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Le paradoxe du poisson rouge : 40 différences entre la Chine et l’Occident

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Résumé de « Le paradoxe du poisson rouge » de Hesna Cailliau : En établissant un parallèle entre les cultures chinoise et occidentale, Hesna Cailliau nous invite à réfléchir à notre façon d’appréhender le monde ; et si c’était le moment de remettre notre pensée en question pour accéder à une spiritualité salutaire et mieux ancrée dans la réalité ?

Par Hesna Cailliau, 2019, 189 pages

Chronique et résumé de « Le paradoxe du poisson rouge » de Hesna Cailliau

Introduction

« Quitter son beau rivage, s’ouvrir au souffle du grand large, une voie pour devenir plus sage ».

Réveillons le Chinois qui sommeille en nous

Hesna Cailliau commence son ouvrage « Le paradoxe du poisson rouge » en précisant quatre points essentiels à la compréhension du livre :

  • « Le paradoxe du poisson rouge » doit son titre à un constat : les Chinois ont développé un art de vivre qui leur permet d’évoluer avec souplesse et succès. Contrairement à notre philosophie occidentale qui fait appel à l’intuition, la sagesse, en Chine se transmet par des anecdotes ou des maximes « paradoxales »
  • Le poisson rouge ou carpe koï est un élément sacré majeur de la culture sinisée et il est de bon ton d’en élever. Symbole du dragon pour son aspect et de la créativité pour sa couleur rouge, « cet animal invertébré inférieur » est, en effet, une véritable inspiration quotidienne pour des millions de Chinois.
  • Nous devons toujours garder à l’esprit que nos traditions sont profondément marquées par notre histoire religieuse et culturelle. Tandis que nous avons hérité de principes gréco-bibliques, les Chinois tirent leur enseignement de trois traditions millénaires : le taoïsme, le confucianisme et le bouddhisme.
  • Selon Edgar Morin, la sagesse chinoise revient à cultiver une pensée complexe : celle de l’interaction des choses entre elles. La médecine chinoise, par exemple, considère que les différentes parties du corps humain sont indissociables. Cette idée est aussi appliquée à la relation qu’entretient l’homme avec la nature. En Occident, nous avons hérité d’autres préceptes consistant à penser que nous devons dominer la nature.

Les huit vertus de la carpe Koï

En Chine, la carpe koï est omniprésente, car elle dispose de huit vertus qui mènent à la Voie de la réussite. Ces vertus ne peuvent être classées selon leur importance et elles ont toutes pour vocation de libérer la créativité pour faciliter le changement.

Dans « Le paradoxe du poisson rouge », Hesna Cailliau nous propose de nous ouvrir à l’étonnante modernité de la civilisation chinoise, vieille de 5 000 ans, à travers ces 8 vertus, développées dans chacun des chapitres de l’ouvrage.

Chapitre 1 : Ne se fixer à aucun port

« Être sans idée pour rester ouvert à tous les possibles ». Confucius

La carpe Koï n’a pas de port d’attache et ne suit aucun schéma préétabli. Cette pensée, selon laquelle il est préférable de ne pas avoir de certitudes pour rester ouvert à toutes les idées, est l’un des fondements de la culture Chinoise. Cela ne veut pas dire être vierge de toutes suggestions, mais de se rendre disponible pour mettre de la fluidité dans les choses et entre les choses.

En fait, la réalité étant en mouvement perpétuel, il n’est pas intéressant de rester ferme sur des positions qui nous emprisonnent. L’auteur souligne, à ce propos, que les 99 écailles de la carpe Koï symbolisent une mutation continue et inhérente à notre existence.

1.1 – « La seule loi qui ne change pas est celle qui énonce que tout change » – Bouddha

En observant la carpe Koï se mouvoir, nous remarquons à travers ses ondulations qu’il est inutile de chercher à se raidir dans une position ou une fixation. Ainsi, nous apprenons dans « Le paradoxe du poisson rouge » qu’il est totalement idiot de chercher à tout prix à avoir raison. Hesna Cailliau explique qu’il est bien plus intéressant d’écouter et d’appliquer des conseils de sages.

De la même façon, les grands yeux et la bouche ouverte du poisson représentent une ouverture d’esprit nous conduisant à observer, pour mieux absorber. C’est certainement grâce à cette attitude que les Chinois ont été précurseurs dans nombres d’évolutions technologiques.

Aussi, une autre devise consiste à penser que le fait d’étudier ne se réalise pas dans une somme de savoirs. En effet, pour être viable, une idée doit, chez les Chinois, tout simplement être réalisable, ce qui implique immanquablement du concret.

1.2 – « Savoir n’est rien, savoir vivre est tout » – Confucius

Pour les Chinois, la pensée rationnelle est rigide, artificielle et conflictuelle. Seule la pensée holistique a sa place dans la compréhension du monde. Chaque chose et chaque être doivent être pensés dans un ensemble où tout est lié par des correspondances invisibles.

Alors que l’Occident a tendance à favoriser l’exclusion, en Chine, on mise sur l’inclusion. Au lieu de choisir entre deux solutions et d’en privilégier une, on peut tout à fait admettre que les deux sont bonnes et peuvent se superposer.

De la même manière, les Chinois n’opposent pas le taoïsme au bouddhisme et pratiquent souvent les deux, auxquels ils mêlent Confucius.

C’est dans une dynamique de prise de décision naturelle que la pensée Chinoise se développe. Au lieu de se demander, « est-ce que ma vie va s’arranger », on préfère se dire « que dois-je faire ici et maintenant pour que ma vie s’arrange ? ».

1.3 – L’homme accède à la connaissance par la vision et non par la spéculation

Tout d’abord, l’homme doit apprendre à éviter de tomber dans le piège de la réalité visible. En effet, il doit considérer la réalité dans sa globalité en tenant compte de sa partie immergée, la plus importante.

Pour nous Occidentaux, il est important de bien penser. Pour les Chinois, il est primordial de bien observer. De plus, si nous croyons beaucoup en la chance, le Chinois voit plutôt cette aubaine comme une concomitance. D’ailleurs, il ne dira pas « avoir de la chance », mais savoir attraper le chi qui passe », le chi étant le souffle de l’univers.

1.4 – « Il faut deux ans pour apprendre à parler et toute une vie pour apprendre à se taire » – Proverbe populaire Chinois

Notre culture est fondée sur la parole et le questionnement. La culture chinoise, quant à elle, fait l’éloge du silence ; elle met davantage l’accent sur la Voie que sur la Voix.

Nous, Occidentaux, avons hérité de l’art du débat enseigné dans le judaïsme et de la rhétorique des Grecs. Cela nous conduit encore à argumenter nos discours pour brandir notre propre vérité. Nos philosophes existent pour questionner, évaluer, prendre parti.

En Chine à l’inverse, les sages se contentent de mettre en valeur la réalité de façon allusive et discrète. Confucius a d’ailleurs un profond mépris pour ceux qui parlent trop tandis que Bouddha estime que les philosophes ne sont que des « beaux parleurs ». En Chine, il est mieux de s’abstenir de parler pour éviter de tomber dans des discours superficiels.

1.5 – Parler de façon imagée

Hesna Cailliau parle ici du regard qui pénètre le sens caché des êtres et des choses.

Nos croyances occidentales nous ont enseigné que le regard de Jésus sera notre seul juge. À l’inverse, dans la pratique sinisée, il va s’agir de travailler notre propre regard sur le monde au lieu d’essayer de changer celui des autres sur nous. Avec une pratique du langage minimaliste, cette manière d’appréhender le monde se présente sous forme de métaphores, de paraboles ou autres historiettes.

En somme, il s’agit de dire le moins possible pour aller au-delà, alors qu’en Occident, nous avons tendance à dire le plus de choses pour aller au plus près.

Après l’éloge du silence, la carpe Koï est aussi un hommage à l’ombre et à la pénombre. Se pencher sur ces deux entités doit titiller notre imagination pour mieux percevoir le mystère des choses.

Chapitre 2 : Ne viser aucun but

le chemin se trace en marchant

« Le chemin se trace en marchant » – Lao-Tseu

Dans la bible, la notion de péché est associée à l’acte de manquer son but. Tout notre mode de pensée occidentale découle de cette vision des choses. Les Chinois voient dans la carpe Koï le signe qu’un chemin ne doit jamais être tracé à l’avance. D’ailleurs, la langue chinoise ignore les prépositions évoquant une direction vers une finalité. Aller vers n’existe pas et prend la forme d’aller entre.

Ainsi, pour la sagesse chinoise, la fixation sur un but est négatif. En plus d’être source de tension, et d’occasionner de grosses dépenses d’énergie inutiles, viser un but occulte les opportunités éventuelles.

Grâce à la longévité de la carpe Koï, les Chinois prennent la mesure de l’importance de vivre longtemps avant celle d’atteindre le bonheur. Cela passe par des exercices de respiration quotidiens dans le but de vivre en bonne santé jusqu’à cent ans.

2.1 – Le maximum d’effet avec le minimum de force

Notre maxime Occidentale « vouloir, c’est pouvoir » nous donne à penser que ce qui est obtenu sans effort n’a pas de valeur. De la même manière, notre pensée est basée sur le fait qu’il suffit de se donner à fond pour parvenir à un résultat.

Selon les Chinois, il est plus important de s’adapter au monde que de le transformer. Encore une fois, la carpe Koï nous montre comment se comporter sans faire de remous, avec une capacité d’adaptation remarquable.

Les traditions chinoises mettent en avant l’art du wu wei que l’on pourrait traduire par « non-agir » en français. En Occident, cela est plutôt signe de paresse et de passivité. En Chine au contraire, c’est un véritable art de vivre qui consiste à agir sans effort et sans précipitation. À l’inverse du fonceur, il faut avancer sans s’imposer et en s’appuyant sur les éléments porteurs d’une situation.

2.2 – « Gouverne le mieux qui gouverne le moins » Confucius

« Le paradoxe du poisson rouge » nous rappelle que les trois vices des dirigeants qui sont l’orgueil, l’exagération et l’ostentation, ne permettent pas de bien diriger un état ou un pays. Par contre, avec un gouvernement vertueux, le peuple a plus de chance de le devenir.

Ainsi, en créant des lois et des règlements, on récolte à coup sûr des voleurs et des brigands. Confucius avait lui-même institué une école ouverte à tous proposant l’enseignement de six arts à ses élèves. La priorité était donnée aux règles de bienséances, à la musique, la poésie, le tir à l’arc, la conduite du char et le calcul. En outre, dans cet enseignement, les Chinois mettent en avant la présence d’esprit à la place de l’accumulation des savoirs.

2.3 – Prêter attention à ce qui se passe devant soi

Nous, les Occidentaux, accordons une grande importance au sens de la vie. Les Chinois, eux s’efforcent de rester en phase avec la réalité. De la même façon, l’opportunisme y est perçu comme une vertu, car c’est en adaptant nos actes à une réalité changeante que la créativité opère.

Dans la culture chinoise, rien n’est donné une fois pour toutes, même en ce qui concerne les titres de noblesse. En effet, « le mandat du Ciel » accordé à l’empereur pouvait lui être enlevé s’il n’était plus digne de le recevoir. Et lorsque nous visons un but, nous sommes comme un train qui ne pourra quitter ses rails.

Enfin, la tradition chinoise nous invite à inventer plutôt que planifier. La seule efficacité retenue par les Chinois est indirecte, progressive et invisible. Et pendant les phases d’attente, il est important d’imaginer discrètement les gestes que nous pourrons avoir le temps venu d’une décision.

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2.4 – Pour être efficace, privilégier la manipulation à la persuasion

En Chine, la manipulation consiste à vous aiguiller dans une voie tout en vous laissant penser que c’est votre volonté qui vous guide.

Par ailleurs, les Chinois privilégient la pratique d’un art martial à un enseignement dicté. L’idée est d’écrire une nouvelle page à chaque fois plutôt que de développer des savoirs acquis.

Hasna Cailliau nous explique également que pour les Chinois, l’efficience est plus adaptée que l’efficacité, car elle suit une tendance. À l’inverse, l’efficacité suppose d’affronter une difficulté en imposant ses idées.

Selon la tradition chinoise, il est plus pertinent de procéder par des petites actions invisibles et subtiles, afin d’opérer un changement tout en délicatesse. Pour autant, si les Chinois ne visent pas un but précis, ils ont une excellente vision du potentiel des situations. Cette vision s’inscrit dans la durée et dans un champ très large.

Chapitre 3 : Vivre dans l’instant présent

« Le passé est dépassé, le futur aléatoire, la seule réalité est ici et maintenant » – Bouddha

« Le paradoxe du poisson rouge » nous apprend que les Chinois considèrent le souci de l’avenir et l’attachement au passé comme deux principaux maux de l’humanité. Tandis que les Occidentaux se projettent toujours en avant ou en arrière, pour les Chinois, seul le présent compte. C’est ainsi que le Chinois a les sens en éveil pour être totalement présent à ce qu’il fait et ce qu’il est. De la même manière, il considère que rien n’est écrit à l’avance et que le résultat dépend de ce qu’il a semé.

Selon les taoïstes, l’univers est une « danse synchronique » pendant laquelle des événements anodins se produisent en même temps. Somme toute, c’est à nous d’apprendre à les reconnaître, car des signes sont continuellement là pour nous guider.

3.1 – La Chine est le pays des signes

En latin, signum se traduit par miracle ; nos ancêtres y voyaient une manifestation de la puissance divine. Cependant, avec les progrès scientifiques, la réalité tangible et visible a changé notre perception du réel. Pour les Chinois, à l’inverse, le yin qui correspond à l’invisible est bien plus important que le yang, qui définit le visible. La sagesse taoïste nous enseigne d’ailleurs que « qui voit l’invisible est capable de l’impossible ».

Hesna Cailliau nous explique aussi que, grâce à leur attirance pour les signes avant-coureurs, les Chinois ont su développer une capacité à gérer les impondérables. Pour eux, le temps où la pensée construit sans action est la source de ce qu’il va advenir. C’est ainsi que les Chinois considèrent l’histoire comme le déroulement de transformations silencieuses. Les attaques terroristes, par exemple, sont l’aboutissement de préparations sournoises et sous-terraines et ne relèvent pas d’un acte hasardeux.

3.2 – La cacophonie du monde Occidental et Américain

Selon « Le paradoxe du poisson rouge », notre vie démocratique n’est que débats bruyants et annonces spectaculaires. C’est la raison pour laquelle nous sommes souvent surpris par des événements qui avaient, pourtant, montré des signes annonciateurs.

De même aux États-Unis, l’attention non portée aux mutations silencieuses créent des situations graves et sans fondement. Après avoir subi la chute de l’Empire Russe comme la possibilité d’une fin du monde, les Américains ont basculé de la liesse à l’angoisse. Puis, ils ont construit un monde triomphal et conforme à leurs croyances. Mais, avec la montée de l’islamisme, ils ont développé une pensée alarmiste et fermée. Or, avec des prédictions totalement absurdes, ils ne peuvent adapter leur comportement à la réalité du moment. Les Chinois pensent, au contraire, que seul le présent doit dicter nos conduites et que l’attachement au passé est un risque d’échec.

3.3 – Tourner la page avec résilience

Pour les Chinois, le « souvenir » n’est autre que « l’énergie de l’habitude », une force négative qui fige l’existence. Pour eux, les catastrophes qui ont touché leur pays sont des mauvaises expériences révolues. C’est donc en tournant la page que l’harmonie sociale peut réapparaître.

Grâce à cette capacité d’en finir avec le passé, le Chinois développe une résistance et n’est pas habité par l’esprit de vengeance et la rancœur. Il lui est d’ailleurs difficile de comprendre notre attachement pour les commémorations. Et si l’injonction de se souvenir de l’Ancien Testament nous hante toujours, la Bible en a aussi dévoilé les dangers. En effet, la nostalgie et le regret sont des plaies par lesquelles s’infiltrent toutes formes de nuisances.

« Le paradoxe du poisson rouge » nous explique finalement qu’en Chine, la valeur du passé se trouve dans l’éclairage qu’il a sur le présent. Dès lors qu’il est porteur de souvenirs heureux ou malheureux, il devient nocif.

3.4 – Le piège de l’utopie

Le futur imaginaire et idéal auquel nous rêvons est le résultat d’une forme homogène et positive de notre pensée. Pourtant, la nature aime les opposés et lorsque la pluie et le soleil se rencontrent, un arc-en-ciel voit le jour.

De la même façon, vivre au présent nous permet de ne pas nous laisser dévorer par le passé et laisser l’avenir se faire. Ce n’est pas le pardon qui nous aide à surmonter nos douleurs passées, mais bien le fait de vivre pleinement l’instant présent.

Pour les taoïstes, l’Éternité correspond à la vie pleinement vécue dans l’instant présent. En Occident, on parle volontiers du temps perdu, gaspillé ou gagné. Pourtant, ne rien faire n’est pas forcément un signe de laisser-aller.

Hesna Cailliau nous invite alors à nous décentrer régulièrement de la course aux objectifs pour sentir et ressentir la vraie Vie.

Chapitre 4 : Ignorer la ligne droite

« L’arbre tordu vivra sa vie, l’arbre droit finit en planches » – Dicton chinois

Pour le Chinois qui s’inspire des ondulations du poisson, aller droit au but équivaut à aller droit à l’échec. Ainsi, pour éliminer une difficulté, il est plus intéressant de la contourner. Tout ce qui se rapporte à la droiture des choses et des événements met le Chinois mal à l’aise.

Au contraire, en Occident, cette posture est synonyme de justesse, ce qui est courbe étant perçu comme fourbe. Cette façon d’appréhender la vie se retrouve également dans l’architecture des espaces. Alors que les jardins français sont symétriques et remplis de perspectives, ceux des Chinois sont des labyrinthes où l’on aime se perdre.

Les Chinois accordent une importance particulière à la symbolique aux côtés de l’aspect pratique. C’est ainsi que les formes des constructions sont également pensées pour éloigner les esprits et les démons.

4.1 – Une pensée en forme de cercle

Dans cette partie du « paradoxe du poisson rouge », Hesna Cailliau décrit avec détail le mode de pensée des Chinois. Leur réflexion se développe selon une spirale qui balaie la réalité par approches circulaires. Rien ne leur échappe, car « un détail qui cloche, c’est une cloche qui sonne ».

détail qui cloche sonne dicton chinois

Selon la philosophie Occidentale, c’est le diable qui se cache dans les détails.

La structure labyrinthique de la pensée Chinoise a tendance à privilégier l’évitement et le contournement. Comme la nature où les racines contournent les rochers, les Chinois applique des méthodes pour éviter la confrontation directe.

D’ailleurs, même si l’histoire a retenu la dynastie Ming (qui a élaboré une conquête de l’Afrique sans précédent), les Chinois sont pacifiques. En réalité, les Chinois ont toujours œuvré contre la venue des envahisseurs au lieu de les affronter directement. C’est ainsi que la route de la Soie leur a permis de se protéger de leurs voisins nomades.

4.2 – La dévalorisation du militaire

Contrairement à la pensée Grecque où « la vie est un combat » ou Romaine pour laquelle « la meilleure défense, c’est l’attaque », le Chinois s’attache à opérer avec souplesse et sans heurt. Alors que nous tentons de vaincre la maladie, il s’applique à conserver la santé. Nous attaquons à manger, le Chinois déconstruit son plat avec ses baguettes.

De la même manière, les penseurs Occidentaux appliquent toujours la méthode de la vérité contre la vérité. Il en résulte des situations d’incompréhension et de joutes verbales sans aboutissement. Les Chinois procèdent en racontant des petites histoires paradoxales évitant la confrontation directe. Pour résoudre un conflit, ils tentent de le dissoudre.

C’est ainsi qu’une attaque par surprise vaut mille face-à-face destructeurs, qui ne sont pas pour le Chinois des actes valeureux. Pour lui, la fuite est d’ailleurs préférable à une résistance héroïque.

4.3 – La stratégie du chat et l’éloge des valeurs féminines

Les stratèges chinois s’étirent dans la longueur, alors que les Occidentaux ont une vision de la conquête à court terme. Le chat sait attendre devant le trou de la souris pour agir au bon moment. Pourtant, la Grèce avait aussi relevé l’importance de l’intelligence rusée avec Ulysse, adepte de la feinte et des stratagèmes, sans pour autant en avoir théorisé le concept. Mais cette forme de pensée a ensuite été balayée par les philosophes.

Chez le Chinois, la ruse et le flair prévalent et ils relèvent de la féminité de l’être. Par contre, dans l’Occident, la figure féminine incarnée par Ève est symbole du péché. De nombreuses insultes prennent le nom d’attributs féminins, comme l’hystérique, un terme qui vient de l’utérus. Selon les taoïstes, les symboles de l’esprit féminin comme la nuit, la Lune ou encore l’eau célèbrent le Tao te King : « connais-en-toi le masculin, mais adhère au féminin ».

4.4 – L’eau comme symbole de l’intelligence

Dans « Le paradoxe du poisson rouge », Hesna Cailliau nous raconte l’importance de l’eau dans la culture chinoise et l’image qu’elle renvoie. En s’adaptant aux différents contenants, et en évitant les obstacles, elle chemine toujours vers l’avant.

La part féminine (yin) est complétée par le yang, qui désigne le côté masculin des êtres humains. Selon la médecine chinoise, la maladie survient lorsqu’il existe un déséquilibre entre les deux. D’ailleurs, mal dosées, la ruse peut aboutir à la manipulation perverse et la force peut se transformer en brutalité.

Pour autant, les Chinois payent la conséquence de l’absence d’affrontement direct. En effet, c’est par l’affirmation du « non » que l’on peut accéder à la liberté. Et dans le langage chinois, le mot liberté est inconnu, le terme le plus approchant étant « à partir de soi ».

Chapitre 5 : Se mouvoir avec aisance dans l’incertitude

« C’est au moment où l’on a des certitudes que l’on perd la guerre ». Sun-Tseu

Les Chinois considèrent la carpe Koï comme le symbole du renouvellement perpétuel. Ainsi, le temps est en constante évolution, et même l’idée du moi constant est remise en doute. D’où la question de l’attachement, dans un monde où tout est transitoire. Pour le bouddhiste, être détaché signifie « ne pas se laisser tâcher ». Cela revient à « accueillir sans retenir », comme la rosée du matin se pose sans adhérer à la fleur de lotus.

En Europe, l’être, le stable sont les bases. Pour les Chinois le devenir, la transition et la transformation sont au cœur de la pensée. Et malgré sa réputation de société éternelle et immuable, la Chine ne cesse, en réalité, d’évoluer.

5.1 – De l’équilibre vers l’alternance

En Chine, le monde réel est perçu comme un « monde flottant », comme le poisson ondule sur la vague, dans un but de progresser sans heurt. En effet, la notion d’équilibre est bien loin de la nôtre qui consiste à trouver un juste milieu.

notion d'équilibre yin yang

Pour les Chinois, il s’agit d’être yin ou yang selon les situations. C’est grâce à l’alternance entre ces deux perceptions que la vitalité et la créativité existent. Le passage de l’un à l’autre se fait toujours avec lenteur, sans brutalité.

De la même façon, comme il n’existe pas une seule vérité, elle doit être envisagée au pluriel. En Occident, Platon et Aristote nous ont enseignés des vérités éternelles, applicables à tous les peuples et en toutes circonstances. Or, pour les Chinois, n’ont de valeur absolue que les choses relatives, c’est-à-dire capables d’établir des relations avec d’autres cultures.

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5.2 – Différence entre la croyance et la foi

Tenter de détenir la Vérité avec une majuscule est une erreur pour les Chinois. Il est plus intéressant d’entretenir des opinions, et même de ne pas idolâtrer un maître. D’ailleurs, Bouddha conseille de faire l’expérience soi-même plutôt que de suivre ses conseils.

La croyance et la foi ne sont pas transmises de la même manière : la croyance est transmise par la société, la foi est ce que la vie nous a enseigné. En réalité, les hommes ont tendance à s’opposer dans leur croyance, tandis que la foi les unit.

De la même façon, la notion de dualité bien/mal est totalement bannie dans la culture chinoise. D’ailleurs, les Écritures chinoises préfèrent employer les termes positif et négatif. De plus, l’un ne va pas sans l’autre et chacun des deux contient en lui une part de l’autre.

5.3 – L’importance de l’incertitude

Pour les Chinois, la vérité n’est pas au bout du chemin, mais s’exprime tout au long de la marche. Si cette notion est bien présente dans la Bible, les Occidentaux ont perdu le goût de l’aventure qui pourrait les conduire vers eux-mêmes.

Nous avons peur de l’instabilité et de l’incertitude, tandis que les Chinois y voient de nombreuses opportunités à saisir. « Le paradoxe du poisson rouge » nous explique, par ailleurs, qu’il n’existe pas de terminus dans la pensée chinoise. La fin signifie toujours le recommencement avec de nouveaux possibles et un inachèvement éternel.

De la même façon, l’échec est synonyme de prise de risques et de défis relevés pour conduire à l’enseignement. En Occident, nous vivons mal l’échec alors qu’en Chine, il relève d’une simple dérégulation qu’il convient de rectifier. D’ailleurs, les Chinois l’utilisent pour en faire une façon d’appréhender la vie avec optimisme et gaieté.

5.4 – Oser est la première loi de la vie

Confucius reconnaissait que sa principale qualité était l’enthousiasme, pour garder la spontanéité et la curiosité enfantine. De la même manière, les contes et légendes sont des histoires intemporelles qui doivent nous inspirer humainement. Ces histoires nous invitent à dépasser nos limites et à prendre des risques.

Notre dimension animale tend vers la sécurité de la tanière. Pour autant, notre être profond aspire à des contrées lointaines et illimitées. Ce sont souvent les conventions et le regard de l’autre qui nous empêchent d’accomplir nos désirs les plus fous. Il faut sortir donc de ces états de peur et de torpeur qui nous installent dans des habitudes.

Enfin, selon « Le paradoxe du poisson rouge« , l’optimisme est un devoir, car le pessimisme est contagieux et angoissant. Nous avons également besoin de rêver notre monde, et lorsqu’on le fait à plusieurs, c’est le début de la réalité.

Chapitre 6 : Vivre en réseau

« La croyance en une personne libre, autonome et séparée est une illusion à détruire » – Bouddha

Hesna Caillieu nous explique ici que les Chinois s’inspirent des carpes koï pour mesurer l’importance de l’interdépendance qui unit tous les hommes. En effet, selon Confucius, « on ne naît pas homme, on le devient » et cela passe par la relation que nous entretenons avec l’autre.

Pour les Chinois, l’individualisme valorisé en Occident est mortifère. Ceux-ci valorisent le conformisme et préfèrent toujours le « nous » au « je ». Selon eux, l’on fait toujours mieux à plusieurs que seul.

Nous retrouvons d’ailleurs cette notion dans la langue chinoise où le pronom personnel termine la phrase, alors que nous commençons les nôtres par « moi, je ». Hesna Caillieu cite ici Confucius : « il existe les êtres de peu, préoccupés de leurs propres intérêts, et les êtres de bien, préoccupés de l’intérêt général ».

6.1 – La vie est une danse et le li sa chorégraphie

Les règles de bienséances (li) sont les garanties d’une harmonie sociale en Chine. Confucius était d’ailleurs un musicien chevronné et louait le pouvoir des accords mélodieux des notes, pour façonner l’âme et améliorer les comportements.

Selon « Le paradoxe du poisson rouge« , l’ordre dans le cercle familial des chinois est primordial et la peur de déshonorer sa famille est plus ancrée que la culpabilité elle-même. L’importance du groupe va jusqu’à réfuter l’idée d’un amour exclusif entre deux êtres, car il perturbe son harmonie.

Hesna Cailliau aborde ensuite la notion de karma qui correspond à la place que chacun mérite dans la société. En Occident, nous sommes en recherche d’un système égalitaire. En Chine, c’est l’inégalité qui découle du bon sens. De la même façon qu’il existe des montagnes de hauteurs différentes, il est normal que les hommes n’évoluent pas tous au même niveau. D’ailleurs, la richesse n’éveille pas la jalousie et les Chinois l’étalent sans culpabiliser.

6.2 – S’effacer et ne pas s’imposer : l’éloge de la fadeur

Alors que les Occidentaux ont pour habitude de se présenter en dévoilant leurs diplômes, les Chinois ne parlent jamais d’eux et de leur parcours. En principe, c’est une tierce personne qui s’en charge, car c’est perçu comme un comportement ostentatoire.

Contrairement à la culture Occidentale, une personne fade est appréciée en Chine pour sa réserve, sa disponibilité et son détachement. De la même manière, une œuvre fade, une peinture minimaliste par exemple, laisse à l’imagination la capacité de s’éveiller.

En somme, la véritable efficacité se cache dans la discrétion et les Chinois ont pour habitude de ne jamais se mettre en avant. À ce propos, Hesna Cailliau fait part d’une légende taoïste où les Immortels sont invisibles, et c’est cet état qui leur permet de se réaliser.

6.3 – Discussion et division sont synonymes pour les Chinois

La discussion étant inséparable de la critique, celle-ci peut amener un des interlocuteurs à perdre la face. Hesna Cailliau nous explique qu’en Chine, cela équivaut à humilier l’ensemble du clan. On comprend alors pourquoi dans cette société où les débats contradictoires ne sont pas admis, la parole a plus de valeur que les écrits. Ainsi, « être sincère » est synonyme de « tenir sa parole » plutôt que de « dire la vérité ». Être poli, c’est exprimer ce que l’autre veut entendre : le mensonge est toléré s’il permet de garder la face.

C’est ainsi qu’un chef d’entreprise va collaborer avec ses employés au lieu de prendre des décisions personnelles. La coopération est une vraie valeur ajoutée, à condition que les êtres admettent ce brin de fragilité qui leur permet de rester ouverts à de nouvelles idées.

6.4 – L’importance d’appartenir à un réseau

Pour les Chinois, le réseau professionnel doit s’étendre au-delà du lieu de travail. En réalité, la formule contrat-travail-sympathie occidentale est inversée en Chine pour devenir sympathie-travail-contrat. Dans « Le paradoxe du poisson rouge », Hesna Cailliau nous apprend qu’il est d’ailleurs habituel en Chine de se retrouver le soir pour s’enivrer après une journée de travail.

Pour autant, selon les règles de bienséance, lorsqu’on rencontre un nouvel interlocuteur, il convient de commencer par des banalités. En effet, si l’on ne s’entend pas sur des sujets plutôt anecdotiques, il est inutile d’approfondir la relation.

Avec une démographique très élevée, la Chine a une lourde gestion sociale à assumer et cela passe par le savoir-vivre ensemble. Confucius a d’ailleurs livré une règle d’or, il y a 2 500 ans, à ce propos : « Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas que l’on vous fasse ».

Chapitre 7 : Rester calme et serein

« Si tu es serein, tu peux surfer sur la vague. Si tu as peur, elle t’engloutira » – Tel est l’esprit du zen.

En Chine, les émotions sont vues comme des courts-circuits intérieurs qui empêchent de se réaliser pleinement. Par exemple, pour pratiquer l’art de la calligraphie, il est indispensable d’être calme et serein. Ainsi, la maîtrise de soi est une qualité indispensable et chacun doit limiter l’extériorisation de ses sentiments, craintes ou peurs pour ne pas perdre la face.

La quiétude est le fruit d’un repos intérieur qui s’associe facilement à l’eau et le ciel, symboles de limpidité et de pureté. De la même manière, l’empathie est un sentiment intérieur et durable, tandis que les émotions sont un gonflement inutile de l’ego.

Enfin, la notion de modération est essentielle dans la société chinoise, car elle assure un équilibre entre les contraintes et une harmonie entre les opposés.

7.1 – Une notion d’équilibrage constante

Cette notion d’équilibrage est présente en permanence chez les Chinois. De la même manière que le paysan va équilibrer les choses qu’il porte sur les épaules grâce à une tige de bambou, la médecine applique ce concept.

notion d'équilibre paradoxe du poisson rouge

La méditation est ainsi devenue une pratique quotidienne en Chine, car elle sous-entend un jeûne de la pensée. Effectivement, sa pratique permet de retrouver une énergie en dehors de la pensée et de voir la réalité telle qu’elle est et non comme on la voudrait. Enfin, la méditation est un outil précieux pour mieux exploiter son potentiel.

Les Chinois sont habitués à la pratiquer avant d’affronter une situation importante pour mieux gérer leurs émotions au moment venu. D’ailleurs, les arts martiaux sont appelés wu chu en Chine, ce qui signifie les arts du vide. Et pour les Chinois, ce vide n’est ni un manque, ni un néant, mais bien l’espace de tous les possibles.

7.2 – Le vide est aussi un moyen de lâcher prise

Descartes a toujours mis en avance l’importance de la pensée et son exaltation. Au contraire, en Chine, on considère que le mental a autant besoin de se reposer que le corps, et le lâcher-prise s’avère être une position de recul et de distanciation.

Les Occidentaux ont tendance à oublier ce besoin vital de suspendre leur pensée pour la reposer. Les Chinois considèrent la pensée comme la part de folie qui peut conduire chaque homme à assumer des désirs constants.

Dans la sagesse chinoise, le corps est notre allié et il nous montre les imperfections de notre vie par le biais de troubles ou de symptômes. L’être humain est un tout et le corps n’est pas opposé à l’âme. D’ailleurs, la notion de matière y est remplacée par celle d’énergie, l’un des fondamentaux de cette culture.

7.3 – Le culte de l’harmonie et le repos de la pensée

Dans la culture chinoise, l’important est de ne pas viser un but et de permettre à ses pensées de se promener en laissant l’énergie circuler. Arriver à cet état de plénitude ouvre alors de nouvelles perspectives et donne le champ libre à l’intuition.

Selon « Le paradoxe du poisson rouge », les Occidentaux souffrent d’une « hypertrophie de la pensée » : à force de chercher dans les choses pourquoi elles existent, nous vivons dans un monde d’angoisse. D’ailleurs, l’enfer est précisément un enfermement dans nos propres pensées.

Les Chinois sont des adeptes de l’apaisement du mental qui induit une relation au sens de la vie sans causalité. En fait, ces instants privilégiés leur permettent une connexion intuitive et moins rationnelle. Ils les mènent vers l’essentiel de leur existence. Ainsi, leur devise pourrait être « je ne pense pas donc je suis », en opposition au cogito de Descartes.

7.4 – La joie est l’inverse du plaisir

La joie se trouve au plus profond des êtres, tandis que les désirs artificiels et les peurs imaginaires restent en surface. Pour le bouddhiste, l’image de la rivière renvoie à la faculté de l’homme de privilégier le calme à la distraction : en surface, elle s’agite, mais au fond de son lit elle est quasi immobile.

Selon les Chinois, il suffit de chercher la profondeur et d’oublier la perfection. En effet, en descendant dans « la grotte de notre cœur », on peut y trouver le calme, le repos et la capacité à se ressourcer.

Nous possédons en nous les clés pour mener une existence heureuse, et pour une fois, les deux cultures se rejoignent sur cette idée. En effet, dans la religion catholique où le message « tu es à toi-même ton propre sauveur » fait allusion à la Vierge Mère qui a enfanté sans l’intervention d’un homme, comme celles de Bouddha et de Lao-tse.

Les lecteurs de cet article ont également lu :  Vivre - La psychologie du bonheur

Chapitre 8 : Remonter la source

« L’homme n’est pas seulement fils de la Terre, il est aussi fils du Ciel » – Confucius

En Chine, selon la légende, la carpe koï se transforme en dragon ailé. Cela doit amener l’homme à considérer sa vie selon deux axes principaux en lien avec ses traditions et son origine céleste.

8.1 – Premier axe : « Ne pas couper avec ses traditions »

S’enraciner dans ses traditions donne de l’assurance pour s’envoler vers d’autres horizons. C’est ainsi que l’éducation des enfants doit être pensée, en leur donnant « des racines et des ailes ». Alors que les penseurs Occidentaux ont eu plus tendance à « faire table rase du passé », nous voyons une montée de la peur provoquée par la perte de repères. Au contraire, en puisant dans les traditions une sagesse intemporelle, les Chinois se tournent vers les Écritures pour en détacher le principal message.

8.2 – Deuxième axe : « Ne pas oublier son origine céleste »

Pour les Chinois, l’homme a une dimension céleste qui lui permet de s’élever vers la spiritualité sans tomber dans la démesure. Le chen représentant la spiritualité est l’état supérieur du chi, une force vitale qui s’exprime à travers le chakra. Il est important de toujours rester en contact avec l’esprit divin représenté par le chen. Par contre, Les Chinois le distinguent du hun, qui correspond à l’âme, siège des sentiments, désirs et émotions. Par opposition, le chen représente le souffle par lequel on atteint la lumière.

Contrairement à une croyance Occidentale, le bouddhisme ne condamne pas les désirs, mais il les met sous la lumière pour en mesurer la valeur. Ce « troisième œil » est celui de la conscience éclairée. Tous les êtres en sont pourvus dès la naissance. Ainsi, l’enfant n’est pas une page blanche : il possède, en venant au monde, un potentiel de sagesse.

8.3 – L’âme dans la Bible Chrétienne

Dans les Écritures Saintes, l’âme renvoie à l’ego et le cœur à l’esprit. Si l’âme s’ouvre à l’esprit, elle peut entamer son envol, comme dans la culture chinoise. L’ego est indispensable dans la construction de notre personnalité, mais il doit rester raisonnable pour nous permettre l’accession à notre dimension divine.

En Occident, nous avons tendance à occulter notre « parenté céleste » et cela risque de nous induire en erreur (comme Narcisse qui veut embrasser son image et se noie). En réalité, notre être réel se cache derrière ce masque. Notre image est notre être existentiel, tandis que notre être essentiel résulte de notre accès à cette dimension spirituelle.

L’être humain est une trinité comprenant le corps, l’âme et l’esprit, ce dernier étant au-dessus des deux autres. D’un autre côté, il est souvent ramené à la raison ou l’intellect, ce qui provoque des confusions et augmente la difficulté à le célébrer.

8.4 – Chinois et Occidentaux se rejoignent dans les mêmes aspirations

Des aspirations profondes sont communes à tous les êtres humains, comme l’exprime Confucius : « Si nous sommes différents par la culture, nous sommes semblables par la nature ».

  • Notre vocation profonde est notre but principal

Nous avons tous une destinée idéale en tête et elle n’appartient qu’à nous. De plus, il est nécessaire de faire preuve de courage et de cœur pour y accéder. Cette vocation nous habite et elle n’est pas due au fatalisme, mais résulte de tous les gestes accomplis au quotidien.

  • Nous souhaitons vivre avec légèreté et simplicité

Selon l’étymologie, la simplicité signifie « sans pli ». Cela impose, selon Hesna Cailliau, une certaine humilité. Alors que l’ego a tendance à se surestimer, le soi regarde avec humilité les bouleversements qui s’opèrent en nous. Au lieu de vouloir toujours paraître, nous devons nous souvenir que nous sommes issus de l’humus (la terre). Ainsi, notre but principal devient notre épanouissement et notre croissance.

  • La vie en harmonie avec les autres est importante

Nous savons tous au fond de nous que le bonheur se trouve dans le lien plus que dans le bien. Notre liberté prend fin dès le moment où nous faisons souffrir les autres. Ainsi, la bible et la sagesse chinoises se rejoignent. En effet, les deux nous encouragent à limiter notre liberté pour permettre à autrui de s’accomplir personnellement.

8.5 – La spiritualité est accessible à tous

Chaque être humain, qu’il soit croyant ou athée peut avoir accès à la spiritualité. Toutefois, il faut travailler et s’entraîner pour aboutir à cet état de conscience supérieur. Et malheureusement, l’homme moderne a toujours l’impression qu’il y a plus urgent à accomplir.

En niant la réalité de l’esprit, nous tournons le dos au soleil et refoulons l’importance de notre dimension spirituelle. C’est pourquoi nous traversons une crise globale (économique, politique, sociale, etc.). Pour autant, nous devons garder en tête que toute catastrophe est bénéfique. Car ce mot est la somme de deux idées complémentaires : cata, en grec évoque la coupure et strophe le rebond. Selon Hesna Cailliau, c’est alors probablement une nouvelle aube qui s’entrouvre pour aboutir à retrouver le sens de la vie.

Résumé des différences entre la Chine et l’Occident

À la fin de son livre « Le paradoxe du poisson rouge », Hesna Cailliau nous propose un récapitulatif des différents préceptes qui sont à la base des cultures chinoise et occidentale.

Ainsi, la Chine se distingue de l’Occident par l’importance donnée à :

Chine
Occident
La sagesseLa philosophie
La natureL’histoire
La voieLa vérité
Le cheminementLe but, la finalité
Le potentiel de la situationLe plan, la stratégie
L’instant présentLe passé et le futur
Le silenceLa parole
L’observationL’écoute
L’imageLe concept
L’allégorieLa théorie
La résonanceLe raisonnement argumenté
La dissolution d’un problèmeLa résolution d’un problème
La courbeLe droit
Le flou, l’obscurLa clarté, la transparence
L’invisibleLe visible
Le SouffleLe pensée
Le videLe plein
La transformation silencieuseL’action spectaculaire
Les signaux faiblesLes faits tangibles
Le devenir, la transitionLe stable, l’immuable
La cohérenceLe sens
Les connexionsLes causes
L’analogieLa logique
L’intuitionLa raison
L’union des contrairesL’opposition des contraires
La symbioseLe progrès
L’efficienceL’efficacité
La coopérationLa compétition
La conscience collectiveLa conscience individuelle
Le groupeLe moi sujet
Le li (les rites)La justice
Les devoirsLes droits
L’harmonieLa liberté
Le consensusLe débat
La hiérarchieL’égalité
L’interdépendanceL’indépendance
La souplesse, la fluiditéLa force
Le biais, l’obliqueLe frontal, le direct
La sauvegarde de la faceLa franchise
La honteLa culpabilité
Le détachement de soiL’affirmation de soi
Le wu weiLa volonté

Conclusion de « Le paradoxe du poisson rouge » de Hesna Cailliau 

Conclusion de l’auteure, Hesna Cailliau

En conclusion de son livre « Le paradoxe du poisson rouge« , Hesna Cailliau nous invite à travailler à l’élaboration d’une « symbiose des cultures ». Les grands sages se montrent en effet tous d’accord pour admettre que les « traditions s’abreuvent toutes à la même source ». Du reste, il n’existe pas de hiérarchie entre les différentes religions et chacune présente ses vérités, tous en restant imparfaite.

Pour parvenir à cette symbiose des cultures, l’auteure considère la tolérance insuffisante car celle-ci consiste à accepter la différence de l’autre uniquement. Nous devons, selon elle, plutôt lui préférer le respect qui induit, lui, la reconnaissance et l’estimation de la différence de chacun. Par ailleurs, l’auteure souligne que la réunion des contraires est la meilleure solution pour accepter de devenir complémentaires sans risquer les oppositions sans issue. Car finalement cette acceptation nous amène à tenir compte de la responsabilité de chacun dans les moments de crise.

Enfin, pour Hesna Cailliau, cette ouverture nous permet de développer notre intérêt pour l’écologie : puisque, selon elle, la Terre fait partie intégrante de nous, alors elle doit être bien traitée. Cette ouverture à la dimension verticale était d’ailleurs, nous rappelle l’auteure, mise en exergue par André Malraux, lorsqu’il a prononcé la célèbre phrase : « Le troisième millénaire sera spirituel ou ne sera pas ».

Un livre d’échange de sagesse inspirant pour notre développement personnel

Dans son livre « Le paradoxe du poisson rouge », Hesna Cailliau nous emmène dans un voyage initiatique en Chine pour y explorer l’art du savoir-être et la spiritualité d’un immense pays. Avec des mots simples, l’auteur explore ses règles sociales et sociétales, et grâce à une plongée dans le bouddhisme, le taoïsme et les paroles de Confucius, nous prenons conscience d’une pensée chinoise multiple et complexe.

Finalement, en comparant avec notre façon de voir le monde en tant qu’Occidentaux, ce livre nous ouvre des portes pour accéder à une conscience supérieure. Il est aussi réconfortant de comprendre que nos civilisations ne sont pas si éloignées, du moins à l’origine.

Finalement, en véritable échange de sagesse, cette lecture est inspirante dans notre développement personnel mais elle nous montre la voie aussi, avec beaucoup de travail sur nous et une bonne dose d’humilité, comment nos deux mondes peuvent se rencontrer !

Les points forts et le point faible du livre Le paradoxe du poisson rouge

Points forts du livre Le paradoxe du poisson rouge :
  • Le parallèle entre les deux cultures est très parlant.
  • Les « règles » sont présentées avec clarté et simplicité.
  • L’auteur nous initie à de nombreux préceptes pour nous aider à élever notre spiritualité.
  • La lecture est facile et ne demande pas de connaissances approfondies dans les religions.
  • Les citations tout au long du livre et le tableau des 40 différences entre la Chine et l’Occident à la fin de l’ouvrage sont inspirants.
Point faible du livre Le paradoxe du poisson rouge :
  • Les « règles » de la sagesse Chinoise étant complexes, on aimerait parfois entrer un peu plus dans les détails.

Ma note :

Petit guide pratique du livre Le paradoxe du poisson rouge de Hesna Cailliau

Les 8 vertus développées par Hesna Cailliau dans son ouvrage: 

1. Ne se fixer à aucun port

2. Ne viser aucun but

3. Vivre dans l’instant présent

4. Ignorer la ligne droite

5. Se mouvoir avec aisance dans l’incertitude

6. Vivre en réseau

7. Rester calme et serein

8. Remonter la source

Foire Aux Questions (FAQ) du livre Le paradoxe du poisson rouge de Hesna Cailliau

1- Comment le public a-t-il accueilli le livre Le paradoxe du poisson rouge de Hesna Cailliau ?

Dès sa parution le 6 mars 2019 aux éditions J’ai lu, le livre Le paradoxe du poisson rouge a connu un succès retentissant auprès du public avec plusieurs milliers d’exemplaires vendus sur Amazon, accompagné des commentaires positifs.

2- Quel est l’impact du livre Le paradoxe du poisson rouge de Hesna Cailliau ?      

Cet ouvrage a inspiré de nombreuses personnes à travers le monde en leur permettant d’avoir de bonnes attitudes pour affronter la vie grâce aux huit vertus qu’il met à leur disposition.  

3- À qui le livre Le paradoxe du poisson rouge s’adresse-t-il ?

Ce livre magnifique est destiné à tout le monde entier afin que nous puissions s’inspirer de la sagesse chinoise pour faire face à la vie.

4-Quel est l’esprit du zen qu’il faut adopter selon l’auteure ?           

D’après l’auteure, si tu es serein, tu peux surfer sur la vague. Si tu as peur, elle t’engloutira.  Tel est l’esprit du zen.

5-Que pense Hesna Cailliau de la tradition ?

D’après Hesna Cailliau, s’enraciner dans ses traditions donne de l’assurance pour s’envoler vers d’autres horizons.

Les préceptes des cultures chinoises versus les préceptes des cultures occidentales

Les préceptes des cultures chinoisesLes préceptes des cultures occidentales
La sagesseLa philosophie
La natureL’histoire
La voieLa vérité
Le cheminementLe but, la finalité
Le potentiel de la situationLe plan, la stratégie

Qui est  Hesna Cailliau?

Hesna Cailliau : Auteur du livre Le paradoxe du poisson rouge.

De nationalité française, Hesna Cailliau est née d’un père d’origine turque et d’une mère d’origine danoise. Tous les deux sont respectivement de tradition musulmane et de tradition protestante tandis que Hesna Cailliau elle-même épouse un mari catholique.

Sociologue de formation, elle est diplômée de Science Pô. Universitaire et expert auprès des chefs d’entreprises, elle a constaté suite à ces nombreuses conférences en Asie et en Occident    Née d’un père turc de tradition musulmane et d’une mère danoise de tradition protestante, est mariée à un Français de tradition catholique.

Diplômée de science Pô et de sociologie, universitaire et expert auprès de chefs d’entreprise, elle a pu constater le rôle des religions dans la compréhension des mentalités. Auteure de nombreux ouvrages à succès, elle a écrit  ’’Le paradoxe du poisson rouge’’ qui est un ouvrage passionnant à travers lequel il nous invite à s’inspirer de la sagesse chinoise pour faire face à la vie.

                    

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5 commentaires
  1. Salut Olivier,

    Je suis mitigé. Je t’avoue que je bloque sur l’occident bashing. « Concilier les contradictions » serait l’apanage des asiatiques…? Ca retourne Hegel dans sa tombe ce genre de phrases…
    Après c’est un livre sur le pays qui domine déjà le Monde malgré lui sans réellement de stratégie émancipatrice et ça , ça me parle plus déjà. Je suis pas sinophile absolu mais je suis quand même admiratif ( un peu comme pour les GAFA).

    Au bout du compte, le livre m’a l’air de faire passer les idées de l’écrivaine pour celles des chinois et de ne pas s’assumer et d’appeler ça  » paradoxe de la carpe ». Ca reste le paradoxe de la plume.
    J’suis pas d’accord avec tout ce que tu fais mais ça reste toujours intéressant d’avoir ton avis , alors je reste sur Telegram et sur ton blog 😉

  2. Merci Olivier de nous avoir fait partie d’un livre tres interessant! Je me suis vraiment impressionee. Je pense que c’est bon de comprendre qu’il n’existe pas de parfaite personne ce que je pense est dans la nature des chinois, je ne sais pas c’est mon opinion.. mais dans notre monde cretien ou tout le monde depeche vers n’importe ou, ou chaque personne poursuit un but en supprimant et en pietinant des autres gens autour de lui et en ne se donnant pas compte qu’il perds soi-meme et perd sa nature .. il nous faut de nous dire stop et de respirer profondement cela va etre meilleur pour notre sante et de garder l’esprit sain .. encore une fois je suis contente d’avoir lu cet article pour me faire un bilan et mettre un restart de ma vie je m’essairai quand meme. Je veux m’excuser pour mon francais je n’ ai pas grand experience mais je voudrais pourtant faire une traduction de cet article en mon langue pour garder encore mieux le continu de celui-ci. A bientot et merci!

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