’instabilité à la fin des années 1490, après la mort de Caterina et l’achèvement de La Cène. »
Walter Isaacson retrace ici tous les déboires professionnels que connaît Léonard de Vinci durant cette période, notamment :
- Le manque de commande importante : Léonard doit, pour vivre, accepter de petites missions peu intéressantes.
- Plusieurs querelles à cause de commandes inachevées et de problèmes de paiement.
- Le bronze destiné au coulage de la statue équestre qu’il est en train de réaliser est réquisitionné (pour confectionner des canons et ainsi protéger Milan de l’invasion française).
- Il entre en conflit avec le duc qui lui reproche de ne pas avancer dans ses commandes, tandis que Léonard lui rappelle le retard de son salaire depuis 2 ans.
Finalement, quand Louis XII, tout juste couronné roi de France, prend Milan en 1499, Léonard de Vinci décide de quitter la ville. Dix-huit ans après son arrivée, Léonard de Vinci retourne chez lui, à Florence.
Chapitre 20 – Retour à Florence
20.1 – Le retour
Ce chapitre retrace d’abord le voyage de Léonard jusqu’à Florence. Lors de haltes à Mantoue et Venise, Léonard apporte son expertise militaire contre la menace d’une invasion ottomane. Il élabore notamment une écluse mobile en bois (jamais mise à exécution). Il a aussi l’idée d’un corps de défenseurs subaquatiques dotés de combinaisons de plongée.
L’auteur raconte ensuite tout ce que la ville de Florence a traversé pendant l’absence de Léonard. Ainsi, lorsque ce dernier foule le pavé de Florence, il découvre une ville bien loin de l’avant-gardisme culturel qu’il y a connu. Un moine radical contre l’homosexualité, la sodomie et l’adultère, a fait jeter au bûcher tous les livres, œuvres d’art, vêtements et produits de maquillage (on l’appelle le « bûcher des Vanités »). Bien que l’opinion publique se soit retournée contre lui, l’ait pendu et brûlé, la confiance de Florence est ébranlée. Au lendemain de ces troubles réactionnaires, « son exubérance est tombée au plus bas et les finances de son gouvernement et de ses confréries sont à sec« .
Pourtant, Léonard entame, à son retour, la période la plus productive de sa vie. C’est en effet à ce moment-là qu’il commence à peindre La Joconde et La Vierge à l’Enfant avec sainte Anne, ses deux plus remarquables tableaux, ainsi qu’une image de Léda et le Cygne.
Il travaille également comme ingénieur en proposant ses services pour la construction de bâtiments et d’églises structurellement complexes, et en servant les intérêts militaires de César Borgia.
Enfin, il se plonge dans de nouvelles études mathématiques et anatomiques.
20.2 – La vie à 50 ans
Walter Isaacson nous décrit Léonard de Vinci, à présent âgé de 50 ans, comme un personnage hors norme :
« Plutôt que de se conformer aux usages, il met un point d’honneur à être différent ; il s’habille et se comporte comme un dandy. […] Léonard s’assure que son compagnon, Salaï, âgé à l’époque de 24 ans, s’habille avec un panache similaire, habituellement aussi en rose et en vieux rose. »
Léonard vit confortablement. Il dépense autant pour se vêtir que pour s’instruire (il possède 116 ouvrages).
20.3 – Le portrait jamais réalisé d’Isabelle d’Este
Dans ce chapitre, l’auteur de la biographie de Léonard de Vinci relate aussi l’histoire interminable du portrait d’Isabelle d’Este, belle-soeur de Ludovic Sforza, marquise de Mantoue, que Léonard de Vinci n’a jamais réalisé.
Le long récit de Walter Isaacson sur cet épisode emporte le lecteur au coeur des liaisions tumulteuses et des enjeux de pouvoir de la Renaissance italienne. Mais il raconte surtout comment Isabelle d’Este s’est montrée extrêmement tenace et insistante pendant des années pour obtenir un portait du maître. Forte tête, mécène reconnue, la marquise a fait des pieds et des mains auprès de Léonard : missives, correspondances persévérantes, multiples propositions alléchantes, jusqu’à se déplacer en personne à Florence pour rencontrer Léonard. En vain, Léonard de Vinci n’honorera jamais cette commande. Selon l’auteur, celle-ci aurait pourtant pu être lucrative. Et il aurait pu en déléguer une grande partie à ses assistants. « Mais Léonard, même s’il n’est pas riche, se place au-dessus de cela » s’amuse l’auteur.
Finalement, termine Walter Isaacson, cette histoire montre à quel point Léonard peut faire preuve de mauvaise volonté « quand il s’agit d’honorer des commandes qui l’ennuient« . Il est révélateur de « son style dilatoire » et de « son attitude distante envers les patrons fortunés« . Léonard de Vinci refuse de devenir le subalterne de qui que ce soit :
« Peindre un tableau pour un patron insistant ne l’intéresse pas, et l’argent ne le motive pas non plus. Il peint des portraits si le sujet le séduit, comme dans le cas du Portrait d’un musicien, ou si un dirigeant puissant le lui demande, comme Ludovic l’a fait pour ses maîtresses. Ce ne sont pas ses clients qui choisissent l’air de sa chanson. »
20.4 – Madone au fuseau
L’auteur évoque enfin l’un des tableaux les plus influents de Léonard de Vinci : Madone au fuseau, livrée à la cour de France et abondamment copié. Ce tableau a fait l’objet de longs débats quand il a fallu identifier l’œuvre véritable du maître aux simples copies. L’auteur revient sur toutes ces discussions. Mais le plus intéressant dans cette histoire, nous dit-il, c’est de s’interroger sur la collaboration et le travail d’équipe qui s’était mis en place dans l’atelier collaboratif ouvert par Léonard à son retour à Florence.
Chapitre 21- Sainte Anne
Dans ce chapitre de la biographie de Léonard de Vinci, Walter Isaacson retrace l’histoire, les différentes versions et étudie tous les détails picturaux d’un tableau majeur dans l’œuvre de l’artiste : La Vierge à l’Enfant avec sainte Anne ou la Sainte Anne, qui met en scène la Vierge Marie assise sur les genoux de sa mère.
Selon Walter Isaacson, cette peinture « exprime l’aspect suprême de l’art de Léonard : la connexion spirituelle et l’analogie entre la terre et l’humain« . De tous les tableaux du peintre, celui-ci est le plus complexe et le plus travaillé. Il est souvent considéré comme un chef-d’œuvre au même titre que La Joconde, « la surpassant peut-être même par la complexité de sa composition et des mouvements des personnages ».
Finalement :
« Dans sa forme définitive, ce tableau combine la plupart des éléments du génie artistique de Léonard : une scène transformée en récit, des mouvements physiques répondant aux émotions ressenties, des représentations brillantes de la danse de la lumière, un délicat sfumato, un paysage conforme à la réalité géologique et une perspective portée par la couleur. Ce tableau a été désigné comme « l’ultime chef-d’œuvre de Léonard de Vinci ». »
Chapitre 22 – Peintures perdues et retrouvées
Walter Isaacson retrace, dans ce chapitre de la biographie de Léonard de Vinci, l’histoire de deux tableaux perdus de l’artiste.
Il explique, en effet, que Léonard, comme la plupart des artistes-artisans de son temps, ne signait jamais son travail et que dans ses carnets, il ne mentionnait ni ce qu’il était en train de peindre ou de réaliser, ni les acquéreurs et lieu de conservation de ses œuvres.
Les deux tableaux perdus dont Walter Isaacson fait référence ici sont :
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Léda et le Cygne
Walter Isaacson décrit ce tableau comme une célébration de la fertilité de la nature. Selon lui, il dépasse le champ de l’érotisme pour se centrer sur un récit axé sur la procréation, la naissance. L’auteur indique d’ailleurs qu’au moment où il commence à peindre Léda, Léonard adopte Francesco Melzi, auteur de la copie du tableau, qui deviendra son fils de substitution et son héritier.
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Salvator Mundi (sauveur du monde)
Découvert en 2011, l’histoire de ce tableau rappelle celle de La Belle Princesse. L’auteur retrace le parcours entrepris pour parvenir à l’authentifier. Ce parcours est très révélateur du travail de Léonard.
Chapitre 23 – César Borgia
Dans ce chapitre, Walter Isaacson raconte une période où Léonard de Vinci a travaillé avec César Borgia, connu pour être un guerrier cruel, « sociopathe » et impitoyable.
23.1 – Borgia, un guerrier impitoyable
L’auteur relate d’abord comment César Borgia, assoiffé de pouvoir et de sang, fils illégitime du pape libertin Rodrigo Borgia, a pris le pouvoir en faisant poignardé son frère. Puis, il raconte comment Borgia envahit Milan en 1499 puis Florence en 1501 en s’alliant au roi de France Louis XII.
Pouvant désormais traverser le territoire florentin, Borgia part à la conquête d’autres villes.
Il embauche deux personnes pour l’aider dans ses négociations : Francesco Soderini ainsi que le fameux Nicolas Machiavel, de bonne éducation mais pauvre (fils d’un avocat ruiné), fin observateur, possédant « une plume exceptionnelle et à une fine compréhension des jeux de pouvoir ».
23.2 – Léonard rentre au service de Borgia
Léonard rejoint les services de Borgia sur ordre de Machiavel et des dirigeants de Florence en tant qu’ingénieur militaire et innovateur. À cette époque, Léonard n’a plus du tout envie de toucher un pinceau. Il endosse alors le rôle d’un homme d’action.
Léonard de Vinci est accueilli à bras ouverts par « le guerrier le plus impétueux de l’époque ». Léonard, Borgia, Machiavel et sa cour s’installent dans la ville fortifiée d’Imola entre Césène et Bologne. Borgia compte sur Léonard de Vinci pour parvenir à rendre cette ville encore plus imprenable qu’elle ne l’est.
« Imaginez la situation », lâche l’auteur :
« Durant trois mois de l’hiver 1502-1503, comme dans un film de fantaisie historique, trois des plus fascinants personnages de la Renaissance – le fils brutal et ivre de pouvoir d’un pape, un sournois et immoral écrivain-diplomate et un éblouissant peintre désirant ardemment devenir ingénieur – se terrent dans une petite ville fortifiée de cinq pâtés de maisons sur huit. »
C’est durant ce séjour à Imola, en compagnie de Machiavel et de Borgia, que Léonard conçoit une « nouvelle arme militaire », à savoir : des cartes exactes, détaillées et faciles à lire.
Il réalise notamment un plan d’Imola, « qui peut s’assimiler à sa plus grande contribution à l’art de la guerre » affirme Walter Isaacson. C’est, selon ce dernier, « une œuvre magnifique d’utilité militaire au style novateur, qui combine, d’une manière inimitable, l’art et la science « .
23.3 – Le départ de Léonard des services de Borgia
Mais Borgia ne cesse de commettre des actes de cruauté et d’horribles meurtres dans le but d’intimider la population. Après une série d’épisodes particulièrement barbares (dont l’une des victimes, Vitellozzo Vitelli, est un ami de Léonard qui lui avait prêté un livre d’Archimède), Léonard décide de quitter Borgia, après 8 mois passés à son service.
Pour conclure sur cet épisode de la vie de Léonard de Vinci, Walter Isaacson s’interroge sur les raisons qui ont amené le génie a travaillé avec un homme aussi impitoyable :
« Pour quelle raison un homme qui inscrit dans ses carnets des aphorismes décriant le meurtre et dont la moralité personnelle le conduit à être végétarien accepte-t-il de travailler avec le meurtrier le plus brutal de son époque ? Ce choix reflète en partie le pragmatisme de Léonard. […] Léonard parvient à s’attirer les faveurs des bons acteurs au bon moment et sait quand il doit changer de camp. Ce n’est pas tout : même s’il sait se distancier de la plupart des événements de son époque, il semble attiré par le pouvoir. »
L’auteur explique aussi ce choix par la propension de Léonard à s’attacher aux hommes forts. Peut-être, disait Freud, parce qu’ils représentent « des substituts au père absent, bien que viril, de son enfance ». Par ailleurs, Léonard, « qui vient tout juste d’avoir 50 ans, a rêvé durant plus de 2 décennies d’être ingénieur militaire », termine Walter Isaacson. Aussi, ce travail était pour Léonard une chance de vivre ses fantasmes militaires : « il la saisit avant de comprendre que les rêves peuvent tourner au cauchemar ».
Chapitre 24 – Léonard hydraulicien
Ce long chapitre de la biographie de Léonard de Vinci est consacré aux travaux de Léonard de Vinci dans le domaine hydraulique.
Au fil des pages, nous prenons conscience du génie hydraulique de Léonard ainsi que de sa fascination pour les phénomènes d’écoulement de l’eau. Dans les carnets de Léonard, une multitude d’esquisses et de descriptions de mécanismes et de techniques témoignent de tout ce travail de recherche et d’observation dans ce domaine.
24.1 – Le détournement du fleuve Arno
Parmi les projets hydrauliques sur lesquels Léonard a travaillé, celui du détournement du fleuve Arno est un des plus conséquents.
En proposant ce détournement aux autorités de Florence, Léonard leur soumet une stratégie politique et économique très audacieuse : Florence pourrait ainsi disposer d’un accès à la mer et reconquérir la ville de Pise « sans prendre d’assaut les murs de la cité ni brandir une quelconque arme ».
L’auteur rend compte du rôle décisif de Léonard de Vinci dans ce projet. On apprend, par exemple, qu’il est en mesure de calculer, de façon détaillée, la quantité de déblais à mouvoir et le temps nécessaire à cela (nombre d’hommes et de journées de travail), et qu’il crée un engin ingénieux en forme de grue disposant d’un système de rails.
Mais finalement, la supervision des travaux est attribuée à un autre ingénieur. Ce dernier décide de ne pas suivre les plans imaginés par Léonard. Il opte pour une autre solution qui aboutit, comme l’avait présagé Léonard, sur un échec, allant même jusqu’à causer des inondations dans toute la région. L’idée initiale de détourner le fleuve est alors abandonnée.
Léonard, de son côté, se lance dans un autre projet : la création d’une voie navigable entre Florence et la mer Méditerranée.
Mais « probablement échaudées par le fiasco du projet de dérivation de l’Arno, les autorités florentines, à court d’argent, renoncent à s’engager dans un projet plus ambitieux encore, ce qui conduit Léonard à laisser de côté ses aspirations dans le domaine ».
24.2 – L’assèchement des marais de Piombino
Quelques semaines après l’abandon du projet de détournement, les autorités florentines sollicitent à nouveau Léonard. Ils lui demandent de bâtir une forteresse et d’assécher les marais entourant le château de Piombino.
Léonard dessine alors des fortifications, des douves et passages secrets à utiliser en cas de complot. Il échafaude aussi un système complet, incluant une « pompe centrifuge« , pour siphonner l’eau du marais. Mais le mécanisme, bien que parfaitement pensé en théorie, se révèle en définitive peu pratique.
Finalement, tous ces chantiers imaginés par Léonard restent trop fantaisistes pour être mis en œuvre dans la réalité et ne seront donc jamais réalisés. Ils témoignent toutefois de l’imagination et de la capacité de Léonard de Vinci à « concevoir des projets qui repoussent sans cesse les possibilités techniques ».
Walter Isaacson conclut sur les talents d’innovation de Léonard :
« Toute vraie vision exige une disposition à aller trop loin et l’acceptation de la possibilité d’échouer. L’innovation nécessite un champ de distorsion de la réalité. Les choses imaginées par Léonard ont souvent été concrétisées, bien que plusieurs siècles après leur conception. Les équipements de plongée, les machines volantes et les hélicoptères font aujourd’hui partie de notre quotidien. On assèche les marécages à l’aide de pompes et une autoroute a été construite le long du canal que Léonard a dessiné. Parfois, l’imaginaire devient voie d’accès vers le réel. »
Chapitre 25 – Michel-Ange et les Batailles perdues
Ce chapitre de la biographie de Léonard de Vinci retrace deux éléments importants de la vie de Léonard :
- L’histoire de la fresque de La Bataille d’Anghiari,
- La rivalité de Léonard avec Michel-Ange.
25.1 – La fresque de La Bataille d’Anghiari pour l’Hôtel de ville de Florence
La commande de La Bataille d’Anghiari aurait pu être la plus importante œuvre de la vie de Léonard de Vinci s’il l’avait terminée.
Cette fresque célèbre la victoire des combattants de Florence sur le duché de Milan lors d’une bataille tentaculaire en 1440. Elle met en scène des combats impliquant des cavaliers et au corps à corps sur le tiers du mur de 53 mètres de l’imposante salle de réunion du Palazzo della Signoria, l’Hôtel de ville de Florence.
Walter Isaacson relate le récit passionnant de la conception de cette œuvre et étudie tous les détails de cette peinture.
25.2 – La rivalité avec Michel-Ange
La Bataille d’Anghiari est également importante dans la vie de Léonard de Vinci parce qu’elle l’amène à se mesurer à un jeune rival, choisi pour peindre une autre grande fresque dans l’entrée de l’Hôtel de ville. Ce rival, tant professionnel que personnel, est Michel-Ange.
La saga relatée par Walter Isaacson dans ce chapitre met en lumière les styles contrastés des deux plus grands peintres du siècle.
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Léonard de Vinci et Michel Ange : deux personnalités que tout oppose
Lorsque Léonard de Vinci revient de Milan, Michel-Ange est devenu le nouvel artiste en vogue de Florence. Les Médicis l’ont pris sous leur aile. Mais le jeune peintre a la réputation d’être querelleur, contrairement à Léonard. Il nourrit des rivalités avec beaucoup d’artistes et se montre particulièrement méprisant avec Léonard.
« Michel-Ange, alors âgé de 25 ans, est un sculpteur reconnu mais irascible, au contraire de Léonard, alors âgé de 48 ans, qui est connu pour être un peintre génial et généreux entouré de nombreux amis et de jeunes étudiants. »
L’allure négligée et d’ascète de Michel Ange, au dos voûté, contraste avec celle de Léonard, beau, musclé, élégant, aux fourrures et vêtements colorés.
Par ailleurs, contrairement à Léonard qui n’est pas catholique :
« Michel-Ange est un homme pieux déchiré dans sa foi entre l’agonie et l’extase. Tous deux sont homosexuels, mais tandis que Michel-Ange en souffre et s’impose apparemment le célibat, Léonard n’éprouve aucun tourment et est ouvert à l’idée d’avoir des compagnons masculins. »
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L’approche artistique divergeante des deux artistes
Dans sa fresque, Michel-Ange met en scène une douzaine d’hommes musclés et nus. Léonard, qui n’a pourtant pas du tout pour habitude de dénigrer les autres peintres, critiquera à plusieurs reprises ces nus, reprochant à Michel-Ange de peindre comme un sculpteur.
« L’approche divergente des deux artistes représente les deux écoles de l’art florentin : celle de Léonard, Andrea del Sarto, Raphaël, Fra Bartolomeo et d’autres, qui recourt volontiers à la technique du sfumato et du clair-obscur, et l’approche plus traditionnelle adoptée par Michel-Ange, Agnolo Bronzino, Alessandro Allori et d’autres, qui privilégient un dessin aux contours très nets. »
25.3 – L’abandon du projet
Au final, ni la fresque de Léonard ni celle de Michel-Ange ne seront jamais terminées.
Léonard procrastine et peine à faire adhérer ses mélanges de peinture à l’huile au mur. Il finit par repartir pour Milan en laissant sa peinture inachevée. « Léonard est un perfectionniste« , précise l’auteur : « confronté à des défis que nombre d’artistes auraient tout simplement choisi de ne pas relever, il ne peut se résoudre à les ignorer et préfère abandonner ses pinceaux ».
Michel-Ange, quant à lui, quitte également Florence pour Rome. Il y restera 10 ans et peindra, pendant cette période, le plafond de la chapelle Sixtine.
Chapitre 26 – Retour à Milan
26.1 – Mort de ser Piero
Piero, le père de Léonard meurt à l’âge de 78 ans. Il ne lègue rien à Léonard.
La relation entre Léonard et son père a toujours été complexe. Bien que Piero ait aidé son fils à obtenir diverses commandes picturales, Léonard n’a pas su toujours tenir ses engagements. Cela a sûrement généré des tensions entre eux.
Piero, marié quatre fois, a eu 11 enfants de ses deux dernières épouses. La différence d’âge entre Léonard et ses demi-frères et sœurs (ils pourraient tous être ses enfants) fait qu’ils ne le considèrent pas comme un héritier familial potentiel.
Aussi, lorsqu’il apprend que son père ne lui lègue rien, Léonard est perturbé. Car même s’il n’a pas délibérément décidé de déshériter Léonard, son père savait bien qu’après sa mort, ses biens seraient partagés entre ses fils légitimes uniquement s’il ne faisait rien en amont.
Finalement :
« Léonard est né illégitime, son père ne l’a pas reconnu quand il était enfant et, à sa mort, il le « délégitimise » un peu plus encore. »
26.2 – Départ de Florence et adoption de Francesco Melzi
En 1506, Léonard de Vinci déménage pour la deuxième fois à Milan. Sa décision de quitter Florence tient probablement à deux faits. D’abord, il ne semble pas vouloir continuer de « se démener pour sa scène de bataille » et « rivaliser avec un artiste plus jeune que lui et qui peint comme un sculpteur ». Ensuite, il n’a probablement plus envie de vivre dans la même ville que ses demi-frères et demi-sœurs.
Léonard restera 7 ans à Milan. C’est dans cette ville et à ce moment-là qu’il rencontre Francesco Melzi, âgé de 14 ans et fils d’un noble éminent, un ancien ingénieur civil, qui a aussi été capitaine de la milice milanaise. Étudiant en art, Francesco est un excellent dessinateur.
Léonard passe alors beaucoup de temps dans la grande villa familiale de Francesco qui surplombe Milan.
« Léonard, âgé alors de 55 ans, n’a ni fils ni héritier. Le jeune Francesco est un artiste en herbe doté d’un certain talent, dont la beauté douce rappelle celle de Salaï. Avec la permission de son père, Léonard l’adopte. […] Léonard devient une sorte de tuteur légal, parrain, père adoptif, enseignant et employeur du jeune Melzi. […] Francesco Melzi se tiendra aux côtés de Léonard jusqu’à la fin de ses jours. Il lui sert d’assistant personnel et de secrétaire, rédige ses lettres, tient ses papiers en ordre et les conservera après sa mort. »
On ignore la teneur exacte de la relation entre Francesco et Léonard (si elle est romantique ou sexuelle). Toujours est-il que, » avec son talent, son efficacité et la constance de son tempérament, c’est un compagnon dévoué à Léonard, bien moins tourmenté et infernal que Salaï » précise l’auteur.
26.3 – Interlude florentin : bataille pour un héritage
Alors qu’il vit à Milan, Léonard doit revenir à Florence pour régler un différend successoral avec ses demi-frères et demi-sœurs. Comme il n’a rien reçu à la disparition de son père, son oncle bien-aimé, Francesco de Vinci, modifie son testament avant de mourir. Il lui lègue son domaine.
Après huit mois, le litige est résolu. Léonard rentre à Milan où il a hâte de retourner vivre.
En effet, à Milan :
« Charles d’Amboise s’emploie à créer une cour, à l’image de celle des Sforza, composée de peintres, d’amuseurs, de scientifiques, de mathématiciens et d’ingénieurs. Léonard en est le joyau le plus apprécié, car il incarne toutes ces vocations. »
Aussi, « au-delà de son bouillonnement intellectuel, Milan organise des défilés éblouissants et des festivités dépassant de loin celles de la république de Florence », indique Walter Isaacson. Et Léonard a, là-bas, tout le loisir de s’adonner à ses multiples passions (la géologie, l’eau, les oiseaux, l’optique, l’astronomie, l’architecture, le spectacle…).
Chapitre 27 – Anatomie, deuxième période
Dans le long chapitre 27 de la biographie de Léonard de Vinci, Walter Isaacson expose avec grand détail toutes les découvertes et le travail réalisés par Léonard de Vinci dans les domaines de l’anatomie, ainsi que la manière dont il les a combinées à son art. Selon lui :
« L’anatomie façonne l’art de Léonard, mais l’inverse est tout aussi vrai : ses compétences artistiques (sculpture et dessin) et en ingénierie sont transdisciplinaires et l’aident dans ses recherches en anatomie. »
Tous ces travaux anatomiques ne peuvent être développés ici tant ils sont nombreux. Mais dressons-en au moins la liste.
27.1 – Ses dissections
De 1508 à 1513, Léonard de Vinci mène ses recherches avec un jeune professeur d’anatomie, Marcantonio della Torre, qui lui fournit des cadavres humains.
Selon Walter Isaacson :
« Léonard est aussi habile avec une plume qu’avec un scalpel. Ses dons d’observation et sa mémoire visuelle lui permettent de tracer des dessins surpassant tous ceux des traités d’anatomie publiés jusque-là. »
Parmi les anecdotes mentionnées par l’auteur, une est assez particulière : un jour, Léonard engage la conversation avec un vieil homme alors âgé de plus de cent ans. Lors de cette discussion, le vieillard explique à Léonard qu’il n’a jamais été malade de toute sa vie. Quelques heures après leur échange, le centenaire meurt : il s’éteint paisiblement sans aucun mouvement ni symptôme de malaise. Léonard disséquera son cadavre.
27.2 – Sa liste de tâches « bizarres »
Parmi les tâches bizarres que Léonard tenait à accomplir, on retrouve, par exemple : décrire la langue du pivert (Léonard était fasciné par les muscles de la langue) ou encore celle de la mâchoire du crocodile.
27.3 – Ses analogies anatomiques
« Dans la plupart de ses études sur la nature, Léonard élabore ses théories en procédant par analogie. Sa quête de connaissances dans toutes les disciplines des arts et des sciences lui permet de faire émerger des motifs récurrents. »
Ainsi, en ce qui concerne le corps humain, Léonard de Vinci établit diverses analogies. Il compare, par exemple :
- Les flux et ramifications des systèmes digestif, urinaire et respiratoire humains avec l’écoulement des fleuves, les mouvements de l’air et les ramifications des plantes.
- Le corps humain et les machines : il met en parallèle le mouvement des muscles et du corps avec les règles mécaniques formulées pendant ses recherches en ingénierie.
En fait :
« Cette pensée transdisciplinaire et cette recherche d’analogies sont sa marque de fabrique : Léonard est l’incarnation parfaite de l’homme de la Renaissance mais aussi un pionnier de l’humanisme scientifique. »
27.4 – Ses études anatomiques
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Les muscles et les os
Léonard se met à étudier les muscles humains d’abord pour servir son art, mais il le continuera ensuite par pure curiosité.
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Les lèvres et le sourire
« Léonard voue un intérêt tout particulier à la façon dont le cerveau et le système nerveux humains traduisent les émotions en mouvements corporels. De tous ces nerfs et muscles connexes, ceux qui contrôlent les lèvres sont les plus importants aux yeux de Léonard » rapporte l’auteur.
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Le cœur
Passionné par l’ingénierie hydraulique et fasciné par les flux et liquides, Léonard fait, dans ce domaine, des découvertes incroyables. « Léonard est l’un des premiers à véritablement comprendre que c’est le cœur, et non le foie, qui est au centre du système sanguin » déclare l’auteur. Pourtant, son travail ne sera apprécié à sa juste valeur que des siècles plus tard.
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La valve aortique
Léonard de Vinci est le premier à comprendre comment fonctionne la valve aortique. Cette découverte ne sera confirmée qu’à l’époque moderne. Léonard a développé son hypothèse par analogie concernant le tourbillonnement du sang :
« En mettant à profit ses connaissances sur les tourbillons d’eau et d’air, il suppose que le flux de sang descend en spirale dans l’aorte. […] Il faudra 450 ans aux anatomistes pour comprendre que Léonard avait raison. »
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Le fœtus
Léonard représente notamment le début de la vie dans un dessin emblématique retrouvée sur une page de ses carnets. Ce dessin montre un fœtus dans l’utérus. En plus d’être une bonne étude anatomique, il « touche au sublime » selon l’auteur, « comme le ferait plutôt une œuvre d’art ». Il possède une dimension spirituelle. Lorsqu’il réalise ce dessin, Léonard est en train d’étudier la botanique. Léonard fait alors des analogies entre ses recherches en botanique et le fœtus :
« Tout comme il a fait une analogie entre la ramification des plantes et des rivières et celle des vaisseaux sanguins, il remarque des similitudes entre la germination des semences et le développement des embryons humains. Les plantes ont une tige, appelée « funicule », qui relie la graine à la paroi de son ovule jusqu’à ce que la graine soit mûre, et Léonard se rend compte qu’elle remplit la même fonction qu’un cordon ombilical. »
27.5 – Influence perdue
Une fois de plus, Léonard de Vinci fait peu d’efforts pour partager toutes ses connaissances. Son intention de publier les conclusions de toutes ses études anatomiques est mise à mal par son désintérêt à organiser ses notes pour en faire un recueil.
En fin de compte, la passion de Léonard pour la connaissance prend toujours le dessus :
« Le trésor de traités qu’il n’a pas publiés témoigne du caractère inhabituel de ses motivations. Il veut accumuler des connaissances pour lui-même et pour son propre plaisir, plutôt que se faire un nom en tant que savant ou de faire progresser l’humanité. »
Chapitre 28 – Le monde et ses eaux
Dans ce chapitre de la biographie de Léonard de Vinci, Walter Isaacson détaille toutes les découvertes du génie scientifique concernant le monde et les eaux.
28.1 – Le microcosme et le macrocosme
Au même moment qu’il étudie le corps humain, Léonard sonde également le corps de la Terre. Comme à son habitude, il effectue des analogies entre les deux. Voici ce qu’écrit Léonard dans un de ses carnets pour comparer le microcosme et le macrocosme :
« Les anciens appelaient l’homme « petit monde », ce qui est assurément bien formulé. En effet, si l’homme est composé de terre, d’eau, d’air et de feu, le corps de la terre est de même. Si l’homme a en lui des os qui le soutiennent et une armature de chair, le monde a les roches qui supportent la terre, si l’homme a en lui le lac du sang, où croît et décroît le poumon dans la respiration, le corps de la terre a son océan qui, lui aussi, croît et décroît toutes les six heures avec la respiration du monde ; si dudit lac de sang dérivent les veines, qui vont se ramifiant dans le corps humain, de même l’océan remplit le corps de la terre d’infinies veines d’eau. »
Pour Léonard, cette relation entre microcosme et macrocosme comporte une composante spirituelle. Ce lien mystique entre l’homme et la terre se reflète dans nombre de ses chefs-d’œuvre.
Par ailleurs, le fait de considérer la terre comme un organisme vivant amène Léonard de Vinci à explorer aussi comment elle vieillit et évolue. Il comprend enfin que la nature possède deux traits qui semblent parfois s’opposer : une unité que l’on retrouve dans ses schémas récurrents et ses analogies, mais aussi par une infinie et merveilleuse variété.
28.2 – L’eau
Un des carnets de Léonard de Vinci – le Codex Leicester – montre de façon fascinante à quel point Léonard de Vinci a cherché à comprendre les causes et les effets qui régissent notre cosmos, et ce « de la mécanique de nos muscles au mouvement des planètes, du flux de nos artères à celui des rivières ».
Pour Léonard, la force la plus fondamentale sur terre et dans notre corps se situe dans les mouvements des fluides et, en particulier, de l’eau. C’est pourquoi l’hydrodynamique est au cœur de tous ses intérêts, qu’ils soient artistiques, scientifiques ou techniques.
Dans cette partie, Walter Isaacson développe, de façon détaillée, toutes les études de Léonard de Vinci concernant l’eau. Ce qui le passionne avant tout, dans la dynamique de l’eau, ce sont ses perturbations : détournements, tourbillons, turbulences et vortex. Parmi des tas de découvertes, Léonard comprend, par exemple, que les tourbillons se produisent également dans l’air (la spirale). Il fait aussi une analogie du concept des vagues avec les émotions qui se propagent elles aussi sous forme d’ondes (les vagues d’émotion).
28.3 – L’analogie revue et corrigée
L’auteur insiste ici sur la capacité de Léonard de Vinci à se remettre en question et son ouverture d’esprit. « Cette capacité d’abandonner ses idées préconçues est la clé de sa créativité » affirme l’auteur.
Comme exemple, Walter Isaacson raconte que Léonard de Vinci abandonne sans problème l’idée pourtant séduisante de l’analogie entre la circulation de l’eau sur terre et la circulation du sang dans le corps humain lorsqu’il comprend que son analogie entre macrocosme (la terre) et microcosme (l’homme) est erronée.
28.4 – Phénomènes géologiques, astronomie et bleu du ciel
Dans cette partie du livre « Léonard de Vinci – la biographie« , Walter Isaacson met en lumière toutes les démonstrations et découvertes de Léonard de Vinci en géologie et astronomie.
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Les phénomènes géologiques d’érosion et de fossilisation
L’auteur déclare que Léonard avait deux siècles d’avance sur ce sujet.
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L’astronomie
Plusieurs dizaines d’années avant Copernic et Galilée, avant de découvrir que le Soleil ne tourne pas autour de la Terre, Léonard comprend déjà que :
- Le soleil « est immobile » ;
- La Terre « n’est qu’un corps cosmique parmi de nombreux autres, et pas nécessairement le corps central » ;
- La Lune « n’émet pas de lumière mais renvoie la lumière du Soleil » (une personne sur la Lune verrait que notre planète réfléchit la lumière de la même façon).
Léonard a eu l’intention d’écrire un traité sur l’astronomie, mais cet ouvrage ne verra jamais le jour.
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Le bleu du ciel
Léonard se penche sur cette question ordinaire et banale que personne ne s’est plus posée depuis son enfance, mais à laquelle les plus grands génies, d’Aristote à Léonard de Vinci, en passant par Newton, Rayleigh et Einstein, ont tenté d’apporter une réponse : pourquoi le ciel est-il bleu ? Léonard « confronte de nombreuses explications et finit par en trouver une solide, correcte sur le fond » : « L’azur qu’on voit dans l’atmosphère n’est point sa couleur spécifique. […] L’atmosphère doit sa couleur bleue aux particules d’humidité qui captent les rayons lumineux du soleil » écrit le savant dans ses carnets.
Chapitre 29 – Rome
29.1 – Villa Melzi
En 1512, pour échapper aux troubles politiques (guerres d’Italie menées par la France), Léonard décide de quitter Milan. Il emménage à 30 kilomètres dans la maison familiale confortable de son élève et fils adoptif, Francesco Melzi, âgé de 21 ans. Ainsi, à la villa Melzi, Léonard peut s’adonner à ses passions très variées en toute quiétude.
29.2 – Portraits de Léonard
Pendant son séjour dans la villa Melzi, entouré de ceux qui constituent pratiquement sa famille, Léonard entre dans la soixantaine.
Pour dresser le portrait de Léonard âgé de 60 ans, Walter Isaacson se base sur les portraits et croquis dessinés par Léonard lui-même. Plusieurs d’entre eux représentent un sage vieillissant, distingué, aux cheveux bouclés, longs et à la barbe tombante.
Le plus célèbre et le plus beau de tous ces portraits est, selon Walter Isaacson, L’autoportrait de Turin.
Bien que les personnages dessinés semblent toujours plus âgés que Léonard ne l’était en réalité (peut-être se dessinait-il tel qu’il s’imaginait devenir, suppose l’auteur), ces portraits mystérieux ressemblent énormément à Léonard. C’est pourquoi, tout le monde est presque certain qu’il en était le sujet, confirmant ainsi l’image que nous avons du maître :
« Pris ensemble, ces dessins et ces tableaux scellent l’image de Léonard comme l’icône d’un génie barbu et d’un noble chercheur de la Renaissance, tout à la fois fougueux et distrait, passionné et mélancolique. »
29.3 – À Rome
En 1513, Léonard quitte Milan pour Rome. C’est une grande nouveauté. Il n’y a encore jamais vécu.
Léonard s’installe avec Francesco Melzi, Salaï, et trois autres proches dans l’élégant palais d’été du pape, le Belvédère, sur les hauteurs de Rome, où des appartements lui sont attribués. Il y séjournera 3 ans.
Le bâtiment héberge les favoris du pape Léon X et de son frère Julien de Médicis. Ce dernier est passionné d’art et de sciences, et c’est lui qui a proposé à Léonard de venir à Rome. Ainsi, grâce au mécénat de Julien, Léonard est à la tête d’une grande maisonnée d’assistants et d’élèves. Malgré les demandes alléchantes de mécènes avides d’art, Léonard n’a pas envie de peindre et ne peint donc pas. Il préfère étudier les plantes rares des jardins du palais et s’intéresse, à cette époque, aux miroirs. Fasciné par les procédés de fabrication des miroirs concaves, il décide d’en produire pour les garde-robes du pape et de Julien.
« L’endroit est idéal pour lui. Légèrement à l’écart et isolés, mais abritant une cour d’artistes et de scientifiques, le Belvédère et ses jardins mêlent une architecture grandiose à des merveilles de la nature, dont une ménagerie, un jardin botanique, des vergers et un bassin à poissons. »
Un jour qu’il accompagne le pape Léon à Bologne, Léonard rencontre le nouveau roi de France, François 1er. Alors que l’influence de Julien se met à décliner, une nouvelle opportunité s’offre alors à Léonard…
Chapitre 30 – Montrer la voie
Walter Isaacson développe ici les nombreuses questions qui se sont posées autour de deux tableaux. Ces derniers ont été réalisés tardivement plus par passion personnelle qu’en réponse à une commande. Ces deux tableaux représentent :
- Le portrait de Saint Jean Baptiste,
- L’Ange de l’Annonciation et Ange incarné.
Chapitre 31 – La Joconde
Le 31eme chapitre de la biographie de Léonard de Vinci de Walter Isaacson est entièrement consacré à la peinture la plus célèbre de Léonard de Vinci : La Joconde.
31.1 – L’apogée
Léonard de Vinci commence à peindre La Joconde à son retour de service auprès de Borgia, en 1503. Après cela, il ne cessera jamais de travailler sur le tableau. La Joconde suit le maître à Florence, à Milan, à Rome, puis en France, où il y fera encore des retouches jusqu’en 1517. Mais Léonard ne livrera jamais le portrait et ne percevra jamais de rémunération pour celui-ci :
« La peinture sera retrouvée dans son atelier à sa mort. Il est donc logique de considérer La Joconde comme une œuvre de la fin de sa carrière et de la voir, dans chacun de ses détails, comme l’apogée d’une vie dédiée au perfectionnement d’une aptitude à associer art et nature. »
Walter Isaacson cite Kenneth Clark pour mettre en avant le talent de l’artiste dans le célèbre portrait de La Joconde :
« La science, les compétences picturales, l’obsession pour la nature, la clairvoyance psychologique sont toutes présentes et si parfaitement équilibrées que nous en sommes à peine conscients au premier abord ».
On y observe notamment :
- La complexité des émotions humaines marquée par le mystère d’un sourire suggéré ;
- Les liens entre notre nature et l’univers qui nous entoure. Deux paysages s’entrelacent, indique l’auteur : « celui de l’âme de Mona Lisa et celui de l’âme de la nature ».
L’auteur mentionne ici un autre tableau : le Portrait de Ginevra de’ Benci, posant devant une rivière, le buste de trois quarts. Ce portrait, commencé au tout début de la carrière de Léonard de Vinci, dans l’atelier de Verrocchio, ressemble très étrangement à La Joconde qu’il entreprend quarante ans plus tard. La différence entre les deux oeuvres mettent toutefois en évidence les progrès de Léonard comme peintre, mais surtout la maturité qu’il a acquise en tant que scientifique, philosophe et humaniste.
31.2 – La commande
La Joconde représente le portrait d’une femme de 24 ans, Mona Lisa, de son vrai nom Lisa del Giocondo (« Mona » est la contraction de Madonna, Madame en Français). C’est son mari, Francesco del Giocondo, qui passe commande à Léonard.
À cette époque, le peintre repousse les suppliques incessantes d’Isabelle Este, un mécène bien plus riche et en vue. Il est, par ailleurs, très occupé par ses recherches scientifiques et rechigne à prendre un pinceau. Alors pourquoi Léonard accepte-il cette commande ? Selon Walter Isaacson, ce dernier se laisse probablement convaincre parce qu’il s’agit d’un client de son père, ami de la famille. Et puis surtout, il consent à peindre Mona Lisa parce qu’il est intéressé par son air mystérieux et son sourire charmant. Cerise sur le gâteau : la séduisante Mona Lisa n’est ni une noble célèbre ni la maitresse d’un noble. « Dispensé de répondre aux caprices ou de respecter les consignes d’un client puissant », cela lui laisse toute la liberté de peindre ce portrait comme il le veut.
31.3 – Mais est-ce vraiment Lisa ?
De nombreux mystères et controverses entourent le tableau de La Joconde. Walter Isaacson nous fait part de deux zones d’ombre :
- Il rapporte ici une autre version plausible attribuée au tableau de La Joconde : il s’agirait bien de Mona Lisa, mais le portrait aurait pu être commandé non pas par son mari mais par Julien de Médicis qui aurait pu entretenir une relation shakespearienne avec Lisa. Walter Isaacson raconte comment Julien, adolescent, aurait pu être l’amant transi de la jolie Lisa et aurait donc voulu ce portrait. Cette version expliquerait notamment pourquoi Léonard de Vinci n’a jamais livré le portrait de son épouse à Francesco.
- Certaines personnes pensent qu’il existe en fait deux tableaux distincts : Mona Lisa et La Joconde (La Gioconda en italien). L’auteur explique les tenants et aboutissants de cette polémique, liée à des écrits au moment de sa mort notamment. Si cette hypothèse était juste, alors cela signifierait que La Joconde ne serait pas Mona Lisa. Néanmoins l’auteur de la biographie de Léonard de Vinci, qui a étudié la vie de l’artiste en profondeur et tous ses carnets, est formel : pour lui, aucun doute, La Joconde est bel et bien Mona Lisa, Lisa del Giocondo.
31.4 – Étude du portrait de la Joconde
Walter Isaacson décrit, avec détail, chaque élément de peinture de La Joconde. Il développe :
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Les yeux de La Joconde
Dans beaucoup d’autres portraits peints par Léonard, les yeux du sujet semblent suivre le spectateur dans son déplacement. Bien que Léonard de Vinci ne soit pas le seul à créer cet effet, il est tellement lié à lui qu’il est connu sous le nom de l’effet « joconde ».
« Placez-vous en face de l’œuvre et le sujet vous regarde ; déplacez-vous d’un côté à l’autre et son regard semble toujours être directement pointé sur vous. »
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Le sourire de La Joconde
Le sourire de La Joconde est, selon Walter Isaacson, l’élément le plus mystique et captivant de tous. « Jamais dans une peinture le mouvement et l’émotion, pierres angulaires de l’art léonardesque, n’ont été si entrelacés » affirme l’auteur. Puis, il précise qu' »à l’époque où il perfectionne le sourire de Lisa, Léonard passe ses nuits dans les profondeurs de la morgue ».
C’est, en effet, à la morgue que Léonard de Vinci, fasciné par l’anatomie du visage, cherche à savoir comment le sourire se forme. Il retire alors la peau de nombreux cadavres afin d’étudier muscles et nerfs. Léonard analyse les mouvements possibles de chaque partie du visage. Il recherche l’origine de chacun des nerfs contrôlant chaque muscle facial« .
Par ailleurs, grâce à ses études d’optique, Léonard comprend que :
« Quand nous regardons un objet directement, il nous apparaît plus net. Quand nous le regardons avec une vision périphérique, du coin de l’œil, le même objet apparaît un peu brouillé, comme s’il était plus éloigné. Grâce à cette connaissance, Léonard est capable de créer un sourire insaisissable, qui se dérobe à celui qui veut trop le voir. »
Après avoir évoqué les copies de La Joconde et divers débats (comme celui de procéder ou non à un nettoyage de l’original pour révéler de nouvelles découvertes et lui redonner toute sa splendeur ), Walter Isaacson conclut, au sujet de La Joconde :
« La Joconde devient le tableau le plus célèbre au monde non seulement en raison du battage médiatique et du hasard, mais aussi parce que les spectateurs ont su établir un lien émotionnel profond avec elle. […] Lisa, assise sur son balcon avec en toile de fond l’éternité géologique, symbolise la méditation profonde de Léonard sur le sens de la condition humaine. »
Chapitre 32 – France
32.1 – Dernier voyage
« Léonard passe une grande partie de sa carrière à chercher des mécènes inconditionnellement paternalistes, encourageants et indulgents, en tout cas plus que son propre père ne l’a généralement été à son égard. »
Or, on se rend compte que « jusque-là, aucun des bienfaiteurs de Léonard ne s’est montré à la hauteur ».
Mais c’est lors de son voyage à Bologne, en 1515, aux côtés du pape Léon X, que Léonard va faire connaissance avec son dernier mécène, le plus dévoué de tous : François 1er, le nouveau roi de France. Le jeune roi de 21 ans vient de succéder à son beau-père Louis XII. Ce dernier était un grand admirateur de Léonard de Vinci. Il collectionnait ses œuvres.
Après cette rencontre, François 1er, encouragé par sa mère, Louise de Savoie, ne cesse d’inviter Léonard à venir en France.
Juste à ce moment-là, Julien de Médicis décède. Léonard entretient des relations compliquées avec le reste de la famille Médicis (« Les Médicis m’ont créé et m’ont détruit », écrit-il de façon cryptée dans un de ses carnets). Il accepte donc l’invitation du roi de France.
Léonard a 64 ans lorsqu’il part de Rome, avec ses compagnons, pour rejoindre la cour du roi. C’est la première fois qu’il quitte son pays. Il sait que ce voyage sera sans doute le dernier. En chemin, le convoi fait étape à Milan où Salaï décide de rester. Il s’installe dans la maison et le vignoble que Léonard a reçu de Ludovic Sforza. Salaï rendra cependant visite à Léonard jusqu’à sa mort. Battista de Villanis, nouveau serviteur de Léonard, qui les accompagne, « remplacera rapidement ce dernier dans le cœur de Léonard ». Melzi, quant à lui, poursuit la route avec Léonard.
32.2 – François 1er
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Léonard de Vinci et François 1er : « des professeurs l’un de l’autre »
Le roi François 1er est un grand homme, charismatique et courageux. C’est aussi quelqu’un de bon, civilisé et cultivé (sa mère l’était aussi beaucoup). Amoureux de la Renaissance italienne, il aimerait la diffuser en France.
François 1er possède aussi cette soif dévorante d’apprendre « dans des domaines aussi variés que ceux qui passionnent Léonard de Vinci ». Il aime la poésie, la musique, la littérature, les sciences, les mathématiques, la géographie et, l’histoire. Il sait parler l’italien, le latin, l’espagnol et l’hébreu.
« Sociable et amoureux des femmes, il a une allure fringante et entretient une réputation de danseur gracieux, de grand chasseur et de lutteur puissant. Après quelques heures passées chaque matin sur les affaires d’État, il demande qu’on lui lise les grands auteurs de la Rome et de la Grèce antiques. Il monte également des pièces et des spectacles le soir. Léonard est une recrue parfaite pour sa cour. »
D’autre part :
« François s’avère être le mécène idéal pour Léonard. Il admire le maître sans réserve, ne l’importune jamais pour qu’il finisse ses tableaux, encourage son amour de l’ingénierie et de l’architecture, l’incite à monter des spectacles et des fantaisies, lui offre un foyer confortable et lui verse une rémunération régulière. Léonard reçoit le titre de « premier peintre, ingénieur et architecte du roi », mais sa valeur aux yeux du roi réside dans son intelligence et non dans sa production. François a une soif insatiable de connaissances et Léonard est la meilleure source au monde de savoir empirique. Il peut former le roi sur pratiquement n’importe quel sujet, depuis le fonctionnement de l’œil jusqu’aux raisons pour lesquelles la Lune brille. À son tour, Léonard tire des enseignements de ce jeune monarque élégant et érudit. »
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François 1er, « complètement épris » de Léonard
Ainsi, les deux hommes s’apprécient et passent beaucoup de temps ensemble. François offre à Léonard une rémunération confortable, et ce quel que soit la quantité de tableaux qu’il produit. Il met à sa disposition le petit manoir du Cloux (qu’on appelle aujourd’hui le Clos Lucé), en brique rouge, dans la vallée de la Loire. La demeure est bâtie au cœur d’un hectare de jardins et de vignobles. Elle est reliée au château d’Amboise où vit François 1er par un tunnel de 500 mètres.
32.3 – La visite d’Antonio de Beatis
Walter Isaacson raconte ici la visite du cardinal Louis Aragon, que reçoit Léonard en 1517, accompagné des 40 membres de sa suite. Parmi eux, Antonio de Beatis raconte la visite dans son journal. Léonard y est dépeint comme « le peintre le plus éminent de l’époque« , admiré de ses contemporains. Le vieil homme est, selon lui, confortablement installé dans son manoir, « couvant les peintures qu’il aime et les exhibant comme des trésors personnels ». Il souffre d’une paralysie de la main droite. Il ne peut donc plus peindre mais continue toutefois à dessiner et à enseigner, à Melzi notamment.
32.4 – Romorantin
Le roi propose une dernière mission à Léonard : celle de concevoir un nouveau complexe de cité et palais pour la cour royale dans le village de Romorantin, à 80 kilomètres d’Amboise.
Cette mission est parfaite pour Léonard. En effet, elle lui offre la possibilité de laisser libre cours à plusieurs de ses passions : l’architecture, l’urbanisme, l’hydraulique, l’ingénierie, et même l’organisation de fêtes et de spectacles.
Mais finalement, le projet est abandonné en 1519 (année de la mort de Léonard). Le roi décide, à la place, de construire son nouveau château à Chambord, toujours dans la vallée de la Loire.
32.5 – Les dessins du Déluge
Walter Isaacson évoque ici les 16 dessins du Déluge réalisés par Léonard de Vinci durant ses dernières années en France.
Ces dessins, destinés à être exposés ou à accompagner la lecture d’un conte apocalyptique ont, selon l’auteur, une véritable puissance artistique. Oscillant entre réalité et fantaisie, ils sont « le produit de l’imagination enfiévrée et frénétique » du génie.
Dans ces dessins, Léonard décrit le Déluge apocalyptique et les émotions des hommes confrontés à ce déchaînement. On y retrouve des éléments minutieux sur les courants et les tourbillons qui se forment dans l’eau lorsque celle-ci est détournée.
« Les dessins du Déluge évoquent le récit de la Genèse, un sujet traité par Michel-Ange et beaucoup d’autres artistes au fil des ans. Léonard choisit de l’envisager différemment en ne faisant pas mention de Noé et d’aller bien au-delà du conte biblique en ajoutant à la mêlée des dieux grecs et romains. »
À aucun moment, dans ses écrits ou ses dessins représentant le Déluge, Léonard n’évoque la colère de Dieu. Il exprime davantage sa conviction que le chaos et la destruction sont liés au pouvoir de la nature.
32.6 – La fin
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Le testament
Environ un mois avant son décès, Léonard commence à mettre de l’ordre dans ses affaires. Il fait rédiger son testament par un notaire.
L’auteur précise les souhaits mentionnés par Léonard de Vinci dans ce testament. En voici les plus importants :
- Ses demi-frères : Léonard leur lègue une somme en espèces conséquente et les biens dont il a hérité de son oncle Francesco, « réglant par-là probablement le litige qui les opposait » indique l’auteur.
- Francesco Melzi : il est, en tant que fils légalement adopté, l’héritier de facto de Léonard. Nommé exécuteur testamentaire, il bénéficie de la majeure partie de la succession.
- Battista de Villanis, son dernier serviteur et compagnon : ce dernier reçoit des droits sur l’eau et la moitié du vignoble qui lui ont été accordés à Milan par Ludovic Sforza, ainsi que tous ses meubles et ustensiles ménagers.
- Salaï : Léonard, qui avait pris ses distances avec Salaï, lui laisse l’autre moitié du vignoble milanais. Mais fidèle à sa réputation, Salaï réussira à soutirer nombre de copies de peintures de Léonard, voire quelques originaux comme La Joconde et Léda et le Cygne.
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La mort de Léonard de Vinci
Léonard de Vinci meurt à 67 ans à peine, le 2 mai 1519.
L’image de la mort de Léonard de Vinci a été peinte par de nombreux artistes admiratifs.
« Léonard de Vinci – La biographie » montre ici, comme exemple, le célèbre tableau de Jean-Auguste-Dominique Ingres, intitulé Mort de Léonard de Vinci : le tableau représente Léonard expirant dans les bras du roi. Cette scène est possible, nous explique l’auteur, mais pas attestée.
« Voilà une scène finale sublime et à la hauteur du personnage : Léonard recroquevillé sur son lit de mort, blotti dans les bras de son puissant et généreux mécène, dans sa confortable demeure, entouré de ses tableaux favoris. »
Léonard est inhumé dans l’église du château d’Amboise, qui sera démolie au début du XIXe siècle. Ces probables ossements, retrouvés 60 ans après cette démolition, sont enterrés sous une dalle funéraire à la chapelle Saint-Hubert mitoyenne au château.
Chapitre 33 – Conclusion
33.1 – Génie
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Un génie mais pas un surhomme pour autant
Pour l’auteur de la biographie de Léonard de Vinci, c’est incontestable, Léonard de Vinci est un génie :
« À ce stade, j’espère que vous conviendrez que Léonard est un génie, l’un des rares personnages dans l’Histoire qui mérite indiscutablement ce titre ou, pour être plus précis, qui l’a gagné. »
Toutefois, les travaux laissés inachevés par Léonard de Vinci démontrent qu’il n’était pas surhumain pour autant. Pour l’auteur, cette caractéristique si présente et propre à Léonard de Vinci en dit beaucoup sur l’artiste :
- D’abord, qu’il préférait de loin relever le défi de la conception plutôt que d’assumer la tâche de l’accomplissement.
- Ensuite, qu’il se laissait porter par ce monde changeant, et il aimait cela.
- Enfin, qu’il considérait son art, son ingénierie et ses traités comme un processus dynamique, qui pouvait toujours être amélioré au gré des nouvelles connaissances apprises et appliquées.
Si Walter Isaacson qualifie Léonard de Vinci de génie, c’est pour plusieurs raisons. Léonard de Vinci a, dit-il, « entrevu ce que des innovateurs concevront des siècles après lui« .
Et « ce qui fait de Léonard un génie, ce qui le distingue de ceux qui ne sont qu’extraordinairement intelligents« , affirme l’auteur, c’est :
- Sa créativité, sa capacité d’appliquer l’imagination à l’intellect.
- La facilité qu’il a de combiner l’observation avec la fantaisie : ceci lui permet de faire des « bonds inespérés pour relier le visible à l’invisible ».
- Sa nature universelle : il existe bien d’autres penseurs plus profonds ou plus logiques, plus pragmatiques, mais aucun n’a été aussi créatif dans autant de domaines différents. Beaucoup de génies le sont mais dans des disciplines précises (comme Mozart en musique ou Euler en mathématiques par exemple).
« Léonard est un génie, mais il représente bien plus : il incarne la quintessence de la pensée universelle, un homme qui cherche à comprendre toute la création, y compris la place que nous y occupons. »
33.2 – Apprendre de Léonard
Walter Isaacson termine sa conclusion en listant tout ce que nous pouvons apprendre, d’après lui, de la grande humanité et du génie de Léonard de Vinci.
« Léonard est non seulement un génie, mais aussi un être d’une grande humanité – excentrique, obsessif, joueur et facilement distrait -, et c’est bien là ce qui le rend plus accessible. Il n’est pas doté d’un genre de maestria qui nous soit parfaitement inconcevable. Non. C’est un autodidacte qui par sa volonté a tracé son propre chemin vers son génie. Ainsi, même si nous ne serons probablement jamais capables de posséder tous ses talents, nous pouvons apprendre de lui et essayer de lui ressembler davantage. Sa vie est riche d’enseignements. »
Et voici donc ce que la vie de Léonard de Vinci nous enseigne selon Walter Isaacson :
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Être curieux
La curiosité est vraiment le trait le plus distinctif et incroyable de Léonard de Vinci. Il s’intéressait à tout, tout le temps. Son parcours nous encourage à être, nous aussi, avide de connaissances. Pas forcément parce que c’est utile, mais plutôt comme une fin en soi, par pur plaisir.
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S’émerveiller comme un enfant
Beaucoup d’entre nous cessent de se questionner sur les phénomènes du quotidien en devenant adultes. Il nous arrive d’apprécier la beauté d’un ciel bleu, mais nous ne nous interrogeons plus sur le pourquoi de cette couleur par exemple. Léonard, lui, s’en étonne toujours.
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Observer
Léonard avait cette faculté incroyablement aigüe d’observation.
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Commencer par les détails
Pour mieux observer quelque chose attentivement, Léonard note, dans un de ses carnets, qu’il faut procéder par étape, « en commençant par le moindre détail ».
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Imaginer des choses invisibles
La première activité de Léonard au cours de ses années de formation est de faire apparaître des acteurs, de mettre en scène des représentations et des pièces de théâtre.
Les activités de Léonard, tout au long de sa vie, lui ont permis de cultiver sa grande créativité. La mise en scène de tous ces spectacles, par exemple, l’a amené à mêler ingéniosité théâtrale et fantaisie. Ainsi, il a développé une créativité combinatoire : il pouvait « voir voler des oiseaux, mais aussi des anges, rugir des lions, mais aussi des dragons ».
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Creuser chaque sujet, même le plus improbable
Léonard de Vinci approfondissait chaque sujet qu’il étudiait. Ses carnets sont remplis de notes qui montrent le plaisir que ce dernier prenait à aller au fond des choses (on y voit par exemple :169 tentatives de résolution de la quadrature du cercle, 730 résultats relatifs à l’écoulement de l’eau, une liste de 67 mots décrivant différents types de mouvements de l’eau, les mesures de chacun des segments du corps humain et le calcul de leurs relations proportionnelles…).
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Se laisser distraire
Les quêtes passionnées de Léonard l’amènent à s’égarer sur des voies parallèles. Léonard étudie en profondeur tous les sujets qui retiennent son attention. Pour Walter Isaacson, c’est clairement cette posture qui a favorisé les multiples liens qu’il établissait entre les choses.
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Respecter les faits
Lorsqu’il a une idée en tête, Léonard de Vinci la teste par l’expérience. Si son expérience montre que sa théorie n’est pas correcte, alors il l’abandonne et en cherche une nouvelle. Léonard était un précurseur car cette approche, qui se perd aujourd’hui, devint courante un siècle après, avec Galilée et Bacon.
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Remettre au lendemain
En fait, quand il procrastine, Léonard ne fait pas rien : sa méthode consiste à réunir, dans un premier temps, tous les faits et toutes les idées possibles. Puis, seulement après cette étape, il fait mijoter cet ensemble d’ingrédients. Pour illustrer cette idée, Walter Isaacson cite ici Léonard de Vinci qui s’adresse au duc de Milan :
« La créativité requiert du temps pour laisser mariner les idées et permettre aux intuitions de prendre forme. « Les hommes au génie ambitieux réalisent parfois leurs plus grandes œuvres lorsqu’ils travaillent le moins », explique-t-il, « car leur esprit est accaparé par leurs idées et la perfection de leurs conceptions, auxquelles ils donnent ensuite forme ». »
Par ailleurs, Léonard de Vinci est un grand perfectionniste. Dès lors, il préfère laisser tomber un travail plutôt que de réaliser quelque chose de « juste passable ».
« Jusqu’à sa mort, il emportera des chefs-d’œuvre tels que Sainte Anne et La Joconde lors de chacun de ses déplacements, dans l’idée qu’il aura toujours à y ajouter un nouveau coup de pinceau. »
Selon Walter Isaacson, Léonard de Vinci sait que « les vrais artistes attachent de l’importance à la beauté, même à celle des parties invisibles ».
L’auteur nous invite alors à faire comme Léonard de Vinci : parfois, il est bon de ne pas livrer un produit tant qu’il n’est pas parfait.
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Adopter une pensée visuelle
Incapable de formuler des équations et des concepts mathématiques abstraits, Léonard de Vinci n’a pas le choix que de les visualiser. Il adopte donc une pensée visuelle pour ses études des proportions, ses règles de la perspective, son calcul des réflexions des miroirs concaves et ses méthodes pour changer une forme sans en changer la taille.
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Éviter le cloisonnement
L’approche de Léonard de Vinci gomme la distinction entre science et art. Selon Walter Isaacson :
« Léonard est un esprit libre qui flâne gaiement dans toutes les disciplines des arts, des sciences, de l’ingénierie et des humanités. Fort de sa connaissance de la manière dont la lumière frappe la rétine, il façonne la perspective de La Cène et, sur la page où il dessine ses vues anatomiques de la dissection des lèvres, il esquisse le sourire qui réapparaîtra dans La Joconde. Il sait que l’art est une science et que la science est un art. »
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Ne pas se contenter de ce que nous savons faire
L’auteur nous invite à nous imaginer en train de créer quelque chose de totalement inconcevable (comme Léonard l’a fait avec sa machine volante, la déviation du fleuve Arno) ou de résoudre un problème insolvable (comme Léonard l’a fait avec la quadrature du cercle). C’est une façon de brouiller les frontières entre imaginaire et réalité.
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Créer pour soi-même, et pas seulement pour nos patrons
Léonard de Vinci ne veut dépendre de personne et rester libre de ses créations. En voici un exemple parfait :
« La très puissante et richissime marquise Isabelle d’Este a beau le supplier, Léonard ne peindra pas son portrait. En revanche, il s’attaque à celui de la femme d’un marchand de soie, prénommée Lisa. Il le fait parce qu’il le veut, et il continue à y travailler pour le restant de ses jours, sans jamais l’expédier à son client. »
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Collaborer
« Le génie est souvent considéré comme l’apanage de solitaires qui, retranchés dans leur mansarde, sont frappés d’une illumination créatrice », écrit Walter Isaacson. Même si cette idée est un peu vraie, elle ne l’est pas concernant Léonard de Vinci.
Nombre de créations de l’artiste sont en effet issues de collaborations (comme la Vierge aux rochers, la Madone au fuseau et bien d’autres peintures). À tel point qu’il est difficile de savoir qui a peint quoi sur ces tableaux. Autre exemple : L’Homme de Vitruve. Ce dessin est ni plus ni moins que « le fruit d’un partage d’idées et de croquis avec des amis« .
Enfin, les oeuvres théâtrales de Léonard de Vinci ainsi que ses meilleures études anatomiques ont toutes été réalisées en partenariat (travail d’équipe à la cour du château des Sforza en ce qui concerne les spectacles et en partenariat avec Marcantonio della Torre en ce qui concerne les recherches en anatomie).
Selon l’auteur de la biographie de Léonard de Vinci :
« Le génie naît avec l’intelligence d’un individu. Il requiert une vision singulière. Mais sa réalisation implique souvent de travailler avec d’autres personnes. L’innovation est un sport d’équipe. La créativité est une entreprise collective. »
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Faire des listes incluant des choses bizarres
Les listes de tâches à accomplir tenue par Léonard témoigne de l’immense curiosité de Léonard de Vinci pour des sujets aussi improbables que variés.
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Prendre des notes sur papier
Walter Isaacson nous encourage à écrire, nous aussi, nos pensées sur des carnets :
« Cinq cents ans plus tard, les carnets de Léonard sont là pour nous stupéfier et nous inspirer. Dans cinq décennies, nos propres carnets, seront toujours là pour étonner et inspirer nos petits-enfants, ce qui n’est pas le cas de nos tweets et de nos publications Facebook. »
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Rester ouvert au mystère
Enfin, pour Walter Isaacson, Léonard de Vinci nous apprend que « tout ne doit pas nécessairement être tranché ou précisément défini ». Laissons place à une part de mystère dans nos existences.
Epilogue / Annexes
Le livre « Léonard de Vinci – La biographie » comprend un épilogue qui mentionne :
- Des informations que l’auteur a appris et nous transmet concernant la langue du pivert, avant de rajouter :
« J’ai pensé qu’après avoir lu ce livre, tel Léonard qui jadis inscrivit « Décris la langue du pivert » dans l’une de ses éclectiques et étrangement inspirantes listes de tâches à accomplir, vous aimeriez peut-être en savoir plus sur la langue du pivert. Par simple curiosité. Par pure curiosité. »
- Des informations sur les Carnets de Léonard : l’auteur indique leur noms, et pour chacun, où ils se trouvent, qui les possède et s’il est possible de les consulter.
- Des dizaines de pages de sources utilisées par l’auteur et de notes pour compléter le récit déjà extrêmement bien documenté.
Conclusion de « Léonard de Vinci – La biographie » de Walter Isaacson
Un livre extrêmement bien documenté et raconté
La biographie de Léonard de Vinci que nous propose Walter Isaacson est probablement la plus dense (près 600 pages) et documentée (près de 50 pages de notes et sources) qu’il existe. Elle est aussi absolument captivante.
Il faut souligner trois points.
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Le talent narratif et journalistique de Walter Isaacson
L’auteur nous restitue le destin de Léonard de Vinci avec beaucoup de talent.
Le livre se lit comme un roman avec un zeste de style journalistique, sous forme chronologique mais aussi thématique.
Au fur et à mesure des chapitres, Walter isaacson offre au lecteur un voyage extraordinaire au coeur de la Renaissance italienne. C’est un récit captivant, rempli d’anecdotes détaillées, toutes sourcées et extrêmement bien documentées. Le style fluide et agréable rend la lecture facile, si bien que l’on ne sent pas défiler les 600 pages.
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Une biographie complète, qui s’appuie sur des découvertes récentes
Ce livre partage une vue d’ensemble complète sur l’étendue du génie de Léonard de Vinci, depuis ses origines jusqu’à sa mort.
La biographie de Léonard de Vinci de Walter Isaacson s’appuie sur les découvertes les plus récentes sur le sujet. Elle raconte les événements qui ont marqué la vie du maître, le contexte dans lequel il a vécu, ses travaux, ses collaborations, ses idées, ses oeuvres, son approche. La biographie de Walter Isaacson se base essentiellement sur les 7200 pages de notes griffonnées par Léonard de Vinci dans ses carnets. Mais elle s’inspire aussi des témoignages de son époque, d’autres biographies et études sur la vie de l’artiste.
Cet ouvrage est une plongée dans l’esprit et le processus créatif de Léonard de Vinci.
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La qualité des illustrations et parties annexes
Le livre « Léonard de Vinci – La biographie » est jalonné de nombreuses illustrations de qualité. Il commence et se termine par des annexes très pertinentes. Au fil des pages, l’auteur propose notamment :
- Des extraits des carnets de Léonard (croquis, dessins, notes…),
- Des photos et analyses détaillées de ses peintures majeures,
- Une frise historique et biographique en images,
- Le récapitulatif des personnages clés de la vie de Léonard,
- Une liste d’informations concernant les carnets de l’artiste…
Ce que la biographie de Léonard de Vinci de Walter Isaacson peut vous apporter
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Des connaissances et une riche culture générale
La biographie de Walter Isaacson est une lecture très longue, mais ne contient, pour autant, que très peu de répétitions. Elle nous mène de découverte en découverte tout au long des chapitres. Non seulement, l’ouvrage nous éclaire sur la façon dont Léonard de Vinci a marqué l’histoire de l’humanité, de l’art et des sciences, mais en plus, il nous enrichit de toutes les explorations de Léonard.
Au final, c’est une lecture qui nous instruit à plein de niveaux : par ce qu’on y apprend en matière scientifique, artistique, technique ou encore historique.
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Les enseignements de vie d’un homme de génie
La vie de Léonard de Vinci est si exceptionnelle qu’il n’est pas possible de ne pas en ressortir avec des enseignements. Véritable polymathe, passionné et curieux, Léonard de Vinci s’intéresse à tout ce qui peut enrichir son savoir. Il sait faire des ponts entre les disciplines.
Dans son dernier chapitre (conclusion), Walter Isaacson dresse une liste de tout ce que l’homme et cette approche peuvent nous apprendre. Pour cela, l’auteur analyse Léonard de Vinci dans sa dimension humaine. Il fait référence à ses qualités qui, mises bout à bout, combinées ensemble, ont produit un génie, mais évoque aussi ses défaillances.
Léonard de Vinci est un homme de génie, passionné, autodidacte, marginal, extrêmement curieux, imaginatif et créatif. C’est un artiste, un scientifique, un ingénieur, un innovateur et bien plus encore qui a su compenser son manque de formation conventionnelle par un sens de l’observation et l’expérimentation permanente. C’est aussi un homme qui a su assumer sa différence (enfant illégitime, gaucher, homme homosexuel, végétarien). Il tient finalement sa force de la compensation de ses faiblesses.
Une lecture exigeante mais très inspirante
La biographie de Léonard de Vinci de Walter Isaacson est une lecture fabuleuse pour tous ceux qui s’intéressent à la vie de cet homme, mais aussi pour tous ceux qui se passionnent pour les vies extraordinaires. C’est un livre long mais qui mérite incontestablement l’effort de lecture. L’auteur saura, de toutes façons, vous emporter dès les premières pages…
Les points forts et le point faible du livre Léonard de Vinci – La biographie
Points forts :
- Un ouvrage très bien écrit, entre le roman et le documentaire journalistique, qui embarque le lecteur dans l’univers de la Renaissance italienne, de ses arts et de ses génies.
- Un livre très inspirant : par les belles personnes qu’on y découvre, l’ouverture d’esprit, la liberté artistique et philosophique de l’époque, et bien sûr par la vie incroyable de Léonard de Vinci.
- Des découvertes surprenantes sur le génie scientifique, précurseur et innovant de Léonard de Vinci.
- Les illustrations qui font du livre un précieux recueil sur la vie de Léonard, au-delà d’une simple biographie.
Point faible :
- À part la longueur de l’ouvrage qui pourrait décourager certains lecteurs, je ne vois pas de points faibles à mettre en évidence.
Ma note :
Le petit guide pratique du livre La biographie de Léonard de Vinci
Les premières œuvres connues de Léonard de Vinci énumérées par Walter Isaacson dans son ouvrage :
- Le guerrier
- La vis aérienne
- Paysage de la vallée de l’Arno
- Tobie et l’Ange
- Le Baptême du Christ
- Annonciation et Madones
Foire Aux Questions (FAQ) du livre La biographie de Léonard de Vinci
1. Comment le public a-t-il accueilli le livre La biographie de Léonard de Vinci de Walter Isaacson ?
Considéré comme le génie le plus créatif de l’histoire, le livre la biographie de Léonard de Vinci a eu un grand succès auprès du public jusqu’à devenir un best-seller. En se basant sur les milliers de pages de ses carnets et les plus récentes découvertes des historiens, Walter Isaacson nous amène à la découverte d’un génie, alimenté par une curiosité passionnée, une capacité d’observation de tous les instants et une imagination sans limites.
2. Quel est l’impact du livre La biographie de Léonard de Vinci de Walter Isaacson?
Ce livre a eu un impact énorme sur de nombreux génies du temps moderne. Créateur, novateur, débordé d’imagination, de talent et de curiosité, observateur exceptionnel, Léonard de Vinci est une source d’inspiration pour de nombreux acteurs dans les secteurs artistique, scientifique et technique.
3. À qui le livre La biographie de Léonard de Vinci s’adresse-t-il ?
Cet ouvrage est destiné aux entrepreneurs, aux scientifiques, aux artistes, aux créateurs, aux novateurs, aux inventeurs et aux surdoués. C’est également un livre très passionnant pour tous ceux qui s’intéressent à la vie de Léonard de Vinci.
4. Qu’est-ce qui fait de Léonard de Vinci un génie d’après Walter Isaacson ?
Si Walter Isaacson qualifie Léonard de Vinci de génie, c’est pour plusieurs raisons. Léonard de Vinci a, dit-il, « entrevu ce que des innovateurs concevront des siècles après lui ».
5. Que peut-on apprendre de Léonard de Vinci d’après Walter Isaacson ?
D’après Walter Isaacson, Léonard est non seulement un génie, mais aussi un être d’une grande humanité excentrique, obsessif, joueur et facilement distrait -, et c’est bien là ce qui le rend plus accessible
Les qualités du succès de Léonard de Vinci versus les qualités d’échec
Les qualités du succès de Léonard de Vinci | Les qualités d’échec |
La curiosité | Ne pas être curieux |
S’émerveiller comme un enfant | Être indifférent |
Respecter les faits | Non-respect des faits |
Veiller au détail | Négligence |
Imaginer des choses invisibles | Imaginer des choses visibles |
Qui est Walter Isaacson ?
Originaire des États-Unis d’Amérique, Walter Isaacson est né le 20 mai 1952 à la Nouvelle-Orléans en Louisiane. Suite à ses études à l’école Isidore Newman School de la Nouvelle-Orléans, Walter Isaacson a obtenu son doctorat en Histoire et Littérature de l’Université de Havard. Auteur et biographe, il est le président directeur général d’Aspen Institute.
Il a rédigé la biographie de nombreux personnages reconnus à l’international, notamment celle de Léonard de Vinci qui est un créateur, novateur, débordé d’imagination, de talent et de curiosité, observateur exceptionnel et une source d’inspiration pour les générations montantes, particulièrement les acteurs des secteurs artistique, scientifique et technique. Il est également l’auteur des biographies de Henry Kissinger, Benjamin Franklin, Albert Einstein, Steve Jobs, etc.
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